lundi 8 mars 2010

L'astrologie et un monde sans technologie

par Jacques HalBronn

La lecture de la série Dune de Frank Herbert poursuivie par les "prequels" de Brian Herbert nous interpelle en ce qu'elle s'efforce d'imaginer un monde qui aurait compris à quel point la technologie est un péril majeur pour l'Humanité.
Et le fait de gérer une technologie propre, au regard de l'écologie, risque surtout de ne pas nous faire prendre la véritable mesure du problème. Quant on proteste contre les fourrures animales et que l'on préfère des matériaux synthétiques, est-ce bien raisonnable? Peut-on à la fois vouloir ménager les machines et les animaux? Notre rapport actuel au monde animal doit certainement être, à terme, repensé comme nous semble l'indiquer le film Avatar. Si l'on considère que l'homme ne peut voler, pourrait-il le faire s'il pouvait chevaucher des animaux volants ou bien doit-il être heureux de se déplacer en avion?. Ne pourrait-on imaginer une biotechnologie consistant à créer et élever une espèce d'oiseaux gigantesques à moins que les hommes ne deviennent un jour, eux-mêmes, capables de voler?
Où commence d'ailleurs la technologie? Selon nous, cela débute très tôt et le fait d'écrire sur du parchemin serait un acte d'ordre technologique. Refuser la technologie n'est nullement refuser le progrès! Mais il faut opter pour une technologie du vivant, ce qui signifie qu'elle est transmissible génétiquement.
On se méfiera de toute transmission d'un autre type, notamment par les livres lesquels ne sauraient imposer leurs lois car ils ne contiennent que des bribes éparses dont il serait bien chimérique de tenter quelque synthèse.
Par principe, les hommes devraient se fier d'abord à ce qu'ils peuvent observer d'eux mêmes et ne jamais renoncer à une certaine exigence de cohérence sous prétexte que quelque "tradition" incompréhensible "marcherait" sans que l'on ne sache trop comment. Ce qui a été conservé dans les musées et les bibliothèques, les monuments qui truffent les villes, tout cela ne sont que des exemples souvent bien partiels et incomplets de ce que d'autres ont tenté avant nous et souvent sans s'entendre entre eux..
Le sort des hommes est celui de Sisyphe: chaque génération doit tout reprendre à zéro et non pas chercher à récupérer les résultats que nous a transmis la génération d'avant. Notre héritage est avant tout génétique. Nous avons moins besoin d'une langue que de disposer de la faculté de pouvoir parler.
La technologie-même sous ses formes les plus frustres - est un cadeau empoisonné quand elle ne s'appuie ni sur le végétal, ni sur l'animal, c'est à dire sur ce qui se cultive. On notera que le mot "culture" pour désigner ce qui s'apprend dans les livres semble quelque peu usurpé car cette culture là ne "pousse" pas et les savoirs les plus étranges parviennent à se perpétuer, ce qui ne saurait être le cas des êtres humains, des animaux et des végétaux. A contrario, une sculpture réalisée à partir d'un matériau mort peut prendre les formes les plus étonnantes en un rien de temps.
Nous l'avons souligné et signalé à maintes reprises, la technologie empêche les hommes de procéder à une sélection des meilleurs puisque grâce aux miracles qu'elle permet, elle parvient à masquer les carences et les manques des uns et des autres, ce qui a abouti à des pseudo-égalités entre jeunes et vieux, entre malades et bien portants, entre émigrés et natifs, entre hommes et femmes. Dès que l'on sait se servir d'une machine - et savoir lire un livre est se comporter comme un "tourne disques"- l'on peut s'exercer à toutes les impostures et cela s'apprend dès le plus jeune âge quand l'enfant voit sa mère lui "lire" une histoire. Apprendre à faire fonctionner tel outil devient le ressort même de l'existence et quand cet outil fonctionne tout seul, il s'agit uniquement de se le procurer.
Toute cette technologie pourrait disparaitre du jour au lendemain et les humains se retrouveraient bien démunis s'ils ne disposaient d'un potentiel génétique dont on continue à sous estimer toute l'importance, la preuve étant que le progrès est souvent synonyme de progrès technique et non d'amélioration des performances humaines, ce qui ne peut se faire qu'au prix d'une certaine sélection. Dans Dune, les "sorcières" pratiquent l'eugénisme alors que les "cymeks" et les Titans sont des cerveaux sans corps, complétés par un appareillage technique plus ou moins sophistiqué selon leurs besoins; ils sont voués à disparaitre comme les "machines pensantes" qui n'ont plus rien d'humain au niveau génétique et qui sont uniquement fonction de l'appareillage qui leur est dévolu.
