samedi 23 janvier 2010

L'Humanité face aux trois règnes, minéral, animal, végétal

par Jacques HalBronn


La sortie du film Avatar de James Cameron nous invite à une réflexion sur le rapport que l'Humanité entretient avec son triple environnement et avec le monde de la machine, qui est au cœur du film en question, qui prône une alliance entre l'homme et l'animal qui semble bien désuète dans notre actuelle civilisation, laquelle, de surcroit, prône parfois jusqu'à un certain végétarisme/végétalisme.
L'un des critères qu'il convient selon nous de mettre en avant est celui de la dialectique vie/mort qui concerne avant tout les humains, les végétaux et les animaux, à une échelle relativement modeste, ces notions revêtant une toute autre portée pour les minéraux. Vie et mort, il y a là une dimension cyclique, et d'autant plus quand il y a renaissance périodique, comme pour les saisons.
Le paradoxe veut que pour produire une telle cyclicité, il faille passer par le minéral! Tout se passe, en effet, comme si végétaux et animaux avaient instrumentalisé les minéraux, et au premier chef, les luminaires, pour structurer leur cyclicité. Certes, le soleil exerce-t-il de facto une influence certaine sur la Terre mais les hommes ont construit autour du cycle saisonnier des pratiques et des significations qui leur appartiennent, ce dont témoigne l'iconographie des calendriers (dont l'imagerie zodiacale est largement redevable). Que des astrologues cherchent encore, à l'instar de J. P. Nicola, à croire que les astres sont par avance déjà sémantiquement sinon métaphysiquement structurés et que les hommes aient été capables de décrypter leurs significations intrinsèques est bien moins probable que la thèse d'un certain processus de projection des hommes vers les astres, induisant à terme une certaine programmation génétique.
L'astrologie est, en tout cas, l'exemple, d'une cohabitation "pacifique" entre les hommes et leur environnement minéral, celui-ci restant intact après des millénaires d'usage à diverses fins. Mais assimiler l'humain au minéral nous semble irrecevable, du moins à un certain stade de sophistication psychique. De même, le soleil n'a pas souffert d'avoir à éclairer notre planète et à faire murir les végétaux qui y poussent.
Il en fut évidemment tout autrement quand les hommes puisèrent dans les ressources minérales comme le charbon, le pétrole mais aussi, bien avant, pour tout le travail des métaux dans la mesure où le minéral ne se reproduit pas à la différence des végétaux et des minéraux et à la différence de l'énergie solaire, ce qui fait que tôt ou tard il s'épuise si on le consomme/consume.
Le film Avatar tente de montrer que les hommes au lieu de domestiquer les oiseaux ont fabriqué (tardivement) des avions (dont le nom signifie oiseau). On sait que l'on se sert des chevaux vapeur pour qualifier la puissance d'un véhicule. Mais de moins en moins les hommes se servent des animaux comme auxiliaires. Si les hommes n'étaient pas carnivores, il n'y aurait plus d'élevage mais seulement des bêtes sauvages, en dehors de celles de compagnie qui ne s'inscrivent pas dans l'économie sinon dans le commerce. De même Avatar nous décrit une société très proche des végétaux, vivant dans les arbres. Il est ainsi démontré que la fin des alliances avec les végétaux et les animaux aura renforcé la dépendance des hommes par rapport aux minéraux, lesquels on ne sait pas faire "pousser" à l'instar de ce qui se passe en agriculture. (Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, disait Sully, il y a 400 ans)
On pense, dans le domaine de la science fiction, à "Dune" de Frank Herbert, et complété par Brian Herbert. L'absence de machines implique évidemment une plus grande mobilisation humaine, les machines remplaçant, d'une certaine façon, les "esclaves" mais en mettant fin à l'esclavage, n'est-ce pas toute l'Humanité qui, à terme, devient l'esclave de la machine? En fait, une partie de l'Humanité est par essence esclave, selon nous, et c'est précisément cette partie qui a pu être imitée par la machine. Ce faisant, qu'est devenue cette humanité esclave ainsi concurrencée par la machine (voir notre étude "Tselem", sur le site hommes-et-faits.com)? Son caractère intermédiaire entre une humanité supérieure et la machine fait actuellement problème du fait qu'elle se trouve condamnée au chômage technique, on pense à tout ce peuple de sténodactylos qui n'a plus guère sa place à l"ère des PC et autres gadgets et qui, bien à tort, prétend à une parité avec l'humanité supérieure....En évacuant la machine, l'on rendrait sa place à cette humanité inférieure ainsi qu'aux animaux/végétaux également remisés par la technologie.
