mardi 19 décembre 2023

jacques halbronn Yves de Paris, un capucin astrologue.

in astrologue Posté par nofim le 22 janvier 2014 Yves de Paris, un capucin astrologue par Jacques Halbronn Une littérature bilingue Le texte astrologique au XVIIe siècle se décline tant en français qu’en latin, ce qui complique quelque peu la tâche de ceux qui veulent se faire une idée aussi complète que possible de la situation en cette période charnière. Emblématiquement, un Jean-Baptiste Morin (de Villefranche) écrivit son magnum opus, l’Astrologia Gallica, en latin – ouvrage qui paraîtra à La Haye, en 1661, après sa mort. On peut imaginer ce qui se serait passé si Morin avait publié cette somme en français, somme que l’on ne connaît toujours que par des traductions partielles à notre époque, où l’accès au latin n’est plus ce qu’il était, Morin devenant ainsi en quelque sorte un auteur étranger. En revanche, les Remarques Astrologiques qui en constituent une introduction, paraîtront en français, en 1654. Le cas n’est pas isolé et nous étudierons ces manifestations de bilinguisme tant chez les « astrophiles » que chez les « astrophobes ». Ce sera notamment vrai pour Yves de Paris dont le FatumUniversi est en latin alors que la Théologie Naturelle, qui lui est antérieure, est en français. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, on n’est pas forcément passé du latin vers le français: le texte antiastrologique de Pierre Gassendi qui parut en latin dans les années 1640 avait connu une version française antérieure, dans les années 1630, au sein des Préludes à l’Harmonie Universelle de Marin Mersenne. Qu’est-ce qui détermine le choix de la langue, chez un auteur qui s’exprime à peu près indifféremment en latin ou en français? Mais qu’en avait-il été au siècle précédent, le seizième? La grande somme de Junctin de Florence – le Speculum Astrologiae - partiellement traduit au XXe siècle, en français, parut en latin alors que nombre de médecins astrologues publient en français, d’Antoine Mizauld à Claude Dariot, d’Auger Ferrier à Nostradamus, encore que la correspondance de ce dernier, traduite par Jean Dupébe ( Lettres, op. cit.) soit largement en latin. Tout dépend du public visé, s’il est francophone ou non, s’il est cultivé ou non. C’est ainsi que l’Introduction aux Jugemens Astronomiques de Dariot se fit successivement en latin et en français. On n’abordera pas ici la question des traductions du français vers d’autres langues vernaculaires modernes. Si la Domus Dei du Jésuite Nicolas Caussin, parue à Paris, chez Denis Béchet, en 1650 (BNF A 984 (2) Resac), annoncée d’ailleurs par une Lettre à une personne illustre sur la curiosité des horoscopes, en français, parue chez le même libraire, est une critique en latin de l’astrologie (on y trouve des Observationes antiquae quibus superstitiosa astrologia exagitur), force est de constater que la grande majorité des attaques contre l’astrologie sont en français, ce qui indique un désir d’atteindre un large public (cf le CATAF). Même Gassendi en 1654 choisira le français pour s’en prendre à l’Eclipse du mois d’août, « pour servir de réfutation aux faussetez qui ont esté publiées sous le nom du Docteur Andréas ». Il conviendrait également de signaler le travail de traducteur de Nicolas Bourdin, marquis de Vilennes, concernant les oeuvres disponibles en latin attribuées à Ptolémée et qui peuvent indiquer une volonté de rendre accessible un certain corpus à des non latinistes. Il semble qu’en ce qui concerne la littérature astrologique, il faille impérativement recenser conjointement textes français et latins, au risque de ne pas percevoir une certaine continuité. On pense notamment à Noël Duret, que le catalogue de la BNF ne rapproche pas de Natalis Durret, de Montbrison (c. 1590-1650) et qui fit beaucoup pour la diffusion du savoir astrologique. Son De crisium mysterio tractatus magnus, qui figure en appendice de ses Novae motuum coelestium Ephemerides Richelianae, Paris, 1641 (BNF) est une compilation de divers auteurs traitant de médecine astrologique et sera d’ ailleurs rapidement traduit en anglais, au sein de la Semeiotica Urania (1651) de Culpeper, dont il constitue en réalité « the basis of the story » de son Astrological Judgment upon diseases.(BNF). La coquille « Perrerius » au lieu de Ferrerius n’étant même pas corrigée par le traducteur (sur les traductions astrologiques du français vers l’anglais, cf. notre article « The revealing process of translation and criticism », op. cit.). Duret commence en 1635 à publier en français sa Nouvelle Théorie des planètes, mais très vite il bascule vers le latin avec les Novae motuum coelestium Ephemerides Richelianae (BNF V 8341) qui comportent une Isagoge in Astrologiam (Introduction à l’astrologie, Astrologia generalis), suivie d’une Astrologia specialis (De Astrorum influxu causis ac modis quibus corpora caelestia in res inferiores agunt) ainsi qu’un Usage des Ephémérides. Ouvrages fort complets puisque rassemblant en un seul volume éphémérides, modes de calculs et interprétation.. Cet ensemble impressionnant semble avoir été un succès de librairie et servi à bien des astrologues et apprentis astrologues. Le passage du latin au français correspond probablement à un certain déclin des compétences du lectorat concerné et on peut même se demander si cela ne visait plus dès lors, en abandonnant le latin, un public féminin. Or, nous avons constaté le très net effort de traduction vers le français, à partir de 1640 et de la traduction du Tétrabible (cf notre étude sur Bachelard, sur ce site) ainsi que la préférence pour des aphorismes plutôt que pour un exposé théorique d’ensemble. Morin, lui-même va renoncer au latin de ses premières oeuvres pour publier dès 1654 ses Remarques Astrologiques, et l’Astrologia Gallica était alors très largement rédigée puisqu’il s’y réfère constamment. Si l’on conçoit que l’on recourt au latin pour un ouvrage didactique, on s’étonnera davantage quand il s’agit d’un pronostic. Or, c’est justement le cas pour le Fatum Universi, livre qui sera condamné pour certaines de ses prédictions latines. La Théologie Naturelle d’Yves de Paris Dans les années 1630, le capucin Yves de Paris, de son nom d’origine, Charles de la Rue, né en 1588 (cf J. Eymard d’Angers, Yves de Paris, Bloud & Gay, 1964), publie une Théologie Naturelle ou les premières vérités de la Foy sont éclaircies par raisons sensibles et morales, Paris, Veuve N. Buon, 1633 (BNF D 10569) qui comporte un exposé assez substantiel de la doctrine astrologique. L’ouvrage connut plusieurs éditions, jusqu’en 1640. La présentation de la matière en est remarquable en ce que le théologien ne se contente pas de réflexions générales sur les astres mais y intègre des notions plus spécifiques empruntées directement au dispositif des maîtrises planétaires qu’il adopte sans réserve au même titre que les données proprement astronomiques. Qu’on en juge: » Il paroist bien que ces Planètes & le Soleil mesme relèvent d’une puissance supérieure, en ce qu’ils sont obligez d’achever tous les jours le tour du monde sans repos, de prendre leurs logemens quoy qu’incommodes, dans chacun des Signes du Zodiaque, de souffrir les exils, les déchets (sic), les éloignements, les rétrogradations et perdre leurs forces par la rencontre de leurs ennemis (…)Je ne fais point icy de remarque de ce qui se dit des exils, des exaltations, des chutes, des triplicitez, des termes et des aspects des Planètes, d’où naissent les diverses impressions de l’air (..) Il faut que ce soit une authorité toute puissante qui contraigne le Soleil d’abandonner le Lyon, où il a une augmentation de forces, pour aller esteindre sa chaleur & faire mourir sa vertu dans l’Aquarius; qui force la Planète Jupiter de perdre sa pureté dans la Vierge & le Gemini (sic); En fin qui bannisse les autres de leurs maisons, qui les fasse descendre de leur apogée, reculer dans leurs épicycles, & endurer ses incommoditez particulières pour le bien général du monde. » (pp. 165- 167, 4e Ed., Paris, 1640). Le Fatum Universi du pseudo Franciscus Allaeus En 1655 va paraître sous le titre de Fatum Universi un traité d’astrologie politique sous le nom de Franciscus Allaeus. Or, dans ce traité, nous le verrons, sera repris un pronostic, dont l’édition d’origine n’a pas été conservée mais qu’un Henri de Boulainvilliers, dans les années 1680 eut en mains. Un pronostic paru à la fin du gouvernement de et du règne de Louis XIII (1642-1643). On ignore s’il parut sous le nom d’Yves de Paris, cela est fort peu probable. Le pseudonyme de Franciscus Allaeus – avait probablement été déjà utilisé par le Père Yves, dès cette époque et la qualité des prédictions conféré à ce soi disant astrologue arabe chrétien une certaine aura. En 1655, puis en 1658, sous le coup d’une censure, donc au lendemain des événements qui agitèrent la France du jeune Louis XIV, parut un recueil de traités astrologiques (imprimé à Rennes pour l’édition de 1655), lieu où le débat dont il va être question se tint. Son titre Astrologia nova methodus Francisci Allaei Arabis christiani est aussi celui de la première pièce, la deuxième pièce s’intitulant Fatum Universi, la troisième consistant en la Disceptatio du Capucin Yves de Paris, c’est dire la défense du Fatum Universi, donc paru à Rennes, qui avait fait l’objet d’un procès devant le Parlement de Bretagne, à Nantes. (cf. E. Labrousse, L’entrée de Saturne au Lion. L’Eclipse de Soleil du 12 aout 1654, cf aussi, notre étude sur Morin en introduction à l’édition des Remarques Astrologiques). Cette Disceptatio paraît en 1655, chez le même libraire rennais. Le Sors autoris de l’édition