lundi 8 mars 2010

L'équinoxialité, notion d'avenir en astrologie

par Jacques HalBronn




La typologie fondée sur la dialectique équinoxial/solsticial nous semble assez prometteuse et peut d'ailleurs s'appliquer aux astrologues eux-mêmes que l'on peut répartir selon ces deux polarités qui ne nous paraissent pas avoir jusque là été exploitées et explorées suffisamment ou qui l'ont été de façon assez mal inspirée.
Dans divers textes récemment présentés par nous (dans le JBA), nous avons voulu montrer que l'équinoxialité était un moment de passage, de transition et donc de compromis, aux antipodes de ce que l'on disait sur le Bélier. Certes, on nous dira que les deux signes équinoxiaux sont dissemblables et que le printemps n'est pas l'automne....Mais tout de même ces deux moments sont sensiblement plus proches que ne le sont l'Eté et l'Hiver (voir notre entretien avec Jean-Yves Espié, pour la télévision astrologique). Les pousses du début du printemps sont encore bien menues et fragiles et les marques de l'automne, en son commencement, ne concernent encore qu'un subtil changement chromatique, le vert au printemps et le rouge à l'automne. Rien de vraiment très frappant en comparaison de l'autre axe! Il y a toute une mystique du printemps et du bélier qui vient perturber l'appréhension de la problématique équinoxiale. On nous parle d'un élan mais l'on oublie de nous dire à quel point cet élan est freiné, inhibé, il y a une volonté mais elle est tenue en échec, un peu à la façon de ce dormeur qui a décidé de se lever et qui n'en reste pas moins à paresser au lit. L'équinoxial n'hésite pas à mentir par omission: il dit une chose mais ne signale pas tout ce qui va en sens inverse, il ne met en avant que ce qui l'arrange ici et maintenant, quitte à virer de bord, s'il le fallait....
Or, à la suite d'un grand nombre d'entretiens avec des astrologues praticiens, nous sommes parvenus à la conclusion que l'on pouvait en qualifier la grande majorité d''équinoxiaux.
Entendons par là que le produit fini qui ressort de la consultation astrologique était quelque chose d'assez bâtard, hybride, quelque peu indéfinissable, où astrologie, psychologie, et bien d'autres ingrédient venaient se combiner, se mélanger de telle sorte qu'il était bien difficile d'isoler le facteur astrologique. Comme d'auuns le disent, on est dans le multifactotiel, ce qui est une expression typiquement équinoxiale (on aura compris que l'on ne se référe pas ici au thème de naissance des astrologues qui serait plus ou moins marqué par des signes équinoxiaux!)
Il est difficile au demeurant pour les équinoxiaux de s'entendre avec les solsticiaux. C'est souvent un dialogue de sourds!
La démarche solsticiale, a contrario, n'apprécie guère les demi-mesures et les ambiguités, le flou, la brume qui marquent souvent ces moments que sont l'aube et le crépuscule, en rapport analogique avec les équinoxes, deux moments qui eux aussi bien qu'allant en sens constraire ne laissent de se ressembler comme le rappelle le dispositif des domiciles qui attribue les mêmes planétes aux deux équinoxes: Mars et Vénus. (Mars en bélier, Vénus en taureau (équinoxe de printemps) face à Vénus en balance et Mars en scorpion(équinoxe d'automne) alors que les solstices y sont bien différenciés: soleil et lune pour le solstice d'Eté et Saturne pout le solstice d'Hiver), ce qui montre bien que le dit dispositif ne fait sens que par rapport au cycle saisonnier.(cf la mise en ligne en audio, sur la télévision astrologique, d'un exposé que nous avions donné en 1975 à Jussieu, dans le cadre du séminaire de Bernard Jaulin).. Il est typique de la part du milieu astrologique de mettre en avant le cas de Mars en Bélier sans signaler immédiatement celui de Mars en Scorpion tout comme de parler de Vénus en Taureau sans indiquer aussitôt le cas de Vénus en Balance. La preuve semble faite, au contraire, que ces deux équinoxes étaient jugés comme équivalents. Dans bien des cas, malheureusement, un astrologue procédera par omission: il indiquera ce qui l'arrange en taisant ce qui ne l'arrange pas.
