samedi 11 juin 2022

Jacques Halbronn Les Israélites sont un autre peuple (Am) que les Judéens.

Jacques Habronn Les Israélites sont un autre peuple (Am) que les Judéens. Il est assez clair à la lecture du Livre des Rois que les tribus du Nord constituaient un "peuple" (Am) bien distinct de celui des Judéens, comme en témoigne le passage suivant : Rois ch. XII, 28-32 ד אָבִיךָ, הִקְשָׁה אֶת-עֻלֵּנוּ; וְאַתָּה עַתָּה הָקֵל מֵעֲבֹדַת אָבִיךָ הַקָּשָׁה, וּמֵעֻלּוֹ הַכָּבֵד אֲשֶׁר-נָתַן עָלֵינוּ--וְנַעַבְדֶךָּ. 4 "Ton père (Salomon) a fait peser sur nous un joug trop dur. Toi maintenant, allège le dur traitement de ton père et le joug pesant qu'il nous a imposé, et nous t'obéirons." ה וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם, לְכוּ-עֹד שְׁלֹשָׁה יָמִים--וְשׁוּבוּ אֵלָי; וַיֵּלְכוּ, הָעָם. 5 Il leur répondit: "Allez, attendez encore trois jours et puis revenez." Et le peuple se retira. ו וַיִּוָּעַץ הַמֶּלֶךְ רְחַבְעָם, אֶת-הַזְּקֵנִים אֲשֶׁר-הָיוּ עֹמְדִים אֶת-פְּנֵי שְׁלֹמֹה אָבִיו, בִּהְיֹתוֹ חַי, לֵאמֹר: אֵיךְ אַתֶּם נוֹעָצִים, לְהָשִׁיב אֶת-הָעָם-הַזֶּה דָּבָר. 6 Le roi Roboam consulta les vieillards qui avaient entouré Salomon de son vivant, et leur dit: "De quelle façon me conseillez-vous de répondre à ce peuple?" ז וידבר (וַיְדַבְּרוּ) אֵלָיו לֵאמֹר, אִם-הַיּוֹם תִּהְיֶה-עֶבֶד לָעָם הַזֶּה וַעֲבַדְתָּם, וַעֲנִיתָם, וְדִבַּרְתָּ אֲלֵיהֶם דְּבָרִים טוֹבִים--וְהָיוּ לְךָ עֲבָדִים, כָּל-הַיָּמִים. 7 Et ils lui parlèrent ainsi: "Si aujourd'hui tu cèdes à ce peuple, si tu te montres conciliant à leur égard et leur donnes pour réponse de bonnes paroles, ils seront constamment tes serviteurs fidèles." On retrouve le même mot 'am" pour peuple dans le Livre de l'Exode Exode III, 7-12 ז וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו. 7 L'Éternel poursuivit: "J'ai vu, j'ai vu l'humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j'ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances. יב י וְעַתָּה לְכָה, וְאֶשְׁלָחֲךָ אֶל-פַּרְעֹה; וְהוֹצֵא אֶת-עַמִּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם. 10 Et maintenant va, je te délègue vers Pharaon; et fais que mon peuple, les enfants d'Israël, sortent de l'Égypte." יא וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה, אֶל-הָאֱלֹהִים, מִי אָנֹכִי, כִּי אֵלֵךְ אֶל-פַּרְעֹה; וְכִי אוֹצִיא אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם. 11 Moïse-dit au Seigneur: "Qui suis-je, pour aborder Pharaon et pour faire sortir les enfants d'Israël de l'Égypte?" יב וַיֹּאמֶר, כִּי-אֶהְיֶה עִמָּךְ, וְזֶה-לְּךָ הָאוֹת, כִּי אָנֹכִי שְׁלַחְתִּיךָ: בְּהוֹצִיאֲךָ אֶת-הָעָם, מִמִּצְרַיִם, תַּעַבְדוּן אֶת-הָאֱלֹהִים, עַל הָהָר הַזֶּה. 12 Il répondit: "C'est que je serai avec toi et ceci te servira à prouver que c'est moi qui t'envoie: quand tu auras fait sortir ce peuple de l'Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même." Il ressort que le tribus qui firent sécession au Xe sièce, au lendemain de la mort de Salomon ' n'étaient pas considérées comme faisant partie du même "peuple" que celui dont était issue la lignée de David et de Salomon. La thèse d'une origine commune de toutes les tribus serait une invention concoctée par les Israélites, notamment dans le Livre de l'Exode, ce dont nous avons déjà traité sur ce même blog NOFIM.unblog.fr Ce sont les descendants de ce "peûple" septentrional qui seront visés par Jésus : Je suis venu pour les brebis perdues de la maison d'Israel. Les Chrétiens dérivent de cette mouvance asservie par les Judéens. Deux mille ans plus tard, la conquête de Normands francophone, au XIe siècle, de l'Angleterre, générera pour longtemps une dépendance par rapport à la langue française; Le paralléle s'impose entre ces deux événements en ce que le christanisme entend se substituer au judaisme, sous des prétextes divesrs tout comme l'anglais au français. JHB 11 06 22

jacques Halbronn Le judaisme laïc est la voie vers une nouvelle idée de Dieu et du Peuple.

