vendredi 1 juillet 2022

Interprétations eschatologiques de la Révolution Française

Interprétations eschatologiques de la Révolution française Daniela Gallingani, Claude Leroy, André Magnan et Baldine Saint Girons (Éds.), Révolutions du moderne, Colloque interdisciplinaire, Université Paris X-Nanterre, 6-9 dec 2000, Paris-Méditerrannée, 2004 N. Jacques-Lefèvre 1 1789 : Interprétations eschatologiques de la Révolution française. Dans son ouvrage sur l’opinion publique au XVIIIe siècle, Arlette Farge évoque« l’atmosphère contrastée » d’une période historique où : « aucun journal, chronique, gazetin de police ni même aucune nouvelle à la main n’oublie de noter ces millefacettes de la réalité venues surprendre un public gourmand de mystères à éclaircir, de découvertes à faire etde “lieux” insolites et improbables où poser sa raison et ses rêves ». Familière des domaines de l’illuminisme et de la sorcellerie, je ne peux que souscrire à cettelecture, et m’intéresser à cette forme très particulière du rapport à l’histoire de ceux qui, auXVIII e siècle, en sont dépossédés, et vivent dans un monde vide d'informations réelles, maisriche de rumeurs, où « tout sert », pour citer encore Arlette Farge, « de nouvelle ou de spectacle »,un monde habité par l’attente et l’interprétation des signes ii . Les ouvrages de Jacques Vidal etCatherine Maire ont rappelé le rôle philosophique, politique et symbolique des prophéties desconvulsionnaires ou, plus généralement, des jansénistes figuristes. Les « feuilles volantes » des Nouvelles ecclésiastiques qui s’en font l’écho dénoncent les dégradations que font subir à la religion età la société toute entière les divers représentants du pouvoir, et invoquent souvent l’apocalypse« comme une imminente péripétie qui fera sombrer le monde avant son retour à Dieu » iii . Vers lafin du siècle, une parole multiforme circule, dans les lieux divers où tente de s’exprimer« l’opinion ». Dans les nombreuses brochures qui relatent catastrophes, nouvellesinvraisemblables et « histoires curieuses », se développe comme une poétique spontanée dumystérieux et de l'extraordinaire, une poétique de l’inquiétude, où les figures de l’autorité sontsouvent mises à mal, et comme en attente d’un événement-avènement.Dans ce contexte, il n’est guère étonnant qu’on s’intéresse à nouveau à uncertain nombre de prophéties, ou de « pseudo-prophéties », annonçant le XVIII e siècle comme le« temps ultime » iv , et qu’au moment où éclate la Révolution, ces textes soient réinterprétés,réactualisés. C’est le cas par exemple d’un texte de Jurieu intitulé Accomplissement des prophéties, ou ladélivrance prochaine de l’Eglise (1686-87), où la France était désignée comme lieu de la révoltereligieuse, mais aussi politique, à venir. De fausses prophéties sont fabriquées, mais on rééditeaussi, en les réécrivant, en les manipulant, certains textes anciens. J’en donnerai un seul exemple,celui des Prophéties perpétuelles de Moult, dont le nom est lui-même issu d’une erreur : il s’agit enfait d’un napolitain prénommé Joseph, « moult renommé ». En 1804, un auteur anonyme,rééditant le texte en même temps que ses propres Prédictions générales, particulières et climatiques pourl’an XII […] commentera : « je puis assurer le lecteur que toute la Révolution y était annoncéeentièrement ». On connaît aussi les anecdotes ayant circulé autour de personnages comme 2 Cazotte ou Cagliostro, enfin l’existence, pendant la Révolution, de prétendues « prophétesses »comme Suzette Labrousse ou Catherine Théot, et l’usage qui fut fait contre Robespierre et sonculte de l’Être suprême des prétendues prophéties de cette dernière. Je noterai ici simplement quele rapport Vadier, du nom du président du Comité de Sûreté Générale, indiquait parmi les piècesà convictions saisies chez la marquise de Chastenois, disciple de Catherine Théot « les prophétiesde Maistre Michel Nostradamus où l’on remarque qu’on a noté par des onglets toutes les rêveriesqui peuvent s’appliquer à la révolution actuelle » v .Il est généralement admis qu’il y eut alors une sorte de « mainmise sur legenre prophétique par la pensée contre-révolutionnaire » vi , dont les Considérations sur la Révolution française et les Soirées de Saint-Pétersbourg de Joseph de Maistre constituèrent l’exemple le plusbrillant, mais un