mardi 27 février 2024

Georges vajda (1908- 1981) directeur de la thèse de 3e cycle de Jacques Halbronn, soutenue en 1979 La problématique astrologique chez les principaux penseurs juifs du Moyen age Espagnol

Georges Arié Yehouda Vajda, né à Budapest le 18 novembre 1908 et mort à Paris le 7 octobre 1981, est un historien médiéviste de la pensée juive et islamologue français. Orientaliste arabisant et hébraïsant, il s'est imposé dans l'entre deux guerres comme un spécialiste de la littérature rabbinique dans ses rapports étroits avec la théologie musulmane. Formé à la BNF au métier d'archiviste, il a au sein de l'IRHT et de l'EPHE redonné après guerre son renom international, qu'avait éclipsé l'épisode de Vichy, aux études paléographiques françaises de l'arabe et de l'hébreu médiéval. Biographie De l'Autriche à la France (1908-1931) Né sujet austrohongrois, György Vajda, Weisz en yiddish, fait sa scolarité au gymnase2. La maturité obtenue, il commence des études supérieures au Séminaire rabbinique de Budapest que dirige Ignaz Goldziher3. Il y est formé par le talmudiste Ludwig Blau (de) et par l'orientaliste francophone Bernát Heller (hu). Il suit également les cours du turcologue Gyula Németh à l'université de Budapest mais se heurte au numérus clausus3 imposé par le régime autoritaire et antisémite que l'amiral Horthy a commencé de mettre en place neuf ans plus tôt, à l'avènement de la Régence de Hongrie. Il a vingt ans et part poursuivre ses études à Paris4 Inscrit à la faculté de lettres, il étudie l'histoire juive au Séminaire israélite de France, auprès de Maurice Liber3. Il complète l'étude du grec et du latin, qu'il poursuit en Sorbonne, par celles du turc et du persan, à l'École nationale des langues orientales vivantes. Il suit à l’École pratique des hautes études le cours de civilisation musulmane que donne Maurice Gaudefroy-Demombynes2. Il obtient la nationalité française au bout de trois ans, en 1931. Orientaliste reconnu (1932-1939) À partir de 1932, c'est auprès de Louis Massignon3, successeur de Maurice Gaudefroy-Demombynes, que Georges Vajda continue sa formation à l’EPHE. Ses connaissances des langues classiques comme des langues orientales lui valent d'entrer en 1933 au comité de rédaction de la Revue des études juives3, qui deux ans plus tôt publiait son premier article5. En 1935, il est nommé maître de conférences à l'École pratique des hautes études2. En 1936, il est en outre nommé professeur d'études bibliques et de théologie juive dans le même Séminaire israélite de France, poste qu'il occupera jusqu'en 19604, avec interruption pendant l'Occupation. En 1937, il est appelé au nouvel Institut de recherche et d'histoire des textes par Félix Grat pour y fonder la section des langues orientales6. Le projet est soutenu par Jean Perrin, sous secrétaire du ministre de l'Éducation nationale Jean Zay et fondateur du Service central de la recherche scientifique, le futur CNRS. Georges Vajda y est chargé de cours. Sans cesser pour autant d'enseigner ni à l'EPHE ni au SIF, il travaille parallèlement comme archiviste à la Bibliothèque nationale de France. Savant caché (1940-1944) Le 1er novembre 1940, cinq mois et demi après la mort héroïque de Félix Grat, quatre mois et demi après la défaite et l'avènement de Pétain, la section orientale de l'IRHT devient la section arabe6. Le changement de titre est une façon de déjudaïser l'institut, du moins en apparence, et ainsi satisfaire le zèle antisémite de la tutelle, le secrétaire d'Etat à l'Instruction publique et à la Jeunesse Georges Ripert. Comme Georges Vajda tombe sous le coup du statut des Juifs, la direction de la section est officiellement attribuée à des « aryens », les professeurs Régis Blachère, Jean Sauvaget et Louis Massignon, son ancien professeur à l'EPHE qui est un proche du Réseau du musée de l'Homme6, moyennant quoi il peut officier pendant encore un an et demi. Le 7 juin 1942, le port de l'étoile jaune dans les lieux publics est rendu obligatoire en Zone nord pour les citoyens catégorisés « Juifs ». Dès ce mois de juin6, Georges Vajda se cache. Il échappe ainsi la rafle du Vel d'hiv et s'enfuit en Zone sud, à Chamalières2, ville d'eau qui jouxte Clermont-Ferrand. Vraisemblablement orienté par un contact de la Résistance juive, il se réfugie au Chambon-sur-Lignon, où une filière de caches a été mise en place sur ordre du pasteur André Trocmé. Il enseigne le latin et le grec à l'École nouvelle cévenole dès la rentrée 1942. À partir de novembre 1943, il donne des cours à l'« École des prophètes » que Georges Lévitte ouvre alors dans une aile de la ferme d'Istor, au lieu dit Chaumargeais7, pour les Éclaireurs israélites de France et les enfants cachés. Au début de l'année 1944, il y est rejoint par Jacob Gordin, qui lui aussi, mais dans une perspective messianique, deviendra un acteur du « renouveau du judaïsme français ». CNRS et EPHE (1945-1979) À la Libération, Georges Vajda retrouve ses postes à l'IRHT6 et à la BNF3. En 1945, il relance la Revue des études juives en en prenant la direction4. Avec ses homologues Marcel Richard (en), à la section hellénique, et Élisabeth Pellegrin, à la section latin médiéval, il réussit, contre l'avis du CNRS dont désormais ils dépendent et qui se méfie des chercheurs qui utilisent leur temps pour promouvoir leurs travaux à travers des livres, à faire de l'Institut de recherche et d'histoire des textes, sous l'étiquette du Centre national de la recherche scientifique, une maison d'édition et ainsi lui donner un renom international8. Il contribue de cette façon à l'émergence de ce qui deviendra CNRS Éditions. En 1954, il est nommé directeur d'études à