Il y a peu est paru, en Suisse, chez Favre, un "Guide des meilleurs astrologues et voyants"., sous titré "Voyage dans les arts divinatoires", Il s'ajoute à une série d'ouvrages parus depuis 1984 et dont notre "Guide de la Vie astrologique" (Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel) fut un des premiers. Citons d'Agnés Mathon et Elisabeth Alexandre, le Guide des Voyants et des Astrologues, le Guide de la Voyance d'Yvonne Tywoniak (Ed. du Rocher, 1994), d'Anne Placier, le Guide de la Voyance (2002 et 2009). En 1997, nous avions publié un Guide Astrologique (Ed. O. Laurens) qui aurait du paraitre initialement au Rocher en 1995 et qui aurait ainsi complété celui d'Y.Tywoniak (laquelle décéda peu après). Nous même sommes l'auteur de l'article '"Astrologie" de l'Encyclopaedia Universalis, depuis 1993, dont nous souhaiterions d'ailleurs réviser le texte.
Mais nous voudrions nous concentrer ici sur la présentation de l'astrologie que l'on trouve sous la plume du Dr Christine Rappaz-Lasserre, texte au demeurant assez bienveillant pour l'astrologie et qui fait donc contrepoids aux attaques que l'astrologie eut à subir il y a quelques années (on pense ainsi à l'émission reprise sur la télévision astrologique, animée par Michel Field, tournée à Lyon à la veille de l'An 2000).
Il s'agit en fait d'une sorte d'entretien avec une personne non nommée plutôt sceptique, augmenté d' annexes, soit un total de près d'une quarantaine de pages .(notamment pp. 22-46, 67-80 et 121-124 et bibliographie pp. 279-280, où notre postface aux "Personnalités planétaires" de Gauquelin (Paris, La Grande conjonction-Trédaniel, 1992) n'est pas signalée alors que l'ouvrage en question l'est).. Nous compléterons notre étude par l'examen de l'article Astrologie, sur Wikipedia, en français.
Une idée récurrente chez Christine Rappaz-Lasserre, c'est qu'astrologie et astronomie restèrent intimement liées jusqu'au XVIIe siècle.(pp. 23 et 70). Une autre idée est que l'astrologie serait née de l'observation de certains effets du ciel sur nous, à commencer par ceux du soleil et de la lune. On s'intéressera notamment à l'annexe intitulée '"Astronomie et Astrologie" et qui entend traiter de la question de la précession des équinoxes.
Face à l'argument consacré au décalage entre signes et constellations, l'auteur se contente de dire que les astrologues occidentaux n'ont cure des constellations zodiacales, tout en consacrant un paragraphe à la théorie des ères précessionnelles (annonçant étrangement l'ère du Verseau pour 2012!!!! (p. 123; ce qui, vérification faite serait repris de l'article "Précession des équinoxes" de Wikipedia et attribué à Max Duval). Or, s'il est vrai que la théorie des Eres a fini par entrer dans le canon astrologique, elle l'a fait très tardivement, au cours du XXe siècle, après avoir existé en dehors du dit canon,depuis la fin du XVIIIe siècle. Mais faut-il nécessairement assimiler l'Astrologie à un tel canon attrape-tout? A noter une malheureuse bévue -ce qui laisse entendre que le texte n'a pas été revu par un astrologue - qui fait attribuer une révolution de 84 ans non pas à Uranus mais à Jupiter (p.122). Pour l'auteur l'astrologie serait fondamentalement liée au cycle saisonnier, sans se demander si le symbolisme zodiacal lui correspond et surtout s'il n'est pas corrompu et interpolé, lequel reste au coeur de la croyance astrologique populaire en s'accrochant au seul nom des signes : "je suis bélier, tu es vierge".
A entendre donc Mme Rappaz-Lasserre, l'astrologie ne serait qu'une extrapolation à partir des observations soli-lunaires et saisonnières, avec un arrière plan agricole très marqué.(p. 23) A la question 'Mais de là à imaginer une influence directe des planètes sur les hommes et leur caractère' (p. 24), il est répondu "Pourquoi pas?"
