mardi 4 juillet 2023

jacques halbronn Etudes nostradamiques Bernard Chevignad et sa fuasse datation des Significations de l'éclipse de 1559 de Nostradamus

jacques Halbronn Etudes nostradamiques Bernard Chevignard et sa fausse datation des Significations de l’Eclipse de 1559 de Nostradamus En 1999, Chevignard faisait paraitre un premier tome (le second restant inédit) des « Présages de Nostradamus. Présages en vers 1555-1567, Présages en prose 1550-1559 à partir du « manuscrit » du Recueil des Présages Prosaîques lequel comportait le brouillon de sa production annuelle. Il lui a été possible de oomparer cet ensemble avec les éditions conservées qui furent imprimées et en annexe; Chevignard fournit en fac simile les Pronostications pour 1557 (chez Kerver) et pour 1558 (chez Gullaume le noir). avec le même frontispice. comportant une vignette zodiacale. On y voit Nostradaùis à sa table de travail mais ce n’est pas la même mouture que pour les éditions des Centuries censées parues en 1555 et 1557 car ces fausses éditions prirent pour référence des éditions pirates parues du vivant de Nostradamus.(cf M. Chomarat, Bibliographie Nostradamus, 1989) Par ailleurs, Chevignard joignait un troisiéme fac simile, faisant pendant au manuscrit du dit Recueil, les Significations de l’Eclipse (de 1559) chez Guillaume Le noir. avec la même vignette campant un personnage en train de rédiger que pour les pronostications signalées pour 15587 et 1558 (pp. 464 et seq) On trouve une référence à « l’interprétation de la seconde centurie ». Chavignard conclut : « Nostradamus entreprit ces Significations de l’Eclipse quelques jours après avoir achevé ses Almanchs et pronostiiques pour 1559 (…) Chavigny en tira la dernière partie du Livre IV de son Recueil » (pp. 443-44). Nous pensons tout au contraire que ces Significations sont un faux antidaté de la fin des années 1580 mais cela implique que Chavigny auraitcontribué à ce faux, voire en serait l’initiateur. Le Recueil devait paraitre en 1589, comme indiqué sur la page de titre du manuscrit, avec pour « éditeur » le dit Chavigny mais on n’en a pas localisé l’impression alors que Chavigny fera paraitre un Janus Gallicus commentant des quatrains des dix centuries et des alamanachs. Un autre cas intéressant concerne la parution de l’Androgyn (cf la vidéo de notre discours de soutenance de post doctorat 2007 (https://www.youtube.com/watch?v=NcnbJWxiNCw ) .dont il est également question dans les notes figurant en marge du Recueil.(cf le texte ci dessous) Dans les deux cas, il s’agit de tentatives antidatées pour valider l’authenticité des Centuries, les Sigbifications témoigneriaent ainsi de l’existence des Centuries en 1559 et l’Androgyn s’y référe en 1570. nous avons aussi les prophéties de Crespin antidatées pour 1572 (cf nos Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamis, Ed Ramkat 2002 et notre post doctorat. Le Dominicain Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle,( cf. Astrophilie et prophétie Mireille Huchon dans Nostradamus (2021), pages 107 à 139) Annexe https://www.cairn.info/nostradamus–9782070138012-page-291.htm Spicilège II – Recueil des présages prosaïques  Recueil des presages prosaiques de M. Michel de Nostradame…… 11Le manuscrit des lettres latines calligraphié par Jean de Chevigny se trouvait dans les papiers dont hérita César. Le second manuscrit récemment mis en lumière, le Recueil des présages prosaïques de M. Michel de Nostradame, est de la même main [15][15]Bernard Chevignard, « L’énigme Chevigny / Chavigny : les pièces… ; il porte en page de titre la mention « Extrait des Commentaires d’icelluy [Nostradamus] et réduit en XII livres par Jean Aimé de Chavigny Beaunois » et il était au début du xviie siècle en la possession de Chavigny. 12Ce manuscrit exceptionnel, acquis par la bibliothèque de Lyon en 1990, était dans un état de détérioration tel que l’importante restauration qui fut entreprise ne parvint pas à restituer certaines pages irrémédiablement endommagées. En sept cents pages ont été recopiées des prédictions tirées de vingt-sept almanachs, pronostications et présages annuels publiés par Nostradamus, pour les années 1550 à 1567, soit un total de six mille trois cent trente-huit présages, dont cent cinquante-quatre des quatrains que Nostradamus avait l’habitude de faire figurer en tête de l’année et de chacun des mois. Une trentaine d’aphorismes latins comme les aime Nostradamus sont présents en fin de recueil. 