lundi 8 mars 2010

Les cadeaux empoisonnés de l'astronomie moderne à l'astrologie

par Jacques Halbronn


L'astrologie a été dénaturée par un certain nombre d'acquisitions de l'astrologie qui sont autant de cadeaux empoisonnés de la part d'un monde qui lui est soit hostile soit indifférent. Il est grand temps que l'on se ressaisisse!
On observe ainsi que des arguments utilisés contre l'astrologie ont fini par être récupérés par ses maitres à penser, qu'il s'agisse notamment de la précession des équinoxes, des nouvelles planètes, de l'importance accordée aux luminaires etc.
En ce qui concerne la précession, on connait la fortune de la théorie des ères précessionnelles, née hors des cercles astrologique, à une époque où l'astrologie était d'ailleurs coupée de l'astronomie, à la fin du XVIIIe siècle. Cette théorie soutient que le point vernal du fait qu'il change de constellation tous les 2000 et quelques années détermine des "ères" successives, en sens inverse du Zodiaque. (voir le collectif que nous avons dirigé "Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau", Paris, Albatros-Autre Monde 1979). C'est là un bien étrange compromis, on l'avouera!
Par ailleurs, quand on demande aux astrologues comment l'astrologie est née, l'explication la plus souvent avancée met l'accent sur les influences du soleil et de la lune, et qui en conclut que pour les planètes, l'on aura procédé de même pour déterminer leur influence ou leur signification alors qu'il s'agit d'un tout autre processus qui n'a d'ailleurs rien à voir avec la nature intrinsèque des dites planètes.
Et puis, il y a évidemment le baptême des nouvelles planètes. Le seul fait que les astronomes aient puisé dans la mythologie en fait aux yeux des astrologues de véritables oracles, ce qui permet aux astrologues de gagner à la fois sur le tableau de la modernité scientifique et du symbolisme le plus ancien, faisant ainsi d'une pierre deux coups!
Une fois que les astrologues commencent à admettre leur importance pour l'astrologie, comme les astronomes les y incitent, comment peut-on penser la génése de l'astrologie? Quelle astrologie a pu exister dans la méconnaissance des trois planètes transsaturniennes d'autant que les dits maitres à penser - pas forcément français! - les ont intégrés dans le dispositif des domiciles si précieux pour l'interprétation des thèmes (maîtrises), et dans les cycles de l'astrologie mondiale. Pauvres prédécesseurs qui furent ainsi confrontés à toutes sortes d'"événements, de situations dont ils ne pouvaient avoir la clef, faute de disposer des dites planètes!
Or, faut-il rappeler les extraordinaires performances de l'astrologie mondiale sous le patronage des transsaturniennes? Il semble que nous ne soyons pas mieux lotis, en dépit de ce nouvel apport, que nos prédécesseurs!
Nous avons relu récemment un texte paru en 1983, dans la toute première édition du Guide des Voyants et des Astrologues d'Elizabeth Alexandre et d'Agnès Mathon (Ed. Philippe Lebaud, pp. 132-133), qui cite d'ailleurs notre "Bottin Astrologique" paru deux ans plus tôt (Ed. La Grande Conjonction).
Nous sommes donc en 1983 et sous le coup d'une méga-prévision due à André Barbault, publiée en 1967 et reprise dans son introduction aux Centuries attribuées à Nostradamus.(question que nous avons traitée en long et en large sur Internet et dans Documents Inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002). Selon ce qu'en rapporte les auteurs du dit Guide, Barbault met en avant les conjonctions se produisant entre cinq planètes qui sont Jupiter-Saturne- Uranus- Neptune et Pluton, soit deux "anciennes" planètes et trois "nouvelles".
La première guerre mondiale : quatre conjonctions 1914-1918
La deuxième guerre mondiale : cinq conjonctions 1940-1945
A venir:
1983-1985: cinq conjonctions
1988-1993 triple conjonction.
Pour témoigner du climat de l'époque dans les milieux astrologiques, les auteurs (sous le titre "1983-2000 les années cruciales") -qui semblent être assez convaincues (mais ce développement ne reviendra pas dans les éditions suivantes de leur Guide au cours de la décennie)- parlent dune gravité au premier degré pour les années 1982 et 1983 particulièrement et ensuite pour les années 1988-1993" avec comme perspective "une métamorphose radicale de l'Humanité et un renouvellement de société". C'est, comme on dit, mathématique.