la Ve section, sciences religieuses, de l'École pratique des hautes études. Il y est titulaire de la chaire des études rabbiniques3. Comme aucun successeur à la direction de la section arabe de l'IRHT n'est agréé, il continue de remplir cette fonction bénévolement8. Il assume, à la suite de Pierre-Maxime Schuhl puis Edmond-Maurice Lévy, la présidence de la Société des études juives avant de la céder à Israël Salvator Révah (de)9. En 1956, il recrute à la section arabe de l'IRHT son élève Colette Sirat8, une spécialiste de la paléographie hébraïque. Il redonne ainsi à la section son orientation vers les études hébraïques8. Celle ci retrouve alors officiellement, seize ans après l'infamie commise par le régime de Vichy, son nom de section orientale8. En 19704, il devient en outre professeur de littérature juive post-biblique à l'Université Paris III. En 1971, il recrute à l'IRHT son élève Gabrielle Sed-Rajna, qui y initie une section consacrée aux manuscrits enluminés10. Il prend sa retraite en 1979 mais ne quitte la direction de la REJ que l'année suivante3. Œuvre écrit Georges Vajda a publié quatre cent cinquante sept4 livres et articles, principalement dans la Revue des études juives, la Revue de l'histoire des religions, la Revue de philologie, la Revue des études latines, Scriptorium, Arabica, Le Moyen Age, auxquels s'ajoutent quelques mil deux cent4 comptes rendus de lecture. En privilégiant l'exhumation de textes et leur exégèse plutôt que les hypothèses, il a consacré la plupart de son activité à l'étude transversale du judaïsme médiéval dans ses liens avec l'islam : la philosophie juive, le karaïsme, la kabbale, le Kalâm et la Saadiana. Incontournables sont La théologie ascétique de Bahya ibn Paquda, coll. Cahiers de la Société asiatique, 1er série, vol. VII, Imprimerie nationale, Paris, 1947, 154 p. Introduction à la pensée juive du Moyen Âge, coll. Etudes de philosophie médiévale, vol. 35, Vrin, Paris 1947, 244 p. Répertoire des catalogues et manuscrits arabes, coll. IRHT, CNRS, Paris, 1949, 47 p. Index général des manuscrits arabes musulmans de la Bibliothèque Nationale, coll. IRHT, vol. IV, CNRS, Paris, 1953, 744 p. Juda ben Nissim ibn Malka (it), philosophe juif marocain., coll. Hespéris, no XV, Librairie Larose, Paris, 1954, 199 p. L'amour de Dieu dans la théologie juive du Moyen Age, coll. Études de philosophie médiévale, no 46, Vrin, Paris, 1957, 310 p. Isaac Albalag averroiste juif, traducteur et annotateur d’Al-Ghazâli [archive], coll. Études de philosophie médiévale, Vrin, Paris, 1960, 290 p. (ISBN 978-2-7116-0717-4). « Les lettres et les sons de la langue arabe d'après Abû Hâtim al-Râzî », in Arabica, vol. VIII, p. 113-180, Institut d'études islamiques de l'Université de Paris, Paris, 1961. Recherches sur la philosophie et la kabbale dans la pensée juive du Moyen Âge, Mouton & Co., La Haye, 1962, 442 p. Le Commentaire ď'Ezra de Gérone sur le "Cantique des Cantiques", coll. Pardès - Études et textes de mystique juive, Aubier Montaigne, Paris, 1970, 180 p. Deux recueils posthumes ont été publiés. G. E. Weil, Mélanges Georges Vajda. Etudes de pensée, de philosophie et de littérature juives et arabes. In memoriam., Gerstenberg (de), Hildesheim, 1982, 855 p. Coll. Massorah de la section biblique et massorétique de l'IRHT. Projet achevé par un des élèves. D. Gimaret, M. Hayoun & J. Jolivet, Études de théologie et de philosophie arabo-islamiques à l'époque classique, coll. Collected studies series, no 228, Variorum reprints (en), Londres, 1986, 318 p. (ISBN 0-86078-176-3) Fac-similés d'articles de Georges Vajda publiés en français de 1937 à 1976 avec un index. Rééd. préf. J. Jolivet & M. R. Hayoun, Sages et penseurs sépharades de Bagdad à Cordoue, coll. Patrimoines. Judaïsme., Cerf, Paris, 1989, 296 p. (ISBN 2-204-03111-9). Les mêmes articles enrichis d'un apparat critique. Notes et références « Séance du 25 février » [archive], in Comptes rendus des séances, 110ᵉ an., no 1, p. 109, Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1966. G. Nahon & Ch. Touati, « Georges Vajda (1908-1981) » [archive], in Annuaire, t. XC "1981", p. 31-35, Section des sciences religieuses de l'École pratique des hautes études, Paris, 1982. « Le maître d’une école française d’études juives » [archive], in Laurent Munnich, Akadem, Fonds social juif unifié, Paris, [s.d.] Ch. Touati & J. P. Rothschild, « Vajda, Georges » [archive], in Encyclopaedia Judaica, t. XX, p. 457-458, Macmillan Reference USA, Détroit, 2007, 2e éd. G. Vajda, « La version des Septantes dans la littérature musulmane », in REJ, Paris 1931. Louis Holtz, « Les premières années de l’Institut de recherche et d’histoire des textes » [archive], in dir. A. Kaspi, Les premiers laboratoires du CNRS, coll. La revue pour l’histoire du CNRS, p. 14, Comité pour l’histoire du CNRS, Paris, mai 2000, DOI 10.4000/histoire-cnrs.2742 (ISBN 978-2-271-05708-2). S. Szwarc, [« Les penseurs du Colloque des intellectuels juifs de langue française (1957-2007) à l’ombre de la Shoah. », in Des Philosophes face à la Shoah, p. 331, coll. Revue d’histoire de la Shoah, no 207, Mémorial de la Shoah, Paris, juin 2017 DOI 10.3917/rhsho.207.0329 (ISSN 2111-885X) (ISBN 9782916966168). Louis Holtz, « Les premières années de l’Institut de recherche et d’histoire des textes » [archive], in dir. A. Kaspi, Les premiers laboratoires du CNRS, coll. La revue pour l’histoire du CNRS, p. 18, Comité pour l’histoire du CNRS, Paris, mai 2000, DOI 10.4000/histoire-cnrs.2742 (ISBN 978-2-271-05708-2). G. Nahon, « Avant-propos » [archive], in Table et Index de la Revue des études juives. Tomes CI à CXXV (1937-1966)., p. 254, SEJ, Paris, 1973. Louis