Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
jeudi 28 janvier 2021
jacques halbronn De certains abus dans l'appropriation des recherches d'autrui dans le champ astro-prophétique en milieu universitaire
Jacques Halbronn Les prétendues « découvertes » bibliographiques dans le domaine astrologique et nostradamologique
Nous avons souhaité mettre l’accent sur certains manquements à la déontologie en matière de référence bibliographique dont nous avons été victime depuis une trentaine d’années. Le cas le plus grave est évidemment le cas de certaines thèses de doctorat non encore soutenues à l’époque et qui auront fait l’objet de « fuites », du fait du directeur de thèse et notamment lorsque la soutenance est indéfiniment repoussée . A propos de soutenance de thèse, il serait également souhaitable que le jury vérifie si l’auteur de la thèse n’a pas utilisé certains documents sans citer de façon suffisamment explicite ses sources. Un troisième cas est celui du chercheur qui imprudemment révèle oralement certains aspects d’un travail encore inédit et qui s’aperçoit que l’on a utilisé de telles informations sans le mentionner. Dans les cas 1 et 3, il est clair que le retard dans la soutenance génère ce type de problème, le chercheur ne voulant pas déflorer son travail en en publiant des éléments qu’il juge particulièrement précieux mais par ailleurs désireux de faire état de son avancement.
Nous illustrerons ces trois cas de figure brièvement ci-après.
Premier cas les fuites dues au directeur des travaux
Nous prendrons pour exemple la parution en 1996 d’une édition critique de Pierre Brind’amour ;Nostradamus. Les premières Centuries des Prophéties Ed Droz Ce chercheur canadien y fait état des Prophéties dédiées à la puissance de Dieu d’Antoine Crespin dont il n’avait pas évoqué l’eoistence dans un précédent ouvrage Nostradamus astrophile Ed Klincksieck 1993. Nous connnaissions Brind’amour depuis le début des années 90 mais nous nous étions gardés de lui signaler cet ouvrage auquel nous avions consacré beaucoup de temps, en ce que certains passages reprenaient, à l’occasion de dédicaces, divers quatrains des centuries mais sans en citer l’origine. Quelle ne fut donc notre surprise de voir l’usage qu’en ferait le chercheur québécois, sans en tout état de cause, nous citer.! Ce ne sera que fin 1998 que nous obtiendrons in extremis le feu vert de notre directeur auprès duquel nous étions inscrits depuis 1985! Nous nous retrouvions dan la situation paradoxale de devoir mentionner l’édition de Brind’amour à propos de Crespin!
Deuxième cas : les thèses créditées de recherches non mentionnées correctement
Notre second exemple concerne le travail de thèse d’Hervé Drévillon, sur l’astrologie au XVIIe siècle soutenu à Paris X en 1995 et qui allait être publié chez Champvallon l’année suivante, avec dans son jury notre directeur de thèse lequel ne nous avait pas informe de la soutenance. Drévillon avait certes signalé notre ouvrage paru chez Trédaniel en 1993 sur Nicolas Bourdin et le XVIIe siècle, venant compléter notre travail sur Morin de Villefranche, mais dans le corps de son texte il emprunte à cet ouvrage sans mentionner sa source en notes de bas de page. Procédé assez ambigu! Il s’agissait notamment du rôle de Colbert dans le déclin de l’astrologie
Troisième cas : les indiscrétions imputables au candidat.
Notre troisième cas concerne Bertrand Chevignard faisant paraitre en 1999, quelques mois après notre soutenance des Présages de Nostradamus aux ed. du Seuil (qui ne publieront que le premier tome) le Recueil de présages prosaiques de Chavigny (1589) Nous avions rencontre à Lyon Chevignard à la Bibliothèque La Part Dieu et lui avions imprudemment expliqué ce que nous en pensions, à savoir que contrairement à ce qu’avait avancé Brind’amour qui en avait signalé l’existence, il ne s’agissait pas d’extraits des almanachs et pronostications de Nostradamus mais bien du manuscrit fourni à l’éditeur, le dit Nostradamus ayant regroupé en un recueil ses contribution successives sur plusieurs années. II est vrai que Chevignard, à l’époque ne disposait pas des reproductions des publications d’origine pour effectuer un tel constat.
