dimanche 11 juillet 2010

JOURNAL DE BORD D'UN ASTROLOGUE AVRIL 2010


A la suite de la sortie de l’ouvrage de JHB « Apprendre à penser Soleil- Lune
Nouveau regard sur la théorie des Ages
Paul Le Cour et l’antisémitisme
Le cas Nick Clegg et l’entré de Saturne en balance
La conjonction Saturne 4 étoiles : comparaison 1929-2008
Les Accords de Munich (1938), une date disjonctionnelle
L’astrologie et les deux grandes figures de leaders
Les PPA comme vaccin
Le point aveugle de la dualité en Astrologie contemporaine
Quelques « vérités » sur les psychologies alternatives et parallèles
L’astronomie comme Loi fondée sur le Ciel
La question du délestage astrologique des étoiles fixes
Le Droit face au changement des mentalités
Les femmes et les savoirs alternatifs : l’effet placebo
Astrologie masculine, astrologie féminine
« Métro Astrologie » et « Astrologie PPA »
Le clivage entre Zodiacalistes et Aspectistes
Les deux mythes fondateurs de l’astrologie contemporaine.
Place de l’Astrologie au sein des psychologies parallèles et alternatives
Errances et erreurs dans la méthodologie de l'astrologie
Que nous dit le Cosmos sur l'Humanité?
Le passage du yang au yin au regard de la cyclicité astrologique.
Apologie de la nouveauté en tant que ciment social
Du purisme en Astrologie
Des modes naïfs de validation et d’invalidation en Astrologie
Le cycle en astrologie : les dangers d’une diversification des contenus
Astrologie et Poésie
Démos et Cosmos
L'astrologie actuelle face au Collectif et à la Dualité
Astrologie associative ou astrologie secrétive?
Parler le langage de l'autre
La consultation astrologique est-elle un marché de dupes?
L'astrologie ou l'éternel sursis.
Le sexe comme ultime refuge dans un monde d'expédients.
Méfions-nous des adjuvants!
Des dérives de la poésie/chanson anglophone
Thème de naissance et peur du temps qui passe
Signes et conséquences de l''avénement d'une nouvelle phase yin.
Apprentissage de la langue et accès à l'abstraction
Astrologie et corps humain
Les trois prochaines années vues par un futurologue

A la suite de la sortie de l’ouvrage de JHB « Apprendre à penser Soleil- Lune aux Editions Eric Le Nouvel

(sur Internet, voir lien sur le site teleprovidence.com)

Commentaire de « Lune Soleil »

Les hommes viennent de la lune et les femmes du soleil……..
Voilà ce que j’en pense !

L’inversement des pôles Soli-lunaire comme attribué demande réflexion, sommes-nous pas à la fois Soleil/lune ? Pourquoi l’homme serait symbolisé par La lune et la Femme par le Soleil ?
En orient la Lune en astrologie est prioritaire que cela soit le thème d’une femme ou d’un homme et le Soleil passe en second plan.
En réalité qu’es-ce qu’on voit en priorité dans le ciel, le Soleil et la lune lorsqu’ils ne sont pas cachés par les nuages. L’un domine le jour le Soleil et l’autre la nuit la Lune.
Les horoscopes donnent la primauté au Soleil qui représente la première maison et fractionne l’horoscope en 12 interprétations visibles dans les magazines ou entendu chaque matin a la radio. On n’imagine pas un horoscope lunaire qui multiplierait par 12 le travail rédactionnel de l’astrologue. 144 versions présentés dans les magazines ou à la radio qui nous rapprocherait un peu plus de la réalité vous ne croyez pas ?
Par contre, je suis d’accord avec vous sur ce point : « L’astrologie est un phénomène lunaire alors que l’astronomie est solaire » parce-que l’homme est aussi essentiellement psychique donc sensible à l’influence des astres. Le Soleil et la Lune suffit à projeter la dualité de notre monde que l’on retrouve aussi par couple entre l’homme et la femme , le jour et la nuit , la naissance et la mort , le cerveau droit et le cerveau gauche , le matériel et le spirituel , l’astrologue et l’astronome , le patron et on employé , il n’existe pas une chose sans que le contraire se manifeste . Ce qui reviens à dire le fait de défendre une idée ne peut qu’attirer son opposé et cela indéfiniment.
De rare exemple montre qu’un homme peut se transformer en apparence en femme et que la femme peut se transformer en homme. Sur le plan psychologique un homme peut se révéler d’une grande sensibilité et qu’une femme adopter un solide sang froid face à des situations dramatiques.
Cette différence sera perceptible par la qualité soit du Soleil ou de la Lune dans le thème de naissance de l’homme ou de la femme. On peut par la seule étude du couple soli-lunaire évaluer la réceptivité du Soleil et de la Lune qui sont les principaux acteurs ; tout comme le spectacle journalier du Soleil et de la Lune dans le ciel.
Décider que le Soleil représente davantage la femme et que la Lune, l’homme, c’est sous-estimer la réaction des femmes au moment de la pleine lune ou l’influence lunaire est a son paroxysme lors des Pleines lunes très chargé en énergie. Ce qui est d’ailleurs visible lorsque la Lune est également très forte dans le thème de naissance soit par sa proximité à l’ascendant, où recevant de nombreux aspects du corpus planétaire intégré dans la roue du zodiaque. J’ai expérimenté le cycle soli-lunaire dans un forum sur l’astrologie qui était fréquenté par des femmes exclusivement. Es-ce un effet de transfert, mes investigations ont été au-delà, pour constater une corrélation évidente entre les fluctuations des cycles de la lunaison et les variations psychiques chez le sexe féminin.
Si l’on considère que l’homme est la Lune qui symbolise l’intérieur, l’introverti, la subjectivité et la femme le Soleil qui nous renvoi à l’extérieur, l’extraversion, l’objectivité. Ce qui revient à dire que c’est le Soleil qui serait en éruption au moment des phases pleines lunes et la Lune dans sa condition passive, recevant le flux du Soleil. Ce qui est certain que la position de la Lune que cela soit dans un thème féminin ou masculin est suffisamment parlante. Comment vous expliquez que les horoscopes traduit dans des journaux féminins soit Solaire, si les horoscopes étaient Lunaires, ils ne seraient pas au nombre de 12 mais au nombre de 144 c’est ça ? Si je comprends bien la femme serait d’essence Solaire et l’homme s’apprivoisant dans l’effet Lunaire, et la dualité coexistant, l’un se révélant par l’effet miroir de l’autre ?
Dans le thème d’un nouveau né, c’est la position de la Lune et de ses aspects qui est déterminante dans les premiers mois de sa vie. J’ai un exemple révélateur de vérité sachant que cet enfant est mort dans son berceau à l’âge de 9mois. Un FC (foyer) en capricorne encadré par le couple Lune/Saturne dans le même signe en opposition au Soleil fin du signe des Gémeaux en zodiaque tropical. Naissance du 22 Juin 1959, décès le 11 Mai 1960. Le rapport Soleil/Lune non pris dans le filet du pêcheur mais de Saturne. Parfois je me demande si l’âme n’a pas choisi délibérément de partir du corps, voyant ce qu’il pouvait l’attendre comme épreuves. La maison des dons des acquis en Scorpion est encadrée par Neptune/Jupiter qui montre les qualités spirituelles requises, c’est de l’ordre d’un autre registre en matière astrologique. C’est pour montrer que la dimension des luminaires à la naissance, sa constitution dépend ensuite un bien être future qu’il est difficile de juger en tant qu’astrologue. C’est un choix antérieur et lorsque l’âme s’est réellement établit dans le corps et l’esprit, c’est que la vie requière d’une importance primordiale qu’il nous est défendu de juger dans ses apparences astrologiques souvent erronées. Il faudrait que l’astrologue développe des qualités autre que celle inculqué dans les écoles qui pratiquent une astrologie trop axé sur les carrés et les oppositions et pas suffisamment sur la structure globale de la carte du ciel.
L’étude de l’astrologie c’est avant tout de l’énergie qu’il appartient à l’auteur du thème de canaliser, de trouver son centre en dehors des clichés préfabriqués qui dispersent l’énergie motrice au lieu de l’exploiter dans sa dimension originel. C’est l’instinct que chacun porte en lui-même qui sera le meilleur conseillé sachant que les épreuves sont autant d’opportunité de s’améliorer et non des obstacles qui nous empêchent d’avancer. Le Soleil c’est la semence et la Lune c’est la faculté de recevoir le fruit de la récolte, il suffit de vouloir/Soleil pour que la Lune se relie dans la résonnance d’une cause qui ne peut aboutir à un effet.
Les quatre phases de la lunaison sont déclencheurs d’événement à chaque changement tous les 7jours, cela passe par une évolution, une remise en question nécessaire, un aboutissement et se poursuivre dans une mise à l’épreuve et de renaître indéfiniment.
Dans le yoga il existe un enchainement 12 exercices qui s’intitulent « la salutation au Soleil » ainsi que 20 exercices pour « la salutation à la Lune » qui montre ce lien magique qui peut unir l’homme et les deux Luminaires par une sorte de prière ou de reconnaissance infini à des astres si proche par la visibilité à l’œil nu de l’astre du jour le Soleil et l’astre de la nuit la Lune
Je renvois le lecteur à un passage du Livre D’ENOCH : Extrait sur les Luminaires
A partir du Chapitre 71 :
http://www.bibleetnombres.online.fr/livenoc2.htm
Bonne découverte
Cordialement
Lunesoleil
29. 04. 10

