vendredi 16 juillet 2021

jacques Halbronn La restauration du projet de départ en linguistique, en théologie et dans le champ ésotérique

La restauration du projet de départ en linguistique, en théologie et dans le champ « ésotérique ». Par Jacques Halbronn L’idée d’un plan initial qui aurait été corrompu par la suite semble déplaire à nombre de chercheurs lesquels considé-rent que ce « plan initial » ne peut que nous échapper et qu’il vaut mieux tabler sur le résultat final », avec les fruits qui en résultent. » Comme les hommes de son époque, explique Gilles Marmasse, Hegel pense qu’il y a un sens à l’Histoire, mais en plus, un sens progressif. Quelqu’un comme Rousseau pense qu’il y a un sens à l’Histoire, mais ce sens est une décadence ». Nous nous rapprocherions donc plus de Rousseau que de Hegel Mais si l’Histoire est vouée à la corruption, comment prétendre remonter à la source ? Dans les divers domaines cités en notre titre, nous pensons avoir pu parvenir à restituer le plan de départ selon une méthodologie permettant de repérer les éléments rajoutés ou au contraire supprimés, soit les deux causes de décadence. Une anecdote nous vient à l’esprit, celle de cet homme cherchant un objet non point là où il sait qu’il l’a perdu mais là où c’est éclairé. On ferait ainsi de nécessité vertu en optant pour l’approche préconisée par Hegel car il est bien commode, nous semble-t-il, de se persuader du « progrès », comme on le ferait d’un arbre qui aurait « poussé » et dont il s’agirait de recueillir la production au final. D’où l’importance que nous accordons aux faux, aux imita-tions, aux contrefaçons qui viennent défigurer le « plan ini-tial », étant entendu que pour les hégéliens tout ce qui ad-vient fait partie intégrante du dit plan. On trouve une telle attitude de façon caricaturale chez un Patrice Guinard, for-mé à la philosophie, traitant de la chronologie des éditions centuriques lorsqu’il tente de nous démontrer que tous les aléas observables étaient dument prévus par Nostradamus, que ces aléas seraient ainsi partie intégrante du projet et non pas une déviance par rapport à celui-ci ! Dans le domaine religieux, l’on rencontre un même état d’esprit à savoir que ce que telle doctrine est devenue cor-respondrait à son « aboutissement », à sa « finalité » et qu’il n’est donc pas utile de vouloir restituer un quelconque « plan » dans toutes sa « pureté » première. Dans le domaine linguistique, on trouvera le même propos quant à la vanité de tout retour en arrière et toute quéte d’un état « originel ». Pourtant, comme nous l’avons mon-tré dans divers « mémoires », il nous semble tout à fait pos-sible de noter des aberrations et de les corriger tant une lo-gique semble à l’œuvre dans l’élaboration des langues même si la dite logique peut avoir été mise à mal. C’est bien là tout le probléme : on nous affirme qu’il n’y a rien à comprendre d’un point de vue structurelle, à preuve justement les inco-hérences que l’on peut y déceler ! Dialogue de sourds entre rousseauistes et hégéliens ! Probléme de la poule et de l’œuf, de la cause et de l’effet. Il est tellement plus simple de prendre l’effet pour la cause, ce qui dispense d’aller recher-cher quelque essence. On préférera s’en tenir à l’existence, au devenir qui serait l’expression même du projet à déter-miner ! Cela renvoie au structuralisme : selon nous, chaque fois qu’une dissymétrie, une invraisemblance peuvent s’observer, cela nous permet de retrouver une certaine dia-chronie derrière la synchronie. Dans le champ théologique, la notion de création nous ap-parait capitale : le « créateur », à tous les niveaux, pose un projet qui offre un équilibre, une symétrie. Toute création impliquerait un tel point de départ sans lequel elle ne ferait guère sens. Le génie serait celui qui serait capable de restaurer cette im-pulsion première, de régénérer le projet premier du Créa-teur. Inversement, croire que la création ne ferait sens qu’in finé, qu’elle échapperait au créateur nous apparait comme un contre sens caractérisé et subversif et disons- le un blas-phéme visant à dévaloriser le créateur, à en relativiser l’ im-pact en conférant au récepteur l’ascendant sur l’émetteur, au peuple sur le souverain. On serait ainsi en pleine lutte des classes et l’on sait que Marx était le disciple de Hegel. JHB 16 07 21

