dimanche 11 juillet 2010

Nouveau regard sur la théorie des Ages

Par Jacques HalBronn

La théorie des Ages est généralement présentée, notamment chez les astrologues conditionalistes, comme une preuve de la relation de l’espèce humaine aux astres, dans la mesure où la psychogénése des humains passerait par des stades correspondant à la succession croissante des cycles planétaires.
Nous voudrions proposer ici une autre interprétation d’un tel « constat », ce qui montre qu’à partir des mêmes observations, l’on peut aboutir à des conclusions bien différentes. Ce que nous tenterons de mettre en évidence, c’est que l’ordre des dieux planétaires est du même ordre que celui des signes, des maisons ou des aspects, c'est-à-dire qu’ il constitue un mode de balisage d’un cycle, quel qu’il soit.
S’il s’avère, en effet, que l’on passe par un stade martien, puis par un stade jupitérien etc, est-ce que cela ne prouve pas, ipso facto, que les diverses planètes sont à considérer dans la diachronie et non dans la synchronie , dans leur succession et non dans la juxtaposition. Autrement dit, on ne saurait être au même moment à deux stades différents d’un cycle. On ne peut pas davantage être à la fois, simultanément, en hiver et en Eté, en maison VI et en maison IX, en cancer et en verseau…..
Or, comme chacun sait, l’astrologie, depuis longtemps, a pris l’habitude de combiner différents cycles de sorte qu’au même moment, l’on puisse être dans deux signes et plus, dans deux maisons et plus, par le fait même de la multiplicité des planètes. C’est notamment le cas du thème natal tel qu’il est généralement défini.
Evidemment, si l’on admettait le principe selon lequel on ne peut être à la fois au four et au moulin, cela rendrait inacceptable le concept actuel de thème astral (natal, horaire)
On nous objectera que chaque planète constitue un plan spécifique et que pour une planète donnée, il n’y, à un moment donné, qu’une seule et unique position, ce qui justifierait d’étudier autant de positions qu’ il y a d’astres utiles, de Chiron (voir Michèle Duhamel, Catherine Castanier, Renée Lebœuf) à Koré (voir Jean de l’Arche), d’Eris (voir Christophe de Céne) aux astéroïdes (voir Jean Billon, Marielle Garel, Liliane Blanchet)
Or, la théorie des Ages nous amène à penser que ces différents dieux auxquels il est référé par le truchement des astres qui portent leurs noms, sont eux-mêmes, au départ, censés constituer des phases au même titre que les subdivions de l’écliptique (révolution) ou du mouvement diurne (rotation)
On nous fera probablement remarquer qu’il faut bien, tout de même, déterminer des facteurs activant les diverses subdivisions et que les planètes ont vocation à le faire. Ce serait aller un peu vite en besogne. Car sous le nom de « planètes », l’on intègre, en astrologie, les luminaires (soleil, lune), ce qui permet d’arriver au nombre 7 si important par ailleurs pour la pensée astrologique notamment du fait de la septuplation des mesures de temps : passage du jour à la semaine de 7 jours, de l’année à la « semaine » de sept ans (vaches grasses, vaches maigres). Certains pourraient croire qu’un tel découpage justifie l’existence de sept « planètes » voire qu’il est sous-tendu par la dite existence. Or, ce n’est que par un stratagème que l’on en arrive à l’idée d’un septénaire planétaire, de par l’adjonction des luminaires aux cinq planètes découvertes bien plus tardivement que ne le furent les dits luminaires, à plusieurs millénaires de distance.
Autrement dit, si au lieu d’un découpage en 7 avait prévalu un autre découpage, on se serait débrouillé autrement, en ne prenant par exemple que la lune (pour un découpage en six) ou en ajoutant l’axe des nœuds (pour un découpage en huit). Actuellement, d’ailleurs, les astrologues intègrent allégrement de nouveaux astres sans plus chercher à les situer dans un quelconque calendrier. La semaine n’a pas augmenté de jours, en dépit des tentatives de passage à une semaine de dix jours sous la Révolution.
On ne manquera pas non plus de nous faire remarquer que la théorie des domiciles (axée sur les solstices) attribue bel et bien les sept planètes (donc luminaires compris) aux 12 signes (voir le Tetrabiblos) et cela vaut aussi pour le dispositif des exaltations (axé sur les équinoxes)
