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mercredi 14 septembre 2022
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jacques Halbronn L'instrumentalisation des discours alimente les conflictualités. De l'antitalmudisme à l'antiastrologisme
Jacques Halbronn L’instrumentalisation des discours alimente les conflictualités. De l’antitalmudisme à l’anti-astrologisme
. Nous avons déjà montré que l »étude du Talmud au XIXe siècle avait pu inspirer la rédaction des faux Protocoles des Sages de Sion. La lecture de l’ouvrage d’Arnaud Esquerre ( Prédire. L’astrologie au XXIe siècle en France, 2013) nous semble marquée par une instrumentalisation des propos de croyants, de pratiquants et de praticiens de l’astrologie aux fins de dresser un portrait à charge de celle-ci avec ce titre bien ambitieux « L’astrologie etc » comme si la sociologie pouvait se substituer à la philosophie en accédant aux principes d’un savoir. On atteint bien là un certain seuil d’incompétence chez les sociologues! La quatriéme de couverture est assez explicite et nou semble assez décalée par rapport à son titre : « L’enquête menée propose de conduire le lecteure au coeur de la consultation astrologique ». Mais l’on nous y promet une investigation historique, par dessus le marché Citons: : » Les horoscopes sont-ils rédigés de la meme manière depuis la Renaissance voire depuis l’Antiquité? » Joli programme, en effet? On nous répondra que l’auteur affiche ses limites » L’astrologie au XXIe siècle en France ».
Mais qu’est-ce à dire? L’auteur prétend-il nous dire ce qu’est l’Astrologie, au singulier, pour le XXIe siècle sur la base des propos recueillis chez ceux qui s’y adonnent, s’y addictent? L’astrologie n’est-elle pas une chose trop sérieuse pour s’en remettre à cette population de curieux et d’amateurs (dans tous les sens du terme) et disons de consommateurs, qui en importent? Autrement dit, il nous apparait que l’on a surtout affaire ici à un produit d’exportation à destination de « touristes » et à une vision de l’astrologie propre à des profanes qui viennent « consulter », puisque pour Esquerre, c’est bien là le maître mot.
Certes, on ne saurait contester que ceux qui s’occupent d’astrologie ne sont pas confrontés à cette « demande » du marché et rares sont ceux qui, comme nous, ont pu échapper tout au long de leur carrière, à y trouver quelque gagne pain, comme l’avouait Kepler. Même André Barbault aura donné des consultations en cabinet. Mais qui est dupe? Est ce que la validité de l’astrologie dépendrait du bon vouloir du client, lui seul en possession de quelque « vérité »? Ainsi, Esquerre fait-il parler, causer, témoigner ces gens gravitant autour de l’astrologie et qui, n’est ce pas, seraient les mieux placées pour nous dire ce qu’il en est.
Il nous signale qu’il existe plusieurs écoles, plusieurs courants en Astrologie mais il semble ignorer que le bagage de tout astrologue est marqué par un certain syncrétisme et qu’il serait bien naif de croire que ces courants offrent par eux même une véritable cohérence interne, comme le voudrait une certaine idée du structuralisme.. Comme on l’a dit plus haut à propos de ceux qui sont aller fouiller dans les traités du Talmud pour justifier leur antijudaisme, on peut penser que bien des tenants de l’astrologie sont dans la provocation sans souci du qu’en dira-t-on, ce qui est probablement plus marqué chez la gent féminine (au sens large). Comme Esquerre le reconnait, dans sa conclusion, l’astrologie est utilisée pour brouiller les pistes : on préfére relever de son thème que de son sexe ou de sa race.
JHB 14 09 22
Protocoles des Sages de Sion II
Protocoles des Sages de Sion
Les Protocoles des Sages de Sion
Couverture d'une édition russe de 1912, édité par Serge Nilus
Couverture d'une édition russe de 1912, édité par Serge Nilus
Auteur Matveï Golovinski
Genre Propagande, forgerie, imposture
Version originale
Titre original Протоколы сионских мудрецов ou Сионские протоколы
Langue originale russe
Pays d'origine Flag of Russia.svg Empire russe
Date de parution originale 1901
Version française
Les Protocoles des Sages de Sion [1] (en russe : Протоколы сионских мудрецов ou Сионские протоколы) sont un faux qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons. Ce violent pamphlet fut fabriqué à la demande de l'Okhrana (la police secrète tsariste) et destiné à Nicolas II de Russie. Pourtant, l'empereur refusa d'en faire un instrument de propagande, ayant rapidement découvert la supercherie et estimant que ce texte décrédibiliserait son combat[2].
Ce document fut rédigé en russe à Paris en 1901[3] par un faussaire russe et informateur de la police politique tsariste, Mathieu Golovinski[4]. Celui-ci s'est inspiré du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, un pamphlet satirique décrivant un plan fictif de conquête du monde par Napoléon III. Son texte voulait faire croire qu'il existait un programme mis au point par un conseil de sages juifs afin d'anéantir la chrétienté et de dominer le monde. Mais l'auteur et ses commanditaires avaient des intentions plus directes et plus politiques : convaincre le tsar et son gouvernement des méfaits qui découleraient selon eux d'une trop grande ouverture à l'égard des Juifs de l'Empire, réputés comme les chantres inconditionnels de la vie moderne, et intéressés au premier chef par un changement libéral de régime[5] depuis que leur statut avait été dégradé par les gouvernements réactionnaires comme celui d'Alexandre III[6].
Le livre se compose de supposés comptes-rendus d'une vingtaine de réunions secrètes exposant un plan secret de domination du monde. Ce plan imaginaire utiliserait violences, ruses, guerres, révolutions et s'appuierait sur la modernisation industrielle et le capitalisme pour installer un pouvoir juif.
Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf[7] pour faire croire au « complot juif » et en fit une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich[8]. Aujourd'hui, ce livre est devenu tout à la fois une figure emblématique de l'antisémitisme et de la falsification.
Sommaire
1 Introduction
2 Un faux
3 Histoire
3.1 Origines littéraires
4 Utilisations
4.1 Antisémitisme nazi
4.2 Antisionisme et antisémitisme arabes
4.3 Usages et références actuels
5 Interdictions
6 Dans la littérature
7 Notes et références
7.1 Notes
7.2 Références
8 Les « Protocoles » commentés
9 Bibliographie
10 Voir aussi
10.1 Articles connexes
10.2 Liens externes
Introduction
Les Protocoles des Sages de Sion, parfois surtitrés Programme juif de conquête du monde, sont parus en deux temps et deux versions proches, toutes deux éditées en Russie, d'abord partiellement en 1903 dans le journal Znamia (Знамя), puis, dans une version complète, en 1905 et 1906 par le moine mystique itinérant Serge Nilus. Mais dès 1902, ils avaient fait l'objet d'un article paru en avril dans Novoyé Vriemia[9]). En fait, il est probable qu'ils circulèrent d'abord sous forme manuscrite ou sous la forme d'une impression très artisanale. Durant les quinze années suivantes, les Protocoles circulent dans les cercles restreints de la police secrète et des antisémites russes. Ils sont traduits en allemand dès 1909 et lus en séance au Parlement de Vienne[10]. Avec la Révolution d'Octobre en 1917, et la fuite en masse de Russes antirévolutionnaires vers l'Europe de l'ouest, l'aire d'influence des Protocoles s'élargit[11]. Ils ne deviennent cependant célèbres à l'échelle internationale qu'en 1920 lorsqu'ils paraissent en Allemagne (janvier) puis sont traduits en anglais (février) et en français[12].
