Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
jeudi 26 août 2021
La question essentielle du point vernal en Astrologie
jacques Halbronn Astrologie. La question essentielle du point vernal en astrologie
Le Zodiaque, selon Eustache Le Noble, peut se résumer aux équinoxes et aux solstices en renonçant à toute division en 12 secteurs qui sont une invention des astronomes, ce que nous appelons du méta-langage. Il est regrettable que Jean Pierre Nicola soit resté dans l’idée que ces 12 secteurs étaient utiles à l’astrologie.
la notion de point vernal est de nos jours avant tout associée aux ères précessionnelles mais là encore au lieu de parler d’étoiles fixes, l’on se référe à des constellations. (cf Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, Ed Albatros 1979).
Selon nous, les axes équinoxiaus et solsticiaux doivent être reliés à des étoiles fixes, étant entendu que ce lien sera toujours temporaire et qu’une étoile en relaiera une autre, du fait de la précession des équinoxes. La notion d’aspect n’est en réalité pas applicable aux rapports planéte/planéte mais bien planéte/étoile fixe équinoxiale ou solsticiale. Il ne s’agit donc pas de se polariser sur les étoiles fixes royales qui n’ont joué un rôle au niveau équinoxiale et solsticial que ponctuellement. De toute façon, dans la pratique, la connaissance de l’étoile fixe correspondant au « point vernal » est secondaire puisqu’il suffit de se référer au cycle des 4 saisons. Mais en théorie, c’est bien la conjonction de Saturne avec l’une des quatre étoiles saisonnières qui est la base de l’anthropocosmologie, c’est à dire de la relation entre notre systéme solaire et notre Terre.
Selon nous, l’astrologie doit travailler sur une planéte à la fois, comme l’a fait Gauquelin. Entendons par là que chaque planéte doit être étudiée avec sa dynamique et son cycle propres. L’intérêt des étoiles, c’est que le lien avec les planétes ne modifie aucunement leur cyclicité. Saturne garde son cycle dans ses aspects avec les points équinoxiaux et solsticiaux, ce qui n’est pas le cas si on combine Saturne avec Jupiter ou avec Neptune.
Cette idée de combiner les cycles est une hérésie. Chaque cycle doit être étudié pour lui même et les aspects d’une planéte avec une étoile ou avec un point saisonnier ne perturbent pas son processus structurel (cf la Loi de Bode). Entendons par là que sa cyclicité n’en sera pas affectée et qu’elle ne passera pas de 20 ans à 36 ans, par exemple, selon son partenaire planétaire. NOus sommes résolument contre ce type de « mariage », d’union.
On aura compris que nous rejetons le thème astral avec toutes ses planétes qui cohabitent et cela ne date pas d’hier puisque dès 1976 dans Clefs pour l’Astrologie, il y a 45 ans. L’astrologie mondiale que nous avons proposée alors étudiait tout particulièrement les rapports planétes et équinoxes.solstices.
Au XVIIe siècle, les astrologues qui entendaient réformer l’astrologie préconisaient de s’en tenir à ces deux axes en laissant tomber toute la symbolique zodiacale. Les astrologues actuels qui se veulent tropicalistes commettent la grave erreur de conserver cette symbolique qui est proprre à l’astrologie sidéraliste, ce qui préte à confusion. Pour nous, Saturne est la clef de l’astrologie comme nous l’avons formulé en 1994, il y a plus de 15 ans dans l’Astrologie selon Saturne. Cela donne un rendez vous majeur tous les 7 ans puisque le cycle de cette planéte est divisé par 4. LEs résultats obtenus par ANdré Barbault n’ont été en fait rendus possibles que parce que le cycle Saturne-Neptune coincidait avec le cycle de Saturne mais ce faisant au lieu d’avoir un rendez vous tous les 7 ans, il n’avait droit qu’à un rendez vous tous les 36 ans, ce qui l’a fait rater 1961-62 (crises de Berlin et de Cuba). 1989 a marché parce cela coincidait avec une conjonction de Saturne avec l’axe solsticial. Cette coincidence aura malheureusement induit la communauté astrologique en erreur. Parfois une prévision apparemment réussie risque de fourvoyer les chercheurs pour longtemps!
