par Jacques HalBronn
On sait que la grande mode, de nos jours, est d'accorder la plus grande importance aux noms que les astronomes vont dénicher pour désigner telle nouvelle planéte encore que l'on commence un peu à déchanter.
C'est la grande mystique du moment qui fut épargnée à l'astrologie des siècles voire des millénaires durant mais qui commença à sévir à partir des grandes découvertes géographiques (observation de nouvelles étoiles, de certains lieux de la Terre, d'où de nouvelles constellations extra-zodiacales) et uranographiques (fabrication de lunettes, de télescopes).
Dans certains cas, l'on se demande si tel dispositif est astronomique ou astrologique, c'est à dire si ce sont des noms pris au hasard, empruntés à l'astrologie mais sans y attacher plus d'importance sans parler des emprunts à la mythologie. Le processus ne date pas d'hier. D'aucuns affirment un peu vite qu'astronomes et astrologues ne firent qu'un jusqu'au XVIIe siècle.... On peut en douter!
On abordera successivement le cas des signes zodiacaux (liés aux étoiles fixes) et des planètes mais aussi les relations entre les deux ensembles..
I Les signes zodiacaux
La plupart des astrologues considèrent que le zodiaque, c'est forcément de l'astrologie puisque c'est porteur de sens. Comme si les astronomes auraient du renoncer à situer les planètes dans le ciel! Mais est-ce de la " bonne" astrologie?
L'examen de la symbolique zodiacale telle que véhiculée par l'uranographie traditionnelle peut faire douter de son bien fondé au regard de l'astrologie.
Si l'on renonce à ce postulat selon lequel les astronomes seraient de bons gestionnaires de la chose astrologique et si l'on admet qu'ils utilisent certaines notions avec une certaine désinvolture, les astrologues ont tout à fait un droit d'inventaire sur la transmission qu'assurent les astronomes d'un certain savoir astrologico-mythologique encore que le zodiaque, au niveau de sa symbolique, relève plus d'un système hémérologique soli-lunaire à 12 rencontres en l'espace d'un an que de l'astrologie stricto sensu.
Il suffit de comparer l'iconographie des almanachs avec le zodiaque pour se convaincre qu'en dépit de certaines corrélations, le zodiaque - qui prend en effet sa source dans ce contexte - est une déformation de la dite iconographie. Pour nous, le zodiaque des astronomes ne fait pas foi, il n'est pas pertinent même s'il utilise des facteurs offrant un certain intérêt pour l'histoire de l'iconographie des mois lunaires. En aucun cas, le zodiaque ne saurait être considéré comme une matrice première, il ne se comprend qu'à la lumière de l'iconographie des almanachs, laquelle dérive de documents beaucoup plus anciens qui n'ont pas été retrouvés si bien que le zodiaque semble être à l'origine de la dite iconographie. Cas de figure assez fréquent pour l'historien des textes et l'on sait que certains originaux ne sont connus que par des traductions, des citations plus ou moins déformées
Nous conclurons sur ce point en disant qu'il serait souhaitable de reformuler le zodiaque astrologique à partir des sources de l'iconographie des almanachs (déjà attestée sur les cathédrales) et il est étonnant que la dite iconographie soit si souvent absente de la littérature astrologique, notamment les célèbres "Très Riches Heure du Duc de Berry".(manuscrit enluminé conservé au Musée Condé de Chantilly)
Pour les astronomes, ces noms sont bien utiles mais il est clair qu'ils n'en tirent aucun enseignement du fait même de l'état de corruption qui peut s'observer. Force est cependant de constater que les astrologues semblent s'être satisfaits de se servir de la dite série faute d'avoir accès à des sources plus authentiques. En fait, il ne faudrait pas oublier que pendant fort longtemps, les dits astrologues se préoccupaient assez peu du nom des signes et c'est à une astrologie profane et populaire qui n'avait que faire des astrologues que l'on doit cette vogue qui, encore de nos jours, pourrait très bien se passer des astrologues, au regard des horoscopes des journaux. Ajoutons que les dieux attribués aux signes sont parfois sujets à caution comme dans le cas de Mercure attribué aux Gémeaux alors qu'il semble qu'il se soit agi plutôt que de jumeaux d'une représentation d'un couple au caractère très vénusien. Quant au signe du bélier ou du mouton, il ne figure nullement au début du printemps dans les représentations des mois de l'année mais bien plutôt au début de l'Eté avec la tonte des ovins..
II Les planètes .
Les noms des planètes sont également véhiculés par les astronomes. Peut-on s'y fier au niveau astrologique non seulement en ce qui concerne les nouvelles planètes mais concernant le septénaire?
Glissons sur la question du baptême des planètes transsaturniennes. et qui relève d'une farce que les astronomes ont jouée aux astrologues, non sans la fortune que l'on sait encore que l'on puisse y voir une volonté de poursuivre une entreprise engagée par les astronomes d'antan.
Quid donc du nom traditionnel des cinq planètes du septénaire (hors luminaires), Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne? Rappelons que Gauquelin n'a rien trouvé pour Mercure, au regard des statistiques astrologiques, ce qui relativise quelque peu la dimension astrologique d'un tel agencement. Pour Gauquelin, les valeurs mercuriennes ne sont nullement nécessaires à l'organigramme socioprofessionnel de nos sociétés. En revanche il a peu ou prou validé les quatre autres planètes ainsi d'ailleurs que la Lune dont le statut astronomique est pourtant bien différent.
A priori, les noms véhiculés par l'astronomie seraient conformes au processus proprement astrologique e n'auraient pas subi, par conséquent, les distorsions observées pour le zodiaque.