Holtz, « Les premières années de l’Institut de recherche et d’histoire des textes » [archive], in dir. A. Kaspi, Les premiers laboratoires du CNRS, coll. La revue pour l’histoire du CNRS, p. 25, Comité pour l’histoire du CNRS, Paris, mai 2000, DOI 10.4000/histoire-cnrs.2742 (ISBN 978-2-271-05708-2). Annexes Articles connexes Gershom Scholem Shlomo Pinès Alexander Altmann Bibliographie Dir. G. Nahon & Ch. Touati, Hommage à Georges Vajda. Études d'histoire et de pensée juives., Peeters, Louvain, 1980, 611 p., (ISBN 2-8017-0151-3). J. Sublet, « Bibliographie de Georges Vajda (1908-1981) », in Arabica, vol. XXIX, no 3, p. 315-329, Institut d'études islamiques de l'Université de Paris, Paris, 1982 (ISSN 0570-5398). A. Caquot, « Georges Vajda », in Journal Asiatique, vol. CCLXX, p. 225-228, Société asiatique, Paris, 1982 (ISSN 0021-762X). Alpey Yhwdah, préf. P. Fenton, Bibliographie de l'œuvre de Georges Vajda, coll. REJ, vol. 8, Société des études juives, Paris, 1991, 128 p. (extrait : [PDF] Parcours professionnel de Georges Vajda [archive], Akadem) « Georges Vajda », in J. Ch. Attias & E. Benbassa, Dictionnaire des mondes juifs, p. 585-586, Larousse, Paris, 2008. Documents Archives George Vajda, coll. Archives privées, no 28, Bibliothèque de l'Alliance israélite universelle, Paris, 8 août 2005, 36 boîtes et 1 caissette de 18 tapuscrits ou imprimés. Liens externes Ressources relatives à la recherche : IsidorePersée Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Brockhaus [archive]Deutsche Biographie [archive]Universalis [archive] Notices d'autorité : VIAFISNIBnF (données)IdRefLCCNGNDEspagneBelgiquePays-BasPologneIsraëlNUKATCatalogneVaticanNorvègeTchéquieGrèceWorldCat Conférences en hommage à Georges Vajda [archive], Akadem.org icône décorative Portail de l’historiographie icône décorative Portail de l’islam icône décorative Portail de la culture juive et du judaïsme Catégories : École pratique des hautes étudesProfesseur du Séminaire israélite de FranceProfesseur à l'école Maïmonide (Boulogne-Billancourt)Naissance en novembre 1908Naissance à BudapestNaissance dans le royaume de HongrieDécès en octobre 1981Décès à ParisDécès à 72 ans[+] La dernière modification de cette page a été faite le 8 décembre 2023 à 11:23. Droit d'auteur : les textes sont disponibles sous licence Creative Commons attribu

Jean Céard (1936) directeur de la thèse d'Etat de Jacques Halbronn, soutenue en 1999

Jean Céard, né en 1936, est un universitaire français spécialiste de la Renaissance. Directeur de la thèse d'Etat de Jacques Halbronn en 1999 Le texte prophétique en France; Formation et fortune Biographie Né en 19361, Jean Céard est attiré par les lettres classiques dès le lycée, à Chaumont, où il intègre une section de « Jeunes Budé », dont il est vice-président, pendant sa classe de première en 19522. Il passe avec succès, en 1957, le concours de l'École normale supérieure dans la section des lettres3 et y prépare une licence et une maîtrise de la Sorbonne en 1958 et 1959. Arrivé troisième au concours de l'agrégation des lettres en 1960, il effectue à la sortie de l'école son service militaire en Algérie, d'octobre 1961 à février 19634. À son retour, il devient professeur au lycée Pothier à Orléans5, puis assistant de littérature française à la faculté des lettres de Tours de 1966 à 1969, maitre-assistant à la faculté des lettres et des sciences humaines d'Orléans jusqu'en septembre 19714. Pendant cette période, il prépare un doctorat de troisième cycle à l'université de Paris, sur Ambroise Paré, qu'il soutient en 19706 et qui donne lieu à la publication, chez Droz en 1971, de son édition critique de l'ouvrage Des monstres et prodiges7,8. Il soutient en 1975, à l'université Paris-Sorbonne, sa thèse de doctorat d'État en lettres, préparée sous la direction de Verdun-Léon Saulnier, intitulée Monstres et prodiges au XVIe siècle : contribution à l'histoire de l'idée de nature à la Renaissance9, qui sera publiée en 1977 chez Droz sous le titre La Nature et les prodiges : l'insolite au XVIe siècle en France10. Maître de conférences fin 1975 à l'université Paris XII, il devient en 1976 professeur sans chaire, puis professeur de première classe dans la même université en octobre 1979 puis à l'université de Nanterre qu'il rejoint en 1993, où il est désormais professeur émérite4. Il est depuis le 7 décembre 2012 membre correspondant de l'Académie internationale d'histoire des sciences11. Jean Céard publié tout au long de sa carrière des éditions critiques de textes de la Renaissance, en contribuant notamment à l'édition, dans la Bibliothèque de la Pléiade, des œuvres de Ronsard12, et aux Œuvres complètes de Pontus de Tyard13 (Classiques Garnier). Pour le quadricentenaire de la mort d'Ambroise Paré, il publie une édition critique de Des animaux et de l'excellence de l'homme aux éditions InterUniversitaires14. Il édite aussi des œuvres de Pierre Boaistuau15, Guy Le Fèvre de La Boderie16 et Pierre de Lancre chez Droz. Il est lauréat en 2019 du Grand prix de la critique de l'Académie française pour l'ensemble de ses travaux critiques17. Il contribue en outre à des éditions destinées à un public plus large, au format de poche, des Essais de Montaigne18,19,20 et des romans de Rabelais21 au Livre de Poche. Son anthologie de poésie française de la Renaissance avec Louis-Georges Tin sort en 2005 aux éditions Gallimard22. Il publie aussi des traductions du latin, du livre V du Formicarius de Jean Nider aux éditions Jérôme Millon en 2005 et de Des causes cachées des choses de Jean Fernel aux éditions des Belles Lettres en 2021. Œuvres Essais La nature et les prodiges : l'insolite au XVIe siècle en France, Genève, Droz, coll. « Travaux d'humanisme et Renaissance », 1977 (ISBN 978-2600005029, BNF 34587020), 2e édition revue et augmentée chez le même éditeur en 1996. Aux origines de certains thèmes leibniziens, vol. 2 : Rébus de Picardie : les manuscrits f. fr. 5658 et 1600 de la Bibliothèque nationale, Paris, Maisonneuve et Larose, 1986 (ISBN 2-7068-0936-1, BNF 37700613) L'univers obscur du corps : représentation et gouvernement des corps à la Renaissance, Paris, Les Belles lettres, 2021 (ISBN 978-2-251-45168-8, BNF 46744481) Éditions critiques Ambroise Paré, Des monstres et prodiges : édition critique et commentée par Jean Céard, Genève, Droz, coll. « Travaux d'humanisme et Renaissance », 1971 (BNF 36206377) Pierre de Ronsard, Œuvres complètes. XI, Second livre des meslanges. 