Jacques Halbronn Le judaisme laïc est la voie vers une nouvelleidée de Dieu et du Peuple En 1978, nous avions fondé le CERIJ (Centre d’Etude et de Recherche sur l’Identité Juive) lequel rejoindrait en 1989 la mouvance judéo-laïque avec notamment Liberté du Judaisme et l’AJHL (Association pour un judaisme humaniste et laïc) d’Albert Memmi. Nous avions affirmé vouloir nous émanciper des « modéles dominants » du sionisme et de la synagogue sans parvenir à établir une véritable doctrine, en raison d’une impasse qui semblait aller de soi par rapport à la théologie alors qu’il eut fallu ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. De même n’avions nous pas su tirer les leçons de la Shoah pour la connaissance de la présence juive au monde, du fait de la carence d’une lecture verticale et non plus horizontale, comme le proposait le sionisme.. I L’écueil théologique Il nous est apparu qu’il fallait repenser l’idée de Dieu plutôt que d’adopter une position de rejet ou d’indifférence. Pour y parvenir, il était nécessaire de bien maîtriser les axes du judaisme en vigueur et d’en élaborer une critique, non pas à la façon d’un judaisme « libéral » (MJLF) ou « réformiste », non pas en instaurant une sorte de rabbinat laïc (secular Judaism) , comme aux Etats Unis mais en mettant en évidence certaines dérives conceptuelles. autour de l’idée même de Dieu. Autrement dit, il ne s’agit pas de rejeter des notions instrumentalisées par tel ou tel mouvement mais de nous les réapproprier à partir d’une relecture des Ecritures en refusant notamment l’idée d’un Dieu universel, au sens aristotélicien et spinozien (Deus sive Natura). Il ne s’agissait pas de renoncer à certaines formulations sous prétextes qu’elles avaient pu être adoptées par le Christianisme comme celle de « Fils de Dieu » dont il s’agirait de repréciser le sens, par delà ce qui en est dit autour du personnage de Jésus et de la « Trinité ». Il s’agissait aussi de prendre en compte l’Astrologie qui est une clef de la théologie juive authentique, alors que le judaisme s’en était éloigné, notamment au XIXe siècle (cf notre ouvrage Le monde juif et l’astrologie. Histoire d’un vieux Couples, Milan, Ed Arché, 1985) Autant d’obstacles épistémologiques à désamorcer. D’ailleurs, l’antisémitisme apparaissait comme un révélateur de cette nouvelle identité /conscience juive, en ce qu’il relevait, soulignait précisément ce rôle des Juifs dans le monde moderne, notamment depuis la fin du XVe siècle. II L’écueil nationaliste En ce qui concerne la notion de « peuple » juif, là encore fallait-il repenser ce qu’il convenait d’entendre par là en remettant en question le schéma classique dont s’inspira le sionisme (cf notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle. ed Ramkat, 2002) La Shoah aurait du nous mettre sur la voie d’une nouvelle acception du mot peuple, plus verticale qu’horizontale, plus transnationale que nationale, plus diasporique que centrée sur Jérusalem (Sion). Il convenait d’aborder le judaisme à partir de la modernité, à savoir ce que l’on pouvait observer au vu de l’Histoire des derniers siècles et non en plaquant des textes d’un autre temps, dont la corruption pouvait être signalée. D’une part, en effet, les leçons de la Shoah laquelle avait montré que la judéité ne pouvait se réduire à quelque « confession mosaique » ou qu’elle ne disparaissait pas du fait de quelque conversion (cf le cas des Conversos, des « nouveaux chrétiens ») et de l’autre, la contribution remarquable d’individus Juifs à la pensée contemporaine, en tous ses aspects et là encore par delà une quelconque appartenance religieuse. Se dire juif ne signifiait plus avoir été formaté par quelque Yeshiva. La question de l’individu juif interpellait et l’on découvrait que de facto l’on pouvait vivre sa judéité par son rôle social au milieu d’un monde « non juif » et même que c’était la seule façon d’exister comme juif que d’être entouré de « non Juifs ». JHB 11 06 22