de 1655 introduit le recueil au point que l’on puisse considérer comme improbable que le F. U. soit paru séparément, il s’agirait d’un diptyque. Dans l’édition de 1658, figurent successivement en tète du recueil: un avis du Typographe (Typographus ad lectorem) mettant en cause l’édition rennaise, le Sors Auctoris et enfin unePrincipiorum astrologiae brevis expositio qui manque dans la plupart des exemplaires et qui figure dans celui de la Bib. de l’Arsenal, Sc A 1257, ainsi que dans les exemplaires de la Bib. Mazarine. Dans cette exposition, il est fait référence au F. U.. L’édition de 1658 comporte une table des matières regroupant les têtes de chapitres des deux premières pièces, ce qui correspond probablement à la formule initiale qui ne pouvait évidemment comporter la Disceptatio qui défend un ouvrage déjà paru. La première pièce fait donc suite à des éléments introductifs, avec un nouvel avis au lecteur Astrologiae nova methodus ad lectorem, la deuxième pièce s’ouvrant également par un Fatum Universi ad lectorem. Dans le Sors Auctoris, en tête du recueil figure le nom du Marquis d’ Asserac, et il est noter que son nom n’apparaît pas au sein des textes ainsi regroupes. Il pourrait s’agir de Jean Emmanuel de Rieux, auquel le dominicain Tommaso Campanella féru d’astrologie et proche d’Urbain VIII – il publie à Lyon, en 1630, une somme astrologique en latin – avait dédié un manuscrit de ses Articuli Prophetales en 1636 (Bib. Arsenal, MS 1083). On notera que l’édition avec les commentaires manuscrits comportent in fine la forme impropre d’Asserat, ce qui peut apparaître comme le signe qu’il ne s’agit pas de la première édition. L’édition de 1658 a corrigé pour Asserac. Il nous semble impropre de parler à propos de cet ensemble d’une collaboration: c’est bien le marquis qui a réuni, à sa façon – notamment en ce qui concerne le choix du pseudonyme – les divers textes, sans nécessairement l’avis du capucin lequel n’aurait pas nécessairement souhaité revoir sa production remise en circulation, sans que l’on sache d’ailleurs quels changements elle eut à subir. On peut souhaiter une certaine rigueur dans la description de tels recueils: on a vu, dans notre étude sur le Mirabilis Liber (sur ce site), que la Pronosticatio de Lichtenberger y occupait une place centrale mais cela n’en fait pas pour autant le co-auteur du recueil prophétique français. Il ne faudrait pas passer d’une extrême à l’autre: s’il est vrai qu’il faut rendre à César ce qui est à César et si souvent un texte figurant dans un recueil est mal recensé, ce qui est notamment le cas dans les catalogues imprimés de la Bibliothèque Nationale, cela ne justifie pas pour autant, une fois une identification réalisée, que l’on attribue au dit auteur, souvent décédé entre temps, une quelconque paternité sur un recueil de pièces. Ce qui, par ailleurs, n’autorise pas à ce que l’on ne signale à propos d’un recueil que le nom de son « éditeur », au sens anglais du terme, comme c’est le cas de François Gruget, dans le catalogue de la BNF, auquel on pourrait croire qu’il faudrait attribuer le contenu même des pièces rassemblées au sein du Recueil des Prophéties et Révélations tant anciennes que modernes, qui n’est autre que la traduction partielle du Mirabilis Liber. Il est remarquable qu’une tradition se soit instaurée qui comble les coupures par des additions manuscrites . L’exemplaire de la BNF ne comporte pas le dernier mot manuscrit. (Res gV 503) L’exemplaire de la BM du Mans rassemble les additions dans un document à part. Il semble bien, selon certains indices, que l’on ne dispose pas de la première version latine incrimine qui, quant elle, ne comporte évidemment pas la Disceptatio de 1655 mais les additions manuscrites imprimes. Les exemplaires dont nous disposons, comme le note une « Lettre » parue dans les Nouvelles Littéraires de Frèron (Lettre II, Tome III, 1757), portent déjà la marque de la censure. En effet, la plupart des exemplaires que nous avons pu consulter (B.M. Rennes, BSG, BNF etc) comprennent, ajouts la main, les passages supprimés d’une édition antérieure et il est bien rare de trouver une édition de 1655 sans de telles additions comme s’il s’agissait d’une clef transmise par ailleurs. L’édition sans lieu de 1658 ne semble pas comme il ressort de l’avis de l’imprimeur en tête du recueil avoir été rennaise (Julien Herbert avait réalisé l’édition de 1654/1655 ), elle aurait pu être parisienne : « Cet opuscule, petit à la vérité pour ce qu’il contient (…) est venu de la Librairie de Rennes (lire imprimerie, en latin Rhedonensi Typographia) » lit-on dans la traduction manuscrite (Mazarine) effectuée à partir de la dernière mouture. La traduction française du XVIIIe siècle – ce que ne notent pas les Cahiers Astrologiques qui la publient – sous les conseils de Maurice Privat – à partir de 1938 - est en effet conduite à partir d’une édition corrigée, puisqu’elle fait référence à des amendements nécessaires et il est assez évident, bien que cela ne soit pas signalé, qu’elle aura été suscitée par l’article du capucin J. -Eymard d’Angers, qui venait de paraître: « Quoique tous les curieux la désirassent, j’ai différé – précise le nouvel imprimeur – de la mettre en lumière jusqu’à ce qu’on eut vu la censure des personnes expérimentées en cette matière. Ils disaient tous qu’à leur jugement il manquait beaucoup de choses pour avoir une intelligence facile de cette nouvelle méthode, qu’on s’était trompé d’un degré dans la science universelle(…) et que cette erreur dans les premiers temps était cause qu’on faisait plusieurs observations fausses dans les suivants; au reste que les figures particulières de France, d’Espagne, d’Angleterre, étaient toutes pleines de fautes et cela par la débauche du graveur; J’ai voulu vous avertir de ces fautes importantes, lecteur, afin que vous ne vous arrêtiez nullement à l’impression de Rennes ainsi corrompue et injurieuse à l’auteur de cet ouvrage ». Version diplomatique qui met le poids de la faute sur le graveur et non sur l’auteur! Il convient donc de s’y retrouver dans les éditions successives: on connaît donc un recueil que l’on peut dater de 1655, date qui figure la fin de la Disceptatio (BNF Res. gr V 446, BSG) comportant l’Astrologiae nova methodus, le Fatum Universi et la dite Disceptatio. On dispose également d’une autre édition imprimée de 1658 fortement retouchée et élaguée. La date de 1654 figure en tête du F. U. mais le premier I (en chiffre romain) de MDCLIIII a été gratté pour être remplacé par un V, ce qui donne 1658-dans les exemplaires de la BNF mais non dans celui de la BSG. En réalité, il existe deux versions de l’édition de 1658, la mise en page de l’adresse introductive du Typographe au Lecteur présentant des variantes. Nous avons trouvé uneDisceptatio qui n’est plus dans la même disposition (BNF Res Gr V 504) que dans l’édition datée de 1655 et à l’intérieur, l’imprimeur a collé par dessus le mot disceptatio celui de dissertatio,voulant ainsi faire oublier qu’il s’agissait d’une apologie. Notons par ailleurs que le Manuscrit de la Mazarine, du XVIIIe siècle, s’est constituée autour d’une édition dont certaines parties ne sont pas dans le bon ordre et la présentation (« Brève exposition des principes d’astrologie ») qui figure en tête de la Astrologiae Nova methodus correspond en fait à celle qui se trouvait en tête du Fatum Universi de l’ultime édition, comme il ressort tant du contenu que de la pagination : « Le seul titre de la destinée du monde attire tous les curieux à des spéculations si admirables qu’elles semblent surpasser la portée des hommes etc » (Cahiers Astrologiques, 1938, p. 44). Or, « destinée du monde » est la traduction de Fatum Universi. Cette dernière édition latine est elle même expurge par rapport celle de 1655, en ce qui concerne l’Angleterre, ce qui nous amène admettre que l’ouvrage fit l’objet de deux censures successives. En ce qui concerne la seconde, elle vise très vraisemblablement ce qui tait annoncé pour l’Angleterre en 1666. Pour ce qui est de la première, les coupures-si l’on peut en juger par l’édition de 1654 – visent l’ensemble des analyses l’exception de l’Angleterre dont le texte reste intégral – apparemment résultat d’une inadvertance-, ce qui permet de supposer que dans la première édition, les autres cas étaient traité l’instar de ce que nous voyons pour cette le. C’est en effet le cas du manuscrit de la Mazarine, dont la traduction est postérieure à 1756 puisqu’il commente les événements cette date. On y trouve les passages manuscrits figurant dans nombre d’exemplaires de 1655 mais figure également le paragraphe concernant la Domus Quartus en fin de deuxième partie du F. U. et qui manque dans l’édition de 1655. On pourrait donc décrire cette édition qui ne nous est connue pour l’heure qu’ à travers une traduction du XVIIIe siècle comme un compromis entre les éditions de 1655 et 1658, sans oublier les éléments manuscrits. On y trouve également l’Expositio place en tête du diptyque, ce qui pourrait avoir été le cas dés le départ. Mais d’autres éléments semblent avoir été en jeu si l’on s’appuie sur le témoignage d’Henry de Boulainvilliers, ainsi que sur l’étude de certains passages de l’édition de 1655. Le comte écrit – comme le note Chesneau – dans son traité resté manuscrit et qui se réfère à l’année 1711, Histoire du mouvement de l’apogée du Soleil ou Pratique des règles d’astrologie pour juger des événements (BNF, MS Fds Fr 9126 et 12296, Maz 3677, BM Auxerre Bil 28). Venturino désigne à tort ce manuscrit sous le nom d’Astrologie Mondiale, terme qui n’était même pas en usage à l’époque et qui a été rajouté par les