lundi 8 mars 2010

Pour une conception élitique de l'alimentation

par Jacques HalBronn


En 1932, A. Hemmerdinger écrivait "Les légumes constituent les parents pauvres de l'alimentation. Ce sont les aliments de ceux qui n'ont pas les moyens de se payer de la viande"("Bien manger et faire la nique au médecin")
Un tel jugement est souvent condamné de nos jours (voir Laurent Chevalier, Les 100 meilleurs aliments pour votre santé et pour la planète", Paris, Fayard, 2009 et France Loisirs, pp. 153-154). On nous fait notamment valoir que c'est "mauvais pour la planète".(voir la conférence de Jacky Alaiz, sur la télévision astrologique). On fait remarquer que les animaux produisent des gaz, du méthane qui pollue plus que tout ce qui vient des transports.
Pour notre part, nous avons pu constater que la consommation de légumes, de céréales produisit systématiquement des gaz chez les humains qui les consommaient. Il faudrait quantifier la quantité de méthane par des milliards d'individus sur la planète!
A contrario, nos observations nous amènent à conclure que la consommation de viande ne génère pas de méthane et qu'un seul animal peut nourrir un grand nombre d'humains.
On ne saurait nier, d'ailleurs, que la consommation de légumes est un substitut à celle de viande et que le corps s'en trouve singulièrement alourdi, notamment s'il faut pratiquer un sporte, ou un exercice physique assez intense. On peut aussi penser que la consommation de viandes est bonne pour les dents dont les hommes ont été dotés dans ce but ou si l'on préfère qu'ils ont développé du fait de leur consommation intensive de viande. Pendant l'Occupation, la viande fut bel et bien remplacée par le rutabaga et le topinambour, en raison de l'exportation forcée vers l'Allemagne.
Le titre de l'ouvrage du Dr Chevalier est très révélateur ; "pour votre santé et la planète". On nous explique doctement les effets pervers de notre alimentation sur la planète ou sur le mode de vie de certaines sociétés. Récemment, nous avons participé à un test organisé par l'Institut Agronomique quant à la consommation de crevettes, et qui consistait à nous informer des conditions de production et de manutention des crevettes. On a l'impression que des arguments de ce type, quel que soit leur fondement social, tendent à prévaloir sur le rapport que nous devons entretenir avec notre corps. On mangerait ainsi de façon de plus en plus cérébrale, se fiant plus à notre intellect qu'à la façon dont réagit notre organisme.
Pour notre part, nous recommandons un solide repas de viande à midi et le jeune jusqu'au lendemain, ce qui montre à quel point un tel repas est satisfaisant pour notre corps et contribue à un sentiment durable de satiété alimentaire.
Cela dit, il est possible qu'un tel régime ne puisse être généralisé à tous les humains car cela aurait des effets problématiques pour la planète. Mais nous ajouterons les recommandations suivantes, à savoir manger la viande avec les mains, sans couverts, la manipuler quand elle est encore crue et en la retirant du gril car selon nous le travail des mains fait partie intégrante de l'acte de manger, tout autant que celui, in fine, de la mastication buccale. Les mains, en quelque sorte, ont besoin de se nourrir en touchant la viande.
Enfin, nous conseillons une forte consommation de fruits plutôt que de légumes, les fruits ne générant pas de méthane quand ils ont été mangés par les humains. Il n'est nullement nécessaire de les cuire comme c'est si souvent le cas pour les légumes et les céréales.
A propos des légumes, on omet très souvent de rappeler que leur consommation s'accompagne souvent de sauces et cela vaut également pour le riz et les pates. Bien des végétariens seraient bien incapables de se nourrir de légumes sans y ajouter des ingrédients complémentaires. Le revers de la médaille du végétarisme, c'est tout ce qu'il faut y ajouter pour que cela soit mangeable et gouteux. En outre, il est plus aisé de manger des fruits et de la viande avec les mains que des légumes. Les fruits comme la viande peuvent, en revanche, être consommés sans aucun adjuvant, pourvu que les fruits soient assez murs et la viande assez cuite. Ce sont donc les légumes qui suscitent le plus d'additions, du fait que par eux-mêmes ils ne donnent guère de jus à la différence des viandes et de la plupart des fruits-(bananes exceptées, qui sont souvent assimilées à des légumes alors que la tomate l'est à un fruit). Il nous semble regrettable que le liquide que nous consommons pendant le repas ne vienne pas directement des mets que nous consommons. Il y a là quelque subterfuge!.