1559. Les Œuvres. 1560 : édition critique, avec introduction et commentaires par Paul Laumonier ; revue et augmentée par Jean Céard, Paris, STFM, 1992 (ISBN 2-86503-016-4, BNF 35492436) Pierre de Ronsard, Œuvres complètes. 1 : édition critique, établie, présentée et annotée par Jean Céard, Daniel Ménager et Michel Simonin, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 45), 1993 (ISBN 2-07-011279-9, BNF 35602665) Pierre de Ronsard, Œuvres complètes. 2 : édition critique, établie, présentée et annotée par Jean Céard, Daniel Ménager et Michel Simonin, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 46), 1994 (ISBN 2-07-011337-X, BNF 35724334) François Rabelais, Les cinq livres : édition critique de Jean Céard, Gérard Defaux et Michel Simonin, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche. La pochothèque. Classiques modernes », 1994 (ISBN 2-253-13223-3, BNF 35729753) François Rabelais, Le tiers livre : édition critique sur le texte publié en 1552 à Paris par Michel Fezandat, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche » (no 711), 1994 (ISBN 2-253-90711-1, BNF 35778653) Ambroise Paré, Des animaux et de l'excellence de l'homme : texte établi et annoté par Jean Céard, Mont-de-Marsan, Éditions InterUniversitaires, 2000 (ISBN 2-87817-009-1) Michel de Montaigne, Essais : édition réalisée par Denis Bjaï, Bénédicte Boudou, Jean Céard et Isabelle Pantin ; sous la direction de Jean Céard, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche. La pochothèque. Classiques modernes », 2001 (ISBN 2-253-13260-8, BNF 37643350) Jean Nider, Les sorciers et leurs tromperies : « La fourmilière », livre V : texte établi et traduit par Jean Céard ; annoté par Jean Céard ; avec la collaboration de Sophie Houdard, de Maxime Préaud et de Daniel Teysseire ; introduction par Sophie Houdard et Nicole Jacques-Lefèvre ; textes et travaux d'histoire de la sorcellerie sous la direction de Nicole Jacques-Lefèvre et de Maxime Préaud, Grenoble, J. Millon, coll. « Atopia », 2005 (ISBN 2-84137-183-2, BNF 40066686) Pierre Boaistuau, Histoires prodigieuses (édition de 1561) : Introduction par Stephen Bamforth ; texte établi par Stephen Bamforth et annoté par Jean Céard, Genève, Droz, 2010 (ISBN 978-2-600-01395-6, BNF 42284744) Pontus de Tyard, Le premier curieux ou Premier discours de la nature du monde et de ses parties : sous la direction d'Eva Kushner ; texte établi, introduit et annoté par Jean Céard, Paris, Classiques Garnier, coll. « Textes de la Renaissance », 2010 (ISBN 978-2-8124-0166-4, BNF 42337931) Pontus de Tyard, Mantice ou Discours de la vérité de divination par astrologie : sous la direction d'Eva Kushner ; texte établi, introduit et annoté par Jean Céard, Paris, Classiques Garnier, coll. « Textes de la Renaissance » (no 191), 2014 (ISBN 978-2-8124-2569-1, BNF 43799960) Guy Le Fèvre de La Boderie, Hymnes ecclésiastiques, 1578 : édition critique ; introduction par Jean Céard et Franco Giacone ; texte établi et annoté par Jean Céard ; appendices par Franco Giacone, Genève, Droz, coll. « Textes littéraires français », 2014 (ISBN 9782600017015, BNF 43894731) Ambroise Paré, Les Œuvres : Édition critique par Evelyne Berriot-Salvadore, Jean Céard et Guylaine Pineau ; sous la direction d'Evelyne Berriot-Salvadore, Paris, Classiques Garnier, coll. « Textes de la Renaissance » (no 220-223), 2014 (ISBN 978-2-406-09194-3, BNF 45835326) Paul Broca, L'empire des tropiques : 1855 : fiction médicale inédite présentée, éditée et annotée par Jacqueline Lalouette et Jean Céard, Grenoble, Jérôme Millon, 2020 (ISBN 978-2-84137-388-8, BNF 46690586) Jean Fernel, Des causes cachées des choses : édition critique et traduction par Jean Céard, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Les classiques de l'humanisme » (no 56), 2021 (ISBN 978-2-251-45170-1, BNF 46742975) Pierre de Lancre, Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons : édition de 1613 établie et annotée par Jean Céard, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 632), 2022 (ISBN 978-2-600-06337-1, BNF 47064403) Pontus de Tyard, La droite imposition des noms : édition critique par Eva Kushner, Jean-Claude Margolin, Sophie Kessler-Mesguichet et Colette Nativel ; traduction et édition critique par Jean Céard, Paris, Classiques Garnier, coll. « Textes de la Renaissance » (no 107), 2022 (ISBN 978-2-406-13008-6, BNF 47019231) Direction d'ouvrages collectifs Jean Céard (dir.), La folie et le corps, Paris, Presses de l'École normale supérieure, 1985 (ISBN 2-7288-0110-X, BNF 34864360) Jean Céard (dir.) et Jean-Claude Margolin (dir.), Rabelais et son demi-millénaire : actes du colloque international de Tours, 24-29 septembre 1984, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 225), 1988 (BNF 34948599) Jean Céard (dir.), Langage et vérité : études offertes à Jean-Claude Margolin, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 