Pour la petite histoire lorsqu’en 2007, lors de la soutenance de notre post-doctorat,, à l’EPHE, Ve section, consacré à Nostradamus au XVIIe siècle nous eûmes dans notre jury MM. Drévillon et Chevinard, Pierre Brind’amour étant décédé depuis la fin du siècle dernier.
Nous pourrions signaler d’autres abus à propos de conseils délivrés dans le cadre de la Bibliotheca Astrologica concernant Claude Dariot, auteur, dans les années 1550, d’un traité d’astrologie horaire qui aura marqué l’astrologie d’Outre Manche du siècle suivant (lequel traité sera repris en 1990 aux Ed. Pardès avec notre postface) ou Eustache Lenoble, un astrologue de la toute fin du XVIIe siècle, chez des chercheurs qui n’avaient pas passé beaucoup de temps dans les bibliothèques et se parant des plumes du paon On pense notamment à Patrice Guinard qui soutiendra une thèse en 1993 sur l’astrologie, à Paris I et qui aura largement profité de la fréquentation de notre structure sans le signaler. Il est vrai que Guinard en 1999 mettra en ligne sur le site du CURA (Centre Universitaire de Recherche Astrologique) notre CATAF (Catalogue Alphabétique des Textes Astrologiques Français), outil de travail largement utilisé.
JHB
28 01 21
Claude Thiébault sur le déclin de l'astrologie en 1666
A PROPOS D'UNE MYSTIFICATION SUR LE DÉCLIN DE L'ASTROLOGIE
© 2014 ASTROEMAIL
en France à partir de la fin du XVIIe siècle
Analyse...
par claude thebault, éditeur d'Astroemail
Février 2013, un billet[1] circulait, par email, propageant une théorie explicative du déclin de l’astrologie française depuis le règne de Louis XIV. Selon son auteur, l’Académie des Sciences de Paris cessa un beau jour de publier les données planétaires à l’attention des astrologues au milieu du XVIIIe siècle. Plus d’éphémérides, plus d’astrologues, aussi simple que ça. Cet argument grossier, rudimentaire, et sommaire, présupposait qu’auparavant, les publications, de l’Académie des Sciences, s’adressaient aux horoscopistes. Or c’est faux. Pour le savoir il était nécessaire de connaître comment se pratiquait l’astrologie sous l’ancien régime. Et comment les «judiciaires» étaient considérés.
L’auteur de la théorie, de l’arrêt de la diffusion des éphémérides, manipulait ses lecteurs, en produisant dans son texte un montage d’extraits d’informations éparses sans rapport entre elles, piquées ça et là afin d’impressionner par l’étalage des références citées. Selon la technique de l’amalgame. Ainsi une citation, prétendument attribuée au comte de Pagan sur la rectification horaire voisinait avec les éphémérides de Desplaces de 1734. Trouvez le lien, s’il existe, entre ces deux données. Blaise de Pagan, à cette date, était depuis 69 ans réduit à l’état de squelette. Son décès survint en 1665. Ou encore les Tables Rudolphines de Morin des années 1650, et les éphémérides de Beaulieu de 1703. Un lien existe en revanche ici entre ces deux données, mais l’auteur de la théorie, se gardait bien d’en écrire davantage. Et pour cause…
Les astrologues judiciaires ne pouvaient disparaître, du jour au lendemain, au motif qu’un organisme d’astronomie cessait de les approvisionner en informations.
Pourquoi ?