JHB
26 09 21
Jacques Halbronn Antoine Villon : une approche sociologique de l'Astrologie
Jacques Halbronn Antoine Villo: une approche sociologique de l'astrologie
A la différence d'Eustache Le Noble, 70 ans plus tard, Villon ne distingue pas
Astrologie et astronomie au point que le mot "astronomes" n'apparait pas dans
son Usage des Ephémérides comme si l'astrologie était responsable de
tout ce que l'astronomie avait constitué de par son métalangage alors que Le
Noble prendra ses distances et examinera l'inventaire de tout ce que
l'astronomie aura légué à l'astrologie, ce qui sous entend l'exercice d'une
certaine suspicion.
Aussi bien dans la seconde partie de son traité : Des fondements de l'astrologie,
c'est le terme Astrologues qui est récurrent (pp. 4, 14, 41 etc). Au chapitre III
"De la propriété des signes du Zodiaque", Antoine de Villon écrit :"Les
astrologues comptent leurs zodiaques grandement différents entre eux (..) le vray zoo
zodiaque duquel entendent parler les astrologues en tous leurs discours
& jugemens astronomiques (sic)"
Villon recherche les "raisons" à l'instar du Liber Rationum d'Abraham Ibn Ezra
'traduit en latin par P. Abano " "La raison fondamentale de mon dire est
que les signes du vray zodiaque n'ont aucune vertu ny propriété que celles qu'il s
reçoivent" (du soleil, de la Lune, des planétes) (p; 44)
Le terme Astrologues revient (p. 60, p. 67), On notera qu'il est question des
astrologues et non de l'astrologie. Or, de nos jours, il est rare d'entendre parler
des astrologues et l'on préfére parler de l'astrologie. On peut le regretter car
l'on occulte ainsi une dimension ethnologique, sociologique. On lit chez Villon
"Cardan et quelques autres astrologues" (p. 81)
Au chapitre V Des dignitez essentielles des planètes, nous lisons :"ces dignitez
sont appelées par les Astrologues essentielles" et plus loin "Il faut scavoir que
les Astrologues appellent un planete etc" et plus loin (p. 112) ;"Les astrologues
toutesfois ne sont pas d'une mesme opinion etc" Plus loin (p. 111):Les
astrologues marquent la conjonction (...)les astrologues signifient cet
aspect"
On a ainsi l'impression que Villon ne s'adresse pas à des astrologues mais en
en parle comme d'une tribu dotée de ses propres moeurs. à un public curieux
de s'en informer .
p. 138: "C'est pourquoy plusieurs d'entre les astrologues ont tasché de rendre
raison de cecy "
p. 140 " Pour ce qui concerne la conjonction, les astrologues en disent autre
chose (...) Ptolémée & avec luy les plus fameux astrologues
p. 149 "Les astrologues leur attribuent etc" (..) lieux (..) que les astrologues
appellent communément etx"
p. 167 " Les cadentes sont celles que les astrologues appellent maisons
déclinantes"
Arrêtons nous sur une formule que l'on peut mettre en paralléle avec l'étude
qu'en donnera Le Noble à la fin du siècle: (p. 168)
"Les astrologues ont trouvé bon que tout ainsi comme ils avaient en premier
lieu divisé le Zodiaque en douze parties ou signes qu'à raison du mouvement
journalier du Ciel (ou de la Terre comme veulent quelques uns)ne peuvent
garder la même situation ains (mais) changent perpétuellement etc"
Etrangement Villon, distingue ce que disent les Grecs et les Astrologues (pp.174
et seq) "La cinquiesme maison est appelée par les Grecs bonne fortune et par
les astrologues maison des enfants'
Il ressort de la comparaison entre l'Usage des Ephémérides de 1624 et l'Uranie de
1697 que ces auteurs avaient une conscience aigue de la dimension
conventionnelle des savoirs. Mais Eustache Le Noble, comme on l'a montré
dans notre étude sur le démarquage par rapport à l'astronomie, est parvenu
à faire la part de ce qui reléve des pratiques des astronomes et de ce dont
les astrologues doivent garder.
