lundi 8 mars 2010

Les femmes et le problème du Mal.

par Jacques HalBronn

A la lecture des ouvrages de John Gray, nous sommes régulièrement invités à revenir sur la question du masculin et du féminin (voir notre récente interview au Salon Zen, pour la télévision astrologique, de Catherine Gourguechon) . Dans "Mars & Vénus en harmonie" ( Paris, Michel Lafon, 2008), l'auteur américain fournit d'ailleurs, d'intéressantes données scientifiques (pp. 42 et seq) sur ce qui distingue les représentants des deux sexes.
Voilà quelques réflexions que la lecture de cet ouvrage a suscitées en nous et qui dépassent souvent le contenu du dit ouvrage.
Gray note que les femmes ont du mal à trier les informations dont elles disposent, d'établir des priorités, tout étant important. Elles sont souvent dans le "tout ou rien" et tant que tout n'est pas réglé, rien ne l'est vraiment.
Il est un domaine où une telle approche se défend, c'est celui de la maladie. Et comme on dit "tant qu'on a la santé...."
Tout se passerait, donc, chez les femmes comme si le moindre '"mal" pourrait avoir des effets catastrophiques sur l'ensemble, le contaminer en quelque sorte. Les femmes auraient un sens aigu voire exacerbé de la contamination, thème on ne peut plus d'actualité.
Le principe de la contamination, c'est qu'un élément peut menacer tout un ensemble, si l'on considère le dit ensemble comme un organisme solidaire, d'un seul tenant, voire indissociable.
La maladie est quelque chose qui vaut pour tout le monde: nous sommes égaux devant elle.
Mais c''est justement là que le bât blesse quand les femmes ne perçoivent leurs semblables que par le prisme de la maladie et plus largement par celui du Mal. Il y a là une limite à ne pas franchir trop allégrement!
Une chose est de soigner d'urgence un "bobo" qui peut empirer, qui peut dégénérer et de ce point de vue nous sommes tous logés à la même enseigne, du haut en bas de l'échelle sociale. Une blessure est une blessure, un abcès est un abcès, un cancer est un cancer (comme dirait Boileau que nous transposons ici) et c'est pour cela que les femmes sont souvent attirées par les soins à donner aux malades ou aux enfants. Un malade est un être dont on connait le problème et c'est celui de tout être humain normalement constitué. Le mal est prévisible.
Mais dès que l'on sort du champ de la maladie, une telle attitude générale et systématique est-elle encore admissible? Car l'être humain n'est pas réductible à une maladie quelle qu'elle soit, même si des tentatives ont existé pour classer les tempéraments d'après les fragilités organiques voire psychiques, à commencer par les tempéraments d'Hippocrate, à partir des humeurs.(mélancolie etc)
Si l'on peut prévoir le cours d'un mal psychique à la fois sur une personne et à la fois, si elle est contagieuse, sur ceux qui l'approcheront, en est-il de même sur le plan psychique, sur le plan moral, sur le plan mental?
Il y a en tout cas un stade où une telle approche par le mal n'est plus de mise et où les femmes risquent, parfois, de se trouver en porte à faux. Toute la question est précisément de déterminer où passe la frontière.
Il y a des cas ambigus: quelqu'un mange trop, boit trop, fume trop. Est-ce que l'on a le droit de réduire cette personne à tel ou tel excès en oubliant tout le reste qui la constitue globalement? Pour les femmes, il y a des "détails " qui tuent, c'est à dire qui sont rédhibitoires, quel que soit le contexte, quelle que soit la personne concernée. Tout se passe comme si les femmes rêvaient d'un monde où tout serait aussi simple que dans un hôpital, où les priorités à établir seraient aussi flagrantes....A quand quelqu'un tombe malade, l'on n'a plus à se demander qui est qui et qu'est ce qui compte le plus, on est dans l'urgence!
Mais dans la vie réelle, en est-il vraiment ainsi? La maladie n'est-elle pas, finalement, l'arbre qui cache la forêt et qui donne l'illusion que l'on a tout compris alors que l'on ne perçoit ainsi qu'un aspect bien singulier de la réalité humaine?
Dire que quelque chose est 'mal" ne revient-il pas au demeurant à vouloir se replacer dans le cadre de la maladie à extirper séance tenante? Le "mal" n'est pas supportable, il est une menace, un danger avec lequel on ne peut vivre.....
Or, l'Humanité ne vit pas uniquement dans la hantise du mal qui pourrait tout compromettre si l'on n'est pas assez vigilant. Elle a d'autres valeurs, d'autres enjeux qui ne sont pas toujours compatible avec le point de vue féminin. Si dans le domaine médical, le repérage du mal suspend tout, dans d'autres domaines, cela ne se passe pas comme ça! L'ensemble n'est pas forcément atteint par la partie et ne saurait cesser suspendre son vol pour "si peu"! C'est en effet l'ensemble qui l'emporte sur le détail, dès lors que l'on n'est plus dans le domaine de la maladie et même parfois la maladie doit céder devant d'autres impératifs, comme on l'a vu pour Pompidou ou François Mitterrand;(voir Marianne, 19 décembre 2009, pp; 106-108)
On a l'impression - et c'est bien compréhensible - que les femmes veulent se mettre en valeur en criant "au loup" pour que les choses leur confèrent le beau rôle. Mais à ne s'intéresser qu'au symptôme d'un mal, ne risquent-elles pas de perdre de vue la situation globale?
Les femmes ont d'ailleurs, au nom d'une certaine logique, tendance à inverser les choses : faire le bien serait aussi manifeste que faire le mal. Il suffirait de faire et dire ce qu'il faut pour être bien vu, à commencer évidemment par dénoncer le mal! Il est bien de ne pas accepter le mal! La boucle est bouclée!
Pour en revenir aux propos de John Gray, celui-ci note que les femmes sont capables de faire ce que font les hommes et c'est ce que l'on aurait découvert tout au long du XXe siècle. Or, nous vivons dans un monde de faux semblants, notamment du fait de la technologie envahissante, des effets spéciaux, des trucages, des ersatz, comme l'a encore démontré la "Crise". Qui pourrait, dès lors, se fier aux apparences? Est-ce que les gens ne se contentent pas de peu?
Il reste que les hommes sont plus indulgents envers les femmes quand celles-ci leur plaisent et ce en dépit de ce qu'ils pourraient avoir à leur reprocher mais ils ne se laissent pas berner par quelques belles paroles quand elles émanent de quelqu'un qui ne les attire pas. A contrario, les femmes ne peuvent le plus souvent s'empêcher de s'arrêter sur ce qui le gène chez les hommes -auxquels elles ont affaire -de leur faire la leçon tant elles ont tendance à se prendre pour des éducatrices - et ce, en dépit du fait qu'elles puissent être sous leur charme. C'est plus fort qu’elles. Nous dirons que le comportement féminin est souvent dissonant du fait de la diversité des niveaux de langage et des registres chez une seule et même personne, ce que John Gray appelle un manque de polarisation et la difficulté à percevoir des incompatibilités dans leur propre attitude. Nous dirons que quand l'homme met en avant tel ou tel problème spécifique, ce n'est pour lui qu'un prétexte alors que pour la femme, c'est bel et bien tout un contexte.



JHB
04. 01. 10

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