Dès leur apparition sur la scène publique, leur authenticité a fait l'objet de questionnements. Dans son édition du 8 mai 1920, The Times de Londres évoque ce « singulier petit livre » dans un éditorial titré « Le Péril juif, un pamphlet dérangeant. Demande d'enquête » ; l'article, malgré le titre dubitatif, tend à démontrer le caractère authentique du pamphlet[13], en particulier en insistant sur sa nature de prophétie réalisée. L'article du Times sort au moment où les Russes Blancs (contre-révolutionnaires) étaient en train de perdre la guerre civile qui avait débuté en 1918, et où le premier ministre britannique, Lloyd George, envisageait de négocier avec les bolchéviques ; il s'agissait alors pour les durs du parti conservateur de discréditer les nouveaux maîtres du Kremlin en agitant l'épouvantail d'une « Pax Hebraica », et le Times se prêta à la manœuvre[14]. Un an plus tard, le 17 août 1921, le Times revient sur son erreur et publie la preuve du faux sous le titre La fin des Protocoles — mais sans convaincre grand monde puisque les thèmes développés dans les Protocoles seront repris au cours des années suivantes dans de nombreux ouvrages (pseudo-scientifiques, polémistes, ou de fiction) antisémites publiés à travers l'Europe[15].
Un faux
Article dans The Times du 16 août 1921 expliquant au public britannique que les Protocoles sont un faux.
L'examen attentif a mis en évidence le caractère fictif de ce texte : les Protocoles ne sont en fait qu'un mauvais plagiat du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, publié à Bruxelles en 1864 par Maurice Joly, qui y dénonce un complot bonapartiste. La supercherie devient évidente par simple comparaison ligne à ligne des deux textes. Ce que fit Pierre Charles dans son étude critique et comparative[16].
La vérité sur son auteur n'a, quant à elle, été découverte qu'à la fin du XXe siècle par un historien en littérature russe : Mikhail Lépekhine grâce à l'ouverture des archives soviétiques à partir de 1992. Le faussaire est en effet devenu compagnon de route des Soviétiques qui détenaient les documents. Cependant, Henri Rollin, un membre du deuxième bureau français, a écrit et publié en 1939 un ouvrage intitulé L'Apocalypse de notre temps (réédité aux Éditions Allia en 2005) qui montre le processus de création puis d'utilisation de ce texte par les courants d'abord pro-tsaristes, puis fasciste et nazi. La découverte de 1992 ne vient donc que corroborer ces affirmations.
En Suisse, pendant le procès de Berne entre 1933 et 1935, la fausseté des Protocoles a été retenue par le juge d'instruction.
La structure du texte falsifié découverte, puis le faussaire et les causes de la falsification identifiées, il ne subsiste plus aujourd'hui aucun doute sur la nature de ce document. Pourtant, certains partis ou groupes antisémites, voire certains régimes continuent de citer les Protocoles des Sages de Sion comme preuve irréfutable d'un complot juif international. Les historiens universitaires sont cependant unanimes sur cette falsification grossière, aux conséquences paradoxalement considérables.
Histoire
Mathieu Golovinski connaît bien les techniques de la propagande, ayant travaillé dans les années 1890 pour le Département de la presse à Saint-Pétersbourg dirigé par Michel Soloviev, un antisémite qui fait de Golovinski son protégé.
Exilé à Paris, il travaille au Figaro avec Charles Joly, le fils de Maurice Joly, et il exerce ses talents auprès de Pierre Ratchkovski pour la police politique russe (l'Okhrana) en France. La politique de discrimination à l'égard des juifs par le régime de Nicolas II y suscite des critiques. Des antisémites russes en exil veulent conforter l'empereur dans sa politique, voire l'inciter à la durcir.
En 1897, un cambriolage exécuté par l'Okhrana dans la villa suisse de l'opposant russe Élie de Cyon permet la saisie d'un grand nombre de papiers, dont un pamphlet politique contre le comte de Witte, rédigé par de Cyon à l'aide des Dialogues de Joly. Il s'agit de la source d'inspiration des Protocoles[17].
Ainsi, Ratchkovski commande les Protocoles, destiné à l'origine au tsar seulement. Le texte, « authentifié » par le ministère de l'Intérieur malgré la réticence du plus proche conseiller du tsar, le comte de Witte[18], se veut une preuve décisive d'un plan juif de domination du monde reposant sur la modernisation industrielle et financière.
L'antisémitisme du propos va de pair avec l'antimaçonnisme. Pierre-André Taguieff indique que le titre en russe d'une des deux premières éditions en 1905 était « Extraits des protocoles anciens et modernes des Sages de Sion de la société mondiale des francs-maçons[19] » et qu'il s'agissait de promouvoir l'image de « Sages de Sion, figures fictives du mythe anti-judéo-maçonnique[20] » . L'auteur des Protocoles fait en effet dire aux juifs : « La Loge maçonnique joue, inconsciemment, dans le monde entier, le rôle d'un masque qui cache notre but. »
Origines littéraires
Le Protocole des Sages de Sion et de façon plus générale le mythe du complot juif, trouve son origine littéraire dans le roman-feuilleton français du XIXe siècle. Selon Umberto Eco, le protocole « révèle son origine romanesque car il est peu crédible, sauf dans l'œuvre de Sue, que les « méchants » expriment de façon si voyante et si éhontée leurs projets maléfiques [...] : « nous avons une ambition sans limites, une cupidité dévorante, nous sommes acharnés à une vengeance impitoyable et brûlante de haine »[21]. » Le modèle du pamphlet anti-bonapartiste de Maurice Joly, copié par Golovinsky, est le complot jésuite de Monsieur Rodin dans Le Juif errant et Les Mystères du Peuple d'Eugène Sue.
Un autre modèle littéraire est la rencontre entre Cagliostro et les Illuminés pour ourdir le complot maçonnique de l'affaire du collier de la reine dans Joseph Balsamo (1849) d'Alexandre Dumas. En 1868, un auteur de libelles calomnieux, Hermann Goedsche publie sous le pseudonyme de sir John Retcliffe, un roman populaire Biarritz, où il plagie Dumas, en mettant en scène le Grand Rabbin annonçant son plan de conquête du monde aux représentants des douze tribus d'Israël réunis dans le cimetière juif de Prague. En 1873, le roman est repris par un pamphlet russe Les Juifs, maîtres du monde, présenté comme une vraie chronique. En 1881, Le Contemporain le publie comme venant d'un diplomate anglais, sir John Readcliff. En 1896, c'est le Grand Rabbin qui se nomme John Readcliff, dans Les Juifs, nos contemporains de François Bourmand. Le plan jésuite de Sue, mêlé à la réunion maçonnique de Dumas, attribué par Joly à Napoléon III, devient ainsi le complot juif, et sera repris sous diverses formes, avant le faux de Golovinski. Selon Jacques Halbronn, il conviendrait de rappeler que la fin des années 1880 est le théâtre d'une résurgence de l'antitalmudisme, du fait de la traduction en français des ouvrages d'August Rohling : les Protocoles constitueraient une tentative d'élaboration d'un Talmud laïc — d'où l'usage du mot Sages qui a une connotation talmudique — permettant d'inclure les Juifs non religieux au sein du champ antijuif. À partir de ce faux Talmud pourrait dès lors se développer, par réaction, un nouvel antitalmudisme. Rohling serait donc directement ou indirectement une sources des Protocoles, son cadre, qu'il faudrait croiser avec celle du plagiat de Joly qui en constitue le contenu. Golowinski aurait été marqué par le contexte antitalmudique parisien tel qu'il régnait au début des années 1890, celles de la rédaction des Protocoles.
