lundi 12 avril 2010

L'astrologie et le" pari" théorique

Le problème des praticiens, c'est qu'ils ne se plaignent pas de leurs outils, ils se contentent d'en ajouter et d'enrichir leur "caisse " Il n'y a que les mauvais ouvriers, dit-on, qui se plaignent de leurs mauvais outils. . Il n'est pas dans leur pouvoir de repenser les dits outils mais ils peuvent à loisir les multiplier. On nous parle d'une "synthèse" à faire alors qu'il serait parfois et même souvent préférable de revoir les définitions. Il y a donc bien là deux options face au 'réel" : soit l'on complexifie le modèle, soit on le révise. On nous fera remarquer que complexifier un modèle conduit à le réviser. Là encore, il faudrait s'entendre sur ce qu'on appelle modèle.
Si par modèle, on veut dire un ensemble de techniques diverses, on serait en face d'un processus à géométrie variable qui ferait appel, chez l'astrologue, au tarot, à la numérologie, à telle ou telle planéte récemment découverte, le tout à l'avenant. On en revient à la "caisse à outils" que se constitue tout praticien, avec l'hétérogénéité qui la caractérise. en général. C'est l'affaire du "système D", on se débrouille avec le moyens du bord, "comme on peut". Cette interdisciplinarité de la pratique est contraire à une véritable quête théorique qui consiste à améliorer un outil donné et non à l'augmenter de diverses façons. A ce propos, sous le terme "outil astrologique", se cache en réalité un ensemble de techniques et de dispositifs et l'emploi du singulier serait ici abusif, il vaudrait mieux dans ces conditions de parler des "outils astrologiques".
Une démarche théorique saine en astrologie obéit à d'autres considérations, ce qui ne signifie nullement le refus de se référer au réel mais implique qu'on l'abordera autrement. Le "pari" théorique est nécessairement celui de l'économie, ce qui signifie que l'on ne se disperse pas et que l'on se concentre sur un nombre très limité de paramètres, ce qui suppose de bien les maitriser. Or, celui qui se disperse tend naturellement à ne pas approfondir le bien fondé des outils qu'il exploite. La plupart des praticiens va en rester à des définitions basiques sur les signes zodiacaux, sur les planètes, sur le masculin et le féminin etc, et l'on conclura que seul un certain amalgame- la fameuse "synthèse" - permet de s'en sortir en permettant éventuellement de dégager une certaine unité, en fin de parcours. On pense au calcul de la dominante (voir notre entretien avec Béatrice Guénin, sur la télévision astrologique, au "Maitre de Nativité" de Volguine)
Ce que nous appelons le '"pari théorique" en Astrologie, c'est l'idée selon laquelle toute complexité, toute adjonction, dissimule une carence des définitions et des descriptions. En cuisine, le fait d'ajouter une sauce, même du sel, est l'indication d'un produit de base médiocre ou d'un zèle intempestif qui ne comprend pas que le mieux est l'ennemi du bien. L'important, c'est d'abord la qualité du produit plus que son accommodement, son "accompagnement" souvent suspects, où le bon grain se confond avec l'ivraie. Nous prônons de jouer la "carte" du produit et de son amélioration non pas en aval mais en amont. Pour faire image, en ce qui concerne la viande, au niveau de l'éleveur plutôt que du cuisinier. Le mot "cuisine" a des acceptions négatives, non sans raison et le praticien de l'astrologie est bel et bien un "cuisinier" qui prépare à sa façon le produit astrologique tel que délivré par les "éleveurs" que sont les théoriciens de l'astrologie..Le mot est aussi utilisé pour dire que quelqu'un est bien ou mal élevé, ou qu'il est un bon ou un mauvais élève. Autrement dit, un bon produit se suffit à lui-même et peut se consommer tel quel, comme un bon fruit que l'on consommera tel quel, une bonne viande, que l'on se contentera de passer au gril, sans aucune addition de quoi que ce soit. Encore faut-il savoir choisir le bon produit et ne pas se laisser envahir par des produits douteux au nom d'une culture de la sophistication. La cuisine orientale (chinoise comme indienne), notamment, est fortement marquée par le recours à des additifs, adjuvants et une certaine indifférence au produit d'origine. Au niveau stylistique, il est également recommandé de ne pas abuser des adjectifs et des adverbes (noter ici le préfixe "ad" qui signifie qu'il y a addition). Une telle "valeur ajoutée" nous apparaitra donc comme suspecte même si elle est dictée par la pénurie et la pauvreté qui sont souvent des facteurs d'inspiration culinaire, que l'on songe au cassoulet toulousain ou à la choucroute alsacienne qui sont à base d'une viande de second ordre, tout comme d'ailleurs la pizza. C'est dire que la sophistication, le long temps de préparation, ne sont pas nécessairement rassurants!