JHB
26 08 21
Jacques Halbronn Eustache Le Noble et le démarcage astrologie astronomie à la fin du XVIIe siècle
Eustache Le Noble comme historien de l’astrologie
Par Jacques Halbronn
Il semble qu’il y ait eu un malentendu quant aux positions d’un Eustache Le Noble sur le Zodiaque, comme il ressort du propos à son sujet tenu par Patrice Guinard.
Le Noble –suivant ainsi l’exemple d’un Abraham Ibn Ezra (cf notre édition de son diptyque, Paris, Retz, 1977 Préface de G. Vajda), quand il fournit des explications au sujet de telle ou telle notion astrologique ne s’inscrit pas, comme on pourrait le croire, dans une démarche apologétique car ce n’est pas parce que l’on s’efforce de comprendre par quel cheminement, telle formulation aura fini par s’imposer que l’on l’approuve. Gérard Simon (Kepler, astrologue, astronome, Paris, Gallimard, 1977) a montré toute l’importance de l’argument de l’arbitraire pour la critique de l’astrologie. Or, Guinard donne l’impression que Le Noble, du moment qu’il explique, justifie. Ce serait aller un peu vite en besogne et minimiser l’apport de l’auteur de l’Uranie ou Tableaux des Philosphes, ouvrage paru pour la première fois en 1697 à Paris. (P. Guinard. Eustache Lenoble (1643-1711): Un Bilan sur l'Astrologie à son déclin
(Avec des extraits de son Uranie, ou les Tableaux des Philosophes) Site du CURA). Hervé Drévillon , étrangement, quand iil termine son ouvrage « Lire et écrire l’avenir » (Champvallon, 1996) reprenant notre édition de 1993 L’astrologie du Livre de Toth) n’avait d’ailleurs pas compris qu’Etteilla reprenait le traité de Le Noble :« Auteur d’un traité d’astrologie savante publié en 1785, Etteilla ne peut se résoudre ç expliquer le déclin de la « science des astres » par les seuls arguments scientifiques »
Quand Le Noble explque la division en 12 du Zodiaque par les lunaisons n’entendait pas pour autant la justifier.. Guinard croit que Le Noble prône l’abandon du symbolisme zodiacal alors que c’est la division en 12 que Le Noble rejette, quand bien même en fournirait-il les « fondements » ! Comme disait Bouché Leclercq, dans son Astrologie Grecque (1899) :« On ne perd pas son temps en cherchant à quoi d'autres ont perdu le leur »
Mais Le Noble nous intéresse pour une autre raison, quand il rétablit le triptyque soleil, étoile, planéte à propos de la précession des équinoxes dont Drévillon ne traite guère dans sa thèse de fin 1993 ni dans son ouvrage paru peu après enrichi des lectures de nos deux ouvrages parus en 1993, mais en oubliant de signaler notre édition de 1975 des Remarques Astrologiques de Morin (Ed Retz) alors qu’il revient sur ce livre paru en 1651.
Si nous avons bien compris le propos d’Eustache Le Noble, celui-ci expose remarquablement le processus à savoir que l’étoile qui correspond à la « ligne équinoxiale », c’est-à-dire au début du printemps dans l’hémisphère Nord, ne reste pas la même et c’est d’ailleurs ainsi que l’on aura mis en évidence la dite précession des équinoxes. Autrement dit, les étoiles fixes serviraient de marqueurs célestes de nos saisons. Seule la division en 4 saisons fait sens pour Le Noble même s’il prend la peine de tenter d’expliquer la genése des noms des constellations mais, encore une fois, sans en arriver à entériner une quelconque division en 12 de l’écliptique. D’ailleurs, d’une façon générale, ce que n’a apparemment pas compris Guinard, même quand Le Noble essaie de comprendre tel ou tel dispositif de la tradition astrologique, cela ne signifie nullement qu’il s’en porte garant, rejoignant ainsi l’approche d’un Kepler. Le travail de l’historien n’est pas de valider les savoirs dont il dresse le parcours avec plus ou moins de bonheur.