272), 1993 (BNF 35582400) Yvonne Bellenger (dir.), Jean Céard (dir.) et Marie-Claire Thomine-Bichard (dir.), La poésie de la Pléiade : héritages, influences, transmissions : mélanges offerts au professeur Isamu Takata par ses collègues et ses amis, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 1), 2009 (ISBN 978-2-8124-0044-5, BNF 42019138) Jean Céard (dir.), Marie-Luce Demonet (dir.) et Stéphan Geonget (coll.), Rabelais et la question du sens : Actes du colloque de Cerisy-La-Salle, « Rabelais : la question du sens », du 1er août au 11 août 2000, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 474), 2011 (ISBN 978-2-600-01415-1, BNF 42497107) Anthologie Jean Céard et Louis-Georges Tin, Anthologie de la poésie française du XVIe siècle, Paris, Gallimard, coll. « Poésie » (no 393), 2005 (ISBN 2-07-042560-6, BNF 39917139) Notes et références « Céard, Jean - Persée [archive] », sur Persée (consulté le 25 octobre 2022) « Les Jeunes de l'Association Guillaume Budé », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 1,‎ 1953, p. 39–57 (lire en ligne [archive], consulté le 25 octobre 2022) Jean-François Sirinelli, École normale supérieure : le livre du bicentenaire, Paris, Presses universitaires de France, 1994 (présentation en ligne [archive]), p. 265 Franco Giacone, « À la croisée des savoirs », dans Esculape et Dionysos, Paris, Droz, 2009 (ISBN 9782600011815), p. 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Louis Chatellier (1935-2016) , directeur du post doctorat de Jacques Halbronn, Soutenance novembre 2007

Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses Résumé des conférences et travaux Louis Châtellier (1935-2016) directeur du post doctorat de Jacques Halbronn 2007 Le DOminicain Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle 1 Sur Alphonse Dupront, voir ce qu’il écrit dans « Avant-propos », Prière et charité sous l’Ancien Ré (...) 2Nommé dans un lycée de Strasbourg, il fut chargé par V.-L. Tapié d’inventorier les monuments et objets d’art de l’Alsace pour une enquête sur le patrimoine diligentée par André Malraux. Ce Normand se plongea alors dans la documentation en allemand et s’initia à la société locale si particulière, à laquelle il s’attacha profondément. V.-L. Tapié, qui avait étudié le baroque à partir du cas tchèque, l’orientait en même temps vers l’histoire de l’Europe centrale et du Saint Empire, auxquels l’Alsace du xviie siècle se rattachait encore du point de vue linguistique, politique, religieux et culturel. Son travail d’inventaire sur les pratiques de la « religion populaire », comme on disait alors, ne pouvait que le conduire à la fréquentation d’Alphonse Dupront, et l’associer à la grande enquête sur les pèlerinages de ce dernier1. 2 Paris 1988, 530 p. 3Sa thèse d’État, soutenue à Strasbourg en 1979, sous la direction de Georges Livet, intitulée Tradition chrétienne et renouveau catholique dans le cadre de l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770)2, porte sur une région marquée par la division entre catholiques et protestants à une époque où la France en prenait possession, faisant du Rhin une frontière politique et culturelle, alors que le diocèse s’étendait sur les deux rives du fleuve. Cet ouvrage contribua à l’important renouvellement que connaissait alors l’histoire de l’Alsace. Mais Louis Châtellier, pas plus que d’autres artisans de ce renouvellement, comme Dominique Lerch et Alfred Wahl, ne devint prophète dans son pays. Avec un regret lancinant pour sa province d’adoption, il trouva sa place à l’université de Nancy, où il succéda naturellement à un pionnier de l’histoire du catholicisme moderne, René Taveneaux. Il y exerça jusqu’à sa retraite en 2003. Élu membre de l’Institut Universitaire de France en 1994, il devint directeur d’études cumulant à la cinquième section de l’EPHE en 1998, sur une chaire intitulée « Histoire du catholicisme moderne ». 3 Voir M. Vénard, D. Julia (dir.), Répertoire des visites pastorales de la France. Première série : a (...) 4 Pour une synthèse historiographique sur les confréries, voir B. Dompnier, P. Vismara, « De nouvelle (...) 5 Ouvrage tiré de la thèse : Contre-Réforme et réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîm (...) 6 Ouvrage tiré de cette thèse : Réforme protestante, Réforme catholique dans la province d’Avignon au (...) 4Dans l’ouvrage issu de sa thèse, une première partie campe le paysage, la démographie et les institutions dans un territoire complexe. La seconde, consacrée à la « vie chrétienne » se montre résolument anthropologique. Enfin sont retracées les étapes d’une mainmise politique et religieuse pilotée à partir de Versailles pour donner au diocèse de Strasbourg « le caractère d’un diocèse français » et y former le clergé sur le modèle « de l’intérieur ». L’ouvrage montre le goût de l’auteur pour la cartographie et l’analyse quantitative appliquée aux faits religieux, qu’on retrouve dans ses ouvrages suivants. Il s’inscrit dans « l’histoire des mentalités » telle qu’elle s’épanouit dans ces années, dans le sens d’une analyse anthropologique des systèmes de croyance et des représentations, fortement ancrée dans le contexte social et institutionnel. Il contribue aux chantiers d’histoire religieuse qui renouvellent alors considérablement l’histoire ecclésiastique, à travers l’étude d’objets comme les visites pastorales3, les confréries4, les pèlerinages, les miracles… Sa thèse est d’ailleurs contemporaine de celle de Robert Sauzet (1976)5 et de celle de Marc Vénard (1977)6. 7 W. Reinhard, « Was ist katholische Konfessionalisierung ? », dans W. Reinhard, H. Schilling (dir.) (...) 