lundi 8 mars 2010

L'astrologie face aux Deux Dépressions (1929-2008)

par Jacques HalBronn

L'astrologie est-elle responsable du Mal? On pourrait le croire quand on enseigne qu'il y a de bons et de mauvais aspects, ce qui en ce début de deuxième décennie du XXIe siècle, continue à être une notion marquante de la pratique astrologique ordinaire. Bien des astrologues se sentiraient terriblement démunis sans une telle dichotomie. Saint Augustin s'interrogeait déjà au Ve siècle de notre ère à ce sujet affirmant que l'astrologie nous déculpabilisait.
Selon nous, le Mal, c'est au regard de l'astrologie, le fait d'agir à contre temps. Celui là "fait mal"., 'a tort". Autrement dit, l'ignorance des "vraies" lois astrologiques ouvre la porte à bien des souffrances si l'on comprend que l'astrologie, cela ne s'invente pas, c'est à dire que les humains laissés à eux-mêmes - même les plus inspirés cosmiquement - risquent de faire preuve d'impatience, d'agit prématurément ou de croire que certaines situations peuvent se prolonger indéfiniment, s'imaginant bien à tort qu'ils ont "tout le temps devant eux", une fois un processus amorcé.
.Le problème, c'est que l'astrologie, sous nombre des manifestations qui s'y référent abusivement, est un gros fournisseur d'actions et d'initiatives intempestives. Elle peut donc être une source d'erreurs plus fréquentes que l'absence d'astrologie, en ce qu'elle génère de pseudo-certitudes. L'astrologue, dès lors, ne jouera pas bien son rôle et contribuera à des entreprises prématurés ou à prolonger outre mesure un état de grâce en faisant parler l'astrologie à sa guise.
Cela dit; comme nous l'avons exprimé dans d'autres textes du présent JBA notamment, l'astrologie a paradoxalement, de facto, un rôle social à jouer face à la maladie, si l'on entend par maladie le fait de sortir de la norme tant psychique que physique. Il existe bel et bien une astropathologie, visant à rendre compte de toutes sortes d'aberrations qui surviennent individuellement ou collectivement aux gens. Nous avons il y a quelque temps distingué entre une pratique normative et une pratique palliative (voir le Colloque de Rennes, sur la télévision astrologique), la branche palliative visant, en effet, selon nous, à assumer une situation jugée à tort ou à raison irréversible.
Etonnant renversement que d'observer comment un savoir foncièrement normatif mais qui rend compte de certaines dialectiques dans le temps et dans l'espace impliquant des passages certes délicats finit, dans bien des cas, à servir à rendre compte de diverses dérives. Mais ce paradoxe n'est-il pas celui du "réparateur", du "dépanneur", du SAV (service après vente) qui vient se greffer sur toute activité normale? Le médecin n'est-il pas la contrepartie de ceux qui cherchent à comprendre et à décrire le fonctionnement normal de l'organisme? Le problème, c'est qu'en astrologie, la dimension palliative a fini par l'emporter sur la dimension normative, à la façon d'un médecin qui soignerait ses patients sans savoir quelle est la norme, avec des idées bizarres sur le modèle de référence. Les modèles hyper-tordus et alambiqués des astrologues ne sont guère rassurants sur ce point! Autrement dit, plus un modèle permet de comprendre une maladie, plus ce modèle est suspect, le propre d'un modèle étant de se situer en premier lieu sur un plan "normal". Imaginons un anatomiste qui élabore une anatomie uniquement à partir de monstres qu'ils considéreraient comme la norme et il en arriverait à juger anormaux les sujets qui ne correspondent pas à un tel modéle.
Abordons ici la question de l'astrologie mondiale dont plus encore que l'astrologie individuelle, il semble qu'on veuille l'utiliser pour comprendre les crises (voir le thème du prochain colloque Source-SEP Hermés, des 6-7 mars 2010). Le cas classique est celui des deux guerres mondiales, tel que décrit astrologiquement par Ancré Barbault (voir nos autres textes sur ce point dans ce numéro du JBA). Rappelons que AB, du moins était ce son but dans les années soixante, entendait montrer que l'Astrologie, après subi un traitement de son invention (indice de concentration planétaire) pouvait prétendre à expliquer le "doublé" des deux grand conflits mondiaux et extrapoler sur l'arrivée prochaine - pour les années 80 du XXe siècle, d'une troisième échéance selon le principe "jamais deux sans trois".