Editions du Nouvel Humanisme, qui n’étaient pas situées, comme il l’indique, à Boulogne mais à Garches, faisant la confusion avec l’adresse de l’imprimeur. Il n’identifie pas non plus Rennes sous le nom latin de la ville) : « J’avoue que je fus extrêmement frappé il y a déjà trente ans en lisant le pronostic extraordinaire que ce Père avait fait des l’année 1640 sur le sujet de la conjonction lors prochaine qui devait se faire en 1642. Il y prédit la mort du cardinal de et celle de Louis 13e pour l’année 1643, celle du Roi d’Angleterre pour 1649 et il désigne formellement le genre tonnant de sa mort Principem capite plectendum, les guerres civiles de 1648 et 1652 et le reste. Par la conjonction de 1663, il prédit l’embrasement de la ville de Londres pour 1666 et la ruine du duc de Lorraine avec l’extinction de la souveraineté dans son pays pour 1669″, Lorraine dont l’auteur du F. U. fixe la naissance au IXe siècle, c’est à dire lors du partage de l’empire de Charlemagne : c’est la Lotharingie dont la Lorraine serait le reliquat. En tout état de cause, cette première édition, même s’il s’agit d’un texte effectivement paru en 1654, ne porterait point une telle mention Dans l’édition de 1655 figure une carte du ciel, un thema mundi: le F. U. en comporte plusieurs dont certaines seront supprimes dans l’édition de 1658. Or, la dite carte-intitulée Figura Universi veraque Coeli dispositio cum mundus a Deo creatus est-figure également dans l’édition suivante mais elle a t retouche. Le système du F. U., très sommairement, revient à désigner un certain nombre de nations ou de personnages qui sont tour à tour touchés par le mouvement des astres (« origine », « racine » du pays): Christus, Constantinus, Gallia, Mahomet, Hispania, Anglia, Lotaringia, Bohemia. Dans l’édition de 1658, les trois derniers noms de la Figura Universi ont été purement et simplement supprimés sur la carte, ce qui n’est pas indiffèrent. Paradoxalement, l’édition de 1658 comprend un développement qui ne figure pas dans celle de 1655 et qui vise renforcer la prophétie .en lui attribuant la fixation de dates qui ne devaient pas figurer dans la première édition et qui sont absentes de l’édition de 1655. Une série de dates est en effet fournie en 1658 qui toutes correspondent des crises pour le pays concerné: 800 (hérésie des iconoclastes ), 1269 (la croisade manque de Saint-Louis), 1440 (les déboires des Turcs avec l’Albanais Scanderbeg et la Huniade), 1572 (l’Espagne perd la Hollande protestante), 1649 (l’exécution du roi en Angleterre). Ensuite cela aurait t le tour de la Lorraine- »excidium proximus minatur Lotharingia » mais sans les dates signalées par Boulainviliers- puis éventuellement la Bohème. Tout se passe comme si le comte avait eu accès la premier édition pour ce passage que l’édition de 1658 n’aurait restitué qu’en partie. L’édition de 1655 est maladroite: elle censure divers passages postérieurs à 1640 et s’en explique » Nous nous arrestons en l’an 1640 auquel tout cecy est escrit et dans cette figure et dans les suivantes nous parlons seulement du temps passé car le jugement est dangereux du futur » (cf traduction française manuscrite ). En fait, au départ, l’auteur fournit de nombreuses dates postérieures 1640, ce qui fait d’ailleurs tout l’intérêt de l’ouvrage qui désormais apparat comme un travail déjà ancien et essentiellement rétrospectif. (cf Thorndike, History of Magic, tome VIII) Or, dans la troisième partie consacre chacun des pays signalés (Judicium universale et surtout, pour les dates, particulare) sur la Figura Universi, on trouve certes l’Espagne et l’Angleterre, dont le nom sera supprimé sur la carte de l’édition de 1658, mais point la Lorraine ni la Bohème. Ne peut-on supposer que dans la première édition, la Lorraine avait fait l’objet d’une étude particulière au même titre que les autres Etats? Peut être y eut il également des protestations de la part des Lorrains au point que toute mention en ait disparu en 1658? Si l’on étudie son histoire, l’on remarque que la Lorraine connut diverses amputations, notamment pour la période qui fait suite la publication du F. U. , de la Sarre méridionale, comme semble le rappeler Henri de Boulainvilliers dans son Histoire du mouvement de l’apogée du Soleil. L’auteur y parle de la « ruine du duc de Lorraine avec l’extinction de la souveraineté dans son pays pour 1669 (sic) ». Il s’agit en fait de 1662, date laquelle Charles céda ses droits Louis XIV. Apparemment, le texte du comte est antérieur 1697, car à la suite du traité de Ryswick, la Lorraine fut transmise au nouveau duc, Léopold. Il est assez étonnant que le comte n’ait pas songé à corriger son manuscrit si celui-ci ne circula qu’à partir de 1711, date à laquelle la Lorraine avait retrouvé son indépendance depuis près de quinze ans. On serait donc conduit à supposer une première « édition » du manuscrit avant 1697. Son premier manuscrit sur l’astrologie date d’ailleurs de cette poque. On date de 1696 son Essai de justification de l’astrologie judiciaire, resté également manuscrit ( BM. Angoulême MS 23) et qui comporte notamment une réplique aux attaques contenues dans le Trattato italien -non traduit en français- du dominicain Jérôme Savonarole, qui reprend les thèses antiastrologiques de Pic de la Mirandole ( exemplaire à la B. Mazarine, cf L. Thorndike,History of magic and experimental science, Vol. 5, New York, Columbia University Press, 1941, pp. 653 et seq). Rappelons, en revanche, qu’un autre texte du Florentin, le CompendiumRevelationum, qui, lui est prophétique – ce qui montre les relations complexes et délicates entre astrologie et prophétie – figure dans le Mirabilis Liber (c. 1522) et, partiellement, dans la Préface de Nostradamus à César (c. 1555) En fait, Boulainviller a largement pillé la Disceptatio d’Yves de Paris, et non sans une certaine maladresse- ce qui justifie d’autant plus sa place dans la présente étude. Qu’on en juge, Yves de Paris (Disceptatio, s. d., p. 2)(BNF Res, gV 504 (3) énumère un certain nombre d’auteurs qui ont plaidé peu ou prou la cause de l’astrologie: Albert le Grand, Thomas d’Aquin, (Michel) Scot, Junctin de Florence (fin XVIe siècle) et Charles Condren. Boulainvilliers fournit la liste suivante: « Albert le Grand, Saint Thomas et le Père Condren », sautant ainsi les noms de Scot et de Junctin, peut être par erreur, ce qui nous fait passer brusquement du XIIIe au milieu du XVIIe siècle. Or, Junctin, dont Volguine publiera, en 1958, aux Ed. des Cahiers Astrologiques, une traduction française du Tractatus judicandi revolutiones nativitatum de 1570 – est l’auteur, en 1573, au sein de son Speculum Astrologiae, dédié à Catherine de Médicis, d’une Defensio contra astrologiae adversarios, reprise notamment par Antoine de Villon en 1624, en tête de son Usage. (cf. notre étude sur ce site consacrée à Auger Ferrier et le CATAF, sur ce site, à l’entrée « Giuntini, Francisco ») sous le titre d’Apologie contre les Calomniateurs. Ce « plagiat » a complètement échappé à Renée Simon qui lit mal le manuscrit et rend Condren par Gondran (Un révolté du Grand siècle, op. cit, p. 154) et sans aucune explication en note, et pour cause, sur cet illustre inconnu. Dès lors, ce document n’offre qu’un intérêt très relatif pour la compréhension du climat astrologique de la fin du XVIIe siècle, et parle de l’ouvrage de Condren comme d’un texte récent, alors qu’il est paru cinquante ans plus tôt! Sans Yves de Paris, le comte n’aurait même pas cité Condren dont il omet de dire, à la différence du Capucin, qu’il avait rédigé son texte à la demande de Richelieu. Travail bâclé et de seconde main, au niveau des sources, ce que n’ont pas non plus relevé D. Venturino ( qui cite le Discours de Condren mais sans signaler qu’il est mentionné par Yves de Paris et, subséquemment, par Boulainviller dont pourtant il étudie l’Essai, in Le ragiono della tradizione, op. Cit. p.47) ou P. Guérin, dans sa thèse qui consacre à l’Essai de 1696 quelque développement (op. cit.). Cela nous fait songer, pour la période présente, au travail de Serge Hutin, recopiant les listes de Wilhelm Knappich, pour une Histoire de l’Astrologie, commandée par les éditions Marabout, à la fin des années 1960 et qui, curieusement, reparut en 1986, l’année même où la traduction française de la Geschichte der Astrologie devenait accessible au public français. Ayant contribué à cette réédition (chez Artefact -H. Verrier), nous n’avions pas à l’époque, relevé ce plagiat. « Misère de l’Histoire de l’Astrologie » comme nous écrivions, dans cesMélanges, à propos de Bachelard. On notera, en tout cas, le parallèle assez frappant entre la trilogie astrologique manuscrite du comte et celle, imprimée, attribuée au Capucin: - un texte apologétique (1696): Essai de justification de l’astrologie judiciaire, correspondant au De fato universi nuper editum Disceptatio. On notera que disceptatio peut se traduire en français par justification. - un traité d’astrologie « mondiale » (1711): Histoire des mouvements de l’apogée du soleil correspondant au Fatum Universi. - un manuel (1717), qui circula peu avant sa mort en 1722 Pratique abrégée des jugements astronomiques correspondant à l’ Astrologiae Nova methodus Texte inspiré, dans sa forme, on l’a déjà signalé, par le traité d’Auger Ferrier.