millénarisme révolutionnaire s’exprima néanmoins. Ainsi l’évêqueconstitutionnel Pierre Pontard, disciple de Suzanne Labrousse, et fondateur du Journal prophétique ,chercha-t-il dans l’Apocalypse ou les prophéties d’Isaïe la preuve d’une volonté divine à l’œuvredans des événements interprétés comme le « prélude » d’une « régénération universelle » vii . L’idéede régénération apparaît d’ailleurs chez des auteurs divers, dans la seconde moitié du XVIII e siècle, comme un lieu d’échange entre un millénarisme d’essence religieuse, à colorationapocalyptique, et la culture politique des Lumières ; lieu, et parfois dans le même texte viii , d’undouble phénomène de laïcisation et de resémantisation illuministe. Mais le millénarismeilluministe ou piétiste prend généralement une forme individuelle et même intime : comme lerappelle Pierrre Deghaye à propos de Zinzendorf, « le Règne est une réalité subjective, qui n’a desens que pour l’homme intérieur caché au fond du cœur ». Lors même que se dessine uneobjectivation, la Parousie ne s’inscrit que dans un espace secret : invisible aux yeux du monde, ellene concerne qu’un petit nombre d’élus ix . L’événement révolutionnaire va néanmoins permettrechez certains auteurs une véritable inscription dans l’Histoire collective d’une conceptioneschatologique illuministe, où le terme de régénération donnera lieu à des spéculations dans desregistres variés.C’est à partir de l’œuvre de Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu , dont lesécrits s’échelonnent entre 1775 et 1802, et tout particulièrement de sa Lettre à un ami sur laRévolution française que je vais analyser cet effet particulier de la Révolution. Il ne s’agit plus dansces textes de dire comment la Révolution confirme, accomplit les prophéties, mais comment ellemarque l’aube d’une ère nouvelle, celle d’une apothéose de l’homme. On peut donc tenter, mêmesi le terme même n’y apparaît pas, d’y montrer l’émergence d’une annonce enthousiaste d’unecertaine « modernité », annonce dont je définirai les modalités. 3 Qu’en est-il de la position saint-martinienne avant la Révolution ? Le terme de mythistoire ,proposé naguère par Bronislaw Baczko pour définir la démarche rousseauiste x pourrait, touteproportion gardée, s’appliquer à la première réflexion saint-martinienne sur le devenir humain.Son premier ouvrage, Des Erreurs et de la vérité (1775), est encore très directement influencé par lesthéories du théurgiste Martines de Pasqually. Ce n’est pas dans le processus historique, mais dansla nature première de l’homme, lisible encore malgré les effets de la Chute, et restaurable par untravail intérieur, qu’il définit les possibilités pour l’homme déchu de recouvrer sa puissance et safélicité perdues. La représentation de l’état idéal s’exprime pourtant déjà en termes politiques : « Dans l’ordre naturel, si chaque homme parvenait au dernier degré de sa puissance, chaque homme alorsserait un roi. Or, de même que les rois de la terre ne reconnaissent pas les autres rois pour leurs maîtres etque, par conséquent, ils ne sont point sujets les uns des autres ; de même […] si tous les hommes étaientpleinement réhabilités dans leurs droits, les maîtres et les sujets des hommes ne pourraient pas se trouverparmi des hommes et ils seraient tous souverains dans leur Empire » xi . Mais la « réintégration », terme martinésiste xii , s’inscrit alors encore dans une durée qui, pour êtrecelle d’une dramaturgie où ne manquent pas les péripéties, n’est pas véritablement mise enrapport avec le temps historique. Néanmoins, alors que chez Martines ce terme de« réintégration » suppose, à l’aboutissement du devenir, un simple retour à une origine perdueretrouvée à l’identique, chez Saint-Martin, il s’agit plutôt d’une « régénération », laquelle inclut une« progression » par rapport à l’état primitif. L’Adam d’avant la Chute est même, contrairementaux représentations traditionnelles, évoqué par lui non comme un être au sommet de sespossibilités, mais plutôt comme un enfant n’ayant pas encore acquis la phase ultime de sondéveloppement. Plutôt que perdues, les potentialités de l’homme n’ont jamais été véritablementdéveloppées, son pouvoir jamais véritablement conquis. C’est d’ailleurs au conditionnel queSaint-Martin évoquera, dans De l’Esprit des choses , « l’état primitif