Nouveau regard sur la théorie des Ages

Par Jacques HalBronn

La théorie des Ages est généralement présentée, notamment chez les astrologues conditionalistes, comme une preuve de la relation de l’espèce humaine aux astres, dans la mesure où la psychogénése des humains passerait par des stades correspondant à la succession croissante des cycles planétaires.
Nous voudrions proposer ici une autre interprétation d’un tel « constat », ce qui montre qu’à partir des mêmes observations, l’on peut aboutir à des conclusions bien différentes. Ce que nous tenterons de mettre en évidence, c’est que l’ordre des dieux planétaires est du même ordre que celui des signes, des maisons ou des aspects, c'est-à-dire qu’ il constitue un mode de balisage d’un cycle, quel qu’il soit.
S’il s’avère, en effet, que l’on passe par un stade martien, puis par un stade jupitérien etc, est-ce que cela ne prouve pas, ipso facto, que les diverses planètes sont à considérer dans la diachronie et non dans la synchronie , dans leur succession et non dans la juxtaposition. Autrement dit, on ne saurait être au même moment à deux stades différents d’un cycle. On ne peut pas davantage être à la fois, simultanément, en hiver et en Eté, en maison VI et en maison IX, en cancer et en verseau…..
Or, comme chacun sait, l’astrologie, depuis longtemps, a pris l’habitude de combiner différents cycles de sorte qu’au même moment, l’on puisse être dans deux signes et plus, dans deux maisons et plus, par le fait même de la multiplicité des planètes. C’est notamment le cas du thème natal tel qu’il est généralement défini.
Evidemment, si l’on admettait le principe selon lequel on ne peut être à la fois au four et au moulin, cela rendrait inacceptable le concept actuel de thème astral (natal, horaire)
On nous objectera que chaque planète constitue un plan spécifique et que pour une planète donnée, il n’y, à un moment donné, qu’une seule et unique position, ce qui justifierait d’étudier autant de positions qu’ il y a d’astres utiles, de Chiron (voir Michèle Duhamel, Catherine Castanier, Renée Lebœuf) à Koré (voir Jean de l’Arche), d’Eris (voir Christophe de Céne) aux astéroïdes (voir Jean Billon, Marielle Garel, Liliane Blanchet)
Or, la théorie des Ages nous amène à penser que ces différents dieux auxquels il est référé par le truchement des astres qui portent leurs noms, sont eux-mêmes, au départ, censés constituer des phases au même titre que les subdivions de l’écliptique (révolution) ou du mouvement diurne (rotation)
On nous fera probablement remarquer qu’il faut bien, tout de même, déterminer des facteurs activant les diverses subdivisions et que les planètes ont vocation à le faire. Ce serait aller un peu vite en besogne. Car sous le nom de « planètes », l’on intègre, en astrologie, les luminaires (soleil, lune), ce qui permet d’arriver au nombre 7 si important par ailleurs pour la pensée astrologique notamment du fait de la septuplation des mesures de temps : passage du jour à la semaine de 7 jours, de l’année à la « semaine » de sept ans (vaches grasses, vaches maigres). Certains pourraient croire qu’un tel découpage justifie l’existence de sept « planètes » voire qu’il est sous-tendu par la dite existence. Or, ce n’est que par un stratagème que l’on en arrive à l’idée d’un septénaire planétaire, de par l’adjonction des luminaires aux cinq planètes découvertes bien plus tardivement que ne le furent les dits luminaires, à plusieurs millénaires de distance.
Autrement dit, si au lieu d’un découpage en 7 avait prévalu un autre découpage, on se serait débrouillé autrement, en ne prenant par exemple que la lune (pour un découpage en six) ou en ajoutant l’axe des nœuds (pour un découpage en huit). Actuellement, d’ailleurs, les astrologues intègrent allégrement de nouveaux astres sans plus chercher à les situer dans un quelconque calendrier. La semaine n’a pas augmenté de jours, en dépit des tentatives de passage à une semaine de dix jours sous la Révolution.
On ne manquera pas non plus de nous faire remarquer que la théorie des domiciles (axée sur les solstices) attribue bel et bien les sept planètes (donc luminaires compris) aux 12 signes (voir le Tetrabiblos) et cela vaut aussi pour le dispositif des exaltations (axé sur les équinoxes)
Or, selon nous, de tels tableaux ne sont pas opérationnels mais plutôt récapitulatifs. Selon nous, les luminaires devaient jouer le rôle de curseurs passant sur des secteurs attribués à tel ou tel dieu (voir Manilius) : à un certain point, le curseur passait sur Vénus, à un autre, sur Mars et ainsi de suite, il ne devait donc pas exister de secteur lunaire ou de secteur solaire car on ne saurait confondre les aiguilles d’une montre (idem pour un cadran solaire) et son découpage. (en 12 sur nos montres)
Dans le cas de la semaine, le problème se pose aussi : il n’y a pas de raison pour qu’il y ait un jour du soleil et un jour de la lune, puisque ce sont là des curseurs passant successivement sur sept jours. D’ailleurs, en France, il n’y a pas de jour du soleil (à la différence de l’Angleterre) mais nous avons le lundi, jour de la Lune. Il faut bien comprendre que l’astrologie, elle –même, est passée par plusieurs stades.(Gauquelin a ainsi montré que la Lune jouait un rôle au même titre que les cinq planètes, mais le soleil, en revanche, ne ressortait pas statistiquement dans son travail)
En conclusion, nous dirons que la théorie des Ages met en évidence la dimension progressive des dieux planétaires, elle ne leur confère pas de rôle moteur. Or, paradoxalement, J. P. Nicola a développé parallèlement à la dite théorie, le système RET qui vise, au contraire, à montrer le rôle de chacune des 10 « planètes » du système solaire, tel qu’on le connaissait dans les années soixante du siècle dernier.
La confusion entre le tronc et les branches est très fréquente en astrologie, d’où ainsi l’importance accordée aux 12 signes, dans les « horoscopes » et qui fait passer au second plan le soleil dont on oublie qu’il joue ici le rôle de curseur. Pour nous, les planètes sont les branches et les luminaires le tronc. Il faut rétablir une telle dialectique.
Cela dit, pour ceux qui connaissent nos travaux, nous accordons la plus grande importance à Saturne. C’est que selon nous, pour mettre en œuvre le processus de septuplation évoqué plus haut, il a bien fallu instrumenter et instrumentaliser une certaine planète jouant le rôle de la lune par rapport au soleil et ce fut Saturne, le rôle du soleil étant joué par un quadrilatère d’étoiles fixes dites royales. C’est ainsi que Saturne aura été promu au rôle d’octave supérieure de la Lune et donc de curseur. Nous avons donc une astrologie lunaro-saturnienne, ce qui explique que l’astrologie humaniste préconise le passage un jour pour un an (ou un degré pour an, ce qui est du même ordre)
On aura compris que notre conclusion sera la suivante : le nombre de planètes dont il importe de suivre le cycle se limite à la Lune et à Saturne, faisant respectivement couple avec le soleil et le quaternaire stellaire et pouvant être subdivisé par divers procédés et par divers découpages (mythologique, symbolique, catégoriel (maisons), géométrique (aspects)
Ce qui nous frappe le plus, c’est le fait d’accorder une portée universelle aux 12 signes du Zodiaque et au décalage entre deux présentations de celui-ci. (ayanamsa).Il est assez évident, en tout état de cause, qu’il s’agit de créations humaines et qui plus est de résultats de diverses contingences historiques (ignorance de la précession des équinoxes, corruption de la symbolique saisonnière d’origine, syncrétismes). Il est remarquable que les hommes sacralisent ainsi leur propre errance au point de se persuader que leur avenir peut être décrypté dans un cosmos revu et corrigé par eux-mêmes. Mais l’homme n’est-il pas, en effet, un apprenti sorcier prisonnier de ses propres entreprises au point de ne plus pouvoir les contrôler ?
Il y a trois plans à bien distinguer : celui de la Science(dure), qui ne dépend pas des hommes, celui de l’Histoire qui nous parle de la façon dont les hommes ont vécu le temps et l’espace, qui en garde le souvenir des avatars, et enfin celui de la Loi, qui concerne la faculté des humains, pas forcément bien partagée (pour paraphraser Descartes) à constituer des structures cohérentes, comme une langue, comme un code (voir Lévi Strauss). L’Astrologie semble flotter épistémologiquement entre ces trois dimensions.

JHB
29. 04. 10

Paul Le Cour et l’antisémitisme

Par Jacques Halbronn

A l’occasion d’un débat auquel nous avons participé, pour Baglis TV (sur Internet à l’instar de la Télévision Astrologique, mais d’accès payant) « la chaîne de la Tradition », avec Jacques Thibault, président de l’association Atlantis, animé par Yonnel Ghernaouti, et réalisé par Franck Agier, créateur du dit site, le 27 avril 2010, au Forum 104, rue de Vaugirard à Paris (qui sera mis en ligne dans quelques semaines), nous rééditons une partie d’un texte déjà paru sur le site du CURA(free.fr) et qui vient compléter des points du débat filmé autour notamment de la question « Paul Le Cour était-il antisémite » et comment a évolué le livre paru en 1937 jusqu’à nos jours.
Quelques mots cependant en prélude et en écho au débat du 27 avril. D’une part, nous dirons que la « doctrine » des ères précessionnelles s’articule sur un artefact historique à savoir la projection sur la voute céleste, d’un processus soli-lunaire servant au découpage du cycle saisonnier – ce qui est également un artefact – et la prise de conscience, à un certain stade d’un décalage, du fait de la méconnaissance de la précession des équinoxes ou plutôt du fait que ce décalage était jugé sans importance par rapport à l’objectif visé qui consistait à emprunter et à transposer un découpage faisant sens au niveau d’une astrologie non planétaire (les luminaires n’étant pas des planètes) aux fins de structurer certains cycles planétaires ou plutôt planétaro-stellaires. On parlera du recours à un alphabet zodiacal pouvant s’ajuster sur n’importe quel support. Dans une perspective d’astrologie de la Cité, le recours à un phénomène discutable scientifiquement ne fait cependant pas problème., tout comme la question des rapports entre planètes et étoiles fixes. Du moment qu’il est référé à quelque chose d’observable. En revanche, extrapoler du plan cosmo-juridique au plan prophético-astrologique et prétendre parler de l’ordre de l’univers sur 25920 ans n’est pas recevable.
On peut en outre s’interroger sur la mise en œuvre d’une telle « politique » juridique qui se serait poursuivie durant des millénaires. Nous opterons pour une approche plus réaliste : il est possible que pour mettre fin au culte du Taureau, certains aient développé la thèse selon laquelle le temps était advenu de passer au culte du Bélier, encore que cela ait supposé que l’on ait admis que le zodiaque pouvait être appréhendé à l’envers de son ordre saisonnier. On peut en douter. Le coup de génie de ceux qui élaborèrent non pas la théorie de la précession des équinoxes (connue d’Hipparque) mais son interprétation fut de se rendre compte que ce passage en sens contraire des signes du Taureau vers le Bélier et non pas l’inverse pouvait s’expliquer par le « précession » des équinoxes. Il reste que la connaissance de cette précession aura pu servir à mettre à bas le culte du Taureau, tout comme d’autres systèmes prophétiques auront permis d’annoncer la fin de la papauté ( St Malachie mais aussi les doctrines relatives aux ères religieuses (d’Albumasar à Charles François Dupuis en passant par Pierre d’ Ailly). Que cette théorie ait été relancée au moment de la naissance du christianisme et qu’elle ait pu éventuellement inspirer celui-ci nous parait possible, dans une optique cosmopolitique. C’est une toute autre affaire que d’annoncer des temps nouveaux qui seront décrétés par un cosmos dont nous avons dit qu’il n’est qu’un artefact en la circonstance. Cela dit, si quelque prophète décide d’adopter la bannière du Verseau –avec tel ou tel choix symbolique – pourquoi pas ? Mais, à la différence de certains cycles astrologiques qui, selon nous, ont pu s’ancrer profondément dans notre héritage génétique, nous sommes là placés en face d’un savoir purement culturel et qui ne peut se répandre que par la voie des médias, tout comme d’ailleurs en ce qui concerne les planètes transsasturniennes. (Voir Colloque de Rennes, avril 2010, sur la Télévision Astrologique)
Ce qui nous semble assez évident, c’est que la démarche prophétique comporte le plus souvent une dimension polémique, c’est une littérature de combat et il importe donc face à toute prophétie de se demander qui elle vise et notamment dans quelle mesure elle annonce la « fin » sinon la mort de l’autre. Fin des temps, fin d’un monde, certes mais du temps, du monde de l’autre, de l’adversaire que l’on cherche à abattre, dont on veut pour le moins miner l’autorité en en annonçant le terme, l’échéance, l’expiration. La fin du christianisme était sous-jacente à la théorie des Eres précessionnelles, telle que formalisée sous la Révolution. La fin des papes est annoncée par la prophétie de Saint Malachie. Quand aux Juifs, il est certain que certaines formes de prophétisme l’avaient en ligne de mire pour affirmer que leur temps était épuisé, révolu. En aucune façon, le prophétisme est-il une activité innocente. Par les temps qui courent, tous ces astrologues qui en rajoutent dans une certaine vision apocalyptique du monde s’en prennent en fait à des valeurs qu’ils veulent combattre, annihiler. C’est toujours bel et bien la fin de l’ennemi, du Satan, qui est en question et c’est lui qui devra laisser la place au camp dont le prophète est le héraut.