( D. Venturino relève (Le ragioni della tradizione, op. cit. p. 49, note 34) l’influence sur Boulainviller de A. F. Bonatti et de son Universa astrosophia naturalis etc, Padoue, 1687) Un témoin de la disgrâce? Au demeurant, cet Essai, daté de 1696, fit-il ou non écho à l’interdiction dont l’astrologie aurait été victime trente ans plus tôt? Si Renée Simon évoque ce problème, elle ne parvient guère à nous apporter, à l’appui, le témoignage de documents d’époque. Boulainvilliers mentionne les bulles papales déjà anciennes de Sixte Quint (qui régna de 1585 à 1590) et d’Urbain VIII (qui régna de 1623 à 1644), contre l’astrologie, parce que citées par Yves de Paris, mais non des édits plus récents qui émaneraient de l’autorité royale, au cours du second XVIIe siècle, c’est à dire sous Louis XIV. Paradoxalement, cette Justification de 1696 qui semblerait si opportune en une époque où l’astrologie est censée être vilipendée s’inspire d’un texte de 1655, vieux de quarante ans, et antérieur au mythique édit de Colbert de 1666 (cf encore D. Venturino, Le ragioni, op. cit., sur Colbert, p. 48) ce qui montre bien que le sort de l’astrologie au XVIIe siècle n’est pas linéaire. Certes, on relèvera le passage suivant dans l’Essai: »Mais pourquoi exclurait-on l’astrologie du nombre de ces sciences qui peuvent servir à l’ornement de la foy? » (p.161) mais pas d’allusion à une intervention du pouvoir chez Boulainviller, pourtant proche de la Cour, même si Renée Simon précise que « c’est en 1666 qu’il avait été défendu à l’Académie des Sciences, lors de son institution et par ses statuts de s’occuper d’astrologie » oubliant qu’un tel règlement ne sera formalisé qu’en 1699. Dans son édition de l’Apogée du soleil, la spécialiste de Boulainvilliers nous explique sur un ton dramatique (p.. IX) que « J-B. Morin mourut assez tôt pour ne pas voir la condamnation de l’astrologie » car « depuis 1666, on ne pouvait en France s’occuper d’astrologie sans se compromettre, ce qui explique l’absence d’imprimés de cette époque jusqu’à la fin du XIX siècle. Des manuscrits circulaient discrètement chez les curieux, tel l’Apogée du soleil (…) Mais cette interdiction ne jouait pas dans d’autres pays » et de ne citer que des textes antérieurs à 1666, parus en Angleterre, Allemagne et Italie. Apparemment Renée Simon qui soutint sa thèse d’Etat en 1942, à la Faculté des Lettres de Lille - Henry de Boulainviller, historien, politique, philosophe, astrologue (1658-1722), Paris, Boivin et cie [1942] et dont des parties furent extraites pour accompagner les éditions des manuscrits astrologiques de Boulainviller, semble ignorer qu’en 1697, Eustache Lenoble, baron de Saint Georges, avait publié à Paris son Uranie, qui comporte un exposé substantiel d’astrologie et quid d’un Fayol, d’un Gadroys, dès les années 1670?. Renée Simon se contente de citer Vanki (alias Trioullaire), dans son Histoire de l’Astrologie, parue au début du Xxe siècle, pour justifier sa description caricaturale de la disgrâce de l’astrologie et depuis, celle-ci a été reprise sans discussion, par les uns et les autres. On notera que la thèse d’Etat fut soutenue, au lendemain de la parution dans les Cahiers Astrologiques, des traités de F. Allaeus et d’ailleurs Renée Simon fait allusion à cette récente publication, notant alors que « depuis dix ans » l’on avait réédité en France toute une série de textes astrologiques anciens, comme ceux de Morin de Villefranche. En outre, sous la Régence, Boulainviller bénéficia de certaines faveurs comme le montre le cas de Joseph Nicolas de L’Isle ( dont le Nécrologe de 1769, imprimé en 1770; à l’occasion de sa mort survenue en 1768, rappelle qu’ » il eut (..) le malheur dont Kepler s’était plaint autrefois; il fut obligé de faire servir au bien de l’astronomie les rêveries de l’astrologie judiciaire. M. le Comte de Boulainvilliers était célèbre à la Cour par ses horoscopes et ses prédictions astrologiques (…)M. de Boulainvilliers engagea notre jeune astronome à s’occuper des calculs relatifs à ses prédictions; il en était payé par M. Le Blanc, de la part de M. le Régent, de M. le Maréchal de Noailles et d’autres personnes de la Cour et il obtint par ce moyen en 1715, dès les premiers temps de la Régence, une pension de 600 livres ». C’est dire qu’à la mort de Louis XIV, l’astrologie n’était pas si mal vue qu’on veut bien le dire. La seconde carrière du Fatum Universi L’on peut se demander si le Fatum Universi ne préparait pas plutôt l’opinion l’annexion de la Lorraine et si, pour des raisons diplomatiques – elle dépendait de l’Empire – il ne fallut pas censurer une telle prophétie dont l’accomplissement, à plusieurs reprises, ne fut que provisoire jusqu’ à la mort de Stanislas Leszczynski en 1766. Or, le fait que la traduction française, restée manuscrite, mais qui a pu circuler, date de cette époque n’est probablement pas fortuit. En outre, la France est alors, depuis 1756, aux prises avec l’Angleterre et ne cherche plus à la ménager. Le Fatum Universi - dont A. Y. Haran ne dit mot (Le lys et le globe, op. cit.), a probablement eu le tort de paraître à un moment où ses prédictions n’étaient pas compatibles avec la politique d’alliances d’un royaume fragilisé par la Fronde. Pourquoi l’ouvrage ne sortit-il pas alors en français? Ses explications techniques étaient devenues incompréhensibles, ce qui était probablement le cas déjà pour le Traité d’astrologie mondiale du comte de Boulainvilliers, quarante ans plus tôt. L’astrologie savante du XVIIIe siècle a perdu son public. Un changement de date Il ne faudrait pas imaginer qu’en dépit des censures, qui lui ôtent apparemment une part de son intérêt, l’ouvrage soit paru sans raison. La fin de la deuxième partie du F. U. été sensiblement remanie dans l’édition de 1658, tout en maintenant la mention 1654 en tété de la tête comme si le recueil s’était contenté de reprendre sans les retoucher des têtes parues cette date. Outre les éléments déjà mentionnés, le plus remarquable en ce passage tient au fait que l’année 1692 figurant en 1655 devient 1680 en 1658. On a ainsi avancé l’échéance. Il y est question d’une paix prochaine lorsque l’on sera « dans le terme de Venus et le décan de Jupiter ». Un tel changement n’était certainement pas pertinent alors que l’explication astrologique restait inchangé. L’adresse au lecteur Chaque partie du F. U. comporte une adresse au lecteur. Celle qui débute la troisième partie revêt une importance particulière au niveau prophétique. Il y est notamment question de Paris. En voici un passage traduit selon le manuscrit de la Mazarine mais nous aurions aussi bien pu utiliser la traduction placée en vis à vis de certaine éditions de 1658: « Paris, principalement (…) souffrira des inondations et des eaux et beaucoup de maux en l’année 1648. Le quadrat (90) de Saturne et de Jupiter se trouvant la fin de la neuvième (..) elle aura une guerre étrangère en leur opposition (180) en l’année 1653 et elle est menace de mal en 1658 en un autre quadrat ». Si l’on considère en effet la conjonction Jupiter-Saturne de 1644, et si on la traite comme un cycle lunaire, le premier quartier aura lieu en 1648, l’opposition (en analogie avec la pleine lune) en 1653 et le dernier quartier en 1658 pour atteindre une nouvelle conjonction en 1663. Or, le texte semble bien être écrit avant le début de la grande conjonction et en tout cas avant 1648, puisque le futur y est employé : Charles Ier n’est exécuté qu’en 1649. Il est remarquable que dans le manuscrit de la Mazarine, la succession des dates correspondant à des périodes difficiles s’arrête, à la fin de la deuxième partie du F. U., à 1572, avant 1649, alors que dans l’édition de 1658, cette année y figure. Certes, l’Angleterre est citée comme marquant l’étape suivante mais sans mention de date pas plus que pour la Lorraine également mentionnée. Cette (grande) conjonction de Jupiter/Saturne à la fin des Poissons est d’ailleurs probablement une des dernières qui ait eu un tel impact en France: signalons, en 1642, à Srasbourg, en langue allemande, le texte d’Eberhard Welper, Anatomia conjunctionis magnae oder Beschreibung der grossen und wol merklichen Zusammenkunft beyden obersten Planeten Saturns und Jupiters im nechstkünftigen 1643 Jahrs erscheinen und der 16. 26. Februarii (dates des deux calendriers en vigueur) im 26 Grad des Fisch sich begeben und zutragen wird » Le témoignage du Comte, concernant un texte dont il avait pris connaissance, trente ans avant la rédaction de son traité d’astrologie mondiale, soit dans les années 1680, recoupe largement ce passage, ce qui vient confirmer le fait que le texte paru au sein du F. U. était déjà paru précédemment à 1654, dans le cours de la décennie précédente – ce que d’ailleurs conclut E. Labrousse (Entrée de Saturne, pp. 49-51). Ce serait en fait le marquis d’Asserac qui aurait réutilisé le texte d’Yves de Paris, vivant alors au Croisic, lequel à cette occasion aurait été contacté à l’occasion du procès qui s’ensuivit devant le Parlement de Bretagne ( cf H. Drévillon, Lire et écrire l’avenir, op.. cit, pp. 14 et seq). La correspondance d’un contemporain, Guy Patin, montre que l’on n’ignorait pas cette bizarrerie. (Lettre à Charles Spon du 21 septembre 1655, signalée par E. Labrousse, Entrée de Saturne, op. cit. p. 50). Signalons une autre condamnation, en latin, visant moins un auteur qu’un praticien cette fois, celle de Symon de Phares, en 1493, par le Parlement de Paris, sous Charles VIII, condamné après examen de sa bibliothèque astrologique réunie en onze volumes, chacun rassemblant, comme c’était alors la coutume, un certain nombre de traités manuscrits. Encore en 1634 – donc une vingtaine d’années avant les événements bretons, le Minime Marin Mersenne en reproduira le texte latin (pp. 29-30) dans ses Préludes à l’Harmonie Universelle(BNF V 18502 Resaq). Pour sa défense, Symon de Pharés rédigera un Elucidaire qui ne sera pas imprimé- cf J. P. Boudet (Le Recueil des plus célèbres astrologues, Tome