Voila l’explication fournie par un contemporain de cette époque :
« L’astronomie eut le bonheur de trouver le grand Ptolémée 120 ans après l’Auteur de notre Salut [2] , qui par un merveilleux effort de son esprit, rendit la théorie des planètes et les Tables Astronomiques plus ajustées que celle de ses prédécesseurs. Après le grand Ptolémée, les Mathématiques et l’Astronomie demeurèrent confinées dans l’Egypte ; parce que l’Empire Romain devenu tout Chrétien, toutes les sciences furent réduites à l’étude de la Sainte Ecriture. »
La religion chrétienne causa en Occident un considérable recul intellectuel, majeur, favorisant le développement de l’obscurantisme.
« Témoin Saint Augustin, qui commande à ses disciples en Afrique de rechercher plutôt comme l’on va, que comment va le ciel. (…) Environ l’an 800 de notre Salut, les arabes Mahométans qui avaient occupé l’Asie, l’Espagne et l’Afrique ne s’attachèrent pas moins heureusement à posséder toutes les belles Sciences. Ils exercèrent leurs beaux esprits aux continuelles observations des astres, et Albataigne natif d’Assyrie dressa des Tables Astronomiques, où les erreurs des Tables de Ptolémée déjà trop anciennes, étaient assez bien réparées.
Finalement Alphonse X roi de Castille, assisté de Proface juif, des arabes les plus savants, de son esprit merveilleux, et d’une dépense de quatre cent mille écus, cultiva si avantageusement l’Astronomie aux environs de l’année 1230, que les Tables Alphonsines en furent dressées beaucoup plus justes que les précédentes. Mais ce serait trop souvent répéter la même chose, la suite comme le progrès de cette science dans les provinces de l’Europe ; dont les principaux et les plus célèbres astronomes qui l’on embellie, ont été pour l’Italie François Marie, Antoine Magin, et Argol professeur à Padoue. Pour l’Allemagne, Corpernic, Reinold, Purbace Mont Royal, et Kepler auteur des Tables Rudolphines. Pour le Danemark, Ticho Brahe et Longomont. Pour la Hollande, Philippe Lansberg. Et pour la France Bulliaud, Morin et Gassendy. Tous les ouvrages desquels sont plus ou moins estimés, suivant le choix ou les inclinations des personnes. Nous devons seulement ajouter en faveur de l’astrologie, qui demande toujours des tables des plus justes, que nous avons dressé les nôtres sur les fondements des Tables Rudolphines, les plus généralement approuvées. Et géométriquement sur la théorie des ellipses de chaque planète, qui les rendent encore plus exactes, comme elles sont aussi plus faciles que les autres. » Blaise François de Pagan comte de Merveilles 1657.
Une des sources de revenu extra professionnel de Morin, provenait notamment des Tables, qu’il faisait imprimer, et vendait lui-même directement. Dans une correspondance privée, il estimait le prix de son stock annuel courant, en décembre 1650, à la valeur forfaitaire de 2000 livres. Une somme équivalente à celle de son traitement annuel de professeur au Collège de France.
Les horoscopistes, se servant directement chez les producteurs, n’avaient que faire des impressions des éphémérides de l’Académie des Sciences de Paris. Entre les Tables de Beaulieu, et les Rudolphines, le choix était immédiat pour tirer l’horoscope.
Alors, si l’approvisionnement en Tables existait, comment expliquer la disparition des judiciaires au XVIIIe siècle ? La considération portée aux astrologues prend alors une importance déterminante.
Un des poncifs, en matière de déclin de l’astrologie, consiste à charger Colbert de tous les maux, à propos de la parution d’un décret suite à l’affaire des Poisons, impliquant la marquise de Brinvilliers. Le décret date du 31 août 1682, neuf ans après le jugement rendu dans procès de la marquise en 1673,et six ans après l’exécution publique de l’empoisonneuse par décapitation le 16 juillet 1676. A la suite d’une affaire criminelle découverte par hasard, où l’arsenic tint une place essentielle, et l’astrologie aucune. Colbert et son décret servent de prétexte facile.