Jacques Halbronn La représentation tronquée du Nostradamus des années 1560

La représentation tronquée du Nostradamus des années 1560 Par Jacques Halbronn Le traitement des publications italiennes de Nostradamus par les bibliographies de Chomarat et de Benaza (1989-1990) se révèle des plus critiquables en ce qu’il ne restitue pas la démarche de Michel de Nostradamus à la fin de sa vie, ce qui laisse la place à un image faussée d’un Nostradamus auteur de centaines de quatrains, de « carmes » obscurs alors que sa prose, dans les textes qu’il adresse au pape Pie IV, est extrémement précise. Il est vrai que le contenu des dits textes est peut être un peu trop explicite alors que les quatrains restent toujours plus elliptiques, s’exposant moins à la critique. Quand on parcourt ce qui est présenté dans les deux biblio-graphies sus nommées, l’on note deux lacunes. La première tient à une étude insuffisante de la production latine dont les pages de titre, à elles seules, comportent, des dates : il est ainsi question d’une prévision couvrant la période 1565-1570. Li Presagi et pronostici di M. Michele Nostradamo, quale principiando l'anno M.D.LXV. diligentemente discorrendo di anno in anno fino al 1570... Diligentemente estratti dalli originali francesi, nella nostra italica lingua...Gênes 1564 Benazra (mais non Chomarat) signale cependant des « Praedictions » pour cette période mais sans se référer à une quelconque traduction italienne. Il semble tout ignorer de la réimpression de 1905, Mariebourg. Rappelons que nous abordames la question de Pie IV dans notre étude parue en 1991 dans la revue Réforme, Humanisme Renaissance., donc après la parution de ces deux bibliographies. En revanche, Patrice Guinard a consacré une étude à ces publications mais il y voit e une contrefa-çon parisienne », avis que nous ne saurions partager. CORPUS NOSTRADAMUS 181 -- par Patrice Guinard Les publications de l'année 1561 pour l'an 1562 LES PREDICTIONS DE L'ALMANACH DE L'ANNEE 1562 Contenant les declarations d'un chascun moys de l'an. Consacrez à nostre sainct pere, le pape Pie quatriesme de ce nom, composez & calculez par M. Michel Nostradamus, docteur en Medecine, de Salon de Craux en Provence. PIO IIII PONTIFICI MAX(IMO) [Au très grand pape Pie IV] Tressainct Pere, vostre Saincteté ne prendra en mauvaise part, si à present j'ay voulu prendre la hardiesse de vouloir consacrer à V. S. [Votre Sainteté] ce mien Ephemeris, auquel est contenu la universelle declaration de l'annee 1562 selon le vray & parfait jugement des astres. Et pource que la presente annee depend totallement pour le fait de la Religion Chres-tienne, & que la vostre saincteté est comme pere deffenseur & vray protecteur, joint icelle con-jonction de Saturne & Mars que est, comme plus à plain est declairé par le contenu de la pre-face, consacree à vostre sainteté Iupiter estant inferieur qui presage [B3r] pour le fait de la spiritualité, plusieurs tristes & incroyables adventures non gueres dis-semblables aux grandes conjonctions que se font de Saturne & Iupiter au commencement d'Aries qui se font de 960 ans, & par la seconde qui se fait au commencement d'une chascune triplicité comme sont celles que s'ensuyvent & qui s'aprochent de 240 ans, pource que telles malignes conjonctions se font communément à une chascune triplicité douze fois plus ou moins, & quelquefois treze. Toutefois entrant d'une triplicité en autre : mais veritablement cel-lesconjonctions que s'ensuyvent, presagent de choses grandes advenir pour le fait principale-ment des substances de l'eglise, & aussi que plusieurs des citez du pays Italique, se rebelle-royent envers leurs monarques & dominateurs, combien que pour le faict de la foy & religion le pays d'Italie en sera peu molesté, & aussi joint que souz vostre sainteté toute la chrestienté depend que plus à plain pourra veoir tant par le contenu d'un chascun moys, comme par le sommaire que j'ay calculé dans la presente preface manifestant jusques à l'an 1570 là environ que au commencement de