par Jacques HalBronn
Où se situe l'émergence du phénomène astrologique dans l'Histoire de l'Humanité. Notre conviction est que celle-ci n'est pas à chercher aux origines de l'univers, du monde et pas même de l'Humanité. Son apparition est relativement tardive, elle correspond à un processus de transposition de rythmes connus de très longue date avant la "naissance" de l'astrologie, tels que ceux relatifs au soleil tant au niveau des saisons que de son "rapport" à la Lune.
Mais, il est tout aussi vrai que l'astrologie ne saurait appartenir, relever de la présente modernité - puisque chaque époque a sa modernité et ses modes dont on dira qu'elles sont vouées tôt ou tard à être révolues.
D'autres modernités sont passées après elle, qui ont également laissé leurs marques, leurs traces. L'astrologie serait ainsi prise en sandwich entre des strates plus anciennes qu'elles et d'autres plus récentes qui tendent à se surimposer à son propre modèle sans pour autant l'effacer pas plus que l'astrologie n'aura aboli ce qui l'a précédée.
Or, à entendre bien des astrologues, force est de constater qu'ils confondent ces trois niveaux pour n'en faire qu'un seul, procédant ainsi à une sorte de télescopage diachronique. Pour ces astrologues qui représentent actuellement la grande majorité, soleil et lune font partie intégrante de l'astrologie tout autant que les planètes les plus récemment découvertes. C'est notamment la position d'un Jean-Pierre Nicola dont le "système RET" intègre en un seul et même dispositif les trois niveaux que nous avons distingués, même s'il distingue effectivement trois niveaux (R, E, T), avec en R soleil, Vénus et Mercure, en E Mars-, Jupiter et Saturne et en T Uranus, Neptune et Pluton, la Lune ayant une place à part.
Selon nous, la cc-
Certes, dans l'absolu, l'on pourrait imaginer qu'une planète se substituât à une autre, comme une dynastie royale prend la place d'une autre mais on ne saurait faire "régner" toutes les planètes à la fois! Encore que la tendance de l'astrologie à accorder un thème natal à tout un chacun puisse s'accompagner de considérer chaque planète comme ayant des droits à la royauté!
Les astrologues d'aujourd'hui (voir notre entretien avec Lila Kerlanne, sur la télévision astrologique) admettent que leurs prédécesseurs ne devaient pas se débrouiller trop mal avec les planétes connues dès l'Antiquité. Beaucoup d'entre eux, néanmoins, n'hésitent pas à soutenir que la modernité légitime l'intégration dans le corpus astrologique de nouveaux astres comme d'aucuns encouragent les néologismes en linguistique, les emprunts, au nom de la même modernité, au lieu d'essayer de rendre compte de la modernité en élargissant le champ d'application des mots déjà en circulation.
Notre seul critère est celui de l'Homme en tant que sujet et non des objets auxquels il peut avoir affaire. Et cet Homme n'a fondamentalement pas changé depuis des millénaires, d'un point de vue génétique, anatomique.
Qu'avant l'établissement de l'Astrologie et après elle, d'autres systèmes aient pu se mettre en place, de cela on ne saurait douter au point que l'on pourrait soutenir, au nom même de la dite ,modernité, que le temps de l'astrologie est révolu! C'est dire que l'argument de la modernité est une arme à double tranchant!
Plus raisonnablement, nous dirons que la "couche" astrologique n'a pas disparu mais qu'elle est prise en sandwich entre des structures plus anciennes et d'autres plus récentes, ce qui la place dans une situation délicate selon que l'on remonte trop haut dans le temps ou pas assez. Nous croyons bien plutôt à des additions à un système, venant se surajouter, qu'à des modifications d'un système comme le voudraient tant d'astrologues. L'astrologie, pour nous, a été fixée de façon très spécifique et limitative à un certain stade de l'Histoire de l'Humanité. Des modernités successives ont pu fort bien inventer de nouvelles formes de cyclicité mais ce n'est plus de l'astrologie au sens où nous l'entendons, quand bien même se servirait-on d'astres, il s'agirait d'une néo-astrologie dont le statut épistémologique serait tout autre et dont l'impact ne concerne qu'une certaine communauté d'astrologues et leur clientèle (dans tous les sens du terme).
L'idée d'une astrologie qui considérerait que nous sommes tous directement récepteurs des messages cosmiques -point de vue que nous réfutons- semble trouver quelque apparence de confirmation du fait de l'emprise technologique et spécialement informatique qui tend à supprimer toute dépendance des uns par rapport aux autres, les machines sont nos esclaves et nous sommes tous désormais des "rois". Certes, nous dépendons encore des concepteurs tels que Steve Jobbs (voir le Courrier International du 28 janvier 2010) mais un beau jour, les hommes seront bien assez équipés pour ne plus avoir encore besoin des dits concepteurs. Le progrès pourrait alors s'arrêter de sorte que nul ne puisse plus prendre le pouvoir. Telle est l'utopie développée par certains, tel Denis Marquet, dans le cadre, notamment, de l'association astrologique Source. Le thème astral se trouverait dès lors entériné par la modernité technologique la plus récente.