extrait de l'Edit du 30 août 1682 publié au Traité des Matières Criminelles de 1758
Contrairement à l’idée reçue, la publication d’un texte répressif n’efface pas le délit par sa promulgation. L'Edit de 1682 n’innovait en rien s’agissant de la confirmation d’ordonnances antérieures générales, réitérées dans les mêmes termes, contre les professionnels de la divination. « L’exécution des ordonnances des Rois nos prédécesseurs contre ceux qui se disent devins…ayant été négligée depuis longtemps, et ce relâchement ayant attiré des pays étrangers, dans notre Royaume plusieurs de ces imposteurs, il serait arrivé que sous prétexte d’horoscope et de divination …ils auraient surpris diverses personnes ignorantes ou crédules qui s’étaient insensiblement engagées envers eux en passant des vaines curiosités aux superstitions & des superstitions aux impiétés & aux sacrilèges… » Ordonnances anciennes auxquelles s’ajoutait une contrainte administrative pesant sur une autre activité.
En effet, le décret[3] du 31 août 1682 organisait, en priorité, la tenue d’un registre spécial d’apothicaire, assorti de mentions obligatoires, et de certificats de délivrances des produits dangereux aux professionnels pour les besoins de leurs activités : chirurgiens, orfèvres, teinturiers, épiciers, merciers, marchands etc. Ce texte, renforçant l’imaginaire traditionnel de la sorcellerie, organisait (articles IV à XI) la traçabilité des produits toxiques, en imposant des mesures administratives accompagnées de déclarations obligatoires, facilitant ensuite les contrôles. Ainsi la tenue de ces écritures fut sans effet sur l’extinction de l’astrologie, puisque les professionnels de l’horoscope n’émargeaient pas sur un registre déclaratif quelconque pour leurs activités. Et les dignités des planètes sont étrangères aux applications toxiques ou toxicologiques.
En revanche, les astrologues faisaient l’objet d’une surveillance attentive de la part des ministres de la religion catholique, dans chaque paroisse. Et cela d’autant plus que le XVIIe siècle, et le XVIIIe siècle en France, furent marquées par un intense débat spirituel d’une rare intensité dans le royaume. Prenant naissance avec la contre réforme à l’époque de Richelieu, pour finir dans les poursuites avec l’affaire de Port Royal et la querelle religieuse du Jansénisme.
Une phrase, émanant de la dédicace d’un révérend père Jésuite du diocèse de Soissons, cadre en peu de mots l’époque à la mort de Morin (1656) en ces termes : « il est aisé de voir la liaison qu’il y a entre les astrologues et les jansénistes…car si la doctrine des uns renverse la liberté (le déterminisme selon Morin) celui des autres (le Jansénisme) fait de même… », « pour prononcer contre les astrologues des arrêts de condamnation il faut confondre leur lâcheté, de l’autorité pour réprimer leur insolence, des forces pour donner de la terreur à leur faiblesse… ».
L’interrogation relative à l’enseignement de l’astrologie revient ainsi à nouveau dans le débat. Peu importe de disposer ou non de tables planétaires, si aucune formation n’est dispensée sur son usage. Un lieu commun sans fondement accuse à nouveau Colbert de la suppression de l’astrologie du nombre des matières dispensées par les facultés. On n’en trouve aucune trace dans les universités avant Colbert. Le ministre est innocent de ce que la rumeur l’accuse.
Il existe en revanche une tradition, notamment sous la forme d’un profil professionnel bien défini, attaché à la pratique de la consultation des astres. Celui de médecin astrologue.
Remontons à Nostradamus, le médecin astrologue herboriste, célèbre pour sa poudre purgative contre la constipation. Son CV comporterait une rubrique formation ainsi libellé «formé en astrologie à l’université d’Avignon». Quel en était le contenu? On s’attendrait à retrouver un plan, à défaut le rappel des traités antiques, Materne, Mathesis, ainsi que les professionnels Porphyre, l’influence des « mathématiciens » Romains, Etienne Alexandrin, Pancratius, Constantinus Stethatus, Albumazar, ses prévisions contre les chrétiens pour l’année 1460, ou le cardinal Nicolas de Cuse pour une période récente. On ne trouve rien de tout ça.