13Celui qui a colligé les présages a patiemment recueilli ces productions éphémères ; il se désole des manques, notamment pour 1551, ayant même dû se résoudre, pour les présages merveilleux de 1557 dédiés au roi Henri II, à recourir aux passages ciblés par un des calomniateurs de Nostradamus dans son pamphlet Le Monstre d’abus. Les opuscules de Nostradamus ont été soumis à un savant découpage, avec classement chronologique en douze livres et numérotation des présages par livre. Les références astrologiques, météorologiques et médicales des originaux n’ont pas été retenues. 14Le titre de Présaiges prosaïques peu adéquat avec la présence de quatrains et d’aphorismes, sa reprise intempestive en tête de chacun des douze livres, les titres courants fautifs, maladroitement corrigés, apparaissent comme des ajouts qui contrastent singulièrement avec le soin apporté à la calligraphie ; ce sont aussi les termes de commentaires ou de traité qui, à l’intérieur du recueil, peuvent servir à désigner les divers opuscules. Il faut en fait considérer comme l’original le second titre qui apparaît en première page : Œuvre qui peut se dire à la vérité, Les merveilles de nostre temps, où se verra à l’œil toute l’histoire de noz troubles et guerres civiles de la France dez le temps qu’elles ont commencé jusques à leur entiere fin et periode non seulement, mais aussi plusieurs choses rares et singulières advenues et à venir, en l’estat des plus puissants empires, royaumes et principautez, qui aujourd’huy levent le chef sur la terre. Au verso de la page de titre, un avertissement en latin laisse entendre que cette compilation, tout d’abord réservée à un petit nombre de privilégiés, pouvait avoir vocation à être publiée ultérieurement. En voici la teneur en français : 15 Son désir est que ces écrits ne soient pas livrés au vulgaire tant que, tant que… J’écris ces choses pour les Muses, et seulement en interprète fidèle Pour des amis chers : et puis j’écris pour moi-même. Quand les merveilles des choses auront par destinée produit leurs effets, Que ces écrits, Lecteur, soient aussi pour toi [16][16]Traduction de B. Chevignard, ibid., p. 110.. 16Ce manuscrit se caractérise par l’hétérogénéité des nombreuses annotations marginales, marques d’intentions et d’interventions diverses espacées dans le temps. Les unes ont pour finalité la constitution d’un « Indice des choses plus mémorables », annoncé en final, mais non complété. Les autres tentent d’élucider les présages. Ainsi, ce présage, « Celuy qui estoit eslevé subitement, et celuy de longue main, se verra subitement changé », donne matière à une simple reprise pour l’indexation, puis à la glose suivante : « J’interprète ceci de l’Admiral de Coligny [17][17]Présages, I.277.. » Il est fait référence à des événements du vivant de Nostradamus, mais aussi ultérieurs. Le sort réservé à un présage pour 1555 est, à ce propos, exemplaire [18][18]Ibid., 1.309.. Une notation se contente de la formule : « Chose de grande terreur », une autre évoque la conjuration de la Saint-Barthélemy et une troisième, Henri III, privé de son royaume. Des ratures du manuscrit éliminent Henri II au profit d’Henri IV. Le présage « Ce mouvement de Roy de région en autre », d’abord explicité par la mort d’Henri II, l’est ensuite comme une allusion à un périple d’Henri IV en Italie [19][19]Ibid., III.233.. Pour le présage « La voye de l’ayeul et du père ne sera semblable », une première note en marge cite François Ier et Henri II ; une seconde est au profit des Bourbons et de leurs successeurs [20][20]Ibid., IV.247.. 