de l’homme » : la « tâche deculture » à laquelle était destiné Adam aurait dû faire de lui « l’œil » ou « l’organe » de la divinité « par lequel aurait filtré cet ordre lumineux, supérieur et divin, qui eût rempli tous les individus de l’espècehumaine, et qui, par ses infinies diversités eût formé pour eux et par eux la plus délicieuse harmonie » xiii (I,p.47). Le rôle théorique et pratique de l’évocation d’un état idéal dans la réflexion saint-martinienne estd’être ainsi non l’appel nostalgique d’un bonheur et d’un pouvoir perdus, mais l’aiguillon d’un désir xiv , réveillant en l’homme ses facultés d’action.Mais c’est le choc révolutionnaire qui va inciter Saint-Martin à reprendre ces élémentspour les inscrire dans un scénario terrestre, les faire passer, pour citer les termes mêmes de sa Lettre à un ami […] sur la Révolution française , publiée en 1795, de l’état de « chimère » , de

jacques Halbronn La Trinité Lune-Soleil-Saturne; Un probléme d'échelle spatiotemporelle

jacques halbronn La Trinité Lune-Soleil-Saturne. Un probléme d'échelle spatio-temporelle. Il y a bien longtemps que nous avons affirmé que le judaisme ne se concevait pas sans l'astrologie. Déjà en 1968, sur le campus de l'Université Hébraique de Jérusalem, nous préchâmes cette "Bonne Nouvelle". En 1985, parut Le monde juif et l'astrologie. Histoire d'un vieux couple (Ed Arché, Milan)à partir de notre thèse de doctorat (1979, sous la direction de Georges Vajda). Nous avons pris en compte certains propos sur le rejet de l'Astrologie par la Bible mais structurellement, l'astrologie nous apparait comme incontournable sur le plan théologique. Les trois astres qui sous tendent notre doctrine ont des cycles de durée bien différente, si on les coupe en 4: une semaine pour la Lune, trois mois pour le Soleil, sept ans pour Saturne. En termes de viabilité, il est clair que seul le temps saturnien est vraiment opérationnel en termes de mesure du temps politique car que peut on bien faire en une semaine ou le temps d'une saison? Il est clair que le Shabbat ne peut que référer à Saturne par le biais du 7 et d'ailleurs le nom de cette planéte Saturne dans le Livre de la Création qui associe sept lettres doubles de l'alphabet hébraique au septénaire n'est il pas Shabtay? Quant aux fêtes religieuses (de pélerinage), elles coincident avec le cycle des saisons, qu'il s'agissse de Pessah et de la Sortie d'Egypte (la Paque dans le christianisme) et de Rosh Hashana (Kippour) sur l'axe équinoxial. D'ailleurs, la date de Pâque est liée au cycle soli-lunaire, à l'équinoxe de printemps (point vernal) Mais ce qui reléve des luminaires n'a qu'une valeur symbolique qui ne prend tout son sens qu'avec Saturne, la septiéme planéte (la Terre mise à part), ce qui entérine l'importance que l'on doit accorder au 7. On sait aussi l'importance de l'intervalle de 7 années et de ses multiples, dans la Loi juive. Mais encore faudrait-il que tout cycle de 7 ans soit astronomiquement pertinent et corresponde réellement au passage de Saturne tous les sept ans d'une phase à une autre, en rappelant les 7 vaches maigres et les 7 vaches grasses, mises en rapport avec deux fois sept années. Autrement dit, dans la perspective d'une judaisme ressourcé, il est impératif de célébrer scientifiquement cette succession de phases de 7 ans, ce qui correspond à une alternance dans la vie de la Cité sur une base de 15 ans environ. Rappelons que le 7 aura joué sous trois Républiques (III, IV, Ve), en France, le role de repére pour le mandat présidentiel. Ces deux phases de 7 ans déterminent en effet, un temps d'unicité (équinoxe) suivi d'un temps de diversité, c'est à dire de décomposition.(solstice). Pour nous, ce ressourcement du judaisme, à venir, doit s'opérer sur deux plans, celui de la forme, la structure saturnienne et celui du fond, un renouveau théologique, autour de l'idée de Surnature car le dieu des Juifs n'est pas celui de l'Univers mais celui de notre monde. Là encore, il convient de faire preuve de bon sens et se rendre compte que la divinité qui fait sens pour notre Humanité ne saurait se situer à la même échelle de grandeur spatiale que celle qui serait à l'origine de l'univers dans sa totalité tout comme la fin du monde ne pourrait être que celle de notre monde et non du Monde dans sa totalité. JHB 01 07 22