Nous répondrons que ce plan relève d'une proto-astrologie, que sans doute il aura inspiré par ses structures l'élaboration d'une astrologie primordiale, lui servant de modèle mais non de fondement. (division en 4 du fait des saisons, des rapports soleil-lune) Nous irons même jusqu'à dire que l'astrologie s'est en vérité construite par opposition à cette astrologie des luminaires qui enfermait l'humanité dans une routine ronronnant, avec des cycles si rapides qu'on ne les sentait même pas passer. Qu'est ce que 'l'an prochain" comme échéance? Une humanité préastrologique qui vivait à la petite semaine.
Mais bien plus, ces planètes n'avaient aucun moyen de s'exprimer comme le faisaient les luminaires. Ce sont les hommes qui leur ont assigné des fonctions qu'ils n'avaient aucunement intrinsèquement!
A la question (p. 30) consacrée au thème de conception", il est répondu de façon pragmatique " Avec cette donnée requise, les astrologues n'auraient pas beaucoup de boulot. Les astrologues occidentaux, en majorité, s'accordent pour préciser que l'enfant à sa naissance est pour la première fois libre des influences de sa mère. Il subit seul les énergies planétaires sans combinaisons avec celles de sa mère" L'interlocuteur répond "Convaincant!".
Si l'auteur cite Gauquelin, elle ne semble pas en avoir tiré les leçons appropriées. Il est clair que notre sensibilité aux astres est liée à notre réceptivité. Elle précède notre naissance puisque cette naissance est fonction de la dite sensibilité.
Un autre type d'objections nous semble devoir s'ajouter à savoir que dans l'esprit de Christine Rappaz-Lasserre, le passage de la réalité à l'imaginaire est constant. Tout se passe comme si ce médecin psychiatre ne parvenait pas à distinguer entre savoir idéal et savoir réel. A aucun moment elle ne se demande si l'astrologie est ce qu'elle prétend être. Elle considère que l'astrologue se doit d'utiliser l'astrologie telle qu'elle a été transmise -elle a le mérite d'exister - et ne se demande pas si une telle astrologie est viable. Tout ce qui est demandé à l'astrologue serait de savoir se servir du dit outil. Un astrologue est quelqu'un qui fait de l'astrologie et l'astrologie, on sait ce que c'est. CQFD.
Enfin, Christine Rappaz Lasserre nous fournit un "tableau historique", soit 'un parcours à grands traits de l'histoire de l'astrologie occidentale". Curieusement, on y apprend qu'à partir de Galilée "l'astronomie moderne prend son envol. Astronomie et astrologie sont dès lors bien distinctes" (p. 79). L'auteur semble ignorer que les astrologues vont s'empresser à partir du XIXe siècle d'intégrer les nouvelles planètes au sein de leur Tradition. Elle cite les découvertes d'Uranus, Neptune et Pluton mais sans signaler leur réception par les astrologues, désireux d'éviter un divorce avec l'astronomie moderne, au risque, d'ailleurs, de rendre obsoléte leur vénérable tradition.
Ce tableau ambitieux -et qui nous conduit à penser que l'auteur entend servir de phare pour l'astrologie, un peu à la façon de la regrettée Suzel Fuzeau-Braesch et on aurait d'ailleurs là les bases de quelque nouveau Que Sais je sur l'Astrologie.- nous permet-il de comprendre comment l'astrologie s'est formée et a évolué? Nous ne le pensons pas. L'Histoire d'un domaine ne saurait, en effet, se réduire à une accumulation de vestiges dont on tenterait de faire une synthèse. Nous prônons, pour notre part, ayant suffisamment fait nos preuves en tant qu'historien de l'astrologie, une "anti-histoire" (comme l'on parle d'une anti-psychiatrie), qui éviterait ce genre de travers en recourant aux données anthropologiques, ce qui permettrait de désenclaver une Histoire de l'astrologie qui piétine de par son incapacité à combler les vides laissés par une conservation très fragmentaire du passé de l'astrologie. Le scénario qui découle ou qui sous tend la plupart des "histoires de l'astrologie" est tout à fait invraisemblable et il n’a pour lui que le fait qu'il s'appuie sur quelques vestiges conservés. Il ne faudrait pas mettre dans un même sac tout ce qui a trait aux astres au nom d'une indissociabilité de l'astrologie et de l'astronomie et confondre une astrologie soli-lunaire avec une véritable astrologie planétaro-stellaire. Mais le pire effet de cette approche n'est finalement pas tant de ne pas s'ouvrir aux manques que de se laisser submerger par tout ce qui a pu s'accumuler sous le label astrologique au cours des âges, le trop plein prétendant d'ailleurs compenser un certain vide. D'où cette présentation de l'auteur qui considère que l'astrologie est nécessairement constituée de tout ce qui traine dans les encyclopédies astrologiques.