Force est de constate que déjà en 1624, un Antoine Villon, dans son Usage des Ephémérides, montre qu’il est tout à fait au courant de l’existence de deux zodiaques, affirmant qu’il laisse de côté celui des constellations. Or, il importe de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain , ce qu’a bien compris Le Noble. Une chose est de ne pas prendre au sérieux le découpage en 12 des étoiles fixes, une autre de ne pas s’intéresser aux étoiles dans le processus astrologique. L’étoile est pour Le Noble une donnée essentielle qu’il connecte avec l’axe équinoxial en sachant pertinemment que l’étoile ainsi connectée laissera la place à d’autres.
Or, dans la logique de Port Royale ou l’Art de penser (1662), on peut lire :
« Il y a une constellation dans le ciel qui s'appelle Balance, et qui ressemble à une balance comme à un moulin à vent; la balance est le signe de la justice : donc ceux qui naîtront sous cette constellation seront justes et équitables. »
Et un tel argument continuera longtemps à être ressassé alors que les astrologues en ont pris la mesure depuis longtemps . Leur tort est d’avoir conservé les dénominations zodiacales des constellations au lieu de les avoir abandonné au profit d’un référentiel proprement saisonnier, même si la genése même du dit symbolisme puisse s’originer peu ou prou dans le cycle des saisons.
Pour nous, il importe de réintégrer les étoiles fixes dans le systéme astrologique en tant que marqueurs des 4 saisons et d’accorder toute son importance aux conjonctions planétes-étoiles fixes des saisons et de renoncer aux aspects planéte/planéte, point que Kepler n’aura aucunement intégré dans son Astrologie puisqu’il aura mis les aspects entre planétes- quitte à en augmenter d’ailleurs le nombre- au centre de son œuvre astrologique. Le grand avantage du rapport planéte-étoile, c’est que le cycle de la planéte ne change pas.ce qui n’est nullement le cas pour ce qui est du rapport planéte-planéte. Il est clair que pour Guinard qui reproche à Kepler d’avoir évacué trop de notions astrologiques, le travail de l’historien de l’astrologie ne peut que venir valider une certaine pratique de l’astrologie contemporaine ayant exclu les étoiles fixes faisant dire à Le Noble ce qu’il ne dit pas.
On étudiera un chapitre de Le Noble sur le Zodiaque pour montrer que cet auteur ne vise aucunement, tout en recherchant les "raisons" de certains dispositifs à pour autant les valider, erreur commise par Patrice Guinard, semblerait-il.
On notera que Le Noble n'attribue pas aux astrologues mais aux astronomes la nomination des signes, des constellations et des planétes, ce qui lui permet de s'en distancier. Que l'on ne vienne pas nous dire qu'astronomes et astrologues ne faisaient qu'un, autrefois. Les astrologues se sont servis du matériau traité par les astronomes/ Trouver des "raisons" ne signifie pas "donner raison"! Le Noble pose clairement le découplage entre astronomie et astrologie. On retrouvera au XVIIIe siècle une telle approche dans l'Histoire du Ciel de l'Abbé Antoine Pluche.) : Histoire du ciel considéré selon les idées des poétes, des philosophes et de Moïse [Texte imprimé], où l'on fait voir : 1° l'origine du ciel poétique, 2° la méprise des philosophes sur la fabrique du ciel et de la terre, 3°̊ la conformité de l'expérience avec la seule physique de Moïse : Paris : Vve Estienne, 1739
En ce sens, Le Noble n'entend pas valider tout ce que les traditions ont pu accumuler.
D'où la conclusion de Le Noble :
" Voilà de quelle maniere ils diviserent le zodiaque ; d'où l'on peut voir l'impertinence des Astrologues, d'attribuer à ces constellations des influences qui répondent à la nature des animaux dont on leur a donné le nom, puisque ces noms qui ne servent qu'à désigner les effets de l'aproche ou de l'éloignement du Soleil, ne conviennent pas mieux à ces constellations, & n'ont pas plus d'éficace, que les enseignes qu'on met par carprice aux maisons."