Nous terminerons sur le cas des domiciles des planètes, dispositif qui a été conservé par la tradition astrologique et qui associe signes et planètes selon un dispositif que l'on trouve dans la Tétrabible de Ptoléme, par ailleurs auteur de l'Almageste, ouvrage majeur de l'astronomie jusqu'à Copernic.
Pour quelles raisons a-t-on ainsi associé signes et planètes (cf. notre exposé audio sur la télévision astrologique, en date de 1975)? On sait l'importance insigne que les astrologues, encore de nos jours, accordent aux "maîtrises" tant pour définir les signes que pour apprécier la force d'une planète tout au long de son parcours dans le zodiaque.
Or, nous sommes arrivé à la conclusion qu'initialement un tel agencement marqué par une symétrie -(si on laisse de côté la question des transsaturniennes) ne se comprend que dans une dialectique solstices/équinoxes.
Si l'on prend en effet le système solaire -qu'on l'appelle ainsi ou autrement n'a pas ici d'importance- on a Saturne qui se trouve à une extrémité et la Lune à une autre, en termes de vitesses de révolution, avec d'ailleurs étrangement des chiffres analogue 28 jours/ 28 ans).Il semble que l'on ait choisi d'attribuer, selon l'axe solsticial, les luminaires aux deux premiers signes de l'Eté et Saturne aux deux premiers signes de l'Hiver.
Entre ces deux extrêmes, on a Mars et Vénus, au milieu du système solaire, qui sont eux mis en rapport avec l'axe équinoxial, soit deux saisons beaucoup moins contrastées.. On est là -on l'aura compris- dans une problématique purement spatial qui n'accorde aucune importance au rapport symbolique entre telle planète et tel signe.
Autrement dit, le caractère proprement astrologique d'un tel dispositif n'est nullement évident. On se serait contenté, selon nous, d'établir un rapprochement entre le plan des planètes et celui des saisons, le nom des signes n'apparaissant que du fait d'un rapport entre signes et mois de l'année.
Un tel dispositif ne nous semble donc pas être spécialement pertinent pour connecter astrologiquement planètes et signes. Ce n'est en tout cas pas son but. On est là dans une logique liée au cycle saisonnier (équinoxes-solstices) avec un processus croissant des durées de révolution suivi d'un processus décroissant permettant de revenir au point de départ.
En tout cas, nous avons ici la preuve que cette astrologie là est "tropique", c'est à dire indissociable du cycle saisonnier, si ce n'est qu'elle s'était plaquée sur des ensembles d'étoiles dont on ignorait alors qu'il était sujet à la précession des équinoxes. Une pierre dans le jardin des sidéralistes et avec les astrologues du nord de l'Inde (cf nos entretiens avec Barbara de la Motte Saint Pierre, Marco Daniel, Jacqueline Macou, Denis Labouré et Raoul Mélo, sur la télévision astrologique) qui en restent à ce moment dépassé depuis belle lurette. Mais il ne faudrait pas non plus tirer argument de cette affaire pour nier l'importance des étoiles fixes en astrologie, celle-ci existant par delà la question du zodiaque. Quant à ce dispositif planétaro-saisonnier, véhiculé par les domiciles et exaltations des planètes, il met en avant une division en 12 qui selon nous est proto-astrologique, les hommes ayant repéré de longue date le nombre de rencontres annuelles entre les luminaires bien avant d'avoir découvert qu'il fallait distinguer au firmament planètes et étoiles. Selon nous, l'astrologie du XXIe siècle - laissons le 12 aux horoscopes "solaires" des journaux- sera (re)fondée sur le 8 et le 16 et non sur lé 12 (voir nos études numériques sur la division du cercle de 360° à ce sujet dans le présent JBA et les travaux de Patrice Guinard sur l'octotopos (les 8 lieux), sur le site du CURA)
Libre aux astrologues "sérieux", au demeurant, de ne pas se référer au cycle soli-lunaire ni aux axes équinoxiaux et solsticiaux pour fonder leur typologie zodiacale, ce qui permet de ne pas se heurter au problème d'un bélier équinoxial au comportement bien peu équinoxial et totalement décalé par rapport à l'autre signe équinoxial qu'est la bien nommée Balance (voir nos études à ce sujet dans le présent JBA). Mais dans ce cas, l'on bascule dans une astrologie sidéraliste figée (encore que paradoxalement mouvante) qui s'intéresse aux constellations bien que décalées par rapport aux dits axes, du fait de la précession des équinoxes. Ces constellations qui servent toujours de référentiel privilégié pour les astronomes (ils utilisent le génitif latin pour se démarquer des signes astrologiques). C'est dire que les intérêts et les enjeux de l'astronomie et de l'astrologie divergente sensiblement même si l'astrologie se sert de l'astronomie comme un sculpteur de son bloc de marbre.
Comment donc la Cité astronomique a-t-elle '"raisonné" pour "baptiser" les nouvelles planètes? Tout se passe comme si l'on était parti d'un centre qui serait Jupiter et que l'on se soit d'abord placé dans une logique verticale avec Saturne et Uranus, respectivement père et grand père de Jupiter. Puis, l'on serait passé à une logique horizontale avec les deux frères de Jupiter, Neptune et Pluton. En dessous de Jupiter, on aurait la génération suivante, celle de Mars et de Vénus. Tout cela place Jupiter en position centrale.
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URANUS
SATURNE
JUPITER- NEPTUNE-PLUTON
MARS
VENUS
JHB
27. 02.10
1 commentaire:
Votre travail m’a beaucoup surpris car ça fait longtemps que je n’ai pas trouvé comme ce magnifique partage.
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