jeudi 1 avril 2021

La mystique des trois nouvelles planètes dans la vie astrologique des années 30-40 du XXe siècle

La mystique des trois nouvelles planètes dans la vie astrologique des années 1930-1940. par Jacques Halbronn Nous avons consacré en 1995 un ouvrage à la période des Années trente cinquante (Ed Trédaniel) de Néroman à Maurice Privar. Nous entendons compléter ce travail à propos de quatre ouvrages conservés à la Bibliotheca Astrologica, à savoir le Manuel d’Astrologie Médicla de G . B. de Surany parue aux Éditions des Cahiers Astrologiques, à Nice, Verlaine et les astres de Dom Néroman –(mars 1944 donc avec la présence allemande).avec une préface de François Porche dans la collection « Les connaissances supranormales ».Un autre livre de Dom Néroman a depuis longtemps retenu ,notre attention , Grandeur et Pitié de l’Astrologie, Ed. Fernand Sorlot avec une préface de J. H. Rosny Ainé.(1940) Enfin, nous traiterons d’une traduction de l’allemand « La nouvelle planète Pluton » -1937. On commencera avec le Manuel de Geza de Surany -qui épousera la future Marguerite de Surany., sœur de Mme de Longchemp (cf les Ed. Sorlot) Avant même d’étudier cet ouvrage observons les annonces de l’éditeur, Alexandre Volguine, le fondateur des Cahiers Astrologiques. On y propose la « collection complète des quinze premiers numéros parus (1938- 1940). La parution s’en était interrompue du fait de la guerre. Dans le catalogue sont proposés des textes de Jean Hiéroz sur Manilius, de A/ Massot (Le Zodiaque et les maisons), d’André Costeséque sur les transits, d ‘André Tanner (Le Sepher de Moise et la typocosmie) et quelques ouvrages de Volguine lui même (Astrologie Lunaire, Le symbolisme de la vie de Moïse plus une série d’ Éphémérides Astronomiques quotidiennes pour 1941, 1942, 1943 Plutôt qu’à l’astrologie médicale, intéressons-nous d’abord à ce que Sunrany dit des « nouvelles » planètes , ce qui était particulièrement le cas pour Pluton ; découvert récemment en 1930 : « Uranus : La tradition ne nous fournir pas de renseignements sur l’action de cette planète découverte à une date relativement récente. Il est fort probable qu’Uranus fut connu des Anciens : mon très estimé confrère KRAFFT a contribué à l’établissement de cette hypothèse vraisemblable dans un article publié dans les Cahiers Astrologiques mais rien n’est resté mais rien n’est resté eu égard de ses effets. ¨Pourtant, l’expérience, la logique et ce qu’on appelle à tort l’intuition permettent les observations suivantes (p. 63) Passons à Neptune « comme Uranus, est de découverte récente : la Tradition est muette à cet égard. Mais en près de 100 ans on a quand même eu le temps de l’étudier et de constater ses effets (…)Il est exalté dans le Lion » (Uranus était indiqué exalté en Scorpion) et enfin Pluton : « Pluton n’est connu que depuis 1930.En douze ans,(on est donc en 1942) il n’a évidemment pas été possible e » juger de son action et de son influence plus que superficiellement. En ce laps de temps, on a pu toutefois constater qu’il n’est pas maléfique. Les données suivante sont les fruits d’observations de plusieurs astrologues bien connus. Pluton gouverne le Sagittaire (sic) (..) son lieu d’exaltation semble bien se placer dans le Lion » Surany place donc l’exaltation de Pluton dans le même signe que pour Neptune et ne propose pas le signe du scorpion pour son domicile, comme cela est entendu depuis plusieurs décennies. Nous retiendrons la façon dont Surany traite de l’astrologie dans son « Avant Propos » : »Au moment où n’ait l’individu, la position qu’occupent les planètes dans l’écliptique se trouve gravée sur l’impérissable Akasha. : l’horoscope n’est autre que l’inscription dans les cieux en hiéroglyphes que seul un Astrologue peut déchiffrer (…)Dire que les astres inclinent et n’obligent pas quand la Science Astrologique nous donne quotidiennement des preuves nouvelles du bien-fondé de ses enseignements est aussi justifié que de prétendre échapper à la conséquence de nos actions, à la loi de la causalité » Signalons des références au Congrès international astrologique de 1937. Comparons ce texte avec ce qui figure dans le Verlaine aux mains des dieux. Commençons avec la Préface de