Utilisations
Au terme d'une de ses études sur les Protocoles, Pierre-André Taguieff propose cinq fonctions qu'ils peuvent remplir dans l'imaginaire — et dans la réalité, puisque la mise au jour d'un complot (n'existant que dans l'esprit de ses découvreurs) est souvent suivie de l'organisation bien réelle d'un contre-complot :
aider à l'identification des forces occultes à l'origine du complot chimériques — et confirmer qu'elles sont impitoyables ;
lutter contre ces forces en révélant les secrets qui les rendent puissantes ;
justifier la contre-attaque contre l'ennemi désormais clairement identifié comme totalement néfaste ;
mobiliser les foules (et/ou les autorités) pour la cause que les révélateurs du complot défendent ;
recréer un monde enchanté, fût-il épouvantable et terrorisant[22].
Les Protocoles ont effectivement rempli ces fonctions à travers les décennies et bientôt les siècles, et leur utilisation sans cesse réactualisée démontre s'il le faut la recherche permanente d'explications pseudo-rationnelles à la marche du monde[23] : rédigés pour lutter contre les révolutionnaires anti-tsaristes, les Protocoles ont servi aux visées antisémites, antisionistes, antiaméricaines et, plus récemment, antimondialisations.
Antisémitisme nazi
Couverture d'une édition polonaise
Ce texte servit par la suite d'instrument de propagande antisémite, aux nazis notamment[24]. Dans le Mein Kampf, Adolf Hitler peut ainsi écrire[25] : « Les Protocoles des sages de Sion, que les Juifs renient officiellement avec une telle violence, ont montré d'une façon incomparable combien toute l'existence de ce peuple repose sur un mensonge permanent. « Ce sont des faux », répète en gémissant la Gazette de Francfort et elle cherche à en persuader l'univers ; c'est là la meilleure preuve qu'ils sont authentiques. Ils exposent clairement et en connaissance de cause ce que beaucoup de Juifs peuvent exécuter inconsciemment. C'est là l'important[26]. ».
Antisionisme et antisémitisme arabes
Les Protocoles des Sages de Sion ont fait leur apparition dans le monde arabe dans le contexte du conflit arabo-sioniste et de l'immigration juive en Palestine. La première traduction (à partir d'une version française) fut publiée au Caire en 1925 puis à Jérusalem en 1926[27]. Selon Gilbert Achcar, ils n'ont « néanmoins connu qu'une diffusion marginale dans les pays arabes avant 1948 » et il souligne qu'il fut le fait de chrétiens et non de musulmans, à l'encontre des thèses sur le sujet défendues par Bernard Lewis[27].
Rachid Rida, que Gilbert Achcar décrit comme « le père spirituel de l'intégrisme islamique arabe moderne »[28] s'en inspire dans un texte sur la question palestinienne qui fait suite aux émeutes de 1929 et dans lequel son « argumentaire antijuif (...) puis[e] à toutes les sources en combinant des arguments conformes à la tradition musulmane la plus hostile aux Juifs »[29].
La première traduction de l'ouvrage par un musulman date de 1951 et se répandra à partir de ce moment dans le monde musulman suite à « l'intense exacerbation du conflit palestinien de 1948 » et l'exode arabe qui en découla : la Nakba (« catastrophe »)[27]. En 1967, les Presses Islamiques de Beyrouth publient la version française de Roger Lambelin sous le titre « Protocoles des Sages de Sion : texte complet conforme à l'original adopté par le congrès sioniste réuni à Bâle (Suisse) en 1897 »[30]. Cette édition a été suivie d'autres tirages comme celui de 1984[réf. nécessaire]. Gilbert Achcar souligne que les « insanités que contient ce pamphlet ont connu une diffusion beaucoup plus vaste que le pamphlet lui-même » et qu'elles ont largement contribué à la « diffusion de l'antisémitisme dans le monde arabe »[27] mais il insiste sur les motivations différentes entre les diffuseurs des Protocoles en Europe, qui n'avaient que des desseins antisémites, et celui des diffuseurs du pamphlet dans le monde arabe nationaliste qui par ignorance ou inculture sur le vrai caractère des Protocoles, cherchaient à « excuser la défaite infamante (...) des États arabes devant le mouvement sioniste et à expliquer pourquoi ce dernier avait pu gagner le soutien de l'ensemble des puissance du camp victorieux de la Seconde Guerre mondiale »[31].
Plusieurs personnalités arabes furent convaincues de la véracité du contenu des Protocoles au point d'y faire référence dans des rencontres officielles ou de se questionner sur leur contenu dans des écrits. Par exemple, en 1929, suite à sa comparution devant la Commission Shaw chargée d'étudier les causes des Émeutes de 1929 en Palestine mandataire, le Mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini se référa à titre de preuve aux Protocoles pour démontrer que les sionistes avaient attaqué les Arabes[32]. Dans un ouvrage sur l'histoire de la Palestine mandataire, Tom Segev rapporte à titre illustratif le cas d'un notable palestinien de l'époque qui bien que conscient du discrédit qui pèse sur les Procoles s'interrogea sur ces derniers car il ne pouvait s'expliquer la débâcle arabe dans la guerre de 1948 sans une collusion entre le sionisme et le communisme dans le cadre d'un plan visant à la domination du monde tel que décrit dans les Protocoles des Sages de Sion[33]. En septembre 1958, le président égyptien Gamal Abdel Nasser lui-même, et bien que non antisémite[Note 1], demanda à un journaliste lors d'un interview s'il connaissait les Protocoles et lui en conseilla la lecture car ils démontraient que « 300 sionistes, dont chacun connaît tous les autres, gouvernent le destin du continent européen et élisent leurs successeurs parmi leur entourage »[34].
Usages et références actuels
La Charte du Hamas fait également référence aux Protocoles et à d'autres poncifs antisémites[35]. L'article 32 y indique que « le plan sioniste (...), après la Palestine (...) ambitionne[] de s'étendre du Nil à l'Euphrate (...) [comme stipulé] dans "les Protocoles des Sages de Sion" »[36].
Il est également popularisé par divers feuilletons télévisés :
un feuilleton télévisé égyptien, repris par de nombreuses télévisions arabes, Cavalier sans monture, qui évoque de façon centrale dans l'intrigue les Protocoles des Sages de Sion présenté comme un livre tenu secret par des Juifs mais supposé authentique[37] ;
le feuilleton Diaspora, diffusé par Al-Manar, la télévision du Hezbollah ;
une série télévisée Al-Sameri wa Al-Saher, sur Al-Alam Télévision, la télévision iranienne, comprenant non seulement une dénonciation du supposé pouvoir des juifs sur le monde, mais un négationnisme ouvertement exprimé à l'égard des crimes commis envers les Juifs.
Interdictions
Article détaillé : Liste de livres censurés en France#Contestations contentieuses de l'article 14 ou des interdictions.