Pièce annexe extraite de notre texte paru sur cura.free.fr
I.- Paul Le Cour ou l’aquarisme
Paul Le Cour (1871-1954) occupe une place particulière dans l’histoire de l’astrologie du XXe siècle. Il est à coup sûr l’auteur d’un des ouvrages les plus célèbres de la littérature astrologique contemporaine de langue française. Son Ere du Verseau, parue dans les années Trente, est un monument, elle a connu de nombreuses rééditions, à partir des années Quarante et dans le genre, on ne peut guère la comparer, toutes proportions gardées, qu’aux Centuries, avec les remaniements et les ajustements de rigueur. Mais comment doit-on lire cet ouvrage que nous désignerons sous le sigle EVAG (Ere du Verseau. Avènement de Ganyméde)? Est ce que seul le titre est prophétique ou également son contenu?
En vérité, nous risquons fort d’ébranler ou de choquer nos lecteurs, tant il est vrai que Le Cour apparaît comme une des grandes références astro-prophétiques mais combien de Le Cour y a-t-il, quel est le "vrai" Le Cour?
Bien entendu, par delà le cas Le Cour, nous interpellerons ceux qui lui ont consacré des travaux ou du moins qui ont traité de l’Ere du Verseau, à commencer par ceux qui ont collaboré à la fin des années Soixante-dix au projet ANEV. (Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau) dont nous fûmes au demeurant le maître d’œuvre, à l’époque assez naïf. Signalons que certains textes de l’ANEV paraîtront, en 1981, à notre instigation en collaboration avec Krista Leuck, au sein du Grand Livre des Prédictions, Paris, Ed. Balland, ouvrage de futurologie en partie traduit de l’anglais, dans une section intitulée "L’âge d’or ou la fin des temps", pp. 141 - 225)
Y a -t-il un après Paul Le Cour? Le changement à observer relève, nous semble-t-il, de la différence d’implication. Dans les années trente-quarante, le discours astrologico-prophétique était directement en prise avec les enjeux de l’époque, avec la réalité ambiante socioculturelle, socioreligieuse, bref, il comportait une dimension polémique, pouvait espérer peser sur certaines représentations ( pour une description de la littérature astrologique prévisionnelle à cette époque, cf. A. Barbault, L’Avenir du monde par l’astrologie, Paris, Ed. Du Félin, 1993, et J. Halbronn, La vie astrologique, années Trente-Cinquante, Paris, Trédaniel, 1995))
En revanche, à la fin des années soixante-dix, l’astrologie française a refoulé ses engagements d’avant guerre, autour de l’Ere du Verseau, autour de Pluton, autour de la question juive. Elle a pris du recul, dans tous les sens du terme. La preuve en est que celui qui va diriger le congrès et le livre consacré à la question est un jeune juif qui n’a alors aucune conscience de l’usage qui fut fait précédemment de cette idée du Verseau, chacun, autour de lui, citant Paul Le Cour avec révérence et ne signalant pas le caractère sulfureux de son propos. Mais participent à ce collectif des personnes proches d’Atlantis, comme Jacques d’Arés, Robert Amadou, Jean Phaure- qui vient de décéder - ou encore Andrée Petibon, qui évoque la fondation de la revue.On trouvera des notices sur les astrologues contemporains cités dans ce travail dans notre Guide Astrologique, Paris, Ed. O. Laurens, 1997.
Mais qu’est ce alors que l’Ere du Verseau, au début du dernier quart du XXe siècle (cf de Culver & Ianna, "The age of Aquarius" in The Gemini Syndrome, New York, 1984, pp. 67 et seq)? Probablement l’annonce de la fin du christianisme en tout cas de la papauté, ce qui expliquerait le succès du message aquarien dans des pays de culture protestante.
Or, tel n’était nullement la position de Le Cour pour qui c’était au contraire le Second Avènement de Jésus, comme si, finalement, Le Cour avait voulu empêcher qu’il y ait rupture de la tradition chrétienne, quitte à prôner sa déjudaïsation. Le Cour ne prenait-il pas ainsi à contre-pied les astrologues anglo-saxons? Après Le Cour, les astrologues qui ont récupéré l’Ere du Verseau qui était restée jusque là aux marges de l’astrologie, en raison notamment de son sidéralisme, n’ont pas le bagage théologique voulu et préfèrent, tout simplement, annoncer l'avènement d’un nouveau culte, lié aux valeurs du Verseau telles que l’astrologie moderne les a reformulées, passant d’ailleurs étrangement du dieu Poséidon, cher à Le Cour à l’astre Ouranos/Uranus, nouveau maître du signe.. Si l’on considère le zodiaque comme typique de l’approche horoscopique, le fait d’interpréter l’ère du Verseau (constellation) selon la représentation que l’on se fait du signe nous apparaît comme une récupération par cette dernière.
Les signes "avant coureurs"
Certes; Le Cour a-t-il fixé un terme encore assez lointain pour l'avènement de Ganymède- selon son expression- mais cela ne l’empêche nullement de tenir, dans sa revue Atlantis - comme le fera Barbault dans sa revue L’Astrologue fondée quarante ans plus tard- une sorte de chronique aquarienne de son temps. Son livre L’Ere du Verseau ne fait d’ailleurs en partie que reprendre des développements précédemment parus dans la dite revue et eux mêmes intitulés "L’Ere du Verseau", et déjà pourvus du dessin de l’échanson qui se retrouvera en frontispice du livre.
Son ouvrage fonde ce que nous proposerons d’appeler l’aquarisme français, ce qui correspond peu ou prou au New Age (cf. Michel Lacroix, L’idéologie du New Age, Paris, Flammarion, 1996, pp. 79-80) marqué par un très grand sentiment de liberté et de libération face aux anciens clivages.
L’EVAG, ouvrage assez mal ficelé, où la préface fait suite étrangement à l’introduction, dans l’édition de 1937, est un catalogue des notations les plus diverses, censées révéler une convergence, un inventaire à la Prévert. On peut d’ailleurs inscrire l’EVAG dans la tradition des recueils prophétiques qui va du Mirabilis Liber (cf. notre étude sur ce site) aux productions du XIXe siècle, émanant souvent des milieux ecclésiastiques.
Parmi les signes avant coureurs, selon la formule de Le Cour, il faut compter la prophétie des papes qui, rappelons-le, est une liste parue en 1595 (cf. Le Texte prophétique en France) qui avec chaque pape qui décède voit se rapprocher la "fin du monde", la venue de l’Antéchrist., dans un compte à rebours nécrologique. Le Cour et à sa suite Jacques d’Arès semblent accorder la plus grande importance à ce phénomène qui fait ainsi de l’Eglise et de son chef un présage vivant .Chaque nouveau pape nous rapprocherait de la nouvelle ère. Cette prophétie des papes faussement attribuée à Saint Malachie nous fait songer à ces chronologies prophétiques qui contribuèrent à l’écroulement de la civilisation précolombienne.
En 1945, Le Cour fait une analyse de la situation qui - on s’en aperçoit rétrospectivement - accordait apparemment trop d’importance au ressenti immédiat si bien que les "réussites" prévisionnelles sont parfois redoutables en ce qu’elles se fondent sur une certaine interprétation des "faits" - et l’astrologue - on le verra avec André Barbault - n’échappe pas à cet écueil, où l’on fait flèche de tout bois: il n’y a jamais de faits bruts. N’oublions pas que même une horloge arrêtée marque deux fois par jour la bonne heure! Dans un chapitre intitulé "L’ère du Verseau", PLC écrit en 1943-1945, en plein bombardement des villes : "Ceux qui ne croient pas que notre religion chrétienne, avec ses magnifiques cathédrales, soit parvenue au terme de sa durée et qu’elle sera remplacée par une autre en rapport avec les progrès de la pensée humaine devraient songer aux sanctuaires abandonnés de l’Egypte, de la Grèce, de l’Asie, de l’Amérique (...) Seuls les touristes curieux errent au milieu de leurs ruines (...) Il y aura toujours nécessité de se grouper autour d’un symbole qui ne sera plus l’image du Christ souffrant fixé sur une croix mais quelque autre signe rempli de dynamisme (comme la double hache) correspondant au Christ-Roi" La douleur que nous éprouvons à voir s’écrouler les monuments religieux, merveilles léguées par les siècles précédents, doit donc être atténuée par (notre) vision de l’avenir". (Dieu et les dieux. Dieu existe-t-il?, Bordeaux, Ed. Bière, 1945, pp. 192 et seq) Avec le recul de plus d’un demi siècle, alors que tout a été reconstruit depuis belle lurette, ces signes "avant coureurs" semblent un peu trop "datés", ils ont fait long feu..
On voit donc que si le paradigme précessionnel, astronomique, est posé d’entrée de jeu, en revanche, les signes sont à rechercher partout, à tous les niveaux: tension entre la cause unique et les effets multiples..
P. Lecquet ("Le Hiéron du Val d’Or et l’ésotérisme chrétien autour de Paray le Monial") et E. Latour ("L’ère du verseau") se sont intéressés (cf Politica Hermetica, 1998) à la place des prophéties précessionnelles dans les années 1880-19004, et dont Paul Le Cour serait l’héritier et le vulgarisateur. Il s’agirait du milieu ésotérisant de Paray Le Monial (Saône et Loire)
Dans son recueil de 1937, certes, Paul Le Cour cite à plusieurs reprises Paray le Monial (sur Atlantis et les recherches du Baron de Sarachaga "qui envisageait pour l’an 2000 le 4° cycle du Graal", cf. P. Lecquet, "Le Hiéron du Val d’Or etc", op. Cit. pp. 95-96; J. Halbronn, Le texte prophétique en France, I, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002, pp. 329-330 ) mais c’est pour souligner le fait que les cultes qui s’y pratiquent sont annonciateurs de l’Ere du Verseau et non pour affirmer qu’il a trouvé dans ce groupe l’exposé de la théorie des ères. C’est toute la différence entre le signifiant et le signifié. Paray le Monial annonce, de facto, le Verseau, pense Le Cour, mais cela ne signifie nullement qu’on y propose un exposé circonstancié comme le fait Brunton (cf "Newton et le précessionalisme", sur ce site).
Pour Le Cour, le culte du Christ Roi, cher à Paray le Monial, annonce un nouveau stade du christianisme, c’en est fini du Christ représenté sur la Croix. Mais s’il mentionne ces pratiques, c’est que précisément elles émanent de personnes ignorant la précession des équinoxes. Car que vaudrait leur témoignage si elles en connaissaient le mécanisme?
C’est donc commettre un grave contresens que de laisser entendre que Paul Le Cour aurait reconnu, en quoi que ce soit, qu’il se serait appuyé sur les computations propres aux gens de Paray Le Monial. Pour Le Cour, les spéculations qui furent développées dans ce cercle ne l’impliquent nullement, elles sont l’expression d’un processus qu’il explicite mais qu’il n’attribue pas, stricto sensu, aux protagonistes. En d’autres termes, le mode de calcul prôné par Le Cour n’est pas celui de Paray le Monial lequel vient recouper, ponctuellement, et coïncider avec la Précession des Equinoxes. A trop vouloir prouver on ne prouve rien: une chose est d’observer que telle personne a tel comportement qui vient corroborer nos thèses, une autre d’attribuer à cette même personne la connaissance précise des dites thèses car, à ce moment, là on ne peut être juge et partie: si la personne connaît le système, son comportement ne vaudra plus comme preuve.
En réalité, Le Cour n’a aucune prétention d’innovateur en ce qui concerne la description du mécanisme précessionnel et, citant tel ou tel auteur, il note ainsi, qu’il n’apporte rien de bien intéressant, avouant ainsi reprendre un sujet dans le vent. C’est ainsi qu’en 1929, dans la revue Astrosophie, fondée à Carthage (Tunisie) par l’anglais Francis Rolt-Wheeler, dans la lignée de la revue Modern Astrology d’Alan et Bessie Leo (cf La vie astrologique il y a cent ans, Paris, Trédaniel, 1992), on trouve un article muni d’un schéma, extrait de l’ouvrage d’Edouard Carpenter, consacré aux croyances païennes et chrétiennes (Pagan and Christian Creeds (1920, British Library, 045503 g 51). Cet article paru au mois de mars 1929 est immédiatement, dès le mois de mai de cette même année par Le Cour dans Atlantis («La date de l’entrée dans le signe du verseau", n°18) : "un article d’une revue nouvelle de Carthage luxueusement éditée et intitulée l’Astrosophie". Cette revue de l’Institut Astrologique de Carthage - affilié à l’Institut Astrologique de Londres, "fondé en 1890 par Alan Leo", s’installera ensuite, de l’autre côté de la Méditerranée, à Nice, sur la Côte d’Azur. Cet extrait paraît donc dans le numéro 1 de l’Astrosophie, revue d’astrologie ésotérique et exotérique etc (BNF, Jo 75607, microfilm) sous le titre "Le symbolisme de l’Equinoxe" d’Edward Carpenter (pp. 38-40). Donnons quelques passages de ce texte qui fit partie des lectures de Le Cour: "Beaucoup de gens pensent que l’association de l’Agneau Divin et de la Croix provint du fait que la constellation du Bélier se trouvait à cette époque sur la Croix Céleste (le croisement de l’Ecliptique et de l’Equateur) à la place précise où le Soleil-Dieu devait passer avant son triomphe final. Justin Martyr, dans son "Dialogue avec Trypho" (un juif) fait allusion à une vieille pratique juive consistant à rôtir un agneau sur les bâtons placés en forme de croix". La croix serait une sorte de barbecue! Pour Carpenter, chaque ère dure carrément 2000 ans et non pas 2160 ans. L’auteur anglo-saxon poursuit: (Astrosophie, p. 40) " En 1936, le Soleil entrera dans la constellation du Verseau, le signe de l’électricité, de l’air, de l’éther et en religion, des êtres surnaturels, des esprits, des fantômes; beaucoup de monde pensent voir en ce moment, dans les découvertes matérielles comme les vagues éthériques de la T. S. F. ( = radio) et dans les recherches psychiques et spirites de notre temps le commencement du nouveau signe sur l’équinoxe du printemps". On rapprochera 1936 (dans Atlantis, le 3 semble manquer et on trouve la forme 19 6!) de la parution de l’ouvrage de Le Cour en 1937. Il reste que Carpenter s’exprime avec une certaine prudence : " En considérant que le signe des Poissons vient aussitôt après le Taureau et le Bélier dans la succession des signes du zodiaque de l’équinoxe du printemps et que c’est actuellement (l’ouvrage date de 1920) la constellation dans laquelle le Soleil se tient à cette époque de l’année, il ne semble pas impossible que le changement astronomique ait été la cause déterminante de l’adoption de ce nouveau symbole" Mais le propos reste ambigu: est-ce une influence cosmique directe ou bien une initiative humaine: "Il est facile d’imaginer que le changement du culte du Taureau en culte de l’Agneau qui incontestablement eut lieu chez les différents peuples fut seulement une modification rituelle émanant des prêtres en vue de rétablie l’harmonie avec la situation astronomique". Question importante si l’on sait que le passage d’un culte à un autre apparaît pour nombre d’astrologues modernes comme la validation par excellence du symbolisme zodiacal.
L’apport de PLC semble devoir se situer ailleurs: peut être dans certaines corrélations qu’il propose entre l'avènement du Verseau et certains événements de son temps. Quand on sait ce qui marque les années Trente et quel "ordre nouveau" est ainsi proposé, on ne peut voir en Le Cour qu’un homme fasciné de plus en plus par ce qui vient d’Italie et d’Allemagne.
Quel serait donc le véritable apport de PLC à la question précessionnelle? Il faudrait pour cela parfaitement identifier toutes ses sources, celles qu’il cite et celles qu’il ne cite pas. On peut dire qu’il a su sensibiliser certains milieux français à ce système et qu’il a mis ce système au service de certaines idées de son époque. C’est d’ailleurs moins l’EVAG qui aura joué ce rôle qu’Atlantis et ce dès les années Vingt et il ne faudrait pas oublier la personnalité de Le Cour, son enseignement oral, dans le cadre de l’association du même nom, tant dans la région parisienne (Paris/Vincennes) qu’à Arès, sur le bassin d’Arcachon..