ma calculation j'ay communiqué à la sereniss(ime) majesté de la Royne mere regente de France, monarque de incomparable debonnaireté. Doncques pere tres-saint vous plaira prendre en gré, ce mien exigue labeur annuel, esperant en brief [B3v] faire entendre à V. S. oeuvres de plus longue duree, priant au seigneur Dieu eternel, que par long temps puissiez estre veu regner en terre, à la universelle pacification de la Chrestienré [sic : Chrestienté] dependante de vostre tressainte & infinie misericorde, que puisse reduire l'univers en paix, amour,union, concorde & perpetuelle tranquillité. De Salon de Craux en Pro-vence ce xvij [17] de Mars 1561. Par vostre treshumble tresobeissant serviteur observateur de vostre sainteté. M. Nostradamus. [B4r] Guinard cite même la réédition de 1905 mais il ne sembla pas l’avoir étudiée sérieusement : 181D Reproduction très fidèle d'un manuscrit inédit de M. de Nostredame dé-dié à S. S. le Pape Pie IV "Mariebourg" [Méricourt-l'Abbé], "Sub St Michaelis Invoc(ationem)" (à l'invocation de Saint-Michel) [Henri Douchet], 1906, vi + 113 pp. → CAT Waller, 1955, n.20052 → Brind'Amour, 1996, p.555-556 (d'après un exemplaire d'Éric Calendrier de Montarlot) ° BU Uppsala ; BP Éric Calendrier ; BM Lyon: fds Chomarat 8252 (copie) ; Bib. CURA (co-pie présages) Quant à la production italienne de ce qui touche à Pie IV, elle est fort bien représentée à la Réserve de la Bibliothèque Nationale et nos auteurs auraient pu prendre la peine d’en prendre connaissance pour se faire une idée plus compléte du personnage de Nostradamus. Et d’ailleurs, on y trouve la source de certains quatrains des Centuriques comme celui fort connu comportant le nom de « Macelin » suivi d’un autre comportant le mot « Antéchrist », dans les deux cas, au sein du second volet des Centuries. On peut d’ailleurs regretter que la BNF n’ait pas pratiqué une politique de rassemblement de tout ce qui touchait à l’œuvre de Nostradamus ou qui lui était attribuée nommément Pour nous, le dossier Pie IV (déjà constitué par nos soins dès 1991), témoigne bel et bien de l’orientation prophétique de Nostradamus à la fin de sa vie. On note que Nostradamus entend bien faire entendre sa voix au-delà du ton habituel de sa production annuelle et d’ailleurs, cela entraine des critiques dont nous traitions dans notre étude. » Une attaque réformée oubliée contre Nostradamus (1561)", dans Bulletin de l'Association d'études sur l'humanisme, la réforme et la Renaissance. Nostradamus semble bien alors avoir endossé l’habit de prophéte-astrologue et cela expliquerait l’usage du mot « Prophéties » dans les pseudo- rééditions des années 1588-89 qui sont carrément une production inédite en dépit des imprimés lyonnais antidatés. Dès 1971, vingt ans avant notre étude, M. Chomarat dans Nostradamus entre Rhone et Saone, Ger éditeur, Lyon, (, pp ; 38-41) signalait une série d’oppositions à Nostradamus mais sans avoir connaissance de la dite « contre-pronostication » Nous notions en 1991 (cf notre article en ligne sur Persée) à propos de notre découverte à la Biblio-thèque Nationale de « La Déclination des Papes. Contrepronostication à celle de Nostradamus de Pie Quatriesme » L’ouvrage avait d’ailleurs d’autant moins de chance d’être signalé par les chercheurs qu’il faisait partie d’un ensemble intitulé « Cantique Spirituel consolatif à Mgr le Prince de Condé » et ajouté au titre « plus la Déclination etc » Nous résumions ainsi notre étude : « Les relations entre Nostradamus et Pie IV (1559-1565) n’ont pas fait l’objet d’une mono-graphie, si bien que l’on a généralement privilégié ses Epîtres au pouvoir temporel. C’est ainsi qu’en 1556, Nostradamus s’adressa coup sur coup à Catherine de Médicis, à Henri II, et à Antoine de Navarre ». « La découverte de la Contrepronostication nous a amené à examiner la nature des rela-tions entre Nostradamus et le Pape. Pourquoi y reprochait-on notamment à l’auteur des Prophéties d’être en quelque sorte à la solde du souverain pontife ? De fait, en cette année 1561, Nostradamus rédigea deux Epîtres au Pape et l’année précédente, il lui ac-corde un passage significatif de son Almanach pour ladite année 1561. » JHB 16 07 21