En ce qui concerne Wikipedia, quelques réflexions à partir d'extraits:
"L 'astrologie est (sic) un ensemble de systèmes, de croyances > qui repose sur l'interprétation des phénomènes célestes, organisé en vue d'obtenir des interprétations et prédictions des événements humains, collectifs ou individuels"
Commentaire: cette définition est assez étrange, on pourrait la qualifier de "phénoménologique", en ce qu'elle se contente de décrire ce qu'on entend par astrologie de nos jours comme si cette représentation était censée faire référence. Cette façon d'utiliser le verbe "être" est un défaut que l'on retrouve tout au long de l'introduction : "L'astrologie est".
Wikipedia:
"Remontant à la plus haute antiquité et peut-être même au-delà l'astrologie est (sic) née du constat d'une relation entre les phénomènes terrestres (saisons) et le mouvement apparent des astres, conduisant l'homme à créer un lien de cause à effet entre eux et parfois à diviniser les corps célestes. L'idée de l'astrologie était suggérée par la liaison observée entre la position de la Lune et du soleil et les marées, ainsi que par une interrogation sur le mouvement inhabituel des planètes . À partir de cette corrélation de fait, une hypothèse est apparue selon laquelle le mouvement des astres serait la cause de ces phénomènes naturels et d'autres, moins évidents, comme ce qui se rapporte à la personnalité au destin
Notre commentaire: on notera l'assertion qui ne laisse la place à aucune autre position :'"l'astrologie est née du constat etc". L'idée selon laquelle elle serait une instrumentalisation voulue par certaines sociétés, par certaines castes n'est donc pas évoquée.(voir notre "Etrange Histoire de l'Astrologie", Paris, Artefact, 1986).
Nous relèverons une formule qui nous semble fort heureuse:
"S'il existe une influence des astres, celle-ci semble ne pas être du ressort des astrologies existantes"
Cela vient confirmer ce que nous disions plus haut : l'astrologie ne se réduit pas au corpus, au "canon" qui occupe actuellement le devant de la scène; Il est probable que la véritable astrologie n'a qu'un rapport très lointain avec un tel ensemble. Le débat semble faussé par le fait que les astro-sceptiques se contentent de réfuter les arguments d'une astrologie tardive et la Tétrabible est déjà, selon nous, un ensemble correspondant à un état déjà "avancé" de l'astrologie.
Mais que dire de ce passage?
"Si l'astrologie définit relativement clairement les différentes significations des éléments d'un thème astral, l'étape de l'interprétation n'est en revanche pas clairement codifiée"
Commentaire: pourquoi poser comme affirmation que l'astrologie passe nécessairement par le thème astral? C'est là certes un fait "historique" ou "sociologique" mais précisément il serait bon que l'astrologie s'émancipât d'une telle structure syncrétique.
Et pourquoi l'astrologie impliquerait-elle que tous les êtres humains sont sensibles à certains signes célestes? Cette façon de réduire l'astrologie à ses déviances tardives est d'ailleurs le fait aussi bien des anti-astrologues que des astrologues.
Abordons à présent la question de la précession des équinoxes.