La déjudaïsation selon Le Cour
En 1937, Paul Le Cour adoptait encore une position classique judéo-chrétienne. Un de ses chapitres, qui disparaîtra par la suite, ne s’intitule-t-il pas "Juifs et Chrétiens d’accord’?
Mais cinq ans plus tard, Le Cour remanie sensiblement son texte: la France a été vaincue ou plutôt comme il le note mise en réserve, puisqu’elle ne participe pas aux combats. Désormais, Le Cour maniera volontiers l’opposition des aryens aux sémites - trouvant que Jésus a un type aryen, japhétien (de Japhet -fils de Noé - un des frères de Sem, dont le nom servit à forger le mot sémite) - tient les propos suivants, avec quelque ingénuité : "Pour résoudre le "problème juif", il suffit (sic) de considérer les Juifs comme des étrangers". (Hellénisme et christianisme, pp. 1106-107) et les persécutions les aideront à aller là où il est écrit qu’ils doivent aller. Dans cet ouvrage qui paraît en 1943 puis est réédité sans retouche, chez Dervy, en 1953, Le Cour précise certains aspects de l’Ere du Verseau, mais en en accentuant le caractère antijuif - occupation nazie oblige puisque pour Le Cour rien n’arrive par hasard - comme il le reconnaît lui-même: on peut, dit-il, être contre le judaïsme tout en n’étant pas contre les Juifs, à condition, toutefois qu’ils deviennent un peuple comme les autres, rassemblé sur un seul et même point du globe. Il est en faveur du statut des Juifs octroyé par le régime de Vichy et qui servira à ce que les Juifs ne s’attachent pas trop à la France. Pour Le Cour, l’Ere du verseau annonce une hellénisation du christianisme et sa déjudaïsation. Il conviendrait plutôt à propos de Le Cour de parler de déjudaïsation plutôt que d’antisémitisme.
En fait, Le Cour ne fait pas mystère de ce qu’il doit à Rohling , dont le nom figure dans son Ere du Verseau de 1937, réputé, au XIXe siècle, pour l’érudition de son antitalmudisme, auteur par ailleurs d’un ouvrage prônant le retour des Juifs à Sion (cf. notre ouvrage: Le sionisme et ses avatars, au tournant du XXe siècle, chez Ramkat). Le Cour serait ainsi parvenu à relier antisémitisme et mouvement aquarien, chacun consolidant et justifiant l’autre. On ne peut nier une certaine fascination de Le Cour pour le fascisme italien et il célèbre, dans l’Ere du Verseau, la prise de l’Ethiopie, en 1931, comme l’annonce des temps nouveaux, puisque le roi d’Italie, grâce à Mussolini, devient, de ce fait, empereur et il en sera ainsi, au fil des rééditions de l’ouvrage, sans parler d'Hellénisme et Christianisme, paru à Bordeaux, en 1943 qui en est le complément anti-judéo-chrétien.
De fait, l’Ere du Verseau, version 1937, est jugée par trop complaisante, par les temps qui courent, envers le judaïsme et il va d’agir, dans les éditions suivantes, d’élaguer certains développements qui ne sont plus de mise et il n’y aura pas de retour, après guerre; aux positions antérieures, même si l’on ne réédite plus après la mort de Le Cour, en 1954, Hellénisme et Christianisme.. Pour la petite histoire, le siège d’Atlantis passera sous l’Occupation de Vincennes à Paris, dans le Quartier Latin pour revenir à la Libération à Vincennes. La raison semble en avoir été que les dits locaux parisiens auraient été la demeure de Juifs qui les auraient réintégrés, contraignant ainsi Atlantis à l’exode. Atlantis ne cesse donc nullement ses activités et en 1943, on nous précise que si "la revue est actuellement suspendue (elle est) remplacée par un bulletin d’informations, mais on peut se procurer les anciens numéros non encore épuisés. Des conférences ont lieu régulièrement au siège d’Atlantis" (Hellénisme et Christianisme, op. cit. pp. 126-127). Les raisons de cette suspension ne sont vraisemblablement pas à chercher dans la ligne de la revue mais tiennent probablement à des considérations plus matérielles..
Un chapitre incriminé sera donc supprimé: "Juifs et chrétiens d’accord" qui va disparaître mais la BNF a conservé la version 1937 ou du moins l’une d’entre elles.
Le Cour commençait alors imprudemment ce chapitre par la formule suivante: "Un des grands événements de l’Ere du Verseau doit être logiquement la réconciliation des juifs et des chrétiens. Les premiers chrétiens et Jésus lui-même étaient juifs.(...) il y a identité entre la révélation judaïque et celle du Christ." D’ailleurs, Le Cour annonce la conversion des juifs au christianisme à l’heure du Verseau:
"Dans le temple de Salomon restauré on verra donc entrer par la même porte les fils de la synagogue et ceux des diverses églises chrétiennes".
Et (le premier) Le Cour de méditer sur une telle perspective:
" Que peut-il résulter d’un accord entre juifs et chrétiens? Sans doute, une grande force spirituelle qui se dressera en face du matérialisme (...) Nous voyons déjà d’esquisser un rapprochement entre l’Eglise et la Maçonnerie qui, l’une et l’autre, condamnent les deux extrémismes anti-religieux, fascisme et communisme".
Or, six ans plus tard - en 1943 et l’on conçoit que Le Cour n’ait pas aussitôt réédité son Ere du Verseau, reparue en 1942, vu qu’entre temps, il a opéré un certain revirement - les premières pages de son petit livre Hellénisme et Christianisme, parues chez l’imprimeur bordelais Bière, qui avait déjà imprimé l’édition de 1937 de l’Ere du Verseau (L'avènement de Ganiméde(sic) - il s’agit d’une coquille car Le Cour avait annoncé dès 1929 (p. 123) la parution de "L’avènement de Ganyméde dans les Cahiers d’Atlantis" - sont les suivantes:
"S’il est une opinion profondément accréditée chez les Chrétiens, c’est celle de l’origine uniquement judaïque de leur religion.(..) Il est devenu d’usage courant d’appeler judéo-christianisme la religion née il y a 2000 ans sur les bords du Jourdain.. En réalité, précise Le Cour - et c’est ce que je voudrais tenter de démontrer ici - le christianisme a sa source non dans le judaïsme mais dans l'hellénisme"
Le livre obtient l’autorisation des autorités, ce qui signifie un certain regain d’activité pour Atlantis, ce qui se conçoit en raison des thèses collaborationnistes, anglophobes, et racistes qui y sont développées.
Antisémitisme et astrologie faisaient d’ailleurs, depuis longtemps, bon ménage (cf. J. Halbronn, "Antisémitisme et occultisme en France aux XIXe et XXe siècles", Revue des Etudes Juives, Paris, 1991) en tant que systèmes explicatifs interdits mais d’autant plus fascinants, en tant que contre-culture déstabilisants- pour des esprits marginaux et asociaux et le mouvement sioniste - remède pire que le mal - mentionné par Le Cour, dans son Ere, n’aura fait qu’apporter de l’eau au moulin de l’antisémitisme, en transformant un malaise (névrose) - les juifs parmi nous - en un délire (psychose)- les juifs ailleurs et pourquoi pas dans l’au-delà?. C’est qu’en effet, les astres et les juifs peuvent être instrumentalisés et diabolisés pour rendre compte de certains déboires, personnels ou/et collectifs, avec des effets déculpabilisants. (cf. Cahiers du CERJ, L’instrumentalisation des Juifs, voir site CERIJ. Org)
Le Cour parle d’une "curieuse unité des traditions mythologiques, judaïques et chrétiennes ainsi que les données de l’astrologie religieuse" alors que dans une version plus tardive, il remplace mythologique par hellénique, terme qui désormais sera au cœur de son propos, notamment avec l’ouvrage Hellénisme et Christianisme (1943). Autant, la mythologie n’était-elle pas un concept suffisamment puissant pour asseoir le christianisme, autant ce sera, aux yeux de Le Cour, le cas en ce qui concerne l'hellénisme.
On ne saurait pour autant qualifier une telle position d’antisémite: en effet, si le christianisme ne dérive pas du judaïsme, il lui a pour le moins beaucoup emprunté et se serait en quelque sorte judaïsé, ce qui est source de confusions qu’il convenait en effet de dénoncer.
Le syncrétisme Le Courien
Paul Le Cour semble n’avoir que des connaissances de seconde main en ce qui concerne la précession des équinoxes à tel point qu’il ne semble même pas se rendre compte de ce qu’il se réfère au zodiaque tropique quand il évoque les événements marquants, selon lui, qui se déroulent chaque année quand le soleil séjourne dans le signe du verseau, en tropique.
C’est ainsi, dans l’Ere du Verseau, que pour "prouver" que l’ère précessionnelle du Verseau approche, Le Cour s’arrête sur ce qui se passe en février (et notamment en février 34). Evelyne Latour ("L’Ere du verseau", Politica Hermetica, n°12, p. 205) fera le même amalgame lorsqu’elle attribuera à tel auteur un intérêt pour l’Ere du Verseau uniquement parce qu’il traite du signe du Verseau: "L’ère du Verseau passionnait aussi les savants (comme) Pierre-Maxime Schuhl qui en traitait dans un article (que nous n’avons pas retrouvé.) consacré à la Ive Eglogue de Virgile". De même, tout ce qui se trouve dans l’ouvrage intitulé L’Ere du Verseau ne concerne pas ipso facto le processus même de l’ère du Verseau, au sens précessionnel du terme, mais peut n’être mentionné en tant que recoupement.
En ce qui concerne la durée des ères, s’il reconnaît que l’ère du Verseau ne commencera que 2160 après J. C., Le Cour n’hésite pas pour autant à dater le début de l’ère du bélier vers -2000. Ce nombre 2000 le fascine.
Certes, au niveau symbolique, on peut tout comparer mais il est regrettable que Le Cour ne s’en soit pas davantage expliqué. D’ailleurs, c’est dans la façon que Le Cour recherche des "signes" avant coureurs venant confirmer l'avènement de Ganymède, que son ouvrage est original mais fortement marqué par la vie politique de son temps. Quel décalage, en effet, entre d’une part les considérations sur des transformations s’étalant sur des siècles et des observations presque au jour le jour: exercice éminemment périlleux et qui fait songer à la façon dont un Piobb, dans les années 1920, commentait la vie parlementaire en se servant des Centuries. Ces textes là vieillissent souvent mal