Si l'on aborde cette question de ces deux grandes effervescences "globales" qui ont marqué la deuxième et la quatrième décennie du siècle dernier, l'on assiste, selon nous, à une sorte de logique du Mal dont les rapports avec l'astrologie font débat. D'une certaine façon, la seconde guerre mondiale est une sorte de réédition, de réitération de la première (d'abord baptisée "Guerre européenne" et "Grande Guerre"). Les points communs ne manquent pas en effet avec toute une dimension de revanche, notamment lors de l'invasion allemande de la France sensiblement plus réussie qu'au précédent essai (qui d'ailleurs avait été précédé de la guerre franco-prussienne de 1870, sous Bismarck). On notera aussi que l'invasion allemande de l'URSS par les nazis n'est pas non plus sans évoquer celle qui fut conduite par l'Allemagne de Guillaume II pendant la première guerre mondiale et qui d'ailleurs favorisa la Révolution d'Octobre. L'intervention tardive des Etats Unis est un autre point commun entre ces deux "événements".... On serait donc, selon nous, face à un modèle tendant à se reproduite cycliquement. Relève-t-il de l'astrologie? Nous ne le pensons pas. Nous dirons que c'est là une sorte d'artefact assez monstrueux ayant sa propre dynamique, tout ce qui est cyclique n’a pas à relever ipso facto de l'astrologie comme semble l'avoir cru André Barbault. Cela dit, on ne peut lui reprocher d'avoir été tenté d'effectuer un certain rapprochement selon des procédés que nous avons décrits par ailleurs comme on pourrait le faire pour toutes sortes de cycles, donc de répétitions, on songe évidemment aux multiples références de la Crise actuelle à la Dépression de 1929. Nous avons là une nouvelle illustration de ces scénarios qui se répètent mais où la dernière occurrence se réfère explicitement à la première, ce qui n'est pas sans influer sur son déroulement, sur sa représentation. Dès lors, nous dirons que le nouveau duo Première et Seconde Dépression ferait pendant à l'ancien duo Première et Seconde Guerre Mondiales. On aurait un autre exemple d'un tel couple avec les deux guerres d'Irak; à une décennie d'intervalle, conduites par le père et le fils Bush, le fils, visiblement voulant imiter le père. Il y a là un facteur lié à la mémoire, au "souvenir", scénario répétitif bien connu en psychanalyse mais qui relève largement d'un mimétisme quand il concerne non pas une même personne mais une même société, dans ce cas les événements ponctuels qui déclenchent une telle récurrence ne sont que des prétextes.. Bien entendu, il faut aussi faire la part d'un anti-mimétisme voulant que les choses ne se passent pas comme la fois d'avant mais qui déclenche par là même une situation semblable pour pouvoir espérer la vivre autrement.
L'étude donc de la Crise actuelle, dotée de son précédent, peut nous éclairer par ricochet sur la question des deux Guerres dites Mondiales. Comme pour la Seconde Guerre Mondiale, la Seconde Dépression n'avait d'ailleurs pas été prévue par la communauté astrologique et cela tient au fait que l'on ne se situe pas dans le champ de l'astrologie.
En effet, si ces deux "couples" de catastrophe existaient au regard de l'astrologie, leur taille devrait correspondre à des configurations astrologiques extrémement nettes et n'ayant pas d'équivalent. Or, force est de constater que le système proposé par Barbault -fondé sur la quantité de conjonctions, n'a pas marché pour les années 80, au degré de puissance dont il est question ici, et ne correspond ni à une troisième guerre mondiale ni à une Seconde Dépression, laquelle n'a finalement eu lieu qu'en 2008-2009. Force est de constater que l'astrologie mondiale ne se situe pas à ce niveau extrême de lisibilité que sont les deux guerres mondiales et les deux dépressions majeures.