Pour l'astrologie, nous proposerons donc un même protocole, c'est à dire en revenir à la qualité des fondamentaux et d'en finir avec une politique, voire une éthique de l'embrouille qui domine dans le milieu astrologique. Pour cela, il faut s'assurer que ce que l'on propose soit validé non pas au regard de la pratique pour commencer mais de la théorie. C'est la pratique qui reflète la théorie et non l'inverse, tout comme la lune reflète le soleil. Ce qui n'est pas éclairé par la théorie n''est pas visible au niveau du réel. En fait, il y a toujours une théorie qui sous-tend une pratique, quelle qu'elle soit, et quand on oppose théorie et pratique, on oppose en réalité une théorie à une autre, plus ancrée, parfois plus ancienne, d'où l'importance qu'il y a à dégager le substrat théorique d'une pratique pour pouvoir la déconstruire et la remplacer. Il est d'ailleurs des pratiques qui n'ont plus connaissance, conscience de leur origine théorique, ce qui peut leur donner l'illusion qu'elles ne doivent rien au théorique.. Il convient donc de les rethéoriser, de les redynamiser avec ce que cela implique de mouvement, de renouvellement. Mais dans bien des cas, la théorie sous jacente est corrompue et méconnaissable, ce qui permet à la pratique de tenir tête à la théorie, quand celle-ci est défigurée et distordue.
Le pari théorique est en fait double: il concerne à la fois la signification et le fonctionnement et l'astrologie actuelle est en situation de double échec. D'une part elle ne respecte pas le modèle, la matrice dont dépend sa philosophie cyclique et de l'autre, elle ignore quelle est la configuration sur laquelle asseoir, ancrer sa philosophie.
Sur le premier point, nous dirons que sur le plan de la pensée cyclique, l'astrologie actuelle propose une série de phases qui semblent insuffisamment élaborées et structurées au regard d'une matrice cyclique telle qu'on la trouve avec les saisons ou avec le mouvement diurne. Nous pensons notamment à la question des passages entre deux pôles, ce qui correspond aux équinoxes par rapport aux solstices, sur un plan analogique.
Sur le second point, l'astrologie actuelle bafouille quand elle essaie de déterminer quel cycle céleste mettre en avant pour "porter" la dite philosophie. Elle erre en refusant notamment de comprendre qu'un cycle astrologique doit nécessairement comporter une planète et une étoile puisque la planète ne se différencie que par rapport à l'étoile.
Le pire, c'est quand on mélange ces deux plans et que l'on confond le modèle qui est soli-lunaire, qui est saisonnier, qui est diurne et sa transposition au niveau des rapports planétes-étoiles. Expliquons-nous: ce n'est pas parce que nous nous inspirons des cyclicités en question que nous devons intégrer celles-ci dans nos travaux dès lors que l'astrologie est un dépassement des dites cyclicité tout en en respectant le principe. C'est ainsi que nous n'avons pas à tenir compte du "vrai" cycle soli-lunaire, du "vrai" cycle des saisons", du '"vrai' cycles diurne, sous prétexte que nous leur empruntons une structure.(cf débat lors du Colloque 'Astrologie. Unité et Diversité de l'Astrologie", sur la télévision astrologique). Si en effet, l'on prend comme "signaux, Saturne 'en couple" avec certaines étoiles fixes, nous n'avons aucunement l'obligation d'intégrer le plan zodiacal saisonnier ou de tenir compte des positions des luminaires, quand bien même nous serions inspirés par de telles données, que nous prendrions "modèle' sur elles. Force est de constater que la plupart des astrologues échouent sur l'un et l'autre des registres et souvent sur les deux et qu'en outre, ils les confondent.. .
Les astrologues qui ont participé à notre dernier Colloque ont pris conscience que seul un modèle fondé sur une "thématique" hypersimple, c'est à dire sur une seule et unique configuration, à la fois; était viable et falsifiable. On ne peut davantage se contenter de dire que quelque chose de "marquant" s'est produit ou va se produire mais il faut annoncer que cela correspondra à un certain stade du cycle, le dit stade ayant été défini clairement et ne pouvant être confondu avec un autre stade. L'Astrologie du XXIe siècle ne saurait se contenter plus longtemps de formulations aussi floues. Il ne s'agit pas davantage de se satisfaire d'une seule corrélation, il importe que lors d'un prochain cycle, pour le même stade, quelque chose de comparable ait lieu. Mais aussi que les autres stades soient également conformes à un modèle déterminé par avance.
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JHB
25. 02. 10

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