Période de Morin de Villefranche, 1600 Aix en Provence, 1610 Avignon pour sa médecine. Quels étaient les cours d’astrologie dispensés ? La réponse du service des archives de l’Université d’Avignon se fait attendre. Tout comme celle d’Aix. La Sorbonne à Paris sur la même période ? N’y comptez pas. Cette Université était contrôlée par l’Eglise. Pouvait-elle dispenser des cours d’astrologie, alors qu’en même temps elle luttait contre? Posez-vous la question !
On trouve, bien entendu, dans les bibliothèques épiscopales des ouvrages d’astrologie du XVIIe. Google en numérisa beaucoup. Cette documentation s’explique pour des motifs de répressions. Aucun de ces livres ne porte l’estampille d’une faculté. Ni on ne trouve d’auteur de traités enseignant dans une faculté française de l’époque. Alors que l’on trouve des ouvrages de médecine, de philosophie, de mathématiques avec mentions officielles. Prenez Morin, il prit soin d’apposer la mention de son titre universitaire docteur en médecine sur ses publications, y compris ses textes polémiques.
Le profil classique de l’astrologue en France, celui de docteur en médecine, relève d’une prescription célèbre de Galien, enseignée aux carabins. Employer l’astrologie, en diagnostic complémentaire pour prescrire les soins, améliorait, selon ce praticien antique, le pronostic de guérison du malade. L’astrologie du patient était un élément d’expertise et d’évaluation de son état. Galien pensait obtenir ainsi des informations sur l'issue fatale de ses clients. Les personnes curieuses de s’informer, sur l’art, et la manière, de marier les astres, les lavements, les saignées, et les purges, sont priées de consulter le traité de Galien en latin, de diebus decretorii . Ce profil donna des médecins astrologues célèbres, Cardan à la Renaissance, le docteur Rousset à Lyon fin du XVIe siècle, Jean Taxil à Arles en 1610, Morin à Paris en 1630. Pour ne citer qu’eux.
En France, au XXIe siècle, le docteur Franck Nguyen, président du RAO (Rassemblement des Astrologues Occidentaux), ranime le flambeau du médecin astrologue homéopathe avec son dernier ouvrage « Regard Nouveau sur l’Astrologie et l’homéopathie » paru en 2014.
Taleb, enseignant à New York, les Sciences de l’Incertitude, étudiant les chances comparatives, relève dans Guérir le Cancer, que le profil de médecin à la Galien causa jusqu’à un passé récent une considérable hécatombe de patients, car cette méthode retarda énormément les progrès de la médecine. Les thérapies non scientifiques rassemblées sous l’expression « médecines alternatives » c'est-à-dire non prouvées ne sont pas de la médecine. Franck Nguyen dira son avis sur le sujet.
Pour aller dans le sens de Taleb, il y a lieu d’observer qu’aucun des médecins astrologues du passé ne fit progresser l’astrologie. Voyez le cas de Morin, et sa pratique des révolutions solaires dans l’Astrologia Gallica (20 cartes se rapportant à 5 rats de laboratoire déjà morts).Médecin se proclamant astronome, en qualité d'auteur d'une "Astronomie restituée" il tenait pour acquis le retour périodique du soleil d’une année sur l’autre. Sans rien vérifier par l’expérimentation. Il conceptualisa des "directions", en attribuant des valeurs arbitraires pour nombrer les années, sans suivre les mouvements planétaires effectifs. Instituant l’expansion du fictif en lieu et place du réel. Il illustre la lignée des médecins astrologues écrivant leurs recettes, les uns après les autres, pour leurs confrères. On trouve ainsi deux charnières temporelles. La première avec Rantzau, compilateur des aphorismes énoncés depuis l'antiquité, collecteur des trucs et des vieilles ficelles du passé en guise de méthode. La seconde avec Morin, auteur d'une tentative pseudo rationnelle de mise en ordre de la discipline, sur des bases aristotéliciennes dépassées et obsolètes. Les auteurs de traités sont tous, sans exception, des autodidactes développant méthodologiquement leurs délires personnels sans aucune expérimentation sérieuse. Morin compris. Contaminant ainsi, durablement, les générations futures avec des poisons psychiques. De ce point de vue les médecins astrologues coulèrent l'astrologie par leurs mauvaises prescriptions. Comme ils tuaient d'ailleurs leurs malades à force de les saigner. Mauvais remèdes, mauvais traitement, mauvaises méthodes. Morin, finalement c'est de l'astrologie de Molière, comme les médecins de ses pièces de théatre.