Et pourtant, rien d'approchant en intensité ne se produisit tout au long de la dite décennie qui ait pu rivaliser -et encore moins dépasser- l'ampleur des deux conflits mondiaux. Même les événements de la fin des années 80 qui, en d'autres temps, auraient pu avoir des conséquences militaires de grande ampleur se déroulèrent dans une certaine détente. Car ce qui semble importer est la façon dont les hommes gèrent les problèmes qui se posent et visiblement la gestion de ce qui se produisit au cours de cette décennie ne fut pas la même que pour les deux guerres mondiales qui marquèrent le XXe siècle lequel, il faut bien le reconnaitre, sauf le respect que l'on doit à A.B., n'en connut pas une troisième! Même l'échéance de 1989 correspond à un désengagement, à une forme de décolonisation comme le XXe siècle en connut tant dès le lendemain de Première Guerre Mondiale, avec la crise des empires.(Turquie, Autriche Hongrie, France, Angleterre, Russie renonceront successivement à la plupart de leurs satellites).
De cet échec prévisionnel de première grandeur, quelles leçons tirer?
Sur le plan théorique, l'idée consistant à étudier la répartition des conjonctions entre deux planètes relativement lentes (entre 12 ans et 248 ans de révolution) aboutit au paradoxe suivant, à savoir que l'ensemble des dites conjonctions ne débouche sur aucune structure cyclique globale alors qu'au contraire l'étude d'une conjonction entre deux planètes fait ressortir nécessairement une rythmicité régulière, à l'instar du fameux cycle Jupiter-Saturne se reproduisant tous les 20 ans. S'il fallait faire apparaitre une quelconque cyclicité pour cet ensemble de 5 planètes, cela comprendrait une périodicité de plusieurs siècles! Or, s'il n'y a pas de cyclicité clairement manifestée, il n'y a pas de raison pour que des événements se répètent comme semblaient le croire AB et tous ceux qui l'écoutèrent. Ajoutons que la méthode préconisée par AB ne tient aucunement compte du caractère de chaque planète pas plus que des signes où les concentrations se produisent. On ajoutera que si la conjonction, en soi, est un concept majeur, crucial pour l'astrologie lorsqu'elle s'articule sur un facteur neutre comme une étoile fixe, qui n'est somme toute qu'un repére, en revanche, la conjonction entre deux ou plusieurs planètes génère de la cacophonie et rend le message illisible. Le problème s'est posé pour les statistiques Gauquelin: en cas de conjonction de deux planètes, le processus perd de sa visibilité, un peu comme si le chien de Pavlov était confronté à deux signaux contradictoires (ou plus). C'est donc la théorie générale de la cyclologie astrologique qui est à repenser et AB a totalement laissé de côté en astrologie mondiale les combinatoires avec les étoiles fixes ou avec des facteurs non planétaires autres. Pour nous un cycle implique deux objets de nature différente, ce qui n'est pas le cas des planètes même si l'on peut vouloir les différencier entre elles (voir le système RET) car elles n'en appartiennent pas moins à une seule et même catégorie.
En fait, tout se passe comme si lorsqu'un astrologue est sommé de trouver des points communs entre deux événements, il soit conduit à relativiser l'importance de ce qui distingue les configurations astrales. C'est ainsi que Barbault nous informe qu'il ne tiendra pas compte des signes zodiacaux ni du caractère propre à chaque planète. Inversement, quand il part des configurations astrales, l'astrologue sera tenté de montrer à quel point les événements se produisant successivement sous les dites configurations offrent de similitude. Dans le cas des guerres mondiales, le nom même de ces deux conflits est accepté pour argent comptant et est présenté comme une sorte de couple.(la première et la deuxième guerres mondiales) sans chercher à relier ces deux périodes à des événements antérieurs. En revanche, on ne peut reprocher à AB de ne pas avoir proposé de valider son travail en extrapolant sur l'avenir. Plus la série est brève, plus il est aisé, on l'admettra, de faire ressortir des récurrences et a contrario, plus la série est longue, plus la démonstration sera convaincante, dès lors que l'on recourt à chaque fois à un même modèle, à condition toutefois que le dit modèle n'englobe pas toute l'astrologie, ce qui implique de préciser ce que l'on peut accepter comme modèle de référence. Dans le cas de la théorie des conjonctions, le modèle est relativement simple si on le compare à tout ce qui est véhiculé sous le nom d'Astrologie. Mais dans bien des cas, le modèle est tellement alambiqué et multiforme que son application ne saurait, en tout état de cause, être concluante, ce que semble ne pas avoir compris une Suzel Fuzeau-Braech qui considérait le savoir de l'astrologue comme un tout d'un seul tenant et qu'il convenait de valider en bloc..Il reste que le modèle proposé par Barbault - à la suite d'Henri Gouchon- bien que très dépouillé n'aboutit pas pour autant à un cycle central mais bien à une pluralité de cycles considérés comme interchangeables en dépit de leur grande différence de vitesse de révolution, Pluton étant plus de 20 fois plus lent que Jupiter (de 12 à 248 ans). Une vision tout à fait révolutionnaire de l'astrologie- élaborée dans les années soixante et qui intéressa un certain temps le milieu astrologique des années soixante-dix avant de révéler ses limites. Mais gageons qu'un tel modèle n'aurait guère de chances d'être pris en considération de nos jours, en raison de l'état d'inertie du monde des astrologues, quarante ans plus tard. Mais les années soixante furent un âge d'or de l'astrologie française autour de Barbault, Nicola et Gauquelin et c'est d'ailleurs à cette époque que nous "entrâmes" en astrologie...Le problème actuel de recrutement notamment masculin tient, selon nous, à une certaine sclérose: les femmes attendent de l'astrologie qu'elles les aident à se trouver alors que les hommes y cherchent quelque chose à trouver, dans une démarche de recherche qui ne passe pas nécessairement par la connaissance de soi même, même si l'on ne saurait sous estimer l'importance d'un vécu personnel au regard des astres pour l'investigation astrologique à condition de ne pas extrapoler ni généraliser abusivement..