La prise de conscience de 1936
Qu’est-ce qui pousse Le Cour à publier enfin ses travaux en 1937? Il s’en explique dans son Introduction, et l’idée subsiste d’une mouture à l’autre: il comprend enfin que la nouvelle Ere correspond au Second Avènement du Christ-Ganyméde- à rapprocher du titre du livre L'Avènement de Ganiméde (sic), personnage mythologique - ce qui était apaisant en ce que ses calculs ne débouchaient pas ainsi sur l’annonce d’une nouvelle religion. En tant que chrétien, Le Cour se trouvait ainsi apaisé. De fait, l’idée d’un retour de Jésus était un leitmotiv dans certains milieux catholiques, ce qui apparemment n’était pas le cas à Paray Le Monial car dans ce cas pourquoi Le Cour aurait-il du attendre jusqu’en 1936?
A Paray le Monial, l’idée d’un second avènement est bien connue mais Le Cour n’avait probablement pas fait le lien entre cette attente adventiste et ère zodiacale, notion qui n’était pas usitée, stricto sensu, dans cette communauté de Bourgogne, quoi qu’ait pu laissé entendre Evelyne Latour.(pour une étude des périodiques de Paray le Monial, cf. également C. Lazarides, dans Vivons-nous les commencements de l’Ere des Poissons?, 1989)
. Certes, comme le note E. Latour, il y est fort question de la précession des équinoxes dans un article de la revue Politicon (Huitième Protocole, 1902, BNF, 4° R 1842) de Francis-André (Mme Bessonnet-Favre), mais d’une façon fort différente de celle de Paul Le Cour. En effet, l’auteur de "Géodésie Politique. Les sept Eglises d’Asie ou révélations de la Mercaba des Chrétiens". La sixième période précessionnelle (25920/7 et non /12) est celle de l’"Ere chrétienne en laquelle nous sommes". Reste une septième période "où se manifeste l’Esprit qui n’est pas encore venu et qui découvre l’occulte et dévoilera le caché" . Il est vrai qu’un peu plus loin, il est question de "la période de rétrocession d’un signe du zodiaque en vertu de la précession des équinoxes" à propos de la rencontre de Saturne et de l’étoile gamma de la Vierge, le Ier mars 228 avant notre ère: "il y a par conséquent 2130 ans. Si le même phénomène se produisait dans une trentaine d’années (donc vers 1932), le passage de l’astre dont le nom est synonyme de temps (Kronos) marquerait juste les 2160 ans". L’auteur semble ne pas avoir parfaitement assimilé la notion de point vernal et ignorer que Saturne repasse tous les trente ans au même endroit du ciel (cf. notre étude sur ce site consacrée à Brunton, "Newton et l’école française etc "). En bref, nous croyons ne pas devoir souscrire au jugement d’E. Latour selon laquelle Francis-André "est le véritable créateur de l’Ere du Verseau. Le Cour n’a trouvé que le titre (...) Elle devance de plus de 20 ans les Anglo-saxons dans ce domaine" ( "L’Ere du Verseau", Politica Hermetica, op. Cit.; p. 213)., alors qu’elle n’emploie jamais le mot verseau, à la différence d’un Dupuis ou d’un Brunton. Francis-André ferait plutôt partie des "précurseurs de l’Ere du Verseau", pour reprendre le titre d’un ouvrage de la québécoise Marie-France James, elle greffe en effet sur la chronologie précessionnelle des spéculations religieuses mais elle ne fait même pas référence à Dupuis et à sa théorie de la succession astrale des cultes qui reste la matrice du courant dans lequel s’inscrit Le Cour. Signalons que les thèses de Dupuis connurent une diffusion en diverses langues et notamment en anglais, comme en témoigne, dès 1799, l’ouvrage de Joseph Priestley ("Remarks on Mr Dupuis’s Origin of all religions" à la suite de "A comparison of the Institutions of Moses with those of the Hindus etc, Northumberland, BNF A 14154) et l’on peut raisonnablement penser que c’est à partir des thèses de Dupuis que les anglo-saxons se familiarisèrent avec le système que Le Cour, après un long détour, adoptera..
En tout état de cause, la piste française n’est probablement pas la plus pertinente en ce qui concerne la dimension prophétique de la théorie précessionnelle du Verseau; Il reste que Le Cour a probablement pu récupérer certaines idées émises par les gens de Paray le Monial autour du précessionalisme.. Si nous avons souligné l’existence de publications précessionnelles dans la France des années 1870, il semble bien que Le Cour puise dans une littérature anglo-saxonne (cf l’article de David Williams," le Verseau du XIXe siècle", dans ANEV), ce qui pourrait sembler paradoxal dans la mesure même où notre auteur développera des thèses hostiles au monde anglo-saxon. Or, il semble bien que les ouvrages - probablement dans la mouvance protestante, antipapale - dont il ait pris connaissance aient vu les choses sensiblement autrement qu’il ne le fera.


L’édition de 1942 de l’EVAG
La Bibliothèque Nationale n’a pas l’édition parisienne de 1942 et la bibliothèque d’Atlantis est actuellement indisponible. Heureusement, nous avions eu l’occasion, antérieurement, d’en reproduire quelques pages.(Cote SA 23) et notamment un paragraphe qui ne figurait pas en 1937 et qui ne sera pas conservé par la suite.(pp. 30-31); il est intitulé: "La doctrine de la "Rénovation" du chanoine Chabauty"; auteur bien connu de textes antisémites, de la seconde moitié du XIXe siècle. Le Cour cite dans ce même développement un autre chanoine, le "sioniste" chrétien, August Rohling, haute figure de l’antisémitisme allemand, dont Drumont avait rédigé une préface à son Juif du Talmud, et dont Le Cour cite un ouvrage paru en 1901 - Auf nach Zion oder die grosse Hoffnung Israels und aller Menschen (Bib. Alliance Israélite Universelle, (AIU) J 3867a) et publié l’année suivante en français sous le titre d’En route pour Sion ou la grande espérance d'Israël et de toute l’humanité, Paris, P. Lethielleux (AIU, J 4054 ) et qui, note Le Cour, fut "retiré du commerce à la demande de la Congrégation de l’Index, en 1909".. Que lit-on dans En route pour Sion? On y regrette la position antisioniste de l’abbé Lehmann, juif converti au catholicisme. Rohling analyse ainsi la situation et ce d’une façon que semble approuver Le Cour, quarante ans plus tard: "Beaucoup de juifs ne veulent certainement rien savoir de ce Retour, pour le moment, parce qu’ils se sont amassé de la fortune à l’étranger(sic) et qu’ils préfèrent leurs aises aux fatigues qu’il leur faudrait d’abord affronter pour cultiver leur patrie devenue stérile" (p. IX). Rohling semble d’ailleurs reprendre une argumentation propre à l’Etat Juif (der Judenstaat) de Herzl, parue en allemand, cinq ans plus tôt: "Mais même ces Juifs aisés aimeront tout de même à y aller à leur tour, après que les éléments les plus pauvres et les plus énergiques auront de nouveau rendu habitable le sol de leurs Pères. Et ceux qui ne voudront pas y aller de leur plein gré y seront forcés plus tôt qu’ils ne pensent par la force sans cesse croissante des événements". C ‘est ce prophétisme rohlingien que Le Cour prend à son compte.
Signalons parmi d’autres auteurs mentionnés dans les bulletins d’Atlantis sous l’occupation, celui de René Irle, La Guerre de l’Apocalypse. Bientôt...? Notre sublime délivrance, ouvrage qui paraîtra, à deux reprises, à Bordeaux, ville où était alors publié Hellénisme et Christianisme. Irle est notamment concerné par le bolchevisme juif combattu par le nazisme: "Antéchrist sera un produit (sic) JUIF, il s’agira donc d’un grand Chef juif (ou pro-juif) provenant des milieux bolchevistes" ( Ed. 1944, p. 85)
Enfin, que penser de cette déclaration de Le Cour en 1945 (Dieu et les Dieux, op. Cit. p.111) : "Il y a lieu d’ajouter maintenant l’action du précurseur Jean ou Ioan, lequel s’efforce, comme il y a 2000 ans, de préparer les voies à Celui qui doit revenir". Le Cour ne pensait-il pas être un nouveau Jean-Baptiste? Il nous semble que l’œuvre de Le Cour sera revue dans un sens apologétique, de façon à ce qu’elle ne soit pas trop datée et marquée par un certain contexte qui servira plus tard de repoussoir, ce qui n’est guère recommandé dans le cadre d’une telle opération vouée à rassembler toutes les bonnes volontés. Aucune œuvre prophétique n’échappe d’ailleurs à un pareil traitement. Au moins, en ce qui concerne l’Ere du Verseau n’a-t-on pas, à notre connaissance, produit d’ éditions contrefaites et antidatées, comme cela a pu se produire, en ce qui concerne les Centuries (cela dit, le dépôt légal de la BNF est loin de posséder l’ensemble des éditions successives) Mais il est d’autres façons de procéder...


