jeudi 15 février 2024

jacques halbronn Savoir distinguer les notions de "peuple" et de "nation'.

Jacques Halbronn Savoir distinguer les notions de "peuple" et de "nation" Il semble bien que l'on tend de nos jours à utiliser "peuple" et "nation" indifféremment. Or, ces notions sont complémentaires et nullement interchangeables. Nous dirons qu'une nation est composée de plusieurs peuples et qu'un même peuple peut être présent au sein de plusieurs nations. Si l'on considère la question de l'Etat d'Israel (cf Amnon Cohen. Juifs et mulsulmans en Palestine et en Israel. Des origines à nos jours. Ed Tallandier 2016), l'on parlera d'une "nation" palestinienne, circonscrite à un territoire donné face à un peuple juif, débordant tout critère géographique. En ce sens, l'on ne saurait employer la forme "peuple palestinien" comme s'il pouvait faire pendant à "peuple juif" Si l'on aborde l'ouvrage de Théodor Herzl (cf notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle) que penser de l'expression "Etat Juif" (Judenstaat, parfois traduit par "Etat des Juifs"? le mot Etat est-il synonyme de Nation dès lors qu'il y a le projet de déterminer un territoire qui comprendrait entre autre des éléments du "peuple juif"? Il nous semble en effet que la notion d'Etat recouvre largement celle de Nation et nullement celle de Peuple. Au demeurant, Herzl n'envisageait pas d'enfermer le peuple juif au sein de quelque territoire que cela soit et de toute façon, il laissait le choix des lieux (¨Palestine ou Argentine ou encore, à la fin de sa vie "Sinaî", "Ouganda" Or, l'on sait que le mouvement sioniste aura fini par sa polariser sur ce qu'on appelait au début du XXe siècle la 'Palestine",ce qui constituait un territoire susceptible d'accueillir divers peuples. La Nation est une construction juridique avec la fixation de certaines frontières, ce qui implique la mise en place d'une citoyenneté par delà toute considération d'origines, s'ouvrant aux "peuples", aux "religions" les plus variés. D'ailleurs, la Déclaration Balfour de 1917 met bien en évidence la nécessité d'une co-existence entre diverses populations dont un "Foyer" pour les Juifs. L'Etat d'Israel a d'ailleurs fonctionné sur la base d'un certain pluralisme ethnique (terme synonyme de peuple) On parle ainsi "d'arabes israéliens". Autrement dit, une nation peut et doit s'ouvrir à divers peuples alors qu'un peuple est fermé sur lui-même. En ce sens, parler d'un Etat Juif signifie un espace susceptible d'accueillir plusieurs peuples en tant que Nation, un lieu dirigé par des Juifs mais englobant diverses populations, ce qui correspond peu ou prou à l'esprit de la Déclaration Balfour. Quand Mahmoud Abbas déclare qu'il ne veut pas de Juifs dans son Etat, il renonce ipso facto à la notion de Nation pour s'affirmer comme peuple mais l'on sait qu'un peuple peut être "emprisonné au sein d'un Empire-Nation. On dirra que la Nation est le résultat d'une verticalité et celle de peuple d'une horzontalité. Lu dans le Figaro Les vainqueurs de la Grande Guerre ont décrit l'Autriche-Hongrie comme une «prison des peuples» pour mieux légitimer son dépeçage en 1918. Mais l'empire né il y a tout juste 150 ans fut d'abord le lieu d'une brillante civilisation, où ce qui unissait était au moins aussi fort que ce qui divisait". En bref, la Nation englobe, intègre la notion de peuple et lorsqu'elle échoue à le faire, les peuples qui y sont compris tendent à partir. C'"est d'ailleurs ce qui s'est passé à la mort de Salomon, quand les populations du nord qui faisaient partie du royaume davidien ont refusé de poursuivre dans un tel cadre, formant dès lors un autre Royaume dit d'Israel. JHB 15 02 24

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