vendredi 26 février 2021

jacques Halbronn Nostradamus, le tournant des années 1560

Nostradamus . Le tournant des années 1560 par Jacques Halbronn A partir des années 1560, le contexte nostradamique va changer sensiblement. On voit apparaitre des fausses éditions des almanachs et pronostications de Michel de Nostredame, notamment du fait de libraires parisiens comme Barbe Regnault, ce qui a été signalé dans les bibliographies de Chomarat et de Benazra dans le Répertoiure Chronologique Nostradamisque que nous avons édité; qui parlent d’éditions « pirates »..(cf RCN pp. 42 et seq) Nous avons signalé que le frontispice de ces contrefaçons n’était pas le même que celui des Pronostications authentiques. On notera que chez Nostradamus, seules les pronostications comportent une vignette représentant l’auteur alors que dans les éditions pirates, les vignettes figurent tant pour les almanachs que pour les pronostications. et ces vignettes ne sont pas identiques chez le vrai et chez le faux Nostradamus, erreur qui aura été fatale pour les tenants des éditions antidatées des années 1555 -1557. C’est le détail qui tue. On ne saurait négliger la preuve iconographique! Mais, par ailleurs, Nostradamus va se hasarder dans une veine prophétique. En 1991, nous publiame dans la revue Réforme, humanisme, Renaissance -n°53 une étude intitulée Une attaque réformée oubliée contre Nostradamus dont nous reproduisons ci dessous le résumé paru : « Les relations entre Nostradamus et Pie IV (1559-1565) n’ont pas fait l’objet d’une monographie, si bien que l’on a généralement privilégié ses Epîtres au pouvoir temporel. C’est ainsi qu’en 1556, Nostradamus s’adressa coup sur coup à Catherine de Médicis, à Henri II, et à Antoine de Navarre. La découverte de la Contrepronostication nous a amené à examiner la nature des relations entre Nostradamus et le Pape. Pourquoi y reprochait-on notamment à l’auteur des Prophéties d’être en quelque sorte à la solde du souverain pontife ? De fait, en cette année 1561, Nostradamus rédigea deux Epîtres au Pape et l’année précédente, il lui accorde un passage significatif de son Almanach pour ladite année 1561 Cet article a été reris sur internet sur différents supports.(https://cour-de-france.fr/histoire-et-fonction/histoire-et-fonctionnement/politique-et-religion/etudes-modern, et Persée) et signait notre entrée dans le domaine nostradamologique. Pie IV est le grand absent des éditions centuriques qui ne reproduisent pas les textes de Nostrdamus adressés au pape. Ce qui est un signe de leur caractère décalé de deux décennies. L’imporrance de ces textes avait été notamment signalée en 1906 avec la « Reproduction très fidèle d’un manuscrit inédit de M. de Nostredame dédié à SS le Pape Pie IV » Mariebourg (cf RCN, p. 449) où l’on précise qu’il s’agit de l’almanach pour 1563. En 1905 était paru chez le même éditeur une « réimpression de l’almanavh de Michel de Nostredame pour l’année 1563 (Avignon, donc dans les territoires pontificaux français, Pierre Roux)dédié à Pie IV Etrangement, Benazra ne fait pas le rapprochement -p. 52) avec les Praedictions de l’almanach de 1562, 1563 1564″ D’une certaine façon, ce volume manuscrit ferait pendant au Recueil des Présages Prosaiques (dont une partie a été éditée par B. Chevignard en 1999; Ed. Seuil). Dans les deux cas, il s’agit de volumes rassemblant des textes envoyés aux libraires. Mais l’on notera qu’il s’agit là de deux séries distinctes. Le Recueil des Présages Prosaiques concernant les almanachs et pronostications, les « Praedictions » concernant un autre genre dont il va être question et la différence des intitulés n’est pas indifférente. On ne connait d’ailleurs une impression de ces Prédictions que dans leur version italienne mieux conservée , curieusement, à la BNF que la série des almanachs et -pronostications de Nostradamus, la BNF n’en possédant aucun en propre (cf RCN pp. 62-77) Signalons aussi l’article de Robert Amadou -(RCN, p. 618) paru dans la revue L’Autre Monde (février 1986) « De Nostradamus au pape Pie IV.. Lettre ouverte ». Abordons la présentation de 1906 qui met exergue des extraits qui selon nous, sont d’un autre style que la production annuelle habituelle de Nostradamus. On sort de la triplicité aquatique pour entrer dans la triplicité de feu, ce qui réfère à la théorie des grandes conjonctions de Jupiter et de Saturne, notamment exposée par Leovitius comme on peut le voir dans ce « Discours contre Cyprien Leovitius & autres modernes astrophiles, touchant la grande conjonction du monde, & des quatre Eclipses de Soleil » de Francesco Liberatil, imprimé à Paris & au Mans par Hierosme Olivier l’an 1576. Nostradamus pointe le milieu des années 1560. Rappelons que lui même décédera en 1566 alors mêmes que se précisent certaines échéances. D’ailleurs, les Significations de l’écliose de 1559 seraient déjà marquées par cette influence ( CORPUS NOSTRADAMUS 133 — par Patrice Guinard Prédictions des Choses mémorables et Pronostication du Cercle solaire), RCN p. 30. Réimpression 1904) Se pose la question de l’édition datée de 1556 des Prophéties d’Antoine Couillard Du Pavllon Les Lorriz, lequel publia en 1561 des Contreditz aux faulses & abusifves prophéties de Nostradamus & autres astrologues, Paris, Charles L’angelier. (RCN, p. 45) ouvrage où il est fait référence aux