Les retouches de Jacques d’Arés
L’historien des textes est privilégié lorsqu’il parvient à se faire une idée de ce que l’auteur étudié - ou ses successeurs et disciples, tentent de dissimuler. L'exégèse a le plus souvent comme première motivation de brouiller les pistes ou en tout cas de faire dire au texte ce qu’il ne disait pas initialement voire de lui faire dire le contraire de son propos initial.
Le cas Le Cour est un cas d’école, tant il est évident que certaines de ses déclarations ont gêné, parce qu’elles ne correspondaient plus vraiment à ce qui était bien pensant, intellectuellement correct. L’astrologue reste l’homme de son temps, avec ses mirages et ses fausses évidences.. Jacques d’Arès (en fait, Jacques Anjourand (cf Arès, un siècle de vie culturelle, Arès, 1999, pp. 20 et seq) dont le nom de plume est issu du village d’Arès (Gironde), situé sur le bassin d’Arcachon, donnant sur l’Océan Atlantique où Paul le Cour avait créé, avant guerre, un centre de villégiature (camping), dont la mère de Jacques d’Arès, Suzanne Anjourand-Langlois était un pilier jusqu’à sa mort dans les années Soixante-dix (la "Pignada Atlantis", au 60, rue du 14 juillet, que nous avons visitée en août 2002 et qui existe toujours; occupée par des personnes qui furent proches de Le Cour, contrairement aux allégations d’E. Latour, même si elle n’a plus les activités d’antan), à partir de 1962, huit ans après la mort de Le Cour -"l’homme de l’Atlantide" - a eu l’occasion de corriger le tir, il l’a fait à sa manière. Cette présence de Le Cour, sur le bassin d’Arcachon, lieu ponctué par un jeu complexe de marées, dont la circulation en bateau dépend étroitement, pourrait avoir joué un rôle dans sa réflexion cyclique Notons que l’organisation Atlantis repose géographiquement sur trois pôles: la région parisienne (Paris, Vincennes, avec la bibliothèque, les bureaux de la revue), la région d’Arcachon (Arès avec la Pignada Atlantis) et la région de Blois-Amboise (berceau des deux principaux animateurs qui se sont succédé, Jacques d’Arès n’ayant qu’une trentaine d'années à la mort de PLC, la "succession" de ce dernier, pourtant de son vivant, au profit du "jeune" Jean-Marc Savary, en 1993, s’étant, elle, assez mal déroulée)..
Nous étudierons ainsi la façon dont J. d’Arès s’y prit, étant évident qu’il chercha, avec plus ou moins de réussite, à masquer les passages de Le Cour qui auraient pu choquer certains lecteurs, en donnant le change.
Dans certains cas, d’Arès parvint à ses fins, en supprimant telle ou telle formule, dans d’autres, par négligence ou désinvolture, il laissa certaines lignes compromettantes mais il pouvait tabler sur le manque de culture de ses lecteurs.
Certes d’Arès, d’entrée de jeu, reconnaît-il, sans les énumérer, ses ajustements mais est-ce que cela lui donne le droit, par exemple, de retoucher les préfaces de Le Cour? Par ailleurs, il ne restitue pas le premier Le Cour, plutôt philosémite, ne rétablit pas certains passages favorables aux Juifs. A quoi parvient-il? A un texte plutôt inconsistant, fait de diverses strates.
Quand Jacques d’Arès récapitule les ouvrages de Le Cour, à l’occasion de son centenaire, il prend quelque liberté: il indique pour 1937 : L’Ere du Verseau, le secret du zodiaque et le proche avenir de l’humanité (2e Ed 1941) etc (p; 332) alors que le titre d’origine est L’Ere du Verseau (l'avènement de Ganiméde (sic)" . Il est vrai que seule l’édition de 1937 porta une référence à Ganymède, celle de 1942 s’appelle simplement L’Ere du Verseau et elle ne date pas de 1941 mais de 1942. Idem pour la troisième édition, en 1949 et pour celle de 1962. C’est en fait le titre de 1971 (5e édition) lors du centenaire, que Jacques d’Arès impose cette année là dans sa bibliographie. Dans son Que sais-je ("Le New Age, PUF, 1992, p. 39) Jean Vernette cite ce sous-titre de 1971 comme figurant dès 1937! Par ailleurs, Vernette attribue à Le Cour tout le travail de repérage entrepris avant ce dernier, incapable d’en signaler les précurseurs.
En 1971, en effet, Atlantis ne pouvait pas ne pas célébrer le centenaire de son fondateur. Outre une nouvelle édition, à l’Omnium Littéraire, de l’Ere du Verseau, reprenant celle de 1962, la revue, dans son n° 263, allait s’y consacrer: "A la rencontre d’un maître Paul Le Cour".
Un ensemble assez "lissé" mais avec tout de même deux fausses notes.
D’une part, le rappel des incidents de 1946, avec le départ de Le Cour, au bout de 4 ans, du 40, rue des Ecoles, à proximité de cette Sorbonne où il avait mis, vingt ans plus tôt, son association sur les fonts baptismaux, "expulsé (...) à la suite d’un procès invraisemblable" (J. d’Arès, p. 333). Cette expulsion, nous en trouvons le détail dans plusieurs numéros de la revue, pour l’année 1946: il s’agissait de restituer l’appartement dans le cadre de l’ordonnance de novembre 1944, "en faveur de la réintégration d’israélites" (n°125). En tout état de cause, Le Cour, au lendemain de la guerre, continuait à considérer, dans sa revue Atlantis, que les principales puissances étaient "l’Amérique, la Russie et Israël", il mourra d’ailleurs en ayant assisté aux prémisses du rapprochement franco-allemand des années Cinquante.(cf., en 1955, son témoignage posthume, Ma vie mystique)
D’autre part, dans un article du même numéro du centenaire, l’abbé Jean Fonda écrit
‘Un jour de 1954 (alors qu’il savait que son départ était proche (.) il ne regrettait rien car il prévoyait le déchaînement des forces sataniques qui veulent empêcher le retour du démiurge solaire. Pour la première fois, j’entendis parler des "PROTOCOLES"; je les ai lus depuis et j’ai compris ce qu’il voulait dire quand il parlait du détraquement de l’esprit humain" ("Ma rencontre avec Paul Le Cour", p. 384) On aura compris que Le Cour s’était référé aux Protocoles des Sages de Sion, la bible de l’antisémitisme du XXe siècle (voir notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ramkat, 2002) mais comment encore en 1971 a-t-on pu laisser paraître un tel témoignage qui en dit long?
On peut parler d’un antisémitisme le Courien, avec ses spécificités, son programme dont les thèmes principaux sont: que les juifs se rassemblent en Israël, que l’on cesse de relier le christianisme au judaïsme, Jésus n’étant de toute façon pas juif, pas plus d’ailleurs, affirme-t-il, que Nostradamus (cf Atlantis, n°125, septembre 1946) dont le nom même, n’est-ce pas, est révélateur de sa christianité et qui, à la Centurie VIII s’en prend à la synagogue (cf notre ouvrage Documents inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ramkat, 2002).. Evelyne Latour qui reconnaît "une certaine violence dans l’Ere du Verseau, qui emprunte au Hièron certain...antisémitisme, dirait-on, mais plutôt faut-il comprendre "antijudaisme", "antipharisianisme" (...) Dans l’Ere du Verseau, Le Cour oscille sans cesse entre Jésus écrasé sur sa croix, symbole d’une ère périmée et le Dieu vindicatif et cruel des Hébreux" ( "L’ère du verseau", op. Cit., p.222). Nous ne partageons pas cet avis: Le Christ Roi de Le Cour n’est pas censé revenir au Dieu des Hébreux, appartenant à une ère de longue date révolue, celle du Bélier. Le Cour verra en 1943/1945 dans l’astrologie des astrologues un savoir hébraïque: "l’astrologie dite judiciaire, qui a tant de fervents est rattachée aux doctrines des kabbalistes hébreux, comme le prouve (sic) l’importance accordée au Bélier, signe zodiacal de la religion de Moïse et le rôle secondaire donné au soleil mis au même rang que les six autres planètes" ( Dieu et les dieux., Bordeaux, 1945, p. 153). PLC et plus loin, il précise: "Quant à l’hébraïsme, son ésotérisme se trouve renfermé dans la Kabbale qui est un mélange d’astrologie, de magie et de spéculations métaphysiques qui touchent à l’occultisme, si souvent maléfique "( op. Cit., p. 288) Par ailleurs, l’antisémitisme de Le Cour n’en est pas moins marqué par une opposition entre aryens et sémites, qui ne relève plus de l’antijudaïsme religieux. C’est ainsi que Le Cour traite d’Albert Einstein dont les travaux débouchèrent sur la bombe atomique: "Celui -ci qui appartient à la race juive, ce qu’il revendique avec fierté, se montre ainsi un des agents involontaires les plus actifs de cette puissance du mal"(L’évangile ésotérique de Saint Jean, Paris, Dervy, p. 222 ). On notera que les éditions Dervy ont accueilli de Le Cour dans les années Cinquante des textes comme Hellénisme et Christianisme que la présence allemande n’est plus là pour excuser mais aussi une édition de l’Ere du Verseau comme le révèle un extrait du catalogue, figurant en quatrième de couverture des Manifestations posthumes. Mes rapports avec les invisibles etc, 1908-1918, de P. Le Cour, ouvrage paru chez Dervy en 1950. Nous n’avons pas eu à notre disposition cet exemplaire; en revanche, nous possédons la copie de la troisième édition de 1949, parue aux Editions A.L.S.A., dans le Ixe arrondissement, sous le nom de L’Ere du Verseau. Il semble donc que peu après l’ouvrage soit paru chez Dervy puisqu’un ouvrage daté de 1950, on l’a vu, s’y réfère en en résumant ainsi le contenu: "L’ERE DU VERSEAU. Le secret du Zodiaque et le proche avenir de l’humanité. Comment tous les deux mille ans (sic) les religions et les civilisations changent. La seconde venue du Christ. Les signes avant coureurs de la transformation qui se prépare. La prophétie de Saint Malachie. Ceux qui seront épargnés, etc". Cette notice montre bien que la durée des ères tend à passer, pour des raisons qui sont très vraisemblablement liées à l’approche de l’an 2000, de 2160 ans à 2000 ans.
A la mort de Le Cour alias Pelekus (terme qui signifie en latin francisque, symbole de Vichy), en 1954, l’Ere du Verseau, revue par Jacques d’Arés, paraîtra à l’Omnium Littéraire, (1962, 1971) puis c’est à nouveau chez Dervy que sortiront les dernières éditions (1977, année du Congrès sur l’Ere du Verseau, 1995), et que sera édité Atlantis mais aussi l’ouvrage de Jean Phaure, Le cycle de l’humanité adamique, préfacé par Jacques d’Arès (1973, 1975, 1983) qui déclare que l’ouvrage de Le Cour peut lui servir d’introduction.
Cette fois, l’ouvrage comportera un sous titre qui n’est autre que le début du descriptif du catalogue Dervy de 1950: L’Ere du Verseau. Le secret du zodiaque et le proche avenir de l’Humanité. En ce qui concerne les liens qui unirent, tout au long du dernier demi-siècle Dervy et Atlantis, avec une interruption d’un quart de siècle environ, il convient de préciser que la mère de Jacques d’Arés avait participé à la fondation de cette maison d’édition, après la guerre.
Le temps du nouvel Aquarius
En 1979, nous avons publié Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, aux Editions de l’Albatros, dirigées par Bertrand Sorlot dont le père avait édité Mein Kampf, d’un certain Adolf Hitler, aux Editions Latines, avant guerre. Mais nous n’avions pas accordé plus d’importance que cela à une telle filiation tout comme ceux qui se servent de Pluton ne pensent pas que cet astre intéressa avant tout les astrologues allemands, dans l’attente d’un Ordre Nouveau, au cours des années Trente. (cf La vie astrologique, années trente-cinquante, Paris, 1995) L’astrologie n’a pas d’odeur!
La lecture de notre présentation d’alors, reproduite en annexe, "Le sphinx des astrologues", révèle une certaine méconnaissance des tenants et des aboutissants de ce à quoi avait servi, quelques décennies plus tôt, la théorie des ères précessionnelles mais trahit aussi un certain embarras à une époque où nous étions encore victime du préjugé antisidéraliste. Cependant, on trouve dans notre introduction une mise en garde, plus propre au sociologue qu’à l’historien:
"Il est probable que dans le cas de l’Ere du Verseau, chacun est enclin à projeter ses intuitions personnelles: se sent-on en divorce par rapport au monde moderne et celui-ci est dès lors chargé de connotations apocalyptiques, catastrophalistes. Au contraire, entretient-on une image d’une génération en pleine possession de ses moyens (l’aventure spatiale par exemple et non plus Hiroshima), cela montrera, sans doute, que des temps bénis et attendus sont enfin arrivés (...) Il n’est pas toujours facile de distinguer entre une période de crise, provoquée par un changement, un enfantement d’un nouvel âge et qui n’augure pas de l’époque qui s’annonce et entre une phase particulièrement sombre et dans laquelle on s’installerait pour des siècles" (p. 17)
En tant que juif, nous n’avions nullement conscience, alors, du lien qui avait pu exister chez Le Cour, la figure emblématique de l’aquarisme en France avec des processus qui allaient déboucher sur la Shoah, selon un engrenage que l’on ne pouvait guère prévoir - Le Cour le premier - et quelle que soit la valeur, par ailleurs, de leur philosophie politique. Disons que, pour le moins, la naissance du précessionnalisme aquarien, en France, épousait l’antisémitisme des années Trente qui se projetait ainsi dans sa formulation. Il va de soi qu’il n’y a pas de raison pour que cette théorie des ères ne se concilie pas, tout au contraire, sous le signe d’Aquarius, avec une nouvelle mission des Juifs, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Saint Yves d’Alveydre. Cela dit, Le Cour incarne, pour le pire et le meilleur, une eschatologie chrétienne qui passe par l'avènement de l’Antéchrist et le retour du Christ, un tel bagage faisant souvent défaut aux astrologues d’aujourd’hui, ce qui les conduit à se projeter sur l’avenir plutôt qu’à assumer les promesses et les menaces d’antan.
Est-ce que l’ANEV continue à véhiculer un certain antijudaïsme voire un certain antisémitisme? Il semble bien que rien de tout cela n’est plus désormais avouable car la France des années Soixante-Dix s’interdit certains propos. En outre, le passé quelque peu sulfureux de l’ouvrage de Le Cour n’est pas signalé par les diverses contributions à ce collectif. On préféra y parler du passé lointain que du passé proche. .
On notera en tout cas que ceux qui traitèrent, dans l’ANEV, de l’ère du Verseau évitèrent scrupuleusement de recourir à la question juive pour mettre en perspective leurs prévisions, ce dont Le Cour, on l’a vu, ne s’était pas privé. Il semble que le temps des polémiques antichrétiennes et antijuives ait été révolu et que les astrologues de la fin des années Soixante-dix aient cherché à jouer plutôt la carte technologique qu’idéologique. A chaque génération ses mythes.
La référence, dans les années Soixante-dix, à Le Cour n’implique pas qu’on l’ait lu et encore moins compris: parmi ceux qui prôneront alors l’ère du verseau combien se situent dans une perspective chrétienne, combien envisagent le retour du Christ? Pour notre part, nous ne nous serions certainement pas "mouillé" en nous associant à ce thème qui d’ailleurs à l’époque ne nous était pas familier. Or, force est de constater que la véritable contribution de Le Cour à la question des ères précessionnelles réside dans un tel rapprochement qui rend cette théorie astrologique acceptable par les Chrétiens et qui, en outre, annonce que les Juifs, enfin, quitteront les terres chrétiennes, alliant ainsi sionisme et second avènement de Jésus Christ (Christ, en grec oint, messie). Tout s’emboîte désormais à merveille: les Juifs se hâtent vers Sion comme il est dit dans les Ecritures et Jésus va revenir. Il semble qu’il aura fallu une telle exaltation des esprits catholiques et antisémites, à la fin des années Trente, suscitée par la défaite de la France, pour que l’idée du Verseau prenne tout son élan. Par la suite, une version édulcorée, où chacun projettera ce que bon lui semble s’imposera. En pratique, schéma tripartite: avant l’ère chrétienne, pendant l’ère chrétienne, après l’ère chrétienne,. de là naîtra le New Age. Dire comme le soutiendra par la suite Jacques d’Arès que personne en 1937 n’avait entendu parler de l’Ere du Verseau constitue un contresens car c’est la lecture chrétienne ou néo-chrétienne que fait Le Cour de la précession qui constitue un événement, l’astrologie se mettant ainsi au service de l’eschatologie chrétienne. Il est un fait que l’approche le courienne a pu familiariser et intéresser au précessionalisme un milieu social plus large, en une sorte de positivisme religieux, où science et religion semblaient pouvoir enfin se conjuguer.. Signalons en 1939, la traduction française par Colombelle de The Gospel of Aquarius, de Dowling alias Lévi (1844-1911), sous le titre de l’Evangile du Verseau, expression que l’on retrouvera dans les éditions arésiennes de l’Ere du Verseau. Cet ouvrage selon l’historique de C. Lazarides ( Vivons-nous les commencements de l’Ere des Poissons?, 1989, op. Cit., p. 64), daterait de 1908-1909. On en a conservé une édition, à la BNF (8° D2 455), datant de 1920 et dont le titre complet est The Aquarian Gospel of Jesus the Christ. The philosophic and pratical basis of the religion of the Aquarian Age of the World and of the Church Universal. Les Anglo-saxons ont forgé l’adjectif aquarian et même piscean, alors qu’en France, signe d’un moindre impact, le zodiaque n’est guère adjectivé. Lazarides signale notamment de H. Künkel, Das grosse Jahr, 1922. On notera que, sur le plan prophétique, les années Vingt sont plus déterminantes que les années Trente: elles font suite au carnage de la Grande Guerre, à la Révolution d’Octobre et au mandat britannique sur la Palestine dont la vocation est de rassembler les juifs du monde entier. C’est également, dans cette décennie, que les Protocoles des Sages de Sion vont paraître en français et en anglais.