Or, selon nous, de tels tableaux ne sont pas opérationnels mais plutôt récapitulatifs. Selon nous, les luminaires devaient jouer le rôle de curseurs passant sur des secteurs attribués à tel ou tel dieu (voir Manilius) : à un certain point, le curseur passait sur Vénus, à un autre, sur Mars et ainsi de suite, il ne devait donc pas exister de secteur lunaire ou de secteur solaire car on ne saurait confondre les aiguilles d’une montre (idem pour un cadran solaire) et son découpage. (en 12 sur nos montres)
Dans le cas de la semaine, le problème se pose aussi : il n’y a pas de raison pour qu’il y ait un jour du soleil et un jour de la lune, puisque ce sont là des curseurs passant successivement sur sept jours. D’ailleurs, en France, il n’y a pas de jour du soleil (à la différence de l’Angleterre) mais nous avons le lundi, jour de la Lune. Il faut bien comprendre que l’astrologie, elle –même, est passée par plusieurs stades.(Gauquelin a ainsi montré que la Lune jouait un rôle au même titre que les cinq planètes, mais le soleil, en revanche, ne ressortait pas statistiquement dans son travail)
En conclusion, nous dirons que la théorie des Ages met en évidence la dimension progressive des dieux planétaires, elle ne leur confère pas de rôle moteur. Or, paradoxalement, J. P. Nicola a développé parallèlement à la dite théorie, le système RET qui vise, au contraire, à montrer le rôle de chacune des 10 « planètes » du système solaire, tel qu’on le connaissait dans les années soixante du siècle dernier.
La confusion entre le tronc et les branches est très fréquente en astrologie, d’où ainsi l’importance accordée aux 12 signes, dans les « horoscopes » et qui fait passer au second plan le soleil dont on oublie qu’il joue ici le rôle de curseur. Pour nous, les planètes sont les branches et les luminaires le tronc. Il faut rétablir une telle dialectique.
Cela dit, pour ceux qui connaissent nos travaux, nous accordons la plus grande importance à Saturne. C’est que selon nous, pour mettre en œuvre le processus de septuplation évoqué plus haut, il a bien fallu instrumenter et instrumentaliser une certaine planète jouant le rôle de la lune par rapport au soleil et ce fut Saturne, le rôle du soleil étant joué par un quadrilatère d’étoiles fixes dites royales. C’est ainsi que Saturne aura été promu au rôle d’octave supérieure de la Lune et donc de curseur. Nous avons donc une astrologie lunaro-saturnienne, ce qui explique que l’astrologie humaniste préconise le passage un jour pour un an (ou un degré pour an, ce qui est du même ordre)
On aura compris que notre conclusion sera la suivante : le nombre de planètes dont il importe de suivre le cycle se limite à la Lune et à Saturne, faisant respectivement couple avec le soleil et le quaternaire stellaire et pouvant être subdivisé par divers procédés et par divers découpages (mythologique, symbolique, catégoriel (maisons), géométrique (aspects)
Ce qui nous frappe le plus, c’est le fait d’accorder une portée universelle aux 12 signes du Zodiaque et au décalage entre deux présentations de celui-ci. (ayanamsa).Il est assez évident, en tout état de cause, qu’il s’agit de créations humaines et qui plus est de résultats de diverses contingences historiques (ignorance de la précession des équinoxes, corruption de la symbolique saisonnière d’origine, syncrétismes). Il est remarquable que les hommes sacralisent ainsi leur propre errance au point de se persuader que leur avenir peut être décrypté dans un cosmos revu et corrigé par eux-mêmes. Mais l’homme n’est-il pas, en effet, un apprenti sorcier prisonnier de ses propres entreprises au point de ne plus pouvoir les contrôler ?
Il y a trois plans à bien distinguer : celui de la Science(dure), qui ne dépend pas des hommes, celui de l’Histoire qui nous parle de la façon dont les hommes ont vécu le temps et l’espace, qui en garde le souvenir des avatars, et enfin celui de la Loi, qui concerne la faculté des humains, pas forcément bien partagée (pour paraphraser Descartes) à constituer des structures cohérentes, comme une langue, comme un code (voir Lévi Strauss). L’Astrologie semble flotter épistémologiquement entre ces trois dimensions.

JHB
29. 04. 10

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