Rappelons toutefois que l'idée selon laquelle l'on peut faire abstraction du signe ou de la planète existe de longue date en astrologie individuelle (voir la méthode globale de Claire Santagostini, avec lequel Barbault travailla dans les années Cinquante ou l'astrologie holistique de Pierre Lassalle, avec ses "figures" qui ne tiennent pas compte du positionnement zodiacal). Quand un astrologue compte le nombre de planètes en signes de feu, de terre, d'air ou d'eau, il opte pour une approche quantitative qui ne tient pas compte, à ce stade du moins, de la nature de la planète ni du signe, puisque seul importe de savoir le nombre de signes de tel ou tel Elément, ce qui au demeurant confère aux "triplicités" une importance exorbitante. Signalons aussi que la théorie médiévale des Grandes Conjonctions, un pan essentiel de l'astrologie mondiale "classique'", s'intéressait moins aux signes zodiacaux, chacun en particulier, qu'au fait que le couple Jupiter-Saturne se réunissait dans un signe de tel élément ou de tel autre.
Il est grand temps de revenir à un état ancien de l'astrologie car seul le temps aura permis aux hommes d'être en phase avec le ciel, sur le plan psychique. Soutenir que de nouvelles planètes pourraient exercer leurs effets astrologiques sur l'Humanité sans passer par une longue période d'acclimatation et d'intégration nous semble une aberration et un contre sens au regard de l'anthropologie.(voir des extraits du colloque "conditions d'existence de l'astrologie", sur la télévision astrologique) et cela vaut cent fois plus quand il s'agit de planètes qui ne sont pas visibles à l'œil nu, ce qui est le point de départ d'une sémiotique cosmique.
Reste la question suivante : est-ce que l'astrologie a/avait vocation à annoncer des événements comme ceux des deux grands conflits mondiaux du siècle dernier dont le déroulement fut d'ailleurs sensiblement différent, ne serait ce qu'au regard de la question juive puisque la première déboucha sur une volonté d'instaurer un "foyer juif" en Palestine alors que la second produisit la Shoah. Quant au comportement des Français durant les deux conflits, il différa considérablement! Il semble sage de reconnaitre que les mêmes problèmes ne provoquent pas les mêmes effets et l'on connait un grand nombre de guerres qui n'ont été dues qu'à des prétextes (comme en 1870). De nos jours, d'ailleurs, l'on sait qu'il est toutes sortes de guerres et que cela ne passe pas forcément par des affrontements militaires plus ou moins généralisés, il est des guerres économiques, diplomatiques, culturelles, scientifiques voire sportives...L'astrologue serait tenté de les expliquer chacune par des configurations différentes. Pour notre part, nous ne le pensons pas. Cela aura été la grande tentation des astrologues du siècle dernier que de tenter de localiser un événement en l'associant à tel ou tel cycle, d'en préciser la nature selon tel ou tel critère Quant à Dorothée Koechlin de Bizemont, elle a remise les correspondances zodiacales avec les pays en vigueur pour explorer notamment les vies antérieures (voir notre entretien pour la Télévision Astrologique, en février 2010). Mais il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse et tout trouver dans tout! D'où l'importance qu'il y a à préciser à quoi ressemblent une période conjonctionnelle et une période disjonctionnelle, notamment en terme de leadership et de mouvements collectifs, respectivement, ce qui implique des formulations techniques rigoureuses qui ne sauraient se satisfaire d' effets aléatoires plus ou moins frappants et . . astrologiquement imprévisibles.. L'astrologue est un ingénieur du temps, il n'est pas responsable de l'usage que l'on en fera.
