par Jacques HalBronn
Le grand défaut de beaucoup de ceux qui, astrologues ou prophétologues, tentent de comprendre le monde avec les outils, les grilles qui sont les leurs tient à une tendance presque incontrôlable à l'exagération et cela nuit probablement plus que toute autre chose à la crédibilité du domaine "prophétique" au sens large, celui qui était d'ailleurs en vigueur du temps de Nostradamus et qui incluait l'astrologie. Ce n'est que par la suite que le mot "prophète" s'est réaligné sur l'acception biblique.
A l'occasion de la "Grande Crise", que nous venons de passer, nous avons pu assister à de nombreuses réunions astrologiques - et cela va continuer les 6-7 mars au Colloque Source Sep Hermés). Le grand tort des astrologues n'est pas tant qu'ils se trompent quant au début d'un processus mais bien plutôt sur sa durée. Et quant aux prophétologues, ils voient la fin des temps au détour de chaque chemin....Cela tient à l'inadéquation des outils employés.
Il n'est pas en effet sans danger d'expliquer tel moment critique en se servant de planètes lentes qui se trouvent en configuration à la date en question, sans parler de l'entrée de telle planète lente dans tel signe. Mais si cela marche plutôt bien -et c'est normal puisque l'on choisit les configurations se produisant lors de l'évènement considéré! - après cela se gâte car avant même que les dites configurations aient cessé d'être, l'événement lui ne les aura pas attendues! Mais de ce petit détail, on ne parle pas trop dans les chaumières astrologiques.
Et puis, quelque peu cyniquement, certains astrologues nous répondront que d'autres facteurs ne tarderont pas à entrer en jeu. A leur habitude, ils se réservent toujours une porte de sortie: si ça continue, ils resteront sur le cycle mis en avant et puis si la situation évolue, ils signaleront de nouveaux cycles susceptibles de modifier la donne. Un peu comme les prophétologues qui reconnaissent qu'entre temps, les hommes se sont repentis ou que Dieu a eu pitié d'eux....
On aura compris que la complexité et la multiplicité des facteurs à prendre en ligne de compte, c'est un eu le filet de sécurité pour l'astrologue.
Pour notre part, nous conseillerons de renoncer à une astrologie au temps surdimensionné.(dont l'Ere du verseau est l'expression la plus extréme) et d'adopter des périodes ne dépassant pas chacune deux ans (soit en gros 30 ans /16).
Et pour cela nul n'est besoin des planétes transsaturniennes. Il est quand même étrange que les astrologues de nos jours se croient obligés de signaler l'entrée de Pluton en capricorne pour rendre compte des problèmes actuels alors qu'en moyenne, cet astre reste près de 20 ans dans un signe, ayant une révolution de 248 ans ou alors il faudrait diviser le cycle de Pluton en bien plus de 12 signes par exemple en 36 décans de 10°(ce qui n'est pas loin d'un 32° de cercle). On voudrait quand même comprendre pourquoi il n'est pas fait appel à Jupiter transitant tel signe en un an au lieu d'Uranus, de Neptune et de Pluton. L'on ne nous empêchera pas de penser que c'est pour donner plus de poids au propos que l'on se sert de planètes "lourdes", c'est à dire e lentes. C'est selon nous un travers bien fâcheux qui dessert nos astrologues comme s'ils ne parvenaient pas à résister à la tentation de souligner excessivement le trait.
Ils n'auront pourtant pas l'excuse de dire par la suite qu'ils n'avaient pas prévu l'interférence de tel autre cycle puisque l'astronomie leur fournit bien à l'avance toutes les informations utiles pour moduler leur jugement. Certes, il n'est pas mauvais que les astrologues nous fassent sortir du carcan annuel mais de là à nous placer dans des périodes dépassant quatre ou cinq ans, comme ils le font volontiers sans état d'âme, notamment quand il s'agit d'astrologie mondiale. Or, pour nous, même en astrologie mondiale, la période de base ne saurait dépasser deux ans, c'est à dire que rien ne reste stable au delà d'un tel délai, que ce soit dans un sens ou dans un autre.