De telles perspectives semblent ignorer ou plutôt vouloir ignorer que ce qui rassemble les hommes ce sont justement les leaders, œuvrant dans tous les domaines et que lorsque ces leaders font défaut, c'est la débandade. Il est d'ailleurs intéressant de noter que ce sont souvent des êtres relativement influents qui tiennent de tels propos, ce qui est pour le moins paradoxal car en exerçant un certain ministère de la parole, ils montrent bien à quel point les sociétés ont besoin de pasteurs, comme dirait l'Evangile, pour conduire les ouailles. Ces personnages n'ont apparemment pas compris que tout le monde n'est pas fait à leur image, qu'il existe naturellement des élites/ Faudrait-il en nier l'existence au nom de la nouvelle modernité? Est-ce que la Shoah ne s'inscrirait pas alors dans le fil d'une telle modernité antiélitiste, qui refuse l'existence de tout "peuple élu", de toute entité humaine supérieure? En ce sens, l'astrologie ne serait-elle pas perçue par certains comme le moyen de remplacer le pouvoir des hommes par celui, somme toute, plus acceptable des astres qui ne seraient perçues que comme des mécaniques? On sait à quel point une certaine pratique de l'astrologie tend à rechercher la mathématique au sein même du psychisme humain, d'où les comparaisons de thème, degré à degré, les transits calculés avec la plus grande précision.
Le message de l'astrologie moderne - que nous réprouvons, hâtons-nous de le préciser - serait celui d'une humanité constituée d'êtres tous dotés d'un "équipement" astrologique comparable, -le thème natal - mais dont les modulations peuvent varier à l'infini, ce qui garantirait la spécificité de chacun, même au sein d'un monde structurellement uniformisé.
Face à une telle vision astrologique des choses (de gauche), nous revendiquons une autre astrologie (de droite si l'on veut) qui, tout au contraire, rappellerait l'existence d'une caste dominante (d'essence masculine) tirant son pouvoir de son rapport privilégié au cosmos.et impulsant périodiquement toute l'Humanité, dans son sillage, lui apportant une énergie qui permet à cette humanité d'essence féminine, tout aussi périodiquement, mais avec quelque décalage dans le temps, - à l'instar d'un accouchement se produisant 9 mois après la conception- de se rassembler et de s'unir en un processus collectif fort et qui, pendant un temps, se passe très bien des leaders, à la façon dont une femme qui a accouché n'a plus besoin de l'homme, est délivrée de son emprise, prend la suite.
Il est d'ailleurs assez remarquable qu'au nom d’une modernité démocratique voire post-démocratique, l'on nous invite, comme le fait un Denis Marquet, à une relecture du Tarot de Marseille. C'est ainsi que l'arcane du Chariot (VII) est décortiquée -suivant en cela certaines observations d'A. Jodorowski- pour en arriver à une lecture selon laquelle le pouvoir serait factice : on nous montre que les roues du "char" sont mal placées, que les chevaux sont mal dessinés, qu'ils tirent à hue et à dia. Bref, le Tarot ne mettrait en scène le pouvoir que pour s'en moquer. On oublie que le Tarot est marqué par les maisons astrologiques et que le Chariot est en phase avec des maisons de pouvoir. En effet, autrefois, encore à la Renaissance, chaque maison astrologique était représentée par une image et l'on retrouve en partie cette série dans le Tarot, comme la maison de la Mort ou celle du mariage (arcane de la Mort, de l'amoureux). Mais Jodorowski - qui a tenté de sacraliser le tarot de Marseille - a habitué certains tarologues à disséquer le moindre détail du dit jeu de Tarot pour dénaturer les significations des lames. Rappelons que le Tarot de Marseille n'est qu'une version parmi d'autres et que les conclusions que l'on peut être tenté de tirer de cette version du Tarot ne vaudraient pas pour d'autres versions. D'ailleurs, l'on peut se demander -mais on est là en pleine équinoxialité, c'est à dire en pleine confusion - ce qui conduit à ne pas chercher de cohérence d'ensemble (voir nos études à ce sujet)- si les astrologues sont disposés à répercuter ces lectures des arcanes majeurs du Tarot sur leur interprétation des maisons astrologiques correspondantes.(quid de la maison X, par exemple?)....
JHB
29. 01. 10
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