Revenons au présumé enseignement de l’astrologie en faculté au temps de Colbert. On n’en trouve ni livres, ni moins encore de professeurs. Alors que la production d’astrologie littéraire est conséquente en France au XVIIe et au XVIIIe siècles. Quelques titres pour s’en rendre compte, Auguste Niphe « des divinations » à Rouen 1578, Arcandam « prédictions d’astrologie des naissances » lyon 1625, Andrea Argolus médecin astrologue à Padoue, Italie, « de diebus criticis » deux éditions, la première en 1639, la seconde enrichie en 1652, Théophraste l’Orthodoxe Lyon « l’éclipse du 12 août 1654 » 1654, Aphorismes d’astrologie en 1641, Astrologica (médecine et astrologie) Prague 1654, Georges Atwell « the divine art of natural astrologie » Londres 1660, Astrologicum Speculum (aspects) Londres 1685, on publiait aussi en latin en Angleterre, comme le livre de Morin à La Haye.
On ne trouve ni liste ni traité, ni étude spécifique d’astrologie émanant d’un enseignant d’une université française au XVIIe ou au XVIII siècle. C’est tout de même étonnant, que des livres «d’amateurs», dépourvus de références, paraissaient sur ces sujets. L’astrologie diplômante, on doit en conclure, n’était officiellement enseignée nulle part en France.
Ces ouvrages comportent en outre des ensembles de pages « justificatives d’une conformité de pensée» vis-à-vis de la vérité religieuse. Ainsi on trouve dans, Vie de Maître Jean Baptiste Morin, 3 parties contradictoires en enfilade, en Français, composés afin de satisfaire la censure :
- Contre ceux qui ne croient point à l’astrologie page 91
« les premiers sont en cet état faute d’être bien renseignés par l’histoire et la philosophie »…un appel aux cautions sérieuses pour vaincre l’ignorance, en reconnaissant que les astres sont sans pouvoir de révélation, réservé à dieu
- Contre ceux qui croient trop peu à l’astrologie page 94
« le scrupule ou le défaut de connaissance dans la physique rend trop peu crédules aux prédictions…ils en voient les effets mais ils peinent à les reconnaître.. »…les astres agissent ainsi sur les corps sans agir sur les âmes, et l’église se satisfait de cette limitation d'effet sur l’esprit humain
- Contre ceux qui défèrent trop à l’astrologie page 96
« les plus ignorants et les plus fols de tous sont ceux qui donnent trop de créances aux astres, car ils se persuadent qu’il n’y a point de dieu, ou que toutes choses sont conduites par un ordre fatal et irrévocable… » Justement ce que soutenait Morin avec sa théorie de la détermination et l’absence de libre arbitre. C’est, selon son biographe officiel, le propre des athées qui violent le franc arbitre de l’homme.
Des explications entortillées, non convaincantes, mais respectueuses du dogme dominant.
Ou encore dans l’Astrologie Naturelle de Blaise de Pagan deux chapitres ainsi conçus :
- De la Providence ou cause finale page 177 chapitre 2 Livre 2
- Des actions libres de l’homme page 193 chapitre 3 Livre 2
Les livres, publié en conformité religieuse totale, se faisaient attribuer l’avis de régularité d’au moins un théologien. Comme celui d’Henri Rantzau réimprimé jusqu’à la fin du XVIIe siècle à plusieurs reprises.
