par Jacques HalBronn
Le thème natal n'a pas la même fonction - pour reprendre une formule que nous employons volontiers dans le JBA de ce mois de janvier- selon que l'on est "grand" ou "petit", en haut ou en bas de l'échelle socioculturelle.
Pour les gens d'en haut, le thème renforce leur ego, le conforte dans leur ambition de centralité, de rayonnement.
Pour les "petites" gens, d'en bas, le thème leur donne l'illusion d'une certaine importance individuelle assez illusoire.(voir le début de notre entretien avec Michèle Mazilly, sur la télévision astrologique)
Historiquement, en effet, il semble bien que le thème ait été l'apanage des grands et que par un certain snobisme, de plus en plus de gens aient prétendu y avoir droit, eux aussi. Tout comme l'on faisait le thème du fils d'un prince, on le ferait du fils de quelqu'un de plus obscur.
Cette dualité d'ailleurs existe encore de nos jours: pour le peuple, les horoscopes des journaux où les gens d'un même signe sont censés se retrouver, minimisant ainsi leurs différences alors que pour l'élite, le thème natal permet un propos beaucoup plus individué, ce qui est assez logique pour des leaders.
Ce qui nous gène, en définitive, c'est le mélange des genres voulu par nombre d'astrologues qui crient à la cantonade que tout le monde a droit à son thème natal et qu'une astrologie collective, pour le vulgum pecus, n'est pas crédible. Là encore, l'astrologie souffre de ne pas vouloir assumer la dualité sous jacente à toute société humaine.et qui fait qu'il y a d'un côté des créateurs, au sens large, et de l'autre ceux qui en masse viennent les consacrer. Imaginons un monde où il n'y aurait que des créateurs et pas de public. Il semble que Rudhyar ait contribué à l'idée 'humaniste" selon laquelle tout individu a droit à un thème, ce qui n'est pas très réaliste (voir nos travaux sur la cosmocratique).
Il serait bon que les astrologues prennent conscience de l'importance de la psychologie des masses, des foules car il s'agit là d'un moteur et d'un enjeu essentiel.
De deux choses l'une, ou bien l'on est un chef qui s'adresse aux masses ou bien l'on est membre -fan de telle idole par exemple - de la foule et l'on n'a de poids qu'en s'unissant à d'autres pour atteindre un certain volume, comme c'est le cas
pour les élections aussi bien que pour l'accueil d'un film ou d'un nouveau produit. A l'astrologue de déterminer à qui il a affaire, face à un client et qu'il le traite comme il le mérite, en respectant son statut, quel qu'il soit.
C'est d'ailleurs là le véritable contrepoids quand la foule fait pendant au chef et tient quelque part son destin dans ses mains, tout en sachant qu'un seul membre de la dite foule ne compte que s'il s'additionne aux autres. Certes, quand quelqu'un va voir tel film ou achète tel produit, adopte telle mode, il le fait parce que cela lui parle, l'intéresse mais il ne faudrait pas pour autant perdre de vue que ce faisant il exerce un pouvoir du fait de tous ceux qui agissent comme lui, c'est ainsi qu'il "existe" de par cette appartenance à quelque chose qui le dépasse.
D'où l'importance pour cette masse de la rumeur qui fait et défait les réputations, de la consigne qui circule et qui est plus ou moins favorable, comme à la sortie d'un film, avec le bouche à oreille. Au sein de cette masse, il y a circulation d'information, de bruits, de commérages, de potins.(voir la Rumeur d'Orléans, étudiée par Edgar Morin ou les travaux d'Yves Lecerf en ethnométhodologie), tout cela conduit à ce que des populations agissent "comme un seul homme", sacrifiant finalement la spécificité de chacun,
Face à face, donc deux humanités, l'une dominante, élitique, où un seul homme peut changer le cours des choses et l'autre, quelque peu moutonnière, où seul un processus collectif, fait de milliers voire de millions de voix convergentes marquera une époque. Dans ce cas, on conçoit à quel point l'idée même d'un thème natal pour chaque membre d'une foule apparait comme aberrante. Les adversaires de l'astrologie ne se sont d'ailleurs pas privés de signaler ce problème lorsque des événements entrainant des populations entières se produisent,. Lors de la destruction des Twin Towers en 2001, plusieurs milliers de personnes subirent le même sort, et ce quel que soit non seulement leur thème mais même leur signe solaire....Les phénoménes de masse ne vont aucunement dans le sens d'un thème individuel et il faut être quelque peu dans le fantasme pour penser autrement.
Astrologiquement, cela correspond au semi-carré (ou octile) entre Saturne et l'une des 4 étoiles fixes royales (en fait Saturne est forcément en semi-carré avec deux étoiles fixes, l'une dont il se sépare, l'autre dont il s'approche vu qu'elles sont approximativement distantes de 90°). Cet aspect de 45° favorise les mouvements de masse alors que la conjonction favorise les initiatives d'une poignée de leaders essaimant autour d'eux. Que ce soit Mai 68 (Saturne en bélier) ou décembre 1989 (Saturne en capricorne, encore en signe cardinal); Saturne s'approche de l'aspect d'octile.(rappelons que le semi-octile favorise un état intermédiaire équinoxial de courte durée où les grands descendent vers les petits notamment par le biais de leur vie affective, ne serait(ce que par le rapprochement hommes-femmes (voir notre étude dans le JBA de ce mois)
On aura compris que l'on ne peut séparer astrologie individuelle et astrologie mondiale: nous sommes tous amenés à participer à des enjeux qui nous dépassent, que nous soyons en haut ou en bas de la pyramide, soit parce qu'un général sans troupe est dérisoire, soit parce qu'un soldat qui ne s'inscrit pas dans une armée ne fait pas sens.
.Que l'on songe à l'astrologue voulant à tout prix que chaque personne "entre" dans son thème natal et réagisse aux transits qui l'assaillent sans cesse. Est-ce vraiment un service à rendre à son client que de lui imposer un "costume" pour lequel il n'est pas fait? Pour beaucoup des clients de l'astrologue sensiblement plus que pour ceux qui sont directement connectés au ciel et qui eux relèvent bel et bien directement des configurations astrales.
JHB
15.01.10
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