L'ouvrage avait été interdit en France par un arrêté de mai 1990 pris par Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, comme « œuvre de provenance étrangère[38] ». Cette décision n'est plus en vigueur[39]. Il a été réédité en 2010 par Les Éditions Déterna dirigées par Philippe Randa[40].
Dans la littérature
Les Protocoles des Sages de Sion constituent l'ossature du roman d'Umberto Eco, Le Cimetière de Prague.
Notes et références
Notes
↑ Gilbert Achcar dans Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, pp. 313-323, en se basant sur différents discours et actes de Nasser, indique que ce dernier ne pouvait être antisémite. Il considère que cette référence aux Protocoles marque plus un manque d'éducation que du racisme. Il place également les mesures antijuives prises par Nasser dans le contexte du conflit israélo-arabe.
Références
↑ Le nom de Sion est souvent pris comme symbole de Jérusalem
↑ Pierre-André Taguieff, Les protocoles des sages de Sion, histoire d'un faux.
↑ Pierre-André Taguieff, Les protocoles des sages de sion histoire d'un faux
↑ (en) Binjamin W. Segel, A Lie and a Libel: The History of the Protocols of the Elders of Zion, University of Nebraska Press (ISBN 0-8032-9245-7) p. 97.
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial. Aspects d'un mythe moderne, éd. Mille et une nuits, 2006, p. 118-119.
↑ Léon Poliakov, Mémoires, éd. Grancher, 1999, pp. 21-22.
↑ Adolf Hitler, Mein Kampf, p.160 consultable sur fr.calemeo.com
↑ Norman Cohn, Warrant for Genocide: The Myth of the Jewish World-Conspiracy and the Protocols of the Elder of Zion (New York: Harper & Row Publishers, 1966), pp. 32–36.
↑ Jacques Halbronn (thèse d'État, université Paris X, 1999, Le texte prophétique en France. Formation et Fortune
↑ Jacques Halbronn, Le Sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, éd. Ramkat, 2003, [réf. incomplète]
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, Mille et une nuits, 2006, p. 120-121.
↑ sur la réception des Protocoles en Allemagne, France et pays anglo-saxons, voir Jacques Halbronn, Aspects du processus de traduction des Protocoles, 2002 ; cf. bibliographie
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, Mille et une nuits, 2006, p. 123.
↑ Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth. Essai sur la désinformation, Calmann-Lévy, 1983, p. 27. (ISBN 2-7021-1240-4)
↑ P.-A. Taguieff, op. cit., p. 123 ; et L. Poliakov, De Moscou à Beyrouth, op. cit., p. 27.
↑ Pierre Charles: Les protocoles des sages de Sion, dans Nouvelle Revue théologique, vol. 65, 1938, pp.56-78, 966-969, 1083-1084.
↑ texte en ligne Forms of hatred: the troubled imagination in modern philosophy and literature, par Leonidas Donskis, p.46
↑ Vladimir Fédorovski, De Raspoutine à Poutine, éd. Tempus, p. 26.
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, Mille et une nuits, coll. Les petits libres n° 63, 2006, p. 114.
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, Mille et une nuits, coll. Les petits Libres n° 63, 2006, p. 116.
↑ Umberto Eco De la Littérature Grasset 2003, p.367-370
↑ P.-A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, p. 192-193.
↑ P.-A. Taguieff, op. cit.
↑ Norman Cohn, Warrant for Genocide: The Myth of the Jewish World-Conspiracy and the Protocols of the Elder of Zion, New York, Harper & Row Publishers, 1966, pp. 32–36.
↑ Adolf Hitler, Mein Kampf, p.160 consultable sur sur fr.calemeo.com
↑ Adolf Hitler, Mein Kampf, chap. XI, p. 307, Nouvelles Éditions latines.
↑ a, b, c et d Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, pp. 183-184.
↑ Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 179
↑ Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 185.
↑ Pierre-André Taguieff, L'imaginaire du complot mondial: aspects d'un mythe moderne, Mille et une nuits, 2006, p. 143.
↑ Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 320.
↑ Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Éditions Complexes, 1999, p. 134.
↑ Tom Segev, One Palestine. Complete, Holt Paperbacks, 1999, pp. 508-511.
↑ Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p. 319.
↑ Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, Sindbad, 2009, p.374.
↑ Traduction française de la Charte du Mouvement de la Résistance Islamique - Palestine (Hamâs) publiée dans Jean-François Legrain, Les voix du soulèvement palestinien 1987-1988, Le Caire, Centre d'Études et de Documentation Économique, Juridique et Sociale (CEDEJ), 1991.
↑ Plot Summary: Horseman Without A Horse
↑ Arrêté du 25 mai 1990 interdisant la circulation, la distribution et la mise en vente d'un ouvrage (JORF n°121 du 26 mai 1990), pris sur le fondement d'un décret-loi abrogé du 6 mai 1939
↑ Bernard Joubert, Dictionnaire des livres et des journaux interdits, Paris, Édition du Cercle de la librairie, 2007, (ISBN 978 2 7654 0951 9), p. 1043.
↑ Sous le titre Protocoles des Sages de Sion : un paradoxe politique théorique et pratique, dépôt légal mars 2010, n° ISBN 978-2-36006-012-2. L'ouvrage comporte une préface, le texte des Protocoles, le Dialogue de Maurice Joly et un appendice rédigé par Éric Delcroix expliquant comment ce livre est devenu de nouveau « légal ».
Les « Protocoles » commentés
Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, Paris, Berg International, 1992
Tome I : Un Faux et ses usages dans le siècle (408 p.) ; édition revue et augmentée, Fayard 2004 (ISBN 2-213-62148-9)
Tome II : Études et documents (816 p.). (ISBN 2-911289-57-9)
Bibliographie
Norman Cohn, Histoire d'un mythe, éd. Gallimard, coll. Folio Histoire, 1967, (ISBN 2-07-032692-6)
Will Eisner, Le Complot : L'histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion (bande dessinée), préface d'Umberto Eco, Éd. Grasset & Fasquelle, 2005, (ISBN 2-246-68601-6)
Philip Graves, « The Truth about the Protocols: A Literary Forgery », dans The Times of London, 16-18 août 1921. [lire en ligne]
Jacques Halbronn, Le Sionisme et ses avatars au tournant du XX e siècle, éd. Ramkat, 2002
complété par Aspects du processus de traduction des Protocoles, in Le texte prophétique en France. Formation et fortune, éd. Presses Universitaires du Septentrion, 2002, extrait en ligne
Renée Neher-Bernheim, « Le best-seller actuel de la littérature antisémite : Les Protocoles des Sages de Sion », éd. Pardès, 8, 1988
Cesare G. De Michelis, « Les Protocoles des sages de Sion », Cahiers du Monde Russe, n°38-3, 1997, [lire en ligne]
Léon Poliakov, La Causalité diabolique, Paris, éd. Calmann-Lévy, 1980
Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme (de Voltaire à Wagner), Paris, éd. Calmann-Lévy, 1968
Henri Rollin, L'Apocalypse de notre temps, éd. Allia, 1991 — 1re édition 1939
Pierre-André Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial. Aspects d'un mythe moderne, Mille et une nuits, coll. Les petits libres n° 63, 2006 : synthèse et analyse générale de la création d'un complot, avec l'exemple du complot antisémite : la seconde partie, pp. 109-192 relate la genèse et le destin à travers les décennies qu'ont connu les Protocoles des Sages de Sion. (ISBN 2-84205-980-8)
Voir aussi
Articles connexes
Prophétie de Franklin : autre faux aux intentions antisémites
Marc Levin a tourné un documentaire Les protocoles de la rumeur sur l'usage du Protocoles des Sages de Sion dans l'antisémitisme moderne.