5Après avoir relevé les ambiguïtés de la frontière confessionnelle, qu’il était bien difficile de tracer au xviie siècle, Châtellier note que la prise de conscience de la différence entre catholiques et protestants n’intervient qu’au Siècle des Lumières, qui est celui de l’éloignement croissant entre les deux communautés chrétiennes. Son travail aurait pu alimenter le concept de « confessionnalisation catholique », que Wolfgang Reinhard promouvait dans les années 1980 pour l’histoire de l’Allemagne, mais la discussion sur cette notion ne s’était alors pas encore acclimatée en France7. 8 Paris 1987, 315 p. Ouvrage traduit et publié en anglais et en italien. 6À propos de l’art religieux, il fait le constat d’une « grande communauté baroque, de Vienne à Saverne ». Dans les ouvrages suivants, c’est davantage encore qu’il portera son regard sur une Europe catholique allant de la Pologne à l’Espagne, de la Flandre à l’Italie. Cette dimension européenne de l’œuvre de Louis Châtellier est, dans le contexte hexagonal, une de ses grandes originalités. Son grand livre, L’Europe des dévots, paru en 19878, mène l’enquête sur un espace qu’on a pu nommer la « dorsale catholique » de l’Europe, un axe allant d’Anvers à Naples, en passant par Cologne, Ingolstadt, Fribourg (Suisse). Dans cet espace, le réseau des congrégations jésuites mis en place à partir de la fin du xvie a contribué sur le temps long à la construction d’un habitus catholique spécifique, mêlant paradoxalement l’obéissance à l’ordre établi et le respect des divisions sociales d’une part, à l’initiative individuelle et à l’engagement pour la justice d’autre part. Cette synthèse entre un catholicisme militant et la société aurait posé les jalons d’un christianisme social, incarné jusqu’à nos jours dans les pays concernés par la démocratie chrétienne et le syndicalisme chrétien. Si cette thèse peut être contestée, elle n’en débouche pas moins sur un fécond horizon de débats et de recherches. 9 Paris 1993, 351 p. Ouvrage traduit et publié en anglais, italien, espagnol et portugais. 10 Voir « Les frontières de la mission », MEFRIM 109 (1997), II, p. 485-782. Contribution de Louis Châ (...) 7La religion des pauvres. Les sources du christianisme moderne XVIe–XIXe siècles, paru en 19939, poursuit la même enquête, élargie cette fois à l’Espagne et à la Pologne, et centrée sur un autre outil de cette acculturation catholique, les missions intérieures, à un moment où l’historiographie prenait conscience du lien entre l’apostolat lointain et les « Indes d’ici », et lançait des séries d’enquêtes sur celles-ci10. Par rapport à l’ouvrage précédent, celui-ci se concentre sur l’éducation des pauvres, par laquelle les campagnes-repoussoir, considérées comme siège de l’ignorance et de l’impiété au xviie siècle, se transforment en refuges de la piété et de la religion au xixe siècle. Châtellier veut en même temps démontrer que le modèle post-tridentin des missionnaires a dû s’accommoder d’une forme d’imperméabilité des campagnes, et que le christianisme qui est sorti de ce contact est le résultat de cette acculturation à l’envers, évêques et religieux « réformateurs » devant finalement accepter le culte des saints thérapeutes ou intercesseurs et le dogme de l’Immaculée Conception envers lesquels ils s’étaient montrés réticents. 11 Paris 2003, 267 p. 8À partir de 1999, les séminaires de Louis Châtellier à l’EPHE se concentrent sur les rapports entre foi, incroyance et science, qui feront l’objet du troisième ouvrage de sa trilogie, Les espaces infinis et le silence de Dieu, Science et religion, xvie-xixe siècles11. Il s’agissait d’explorer, notamment au travers d’un certain nombre de figures individuelles, pour lesquelles Châtellier avait une prédilection, comme Mersenne, Leibnitz, Buffon ou Ampère, la nature de la foi des savants confrontés aux révolutions scientifiques de leur époque. Cette enquête venait compléter ou corroborer les conclusions des ouvrages précédents sur l’évolution de la religion au siècle des Lumières. La science progressivement s’est émancipée de la religion, pour construire son propre régime de vérité. Mais la thèse de Châtellier est que la religion s’est transformée également, entre le début du xviie siècle et le début du xixe. La Bible comptait de moins en moins comme source de savoir et de vérité. Dieu s’éloignait de l’univers. Dans le même temps toutefois le Christ se faisait plus proche de l’homme que jamais, y compris du savant. 12 Citons P. Martin, Pèlerins de Lorraine, Metz 1997, 287 p., et Les chemins du sacré, Metz 1995, 358 (...) 13 B. Heyberger, Les chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique (Syrie, Liban, Pales (...) 9Louis Châtellier a dirigé des thèses de doctorat, et a fait école à travers un certain nombre de disciples qui ont occupé par la suite des postes d’enseignants-chercheurs12. Le plus étonnant a priori est qu’il ait dirigé celle de l’auteur de cette notice13. J’ai fait sa connaissance dès ma première année d’université à Strasbourg. Il m’intimidait et me fascinait en même temps, quand il venait à chaque séance de travaux dirigés en portant sous le bras la pile d’ouvrages concernant le sujet à l’ordre du jour. Mais il a été aussi un des rares enseignants que j’ai osé aborder pour des conversations particulières. C’est par lui que j’ai découvert Montaillou, village occitan d’Emmanuel Leroy-Ladurie et La peur en Occident de Jean Delumeau, qui allaient déterminer le chemin que j’allais prendre par la suite. En préparant l’agrégation, j’ai retrouvé avec plaisir ses cours magistraux riches et bien structurés, par lesquels j’ai commencé à m’initier plus précisément à l’histoire religieuse de