Mais comme l'unité la plus petite de l'astrologie actuelle est le signe de 30° et que les astrologues utilisent des planètes dont les trois dernières ont respectivement 84, 165 et 248 ans, cela donne un moyenne de 7 ans par signe pour Uranus, le double pour Neptune et on a vu une vingtaine d'années pour Pluton. En comparaison Saturne ne reste pas beaucoup plus de 2 ans dans un signe et Jupiter ne passe qu'un an dans un signe (ce qui a probablement donné le mécanisme du zodiaque chinois). Par ailleurs, nous ne pensons pas que la durée d'ensemble d'un cycle -lequel est constitué de plusieurs périodes, quatre selon nous comme pour les saisons ou les phases de la lunaison-doive excéder sept/huit ans. On est loin des 36 ans nécessaires pour que Saturne se reconjoigne avec Neptune...
Or, selon nous, il est bien rare qu'un phénomène social, quel qu'il soit, se maintienne au delà de 2 ans environ. L'astrologie moderne est donc plombée par des outils surdimensionnés qui ne parviennent finalement à fonctionner qu'en les croisant entre eux, tel cycle d'Uranus coupant celui de Neptune ou de Pluton et ainsi de suite. Mais dans ce cas, l'on en arrive à des durées inégales, sacrifiant ainsi le principe d'une cyclicité régulière et aisément prévisible parce que récurrente. La pluralité des cycles tue la cyclicité.
Etrange maladie que celle de l'astrologie actuelle qui veut à tout prix, tel un lit de Procuste, que chaque individu s'inscrive dans son thème natal - alors que le thème est selon nous réservé à une élite. Plus généralement, le temps était considéré comme un " domaine secret de la souveraineté qui ne devait pas être partagé avec le peuple" (cité par Lucian Boia, in " L'Occident. Une interprétation historique", Paris, Les Belles Lettres, 2008 p. 61) et qui propose à l'Histoire un cadre exorbitant et selon nous inadéquat. Nous ne suivrons certainement pas un Charles Ridoux (ou à un Jean-Charles Pichon) quand il est proposé que l'astrologie ait vocation à structurer l'Histoire en grandes périodes. Selon nous, l'astrologie n'a même pas à expliquer la crise actuelle, elle doit se contenter de comprendre comment les hommes entendent, à un moment donné, la résoudre, étant entendu que si la dite crise eut éclaté plus tôt ou plus tard, les réactions eussent été différentes. Il ne s'agit pas de nier qu'il y ait des processus de longue durée, mais le rôle de l'astrologie ne se situe point là. C'est dire que l'astrologie a bien du mal à déterminer son bon usage (thème du colloque de Toulouse des 20-21 mars 2010)
On regrettera que la croyance en l'Ere du verseau n'ait pas conduit à une réforme de l'astrologie en profondeur, ce qui nous amène à penser que les astrologues n'ont pas bien intégré la notion de cycle. Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Pour beaucoup d'entre eux, l'astrologie constitue un ensemble à prendre ou à laisser.
Au vrai, il semble plus sage de placer l'astrologie du côté de l'observateur que de la chose observée, qu'il s'agisse d'un tsunami, d'une épidémie ou d'une guerre. ou d'une invasion extra-terrestre.... La vraie question est de prévoir comment les humains réagiront par rapport à de tels phénomènes, de nature par ailleurs si différentes et dont il serait en revanche bien vain de tenter d'annoncer l'occurrence ou la récurrence. Si l'on veut préserver une certaine cohérence cyclique, il vaut mieux en effet se mettre du côté du sujet que de l'objet et c'est l'erreur commise par tant d'astrologues de se laisser guider par l'objet, comme, par exemple, de chercher un point commun entre deux guerres car dans bien des cas, le retour d'une même configuration ne correspond nullement à un événement du même type, mais bien une attitude semblable face à des situations diverses. (voir notre entretien avec Catherine Anne, sur la télévision astrologique)...