Patrice Guinard, tout en reproduisant le chapitre (ci dessous) sur les constellations manque à saisir l'originalité de la "critique" de Le Noble: et ne retient que le démarcage coutumier des astrologues encore de nos jours par rapport aux "pratiques abusives" Citons Guinard dans son article : " Lenoble reproche aux détracteurs de l'astrologie, penseurs, philosophes et théologiens, de confondre l'astrologie avec les pratiques abusives qui la dénaturent. Ce n'est pas parce que la littérature astrologique a produit un fatras d'affirmations superstitieuses et puériles, que l'astrologie en soi doive être écartée sans examen. Quant à la majorité des astrologues-consultants, ces "vendeurs de fumée" (p.301), ils semblent ignorer la véritable nature de l'astrologie." Guinard passe ainsi à côté du démarcage de Le Noble par rapport aux astronomes, ce qui explique éventuellement la rupture entre astrologues et astronomes dont Le Noble serait le "prophéte".
L'Uranie 1697
CHAPITRE VIII.
Des Constellations.
Toute cette multitude de Soleils répandus dans les espaces immenses du Ciel, & que nous connoissons sous le nom d'Etoiles, furent l'objet de la contemplation des premiers Astronomes, qui pour aider leur connoissance & donner quelque ordre à ce qui leur paroissoit confus, joignirent ensemble celles qui se trouvoient proche les unes des autres, & de ces differens amas en composerent des constellations, ausquelles ils donnerent tel nom qu'il leur plüt.
Il est à coire qu'ils commencerent par la division des douze constellations qui composent le zodiaque, & qu'ayant vû [p.158] que pendant l'année de la révolution du Soleil la Lune se joignoit douze fois à lui, & revenoit douze fois dans son plein, ces douze lunaisons qui à onze jours & huit heures près égaloient cette révolution solaire, les obligerent à partager en douze parties la ligne Equinoxiale, et cet espace qui de côté & d'autre s'étend jusqu'aux deux tropiques, & sert de route aux planetes.
Cette division n'étoit point imaginaire, & ils y furent déterminez par une raison très solide ; non seulement à cause de ces douze stations de la Lune, mais parce que le Soleil en douze mois passant deux fois la ligne Equinoxiale, et puis s'écartant à droite & à gauche jusqu'aux deux points des tropiques, coupe & divise réellement l'année en quatre parties égales, qui font les quatre saisons ; & chaque saison ayant son commencement, son milieu & sa fin qui la subdivisent réellement en trois parties de differente température, on ne pouvoit pas imaginer une division plus naturelle du Ciel que de le partager en douze parties, dont trois seroient attribuées à chaque saison.
Ce partage ainsi fait dans l'imagination des premiers hommes qui, comme on le voit par l'Ecriture sainte, n'habitoient la terre qu'en deçà de la ligne, ils ne pouvoient mieux commencer cette division que dans le point Equinoxial auquel le Soleil, dont ils suposoient le mouvemenet, leur paroissoit remonter vers eux : Ainsi de ce point jusqu'au tropique de la plus haute élévation du Soleil, ils composèrent trois [p.159] constellations ausquelles ils donnerent trois noms convenables à leur effet. La premiere fut donc nommée le Belier, non seulement parce que le Belier est pris pour le conducteur du troupeau, mais parce que le saut de cet animal leur paroissoit une emblême juste pour marquer que le Soleil sautoit la ligne pour venir à eux. La seconde fut nommée le Taureau, pour montrer l'augmentation des forces du Soleil, & cette même raison fit donner à la troisième le nom de Jumeaux, comme voulant dire que cette force du Soleil étoit encore redoublée dans ce signe.
Mais du point du tropique divisant le zodiaque en trois autres constellations jusqu'au point de l'autre Equinoxe, ils leur donnerent les noms d'Ecrevisse, de Lion & de Vierge. La premiere, parce que le Soleil n'a pas plûtôt atteint ce point, qu'il commence à reculer en arriere. La seconde, parce que l'ardeur du Soleil est alors dans sa plus grande violence, & pour l'autre j'en conçois peu la raison, si ce n'est qu'ils ayent voulu marquer que la continence est alors plus necessaire qu'en tout autre tems.
