samedi 14 août 2021

Jacques Halbronn Les vraies causes du discrédit de l'astrologie en France tout au long du XVIIe siècle

Les vraies causes du discrédit croissant de l’Astrologie en France tout au long du XVIIe siècle Par Jacques Halbronn L’on a coutume de dire que l’astrologie judiciaire aura souffert des progrès de l’astronomie mais on a généralement suivi une fausse piste alors que l’explication la plus probable ressort assez nettement de la lecture des textes publiés à l’époque lesquels posent le probléme autrement. On donnera comme exemple un exposé d’Hervé Drévillon en anglais concernant l’ouvrage d’Hervé Drévillon (cf bibliographie in finé) concernant les deux lignes de la disqualification de l’astrologie : « In seventeenth-century france, astrology and prophecy seem to fall into discredit in two ways : first, the science of astrology is more and more criticised by learned people, second, the astrological and prophetical literature is increasely considered as a popular one. The aim of this works is to study the link beetwen those two ways of disqualification. The scientific revolution is not an adequate ground to explain the exceptional wave of criticism shaking astrology and prophecy. This wave is rather due to the collapse of credibility of the differents kinds of astrological and prophetical books. Parody, falsification, degradation of the material aspect make the learned people turn away from these books considered as incredible and rejected by those who want books to be the identification mark of their social condition. Considered as popular, this kind of literature also appears like dangerous to the opinion of the reason of state fighting against superstitions, of which books are supposed to be the best medium. The discredit of astrology and prophecy is rather due to cultural, social and political reasons, than to scientific one” IL faut comprendre que l’astronomie aura connu depuis deux siècles une crise d’image avec les bouleversements qui l’ont secouée depuis Copernic et Galilée en passant par Kepler ; Cela aura certainement ébranlé sa position et il convenait d’opter pour un discours de réhablitation, ce qui consistait en quelque sorte à faire de nécessité vertu et de présenter un savoir qui ne bougeait pas comme suspect. Il fallait faire l’apologie du changement et présenter celui-ci nomme comme un dommage mais comme un signe de bonne santé. A contrario, l’astrologie, quant à elle, semblait immuable et il fallait que cette « vertu » devint stigmatisant, ce à quoi se consacrèrent nombre d’auteurs. Les ouvrages ne manquent certes pas, opposant astronomie et astrologie (ou astromancie) comme celui du Jésuite Jean François : Traité des influences celestes ou les merveilles de Dieu dans les cieux sont déduites : Les inventions des Astronomes pour les entendre sont expliquées : Les propositions des Astrologues judiciaires sont démontrées fausses & pernicieuses, par toute sorte de raisons, d'autoritez, & d'experiences, 1660, Rennes. Mais le cas de Jean-Baptiste Morin nous apparait comme tout à fait emblématique au prisme des attaques dont il est l’objet. Il en est ainsi d’une Lettre qu’un certain Barancy lui adresse en 1650, au moment où Morin annonce qu’il a achevé son « Astrologia Gallica » (qui ne paraitra qu’en 1661) On l’y met au défi de renouveler réellement l'astrologie en lui indiquant la nécessité d’une mue radicale et on y dresse par avance le portrait en creux de que la nouvelle astrologie ne saurait être à l’avenir : « On n'y parle plus des 12 maisons, aussi estant mal bâties- Vous en aurez fait d'autres toutes neuves. Plus de ces signes du Zodiaque qui faisaient peur aux enfants. Plus de ces vilains aspects quadrat & opposition, plus de trigones et de sextiles. Fy, ils sont tous morts de vieillesse. Plus de ces rectifications et animodar. Plus de cette fantastique Trutine d'Hermés. Plus de ces resveries d'exaltations, dépressions, chutes, détriments etc . Plus de ces malheureuses directions, plus de ces révolutions. Autrement, cela ne serait plus un habit neuf mais vieux & usé (..) Y nommez vous encore les planétes ? Cela sentirait trop son antiquité. Vous n'oserez plus parleer de Partie de fortune, d'hylec, ny d'alcocodon si vous ne voulez estre sifflé parce que nous vous reprocherions avec justice que contre votre promesse vous ne nous donneriez que de vieilles pièces desrobées ; Tenez donc votre parole & souvenez vous bien, je vous le repéte, que vous nous promettez toutes choses nouvelles , rien de desrobé, point de pièces recousues en un mot un habit neuf » On ne demande point à l’astrologie de s’aligner sur l’astronomie quant à ses fondements mais de prendre modèle sur elle quant à son aptitude à se renouveler, ni plus ni moins. On comprend mieux, en ce sens, la démarche d’un Kepler proposant, au début du siècle, dans une approche critique, de jeter par-dessus bord tout un pan de la tradition astrologique. Hélas, Morin n’accouchera pas d’une astrologie dotée d’ »habits neufs » comme il s’y était engagé pas plus d’ailleurs en 1697 qu’un Eustache Lenoble dont l’œuvre astrologique reste en grande partie calquée sur la Tétrabible de Ptolémée. La révolution qui atteindra l’astrologie ne surviendra qu’avec la découverte de nouvelles planètes à partir de 1781 et autres astéroides. Mais cela arrivera un siècle trop tard et encore en France seulement à la fin du XIXe siècle. Biblographie: Michèle Grenet La passion des astres au XVIIe sièvle. De l’astrologie à l’astronomiie. Paris, Hachette 1994 H ; Drévillon Lire et écrire l’avenir Ed Champvallon 1996 Hervé Patrice Guinard Apogée de l'astrologie française à la fin du XVIIème siècle // Astralis, 19, Lyon, 1987 . JHB 14 08 21