II, Présentation et commentaire, Paris, Champion, 1999, pp. 104 et seq) qui ne signale pas cette mention de la condamnation au XVIIe siècle. Un tel procédé, consistant à rappeler que des astrologues ont eu maille à partir avec la justice ou du moins avec l’autorité, sera repris par Charles Sorel, qui, en 1636, donc deux ans après lesPréludes, dans ses « Observations contre le livre des Curiositez Inouyes de M. I. Gaffarel, sur la sculpture talismanique », parues, à Paris, chez A. de Sommaville, en annexe de son attaque desTalismans ou figures faites sous certaines constellations, reparue en 1640 sous le titre quelque peu ironique de Secrets Astrologiques, reprend le texte latin de la Retractatio Jac. Gaffarelli auctoris libri Des Curiositez Inouyes en date du 4 octobre 1629 (D 29506) . Sorel complétera, comme d’ailleurs il l’annonce dans ses Observations, ses attaques contre l’astrologie judiciaire par un De l’usage et de la perfection de toutes les choses du monde, Paris, T. Quinet, 1641, qui est le troisième volume de sa Science Universelle. Sorel a extrait la Retractatio d’ un recueil de 1629 comportant ce texte à la suite d’ un extrait (Censura) des Opuscula theologica de Pierre Picherel, parus à Leyde, en cette même année, et que le libraire parisien J. Guillemot avait cru bon d’associer à cette rétractation dont nous ignorons précisément les conditions: il semble que Gaffarel, en sa qualité de membre du clergé, ait reçu un blâme, une admonestation, de la part de la Faculté de Théologie de Paris, exigeant de faire amende honorable, ce qui n’empêcha nullement l’ouvrage de connaître de nombreuses éditions tout au long du siècle tant en France que hors de France, qui ne comportent d’ailleurs pas mention de cette rétractation.. Ce même Gaffarel, alors âgé de 28 ans, toujours en 1629, avait publié cette fois en latin, chez le même libraire H. Du Mesnil, un Dies Domini sive De fine mundi, de R. Elcha Ben David, qu’il avait traduit de l’hébreu. Gaffarel termine son livre par des prédictions qui ne sont pas sans annoncer à 25 ans d’intervalle celles du Fatum Universi, même si elles ont d’autres fondements: c’est ainsi qu’à propos de l’Empire Turc, il annonce : « Quand ce royaume aura compté 1025 ans, il sera pour lors abattu & détruit. Or, à compter de l’an 630 (…)nous trouverons qu’il doit encore durer jusques en l’an (….) 1655″ et de poursuivre à propos de l’auteur qu’il utilise, le juif Chomer: « il en avance encore plusieurs autres (pronostics) qui définissent la durée particulièrement de plusieurs royaumes de notre Europe, que nous pourrons faire voir après que nous aurons vu le jugement qu’on fera de ces Curiosités ». On ne connaît pas de nouveau travail de la part de Gaffarel pour annoncer le destin des nations. Gaffarel vivra assez vieux, jusqu’en 1681, pour constater son erreur puisque encore en 1683, juste après sa mort, les Turcs seront vaincus devant Vienne sans pour autant cesser d’être une menace.. En effet, l’ouvrage de Gaffarel, fort instruit de l’astrologie de son temps, les Curiosités Inouyes (privilège de mars 1629), dédié à l’évêque de Nantes, touche aussi à une certaine astrologie, de type cabalistique, puisque le titre se termine ainsi De l’horoscope des Patriarches ou Astrologie des Anciens Hébreux. Dans sa préface, Gaffarel, ecclésiastique, mentionne, dans un esprit apologétique, un certain nombre d’hommes d’Eglise qui n’étaient pas hostiles à l’astrologie, du cardinal Pierre d’Ailly à l’abbé Trithéme. Or, quelques années plus tôt, on l’a vu, Antoine de Villon n’avait-il point débuté son Usage des Ephémérides par une « Apologie » reprise de Junctin? C’est le temps des apologies, dont une des plus célébrés est probablement celle de Gabriel Naudé:l’Apologie pour tous les grands personnages qui ont faussement esté soupçonnés de magie (1624) ouvrage sur lequel à l’évidence Gaffarel a pris modèle. (Sur l’apologie de Junctin de Florence, ( cf L. Thorndike, History of Magic and Experimental Science, Vol. VI, New York, Columbia University Press, 1941, pp. 130 et seq). Pour en revenir au Fatum Universi, il ne semble pas, au demeurant, qu’il soit aisé de comprendre les conditions dans lesquelles le Parlement de Bretagne eut à intervenir à l’encontre d’un ouvrage certes imprimé en latin mais qui avait peut être été diffusé oralement dans le public. Il faudrait aussi faire la part de cette parution qui eut lieu, du moins dans un premier temps, non pas à Paris mais à Rennes, ville assez peu connue pour ses productions littéraires, et se demander s’il ne s’agit pas d’enjeux locaux. Notons qu’en 1660, allait paraître justement dans cette même ville, chez Hallaudays, un volumineux traité antiastrologique du Jésuite Jean François. (cf notre étude sur le site du CURA). Probablement, outre les explications déjà avancées, le remue ménage provoqué par l’annonce d’une Eclipse conjointe à Saturne et à la Queue du Dragon, à la fin du Lion – signe zodiacal de la France – pour le 12 août 1654 fut-il pour quelque chose dans des sanctions aussi spectaculaires – J. Eymard d’Angers (Yves de Paris, 1964) confirme que le Fatum Universi fut brûlé à Nantes, de la main du bourreau – à moins qu’il ne faille regarder du côté de certains excès prophétiques commis sous la Fronde, à l’encontre notamment de Mazarin, dont l’anagramme figure dans un quatrain apocryphe des éditions d’époque des Centuries. C’est aussi à cette époque que Jean-Baptiste Morin se ridiculisera pour avoir annoncé la mort de Pierre Gassendi. Les hypothèses ne manquent pas….Ce qui est assez étrange, c’est que lorsque Chesneau publie ses deux volumes, en 1946, sur Yves de Paris, il ne cite même pas l’étude de J. Eymard d’Angers, c’est à dire lui-même – c’est son nom en religion – et ce n’est qu’en 1964 qu’il réunira dans sa bibliographie les oeuvres parues sous ces deux noms. Restitution de la conclusion de la première édition Nous avons identifié, outre une variante de l’avant propos de 1658, trois états, deux imprimés, l’autre manuscrit mais correspondant un état imprimé non localisé. Nous nous proposerons de restituer la conclusion de la première édition, d’ailleurs mal indique puisque place, à la suite du développement sur l’Angleterre, sans aucune marque distinctive. En effet, il semble bien, au vu du texte français, qu’elle relève des versions des deux éditions suivantes, tout se passant comme si l’édition de 1654/55 avait conserve une partie de la conclusion initiale et l’édition de 1658 une autre partie, les dernières lignes du F. U. sont communes à toutes les éditions. Notre attention a été attirée par le traducteur de cette première édition qui signale que, selon lui il y aurait eu interpolation, ce qui laisserait d’ailleurs entendre qu’il a pu éventuellement comparer les éditions entre elles, puisque de toute façon, il fournit la traduction française de la Disceptatio de 1655. Texte français: (MS 3676, retranscrit dans les Cahiers Astrologiques, 1938-1948) « C’est assez cher lecteur après que je vous aurai averti de ne pas vous en rapporter mes paroles comme si elles étaient assures et confirmes par la loi irrévocable des destins. Nous nous sommes égayés sur une matière céleste, nous avons présenté plusieurs choses moins comme vraies que comme vraisemblables, recevez les donc dans le même esprit qu’elles vous sont offertes; ce serait être ridicule et d’une superstition outre que de renoncer la conduite des affaires raison de la place qu’ont occupe Mars ou Saturne au commencement du monde par rapport la conduite qu’on doit tenir, il faut bien plus s’en rapporter aux conseils des sages qu’aux prédictions des astrologues. Le sage en effet domine sur les astres et est l’ouvrier de sa fortune, au reste qui est ce qui découvrira les secrets de l’Eternel la fin du monde que personne ne sait que (sinon) le pré céleste, ses décrets tant inconnus aux anges mêmes; ainsi ne croyons point ce que nous avons dit du Déluge, ce n’est qu’une légère conjecture qui cède l’oracle de la Genèse qui dit « je ne perdrai pas le monde par le déluge et les autres choses que nous avons dit sur les Royaumes et les Religions, nous ne les avons dit qu’en badinant sans prétendre blesser la foi, c’est un jeu comme nous l’avons dit, vous pourrez s’il vous plaît, cher lecteur, du moins dire avec les Italiens « Si ce n’est pas vrai, c’est du moins bien trouve ». Ces convenances des choses sublunaires avec les supérieures vous frappent comme autant de démonstrations de la sagesse divine explique tous les peuples par la bouche des Cieux/ dire la vérité qui dans le commencement a ainsi tout dispos fortement et agréablement d’après l’exemple que nous vous avons donne, vous pourrez lever des figures d’autres villes, d’autres royaumes et d’autres sociétés et ajouter du votre ce que nous avons trouve nous mêmes. Pensez que dans le ciel est la lumière, l’ordre, la beauté et la félicité immuable: ici bas, nous errons dans les ténèbres et dans une agitation continuelle des esprits comme des affaires, cependant il y a des lois certaines pour agir sous lesquelles le monde compose d’êtres si contraires se dissoudront; bientôt les corps sublunaires se détruiront par leur propre altération, s’ils n’étaient tempérés par l’action des cieux, instruits par tant d’expérience. Croyez, admirez la divine sagesse faisant en modérant tant par l’influence intermédiaire des cieux, nous n’avons point écrit, pour exciter votre pitié par ce grand spectacle des sicles, des empires et de tout l’univers, vous apprendrez mépriser ces objets éphémères que la renomme vante et l’opinion admire et l’année immortelle dédaifnait (dédaignait) tout ce qui passe ne s’occupera que de