mardi 1 août 2023

Jacques Halbronn Autour de l’Enquéte de Thomas Römer sur la Sortie d’Egypte

Jacques Halbronn Autour de l’Enquéte de Thomas Römer sur la Sortie d’Egypte La lecture de ce travail datant de 2015 fait apparaitre des forces et des faiblesses dans la méhodologie de Römer (né en 1955) au regard de nos avancées actuelles, ce qui en fait un ouvrage daté, dépassé. Certes, (Chaire du Milieu Biblique au Collége de France depuis 2007) prend il bonne note des interferences successives. Dans l’introduction, l’on nous parle d’ »archéologie textuelle », d »"énigme policière » à résoudre. IL reconnait que « les contradictions et les doublons s’y détéctent facilement » qui seraient la preuve selon lui qu’il ne saurait s’agir d’un seul auteur. Dont acte. Sa « Conclusion » (pp 263 et seq) rappelle qu’« après 722, les traditions de l’exode arrivent à Jérusalem où les scribes du roi Josias rédigent une « vie de Moise (…)Après la destruction de Jérusalem en -587 la déportation de l’intelligentisa judéenne à Babylone, l’histoire de Moise est doublement revisitée (..) Vers le milieu de l’époque perse, les versions deutéronomisres et sacerdotale ont été combinées par des rédacteurs etc ». Certes; Römer prend il le relais de la critique biblique autour de la diversité des versions et des rédacteurs. IIl est certes tentant de comparer les diverses versions de tel ou tel épisode (cf notre Monde Juif et l’astrologie,Histoire d’un vieux couple.Ed Arché, 1985, thèse dirigée par Georges Vajda). Sauf erreur de notre part, Römer manque à signaler que deux courants s’opposent, celui qui tourne autour d’ELohim et d’Adam (Genése I) et celui qui s’articule sur Yahwé et Moïse.(Exode III), celui qui se référe aux « Benei Adam » et celui qui met au centre du récit les « Benei Israel ». Encore eut-il fallu accorder l’importance qu’il mérite au Livre de l’Ecclésiaste qui fait pendant en quelque sorte à celui de l’Exode. La mise en vis à vis des deux documents est frappante et semble ne pas avoir concerné Thomas Römer. En fait, Römer n’insiste-t-il pas outre mesure sur l »idée que l’ AncienTestament serait une compilation dans laquelle on se perd? Selon nous, la coexistence de ces deux textes ne plaide aucunement ne faveur de l’idée de compilation tant chacun de ces textes est spécifique. Tout se passe en fait comme si le canon ainsi constitué aurait réuni des textes extrémement différents sans souci de les harmoniser aucunement. On ne saurait donc supposer un dessein d’édiiton visant à une certaine cohérence! Certes,le propos de Romer se concentre-t-il sur le seul Livre de l’Exode mais cela ne saurait excuser un certain manque de perspective : Le Livre de l’Exode fait partie de ce qu’il faut bien appeler une Anthologie qui, dans l’ensemble, ne craint pas, ne se soucie guère de faire cohabiter des discours paralléles et en quelque sorte alternatifs, ce qui ne peut que sourire à l’historien lequel dispose ainsi de documents ayant préservé leurs spécificités respectives.Cela dit, dans le cas du Livre de le Genése, le mélange est flagrant et en ce sens, la Genése fonctionne autrement que l’Exode, et nous avons montré l’impact du binome Yahwé Elohim dans les chapitres II à IV. Et il ne nous a pas semble que Rômer avait accordé l’importance que méritait une telle combinatoire, du coup des plus syncrétiques et que l’on retrouve dans les formes « Yahvé Elohénou » (du Ecoute Israel)Autrement dit, Romer ne signale pas suffisamment l’étanchiéité au sein de cette « anthologie » mais ne s’arrête non plus sur la dite combinatoire des deux noms de divinité, celle-ci étant occultée par les traductions qui rendent par un étrange « Eternel Dieu » ou pire l’Eternel, notre Dieu, ce qui conduit à l’affirmation du « Ehad » dans le dit Shema Israel. En tout état de cause, on note deux versions de l’édit de Cyrus décrétant le retour des Juifs de Babylone vers leur terre ancestrale, Isaie 45 et Ezra. Et l’on voit à quel point le Deutédro Isaie substitue les Israélites aux Judéens mais cela n’empêche pas que les deux versions cohabitent au sein du Tanakh; comme si de rien n »était. On peut certes s’interroger sur les raisons présidant à un tel statu quo mais les faits sont là. Certes, par la grâce de l’herméneutique, les commentateurs croient ils tout pouvoir concilier ne serait ce qu’au prix d’une synonymie faisant d’Israel et de Juda des synonymes. Par ailleurs, on ne peut tout à fait exclure que le « mauvais « exemple aura été donné par les Juifs eux mêmes qui sont les premiers à affurmer l’unité du Pentateuque, du fait de leur récitation annuelle (par péricope/paracha). Car si les Juifs eux mêmes ne se sont pas alertés de cette double théologie, on ne devrait pas être plus royaliste que le roi, n’est ce pas? JHB 01 08 23