mardi 21 septembre 2021

Jacques Halbronn Manifeste du "Qualisme", du questionnement

Jacques Halbronn Manifeste du « Qualisme », du questionnement La lettre Q n’est pas très populaire en français en raison de sa consonance avec certains termes jugés vulgaires. C’est ainsi qu’à la BNF, il n’y a pas de « Salle » Q. Il resre que l’initiale Q, au niveau morphosémantique est singulièrement porteuse. On a le Q de Question, de (s’en)quérir de quand, de (pour)quoi, de qui, de (le)quel, de qualité (comme de quantité)/ et ainsi de suite. Et l’on pourrait ajouter le quomodo latin qui a donne notre comment (commentaire). En latin, on trouve aussi le quia, le quid, le quo (Quo vadis) le quando. Dans les langues germaniques, l’initiale Q a disparu dans who, what, which, when, where. pour l’anglais. D’où le Qualisme – prononcer Quoilisme) que nous proposons pour signaler et dénoncer la crise du questionnement qui fait que l’on ne prend plus la peine de demander « lequel » quand on parle de « Dieu », de « peuple ». On ne sait plus qui parle et à qui l’on s’adresse. On reste délibérément dans le vague et cette absence du Q est assourdissante. Face au premier verset de la Genése, se pose ainsi une triple question: א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ. 1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Mais quel Dieu, quel Ciel et quelle Terre. Et l’on pourrait plus loin demander « Quelle humanité (Adam).? L’article défini devrait le plus souvent laisser la place à l’article indéfini: un certain Dieu, un certain Ciel, une certaine Terre (promise) , un certain Peuple etc.Il y a là abus de non-qualification. Or, la langue nous donne les moyens de qualifier, de préciser de quoi, de qui il est question. La langue nous enseigne qu’il y a un « nous » et un « vous », donc une dualité sociale tout comme elle distingue le masculin et le féminin/ Ce sont là les acquis parfois altérés - du morphosémantique. passés à la trappe. Quel temps fait-il? A quel niveau se place-t-on? On pense à l’Ecclésiaste: il y a un temps pour chaque chose, ce qui répond au quoi et au quand. Nous voudrions par ce Manifeste, revendiquer le droit de demander de quoi, de qui parle-t-on? Quel est le dieu dont il est ici question et que vous désignez sans le moindre article. Quel est le peuple, auquel « Dieu » – ce Dieu- s’adresse quand il dit « mon peuple » (Ami en hébreu) ? Exode III ז וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו. 7 L’Éternel poursuivit: « J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances. La langue met à notre disposition la forme possessive (qui est suffixale en hébreu) comme le Elohénou du Ecoute Israel. Texte original Écoute, Israëla, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN. Chémâ, Israël, Ado-naï Elo-henou, Ado-naï Ehad’ שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. Si c’est « notre Dieu », ce n’est celui des autres. Là encore, le Qualisme a son mot à dire. De quel Dieu parle-t-on? Et pourquoi est il précisé dans les Dix Commandements : »Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. » Cela implique qu’il y a d’autres dieux mais qu’un certain dieu est lié à un certain peuple. Ne pas prendre la peine de préciser qui est qui, qui fait quoi, n’est ce pas favoriser le vol, l’appropriation d’identité?. Le Qualisme, c’est le droit désormais de ne plus laisser passer des expressions équivoques. Pour nous, au niveau théologique, on ne saurait confondre l’univers et notre petit monde terrestre avec « son » ciel, celui du systéme solaire. Autrefois, quand on ne connaissait pas l’immensité de l’univers, l’on pouvait ne pas faire de distinguo. Mais ce n’est plus le cas et Balise Pascal parlait déjà des deux infinis. entre lesquels notre humanité se trouvait. Ainsi, ce « Dieu » qui créa notre ciel et notre terre, comment serait-il à l’origine de tout l’Univers. Or, dans bien des cas l’on continue à parler de Roi de tout l’univers »(Melekjh ha Olam) pour désigner le dieu de la Bible. C’est bien là une formule outrée. Ce dieu n’est pas le dieu de tout l’univers et même pas le dieu de toute l’Humanité. C’est un dieu aux pouvoirs limités. Dans un autre texte, sur matière et forme, nous précisons que le dieu premier est illimité mais notre dieu ne l’est pas, c’est un dieu second, un « démiurge » et en cela il est féminin et non masculin. Dans le même chapitre de la Genése, il est question de la dualité de « Dieu » (Elohim) à la fois masculin et féminin tout comme l’est Adam, c’est à dire Matière et Forme. כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם. 27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. La matière précéde la forme et la forme structure la matière et en cela elle vient en second tout comme le dieu qui « crée » notre Ciel et notre Terre, est un dieu qui passe de la matière à la forme, de la puissance à l’acte, de l’illimité au limité. Ce dieu a ses limites, il doit se limiter, se focaliser. Face à une théologie duelle, il y a, selon nous, une anthropologie duelle, celle de l’homme et de la femme, celle du génie et de la génitrice. Nous ne sommes pas le seul aboutissement de 9 mois de grossesse mais résultat d’une longue hérédité, d’un temps autrement plus long. Et puis le Qualisme ne saurait faire abstraction du « quand », ce qui renvoie à l’astrologie, c’est à dire à notre Ciel jumelé à notre Terre et qui confère à notre temps des phases, des périodes et l’on ne peut pas parler comme si notre temps n’était pas structuré, d’où le sens de la formule citée de l’Ecclésiaste (Kohélet) JHB 21 09 21