" Les rapports précis décrits dans les horoscopes réellement basés sur des conjectures astrologiques chiffrées (calculs astrologiques) décrivent un état des lieux révolu depuis plusieurs centaines d'années. Cet argument a récemment mené à la création d'une astrologie sidérale , fondée non plus sur des mesures internes au système solaire, mais sur la position réelle des étoiles"
Commentaire: on a vraiment l'impression que la plupart de ceux qui participent au débat ne parviennent pas à penser une astrologie qui n'accorderait aucune importance à quelque zodiaque que ce soit. Tout se passe comme si l'Histoire de l'astrologie partait de l'astrologie telle qu'elle est devenue et consistait à remonter aussi loin que possible dans le temps pour trouver les traces de la dite astrologie. Or, selon nous, il a d'abord existé une astrologie s'intéressant aux conjonctions des planétes avec les étoiles et qui n'avaient cure du découpage en secteurs. Que de nos jours, la prise en compte des étoiles semble insoutenable du fait de la connaissance des distances, ne saurait excuser une telle omission. Ajoutons que le zodiaque peut fort bien avoir d'abord existé séparément de l'astrologie à des fins liées au cycle saisonnier que l'on ne saurait d'office assimiler à l'astrologie sous prétexte que de nos jours l'amalgame existe..
Wikipedia:
"À ce jour, aucun effet direct des planètes sur le corps humain n'a été rigoureusement observé. Par ailleurs, les forces d'attraction en jeu lors du simple phénomène d'attraction Terre-Lune sont, à l'échelle du corps humain, infiniment moins importantes que ceux qu'exercerait un immeuble ou une armoire"
Commentaire: l'article ne signale pas une autre hypothèse à savoir que les astres n'agissent sur les hommes que du fait de la mise en place de signaux constitués d'un nombre très restreint de configurations. Il conviendrait de montrer qu'il existe des variations d'activité de certaines zones cérébrales chez certaines personnes lors de la formation de certaines configurations et notamment dans les jours qui précédent la naissance. Par ailleurs, toute la question est de déterminer quels sont les phénoménes dont l'astrologie aurait à rendre compte. Nous dirons que cela ne saurait être des situations banales et ordinaires mais bien quelque chose à la fois d'extraordinaire et de récurrent, ce qui est, somme toute, une bonne définition de la cyclicité.
Citons enfin un passage de l'article "Zodiaque" de Wikipedia:
"Le zodiaque a été divisé au Ve siècle av. J.-C. _av._J.-C. en douze parties égales (une pour chaque mois de l'année portant le même nom que la constellation se trouvant "derrière" (certains affirment que les constellations ont donné leur nom aux signes d'autres soutiennent l'inverse"
Commentaire: l'histoire du zodiaque ne saurait se limiter à la recherche du premier état du dit zodiaque car celui que nous connaissons est très probablement corrompu, ce qui est frappant quand on le compare aux représentations traditionnelles des mois de l'année (sur les cathédrales ou dans les almanachs médiévaux). Il est probable que le dit zodiaque tel que nous le connaissons ait été une compilation sans aucun intérêt astrologique, aux seules fins de baliser la course des planètes.
La récente intervention de Frédéric Lenoir, dans le cadre de l'association Source- nous a rappelé qu'il était l'auteur d'un long article "Astrologie", dans une Encyclopédie des Religions.(Bayard Ed. 1997) sous le sous titre "Croyances, symboles, pratiques des origines à nos jours" (pp. 1569 à 1604).nous fournit quelques occasions de préciser notre pensée.
Lenoir écrit en tête de son article " Il n'y a pas une mais des astrologies; A partir de la croyance fondamentale en une correspondance entre évenements célestes et humains, on a constaté la diversité des pratiques astrologiques à travers le temps et l'espace". Qu'il y ait eu, à un certain stade, la réminiscence d'un ordre social fondé sur l'astrologie est une chose, que cet ordre social ait été le fait d'une croyance en est une autre. Au départ, en effet, il n'est nullement question de croyance mais d'une mise en place délibérée d'une relation entre certaines configurations et un certain agenda à respecter et ce, au sein, d'une caste bien délimitée. Que par la suite, l'on ait tenté de retrouver le dispositif ainsi établi est fort probable mais on est là dans un second temps et inutile de dire que l'on n'y est pas parvenu si ce n'est, on peut l'espérer, récemment, à la suite des travaux statistiques de Gauquelin qui ont montré que l'on pouvait dégager du fatras du canon astrologique quelques données fiables sans qu'il soit aucunement question de valider l'intégralité de ce que contient le dit canon!