Le Cour au prisme de l’ANEV
Deux collaborateurs proches d’Atlantis ont contribué à l’ANEV, en 1979, vingt cinq ans après la mort de Le Cour: Jacques d’Arès, né en 1925, et depuis 1953, secrétaire général de l’association (loi de 1901) Atlantis et Jean Phaure.. Comment ont-ils abordé l’œuvre de PLC, en ont-ils, pour la bonne cause, occulté certains aspects au lieu de les assumer ? Nous reproduisons leurs contributions en annexe.
Jacques d’Arès ("L’ère du Verseau. L’héritage de Paul Le Cour").
Ce qui frappe, dans ce texte, c’est que l’on a l’impression que Le Cour a tout inventé, qu’il n’y avait rien avant lui, l’auteur ne cite aucun antécédent au précessionalisme le courien.
Désormais, on passe sur la dimension idéologique du message de Le Cour pour lui attribuer - ce qui n’est nullement son dû - un mérite au niveau de la modélisation : "Il mit en lumière le rapport existant entre la représentation des signes zodiacaux et le symbolisme religieux des périodes correspondantes" (p. 28) "Quel rapport avec l’astrologie? Il appartiendra à Paul Le Cour (...)de découvrir, de manière magistrale, le lien extraordinaire qui demeurait invisible". On a l’impression que Jacques d’Arès n’a jamais lu l’Origine de tous les cultes de Dupuis, pourtant maintes fois réédité mais ouvrage auquel Atlantis - du temps de Le Cour et après - n’accorda guère d’attention.
Insistant à juste titre sur le rôle de la revue et de son impact bien avant 1937, date à laquelle parait l’ouvrage auquel d’Arès attribue un titre qui n’était pas le sien mais celui que lui-même élabora bien plus tard, après la mort de l’auteur: L’Ere du Verseau. Le secret du zodiaque et le proche avenir de l’humanité.