l’éternité et mettra son bonheur dans Dieu seul auquel soit honneur et gloire. » Texte latin à partir des éditions suivantes: « Haec sufficiant dum te, lector, monuero, ne dictis velut certis & ineluctabili fatorum lege decretis fidem habeas . Lusimus in coelesti campo multaque non ut vera sed ad verisimilitudinem concinata protulimus igitur eo quo dicta sunt animo benevolus excipe. Nam riduculus foret extremaque laborans superstitione qui a rebus maxime publicis gerendis deterretur ob situm quem habuit Mars aut Saturnus initio mundi. Unde plus credendum est in rebus agendis, prudentium, quam Astrologorum consilio, sapiens enim astris dominatur, suaque bonae fortunae peritissimus est artifex. Caeterum quis deprehendet aeternitatis arcana, finemque mundi quem nullus scit nisi pater coelestis cum & libera ejus decreta etiam Angelos lateant. Itaque his quae diximus de diluvio noli credere. Levissima illic affertur conjectura cui praevalet Dei oraculum Gen 8. Non perdam ultra diluvio omnem carnem. Similiter alia quae proposuimus de Religionibus et Regnis dicta sint animi gratia salva fides Ludus fuit, ut praefati sumus qui si tibi Lector arridet saltem dices cum Italis « si non e vero e ben trovato »; Quod si te movent illae rerum sublunarium, cum superioribus congruentia velut demonstrationes divinae sapientiae lingua coelorum populis omniis nota, communique descriptae, supplex adora summum numen omnia sic ab initio, fortiter suaviterque dispones. Eorum quae proposuimus exemplo poteris, lector, alias figuras regnorum, civitatum, societatum erigere & huic etiam nostrae inventioni multa de tuo superaddere. Cogita in superioribus lucem esse ordinem pulchritudinem, foelicitatem indeficientem. At hic degimus in tenebris & in negotiorum ut in mentium inaequali motu. His interim miseri sic assuevimus, ut miremur quaedam regulata nobis, a superioribus causis, contingere quibus certum inniti possit judicium. Dantur tamen illae rerum agendarum leges fine quibus mundus ex contrariis compositus, cito dissoluetur & sublunaria suis se conficerent alterationibus nisi coelo regente modum acciperent. Tot saltem experimentis edoctus crede, mirare, divinarum sapientiam coelorum mediis viribus, omnia moventem & concinantem non enim vanae curiositati sed promovendae tuae pietati haec scipsimus. Ex hoc magno saecularum imperiorum totius orbis spectaculo disces parui pendere, quotidiana quae fama celebrat, opinio suspicit & immortalis animus haec tandem indignatus transitaria statum quaeret in aeternitate foelicitatem in uno Deo, cui fit honor et gloria » (….) Supplex adora summum numen omnia sic ab initio, fortiter suaviterque disponens (1658)./Eorum quae proposuimus exempla poteris (…) sed promovendae tuae pietati haec scripsimus. (1655). Ex hoc magno saeculorum imperiorum totius orbis spectaculo etc » (1655 et 1658). La forme « fortiter et suaviter » ne figure pas dans l’édition de 1655 qui censure le début de la conclusion. La partie médiane en revanche a été évacuée dans l’édition de 1658. Seul notre manuscrit comporte l’ensemble des textes et moins de supposer qu’il s’agisse d’un montage réalisé partir des éditions de 1655 et 1658, il nous semble pouvoir affirmer qu’il s’agit là probablement de l’état premier de la conclusion du F. U. qui a fait l’objet de coupes diverses tant entendu qu’en aucun cas l’édition de 1658 ne saurait être décrite comme tant issue de l’édition de 1654/1655. L’édition que nous avons restitue a donne naissance deux éditions en quelque sorte parallèles. Car comment l’édition de 1658 aurait-elle pu comporter des éléments qui manquent dans celle de 1654/55 ? Certes, l’on aurait pu supposer un remaniement de la conclusion de 1658 mais dans ce cas comment se fait il que celui ci retrouve le texte de l’édition initiale absent de l’édition rennaise expurgée. Comment les Anglais – on parle des consuls espagnols et anglais – ont-ils pu ainsi intervenir sur le destin de l’oeuvre rennaise? L’époque des parutions correspond au gouvernement d’Oliver Cromwell. Mazarin recherche l’appui de l’Angleterre dans la guerre contre l’Espagne qui se prolongera jusqu’à la Paix des Pyrénées de 1659. On peut très bien supposer, des lors, qu’en 1654/1655 le Lord Protecteur, Cromwell ait exprimé quelque irritation face à certains passages d’un texte d’origine française, qui circule en latin – ce qui favorise d’une certaine manière sa diffusion européenne – et qui est de mauvaise augure pour l’Ile. Un siècle plus tard, lors de la Guerre de Sept Ans, des traductions françaises du traite incriminé circuleront, avec l’annonce d’une défaite anglaise, ce qui montre que le goût pour l’astrologie perdurait. Notons qu’en 1666, lors de l’incendie de Londres, qui aurait également été annoncé par le pseudo Franciscus Allaeus, l’astrologue anglais William Lilly sera suspecté et interrogé pour avoir annoncé un tel événement. Dans l’histoire des textes astro-prophétiques, ce F. U. est une sorte de cas d’école. Qu’on en juge: une première édition latine qui n’est connue que par des additions manuscrites une seconde en date de 1654, Rennes. Un auteur qui se présente sous le nom de Franciscus Allaeus – latinisation de l’arabe Haly – alias Yves de Paris arabe chrétien, une apologie du Capucin, Yves de Paris, lui-même auteur de développements astrologiques dans sa Théologie parue dans les années 1630, qui en serait en fait l’auteur ou le coauteur: Ad illustrissimos viros amplissimi senatus Armorici in librum de fato Universi nuper editum disceptatio, chez le même libraire rennais, en 1655, au sein d’un recueil regroupant le F. U. à la suite d’un traité intitulé Astrologiae nova methodus.(cf la traduction in Cahiers Astrologiques, op. Cit.). Chesneau note (p. 644) l’existence de « beaucoup d’éditions tronquées. On les reconnaît à la phrase « Mihi rem altius examinanti’ dans le Sors Auctoris et à ce que la dernière page du Fatum Universi et de la Disceptatio porte la date et le nom de l’imprimeur (J. Hébert) » Il semble par ailleurs que l’éditeur de ces textes astrologiques ait insisté sur le caractère ludique de ses intentions et Chesneau insiste sur le fait qu’ »à chaque instant , dans ses livres, il met ses lecteurs en défiance contre les horoscopes » et de fait l’on peut lire dans l’adresse au lecteur, en tête du Fatum Universi (Cahiers Astrologiques, n°7, janvier 1939, n°7, p. 36): « Je ne traite pas la chose sérieusement. C’est un jeu etc’ Dans cette apologie ( Chesneau classe certains écrits de J. B. Morin dans ce genre) Yves de Paris se réfère notamment, outre qu’il mentionne les bulles pontificales contre l’astrologie, fulminées par Sixte Quint et Urbain VIII, à l’Apologia (De triplici Vita) de Marsile Ficin -dont il existait d’ailleurs une traduction française par Guy Lefbvre de la Boderie de 1581, « Apologie pour la médecine et l’astrologie » in Les trois Livres de la Vie- ainsi qu’au Discours sur l’astrologie fait sous le commandement de M. Le Cardinal de de l’oratorien Charles de Condren, paru avec d’autres textes bien qu’inachevé, en 1643, au lendemain de la mort de son commanditaire. Force est de constater, si on rappelle que Durret avait dédié ses travaux au cardinal, qu’il faut voir en , mort en 1642, un probable protecteur de l’astrologie. En septembre 1638, le cardinal n’aurait-il pas demandé à Morin de Villefranche, lecteur de mathématique au collège royal, probablement grâce à la protection de Marie de Médicis, d’assister à la naissance du futur Louis XIV pour en dresser de première main la nativité? Campanella publiera sa propre interprétation du thème princier.. Cependant, en ce qui concerne les Centuries de Nostradamus, semble avoir pratiqué une censure stricte, ce qui expliquerait un fléchissement très net des éditions sous son gouvernement et une remontée après sa mort, cela tient, selon nous, au fait qu’elles étaient étiquetées comme un écrit séditieux, excitant les esprits des Huguenots.. L’Apogée du soleil A partir de 1711, à la fin du règne du Roi Soleil, va circuler un manuscrit du Comte de Boulainvilliers sous le titre d’Histoire du mouvement de l’apogée du soleil ou pratique des règles d’astrologie pour juger des événements généraux. (cf concernant les influences s’exerçant sur cet auteur, notre étude sur Auger Ferrier, sur le site du CURA) En fait, il semble, comme pour le F. U., que Boulainvilliers ait commencé à rédiger le texte précédemment, en l’occurrence avant 1697 sans qu’on ait pris ensuite la peine de le réviser. C’est alors que le comte rédigea un Essai de Justification de l’astrologie judiciaire (repris in R. Simon, Un révolté du Grand siècle, Henry de Boulainvilliers, Garches, 1948) resté manuscrit à l’instar des deux traités qui seront achevés au début du siècle suivant. . Faut-il voir le signe d’une défaveur de l’astrologie savante dans une réelle absence de textes de recherche chez les libraires français de cette époque? Peut-être en effet restait-il un certain public pour consommer de l’astrologie mais non point pour s’y initier en quelque sorte à un niveau professionnel et qui plus est, selon des méthodes nouvelles. Signalons un autre cas de projet d’édition avorté, celui de l’Eclaircissement des véritables quatrains de Nostradamus, 1656, paru anonymement, dont seul le premier volet relatif au XVIe siècle, parut (cf Benazra, RCN, pp. 231 et seq), le reste subsistant à l’état de manuscrit. Notons que l’on attribue généralement – sans que l’on sache d’où vient une telle proposition – ce travail d’exégèse à un certain Etienne Jaubert alors qu’il est l’oeuvre du dominicain Jean de Réchac.. Notons que cet Eclaircissement sera traduit en anglais par Théophile de Garencières (comme le note P. Brind’amour, dans son introduction à son édition des Prophéties de Nostradamus, Genève, Droz, 1996, p. LXXI) et que certaines innovations parfois hardies de leur éditeur se perpétueront ainsi outre Manche.. On pourrait observer le même phénomène de nos jours, alors que l’astrologie, d’une façon générale, se vend. Peut-être continuait-on à vouloir consulter un astrologue alors que plus personne ne souhaitait un tel métier pour ses enfants. Si l’on choisissait, quand même cette voie, ce serait un pis aller et qui n’exigeait pas un tel investissement et dans ce cas pourquoi ne pas se contenter de quelque système divinatoire moins ardu mettre en place? Sans rentrer dans un exposé ardu du système des absides, on remarquera que celui-ci annonce pour la fin du XVIIIe siècle les recherches d’un Lecabel et surtout d’un Dupuis sur la mise en correspondance des événements politiques avec un mouvement céleste qui ne serait pas celui des plantes, partir du déplacement du point vernal. Si Henri de Boulainviller se réfère à Yves de Paris et à Origan (alias Trost), en revanche il semble ignorer le seul texte publié en français sur le sujet, à savoir le Discours des généraux changements de l’univers de 1615. Or, le dit texte, paru au début du règne de Louis XIII, né en 1601, s’il ne cite pas Origan, se réfère à Pierre d’Ailly, le cardinal astrologue qui produisit des traités d’astrologie mondiale, au début du Xve siècle, dont il cite (p.9) un exposé de ce système des absides (cf notre étude sur P. d’Ailly). A propos d’Origan, son influence sur l’astrologie française ne saurait être exagérée: Antoine de Villon, dans son Usage des Ephémérides, paru dans les années 1620, le traduira très largement (cf notre étude sur Ferrier, sur ce site) mais sans le signaler. On connaît une édition latine de l’Astrologia naturalis sive tractatus de effectibus astrorum de David Origanis, parue à Marseille, en 1645.(BNF 8°V 58863), ce qui vient renforcer le pole latin de la littérature didactique de l’époque. L’ironie du sort est que cet ouvrage était déjà largement paru en français en 1624, puisque l’Usage des Ephémérides d’Antoine de Villon, dit le Soldat philosophe, en est l’adaptation, comme le fera remarquer cruellement Jean Baptiste Morin.. Dès 1619, un autre système avait été propose par Em. de Beauvais, sieur de La Tour (selon un acrostiche), sieur de La Tour, dans son Analogie de l’Abrégé du monde et de ses révolutions, Paris, chez F. Bourriquant, (BM. Amiens, SA 4068A). Il y a 12 cycles correspondant aux significations des 12 maisons astrologiques, qui ornent la page de titre, chacun couvre 666 ans. Le cycle dans lequel on se trouve en 1619, celui correspondant la maison X, a commencé en 1365, sous Charles V et se prolongera jusqu’en l’an 2031 (cf notre thèse d’Etat, le Texte Prophétique en France). L’ensemble des douze cycles s’achèvera ainsi en l’an 3363 de l’ère chrétienne. (cf sur les cycles et l’influence indienne, notre étude parue sur le site du CURA) Achevons cette étude par ce jugement d’Henry de Boulainvillers (dans son Histoire de l’ Apogée, p. 85 de l’édition de Renée Simon) sur le père capucin: en précisant que le comte ne cite jamais nommément le Fatum Universi et se réfère probablement à d’autres textes antérieurs. « Il est dommage que ce Père ait été si entêté d’allégories et qu’il ait été si entêté d’allégories et qu’il ait pour ainsi dire défiguré le portrait du monde par de fausses raisons et des puérilités indignes d’un beau génie. Il a écrit en latin, sous le nom d’un arabe devenu chrétien et il semble cependant qu’il n’ait eu d’autre objet dans son livre que de débiter des mots à l’usage du sexe crédule, donnant des bonnes et des méchantes raisons presque indifféremment. Je connais néanmoins qu’il a ramassé quantité de traits d’érudition et dit plusieurs belles choses. Mais comme, d’ailleurs, son thème général était purement arbitraire et que le mien est le produit d’un calcul exact, quoique le hasard ait fait que nous convenions en quelques articles, je vois bien que je serai contraint de m’éloigner extrêmement de lui dans la plupart des jugements que j’aurai à fournir. » Cela nous rappelle que les relations entre astrologues, au XVIIe siècle, n’étaient pas toujours empreintes d’aménité: la façon dont, dans les années 1650, Morin de Villefranche s’en prenait au Commentaire du Centiloque proposé par Nicolas Bourdin en témoigne et ces polémiques valent bien celles qui opposaient les astrologues à leurs adversaires attitrés. On notera, en tout cas, ce trait à l’encontre des femmes, chez le Comte, écrivant ici à la fin de la Régence, quand il parle de « sexe crédule ». De fait, les XVIIIe et XIXe siècles verront le public féminin, d’Etteilla à Papus, largement relayer un lectorat masculin progressivement défaillant. Addenda On ne peut pas dire que les historiens de l’astrologie française du XVIIe siècle fassent preuve d’une honnêteté intellectuelle à toute épreuve. A l’appui d’un tel jugement, nous fournirons deux exemples, à savoir les thèses de M.M. H. Drévillon (1994, mais édité en 1996) et R. G. F. Guérin (1996). Nous étudierons la façon dont ces deux auteurs ont « traité » nos propres travaux qui étaient antérieurs. Monsieur Drévillon, qui eut dans son jury de thèse, à Paris X, Jean Céard, notre directeur de thèse d’Etat, cite bien dans sa bibliographie nos deux éditions de 1993, concernant Nicolas Bourdin et Etteilla mais pas dans le corps de son livre, ce qui fait que le lecteur ignore l’usage qui a été fait de nos éditions. Que penser de M. Drévillon, né en 1963, maître de conférences à la Sorbonne, Paris I, à 33 ans, à peine sa brillante thèse passée, quand en tête de sa conclusion (p. 247), il « rejoint » nos conclusions « Auteur d’un traité d’astrologie savante publié en 1785, Etteilla ne peut se résoudre à expliquer le déclin de la « science des Astres » par les seuls arguments scientifiques (..) Il reste qu’au siècle des Lumières, L’Astrologie du Livre de Thot (sic) d’Etteilla figure parmi les rares vestiges d’une culture devenue marginale »? Ce terme d’ »astrologie du Livre de Toth » est en fait de notre invention et Drévillon cite certes en note notre édition mais sans mentionner notre nom et notre apport en tant qu’historien de la question. Laissons le lecteur juge! Si l’on aborde les « sources manuscrites » de Lire et Ecrire l’avenir, on note (p. 253) : « Académie Royale des Sciences. Procès verbaux. Bibliothèque de l’Académie des Sciences. » Graindorge, curé: « Introductio in physicam astronomicam tractatus de veris Astrologiae principiis » in Académie des Sciences, Procès verbaux des séances, vol. 3, registre des mathématiques, 11 avril 1668- mars 1669 (cf pp. 212-213 de l’ouvrage de Drévillon). Et aucune mention ne se trouve de nos travaux pourtant si judicieusement exploités et cette fois même pas de renvoi à notre postface à l’édition de Bourdin. Autant dire que M. Drévillon s’octroie allègrement le mérite de cette découverte exposée à la page LXI de nos Etudes (plus notes n° 175-176), en conclusion de nos « Etudes autour des Editions ptolémaïques » de 1993. Il faudrait que le lecteur soit devin pour se douter que cette recherche dans les Registres de l’Académie des Sciences avait été balisée préalablement par nos soins. Et tout est à l’avenant… Autrement dit H. Drévillon s’est appuyé sur les deux volets de notre diptyque, ce qui était son droit, mais il n’a pas rendu, avec fair play, à César ce qui était à César, il s’est paré des plumes du paon et grand bien lui fasse s’ il s’est ainsi arrogé une certaine réputation sur notre dos! Mais on peut quand même se demander à quoi aurait ressemblé son ouvrage si Monsieur Drévillon n’avait puisé dans les nôtres, parus si opportunément? Il n’est d’ailleurs pas le premier. Monsieur Drévillon – que nous avions rencontré avant sa soutenance et avec lequel nous avons eu depuis un échange (en 2003) nous a confirmé que les livres appartiennent à tout le monde et que ce n’est quand même pas si grave que de passer par dessus la tête des bibliographes au rang desquels il nous place et qu’il tend peut être un peu vite à confondre avec les bibliothécaires corvéables à merci et à la tâche de recension souvent bien ingrate. Pour H. Drévillon, à l’entendre, dès lors que l’on apporte une valeur ajoutée aux références fournies, on n’a plus à en rendre compte. Est-ce que Monsieur Drévillon sait ce que c’est qu’ouvrir une voie, de dégager une piste que d’autres emprunteront à loisir et à leur gré? Nous sommes comblés d’avoir ainsi pu contribuer humblement à préparer les matériaux à partir desquels Monsieur Drévillon, grand défricheur, a pu édifier son magnum opus, son chef d’oeuvre, ouvrant des perspectives que nous n’avions évidemment pu qu’esquisser et peut être, d’ailleurs, sera-ce, devant la postérité, notre seul titre de gloire?. N’est-on pas dès lors en droit de s’interroger, de la même façon, sur la façon de Monsieur Drévillon se sert des dictionnaires du temps pour situer l’astrologie et notamment le cas qu’il fait de celui de Furetière (p. 216)? Il se trouve en effet que dans notre ouvrage sur Etteilla, nous avons consacré à Furetière un développement significatif (pp. 72-73) et que nous y avons reproduit la page de titre de son Dictionnaire Universel? Bien entendu, Monsieur Drévillon ne cite pas davantage nos travaux à ce propos, ne serait-ce qu’en note.. Et que dire de l’intérêt que Monsieur Drévillon exprime pour Eustache Lenoble, comme en témoigne son index, auquel nous avons consacré de nombreuses pages, iconographie à l’appui, dans notre ouvrage sur Etteilla (pp. 15 et seq) et qu’il n’a pas daigné signaler? Décidément, c’est le pays de Cocagne ou le self service! On nous a promis solennellement que la prochaine édition – si jamais il y en a une – du livre de Monsieur Drévillon réparerait certaines » lacunes ». Dont acte. Il serait souhaitable en effet qu’il dressât, un jour, un état des travaux sur l’astrologie au XVIIe siècle et qu’il nous expliquât en quoi consiste son apport spécifique. Il paraît que c’est ce qu’il a tenté de faire en ce qui concerne une prochaine édition consacrée à Nostradamus, à paraître chez Gallimard à l’occasion du 500e anniversaire de la naissance du Mage de Salon. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. On comparera à ce propos la façon dont Monsieur Drévillon traite de l’affaire Morgard (pp. 100 et seq) et notre propre travail à ce sujet. Malheureusement, pour Monsieur Drévillon, ni nos Documents Inexploités sur le phénomène Nostradamus ni notre thèse d’Etat – du moins officiellement – n’étaient encore parus en 1996! Il est vrai que Monsieur. Drévillon cite également notre catalogue d’exposition Astrologie et Prophétie. Merveilles sans Images. (1994). En revanche, il ne cite pas un travail dont il nous semble qu’il a du s’inspirer, à sa façon, à savoir « Les variations d’impact des comètes en France. Etude bibliographique (fin XVe-fin XVIIIe siècles) » paru dans les Actes du Colloque de Bayeux de 1986, La comète de Halley et l’influence sociale et politique des astres, Bayeux, 1991. A la décharge de Monsieur Drévillon, tout bien réfléchi, il nous apparaît qu’il a probablement pensé qu’il en était pour la littérature astrologique du XVIIe siècle en France comme pour la littérature française, tout court et que le terrain en avait été maintes fois balisé de sorte qu’aucune découverte bibliographique significative n’y était envisageable; Monsieur Drévillon n’avait pas pris la mesure du retard considérable pris par l’Histoire des textes astrologiques et il s’est avancé comme un éléphant dans un magasin de porcelaines à l’instar d’un touriste buvant goulûment d’une eau chèrement méritée. On peut tout de même être surpris que l’éditeur Champvallon, réputé pour son sérieux, n’ait pas exigé de Monsieur Drévillon un état des travaux. Passons à M. Guérin (L’astrologie au XVIIe siècle, etc Cote Bib. EPHE Doc 258 (1-2) ) qui, d’entrée de jeu, semble avoir décidé de ne pas faire figurer notre nom une seule fois dans sa thèse, bibliographie comprise, ce qui est une gageure. Il parvient ainsi à signaler notre édition de 1975 des Remarques Astrologiques de J. B. Morin, chez Retz – ouvrage apparemment inconnu de Drévillon – mais sans signaler notre introduction et le rôle que nous avons joué dans l’exhumation de ce texte oublié par Hiéroz qu’il cite abondamment. Il cite le Commentaire du Centilogue (sic) de Nicolas Bourdin mais non notre reprint et notre postface de 1993. Peut-on imaginer qu’il n’en ait pas pris connaissance, trois ans plus tard, d’autant qu’il cite le livre de Drévillon qui le mentionne dans sa bibliographie? On nous dira que peut-être nos études ne concernaient pas son sujet. Or, il n’en est rien, M. Guérin consacre de longs développements à Morin et à Colbert. Or, dans l’introduction aux Remarques, nous abordions précisément la question de l’édit de Colbert (pp. 20-21) : « Que faut-il penser de la date de 1666 dont toutes les histoires de l’astrologie admettent que ce fut « une année noire » pour cette science? (..) On assure qu’il était interdit expressément aux membres de cette Académie de s’occuper d’astrologie (..) Or cette affirmation semble hautement improbable. C’est une injustice de charger Colbert de « persécuteur » de l’astrologie ». Et M. Guérin qui, par ailleurs, cite les publications de l’astrologue André Barbault, d’intituler un de ses paragraphes, figurant dans jusque dans sa table des matières, « Une interdiction introuvable » (pp. 89-92). Tout se passe, finalement, comme si ces chercheurs ne souhaitaient mentionner que des sources « nobles », c’est à dire les textes d’époque, reléguant au mieux dans la bibliographie, pour la forme, les études existantes mais ne daignant jamais mentionner leurs prédécesseurs es qualités, en ce qui concerne tel jugement sur l’astrologie de l’époque et s’arrogeant ainsi de facto le mérite de la découverte des documents et l’élaboration des synthèses qui ont précédé. Il y a là une forme de plagiat parfaitement condamnable qui consiste à s’arranger avec sa conscience en disant que les textes anciens n’appartiennent à personne. On ne débat pas avec un chercheur, au mieux, on le cantonne en notes de bas de page et dans le ghetto bibliographique. On a l’impression ainsi que chaque chercheur reprend le sujet à frais nouveaux. Se pose ici un vrai problème de déontologie de l’Histoire de l’Astrologie du XVIIe siècle. Ce sont là des procédés inexcusables – et ce quels que soient les ressentiments personnels qu’on peut avoir envers quelqu’un – car c’est bien de cela dont il s’agit, qu’il convenait de porter à la connaissance de la communauté scientifique aux fins de l’édifier. Si l’Histoire de l’astrologie est une discipline qui n’a pas encore vraiment pignon sur rue, et qui n’a droit qu’à un strapontin au sein du champ ésotérique, au sens où l’entend un Antoine Faivre, membre du jury de M. Guérin, c’est probablement en partie en raison de tels agissements qui hypothéquent la qualité du travail scientifique en en faisant une affaire personnelle. Iconographie Les Préludes de Mersenne (1634) Page des Préludes de Mersenne Mersenne, dans ses Préludes, ne s’en prend pas aux seuls astrologues, comme il ressort de la page de titre. On y trouve la traduction française d’un texte manuscrit de Pierre Gassendi, hostile à l’astrologie ainsi que la reproduction d’une condamnation en latin déjà bien ancienne de l’astrologue Symon de Pharés, à la fin du XVe siècle, /… …/ ce qui laisserait à penser qu’on n’en trouverait pas de semblable pour le XVIe siècle. Cet astrologue, pour sa défense, rédigea une apologie, non imprimée, dont J. P. Boudet a montré qu’elle était en partie fondée sur des personnages imaginaires ou en tout cas n’ayant pas pratiqué l’astrologie. La retractatio de Gaffarel Les Talismans de Sorel (1636) En 1636, juste après les Préludes de Mersenne, Charles Sorel fait figurer dans son attaque en règle des Talismans astrologiques, la rétractation de Jacques Gaffarel, auteur d’un ouvrage amené à un succès européen considérable (en anglais et en latin, notamment) les Curiositez Inouyes (cf le CATAF) et qui présentait /… …/ l’astrologie sous sa forme magique mais qui se terminait par un pronostic fondé sur des observations célestes assez peu orthodoxes pour l’époque. Une astrologie bien éloignée de celle qu’était alors en train de mettre en place un Morin de Villefranche, avec son Astrologia Gallica, et qui allait trouver des émules notamment chez Dom Belin. Les Ephemerides Richelianae de Noel Duret (1637) La Théologie Naturelle d'Yves de Paris (1640) Les astrologues allaient disposer d’outils de travail relativement commodes grâce à ces Ephémérides au nom de Richelieu publiées par Duret et qui comportaient, en latin, des explications pratiques, un Usage des Ephémérides selon la formule du livre d’Antoine Villon, paru en 1624/1625 et qui comportait une Apologie contre les calomniateurs, ce qui montre que la situation de l’astrologie française au début du XVIIe siècle était loin d’être confortable, elle va en fait s’améliorer par la suite, contrairement aux idées couramment admises par les historiographes de la question. Bien avant son intervention pour la défense du Fatum Universi dont certaines pièces étaient issues de sa propre production, avec ou sans son accord, Yves de Paris avait fait paraître un exposé assez détaillé du savoir astrologique au sein de sa Théologie. C’est d’ailleurs au début des années 1640 qu’il publie les pronostics politiques qui le feront connaître comme astrologue. La Beschreibung de Eberhard Welper (1642) Les Trois Livres de la Vie de Marsile Ficin (Paris, 1582) Ce texte alsacien est consacré à la même grande conjonction que celle qui occupa le Père Yves de Paris dans un texte qu’on n’a pas retrouvé et dont certains éléments ont été vraisemblablement repris dans le Fatum Universi et dont a pu connaître directement Henry de Boulainvilliers. Yves de Paris pour nourrir sa Défense du Fatum Universi de son ami d’Asserac s’appuiera notamment, outre ses renvois à Thomas d’Aquin, sur l’Apologie de l’italien Marsile Ficin, qui avait été traduite en français, à la fin du siècle précédent. Il mentionne aussi le Discours sur l’astrologie de l’oratorien Charles de Condren (1643), qui se serait exécuté à la demande du cardinal de Richelieu. Une page du Fatum Universi de l'édition de 1658 Page de titre de la traduction manuscrite: Nouvelle Méthode d'Astrologie, XVIIIe siècle En 1658, une nouvelle édition latine expurgée paraissait, au lendemain du procès qui se tint devant le Parlement de Bretagne, où intervint le Père Yves de Paris, par une Disceptatio qui sera imprimée et jointe aux documents concernés. Mais on retrouve des exemplaires comme celui-ci qui ont été complétés à la main des éléments ainsi omis et qui dérangeaient l’Angleterre et l’Espagne. L’ensemble du recueil édité en latin, à Rennes, en 1654, par le marquis d’Asserac, sera traduit un siècle plus tard mais non imprimé. Mais il s’agit de la seconde édition expurgée de 1658. C’est ce manuscrit que les nouveaux Cahiers Astrologiques d’Alexandre Volguine, émigré russe, publièrent, à Nice, à partir de 1938, publication qui sera suspendue pendant la guerre. 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