Pour l'astrologue de tempérament solsticial, il faut jouer cartes sur table(si l'on peut dire!) faute de quoi on ne parcviendra jamais à prouver ou à improuver l'astrologie car il faut bien reconnaitre que l'équinoxial recherche des situations qui ne soient pas trop bien tranchées; il préfére la grisaille, le gris étant une saison typiquement équinoxiale et "horizontale", entre le noir hivernal et nocturne et le blanc estival et diurne.
L'astrologue solsticial sent instinctivement que la consultation ordinaire ne saurait être le lieu où l'astrologie se démontre, tant les paramètres en sont variés et variables. Il n'apprécie guère que tout dépende in fine de la bonne volonté, de la bonne disposition du client - cet inconnu- qui a beau jeu de dire que ce qu'on lui a exprimé lui convient, lui correspond ou pas.
C'est pourquoi l'astrologue solsticial sera attiré par la prévision "sèche", par l'étude du futur, d'où le fameux clivage récemment mis en avant, à tort ou à raison, notamment à la FDAF. Certes, la prévision peut-elle rencontrer voire aller au devant de l'échec mais le solsticial ne craint pas l'échec, il en tire des leçons. A ne pas vouloir risquer l'échec, où va l'astrologie, si ce n'est qu'elle se complait dans une certaine médiocrité assez insignifiante et qui lui évite de se remettre en question puisque l'on ne peut jamais prouver que c'est l'astrologie qui dispose de mauvais outils ; tout au plus l'astrologue serait-il un "mauvais ouvrier" (selon l'adage)
.Le solsticial est plus attiré par les statistiques - comme Michel Gauquelin-, par les preuves à grande échelle, par des phénomènes dépassant les cas particuliers (une hirondelle ne fait pas le printemps).André Barbault nous semble avoir une attitude solsticiale, avec certes ses avantages et ses inconvénients, il joue franchement, en tout cas, la carte astrologique encore qu'il ait été parfois influencé -mais n'était-ce pas inévitable - par certains mouvements d'opinion, certains enjeux idéologiques. Le solsticial aime les contrastes, la présence et l'absence, les vaches grasses et les vaches maigres. Il se complait dans un univers en noir et blanc, il met en évidence des discontinuités alors que l'équinoxial s'effraie des positions trop radicales.
Mais pour en revenir à l'astrologue équinoxial, nous dirons que c'est un personnage dont il ne faut pas trop attendre une très grande rigueur intellectuelle, qui met pas mal d'eau dans le "vin" de l'astrologie, et ce sans trop de scrupules, quitte à ce que l'astrologie soit finalement noyée dans l'ensemble de la dynamique de l'entretien astrologique C'est donc un pragmatiste à tout crin irrésistiblement attiré par un certain clair obscur et qui n'hésite pas à se moquer du complexe d'Icare du solsticial! On ne se refait pas.
Pour l'équinoxial, il faut rester dans le "juste milieu" et il en est de même de la plupart des praticiens, tous domaines confondus. Le hic, c'est que l'équinoxial veut prendre le pouvoir dans le milieu astrologique, il veut exercer un droit de regard, au vu de son expérience et de son expérimentation, au lieu de se contenter d'intégrer les nouveaux modèles de la pensée astrologique dans son activité, ce qu'il serait parfaitement en mesure de faire s'il le voulait bien. Au lieu de cela, l'équinoxial reste attaché à des recette passées, ménageant
la chèvre et le chou, écartelé entre passé et avenir, voulant à la fois ajouter de nouvelles planètes mais désireux aussi de préserver un ancien bagage. L'équinoxial n'a pas un sens aigue des contradictions et des incompatibilités, il est un grand conciliateur et il parle volontiers de "synthèse" pour désigner sa démarche.