Revenons sur les déclarations de Laurent Chevalier concernant les viandes. Il rappelle que les viandes sont souvent associées à certaines maladies et récemment ne parlait-on pas de la grippe porcine, ce qui a poussé les Egyptiens à éliminer des centaines de miliers de porcs. On sait que Juifs et musulmans ont des interdits concernant la viande de porc, animal qui a le tort d’être omnivore et de parfois manger de la viande. Le Dr Chevalier énonce les problèmes liés à une consommation "lourde" de viande :"émergence des maladies cardio-vasculaires; apparition de certains types de cancer (...) la surconsommation de viande a tendance à "acidifier" le corps avec de nombreux effets délétères comme des fatigues, une fragilité des os, des tendons".(p. 154). Mais d'ajouter, pour parfaire le tableau "Par ailleurs, pour la planète, il est bien admis (...) qu'il faut produire de plus en plus de végétaux pour nourrir les animaux". Et de conclure :" Il y a là des couts nutritionnels et énergétiques disproportionnés pour un rendement alimentaire médiocre" Plus évidement l'argument des "déjections animales". Bref, nous dit-on "Pour le bien de la planète, malmenée et qui a déjà du mal à nourrir tous les hommes, se réorienter vers une alimentation plus végétale apparait comme un impératif' . On a là un exemple d'une série d'arguments de toutes sortes, et dont une grande partie ne touche pas directement au bien être de la personne, si ce n'est que l'on tente de nous convaincre que notre bien être dépend en partie de notre bonne conscience, ce qui revient à un tour de passe-passe! Il est vrai que certaines représentations peuvent influer sur notre comportement alimentaire : c'est ainsi le cas de la consommation de la viande chevaline qui est devenue un tabou pour des raisons liées à l'image que l'on se fait du cheval. Un Juif pratiquant qui devrait manger du porc aurait de fortes chances de se rendre malade! C'est psychosomatique!
En fait, nous assistons, selon nous, à l'essor d'une "carnophobie". On trouve là tous les traits d'une phobie comme la judéophobie (autre nom de l'antisémitisme) avec des effets jugés pernicieux à toutes sortes de titres, de l'inégalité sociale entre ceux qui mangent beaucoup à ceux qui en mangent peu ou pas du tout à la question de la toxicité des effets de la consommation de viande sur l'écologie de la planète en passant par la quantité effarante de végétaux nécessaire pour l'élevage des animaux à viande. Il faudrait jeter l'anathème sur les mangeurs de viande comme on l'a fait pour les fumeurs! Il faudrait manger de la viande en cachette, avec une mauvaise conscience. La viande devient ainsi un bouc émissaire! C'est le mal! Une telle démarche contribue à manger n'importe quoi pourvu que cela ne soit pas de la viande ainsi diabolisée..En fait, manger des légumes, c'est se nourrir comme le font les bêtes de somme. Celui qui ne mange pas du porc, mange comme un porc!. Nous avons déjà noté à quel point les pratiques qui devraient être réservées aux membres les plus fragiles et les plus démunis de la société - en particulier pour ce qui est du progrés technique - deviennent la norme..Rappelons que tout outil est l'expression d'un manque, d'une carence, d'une incapacité qu'il faut pallier.
On peut d'ailleurs se demander si certains interdits alimentaires n'ont pas correspondu à des aliments réservés aux prêtres et qu'il eut été sacrilège qu'ils puissent être accesibles au premier venu. Chez les Juifs, en effet, nombre d'interdictions -et pas seulement d'ordre alimentaire, sont liées à ce qui n'était permis qu'au Temple de Jérusalem.