l’Ancien Régime. Nous avons noué alors des relations plus personnelles, où nous communions dans notre attachement à l’Alsace. Mais je me sentais attiré par les horizons levantins, pour lesquels il ne se reconnaissait aucune appétence ni compétence particulières, tout en m’encourageant à persévérer dans l’apprentissage de l’arabe. Il a avoué bien plus tard qu’il ne croyait pas à mon projet. Il lui a néanmoins donné l’impulsion décisive lorsqu’il m’a envoyé à Rome avec une bourse de l’École française de Rome et une liste d’archives jésuites à consulter. J’allais retrouver dans les fonds romains concernant les chrétiens de l’empire ottoman, puis dans ceux qui étaient conservés à Alep, les mêmes objets que ceux qu’il avait étudiés : des « courses apostoliques » des missionnaires dans les montagnes, des congrégations mariales jésuites, des manuels de dévotion très diffusés, comme ceux du jésuite Paolo Segneri, traduits en arabe. J’allais me poser à sa suite la question de la construction d’un habitus catholique et d’une différenciation confessionnelle au cours du xviiie siècle, mais cette fois dans les villes et les campagnes de Syrie. Haut de page Notes 1 Pour une bio-bibliographie complète de Louis Châtellier, voir sa notice sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Châtellier (consultée le 15 février 2017). 1 Sur Alphonse Dupront, voir ce qu’il écrit dans « Avant-propos », Prière et charité sous l’Ancien Régime = Histoire, Économie et Société 10/3 (1991), p. 281-282. Voir aussi sa contribution « Pèlerins des temps modernes », dans A. Dupront (dir.), Saint-Jacques de Compostelle. Puissances du pèlerinage, Turnhout 1985, p. 96-111. 2 Paris 1988, 530 p. 3 Voir M. Vénard, D. Julia (dir.), Répertoire des visites pastorales de la France. Première série : anciens diocèses (jusqu’en 1790), Paris 1977-1985, 4 vol. 4 Pour une synthèse historiographique sur les confréries, voir B. Dompnier, P. Vismara, « De nouvelles approches pour l’histoire des confréries », dans B. Dompnier, P. Vismara (dir.), Confréries et dévotions dans la catholicité moderne (mi XVe-début XIXe siècle), Rome 2008, p. 405-423. Contribution de L. Châtellier dans ce volume : « De la mutation des confréries au XVIIIe siècle. L’exemple rhénan », p. 193-200. 5 Ouvrage tiré de la thèse : Contre-Réforme et réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîmes au XVIIe siècle, Paris-Louvain 1979. 6 Ouvrage tiré de cette thèse : Réforme protestante, Réforme catholique dans la province d’Avignon au XVIe siècle, Paris 1993. 7 W. Reinhard, « Was ist katholische Konfessionalisierung ? », dans W. Reinhard, H. Schilling (dir.), Die katholische Konfessionalisierung, Gütersloh 1995 (Schriften des Vereins für Reformationsgeschichte 198), p. 419-452. 8 Paris 1987, 315 p. Ouvrage traduit et publié en anglais et en italien. 9 Paris 1993, 351 p. Ouvrage traduit et publié en anglais, italien, espagnol et portugais. 10 Voir « Les frontières de la mission », MEFRIM 109 (1997), II, p. 485-782. Contribution de Louis Châtellier : « La mission au XVIIIe siècle, aux frontières de l’esprit tridentin et de l’idéal des Lumières », p. 757-766. 11 Paris 2003, 267 p. 12 Citons P. Martin, Pèlerins de Lorraine, Metz 1997, 287 p., et Les chemins du sacré, Metz 1995, 358 p. ; C. Martin, Les compagnies de la Propagation de la foi, Genève 2000 ; S. Simiz, Confréries urbaines et dévotion en Champagne (1450-1830), Villeneuve-d’Ascq 2002, 402 p. ; L. Orešković, Le diocèse de Senj-Modruš en Croatie habsbourgeoise de la Contre-Réforme aux Lumières (1650-1770), Tournai 2008, 575 p. 13 B. Heyberger, Les chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique (Syrie, Liban, Palestine, XVIIe–XVIIIe siècle), Rome 1994, 665 p. (rééd. 2014). Haut de page Table des illustrations

jacques halbronn L'astrikifue et la conscience du manque, de l'absence

Jacques Halbronn L’astrologie et la conscience du manque, de l’absence. On ne peut que constater que l’honnête homme, de nos jours, se sent bien plus à l’aise face au découpage géographique que face à un balisage périodique. La culture géographique est bien plus répandue, assurée et partagée que la culture historique réduite à la portion congrue.. L’on entendra disserter sur les spécificités locales, à la façon dont un Blaise Pascal qui signalait les changements de moeurs d’un côté et de l’autre des Pyrénées. Or,l’astrologie, bien comprise, nous enseigne que tout se joue en haut, dans le ciel, du moins dans les grandes lignes – l’enchainement des cycles de 7 ans – et que les différences en aval se révélent bien aléatoires. Il est facheux d’entendre tant d’astrologues ergoter sur l’idée de généralités impliquant des manifestations strictement identiques du déterminisme céleste, ce qui leur permet de légitimer le recours au thème natal. Mais même Michel Gauquelin, dans ses travaux statistiques, s’en est tenu à une typologie réduite à quelques catégories planétaires, ce qui ne vient aucunement valider une focalisation individuelle. On dira que la géographie est une affaire qui se joue en bas et que l’Histoire, quant à elle, se joue en haut. Or, en écoutant les commentateurs politiques, l’on a le sentiment qu’ils ne disposent d’aucun modéle cyclique en dehors de celui dicté par les calendriers électoraux propres à chaque pays. En ce sens, nous dirons que la Tour de Babel est l’expression du Temps et sa destruction, la représentation de l’Espace, avec la multiplicité des langues locales. Et de fait, comme il est écrit dans le Livre de la Genése, les hommes seraient trop puissants s’ils accédaient à la connaissance du Temps. Genése XI ה וַיֵּרֶד יְהוָה, לִרְאֹת אֶת-הָעִיר וְאֶת-הַמִּגְדָּל, אֲשֶׁר בָּנוּ, בְּנֵי הָאָדָם. 5 Le Seigneur descendit sur la terre, pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam ו וַיֹּאמֶר יְהוָה, הֵן עַם אֶחָד וְשָׂפָה אַחַת לְכֻלָּם, וְזֶה, הַחִלָּם לַעֲשׂוֹת; וְעַתָּה לֹא-יִבָּצֵר מֵהֶם, כֹּל אֲשֶׁר יָזְמוּ לַעֲשׂוֹת. 6 et il dit: « Voici un peuple uni, tous ayant une même langue. C’est ainsi qu’ils ont pu commencer leur entreprise et dès lors tout ce qu’ils ont projeté leur réussirait également. JHB 27 02 24