L'usage de l'épice est lié à des vers géants, des Léviathans, - donc des animaux - et c'est cet épice de la planète Arakis qui permettra aux humains de se passer des ordinateurs en développant leurs cerveaux. C'est dire que la technologie tend à atrophier nos facultés mentales si ce n'est chez une élite en position de gérer toute cette technologie et qui pourrait quasiment être assimilée à des dieux face à une foule humaine dégénérée.
Ce qui manque le plus, selon nous, à Dune, est une réflexion sur le féminin; Certes, il y a les "Sorcières" qui sont dotées de pouvoirs particuliers mais n'est-ce pas là précisément qu'il y a contre sens? Si nous devions écrire un roman de type Dune, nous montrerions au contraire que les femmes sont plus proches des machines que ne le sont les hommes et d'ailleurs que les machines ne sont parvenues qu'à imiter les femmes et non les hommes parce que les femmes correspondent à une sous humanité. Ce qui vient aggraver les choses, c'est que les femmes pour pallier ou masquer leur handicap sont tentées de faire appel à la technologie et donc de faire alliance avec les machines. C'est là le point aveugle de Dune et de ses multiples prolongements (prequels et sequels)
A la limite, même l'apprentissage d'une langue est aliénant, c'est à dire source d'imposture car nous sommes interchangeables dès lors que nous savons lire à voix haute des textes dont nous ne sommes pas nécessairement les auteurs. Comment faire la différence entre celui qui s'exprime spontanément et celui qui ne fait que répéter ce qu'il serait incapable par lui-même d'exprimer, à commencer par l'interprète d'une partition musicale? On voit bien au concert à quel point l'on oublie le compositeur derrière l'instrumentiste! Que l'on songe que dans le film "Percy Jackson", Zeus est à la merci du vol d'une sorte de super-laser. Il est vrai que Prométhée, dans la mythologie, aurait volé le feu aux dieux! Il n'y a vol que lorsque l'on passe de l'être à l'avoir, sinon on est dans l'imitation, la copie, le plagiat, le mimétisme, c'est à dire que l'original n'est pas emporté mais seulement son image, son reflet.
En fait, la technologie est largement liée à la vue à commencer par la lecture. Or l'écriture est nettement plus tardive que notre faculté à parler. Sans l'écriture, nous ne pourrions pas tricher avec ce qui sort de notre bouche. Pour nous l'écriture a été inventée pour aider les sourds muets à communiquer -c'est un langage des signes - mais elle aura fini par s'imposer à tous, ce qui n'aura pas peu contribuer à multiplier le nombre des imposteurs se faisant passer pour ce qu'ils ne sont pas. Tant de choses conçues pour combler un manque, une infirmité, sont devenues indispensables pour tous, comme les ascenseurs par exemple. Nivellement par le bas!
Le XXIe siècle sera le siècle de la question de la femme comme le XXe siècle fut celui de la question juive. Nous ne suivrons pas le philosophe Denis Marquet lorsqu'il affirme que le temps des rois masculins est révolu et quand il annonce l'avènement d'une humanité féminine, où chacun serait roi, sans dépendre d'un intermédiaire transmettant, canalisant la lumière d'en haut. C'est là une sorte de meurtre symbolique du père! Nous croyons, tout au contraire, que la spiritualité du XXIe siècle - pour paraphraser André Malraux- sera la réaffirmation du principe masculin en tant que canal d'énergie vers les femmes (le sexe de l'homme a la forme d'u tuyau) Affirmer que tout le monde peut recevoir directement le message des astres va d'ailleurs à l'encontre de toute phénoménologie de notre époque où quelques créateurs, quelques leaders alimentent les foules. Croire qu'un jour chaque membre de la foule sera directement lié au cosmos nous semble une vision qui certes correspond peu ou prou à la pratique actuelle du thème natal et à une certaine idée de la démocratie, mais qui affirme que l'on n'a pas ou plus besoin d'un intermédiaire entre les forces d'en haut et les forces d'en bas, entre le cosmos et les femmes, oubliant que le cosmos n'existe pour l'Homme que par le biais de corps intermédiaires. C'est ne rien comprendre à l'astrologie que de croire que nous pourrions être directement en contact avec le ciel des astronomes. il importe qu'il y ait eu préalablement un tri, un filtrage, le ciel ne serait rien de viable pour les humains sans cela!