On retiendra également du texte de Fréderic Lenoir, un passage des dernières pages relatif à l'astrologie du XXe siècle après 1930 : "A l'inverse de ce qui s'était souvent passé au cours de l'Histoire, ce n'est pas la naissance d'une astrologie savante, touchant une élite puis se démocratisant progressivement qui a favorisé l'essor d'une astrologie populaire. Mais c'est le développement d'une astrologie populaire qui a précédé la naissance de ce qu'on peut sans doute appeler une astrologie savante non plus fondée sur l'astronomie mais sur la psychologie des profondeurs"(p. 1597). A notre connaissance, l'astrologie "savante" n'a pas attendu l'essor de l'astrologie de la presse pour exister au XXe siècle -son émergence est largement attestée avant la Première Guerre Mondiale - et ce d'autant plus que nombre d'astrologues 'savants" n'ont pas dédaigné de travailler pour la dite presse et ce dès les années Trente-Quarante.(voir notre diptyque " La Vie Astrologique il y a cent ans" et "La Vie Astrologique, années trente-cinquante", Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1992 et 1995). Lenoir nous parle d'un "effondrement et d'un oubli" de l'astrologie entre 1650 et 1930....C'est ignorer les ambitieuses publications d'un Eustache Lenoble, au tournant du XVIIIe siècle.(voir la contribution de Patrice Guinard, sur le site cura.free.fr, à partir de ses recherches à la Bibliotheca Astrologica, que nous avons fondée). Tout au plus, et avec bien des nuances et des exceptions (cf nos récentes recherches dans le JBA consacrés à l'astrologie au lendemain de la défaite de 1870), pourrai-t-on parler d'un desintérêt, d'un désinvestissemement de la part des astrologues par rapport aux données astronomiques.(voir notre postface à Etteilla, "L'astrologie du Livre de Toth", Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1993). L'ironie de l'Histoire veut que la Révolution Française ait été un succés remarquable de l'astrologie (cf Pierre d'Ailly et 1789, annoncé dès 1414), au moment même où l'on nous dit que celle-ci était tombée dans l'oubli, sans parler d'une mythologisation du ciel (entre 1781 et 1846: Uranus, Cérés, Pallas, Junon, Vesta, Neptune) assumée par les astronomes eux-mêmes.; Et puis, que dire du phénoméne Nostradamus, astrologue de son état, qui ne fléchit pas (cf R. Benazra, "Répertoire Chronologique Nostradamique", Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1990) durant cette prétendue traversée du désert de l'astrologie, lui dont les textes en prose, inclus dans le canon nostradamique - quelle qu'en soit la génése- en tout cas, traitent de l'Astrologie et de ses cycles planétaires?
En ce qui concerne l'existence d'une astrologie de masse avant 1930, c'est à dire qui permette à chacun de connaitre son signe zodiacal, il est possible en effet que sociologiquement l'astrologie soit restée cantonnée à certains cénacles, ce qui n'empêchait l'édition astrologique et les revues spécialisées de prospérer, notamment autour de la Librairie Chacornac. Mais au milieu des années 1850 parut un "almanach astrologique" donnant du domaine, il est vrai, une image assez caricaturale, vouée à la gent féminine. La Première Guerre mondiale, en tout cas, aura été "couverte" par l'astrologie. Faudrait-il donc suivre Fréderic Lenoir quand il propose un lien de cause à effet entre l'existence d'une presse accordant quelque place à l'Astrologie et l'essor d'une astrolologie savante? Tout au plus pourrait-on dire que certains astrologues y ont trouvé des sources de revenu supplémentaires. Qu'un André Barbault ait commencé à publier aux Ed. du Seuil une série sur les 12 signes avant d'y faire paraitre son Traité Pratique et son essai "De la psychanalyse à l'astrologie", ne suffira pas à confirmer cette idée, d'autant que cet astrologue aura largement participé au phénoméne 'Astroflash" à la fin des années Soixante du siècle dernier. Les passerelles entre astrologie populaire et astrologie savante sont en tout cas avérées.