2024 est une année bissextile : quatre choses à savoir sur le 29 février (2024)

Trouvé sur Internet 2024 est une année bissextile : quatre choses à savoir sur le 29 février Jeudi sera le 29 février. Un jour insolite du calendrier qui n’existe que tous les quatre ans... enfin presque. Voici quatre choses à savoir sur ce jour supplémentaire des années bissextiles. Multiple de 4, mais non de 100 L’Egypte ancienne tenta de mieux faire coïncider son calendrier avec le cycle naturel des saisons. Mais c’est à Jules César qu’on doit l’introduction des années bissextiles, avec «la réforme du calendrier romain (...) en l’an 708» (l’introduction du calendrier julien en 45 avant JC), explique l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE), rattaché à l’Observatoire de Paris. Dans les années de 366 jours, le jour supplémentaire était alors un double du 24 Februarus, soit «le sixième jour bis avant les Calendes de mars», d’où le mot français de bissextile, quand la langue anglaise opte pour le plus imagé «leap day» (jour qui fait un bond). Gamme Nissan Juke Découvrez la gamme Nissan Juke dès 189€/mois, apport de 3 500 € Sponsorisé par Gamme Nissan Juke Voir Plus Avec le passage au calendrier grégorien en 1582, «le jour supplémentaire est ajouté à la fin du mois de février, le 29e jour», poursuit l’IMCCE. La Terre ne mettant pas exactement 365 jours et 6 heures pour tourner autour du Soleil, mais 365 jours 5 heures, 48 minutes et quelques secondes, toutes les années multiples de quatre ne sont pas bissextiles. Les années également multiples de 100 ne le sont pas. Ainsi, 1900 et 2100 n’ont pas de 29 février. Vieillir quatre fois moins vite C’est ce que vantait la magnétique actrice française Michèle Morgan, décédée à 96 ans. «Ce privilège de vieillir quatre fois moins vite que les autres est le premier de la longue série de coups de chance que j’ai eus tout au long de mon existence», se réjouissait celle qui partage ce jour de naissance peu commun avec le compositeur italien Rossini, l’acteur français Gérard Darmon, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le rappeur américain Ja Rule ou l’humoriste canadien Sugar Sammy. Avec une chance sur 1 506 de voir le jour un 29 février, seuls quelques millions de personnes dans le monde ont cette date de naissance originale. Précisément, 27 832 en France depuis 1968, selon les données de l’Insee. À la frontière avec le Mexique, les natifs du 29 février auront encore droit à un festival dédié dans la petite ville texane d’Anthony, autoproclamée capitale mondiale des années bissextiles depuis 1988. «Veux-tu m’épouser ?» En Irlande, le gouvernement avait versé en 2004 une prime de 100 euros pour les enfants nés ce jour supplémentaire pour marquer le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille, déclarée en 1994 par les Nations Unies. Les Irlandais continuent par ailleurs d’avoir en tête une vieille tradition, qui remonterait au Ve siècle, faisant du 29 février le «Bachelor’s Day» ou «Ladies Privilege»: jour où les femmes pourraient demander les hommes en mariage. Un refus se payait d’un cadeau, selon certains, ou d’une amende, selon d’autres. En 2010, cela a inspiré Donne-moi ta main (Leap Year), une comédie romantique avec Amy Adams ... désignée «pire film de l’année» par Time Magazine. Bug de l’an 2000 A l’approche du nouveau millénaire, toutes les inquiétudes se focalisaient sur une éventuelle grande panne informatique le 1er janvier. C’est finalement le 29 février 2000 qui a causé des frayeurs. Les ordinateurs de la police ont été temporairement bloqués en Bulgarie, les services météo japonais, le système d’archivage de messages des garde-côtes américains ou le service des taxes municipales de Montréal aussi. Le système informatique des horodateurs de Paris a dû être corrigé machine par machine, car il ne prévoyait pas de 29 février 2000. En effet, 2000 aurait pu ne pas être une année bissextile, puisque les années multiples de 100 ne le sont pas... Sauf si elles sont aussi multiples de 400, comme 2000 (ou 1600 ou 2400). Vous suivez ?

jacques halbronn Revaloriser le chef et la chefferie au lieu de le...

jacques halbronn Sociolinguistique du français Remplacer le suffixe anglais "ship" par "rie, Chefferie au lieu de leadership

Jacques halbronn Sociolinguistique du français Remplacer le suffixe anglais "ship" par "rie" Chefferie au lieu de leadership. Nous proposons d'abandonner le terme barbare si usité de nos jours de "leadership" par celui de "chefferie", existant mais utilisé de façon restreinte, notamment par les ethnologues. Sur Internet CHEFFERIE, subst. fém. Circonscription territoriale placée sous les ordres d'un officier du génie ou d'un inspecteur des eaux et forêts. Cela rejoindrait toute une série de mots français se terminant en "rie" comme artillerie, infanterie, boulangerie, boucherie, patisserie, loteri, trompertie, ingéniérie; librairie, machinerie, herboristerie, loterie, tuerie, mairie, crémerie, féérie et tant d'autres. L'anglais a d'ailleurs intégré le "rie" avec "factory" (au pluriel factories), bakery, butchery,"fairy" (de faerie) . L'allemand a la finale "rei" qui dérive du "rie" comme Bücherei, Konditorei. JHB 27 02 24