Ce qui caractérise singulièrement cette humanité inférieure est sa propension à répéter et à reproduire indéfiniment-et machinalement- les mêmes gestes, les mêmes propos. C'est cette humanité qui aura servi de matrice à la Machine et qui, de nos jours, ne trouve plus sa place, si ce n'est à introduisant des automatismes parfois là où ils n'ont pas à être, tout en pressentant que la machine va encore progresser et les refouler, leur place tendant ainsi à se réduire de plus en plus, prise entre le génie humain supérieur et la machine qui en est d'ailleurs issue. Cette humanité inférieure, c'est Eve, émanant de la côte d'Adam. Etant donné que cette humanité a servi à créer des machines à son image, on peut comprendre son mode de fonctionnement à partir des dites machines, comme l'on restitue un original perdu à partir d'une traduction. Si l'on considère que les femmes représentent globalement une telle population, nous dirons que tout se passe comme si elles considéraient les êtres comme réagissant par automatisme à tel ou tel stimulus, comme si l'on pressait sur une touche. Cette population tient des propos en rapport avec le résultat envisagé, l'effet attendu, ce qui lui confère une certaine efficacité quand le mode d'emploi est connu. Dire "je t'aime", dans ce cas, c'est avant tout expérimenter l'effet d'une formule sur autrui, c'est le manipuler, dans un rapport stimulus-réponse, c'est pratiquer un jeu. On veut obtenir un résultat tangible au prix d'un faible investissement, qui se réduit à quelques mots, à quelques gestes. Nous dirons que les femmes ne disent jamais rien sans une certaine intention et elles peuvent décrire une réalité de diverses façons comme cela convient aux objectifs poursuivis, selon leur humeur ("avoir quelqu'un à la bonne") l'effet obtenu restant la priorité et la fin justifiant les moyens, ce qui justifie une certaine partialité. Bien évidemment, au niveau de la consultation astrologique - par exemple (puisque nous écrivons dans cette perspective)- le but étant de faire payer le client, tous les moyens seront bons pour y parvenir. Bien entendu, face à quelqu'un de jugé hostile, il conviendra de proférer des propos- des "vérités" susceptibles de le blesser, de le repousser et inversement, s'il s'agit de séduire et d'attirer. On retrouve là une dialectique du rapprochement et de la séparation qui offre une dimension cyclique.
On pense aussi, toujours dans la littérature de science fiction, à "Blade Runner", roman et film, où le héros, incarné par Harrison Ford, a pour tâche de distinguer entre humains et androïdes, en recourant à une batterie de tests. Un cas intéressant est celui du plagiat. Imaginons que je conteste que quelqu'un soit l'auteur des propos qu'il tient, de l'œuvre qu'il interprète. Comment pourra-t-il faire la preuve de sa créativité (c'est à dire de ce qu'il est capable de secréter des œuvres originales)? S'il répète l'œuvre en question, il n'a rien prouvé. S'il présente une autre œuvre, aura-t-il prouvé qu'il est l'auteur de la première œuvre.? Pour une machine, non, car pour une machine, ce ne sera pas la même œuvre et elle sera incapable de percevoir ce qui est commun aux deux œuvres, l'ancienne et la nouvelle, sauf si l'on retrouve strictement les mêmes motifs dans les deux cas mais peut être que cette nouvelle œuvre n'est-elle jamais, elle aussi, qu'un plagiat?. L'ambigüité vient du fait qu'il n'est nullement aisé de faire la différence entre d'une part une création et de l'autre une imitation et a fortiori une reproduction, une transposition d'une œuvre donnée. La seule solution consiste à ce que la personne ainsi testée pour sa créativité soit en mesure de produire, pendant une certaine durée, à définir, indéfiniment et de façon quotidienne et constante une certaine qualité d'œuvre, sous des formes toujours renouvelées et inédites. Si elle n'est pas créatrice, elle finira par s'épuiser ou se trahir, les batteries seront à plat.
Nous vivons dans un monde où les gens ne savent plus apprécier le fait d'une création directe, spontanée et préfèrent écouter - et faire entendre - des produits préexistants et enregistrés, guidés par le seul principe du plaisir de consommer. On s'intéresse au résultat et non à la source et c'est cette indifférence qui fait sauter nos défenses immunitaires face à la Machine.
En d'autres termes nous dirons que nombreux sont ceux qui tentent de réduire l'être, le sujet à des manifestations, comme s'il était en quelque sorte la somme de tout ce qu'il a pu secréter, exprimer, en l'enfermant éventuellement dans un tel ensemble de productions ainsi collectées, débitées. Ce qu'on appelle la vérité ne renvoie-t-il pas forcément à un passé souvent révolu, à une mémoire, à un enregistrement quelconque? A contrario, une autre humanité tend à se révolter face à de tels procédés réducteurs, préférant éventuellement le silence qui empêche de donner prise à l'autre, à moins de préférer s'exprimer de façon suffisamment abstraite pour éviter un tel risque. D'un côté, donc, une humanité qui n'accède à l'être que par ses secrétions ponctuelles et de l'autre, ceux qui s'efforcent de maintenir une cohérence qui ne peut s'obtenir qu'en prenant de la hauteur par rapport aux dites secrétions. D'un côté, une recherche d'unité par la synthèse d'un grand nombre de données, de l'autre, une unité- celle du pauvre- due à la polarisation sur un détail "objectif", "concret" que l'on monte en épingle et qui alimente les commérages.



JHB
27. 12. 09

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