François Porché qui n’est pas astrologue, mais auteur d’un ouvrage sur Verlaine, ce qui fait justement l’intérêt de son témoignage : on y apprend qu’était paru juste avant le Traité d’astrologie rationnelle de Dom Néroman. On ne pense pas que le dit Néroman a pu souscrire à certains propos de son préfacier tels que celui-ci : »Comme il y a beaucoup de mauvais astrologues, peut être sied il de remarquer que les erreurs qu’ils commettent ne sont pas imputables à la science dont ils se réclament faussement pas plus que les diagnostics erronés des mauvais médecins ne portent condamnation contre la médecin. L’astrologue peut se tromper. L’astrologie ne se trompe jamais » Or, Dom Néroman pensait au contraire qu’il fallait réformer, refonder l’astrologie. Cette façon de parler de l’astrologie comme d’un savoir « accompli » n’est vraiment pas à notre goût. Pas plus d’ailleurs que lorsque Porché insiste sur la nécessité de la précision des données de naissance (pp. 4-5) : »Une erreur de quelques minutes suffisant parfois à fausser tout le problème ». On appréciera davantage la formule suivante : « La masse des ignorants se divise en deux classes : les crédules et les négateurs. Les premiers sont peut être les plus nombreux mais je n’en suis pas sûr. »Quant aux « négateurs » « ils refusent sans examen toute adhésion à l’astrologie scientifique ».. Jetons à présent un coup d’œil sur le copieux « lexique » (pp. 242-255) qui accompagne ce texte extrait du Traité Rationnel: On note que Néroman définit l’aspect comme un multiple de 30° On note que le mot « étoile » ne figure pas comme entrée dans le dit lexique, ce qui fait que Néroman n’intègre pas cette donnée dans son astrologie. On ne s’arrêtera qu’à l’entrée « Axe Lunaire’ qui est un apport de Dom Néroman en ce qu’il met l’accent sur les nœuds lunaires, importants pour ce qui s’appellera l’Astrologie Karmique. -(p ; 243) : « En symbolisme, le premier (axe) s’appelle le Dragon et le second Lilith »Sut Lilith, on lit « Lilith est le foyer vide de l’orbite lunaire : on l’appelle aussi la lune Noire (..)¨Par extension, on appelle Lilith l’axe lunaire tout entier mais, correctement, Lilith est le côté de l’apogée de cet axe ; celui de la périgée est Priape ,élément mâle du couple « . A l’entrée « nœud lunaire, » on lit : » La ligne des nœuds s’appelle le Dragon, » Jean Carteret sera certainement marqué par l’œuvre de Dom Néroman et il en témoignera des années durant notamment lors des réunions du Centre International d’Astrologie puis dans nos Colloques. Passons à Grandeur et Pitié de l’Astrologie, paru dès 1940. On s’en tiendra ci au premier chapitre intitulé « La poussée du ciel » qui commence ainsi « Nous vivons l’aurore d’une humanité nouvelle (…) l’ère des Poissons, née avec le Christ, est au bord de sa tombe et c’est parce que l’ère du Verseau est proche que l’humanité se dégage -douloureusement toujours- de ses tendances actuelles et tourne un visage d’espoir vers d’autres idéaux(..) Cet irrésistible courant vers la Science du Ciel s’accompagne de tous les remous imaginables ; c’est un torrent tumultueux de purs élans, de forfanteries, de naïvetés (..) qui font à la foi la grandeur et la misère de l’astrologie renaissante . C’est ce torrent que je voudrais décrire tant que son flot désordonné roule par la ville avant de faire place au fleuve puissant au fleuve puissant ; calme, majestueux auquel s’abreuvera bientôt une humanité rajeunie d’avoir reclassé ses notions » On pense à Paul Le Cour dans sa réédition de son ouvrage sur Ganymède (cf notre « vie astrologique, années trente cinquante ») Tout cela nous semble bel et bien marqué par ce qui se passe en Allemagne à l’époque. Cela nous conduit à évoquer un autre ouvrage de nos collections : La nouvelle planète Pluton de F. Brunhubner (ed A. Kotulla, 1937), traduit de l’allemand (qui sera réédité dans les années Cinquante Que nous dit le « message de Pluton » pp136 et seq) qui nous présente le trio des nouvelles planètes ? » :’On peut nommer Uranus et Neptune les précurseurs de Pluton. Uranus, la première des nouvelles planètes apporte évolution et révolution ( ;;)L’effet d’Uranus n’est pas encore purement spirituel mais plutôt matériel -spirituel/ En