vendredi 23 juillet 2021

Jacques Halbronn L'édition génante des Grandes et Merveilleuses Prédictions à 4 centuries, Rouen , Raphael du Petit Val, 1588

L' édition génante des Grandes et Merveil-leuses Prédiction à 4 centuries. Rouen, Raphael du Petit Val 1588 par Jacques Halbronn Daniel Ruzo atteste (Testament de Nos-tradamus, 1982, p. 358, n° 47 ) de l 'existence d'une édition qu'il a eu entre les mains mais dont on a pour l'heure, à notre connaissance, perdu la trace, depuis sa mort tout en disposant d'une description assez précise reprise dans les bibliographies de Chomarat (1989) et Benazra (1990). En 1997, dans une communication au Colloque paru sous le titre Prophétes et prophéties, ENS) : Les prophéties et la Ligue, nous avions tiré un certain nombre de conclusions, à partir de l'information selon laquelle, certains quatrains n'y figu-raient pas alors qu'on les trouverait dans d'autres éditions centuriques et notamment le quatrain IV, 46 « Garde toi Tours de ta proche ruine » dont l'apparition nous sem-blait due à la situation politique du moment, à savoir une mise en garde contre le camp d'Henri de Navarre centré autour de cette ville, tout comme le « Ecoute Israel » figurait dans les Livres des Prophétes, au sein de l'Ancien Testament avec une fortune assez étonnante jusqu'à nos jours, Israel désignant le camp adverse, celui de la maison d'Israel face à la maison de Judée (Beyt Yehouda) du fait de la sécession survenue à la mort du roi Salomon, au Xe siècle avant l'ère chrétienne. Le point sur lequel nous n'avions pas assez insisté et qui avait été négligé par les bi-bliographes qui nous avaient précédé, tenait à l'enseignement que l'on devait en tirer en ce qui concerne la genése de la Ive Centurie, et notamment comment cela pouvait affecter notre traitement de l'édition Macé Bonhomme , Lyon, 1555.or, force est de constater que des décennies plus tard, tout se passe comme si l'existence de cette édition ne changeait rien à au dit traitement et déjà en 1996, Pierre Brind''amour (décédé peu avant) attachera plus d'importance à la production d'Antoine Crespin (Prophéties à la puissance divine, Lyon, 1572) qu'à la dite édition de 1588 intitulée : Les Grandes et merveilleuses prédictions de M.Michel Nostradamus divisée en quatre centuries dont la page de titre avait été introduite par nos soins dans le dossier iconographique du Répertoire Chronologique Nostradamique (1545-1989) de Robert Benazra .(ed de la Grande Conjonction -Guy Trédaniel) Les observations concernant cette édition auraient du faire davantage réfléchir(cf Benazra RCN, pp. 122-123. Nous avions, en effet, la preuve de ce que l'édition Macé Bonhomme ne pouvait être considérée sérieusement comme l'édition princeps comme le déclarait la réédition de 1984 '(Ed des Amis de Michel Nostra-damus) : »la première édition enfin re-trouvé » !' D'aucuns pourront certes être tentés de soutenir que l'édition de 1588 serait « dé-fectueuse » par rapport à celle de 1550. C'est d'ailleurs le discours généralement en vigueur concernant les éditions « li-gueuses » du « premier volet » Mais le fait que l'un des quatrains manquant et très vite « rétablis » correspond aux enjeux géopolitiques du moment rend cette thèse bien improbable ! Autrement dit, l'édition 1555 serait postérieure à notre édition 1588 et ce sont les éditions suivantes dument recensées dans le RCN qui auraient servi à la fabrication de la fameuse édition lyonnaise Macé Bonhomme 1555 ainsi d'ailleurs que les éditions Antoine du Rosne 1557 pour les éditions à sept centuries. En ce sens, nous sommes en présence de trois éditions « génantes », celle de 1561 , celle de 1555 et celle de 1588, toutes les trois remettant en question à divers titres la version officielle de la succession de la première vague d’éditions centuriques, du vivant de Nostradamus, à savoir une édition à 4 centuries(Macé Bonhomme) suivie par une édition à 7 centuries (Antoine du Rosne) En fait, il aura certainement existé