L’astrologie d’Ancien Régime était sous surveillance des ministres du culte et gare aux faux pas. Plusieurs motifs, canoniques et légaux existaient pour sévir et réprimer les astrologues, variant de 9 années de galères à l’exécution en place publique, sur la roue, les membres rompus, fracturés, les os broyés à la barre de fer dans des souffrances épouvantables. (Dès le règne d’Henri IV on rompait les membres du condamné debout sur une croix de Saint André, avec une barre de fer. Et après on le met sur une roue encore vif ou mort, jusqu’à ce que le condamné expire dans les douleurs sur la roue. Autrefois la coutume était de laisser expirer les condamnés sur la roue. Mais les Cours se sont beaucoup relâchées de cette rigueur, soit par humanité, soit par crainte qu’un supplicié dans un pareil état ne se porte au désespoir par l’excès des douleurs, à des imprécations de nature à faire douter de son salut. Il arrive souvent que par un retentum on arrête que le condamné sera étranglé, suivant l’atrocité de l’action. Ce qui arriva en 1743 à l’égard de l’un des assommeurs à coups de bâtons dans les rues de Paris, arrêtés, jugés, et exécutés en place publique pour leurs méfaits. Il n’ya que les hommes qui peuvent être condamnés à la roue, de quelque état, qualité et conditions qu’ils soient, les gentilshommes comme les roturiers, les prêtres et les autres ecclésiastiques. Guy du Rousseau de la Combe avocat au Parlement de Paris 1758)
Dans ces conditions, une astrologie de la clandestinité ne pouvait s’adresser à l’Académie des Sciences de Paris pour disposer des tables planétaires dont d’ailleurs elle n’avait aucun besoin. On pouvait écrire, publier sur le thème de l’astrologie, mais avec des limites encadrées, puisque l’impression, et la publication commentée des figures natales de personnes vivantes était prohibée et interdite.
Alors quand à professer ouvertement…sauf à être médecin astrologue comme Franck Nguyen en 2014, c’était tout autant risqué pour sa sécurité que périlleux pour la vie. Le médecin était certes un professionnel de la consultation par métier. Sans disposer nécessairement d’une immunité particulière. Ainsi Morin fit l’objet de dénonciations car il recevait des femmes pour des consultations d’astrologie, à son domicile, au fond de l’actuelle rue Rollin dans le 5e arrondissement de Paris. On lui imputa en même temps des liens de famille avec l’illuminé Simon Morin, dont le procès de blasphème religieux s’instruisait à Paris, et qui finit brûlé sur la place publique en 1663. Pour se couvrir Morin se fit délivrer une lettre de consultation juridique auprès d’un avocat au Parlement de Paris le 3 décembre 1649. Il était exposé, en dépit de ses « protections ».
Qu’une telle astrologie ait disparu sous les coups conjugués des attaques de la religion, des dénonciations pour Jansénisme, ainsi que de la montée en puissance du siècle des Lumières, qui pourrait s’en étonner ?
Celles et ceux qui astrologuent au XXIe siècle en se complaisant dans les divagations d’une rare extravagance, profitent d’une période de tolérance rarement connue auparavant, y compris à Rome autrefois, puisque les astrologues "mathématiciens" en furent proscrits à plusieurs reprises. Ils devraient s’ingénier à améliorer la discipline avant que le vent ne tourne à nouveau. La complaisance actuelle ne saurait durer. Imaginez les ravages causés par l'inscription de l'astrologie, répertoriée comme manifestation d'une maladie mentale, dans les prochaines éditions du DSM.
Claude Thebault éditeur d’astroemail.
[1] L’Académie des Sciences et l’Astrologie au prisme de ses Ephémérides.
Par Jacques Halbronn
[2] Le Prêcheur de Palestine qui marchait sur l’eau sans ski nautique
[3] Traité des Matières Criminelles pages 606 à 609 Quatrième Partie Décrets Edits du Roi
la page Colbert et l'astrologie, publiée sur ce site, en février 2013 a été supprimée. Afin de faire échec à la mystification d'un prétendu expert, un Costume Vide.
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05/14
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