vendredi 26 février 2021

jacques Halbronn La vraisemblance dans l'approche critique de la chronologie centurique

La vraisemblance dans l'approche critique de la chronologie centurique par Jacques Halbronn Nous commentons ci après certaines formules utilisées par Patrice Guinard pour valider sa chronologie des éditions centuriques au prisme de l'argument de la vraisemblance que celui-ci n'hésite d'ailleurs pas à manier. Mais commençons par afficher d'entrée de jeu ses conclusions à l'aide de son « Résumé des résultats et conjectures de cette recherche » : - Les Prophéties sont originellement parues à Lyon en trois fois (1555, 1557, 1558). - Elles ont été rééditées à Paris en 1556, en 1557, et probablement en 1558. - Elles ont été réimprimées sous un autre titre et avec quelques modifications à Avignon vers 1559-1560. - Deux contrefaçons parisiennes, parues vers 1561, attestent de l'existence des premières éditions. - Une traduction anglaise de la contrefaçon parisienne est parue à Londres en 1563. Une traduction des Prophéties en hébreu est parue à Constantinople. - Aucune édition complète ne serait parue du vivant de Nostradamus. Benoist Rigaud fait imprimer en 1568 la première édition complète en deux volets rassemblant le texte des éditions de 1557 et 1558 (cf. CN 38) ». On commencera par la formule choisie par ce chercheur : « Editions tronquées et éditions complètes » selon une chronologie inversée : d'abord complètes puis « tronquées » et l'on se demandera quelle est la thèse la plus « vraisemblable » : « Les éditions des Prophéties dans la seconde moitié du XVIe siècle s'étagent sur trois périodes : celle des premières éditions (1555-1563), objet du présent article, la période Benoist Rigaud (c. 1568-1585), qui est aussi la période de diffusion des éditions "complètes" du texte, et la période ligueuse (c. 1588-1600), celle des éditions tronquées et atrophiées parues après les assassinats de Henry de Guise et de Henry III, et de la réaction des éditions Rigaud, de Benoist en fin de carrière puis de ses héritiers. « Chacun a ses critères de vraisemblance. Ainsi, un événement très particulier peut-il être annoncé à l'avance comme le fait que la capitale de l'ennemi soit la ville de Tours ou que le roi de France soit couronné non à Reims mais à Chartres. Pour Guinard, il n'y a pas de probléme puisque Nostradamus est un prophéte. Ce n'est pas notre position ! Que dire de l'analyse qu'il propose pour les éditions de 1557 à propos du travail de Gérard Morisse ? Patrice Guinard : « Reste l'argument concernant le nombre de quatrains et les dates d'impression : "Achevé d'imprimer le 6 du moys de Septembre. 1557." (exemplaire d'Utrecht à 642 quatrains) "Achevé d'imprimer le troisiesme de Novembre." (exemplaire de Budapest à 639 quatrains) D'abord on comprend mal, dans l'hypothèse Morisse, pourquoi une édition portant la date de 1557 au frontispice, aurait été imprimée une année avant, et j'ai signalé en septembre 2002 : "que les dates d'achevé d'imprimer des deux tirages de cette série, probablement contemporains, à savoir les 3 novembre et 6 septembre 1557, sont espacées de 58 jours, exactement égaux aux 58 quatrains prétendument "manquants" à la septième centurie." (cf. "Les Nombres du Testament comme fils d'Ariane au Corpus nostradamique", Les Nombres du Testament). » Il y a un point aveugle dans l'argument avancé par Patrice Guinard : il raisonne sur la base d'un auteur, le dit Michel de Nostredame » censé se comporter logiquement. « On comprend mal etc » Il oublie ou feint d'oublier que dans le domaine des contrefaçons, ce point ne pése pas lourd. Il révéle au contraire la disparité des entreprises, trente ans après la date en question, lesquelles ne s'ajustent pas entre elles. En ce sens, il est tout à fait vraisemblable que ces bizarreries montrent que ce n'est pas Nostradamus ni d'ailleurs son libraire qui sont les acteurs de l'affaire ! Autre échantillon de l'argumentation de Guinard "Cette édition n'est attestée que par une mention à la dernière page de l'édition d'Anvers (Les grandes et merveilleuses predictions, François de Sainct-Jaure, 1590) : "Fin des Professies de Nostradamus reimprimées de nouveau sur l'ancienne impression imprimée premierement en Avignon par Pierre Roux Imprimeur du Legat en l'an mil cinq cens cinquante cinq." (f.M3v). Le titre et le sous-titre hypothétiques sont donnés par Ruzo qui pense que cette édition aurait été reproduite par celle de Raphaël du Petit Val (Rouen, 1588), laquelle s'achève sur le quatrain 53 de la IVe Centurie (selon le seul exemplaire connu, celui de sa bibliothèque, aujourd'hui dispersée). Cependant l'édition rouennaise ne mentionne pas celle d'Avignon, et l'édition anversoise, qui contient sept centuries, et non quatre, peut difficilement reproduire une édition à sept centuries parue en 1555. Par conséquent, si cette édition Saint-Jaure reproduit bien une édition d'Avignon, ce serait celle datée de 1556 (comme le feront d'autres éditions plus tardives) et il s'agit simplement d'une erreur typographique (1555 pour 1556) ou voulue, l'éditeur sachant que les Prophéties de Nostradamus ont commencé à paraître en 1555.(...) Ajoutons encore la mention suspecte "divisées en quatre Centuries" qui n'apparaît pas dans l'édition lyonnaise originale et qui sous-entend qu'il pourrait y avoir d'autres centuries à paraître. Or comment l'imprimeur avignonnais l'aurait-il su en 1555 ?" Le seul hic, c'est que Guinard raisonne sur des bases fausses, à savoir que l'on aurait affaire à un processus naturel d'édition alors qu'il s'agit d'une construction parfaitement aléatoire qui ne fait que se donner quelque apparence auprès d'un public non averti et point trop regardant. On laisse le lecteur rechercher d'autres exemples du même acabit de cette "méthode" dans la production guinardienne (sur le site du CURA). . JHB 26 02 21

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