Pour notre part, la nécessité d'un supercycle s'impose, et ce d'autant plus que certains astrologues utilisent un nombre considérable de facteurs (voir l'exposé de Jacky Alaiz, de janvier 2010, repris sur la télévision astrologique). La pluralité des planètes n'est supportable pour l'astrologie qu'au sein d'un tel supercycle qui fait souvent défaut. Il existe certes l'Ere du Verseau mais il s'agit là d'un processus surdimensionné (chaque Ere précessionnelle durant 2160 ans!). Souvent l'astrologue alimente et sous-tend son propos de rumeurs, d'un certains Zeitgeist pris dans la presse ou lors de ses diverses lectures ou d'émissions de télé, et c'est ce qui donnera sa tonalité à son exposé, lui permettra de ne pas travailler sans filet. Mais une telle pratique peut se révéler contre-productive car elle place l'astrologie au service ou en tout cas dans la dépendance de modèles qui ne sont pas astrologiques. Cette tendance de la part des astrologues, à tous les niveaux, tant en astrologie mondiale qu'individuelle, à soumettre l'astrologie à certaines considérations préalables, ne nous semble pas être une bonne solution si ce n'est qu'elle a l'avantage de relativiser le propos de l'astrologue qui tablera sur des données n'appartenant pas stricto sensu à son domaine, ce qui fait qu'il ajustera son discours astrologiques sur des données informatives bien connues sinon fiables. On voit ainsi cohabiter chez certains astrologues -et nous pensons en effet au cas de Jacky Alaïz, parmi bien d'autres, l'on pourrait aussi citer Yves Lenoble, lors de ses exposés d'actualité aux soirées de l'association Source de Catherine Gestas - à la fois une astrologie foisonnante, multicyclique mais sans véritable colonne vertébrale et à la fois des réflexions politiques, écologiques que ne démentiraient pas certains spécialistes de ces domaines. Un tel mariage, un tel panachage est-il vraiment l'avenir de l'astrologie? Certes, comment l'astrologue pourrait-il sérieusement faire abstraction de ce qui se passe et de ce qui se dit autour de lui, dans le monde dans lequel il vit, nous répliquera-t-on....Mais une telle vassalisation de l'astrologie aux médias, à ce qui circule sur Internet notamment, n'est-elle pas un cache-misère dissimulant une carence grave de l'astrologie, en manque d'un supercycle (voir notre prochain colloque, des 19-20 février, dans le cadre du NOA)? Pour notre part, nous avons d'autres ambitions pour l'astrologie que de la faire crier avec les loups et de véhiculer toutes sortes de rumeurs qui trainent. Car un tel support extra-astrologique n'est pas daté, si ce n'est qu'il se situe toujours dans une sorte d'immédiateté - c'est pour tout de suite, pour les mois qui viennent. On comprend dès lors qu'un des exercices préférés de certains spécialistes d'astrologie mondiale est de traiter de l'actualité, de l'année à venir, et ce, évidemment, à partir de questions pendantes.
On aura compris que si l'astronomie est le matériau dont se sert l'astrologie pour élaborer le Modèle Astrologique (MA), toute ce qui est astronomique n'est pas de l'or pour l'astrologie. Loin de là! Et bien évidemment tout ce que les astronomes ont établi, emprunté ou utilisé, au cours de leur Histoire, ancienne ou moderne, n'éclaire pas nécessairement les origines de l'Astrologie, à commencer par le Zodiaque traditionnel dont l'astrologie n'a nul besoin. Entendons que l'Astrologie peut se forger autant de zodiaques qu'elle voudra et nommer les étoiles fixes comme il lui plaira car tout ce qui relève d'une dénomination quelconque est d'un intérêt et d'un impact très relatifs. Certes, grâce à l'astronomie, l'astrologie a pu constituer le MA mais le MA n'est pas l'Astronomie mais seulement de l'astronomie pour une part infime sans rapport avec l'inflation actuelle de corps dont aiment à se servir nos modernes astrologues. et qui n'a de pareil que les applications illimitées que d'aucuns enjoignent à l'Astrologie. Et, à entendre les astrologues médusés par les apports constants de l'astronomie, plus l'astrologie s'enrichira d'astronomie et plus son potentiel explicatif s'accroitra.



JHB
20. 01. 10

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