En conclusion, l'on peut regretter que les différentes typologies zodiacales et planétaires ne semblent pas s'articuler clairement sur cette dialectique équinoxe/solstice, dont la valeur matricielle, au niveau analogique, nous semble assez flagrante. Comme nous le signalions dans un précédent texte, bien des penseurs de l'astrologie sont bloqués dans leur approche de l'astrologie par le fait qu'ils s'évertuent à harmoniser toutes les catégories astrologiques, tous les angles de vue, de façon à ce que chacun s'y retrouve, quitte à dire une chose et son contraire à propos de tel signe ou de telle planète, comme à propos de la Lune, à la fois astre du public et de la maison (Lune maitresse du cancer) et tout étant à l'avenant. L'équinoxial veut garder les coudées franches, un peu à la façon de la chauve-souris, il a horreur d'être prisonnier d'une option trop tranchée, équinoxe oblige! Le milieu astrologique serait-il, de facto, le rendez-vous des équinoxiaux, ce qui n'exclut pas un certain cynisme. On croit que l'astrologue ne joue que la carte astrologique alors qu'en réalité, la consultation se joue ailleurs, dans une telle interaction qu'elle ne peut qu'égarer l'observateur naïf, l'important étant, n'est ce pas, que "ça marche" mais qu'est que ce "ça" qui marche, on finit par ne plus trop bien le savoir..
.Nous dirons que le tempérament équinoxial est "petit bourgeois", c'est à dire pris entre plusieurs systèmes de valeur.. Il s'alimente à tous les râteliers alors que le tempérament solsticial est en quête d'un noyau dur, primordial. L'équinoxial est l'homme du "centre" (à la Bayrou, Modem), de l'économie mixte alors que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, lors des élections présidentielles de 2007, nous semblent incarner respectivement les deux solsticialités, l'estivale pour l'une, l'hivernale pour l'autre. Astrologiquement, nous dirons que le contexte cyclique dans lequel se déroule une élection favorisera la victoire de tel ou tel parti. Or, le premier semestre 2007 voit Saturne à 22° Lion, en janvier, rétrograder jusqu'à 18° en avril, pour redevenir direct à la fin de ce mois puis poursuivre son chemin vers la conjonction de Saturne avec Regulus, début vierge, la conjonction étant assimilée par nous avec le solstice d'hiver et la nouvelle lune... Nous dirons donc que cette période était assez marquée par l'équinoxialité (automnale), ce qui expliquerait le relatif succès de Bayrou. Si les élections avaient eu lieu l'année précédente, le score de ce dernier aurait été plus important encore, le semi-octile équinoxial correspondant en gros à 8° Lion, dans le cas considéré, ce qui était le cas un an plus tôt. N'oublions cependant pas la rétrogradation de Saturne en ce mois de janvier 2010 qui fait revenir Saturne en vierge à un stade antérieur au semi--octile, ce qui implique une mise en attente de l'équinoxialité, jusqu'en juillet 201, lorsque Saturne entrera définitivement en balance.
Ce qui distingue le rapprochement équinoxial du rapprochement solsticial tient à ce que l'un est une sorte de synthèse entre diverses positions alors que l'autre implique une position centrale irréductible qui doit être acceptée par tous ceux qui s'y rallient. On peut observer un glissement de l'un à l'autre, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre selon qu'il s'agisse de l'équinoxialité de printemps qui s'éloigne de la conjonction ou de celle d'automne qui s'en rapproche.
Mais une question reste posée: peut-on dire que certaines personnes sont intrinsèquement équinoxiales ou ne le sont-elles qu'en phase équinoxiale? il semble qu'en phase équinoxiale, tous ceux qui sont impliqués par la cyclicité saturnienne s'équinoxialisent. Mais ceux qui ne sont pas marqués par celle-ci sont probablement équinoxiaux en permanence et son rejoints périodiquement par les solsticiaux de nature. Comme une horloge arrêtée, ils marquent l'heure exacte deux fois par jour.


JHB
16. 01. 10

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