En juillet 2009, est paru un numéro de "Sciences et pseudo'-sciences" consacré à l'Astrologie. (n°287, que l'on peut trouver sur Internet). Serge Bret-Morel a rédigé une réponse sur son site "L'astrologie et la raison" dont nous extrayons le passage suivant qui semble résumer sa pensée ou en tout cas sa stratégie de communication actuelle: "Les fondements de l'Astrologie sont déconnectés de sa pratique. Il ne faut donc plus s'étonner que l'on puisse pratiquer l'astrologie sans connaitre les débats sur ses fondemets (..)C'est plus la pratique qui soutient les fondements que le contraire".
On se doute que nous ne souscrirons pas à un tel point de vue même si nous en comprenons les raisons. SBM raisonne selon une logique consensuelle. Il prend acte qu'un grand nombre de gens pratiquent d'une certaine façon, qu'un encore plus grand nombre s'adresse aux astrologues selon un certain contrat, qui est fondé sur la "lecture" d'un document appelé "carte du ciel" et qui a bel et bien un certain fondement astronomique (ce n'est pas le cas pour l'astrologie chinoise qui s'apparente davantage à une numérologie, cf notre entretien avec Annick Perthu, sur la télévision astrologique). Cette démarche très "yin" s'oppose à la nôtre qui est fortement yang, et qui tend à remonter vers la source, à dégager la matrice originelle. Le milieu astrologique est d'ailleurs de plus en plus "yin", il s'appuie, il est vrai, sur des faits de société indiscutables statistiquement. Ironiquement, la statistique de nos jours servirait non plus, comme avec Gauquelin, à dégager un certain noyau dur, mais à constater l'ampleur d'un consensus, à dégager un point de vue majoritaire au sein de tous ceux qui s'adonnent à l'astrologie. Les années soixante furent fortement "yang" (le tronc par opposition aux branches et au feuillage yin), autour de Gauquelin, de Nicola, de Barbault, en ce qui concerne son astrologie mondiale. Nombreux sont les clercs de l'astrologie qui ont trahi la cause yang pour se rallier au camp yin. Cinquante ans plus tard, les valeurs Yang s'efforcent de se faire entendre mais sans grand succés. La dualité Yin Yang -avec sa dimension cyclique- n'est plus respectée. Le NOA (le Nouvel Ordre Astrologique) cherche à instaurer un équilibre intégrant les deux polarités au sein d'un seul et même ensemble, la force Yang permettant au Yin d'échapper à la sclérose et à une pratique de plus en plus empirique. Or, certaines populations sont viscéralement Yin - c'est notamment le cas statistiquement des femmes qui constituent le gros du public des réunions et des colloques astrologiques. Généralement, le facteur yang est minoritaire quantitativement mais très actif qualitativement. Or, visiblement, actuellement, il ne fait plus le poids dans la balance, les éléments masculins eux-mêmes ayant souvent démissionné et s'étant rallié à la raison "yin". L'alternance Yin Yang n'est plus respectée qui est le fondement même de toute cyclicité duelle.(Eté Hiver, Jour Nuit, Pleine Lune/ Nouvelle Lune, Vagin/Phallus). La seule issue est que dans le camp Yin des personnes prennent conscience de ce blocage et se rallient au "panache" rouge (et non pas blanc) de ceux qui incarnent le Yang..
