mercredi 21 juillet 2021

jacques Halbronn La question des tentatives de désenclavement de l'astrologie du XVIIe siècle à nos jours

La question des tentatives de désencla-vement de l’astrologie du XVIIe siècle à nos jours. Le titre de l’ouvrage posthume de Jean Baptiste Morin, paru en 1661 à La Haye est assez remarquable : Astrologia Gallica, prin-cipiis & rationibus propriis stabilita, atque in XXVI libros distri-buta, non solum astrologiae judiciariae studiosis, sed etiam philo-sophis, medicis & theologis omnibus per-necessaria... opera & studio Joannis Baptistae Morini. En effet, l’auteur entend ne pas se laisser enfermer dans le créneau astrologique d’où le « non solum sed etiam » qui référe à la philosophie, à la médecine, à la théologie. Un peu plus de trente ans plus tard, en 1694, Eustache Lenoble fait paraitre une Uranie ou les Tableaux des Philosophes (cf article de P. Guinard, site du CURA) qui s’efforce également de sortir d’un certain ghetto en faisant étalage d’intérêts plus amples d’où le sous –titre « Tableaux des philosophes ». Or, les historiens de l’astrologie désignent volontiers les dernières décennies du XVIIe siècle comme celle d’un déclin de l’astrologie comme si une telle volonté d’intégration des tenants de l’astrologie au sein d’un ensemble de disciplines se serait finalement révélé fatal, voire cause de rejet, comme si l’on craignait quelque contamination de la part d’un savoir qu’il valait mieux laisser à l’écart. Nous avons déjà signalé le cas de Graindorge, reçu à l’Académie Royale des Sciences pour un exposé sur l’astrologie alors que la dite Académie ne tardera pas à exclure ce sujet de ses travaux.(cf notre article ‘Astrologie » dans l’Encyclopaedia Universalis et notre étude , “L'Empire dé-chu ou l'Astrologie au XVIIe siècle”, Paris, Politica Herme-tica, 1997) Quelque part, les tentatives des astrologues de se rappro-cher de l’astronomie semblent également avoir été contre-productives. On pense à l’entrée d’Uranus, Neptune et Plu-ton dans le dispositif astrologique, au XIXe siècle et au delà.. Cela dit, l’on notera des questionnements de la part d’un ju-riste comme Jean Bodin quant à l’intérêt qu’il y aurait pour l’historien de recourir aux services de l’astrologie, à la théorie de grandes conjonctions, ce qui annonce quelque part le propos de la Nouvelle Histoire envisageant de faire appel à certaines disciplines telles que la météorologie ou la démo-graphie (cf notre étude sur Auger Ferrier, 1981 et https://www.cairn.info/jean-bodin-et-le-droit-de-la-republique--9782130423560-page-181.html) Il nous apparait que tout processus transdisciplinaire n’a de chance d’opérer que si l’on maitrise pleinement les différents domaines en cause. Autrement dit, pour qu’un rappro-chement soit possible, il importe que chacune des parties fournisse un certain effort et de préférence que celui qui sous tient le projet fasse évoluer parallélement et conjoin-tement les dossiers concernés, bref qu’il jouisse d’une ex-pertise pluridisciplinaire, réunissant en sa seule personne une double ou triple compétence tel un Pic de la Mirandole. Si l’on prend le cas d’un André Barbault dont on peut dire qu’il aura été tenté par certains rapprochements entre As-trologie et Histoire, Astrologie et Psychanalyse, entre autres Mais a-t-il été reconnu par le milieu des historiens ou/et des analystes par delà sa compétence d’ordre astrologique ? Toute la question est là : parvenir à se faire respecter au sein de plusieurs mouvances et non pas, ici, comme l’astrologue de service. Morin s’est-il imposé comme théologien, Lenoble comme philosophe, Barbault comme historien par delà une casquette d’astrologue ? Encore faudrait-il se demander si ces auteurs ont vraiment réussi faire avancer l’astrologie ? Nous avons le cas d’un Kepler lequel envisageait de concilier astronomie et astrolo-gie et qui proposa de repenser cette dernière. Autrement dit, l’astrologie ne devrait-elle pas se repenser tout comme con-tribuer à repenser tel ou tel domaine ? Selon nous, il doit être possible de relier au sein d’un seul et même ensemble l’astrologie et la théologie comme le voulait un Morin de Vil-lefranche mais il aurait fallu qu’il fit de l’astrologie le pivot d’une création divine au sens biblique du terme (Livre de la Genése), ce qui eût exigé de repenser jusqu’à l’idée de Dieu mais aussi de centrer l’astrologie sur une forme de monothéisme, c’est-à-dire sur un cycle central n’englobant pas nécessairement toutes les planétes du systéme solaire, ce qui se rapprochait par trop d’une forme de polythéisme. JHB 21. 07 21