En fait, selon nous, il importe que s'instaure ou se réinstaure un dialogue entre les chefs et leurs troupes. On est là, face à de tels propos, d'ailleurs, face à une posture chrétienne, en quelque sorte antijuive, où tout élite est refusée et suspectée .et qui renvoie dos à dos Juifs et nazis, ces deux entités s'étant crues, à des titres divers, le centre du monde et ayant entrainé le monde dans la débâcle..
Que viendrait donc faire l'astrologie dans un monde dé-technologisé? L'astrologie est le modèle d'une relation écologique: les hommes se servent des astres comme signes sans pour autant interférer aucunement avec leur cours. Cela revient à dupliquer un objet. sans porter atteinte à son intégrité, mieux encore donc qu'un sculpteur qui cisèlerait un bloc de pierre. L'astrologie cisèle certes le cosmos, elle en change même la signification mais le cosmos n'est pas atteint par son entreprise. C'est, en revanche, l'homme qui paie de sa personne en se transformant du fait du 'lien'" - au sens quasiment d'Internet- qu'il établit en se reprogrammant. L'astrologie enrichit les potentialités de l'environnement humain, elle ne l'appauvrit pas à la différence de l'exploitation des ressources naturelles, elle n'interagit pas au détriment de la planète.
Il faut, en tout cas, se garder de tout optimisme béat, à la Candide, d'un 'tout est bien dans le meilleur des mondes possibles". L'imposture technologique, c'est à dire l'imposture à laquelle la technologie invite les hommes, au prix de leur âme, selon un contrat du type proposé à Faust par Mephistopheles, cette tricherie avec eux-mêmes, sinon individuellement du moins collectivement, n'est pas un simple jeu d'enfants. On pense à ces enfants qui mentent en se disant que leurs mensonges ou leurs bêtises ne tiendront pas de toute façon, donc que ce n'est pas "grave". Le rôle des héros est de sauver l'Humanité des conséquences de ses égarements à condition que celle-ci soit encore capable de reconnaitre ceux qui ont vocation à le faire. L'astrologie, en l'occurrence, nous apparait avant tout comme la science des relations cycliques entre le peuple et ses chefs.
Le monde dans lequel nous vivons est largement factice. Il est marqué par l'imitation et l'on entend souvent dire que les nouveaux venus (femmes, immigrés, Orient) sont à la hauteur des ceux qui occupaient seuls le terrain au départ (voir Lucian Boia, L'Occident. Une interprétation historique, Paris, Les Belles Lettres, 2008). Or il ne faudrait pas confondre les conditions nécessaires pour qu'une création émerge et celles qui suffisent pour qu'on se contente de l'exploiter. Il faudrait aussi tenir compte du fait que le travail a le plus souvent changé de nature et est donc plus accessible avec une médiocre inventivité, que par le passé. Le taylorisme est passé par là. Il serait bon que l'on prît conscience de ces quelques vérités pour éviter de développer l'idée d'une égalité qui n'est rendue possible qu'artificiellement et superficiellement, avec la complicité de la machine. Ce sont les membres les plus faibles, les plus fragiles d'une société qui dépendent le plus de la technologie et cela pourrait à terme conduire à la disparition de l'humanité supérieure. Pour s'opposer à une telle perspective, il y aurait probablement besoin qu'émerge un nouveau prophétisme, par delà la littérature de science fiction qui tient peu ou prou ce rôle, ce qui est d'autant plus paradoxale que, notamment dans le cas du cinéma, l'on recourt à la technologie pour la dénoncer..




JHB
29. 01. 10

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ah oui d'accord.. l'humanité "supérieur" ...donc pour résumer ce gros pavé de texte: "vive l'eugénisme" j'ai le droit de choisir qui à le droit de vivre ou mourir, qui est fort et qui est faible. Mais courage les inhumains de ce monde (comme vous visiblement) font déjà tout ce qu'ils peuvent pour réduire à néant l'humanité (celle doté d'une vraie sensibilité humaine..).
Votre article n'est qu'un torchon dégueulasse et totalement immonde.

Pas cordialement.