En fait, si l'on respectait une telle dichotomie, l'argument écologique tomberait puisque seule une minorité mangerait de la viande en quantité. Mais, selon une logique égalitaire, probablement, un tel clivage serait-il jugé moralement insoutenable.
Il n'en reste pas moins que la consommation de légumes est à divers titres peu recommandé pour la dignité du corps, elle provoque des gaz malodorants - l'on pue - et un alourdissement du corps, favorise l'obésité notamment du fait des éléments généralement ajoutés au moment de la consommation des légumes, notamment pour les crudités et les pates. En outre, cela encourage la consommation de toutes sortes de liquides plus ou moins nocifs par le sucre qu'ils comportent alors qu'un régime à base de grillades et de fruits frais se suffit à lui-même. Bien entendu, quand nous parlons ici de viande, nous ne pensons ni à la charcuterie, ni aux saucisses (type Francfort et autres) ni même aux hamburgers, dont la viande hachée ne fait guère mastiquer ou au kebab, dépourvu de son propre jus..
Concluons qu'il est inacceptable qu'au lieu d'observer ce que nous font réellement les aliments que nous ingurgitons, on nous conseille d'entrer dans des considérations écologiques. La priorité doit absolument rester au bien être que l'on ressent en préparant, en consommation et bien entendu dans les heures qui suivent. A aucun moment, le Dr Chevalier n'en vient à nous demander de juger par nous-mêmes de la valeur d'un régime alimentaire. Nous avons parfois rencontré des personnes visiblement dont le corps était mal traité, du fait de leur embonpoint et de leur manque de tonicité pour une quelconque pratique sportive et toutes contentes de ne pas consommer trop de viande alors que nous même affichions une santé assez insolente, en dépit de notre hyperconsommation de viande. Est-ce que les gens désormais décideraient de leur alimentation par eux-mêmes ou bien se conformeraient à des modes, à des impératifs écologiques sans interroger leur ressenti physique. Il est vrai que l'on entre dans un cercle vicieux car manger de la viande en ayant mauvaise conscience peut être perturbant physiquement et psychiquement. Notons cependant que le carnivore mange des herbivores, ce qui fait qu'il est végétarien par procuration. C'est à nouveau le problème de la poule et de l'œuf: sans végétaux, il n'y a pas de viande mais cela vaut diachroniquement et non synchroniquement : la viande a besoin d'herbe mais cela n'implique pas que nous devions manger de l'herbe car cette herbe est singulièrement transformée lors de son absorption par l'animal, qui constitue une sorte de 'four" alchimique.
Dans "Découvrez les bienfaits de la nutrithérapie. L'équilibre alimentaire garant de votre santé" (Ed. Marabout, p. 65), 1994; le Dr Roger Moatti signale des expériences effectuées concernant la maladie de la pellagre. Il cite notamment, vers 1914, un certain Goldberger "L'expérimentation (...) suggère que la viande fraîche et le lait apportent un ou plusieurs facteurs efficaces pour prévenir la pellagre » Evitons en tout cas de toujours penser en termes de "si tout le monde faisait la même chose". Certes, on ne saurait faire abstraction du phénomène de masse avec toute la force cumulée qu'il recèle. Mais il est des cas où l'on a le droit sinon le devoir de ne pas se situer dans une telle perspective, en assumant une vraie liberté d'autant plus précieuse qu'elle est rare, en se plaçant au dessus de la mélée. De fait celui qui appartient au troupeau - et en cela il est assez proche de ces animaux dont il voudrait interdire la consommation - doit avoir une conscience aigue de sa responsabilité collective, en adhèrant à une éthique qui ne se laisse pas conduire par les exigences du corps mais par divers enjeux économiques ou écologiques, lesquels, aussi respectables soient-ils, ne peuvent qu'être porteurs d'aliénation. Il y a bien là un conflit d'éthique - quel bien, quel mal? - autour de la question de la consommation de viande, révélateur d'une tension entre classes sociales..



JHB
30. 01. 10

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