Le Talmud démasqué : faux calomnieux afin de promouvoir l’antisémitisme.
The Secret Relationship Between Blacks and Jews : pseudo étude historique qui promeut l'idée que les juifs sont les principaux instigateurs de la traite des noirs
Liens externes
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Texte intégral des Protocoles des Sages de Sion, sur Wikisource.
« Les Protocoles des Sages de Sion, ou la fulgurante trajectoire d'un faux » (Analyse du texte et utilisation politique)
(en) [1] et [2]. Analyse sur le site du Centre Simon Wiesenthal, qui est spécialisé dans la constitution des archives du nazisme et dans la dénonciation de ses prolongements divers, comprenant le recours aux Protocoles.
« Tout sur le Protocole des Sages de Sion » (Nombreux liens)
« Aspects du processus de traduction des Protocoles » (Jacques Halbronn ; extrait de la thèse d'État Le Texte prophétique en France. Formation et fortune, Paris X, 1999)
« Les Protocoles des sages de Sion, histoire d'un faux » 1/6 par Pierre-André Taguieff
« La vérité est ailleurs ou la véritable histoire des Protocoles des Sages de Sion », documentaire de Barbara Necek, prod. Doc en Stock. Diffusé le 6 mai 2008 sur Arte.
Les Protocoles des Sages de Sion I
Les Protocoles des Sages de Sion
Les Protocoles des Sages de Sion est un texte inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar et publié pour la première fois en Russie en 1903. Ce faux se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons. Traduit en plusieurs langues et diffusé à l'échelle internationale dès sa parution, il devient un best-seller.
Le contenu plagie en partie le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, pamphlet satirique de 1864 qui décrivait un plan fictif de domination mondiale par Napoléon III, pour inventer un programme élaboré par un conseil de sages juifs visant à anéantir la chrétienté et à contrôler le monde. L'ouvrage réunit les comptes-rendus d'une vingtaine de prétendues réunions secrètes exposant ce plan qui utiliserait violences, ruses, guerres, révolutions et s'appuierait sur la modernisation industrielle et le capitalisme.
Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf comme argument justifiant à ses yeux la théorie du complot juif et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich. Cet opuscule joue également un rôle clé dans la théorie du ZOG apparue dans les milieux suprémacistes blancs d'extrême droite aux États-Unis5. Il est devenu aujourd'hui tout à la fois un symbole de l'antisémitisme et de la falsification.
Historique
Le texte connu actuellement sous le titre Protocoles des Sages de Sion, parfois surtitré Programme juif de conquête du monde, paraît en Russie en deux temps et deux versions : d'abord des extraits en 1903 dans le journal Znamia (Знамя), puis une version complète en 1905 éditée par Serge Nilus et, en 1906, par Gueorgui Boutmi, officier et écrivain nationaliste6.
Dès avril 1902, l'existence de ce texte avait été évoquée et fait l'objet d'un article publié dans Novoïé Vrémia. Il existait donc une version antérieure à 1903, il est probable qu'elle a circulé d'abord sous forme manuscrite ou en impression artisanale.
En 1905, Serge Nilus publie le texte intégral des Protocoles au douzième et dernier chapitre de la réédition de son livre, Velikoe v malom i antikhrist (Le Grand dans le Petit : La venue de l'Antéchrist et la règle de Satan sur Terre). Il y affirme que le texte provient du premier congrès sioniste, tenu en 1897 à Bâle en Suisse8. Cette allégation de Nilus, reprise par d'autres promoteurs des Protocoles, est mensongère.
Les Protocoles sont traduits en allemand en 1909 et lus en séance au Parlement de Vienne. Avec la Révolution d'Octobre en 1917 et la fuite de contre-révolutionnaires russes vers l'Europe de l'Ouest, leur diffusion s'élargit. Ils deviennent internationalement connus lorsqu'ils paraissent en Allemagne en janvier 1920.
La notoriété de l'ouvrage s'accroît à la faveur d'un article du quotidien britannique The Times. Dans son édition du 8 mai 1920, un éditorial titré « Le Péril juif, un pamphlet dérangeant. Demande d'enquête » évoque ce « singulier petit livre », et tend à démontrer le caractère authentique du texte en insistant sur sa nature de prophétie réalisée. Cet article est publié alors que les Russes blancs sont en train de perdre la guerre civile et que les « durs » du parti conservateur veulent discréditer les nouveaux maîtres du Kremlin en dénonçant une « Pax Hebraica ». Les thèmes des Protocoles sont repris au cours des années suivantes dans de nombreux ouvrages antisémites (polémistes, savants ou de fiction) publiés à travers l'Europe.
Les premières traductions françaises sont publiées en 1920 sous le titre Protocols. Procès-verbaux de réunions secrètes des sages d'Israël, édition de la revue La Vieille-France, Paris VIIe, 143 pages, tiré à 20 000 exemplaires, en 1922 par le prêtre catholique Ernest Jouin dans la Revue internationale des sociétés secrètes sous le titre Les Protocoles de 1901, en 1924 par le journaliste antisémite Urbain Gohier sous le titre Les Protocoles des sages d'Israël14, puis en 1932 sous le titre "Protocols" des sages de Sion. Édition définitive, par les Éditions Bernard Grasset avec une introduction de l'écrivain monarchiste Roger Lambelin.
Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf comme argument justifiant à ses yeux la théorie du complot juif et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich.
Aux États-Unis, le constructeur automobile Henry Ford les diffuse à travers son journal The Dearborn Independent. Pour Ford les Protocoles des Sages de Sion sont un ouvrage « trop terriblement vrai pour être une fiction, trop profond dans sa connaissance des rouages secrets de la vie pour être un faux ». Les Protocoles joueront également un rôle clé dans la théorie du ZOG apparue dans les milieux suprémacistes blancs d'extrême droite aux États-Unis.
Dénonciation comme un faux
Article dans The Times du 16 août 1921 expliquant au public britannique que Les Protocoles est un faux.
Dès leur publication, Les Protocoles sont suspectés d'être un faux : un an après avoir présenté l'opuscule comme véridique, le Times de Londres revient sur le sujet, mais cette fois pour publier la preuve du faux sous le titre La fin des Protocoles. La présence de larges emprunts à Maurice Joly, auteur d'un pamphlet contre Napoléon III intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, publié à Bruxelles en 1864, vient corroborer le caractère fallacieux des Protocoles. La supercherie est évidente grâce à une comparaison ligne à ligne des deux textes. C'est ce que fait en 1938 le prêtre jésuite Pierre Charles dans son étude critique et comparative. Le discours de Machiavel dans le Dialogue est transposé ; l'internationale juive y remplace l'empereur des Français.
Jacques Bainville, dans l’Action française, reconnaît la falsification vers 1921.
Umberto Benigni, grand promoteur des Protocoles, félicitant Ernest Jouin en 1921 pour sa campagne de diffusion du texte, lui confie : « Plus j'étudie la question et plus je me persuade de la non-authenticité formelle et de l'immense valeur réelle de ce document ».
Malgré tout, Les Protocoles des Sages de Sion sont encore mentionnés par des groupes antisémites, voire certains régimes, comme preuve de l'existence d'un complot juif international.