dires conjonctions. Selon nous, le texte daté de 1556 pourrait avoir été antidaté en s’inspirant de du pamphlet de 1561, d’où certains anachronismes à commencer par l’usage du mot Prophéties dès 1556. On notera que le nom de Nostradamus ne figure pas dans ce texte, ce qui montre que l’on s’attaque à un auteur bien reconnaissable, ce qui selon nous n’était pas encore le cas alors.. Parmi les étrangetés, (fol B II), cette parodie de la Préface à César figurant dans l »édition antidatée de 1555 des « Prophéties » du dit Nostradamus. on retrouve le meme procédé chez un Antoine Crespin (cf notre éditions Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus) dans ses Prophéties dédiées à la Puissance Divine (1572) que P. Brind’amour exploitera dans son édition de 1996 du volet daté de 1555 (Droz), lesquelles reproduisent sans citer leur source un grand nombre de versets figurant dans les éditions contrefaites (cf notre post doctorat 2007 sur ce point, Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle); On note l’instrumentalisatin d’imitateurs de Nostradamis en vue d’authentifier les fausses éditions et les Prophéties de Couillard datées de 1556 appartiennent au genre du pastiche. Tout le monde se trouve piégé : aussi bien ceux qui veulent situer les premières éditions en 1555 que ceux qui parlent d’éditions posthumes comme celle, prétendue, de 1568. Dans le même genre, on citera le texte de l’Androgyn Lyon, Michel Jove, 1570 ‘cf RCN pp; 95-97) attribué à Jean de Chevigny et qui renvoie à Dorat. Toute une production destinée à valider la thèse d’éditions du vivant de NOstradamus ou suivant de peu sa mort et qui égareront les chercheurs naifs. On aura compris que pour nous, au cours des années 1560 -et en fait un peu avant- Nostradamus fut happé par la théorie apocalyptique des grandes conjonctions (d’Albumasar), ce qui le conduisit à une forme de prophétisme qui ne s’était pas révélée auparavant, et c’est ce qui le conduira à s’adresser au pape Pie IV. Autrement dit, dans les années qui précédèrent cette décennie, nostradamus ne se voulait point prophète. Rappelons que la Préface à César fait partie de ce corpus de contrefaçons puisqu’elle ouvre l’édition des « Prophéties » Lyon, Macé Bonhomme 1555 et est reprise en 1557 chez Antoine du Rosne. Double bévue donc des faussaires, quant aux pages de titre tant en ce qui concerne les vignettes que les intitulés des oeuvres, laquelle bévue n’aura pas été décelée, malgré nos avertissements, depuis plus de 20 ans par les prétendus « spécialistes -cf « .CORPUS NOSTRADAMUS 49 — par Patrice Guinard Les Prophéties d’Antoine Couillard (1556) : Une parodie des Prophéties de Nostradamus) Revenons donc sur le « pastiche » de 1556 (cf sa reproduction http://www.propheties.it/1556-005%20Pavillon,%20Les%20Propheties/slides/1556-005-011.htm) avec au folio B II « un millier de ses autres folies. C’est évidemment une référence aux dix centuries de cent quatrains qui constitueront in fine le canon centurique. Or, il est clair qu’en 1556 on en était encore très loin puisque la formule des 10 centuries ne saurait être antérieure à 1568 pour les tenants de cette édition et au début des années 1590 pour les plus sceptiques dont nous sommes. A vouloir trop prouver…. Abordons à présent la question de la fortune de l’interpellation du pape par Nostradamus, telle que nous la restitue l’édition de 1906 du manuscrit. Sur la forme, il est clair qu’on assiste à un changement de statut de Nostradamus lequel met en avant des échéances dépassant largement le cadre annuel auquel il s ‘était tenu jusque là. L’erreur des faussaires est de ne pas avoir pris la mesure du tournant des années 1560 en le plaquant dès les années 1550, logeant tout ce qui leur tombait de nostradamique sous la main à la même enseigne, sans considération d’espace ni de temps.. Le quatrain 76 de la centurie VIII du second volet, ne se comprend ainsi que sur la base du manuscrit en question: « Et ne veux rien mettre de l’an 1567 que dans le mois d’avril naistra un de quelque grand Roy et monarque qui fera sa fin cruelle et sanguinolente (…)On le nommera MARCELLINUS (en majuscules ndlr)mais on ostera de son nom l »R’ » Ce qui donne ‘Plus Macelin que Roy en Angleterre (…) son temps s’approche » Marcelin sans R donne Macelin.rapproché de l’italien pour boucher. » Nostradamus est au moment de sa mort puissamment marqué par la théorie des conjonctions (cf édition 1906 p. 10) qui impressionnera dans les années 1580 jusqu’à un Jean Bodin dans un chapitre de sa République. Ce quatrain de la huitième centurie montre que le corpus prophétique de Nostradamus avait été exploité par ceux qui se chargèrent de la confection du second volet des Centuries – le camp favorable à l’avénement d’Henri de Navarre à la Couronne de France, selon la formule du Janus Gallicus (1594) En ce sens, l’on ne saurait affirmer que les Centuries ne relévent pas formellement d’une certaine façon de l’oeuvre de Nostradamus mais certainement pas de la période des années 1550. Tout comme les quatrains des almanachs, la prose de Nostradamus aura servi à nourrir un certain nombre de quatrains des Centuries. (cf notre précédente étude sur Nofim: « Sur les derniers avis de Patrice Guinard quant au corpus Nostradamus ») JHB 26 02 21

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