continuation de l’action d’Uranus – ce premier réveil d’une nouvelle époque-Neptune causa d’abord -puisque incomprise- des troubles et le chaos dans la vie humaine Plus tard, lorsque l’homme s’efforça de comprendre les variations subtiles et fines de Neptune, cette planète l’amena à la méditation et l’approfondissement des ptobléme spirituels : la mystique. Maintenant, sous les rayons de Pluton dont l’intensité augmente de plus en plus ; ce ne sont plus les isolés qui les sentent mais nous tous Quelque chose de nouveau et d’inconnu arrivera (..) quelque chose de très redouté des uns mais attendu avec un désir ardent par les autres : l’ère nouvelle ! (…)Pluton est le phytopte et le messager d’un temps nouveau (..)La révolution allemande de 1933 représente un des centres des événements révolutionnaires du monde et je crois devoir dire que l’on peut regarder Pluton comme l’aspect cosmique du troisième empire (Reich) (..)Que l’Allemagne actuelle soit influencée par Pluton est incontestable. On put facilement le prouver par les différents horoscopes de ses chefs et les événements principaux des dernières années. » A propos de l’entrée de Pluton en Lion on trouve exposée l’idée du chef:(p.67) « Dans les années 1937 à 1957 le principe du chef (..) arrivera à sa plus forte expression Des États formés de partis deviendront -semblables à Allemagne et à l’Italie – des États conduits par un seul maître car partout dans le monde entier, on appelle un chef » Que penser de ce corpus de 4 ouvrages relatifs à l’astrologie parus durant l’avènement et la domination des nazis ? On y trouve une convergence entre l’affaire des trois trans saturniennes qui fait penser aux cavaliers de l’Apocalypse et celle de l’Erre du Verseau (signe qui se verra associé à Uranus) Sur le moment, il est clair que le milieu astrologique put quelque peu s’exalter. Certains parièrent pour le fascisme, d’autres, comme Barbault, pour le communisme (avec le cycle Saturne-Neptuue) Les congrès astrologiques furent une caisse de résonance , comme celui de 1933, que signale Brindhübner p 9) au lendemain de la découverte de Pluton,n précédant ceux de Bruxelles -1935) et Paris (1937, cette série de congrès « internationaux » étant gouvernée depuis Dusseldorf par Hubert Korsch. En 1974, le congrès de Paris permit à l’indice cyclque de Barbault d’alerter la presse au sujet des échéances des années 1982-83 Or cet indice cyclique était surtout marqué par les trois planètes Uranus, Neptune et Pluton, lequel indice avait été élaboré par Henri Gouchon à la fin des années 1940.(cf Les astres et l’Histoire, Pauvert, 1967) sous le nom d’indice de concentration planétaire. L’astrologie du Xxe siècle se montrait ainsi marquée par des paramètres inconnus de la tradition astrologique antique, que ce soit pour la théorie des ères précessionnelles ou pour les planètes au delà de Saturne. Les astronomes devenaient par leurs découvertes successives -une par siècle -les prophétes de temps nouveaux. Bien plus, le politique s’alliait à l’astrologique, de façon spectaculaire avec l’avénement du Troisième Reich ce qui n’était en revanche pas nouveau au prix d’une instrumentalisation mutuelle. C’est toute une génération d’astrologues qui se trouvera impactée comme ce fut le cas au lendemain de la Chute du Mur de Berlin, en 1989 au tour d’une prévision datant des années Cinquante (conjonction Saturne-Neptune) avec à nouveau un focus sur l’Allemagne vouée à se réunifier. Nous mêmes en 1979, nous avons publié « Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau », Actes d’un Colloque tenu deux ans plus tôt à Paris. Et puis n’oublions pas le changement de millénaire autour de l’An 2000 ! Pour notre part, nous optons pour une « astrologia perennis « , une astrologie éternelle, non sujette aux découvertes astronomiques ni aux mystiques politiques de gauche comme de droite. L’idée même de l’apparition de nouvelles planaires renvoie à la croyance aux comètes. Quant à Uranus, l’astrologie n’en a nul besoin pour annoncer un changement et déjà au Xe siècle Albumasar y parvenait fort bien avec les conjonctions de Jupiter et de Saturne. Il est vrai que les Évangiles nous parlent de l’étoile des Mages, sur Bethléem. JHB 01 04 21