Certains astrologues contesteront notre propos ou regretteront qu'il faille tirer effectivement de telles conclusions. D'aucuns en effet le contesteront car ils sont persuadés que l'on a là des occasions historiques de prouver l'astrologie et qu'il serait "criminel" de les laisser passer par des arguties (on crache dans la soupe). Qu'il y a ait certes des configurations à mettre en avant pour rendre compte de la Crise actuelle, cela va de soi car on en trouve toujours et on va évidemment amplifier, pour la circonstance, leur importance selon un principe de cause à effet qui relève du sophisme: les configurations existantes sont importantes ipso facto puisque cela correspond à la Crise. Mais cela est réservé aux astrologues qui ont la foi du charbonnier! Certains ont trouvé le truc, ce qui se passe actuellement ne serait que le prodrome de périodes ultérieures plus significatives astrologiquement, d'où l'importance accordée à l'année 2010 qui est plus inquiétante que les deux précédentes années (voir la conférence de Jacky Alaiz, de janvier 2010, sur la Télévision Astrologique, lequel utilise 33 planètes ou planétoïdes dont Proserpine et Bacchus). On est là dans une fuite en avant et les astrologues sont actuellement dans une sorte de quitte ou double : il faut que des choses terribles se produisent en 2010, sans même attendre les terribles échéances promises pour 2012! En fait, on a une conjonction, à partir de juin, entre Jupiter et Uranus, au tout début du signe du bélier, donc aggravée par un changement de signe (sortie des Poissons) encore que complexifié par un processus de rétrogradation qui conduira dans les mois suivants à une même opposition de ces deux planètes fin poissons. Signalons que Jupiter est la plus rapide de tout le bouquet de planètes considéré par l'indice Barbault, ce qui rend la configuration relativement fréquente. Or, force est de constater que l'on n'avait même pas une seule conjonction de planètes "lentes" pour 2008! Il fallait se contenter d'oppositions, qui, dans l'indice Barbault, sont des facteurs de détente! Et puis une seule conjonction ne suffit pas selon le dit indice, Jupiter, de surcroit, étant la seule planète "bénéfique" du lot. Autrement dit, les astrologues ne vont plus vouloir insister sur les conjonctions "à la Barbault" et se replieront sur les bons vieux carrés et les bonnes vieilles oppositions, ou alors sur le changement de signe de telle planète, faute de mieux! Résumons-nous, la tendance dominante chez les astrologues qui prétendent avoir quelque compétence en astrologie mondiale est d'annoncer des choses extrémement dures pour 2010 et si cela n'arrive pas, l'astrologie y perdra des plumes! On prie donc dans les chaumières astrologiques - par crainte d'un véritable Waterloo - pour que des choses épouvantables marquent 2010. Grouchy ou Blücher? il est vrai que l'on fait confiance aux astrologues pour interpréter le moindre choc comme la preuve attendue comme avait tenté de le faire Barbault, rétrospectivement, pour les années 80.
Notre position sur ces questions est la suivante: ces situations (Guerres Mondiales, Dépressions) sont des faits dont la dimension mimétique ne saurait être négligée. L'astrologie telle que nous la concevons peut étudier la façon dont la classe politique peut y réagir comme elle le fait pour le séisme d'Haïti dont l'astrologie ne saurait expliquer l'occurrence. Pour simplifier le débat, il importe de distinguer le cours normal des choses dont l'Astrologie a à rendre compte et les catastrophes tant naturelles que sociales (Guerres, Dépression, Génocides etc), ces dernières étant l'œuvre des hommes mais se superposant aux cycles cosmiques et non y correspondant. Le cas classique est la mort qui n'est pas prévisible par un cycle astrologique et qui vient en entraver, en enrayer le cours, même dans le cas d'un assassinat (Henri III, Henri IV, en France, JFK aux Etats Unis etc).
Pour ce qui est de 2010, il s'agit pour nous d'un temps de transition, que nous appelons équinoxial et qui se produit à deux reprises en 7 ans (sortie de conjonction et approche de conjonction, trois ans et demi plus tard), cela correspond ici à la sortie de la phase conjonctionnelle et prépare l'entrée en phase disjonctionnelle. On peut s'attendre à une crise du leadership qui a commencé avec le semi-octile de 22°30' entre Saturne et l'étoile fixe Regulus, à la fin du signe de la vierge et bien sûr lors de l'entrée de Saturne en balance mais la rétrogradation de Saturne dans les parages du dit semi-octile contribue à compromettre la lisibilité. Le problème qui se pose à nous tient à la durée de l'effet du semi-octile.
Pour nous, ce n'est qu'un passage relativement bref séparant la période conjonctionnelle de la période disjonctionnelle; marqué par des compromis assez hybrides, à l'image de l'aube et du crépuscule, du printemps et de l'automne. La perte de la majorité démocrate au Sénat, du fait de la mort de Ted Kennedy, ne pourra que favoriser des solutions assez bancales.(risques de scandale financier, sexuel qui entachent une certaine image) On met de l''eau dans son vin, d'où une certaine perte de pureté du projet initial, une déception, qui correspond à une solution d'attente de la confirmation disjonctionnelle, ce qui correspond à cette période indéterminée, incertaine, indéfinie- de no man’s land - qui sépare l'hiver de l'Eté, et l'Eté de l'Hiver. Actuellement tous les leaders sont à la peine, d'Obama à Sarkozy , leur aura se brouille et eux-mêmes ne sont pas sans douter, ne sachant pour l'heure si le "grand public" va suivre, apporter son soutien. En attendant, ils sont contraints à recourir à des expédients pour gagner du temps.
C'est un passage de relais, avant que l'on bascule dans une autre logique, celle d'une adhésion populaire large en faveur de tel ou tel projet avancé. En ce sens, cette "volonté populaire" qui désigne son "élu" n'est pas sans faire penser à la procréation avec le sort réservé aux spermatozoïdes. Beaucoup d'appelés et peu d'élus. Bien entendu, l'autre semi-octile -lors du retour de Saturne vers la conjonction - offrira ce même temps de battement avec l'attente cette fois du guide providentiel autodéterminé. capable de s'imposer par sa seule volonté, quitte à s'occuper de tout, de prendre tout sur lui, dans un premier temps.