Origine du texte
Selon Umberto Eco, le Protocole des Sages de Sion et, de façon plus générale, le mythe du complot juif, trouve son origine littéraire dans le roman-feuilleton français du XVIIIe siècle :
« [le texte des Protocoles] révèle son origine romanesque car il est peu crédible, sauf dans l'œuvre de Sue, que les “méchants” expriment de façon si voyante et si éhontée leurs projets maléfiques […] : “nous avons une ambition sans limites, une cupidité dévorante, nous sommes acharnés à une vengeance impitoyable et brûlante de haine.” »
Le modèle du pamphlet de Maurice Joly contre Napoléon III, est le complot jésuite de Monsieur Rodin dans Le Juif errant et Les Mystères du peuple d'Eugène Sue. Un autre modèle littéraire se trouve dans Joseph Balsamo d'Alexandre Dumas (1849) : Cagliostro y rencontre les Illuminés de Bavière pour ourdir le complot maçonnique de l'affaire du collier de la reine.
En 1868, un auteur de libelles calomnieux ouvertement antisémites, Hermann Goedsche, publie, sous le pseudonyme de sir John Retcliffe, un roman populaire, Biarritz, où il plagie Dumas, en mettant en scène le Grand Rabbin annonçant son plan de conquête du monde aux représentants des douze tribus d'Israël réunis dans le cimetière juif de Prague. En 1873, le roman est repris par un pamphlet russe, Les Juifs, maîtres du monde, présenté comme une vraie chronique. En 1881, Le Contemporain le publie comme venant d'un diplomate anglais, sir John Readcliff (pseudonyme de Goedsche). En 1896, c'est le Grand Rabbin qui se nomme John Readcliff, dans Les Juifs, nos contemporains de François Bourmand. Le plan jésuite de Sue, mêlé à la réunion maçonnique de Dumas, attribué par Joly à Napoléon III, devient ainsi le complot juif, et sera repris sous diverses formes, avant la publication connue du grand public des Protocolei26.
Les dernières années du xixe siècle sont marquées par l'antisémitisme qui culmine en France de façon passionnelle avec l'affaire Dreyfus. En 1889, paraît Le Juif selon le Talmud, traduction du Talmudjude du professeur catholique August Rohling avec une préface du journaliste antisémite Édouard Drumont. Cet ouvrage a une influence considérable. Il prétend prouver que les juifs ont ordre de blesser et de tuer les chrétiens chaque fois que c'est possible, en vue d'assurer leur domination sur le monde. Selon Jacques Halbronn, les Protocoles constituent une tentative d'élaboration d'un Talmud laïc — d'où l'usage du mot de « Sages », qui a une connotation talmudique — permettant d'inclure les juifs non religieux au sein du camp antijuif. Rohling serait donc, au moins indirectement, une source des Protocoles ; son cadre, qu'il faudrait confronter avec le pamphlet de Joly, en constitue le contenu.
Attribution à Mathieu Golovinski
Depuis les années 1920, la paternité des Protocoles est régulièrement attribuée, par les adversaires du texte, à un agent de l'Okhrana : Mathieu Golovinski. Ce dernier aurait rédigé le faux, à Paris, sur ordre du chef de la police secrète tzariste en France: Pierre Ratchkovski. Cette origine, bien que séduisante, semble pour le moins fragile à l'examen de ses sources. La genèse des Protocoles demeure mystérieuse.
L'identification de Golovinski en tant que rédacteur des Protocoles est établie en 1917 par l'historien et juriste Serge C Svatikov, ancien menchevik, alors commissaire du gouvernement provisoire russe chargé de démanteler les services secrets tsaristes à l'étranger, notamment à Paris. Il consigne dans son rapport le témoignage du français Henri Blint, supérieur hiérarchique de Golovinksi au sein de l'Okhrana et proche collaborateur de Ratchovski. En 1921, la princesse Catherine Radziwill donne une conférence privée à New York, dans laquelle elle affirme que les Protocoles étaient un faux établi en 1904-1905 par les journalistes russes Mathieu Golovinski et Manasevich-Manuilov, sous la direction de Pierre Ratchkovski, chef des services secrets russes à Paris.
Cette théorie se retrouve présentée lors du procès de Berne de 1933-1935, ouvert à la suite de la plainte de la Schweizerischer Israelitischer Gemeindebund et de l'Israelitische Kultusgemeinde Bern, contre le Bund Nationalsozialistischer Eidgenossendans distributeurs suisses des Protocoles. Les plaignants et leurs témoins y déclarent que les Protocoles ont été intialement écrits en France à la fin des années 1890 par des agents de la police secrète russe, puis traduits en russe. Selon leur version, les principaux auteurs étaient le commandant de la police, Pierre Ratchkovski, et son collaborateur Mathieu Golovinski.
Ces accusations à l'encontre de Ratchkovski se retrouvent en 1939 sous la plume d'Henri Rollin, membre du deuxième bureau français, dans L'Apocalypse de notre temps (réédité aux Éditions Allia en 2005) qui entend montrer le processus de création puis d'utilisation de ce texte par les courants d'abord pro-tsaristes, puis fascistes et nazis.
En 1944, c'est au tour de l'écrivain allemand Konrad Heiden d'identifier Golovinski en tant qu'auteur des Protocoles.
Cette théorie d'une rédaction par Mathieu Golovinski sous les ordres de Ratchkovski a été relancée, en novembre 1999, par l'éditeur russe Mihkail Lepekhine, qui affirma, dans l'hebdomadaire français L'Express, avoir trouvé les preuves de ces allégations. Lepekhine considère les Protocoles comme faisant partie d'un stratagème visant à convaincre le tsar Nicolas II que la modernisation de la Russie était une manœuvre juive visant à abattre la Russie par un complot juif et à contrôler le monde.
Le rôle attribué à Golovinski dans la rédaction des Protocoles fut contesté par les historiens Michael Hagemeister, Richard S. Levy et Cesare De Michelis, face à l'absence de source rendant le récit historiquement invérifiable. En 2009, Pierre-André Taguieff, qui avait soutenu l'« hypothèse Golovinski» est lui-même revenu sur ses affirmations dans l'hebdomadaire Marianne.
Un manuscrit français introuvable
Le chercheur italien, Cesare G. De Michelis étudie, dans son livre Il manoscritto inesistente «I Protocolli dei savi di Sion: un apocrifo del XX secolo» de 1998, les premières publications des Protocoles. Ces derniers sont mentionnés pour la première fois dans la presse russe en avril 1902 par le journal de Saint-Pétersbourg Novovye Vremya (Но́вое вре́мя - Le Nouveau Temps).
Dans un article intitulé « Des complots contre l'humanité », le publiciste conservateur Mihkail Menshikov décrit sa rencontre avec une dame - Yulianna Glinka - qui l'aurait imploré de se familiariser avec un mystérieux document, volé par un journaliste français à Nice. Après avoir lu des extraits de cette matrice probable des futurs Protocoles, Menchikov, sceptique quant à leur origine, ne les a finalement pas publiés. Si De Michelis révèle une possible origine ukrainienne du faux, comme en témoigneraient certains ukrainismes dans le texte, la question de l'existence d'un prétendu manuscrit original en langue française de la fin du XIXe siècle demeure hypothétique. De Michelis montre que cet "original français" est un document extrêmement mystérieux, dont l'existence est supposée par presque tout le monde, mais que très peu de témoins de l'époque affirment en définitive avoir réellement vu.