parmi les fausses éditions – car de toute façon tout est « faux » ici – mais il y a des contrefaçons de contrefaçons- une édition à 3 centuries et une édition à 6 centuries, englobant les quatrains additionnels à la IIIe centurie plus, une édition à 7 centuries, englobant les quatrains additionnels à la Vie centurie et finissant par prendre la dénomination de VIIe centurie, alors qu’elle n’avait pas été dument « complétée » à la différence de la Ive Centurie, au sein d’un ensemble à six centuries se terminant par un « Legis cautio »à la fin de la Vie centurie. A la différence de l’ensemble à sept centu-ries,(cf la référence du titre se référant à 39 articles pour l’année 1561) on ne dispose pas pour l’ensemble à quatre centuries de l’indication d’une addition à la « dernière » centurie, en l’occurrence à la IIIe centurie si ce n’est cette édition 1588 Rouen Raphael du Petit Val qui témoigne de ce que l’on est pas tout de suite arrivé à 53 quatrains à la Ive Centurie, ce qui équivaut à reconnaitre un processus d’addition. Selon nous, l’attribution de la dénomination Ive Centurie n’aura pu se produire que dans le cadre d’une édition à six centuries puisqu’alors, on avait bien constitué une quatrième centurie à 100 quatrains et non plus à 49 (Ed 1588) ou à 53 (Ed Macé Bonhomme 1555) Autrement dit, l’on aurait du mal à comprendre la mention « Ive centurie » dans l’édition 1555 alors que cela ferait sens dans l’édition à 6 centuries et dans celle à 7 centuries (Antoine du Rosne) Tout se passe donc comme si l’édition Macé Bonhomme aurait été prise d’une édition à six ou sept centuries en commettant l’erreur anachronique d’adopter la formule » Centurie IV »Dès lors, l’édition Macé Bonhomme serait postérieure aux éditions à six et sept centuries comportant une centurie IV digne de ce nom ! On aurait voulu reconstituer un stade premier de l’élaboration du premier volet et l’on s’y serait mal pris. Non pas, certes, que ce premier stade n’aurait pas existé mais c’est sa reconstitution qui aurait été fautive. L’édition 1588 Rouen Raphael du Petit Val renverrait à une édition à trois centuries augmentée de quelques dizaines de quatrains mais mentionnerait à tort « quatre centuries » car la notion même de Centurie iV ne peut exister qu’au sein d’un ensemble à six ou sept centuries, comportant une centurie IV pleine et entière. On aura compris que nous nous trouvons en face d’un processus de reconstitution de la part des faussaires relativement tardifs d’un scénario dû à une première génération de faussaires mais sans que ceux-ci disposent encore de toutes les pièces du dossier. Et nous en arrivons au discours actuel assez surréaliste de la succession des additions avec une première édition à « 4 centuries » (mais le titre ne comporte pas la mention ‘4 centuries à la différence de l’édition 1588 dont il est ici traité) suivie d’une seconde édition à 7 centuries –et ce, sans même de transition au niveau d’un ensemble à seulement six centuries, mentionnant une addition de 300 quatrains. Michel Chomarat écrit à ce sujet (in Pro-phéties en temps de crise) de façon tota-lement fictive : « En 1557, Michel Nostradamus se décide à donner au public, et ce toujours à Lyon, une édition plus complète avec 300 nouvelles prophéties qui n'ont encore jamais été imprimées, soit en fait les Centuries I à V complètes, 99 quatrains de la Centurie VI et 40 quatrains de la Centurie VII. C'est l'imprimeur Antoine du Rosne qu'il choisit pour publier cette nouvelle édition dont les exemplaires connus, comme pour 1555, sont extrêmement rares » En réalité, les dites « 300 nouvelles pro-phéties » englobaient les quatrains de l’addition à la IIIe centurie intégrés au sein d’une Ive centurie, niant ainsi de fait la dite addition intermédiaire, déjà bel et bien « imprimée », ce qui aurait fait quelque peu désordre. (cf nos études « Le casse tête de la chro-nologie nostradamique » et les éditions génantes 1555 et 1561 sur le site NOFIM. Unblog.fr 23 07 21