En termes techniques, le dysfonctionnement actuel tiendrait au fait que lorsque le soleil se couche, au lieu d'accepter la nuit, on allume des feux, des lumières jusqu'à ce que le jour à nouveau se lève. C'est Paris by Night. Or, notre civilisation technologique - La Fée Electricité (de Raoul Dufy) - s'avère, depuis des décennies - renforcer les valeurs Yin en abolissant largement une telle dualité. Le feu prométhéen, volé aux dieux, remplace le soleil, au niveau de la lumière, de la chaleur, de la cuisson et instaure le désordre. Paradoxalement, l'astrologie qui est l'émergence du Yang dans un monde Yin se range du côté de ceux qui ont la nostalgie du monde d'avant la dite émergence. Etrangement, face aux exigences Yang des adversaires de l'astrologie - on est à fronts renversés- les avocats de l'astrologie se situent dans une tonalité Yin! Le monde extérieur à l'Astrologie n'est cependant pas devenu si Yin que cela et les astrologues vivent un peu trop dans leur bulle! On se demande alors s'ils ne risquent pas de devenir de plus en plus incapables de coacher leurs clients! Est-ce qu'ils ne tendent pas, demanderons-nous, à se constituer en tant que secte dispensant une certaine idéologie (voir les positions du philosophe Denis Marquet aux réunions de l'association Source) prônant délibérément l'avènement d' un monde qui se serait émancipé du joug Yang, de sa caste dominante, de ses rois, de ses chefs. Or, ce sont justement ces "Grands" qui connectent l'Humanité au Cosmos. Que ceux qui veulent le renforcement du Yin cessent de s'appeler astrologues....Or, précisément, en mettant l'accent sur la pratique, SBM, semble reconnaitre à quel point le décrochage est flagrant. Ne pas se soucier des fondements revient en effet à bafouer les valeurs Yang. Il n'est pas utile, nous dit SBM, de revenir, de remonter jusqu'aux "fondements".. La pratique se passerait très bien, à l'entendre, de passer sous les fourches caudines de la Théorie, elle n'aurait pas besoin de cela pour exister et subsister. Il est clair que si face aux interpellations Yang des astro-sceptiques (voir notre intervention à Montréal, chez les Sceptiques du Québec, sur la télévision astrologique), la réponse "officielle" se veut 'yin", on aggrave ainsi le dialogue de sourds mais, ce faisant, SBM pose le problème à un autre niveau -ce qui stratégiquement fait sens - à savoir que l'astrologie est conforme aux valeurs yin, même s'il n'emploie pas une telle terminologie. En épousant voire en prenant la tête de la cause Yin, l'Astrologie pourrait se trouver une assise puissante mais ce faisant elle pervertirait totalement sa vocation de départ. En tout état de cause, on se doit quand même de rappeler que le public, quant à lui, perçoit bel et bien l'Astrologie comme incarnant le Yang, comme une structure éclairante parce que réductrice, qu'il ne suivra pas SBM dans ses positions qui finalement nous apparaissent comme une forme de sabordage quelque peu névrotique, comme si les tenants d'une pratique consensuelle qui se suffirait à elle-même étaient marqués- notamment chez leurs éléments masculins- par quelque traumatisme en rapport avec leur passé puisque toute cyclicité Yin Yang exige de revenir vers le passé pour s'ouvrir à un nouveau futur.
Bien plus, c'est cette astrologie qui a renié ses valeurs de dualité qui aurait motivé leur adhèsion et serait apparu comme un espace où certaines épreuves leur seraient épargnées. En vérité, en entrant dans le cabinet de l'astrologue ou en s'inscrivant à un cours d'astrologie, les personnes sont poussées progressivement à basculer du Yang vers le Yin, au moyen de toutes sortes de procédés assez subtils les conduisant à une forme de conversion : on ne parle de cycle que pour ajouter qu'ils se croisent et se chevauchent, ce qui revient à en annihiler le pouvoir. On ne parle du signe solaire que pour insister sur l'importance toute aussi grande de bien d'autres facteurs. Et en fin de parcours, si l'on devait suivre la voie ouverte par SBM, l'on en arriverait à la conclusion que l'astrologie n'a que faire de grandes considérations théoriques et que l'important est le "résultat" obtenu par le biais de la consultation (voir notre récent entretien avec Laurent Crémadeils (alias Milo Baya), pour la télévision astrologique). Serge Bret Morel (voir nos entretiens sur la Télévision Astrologique) ou Laurent Crémadeils, qui sont encore dans leur trentaine, ont le profil de personnes ayant acquis un certain bagage universitaire, sachant développer leur pensée. Ils représentent, selon nous, une génération plus féminisée que les précédentes.(on connait le rôle des familles monoparentales). Paradoxalement, ils sont en phase avec une société frileuse et effrayée par rapport à toute émergence de leaders, comme s'il y avait là quelque obscénité. On est bien là dans un conflit de générations au sein du milieu astrologique, entre les astrologues hommes nés dans les années 1920 à 1940 ( ce qui inclut les soixante-huitards) et leurs homologues des annéés 1950 à 1970..