Les importantes recherches de Michael Hagemeister sur les origines des Protocoles l'ont également amené à douter de l'origine française du document et à rejeter l'implication de la police secrète russe dans la création du faux. Il met notamment en lumière le fait que le principal témoin à charge lors du procès de Berne, le comte Alexandre du Chayla (en) avait exigé une grosse somme d'argent pour son témoignage et que les plaignants eux-mêmes le considéraient comme hautement suspect38. Ces recherches historiques appuient l'analyse textuelle de Cesare G. De Michelis.
Les travaux d'Hagemeister ont été salués par le monde académique, Richard S. Levy allant jusqu'à qualifier l'universitaire d'« autorité suprême en la matière »34.
Les premières versions russes
Édition russe par Sergueï Nilus de 1905
Cesare G. De Michelis a identifié pour la période 1902-1906 neuf impressions de cinq éditions distinctes des Protocoles qui peuvent se réduire en réalité à trois textes39.
K : l'original ; un travail apparemment en cours.
X : deuxième rédaction.
Y : troisième rédaction.
La liste complète des premières impressions et éditions d'après les recherches de Cesare G. De Michelis est la suivante:
Q: source hypothétique proposée par De Michelis, fournissant la base de K et Y.
M: Mikhail Osipovich Menshikov (1902) - Première référence textuelle aux Protocoles, dans un article de journal d'extrême droite qui affirme qu'ils ont été volés par un « journaliste français » à Nice et en cite un extrait.
K: Krusevan, P. (1903) - De Michelis démontre qu'il s'agit de la version la plus ancienne du texte, publiée dans un périodique de qualité médiocre. Disparue des archives historiques jusqu'au procès de Berne de 1934, le texte n'a jamais été traduit. Sans titre, il se découpe en 22 chapitres non numérotés, et présente de nombreux ukrainismes.
L: Hippolytus Lutostansky (1904) - Citation directe de K; sans révision du texte, mais avec des indications chronologiques utiles.
Z: rédaction hypothétique après K, mais avant X ou Y.
X: 27 Protocoles issus de Z.
A1: Anonyme (1905) - Publié anonymement par un éditeur gouvernemental russe blanc et fondé sur K.
B: Butmi (1906a) - Ressemble à A1, mais contaminé par croisement avec Y.
Y: 24 Protocoles, réédités, mais qui ne dérivent pas directement de Z -- impliquant l'existence d'un manuscrit Q.
A2 : Anonyme (1905) - Ressemble à A1, mais avec du matériau nouveau.
N : Nilus (1905) - Réédition importante, utilisant apparemment A2 comme base, mais introduisant une grande quantité d'éléments empruntés à Maurice Joly. Base de la plupart des traductions.
I: Anonymous [1917] / [1996] - Un abrégé concis de N. attribue le texte à Theodor Herzl.
B3 : Butmi (1906a) - Butmi révise son propre texte pour y inclure des éléments de Y.
D: Demcenko (1906)
R: Document beaucoup plus court, partageant ses sources avec K et X, mais non pas avec Y.
R1: G. Skalon; Date d'origine inconnue [1996] - Publié en 1996 par Yuri Begunov, qui a démontré par le truchement de la philologie l'existence de la branche R, affirmant qu'elle date du XIXe siècle et qu'elle révélait une origine "juive".
R2 : N. Mordvinov (1905) - Abrégé utilisant des sources similaires à R1.
R3 : Anonyme (1906) - Fermez copie de R2.
R4 : Anonyme (1906) - Copie de R2 avec des éléments supplémentaires.
Utilisations
Au terme d'une de ses études sur les Protocoles, Pierre-André Taguieff propose cinq fonctions qu'ils peuvent remplir dans l'imaginaire — et dans la réalité, puisque la mise au jour d'un complot (n'existant que dans l'esprit de ses découvreurs) est souvent suivie de l'organisation bien réelle d'un contre-complot :
identifier les forces occultes à l'origine du prétendu complot — et confirmer qu'elles sont impitoyables ;
lutter contre ces forces en révélant les secrets qui les rendent puissantes ;
justifier la contre-attaque contre l'ennemi désormais identifié ;
mobiliser les foules (et/ou les autorités) en faveur de la cause opposée au complot ;
recréer un monde enchanté.
Les Protocoles remplissent ces fonctions depuis leur diffusion dans les années 1920. Leur utilisation sans cesse réactualisée montre la recherche permanente d'explications prétendument rationnelles à la marche du monde41 : les Protocoles ont servi aux politiques antisémites, antisionistes, antiaméricaines ou antimondialistes.
Dans l'Allemagne nazie
Dans Mein Kampf, Adolf Hitler écrit :
« Les Protocoles des sages de Sion, que les Juifs renient officiellement avec une telle violence, ont montré d'une façon incomparable combien toute l'existence de ce peuple repose sur un mensonge permanent. « Ce sont des faux », répète en gémissant la Gazette de Francfort et elle cherche à en persuader l'univers ; c'est là la meilleure preuve qu'ils sont authentiques. Ils exposent clairement et en connaissance de cause ce que beaucoup de Juifs peuvent exécuter inconsciemment. C'est là l'important. »
Pendant de nombreuses années, Joseph Goebbels n'utilise pas les Protocoles dans la propagande antisémite qu'il dirige. Ce n'est qu'après une lecture du texte et une discussion du 13 mai 1943 avec Hitler qu'il pense pouvoir les utiliser. Dans la recension qu'il fait de la discussion, Goebbels se dit « stupéfait » à la fois par la modernité du texte et par la rigueur dans l'exposition du projet juif de domination mondiale.
En Union soviétique
Dans l'Union soviétique de Staline, dans les années 1933-1935, les journaux soviétiques gardent un silence total sur l'arrêt du procès de Berne, qui a conclu à la fausseté des Protocoles.
Pourtant les Izvestia dépêchent sur place Ilya Ehrenbourg. Celui-ci est chargé de suivre les développements du nazisme et de l'antisémitisme, questions spécialement débattues alors à la Société des Nations. L'article d'Ehrenbourg, dûment écrit et transmis, n'est jamais paru44.
Dans le monde arabo-musulman
Premières traductions
Il existe au moins neuf traductions différentes en arabe du Protocoles des Sages de Sion, c'est-à-dire plus que dans n'importe quelle autre langue45.
La première traduction des Protocoles des Sages de Sion en arabe (à partir d'une version française) est publiée au Caire en 1925 puis à Jérusalem en 1926. Selon Gilbert Achcar, ils n'ont « néanmoins connu qu'une diffusion marginale dans les pays arabes avant 1948 » ; il souligne qu'elle a été le fait de chrétiens et non de musulmans46.
Muhammad Rashid Rida, que Gilbert Achcar décrit comme « le père spirituel de l'intégrisme islamique arabe moderne47 » s'en inspire dans un texte qui fait suite aux émeutes de 1929 en Palestine mandataire : son « argumentation anti-juive […] y puis à toutes les sources, combinant des arguments conformes à la tradition musulmane la plus hostile aux juifs ».
Une traduction de 1951 est diffusée dans le monde musulman après « l'intense exacerbation du conflit palestinien de 1948 » et de la Nakba (« catastrophe », exode palestinien de 1948). En 1967, les Presses islamiques de Beyrouth publient la version française de Roger Lambelin sous le titre Protocoles des Sages de Sion : texte complet conforme à l'original adopté par le congrès sioniste réuni à Bâle (Suisse) en 1897.