17Des annotations dévoilent des épisodes de la vie de Nostradamus comme son interpellation par le comte de Tende en décembre 1561 : « L’auteur fut pris ès premiers troubles puis relâché » ou sa maladie finale : « Ce présage s’entend de nostre auteur auquel les pieds et jambes commençoient à enfler de la maladie dont il mourut lorsqu’il escrivoit ceci [21][21]Ibid., IV.138 ; XII.284.. » Un présage de janvier 1555, « Notre gouverneur sera conspiré, en buvant sera surpris », est référé à une « histoire joyeuse » dont le comte de Tende est l’acteur involontaire : lors d’un voyage sur le Rhône, son bateau s’enfonça et il faillit se noyer avec de l’eau jusqu’au menton. L’anecdote est rapportée par Nostradamus lui-même – « ainsi que je l’ay oui affermer à l’auteur [22][22]Présages, I.442 ; Janus, p. 41-42. ». Nostradamus commentait donc ses présages et le projet de leur recueil ne dut pas lui être étranger, comme pourrait également le laisser entendre le début de l’avertissement cité plus haut. 18Celui qui a colligé ces présages fournit des détails personnels, comme sa présence à Paris en août 1557 lors de la découverte d’assemblées protestantes rue Saint-Jacques ou comme sa participation à l’ouvrage consacré à l’Androgyn de 1570 [23][23]L’Androgyn né à Paris, le XXI. juillet, M.D.LXX, illustré de…. Un présage de Nostradamus pour 1557, « Seront sept qui orneront le né biparti, qui les rendra confus », est en effet interprété comme la prédiction de la naissance d’un androgyne en 1570, annoncée également par un quatrain des Prophéties. Une note marginale précise que Jean Dorat, François de Belleforest et le rédacteur de cette note en ont fait la description à Lyon et que Nostradamus l’avait annoncée dans ses Centuries, par le vers « Trop le ciel pleure Androgyn procreé [24][24]Présages, II.301 ; Prophéties, II.45. ». Dans l’Androgyn, Chevigny avait transposé en français les vers latins de Dorat consacrés à cette naissance qu’aurait prédite Nostradamus. Chavigny revendique donc la paternité de ce qu’avait écrit Chevigny. 19Amplifiant les vers de Dorat, Chevigny faisait dans l’Androgyn référence aux « mille papiers » laissés par Nostradamus : 20 Celle prophete voix qui par secte diverse Crioit qu’en brief le monde iroit à la renverse : Celle qu’avoit laissé mille papiers escris Que dix ans les Gaulois se trouveroyent surpris Par guerre, par discord, par querelles civiles, Et verroyent tout en feu leurs chasteaux et leurs villes. 21Il précisait, en préface, avoir toutes les œuvres en prose et vers de Nostradamus dont il avait été l’intime et en projeter une publication rapide. 22Il n’en fut rien et, vingt-cinq ans plus tard, dans la version latine du Janus, il est précisé que Nostradamus écrivit de 1550 à 1567 pour chaque année, mois et même jour – ce qui est étonnant – des prognostica (« pronostics ») et des commentationes (« méditations », « commentaires », « aphorismes ») que lui, Chavigny, a recueillis et distribués en douze livres et qui seront bientôt imprimés. Voilà qui correspond à ce qui était écrit dans l’Androgyn et laisse entendre que les présages et les commentaires auraient dû paraître avec de simples notations en marge, reprises dans l’index. Tel ne fut pas le cas et Chavigny n’a cessé d’annoter au gré des événements du siècle cet ensemble qu’il constitua au temps où il se nommait encore Chevigny. 23Jean de Chevigny / Jean Aimé de Chavigny… tous deux « Beaunois ». Le changement d’identité a conduit à la thèse de Chavigny l’imposteur [25][25]Voir J. Dupèbe, Nostradamus. Lettres inédites, op. cit.,…. Le premier publia l’Androgyn et quelques poèmes en tête d’ouvrages de certains de ses contemporains au cours de la décennie 1570. Le second apparut au début de la décennie 1580, avec une déploration de la perte d’un ami, son « cher frère » Antoine Fiancé, professeur de philosophie et de médecine en Avignon, mort, à trente ans, de la peste [26][26]Jean-Aymé de Chavigny, Les larmes et souspirs sur le trespas…. 24Il n’y a, toutefois, plus de mystère sur l’identité de ce fidèle de Nostradamus depuis que Bernard Chevignard a montré que celui qui signait Chevignard, Chevigny, Chavigny n’était qu’une seule et même personne dont il a reconstitué l’existence [27][27]Voir Bernard Chevignard, « Jean-Aimé de Chavigny : son…. Originaire de Beaune où il naquit en 1536, Jean Chevignard prit le nom de Jean de Chevigny (Chevignaeus), puis celui de Jean Aimé de Chavigny (Chavignaeus). Autant d’hésitations qui pourraient témoigner de son souci d’anoblissement et de rattachement à un fief ; une version abrégée de son Janus paraîtra sous le titre de Commentaires du sieur de Chavigny. Mais, de même que sous le patronyme de Nostredame ou Nostradame, César est toujours César, Chavigny est toujours Chevigny, avec sa devise immuable « Beata tranquillitas » (« Très heureuse tranquillité »). JHB 04 07 23

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