Concluons : le grand défaut de ces (re)présentations est de partir d'une pratique existante et de se limiter à se demander de quand elle date, sous la forme que nous lui connaissons, ce qui laisse entendre que tout ce qui ne ressemble pas à la dite astrologie ne saurait finalement être qualifié d'astrologie. Certes, il est plus facile, apparemment, de partir de ce que l'on connait pour remonter, de proche en proche, jusqu'à l'apparition de la chose. Mais une telle démarche fait la part un peu trop belle à toutes sortes de déviances qui ont pu finir par s'imposer et dont l'approche historique ne viserait finalement qu'à leur légitimation. On comprend que l'Histoire n'ait été admise - pas plus que l'astrologie- à l'Académie Royale des Sciences, à la fin du XVIIe siècle lorsque ses statuts furent définitivement posés, notamment parce qu'elle aboutissait à valider toutes sortes de fables, de mythes, de contes et de légendes et l'Histoire de l'astrologie n'échappe certainement pas à ce travers.....Pour notre part, nous pronons une autre épistémologie de l'Histoire qui ne parte pas de l'effet mais de la cause comme dans le cas du débat évoqué plus haut sur conception et naissance que l'on ne saurait esquiver au nom du seul pragmatisme, comme le fait Christine Rappaz-Lasserre.(CRL), cela consisterait à reconstituer un homme à partir de ses oeuvres, de ses secrétions diverses, de ses enfants, bref de ce qui nous en reste, ce qui conduit souvent à une certaine irrationalité : les choses sont ainsi mais on ne sait ni pourquoi ni comment... L'Histoire de l'Astrologie serait en fait au service de la Tradition astrologique tout comme la Théorie astrologique n'aurait d'autre raison d'être que de tenter d'expliquer le fait astrologique, celui qui est incarné par la pratique astrologique des astrologues...Il y a là littéralement un contresens et c'est bien là la pierre d'achoppement de l'Astrologie en ce début de deuxiéme décennies du XXIe siècle. D'où l'importance de réfléchir sur le projet astrologique par delà les manifestations qui nous sont parvenues sous le nom d'Astrologie, ce dont Ptolémée, déjà au IIe siècle de notre ère, nous mettait en garde dans le prologue à la Tétrabible...
JHB
06. 02. 10
1 commentaire:
Bonjour Jacques, et merci d'avoir pris le temps de me lire et de me commenter. je crois toutefois que vous vous trompez sur l'une de mes conclusions. Vous écrivez en effet
que selon moi "La pratique se passerait très bien, à l'entendre, de passer sous les fourches caudines de la Théorie, elle n'aurait pas besoin de cela pour exister et subsister".
Attention, je ne défends pas l'idée de l'indépendance des fondements et des pratiques astrologiques pour que les fondements soient affranchis de tout examen théorique, je dénonce en fait cet état de fait faisant que l'astrologie ne peut pas prétendre au statut de science aujourd'hui. Je regrette en fait, je déplore, que la plupart des astrologues ne cherchent PLUS à fonder vraiment l'astrologie. Soit l'astrologie a des fondements physiques et un peu comme les conditionalistes il faut proposer des hypothèses (mais tenter aussi de les confronter à l'expérimentation), soit l'astrologie n'a pas de fondements physiques, mais il alors il n'y a plus moyen de fonder le système astrologique.
Mon but est donc de défendre l'idée qu'aujourd'hui l'astrologie ne peut pas prétendre à plus que le statut de savoir-faire, ceci pour déplacer les débats. Je ne voulais pas défendre l'idée que l'astrologie doit être affranchie des débats sur ses fondements (quelle horreur ! et nous sommes bien d'accord là-dessus) mais plutôt qu'elle y a échoué et y échoue encore selon moi.
Serge Bret-Morel
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