Pour Achcar, les « insanités que contient ce pamphlet ont connu une diffusion beaucoup plus vaste que le pamphlet lui-même » et elles ont largement contribué à la « diffusion de l'antisémitisme dans le monde arabe46 ». Il insiste sur les différences de motivation des propagandistes des Protocoles en Europe, qui n'avaient que des desseins antisémites, et celle de leurs diffuseurs dans le monde arabe qui cherchaient à « excuser la défaite infamante […] des États arabes devant le mouvement sioniste et à expliquer pourquoi ce dernier avait pu gagner le soutien de l'ensemble des puissances du camp victorieux de la Seconde Guerre mondiale ».
Des personnalités arabes font référence aux Protocoles dans des rencontres officielles ou dans des écrits :
Par exemple, en 1929, à la suite de sa comparution devant la Commission Shaw chargée d'étudier les causes des émeutes de 1929 en Palestine mandataire, le mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini se réfère aux Protocoles pour démontrer que les sionistes ont attaqué les Arabes.
Tom Segev rapporte le cas d'un notable palestinien qui, bien que conscient du discrédit qui pèse sur les Protocoles, ne peut expliquer la défaite arabe dans la guerre de 1948 sans une collusion entre le sionisme et le communisme, dans le cadre d'un plan visant à la domination du monde.
En septembre 1958, le président égyptien Gamal Abdel Nasser demande à un journaliste, lors d'un entretien, s'il connaît les Protocoles et lui en conseille la lecture, car ils démontreraient que « 300 sionistes, dont chacun connaît tous les autres, gouvernent le destin du continent européen et élisent leurs successeurs parmi leur entourage. »
Cette littérature participe de la propagande antisémite diffusée internationalement par les pays arabes et s'est répandue dans d'autres pays musulmans comme le Pakistan, la Malaisie ou l'Indonésie.
Usages et références actuels
La charte du Hamas fait référence aux Protocoles et à d'autres poncifs antisémites. L'article 32 y indique que « le plan sioniste […], après la Palestine […] ambitionne[] de s'étendre du Nil à l'Euphrate […] dans « Les Protocoles des Sages de Sion » ».
Gilbert Achcar rapporte cependant que la charte serait en cours d'amendement, se référant à Azzam Tamimi, un proche du Hamas qui, « sensible au dommage causé à l'image du mouvement palestinien [par l'antisémitisme de la charte] » a déclaré dans The Jerusalem Post en février 2006 que : « Toutes ces absurdités sur Les Protocoles des Sages de Sion et les théories du complot – toutes ces bêtises – seront éliminées » dans la version amendée.
En Arabie saoudite, il est enseigné que Les Protocoles est un « document authentique » « approuvé lors du premier Congrès mondial du sionisme à Bâle » et même si les Juifs le nient, la preuve en est donnée par les changements géo-politiques, économiques et médiatiques qu'a connus le siècle passé, qui correspondent à ce qui est indiqué dans cet ouvrage.
En 2003, la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie inaugure son musée de manuscrits où figure une traduction en arabe des Protocoles à côté de manuscrits de la Torah. Le directeur le justifie en déclarant : « Il se peut que le livre des Protocoles des Sages de Sion soit plus important pour les juifs que la Torah, puisqu'ils gèrent leur vie selon ses principes. »
Le propos des Protocoles est également popularisé dans le monde arabe par divers feuilletons télévisés :
Un feuilleton télévisé égyptien, repris par de nombreuses télévisions arabes, Le cavalier sans monture, évoque de façon centrale dans l'intrigue, les Protocoles des Sages de Sion présentés comme un écrit tenu secret par des Juifs, mais supposé authentique.
Le feuilleton (en) Ash-Shatat ( الشتات , Diaspora), diffusé par Al-Manar, la télévision du Hezbollah, dépeint les Juifs se livrant à un complot visant à dominer le monde et reproduit les traditionnelles accusations de « crime rituel » perpétré sur des enfants chrétiens, afin d'utiliser leur sang pour fabriquer des matzot cashères65,66. Produit en Syrie sur des crédits du ministère de la sécurité, du ministère de la culture, du commandement de la police de Damas et du Département des antiquités et des musées65, ce programme a été diffusé à la télévision libanaise Al-Manar, en Iran en 2004 et en Jordanie en 2005, sur le réseau satellite Al-Mamnou. Al-Manar a suspendu la diffusion de la série après avoir constaté l'antisémitisme des premiers épisodes et présenté ses excuses à ses téléspectateurs68.
Une série télévisée Al-Sameri wa Al-Saher, sur Al-Alam Télévision, la télévision iranienne, qui comprend non seulement une dénonciation du supposé pouvoir des Juifs sur le monde, mais un négationnisme ouvertement exprimé à l'égard des crimes commis envers les Juifs.
En Afrique
Dans le documentaire Général Idi Amin Dada : Autoportrait du réalisateur suisse Barbet Schroeder sorti en 1974, le dictateur ougandais Idi Amin Dada fait allusion au livre et présente les Protocoles des Sages de Sion en sa possession pour prétendre à l’existence d'un complot juif mondial.
Influence des Protocoles dans le temps
Influence internationale
Plusieurs auteurs, dont Pierre-André Taguieff et Catherine Nicault, ont mis en évidence les multiples utilisations des Protocoles à travers le temps : dénonciation de prétendus complots judéo-bolchéviques ou judéo-capitalistes, propagande fasciste ou nazie.
Alain Goldschläger écrit en 1989 que cet ouvrage est un faux « avéré, dont les conséquences sont des actes de haine et de destruction ».
Les complotistes s'appuient sur les Protocoles pour étayer leur propagande. Le britannique David Icke se défendant d'antisémitisme déclare que les Protocoles des Sages de Sion, qui inspirent certains de ses ouvrages, témoignent non d'un complot juif, mais d'un « complot reptilien ». Alice Walker, militante anti-raciste et prix Pulitzer, devenue New Age, dit en 2018 apprécier la « liberté d'esprit » d'Icke, un homme « assez courageux pour poser les questions que d'autres craignent de poser ». En 1991, le théoricien du complot Milton William Cooper republie Les Protocoles dans son ouvrage intitulé Behold a Pale Horse, où il accuse les Illuminati (souvent assimilés aux Juifs) et non les Juifs de vouloir établir un « Nouvel ordre mondial ». En 2011, le conspirationniste chrétien New Age et antisémite Texe Marrs publie une édition des Protocoles avec des notes additionnelles par l'hitlérien américain Henry Ford.
Le texte est encore diffusé, en particulier dans les milieux antisémites et/ou antisioniste et dans le monde arabo-musulman.
En droit français
Article détaillé : Liste de livres censurés en France#Contestations contentieuses de l'article 14 ou des interdictions.
Les Protocoles ont été interdits de diffusion en France pendant une vingtaine d’années, à la suite de l’arrêté du 25 mai 1990 du ministre de l’Intérieur français Pierre Joxe, « considérant que la mise en circulation en France de cet ouvrage est de nature à causer des dangers pour l’ordre public en raison de son caractère antisémite. » Cette interdiction n'est plus en vigueur80 : la diffusion des Protocoles des Sages de Sion est légale en France.
SOURCE WIKIPEDIA
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