Astrologie publique, astrologie privée

par Jacques HalBronn

Comment pourrait-on loger à la même enseigne des formes d'astrologie aussi différentes dans leur principe que celles qui traitent du générale et celles qui traitent du particulier? Il y a, au vrai, autant de différences entre ces deux astrologies qu'entre Astronomie et Astrologie. D'ailleurs, de longue date, l'on a coutume de distinguer entre une astrologie "naturelle" licite et une astrologie "judiciaire", abusive et prohibée. Clivage bien pus important, selon nous, que celui que d'aucuns tentent de souligner entre une astropsychologie et une astrologie prédictive. Ce qui compte, c'est le passage de la sphère du public à la sphère du privé.
Nous voudrions ici aborder les méthodes de l'astrologie privée en les opposant à celles de l'astrologie publique qui sont tout autres.
Pour nous qui pratiquons une astrologie "publique", qui s'appuie sur des statistiques et sur des grands nombres, qui s'en tient à une grande économie de moyens, l'astrologie "privée" nous apparait comme parfaitement incontrôlée et incontrôlable, ne fonctionnant que par des expédients dont les clients de l'astrologue n'ont pas conscience, par rapport auxquels ils ne sont pas prévenus (dans tous les sens du terme)
L'on dit souvent, même parmi les astrologues, qu'il est plus facile d'expliquer astrologiquement après coup. Et il est vrai que l'astrologie privée est la championne des explications par rapport à ce qui vient de se passer ou qui est en train de se passer. Selon nous, l'astrologie privée se conjugue avant tout au présent, le passé n'étant lui-même perçu qu'au prisme de ce dont on se souvient ici et maintenant. Même le thème natal, au bout du compte, est surtout utilisé pour appréhender la situation et le vécu présents.
D'ailleurs, il y a des gens qu'il vaut mieux se contenter de connaitre ici et maintenant car ils sont assez décevants si on les suit sur une certaine durée. Il y a aussi des personnes qui ne tiennent la route que dans des limites très strictes et guère au delà. Expliquons-nous: supposons donc un ou une astrologue ayant expliqué à son client pourquoi astrologiquement il lui était arrivé ceci ou cela, pourquoi il tend à se comporter plutôt comme ceci que comme cela.
La consultation astrologique suppose que le client ne connaisse pas grand chose à l'astrologie car il risquerait autrement de (se) poser des questions pouvant être embarrassantes.
Ce que l'astrologue doit avant tout cacher à son client -et nous parlons en tant qu'enseignant de l'astrologie (voir notre ouvrage 'L'astrologue face à son client")- c'est qu'il a l'embarras du choix et qu'il doit faire des choix, ce qui laisse une certaine place au hasard.
Or, nous avons noté que l'astrologue est le plus souvent dans le déni du choix, en prétendant que l'astrologie est universelle et qu'elle est en quelque sorte suprahumaine, qu'elle n'est nullement l'oeuvre de l'Homme.
Ce que l'astrologue ne dit pas, n'avoue pas, c'est que pour se mettre en phase avec son client, avec son vécu et son ressenti chaotique et désordonné, il a été conduit à trahir le message de l'astrologie qui est celui d'une cyclicité réservée à une élite d'une part et de l'autre à des mouvements collectifs, ce qui dans les deux cas dépasse l'échelle de l'individu lambda, qui est actuellement le coeur de cible de la pratique astrologique ordinaire.
Comment ne pas voir, notamment, que l'astrologie est mise au niveau du savoir humain et surtout de ses limites? Les astrologues qui se prétendent liés à l'universel vont s'efforcer de l'accorder à des connaissances incomplètes, à des dates tardives sinon suspectes. La date d'un assassinat (celui de J. F. Kennedy par exemple) sera prise en compte alors que le processus est le plus souvent prémédité, donc déterminé à une date sensiblement antérieure tout comme la date d'un mariage préférée à celle de la décision de se marier. L'astrologie place le Ciel dans le lit de Procuste d'un savoir incomplet et insuffisant. Et cela vaut évidemment, au niveau de la consultation individuelle, l'astrologue dépendant des souvenirs de son client et ses velléités à se croire plutôt comme ceci que comme cela. Quel bien vain travail s'il n'était récompensé par quelque argent comme on le fait pour une femme de ménage?




JHB
01. 01.10