Les trois constellations suivantes commencerent au point de l'Equinoxe d'Automne, & eurent les noms de Balance, de Scorpion, & de Sagitaire. Le premier tiré indubitablement de l'égalité des jours & des nuits. Le second, à cause de la malignite de l'air & des maladies plus fréquentes dans cette saison qu'en toute autre ; & le dernier, pour montrer la fuite du Soleil tout prêt d'atteindre l'autre tropique. [p.160]
Enfin ce tropique d'hyver jusqu'au point Equinoxial du Printems, eut son espace divisé en trois constellations, nommées le Capricorne, le Verseur d'eau & les Poissons. Le premier, parce que c'est un animal hideux & mélancolique ; Le second, à cause des pluyes fréquentes de cette saison ; & le troisième, pour les grands débordemens des eaux causées par les pluyes qui les ont précedées.
Voilà de quelle maniere ils diviserent le zodiaque ; d'où l'on peut voir l'impertinence des Astrologues, d'attribuer à ces constellations des influences qui répondent à la nature des animaux dont on leur a donné le nom, puisque ces noms qui ne servent qu'à désigner les effets de l'aproche ou de l'éloignement du Soleil, ne conviennent pas mieux à ces constellations, & n'ont pas plus d'éficace, que les enseignes qu'on met par carprice aux maisons.
Après que ces premiers Astronomes eurent avec beaucoup de raison & de jugement divisé ce zodiaque en douze parties, & chaque partie en trente degrez, pour en composer le nombre de 360, qui se raportât à peu près aux 365 jours & six heures que le Soleil paroît employer, ou que pour parler plus juste la terre employe à sa révolution, ils diviserent le reste du Ciel en constellations, qu'ils nommerent, soit par fantaisie, soit par des noms conformes à leurs figures, comme le triangle & la couronne, soit par leur nombre, soit enfin sur des effets dont ils croyoient avoir quelques experiences.
C'est ainsi que les sept Etoiles qui [p.161] composent la grande ourse, & les sept qui font la petite, les obligerent à donner le nom de Septentrion à la partie du Ciel qu'ils occupent, & qu'ils les nommerent la grande & la petite Ourse ; comme si les quatre Etoiles qui font une figure quadrangulaire representoient ses quatre pieds, & les trois autres sa queuë, & qu'ils ont donné le nom de serpent à une traînée d'Etoiles qui serpente entre l'une & l'autre.
Quoi qu'il en soit, il faut conçevoir que tous ces noms ne servent qu'à distinguer & désigner les constellations, & qu'ils n'ont aucune éficace ni raport aux influences que la lumiere de ces Etoiles nous peut aporter. Sur tout à l'égard des douze signes du zodiaque qui ne sont plus aujourd'hui comme ils étoient lors qu'on en a fait la division, puisque l'espace que nous apellons aujourd'hui le Belier, & qui commence au point de la coupure Equinoxiale du Printems jusqu'à trente degrez au delà, n'est plus sous les étoiles du Belier, mais sous celles des Poissons. Or ce n'est point ce lieu imaginaire nommé le Belier qui influë, mais ce sont les Etoiles elles mêmes, qui se trouvant en conjonction avec le Soleil ou les Planetes, leur unissent leur influence, ou qui se trouvant dans les points cardinaux d'une figure, répandent leur vertu à l'aide de leur lumiere, sur les corps disposez à la reçevoir. Ainsi la vertu de la constellation qui faisoit il y a deux mil ans les Poissons, est indubitablement passee au Belier, & celle du Belier au Taureau, puisque la vertu réside dans l'Etoile qui influë par sa lumiere, & que les Etoiles qui faisoient la [p.162] constellation d'un signe est passée dans un autre : Mais je réserve cette matiere pour en traiter dans son lieu.
[p.206
JHB
26 08 21
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