Bien à tort, selon nous, les astrologues accordent-ils une importance au Printemps comme un moment où les choses se décident et s'impulsent. L'équinoxe ne fait que poursuivre et confirmer une tendance déclenchée au solstice qui le précède. Il semble que c'est ce qu'a voulu, plus ou moins consciemment, l'électorat américain du Massachussetts. En France, aussi, des alliances un peu contre nature vont être proposées et tentées, quitte à pactiser avec le "diable". Il y a les "cohabitations" à la française par exemple - mais qui finalement sont en réalité de véritables alternances, le président de la République appartenant au parti opposé à celui de "son" Premier Ministre, étant condamné à une certaine impuissance (Mitterrand puis Chirac)- et dans d'autres pays des coalitions, comme en Allemagne avec Angela Merkel... L'approche de la disjonction à la fin de 2010 serait favorable à la tenue d'élections -mais là encore, l'astrologie est obligée de "faire avec" car le calendrier électoral est une mécanique qui lui échappe totalement, sauf dans le cas de dissolutions prévues par la constitution de la Ve République, en France. Aux Etats Unis, on a cependant les "mid-terms" renouvelant en partie le Congrès, deux ans après l'élection présidentielle. Il serait bon qu'un jour les élections soient fixées en périodes de disjonction et non de conjonction, la disjonction mobilisant tout un peuple alors que la conjonction est réservée à des équipes restreintes et efficaces, comme celles qu'Obama sut réunir autour de lui lors des Primaires. Avec la disjonction, c'est au peuple qu'il revient de trancher et de conférer l'onction d'une nouvelle légitimité "populaire". Si le peuple choisit le parti qui n'est pas au pouvoir sans que l'alternance puisse être instaurée, il faut s'attendre évidemment à des troubles plus ou moins graves mais qui ne sont pas dus à l'astrologie mais au décalage entre l'astrologie et diverses structures lui faisant de facto obstacle. En ce sens, la disjonction peut être dangereuse quand elle met en évidence de telles distorsions entre ceux qui détiennent le pouvoir et la base. En ce sens, la dissolution de l'Assemblée Nationale par Jacques Chirac et son premier ministre Alain Juppé, souvent jugée inopinée, de 1997, qui aura conduit à un changement d'équipe politique en France (Jospin devint Premier Ministre) pourrait avoir été finalement assez positive pour la vie politique. Vox populi, vox Dei. Mais si tension il y a, ce sera plutôt en 2011, 14 ans après 1997, soit un demi-cycle de Saturne et 43 ans après 1968 (un cycle et demi de Saturne) Rappelons que De Gaulle avait dissous l'Assemblée Nationale au lendemain des événement, obtenant d'ailleurs, cette fois, une forte majorité en sa faveur, ce qu'avaient probablement espéré, à tort, les instigateurs de la dissolution de 1997. Il reste que l'appel au peuple, en phase disjonctionnel est sain et qu'il faut se féliciter de la possibilité réservée au président de la République Française d'y procéder, dès lors que l'Assemblée a été élue depuis plus d'un an. En vérité, cette dissolution de 2011 semblerait une bonne idée quel que soit le résultat qui en découlerait, même si cela doit découpler les deux élections, présidentielle et législatives, ce qui était le principe du passage du septennat au quinquennat. Heureusement, l'article de la constitution permettant la dissolution a été maintenu!
En conclusion, on aura compris que l'astrologie doit se colleter avec des phénomènes qui ne sont pas de son ressort et qui interférent avec ses cycles. Il ne nous semble donc pas raisonnable que l'Astrologie s'évertue à légitimer en quelques sortes des constructions humaines comme certaines grilles de lecture de l'Histoire ou comme certaines périodicités électorales. Certes, selon nous, l'astrologie fut-elle, également, une "construction" juridique, "constitutionnelle", mais elle a pour elle une ancienneté incommensurablement plus forte et en ce sens elle peut revendiquer un droit de préséance face aux inventions de toutes sortes apparues depuis la fin du XVIIIe siècle; Il est vrai que ces inventions sont l'hommage du vice à la vertu et qu'elles singent l'astrologie par leur dimension cyclique et répétitive. Comment distinguer la répétitivité propre au "Modèle Astrologique" (MA) - nom sous lequel nous désignerons désormais l'Astrologie épurée que nous défendons - de ses imitations sans parler des dispositifs propres à des astrologies déviantes?



JHB
24. 01. 10

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