La notion d'événement est plus difficile à appréhender qu'on pourrait le croire. Quand un film comme Invictus de Clint Eastwood, sort sur les écrans, c'est un événement mais qui est porteur d'une dimension astrologique en ce qu'il relève du plan artistique, en quelque sorte artificielle, un film caractéristique d'une phase conjonctionnelle de Saturne, tant il est marqué par l'idée de rapprochement, de réconciliation (fin de l'apartheid en Afrique du Sud et Coupe du monde de rugby en 1995).Il y a l'événement qui a eu lieu il y a une quinzaine d'années mais il y a aussi l'événement que constitue le film qui l'évoque. Quant au tsunami, s'il existe en dehors des hommes, toute la question est de savoir comment il sera vécu, géré, traité. Entre ces deux extrêmes, Certes, comme nous l'avons dit, le calendrier électoral échappe le plus souvent à ceux qui l'ont mis en place, des décennies parfois des siècles plus tôt, un peu à la façon dont le calendrier astrologique a fini par échapper aux hommes, au bout de millénaires mais en laissant une trace indélébile au niveau biologique qui n'a rien à voir avec les pratiques démocratiques modernes que l'on pourrait aisément reprogrammer et qui différent d'un Etat à l'autre alors que fondamentalement il n'est qu'un seul et unique vrai calendrier astrologique..
Mais qu'en est-il des guerres qui ont si souvent fasciné les astrologues attirés par elles comme les mouches par la lumière? La guerre de 14 a été déclenchée par un événement très local, l'assassinat de l'archiduc d'Autriche à Sarajevo, lequel événement aurait pu avoir des effets beaucoup plus limités que l'embrasement que l'on a connu jusqu'en 1918 et qui aura changé la carte géographique de l'Europe avec les conséquences qui suivront tout au long du XXe siècle (Second Guerre Mondiale, satellisation de l'Europe Centrale par la Russie jusqu'en 1989-1991, Union Européenne etc). C'est par le jeu des alliances entre Etats (Triplice face à Triple Entente) que le conflit s'étendra. Autrement dit, les hommes ont été victimes des structures qu'ils ont instaurées à la façon d'apprentis sorciers. Il faut se méfier de ces processus quasiment automatiques qui empêchent de gérer les choses au présent mais sont fonctions de décisions prises dans d'autres contextes, d'où des événements qui sont décalés par rapport à la structure cosmique à l'instar des élections. On pourrait parler ici d'une sorte de pseudo-astrologie correspondant à des systèmes spatio-temporels (alliances, calendriers) inventés par les hommes, ignorant qu'ils devraient d'abord s'appuyer sur des systèmes beaucoup plus anciens dont l'astrologie est censée rendre compte.
Nous définirons donc l'événement non astrologique comme celui qui interfère avec le déterminisme astrologique tel que nous l'avons défini, qu'il s'agisse d'un phénomène naturel comme un tremblement de terre (Haiti en ce début de 2010), de la mise en oeuvre des règles constitutionnelles ou de conventions internationales. Tout ce que les hommes structurent est une menace, une épée de Damoclés, quand cela ne s'appuie pas d'abord sur un substrat astrologique sain. Mais la façon dont les hommes traiteront les dits événements sera de toute façon fortement marquée par le dit substrat et son processus cyclique. Or, si les dits événements tombent à une période x ou y, les effets ne seront pas les mêmes, que l'on songe aux différences que nous avons décrites entre périodes dites, par analogie, solsticiales et dites équinoxiales (au semi-octile (22°30') après ou avant la conjonction) et entre solstice d'Eté (disjonction, au mi point, au semi-carré (ou octile; 45°) entre deux conjonctions) et solstice d'Hiver (conjonction)
JHB
16 01. 10
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