Jean Phaure, "Panorama de la fin des temps"
Né en 1928, son nom est mis en avant dans son article de l’ANEV par Jacques d’Arès qui rappelle que ses ouvrages ont d’abord été des articles dans Atlantis. D’entrée de jeu, Phaure se réfère à René Guénon( cf R. Guénon, "Atlantis et Hyperborée", Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Paris, Gallimard, 1970) qui fut fort maltraité par Le Cour, en raison de son penchant pour l’Orient. En revanche, on trouve dans le propos de Phaure des intonations le couriennes lorsqu’il parle de la présence du mal dans le monde. Phaure est plus proche de la vérité que Jacques d’Arès quand il situe l’apport de Le Cour sur le plan christique: "C’est ce dont Paul Le Cour a tant parlé dans l’Ere du Verseau, c’est le Grand Avènement du Verbe sur la Terre, non plus Jésus crucifié mais le Christ triomphant, le Christ en gloire, tel que depuis mille ans nous le voyons sculpté sur le tympan de nos églises romanes".. Certes, l’ère du Verseau selon Le Cour s’inscrit dans une tradition catholique alors que l’Aquarius Age anglo-saxon et non sans rapport avec les spéculations des Témoins de Jéhovah, serait plutôt protestant.
Avant et après l’ANEV
Quelle aura été, en définitive, la contribution de ce collectif de 34 textes ( à paraître sur ce site en 2003) à la question précessionnelle en général et aquarienne en particulier, le paradoxe étant que la plupart des contributeurs étaient des tropicalistes, ce qui les conduisit à privilégier le caractère virtuel du symbole Verseau sur le substrat astronomique? Autrement dit, ne sommes-nous pas là en plein syncrétisme, les mêmes signifiants ne renvoyant pas aux mêmes signifiés, ce qui fait le jeu des partisans d’une astrologie non physiciste? On notera que l’argument anti-astrologique de la précession des équinoxes se voit ainsi intégré - exorcisé? - par la pensée astrologique contemporaine. L’Ere du Verseau serait un enterrement de première classe du sidéralisme, dans la mesure où personne n’est disposé à basculer vers un stellarisme du moins dans sa pratique horoscopique, ce qui vient, en quelque sorte, renforcer le clivage entre une astrologie mondiale et une astrologie individuelle, l’une qui serait peu ou prou sidéraliste ou du moins non-zodiacale, l’autre, l’horoscopique, tropicaliste.
Robert Amadou - qui exigera de l’éditeur une édition séparée et corrigée de son texte- "La précession des équinoxes. Schéma d’un thème astrosophique" -et qui plus est ne faisant plus référence à l’ouvrage (ANEV) mais seulement au congrès du MAU de 1977 - est parfaitement à son aise pour faire le grand écart et concilier par l’absurde des postures doctrinales - tropicalisme et sidéralisme - apparemment incompatibles. Peut-on pour autant affirmer que la précession des équinoxes était connue bien avant Hipparque puisque les cultes auraient évolué avec celle-ci, notamment, au troisième millénaire avant l’ère chrétienne, lors du passage du Taureau vers le Bélier, dans des temps bien plus reculés(cf l’article de l’astronome Filipoff, dans la Revue Scientifique, 1931, accusé par Le Cour de s’être inspiré de lui sans le citer, d’avoir utilisé un de ses textes paru dans Atlantis d’avril 1930 sur "Virgile et l’énigme de la IVe Eglogue", à propos de la précession) qui, selon nous, aurait conduit à faire attribuer l’exaltation du soleil non plus au Taureau, mais au Bélier - d’où une permutation des fiefs des luminaires - tout en laissant son domicile au Lion au lieu de passer au Cancer, le dispositif des dignités/ maîtrises, et à sa suite celui des aspects, s’en trouvant ainsi tout chamboulé? Il se trouve que nous n’avions pas, à l’époque, fait le rapprochement entre ce que nous écrivions, dès 1976, dans Clefs pour l’Astrologie et le problème de la précession.
O combien, en effet, il apparaîtrait, la tradition astrologique antique aurait-elle été affectée par la prise en compte, ne serait-ce qu’empirique, de la précession des équinoxes? Mais affirmer que les hommes auraient construit leurs cultes sur l’évolution du point vernal ne va-t-il pas à l’encontre d’une astrologie qui s’imposerait inconsciemment, à son insu, à l’humanité; est-ce que cela ne vient pas apporter de l’eau au moulin de la thèse projectionniste, chère à Bachelard, sauf à admettre que ce changement de repère zodiacal se serait imposé à la psyché humaine?
On est frappé par cette oscillation constante, chez les "membres" de l’ANEV entre repère astronomique et historique: tantôt, les temps sont venus parce que c’est inscrit dans le ciel, tantôt, les événements politiques démontrent que l’on change d’ère précessionnelle. Et cela est d’autant plus patent que l’on a affaire à un référentiel astronomique assez flou, à savoir la frontière entre deux constellations, aux contours arbitraires. D’ailleurs, le passage d’un signe zodiacal à l’autre est des plus délicats en astrologie, y compris chez les tropicalistes: car si les étoiles et les planètes sont une réalité, voire même les saisons, qu’en est-il d’une division en douze, dès lors que l’on ne s’appuie pas explicitement sur le cycle soli-lunaire? Nous avons toujours été incommodés par ce couperet qui fait que telle planète, à une minute d’arc près, est considérée comme étant dans un signe ou dans le suivant. C’est là que l’on saisit la tension entre les exigences et les contraintes du langage et la fluidité, la porosité, du réel, entre le cloisonnement des signes et la souplesse des orbes entre planètes, sans oublier le phénomène de la rétrogaradation. En tout état de cause, une chose est de localiser le repère, une autre de déterminer à partir de quand l’approche du dit repère exerce des effets, par anticipation, d’où des notions comme la "rivière du Verseau", "l’aube du verseau".(cf notamment, les textes de Brahy, "Le monde du verseau", et de A. Delalande, "Le temps urnal", ANEV).
Réflexion faite, les astrologues sidéralistes n’ont que faire de la précession des équinoxes: ils en restent à calculer le découpage des douze signes à partir d’une étoile de la constellation du Bélier, à l’instar des astrologues de l’Inde. Or, il semble bien qu’initialement, en Inde, c’est une étoile de la constellation du Taureau qui jouait ce rôle. Dès lors, le fait est qu’en pratique, les astrologues occidentaux articulent désormais leur zodiaque sur une étoile située à la frontière entre la constellation des Poissons et celle du Verseau, étant entendu que l’étoile de repère change au fur et à mesure que le point vernal terrestre se déplace par rapport à la sphère céleste..


Les inventeurs de l’"Ere du Verseau"
Quel aura été, en fin de compte, l’apport de Paul Le Cour à l’"idée de l’Ere du Verseau" qui, selon E. Latour, "remonte au début du XXe siècle et se développe dans les années 1920, grâce à Alice Bailey, Van de Kerckhove dit S. U. Zanne, Francis Rolt-Wheeler, Paul Le Cour, entre autres" ("L’Ere du verseau", Politica Hermetica, op. Cit., p. 205)? D’emblée, il est évident que les calculs consacrés à la date de la période précessionnelle du Verseau datent de la fin du XVIIIe siècle. En ce qui concerne, en revanche, ce que l’on a projeté sur cette nouvelle ère, notamment dans une perspective chrétienne voire plus spécifiquement catholique, il semble que (cf. J. Halbronn, La vie astrologique, années trente cinquante, op. cit pp. 68-77. Sur Alice Bailey, cf. J. Vernette, Que sais-Je sur Le New Age, Paris, 1992, pp. 42 et seq. ), le basculement se fait lorsque l’on s’efforce de transformer une théorie qui valait surtout pour le passé et qui signalait surtout que les religions s’étaient laissé délibérément influencer par le référentiel céleste en une prophétie pour l’avenir, à caractère transcendantal et inconscient. C’est cette prophétisation de la précession des équinoxes en général et de la période du Verseau, en particulier, qui est en effet à situer au début du XXe siècle. En tout état de cause, ce sont d’abord, des deux côtés de l’Atlantique, les milieux protestants aux Etats Unis et catholiques en France, notamment, qui auront participé à une telle prophétisation, dans la première moitié du XXe siècle, avant que l’Ere du Verseau ne devienne, dans la seconde partie du XXe siècle, l'emblème de marginaux, étrangers, le plus souvent, aux institutions religieuses établies, en un mouvement répertorié sous le nom de Nouvel Age et dégagé des spéculations antéchristiques et antisémites qui avaient marqué l’émergence de la prophétie de l’Ere du Verseau.. On peut donc dégager, sur deux siècles, trois étapes: la première, chronologique, rétrospective, s’inscrivant dans les études d’Histoire des Religions, autour de Charles François Dupuis à Thomas Brunton (sur ce dernier cf notre étude "Newton et l’école précessionaliste française" sur ce site) la deuxième, théologique, liée aux attentes messianiques, recourant aux grands thèmes de l’eschatologie chrétienne, et dont Le Cour est, certes, une figure significative, la troisième, utopiste, appropriée, récupérée, d’une façon que l’on pourrait qualifier de syncrétique, en raison de la juxtaposition des référentiels tropicalistes et sidéralistes, par les milieux astrologiques, comme en témoigne l’ANEV, jouant sur des variations symboliques, mythologiques voire néo-paganistes. On notera que l’on tend de nos jours à associer le début de la nouvelle ère avec la fin du XVIIIe siècle - surtout chez ceux qui ont attribué Uranus, découvert en 1781, à ce signe. Or, c’est bien alors que l’on commence à aborder la dimension cultuelle et culturelle de la précession des équinoxes. Mais Dupuis, au travers de son système, adopte une posture franchement antichrétienne et en tout cas relativiste, dans la mesure où il tente de démontrer la permanence des représentations célestes et ce quel que soit le culte.
Ainsi cet extrait de l’Origine de tous les Cultes (1794), reparu en 1904, à Papeete (Polynésie française), Christolatrie équinoxiale. Explication de la fable faite sur le soleil adoré sous le nom de Christ" (BNF, D2 17609) qui comporte les lignes suivantes: "Après avoir, j’ose dire, démontré que l’incarnation du Christ est celle du soleil, que sa mort et sa résurrection ont également le soleil pour objet et qu’enfin les chrétiens ne sont dans le fait que des adorateurs du soleil comme les Péruviens (...) je viens à la grande question de savoir si Christ a existé oui ou non. Si dans cette question, on entend demander si le Christ, objet du culte des chrétiens est un être réel ou un être idéal, évidemment il est un être réel puisque nous avons fait voir qu’il est le soleil (..) Si l’on demande s’il a existé un homme, charlatan ou philosophe, qui se soit dit être Christ (...) peu importe à notre travail qu’il ait existé ou non. Néanmoins, nous croyons que non" (p. 72) Paul Le Cour, un siècle et demi plus tard, à l’instar de Dupuis, militera en faveur d’un dieu solaire dont les avatars, les manifestations, seraient zodiacaux.
Il nous semble donc que c’est bien à la veille de la Révolution Française que la théorie précessionnelle aura été la plus prégnante, la plus active, qu’elle aura, éventuellement, influé sur les esprits tandis que son rôle dans les années Trente du XXe siècle n’aura consisté qu’à orchestrer un processus politique probablement d’ailleurs imité peu ou prou du modèle de 1789 alors même que le christianisme a intégré les forces qui étaient censées le déstabiliser: Le Cour n’incarnerait alors qu’une sorte de "contre-réforme" face à un Dupuis qui serait une sorte de Calvin. Auguis, son biographe, (Notice biographique sur la vie et les écrits de Dupuis, en tête de l’édition de 1822 de l’Origine de tous les Cultes, p. XI) rapporte: "L’abbé Leblond (par ailleurs collaborateur de De l’aulnaye, cf La vie astrologique, il y a cent ans, Paris, Trédaniel, 1992., L. Winckler, L’ère du verseau. Défis pour les temps à venir, Auxerre, Ed. Des trois monts, 1999 ) alla au club des Cordeliers annoncer l’Origine des cultes, comme un ouvrage dont la publication intéressait l’esprit humain. (..) C’est sous les auspices de la tourmente révolutionnaire que parut l’Origine des cultes" en trois volumes in 4° et un atlas mais aussi en douze volumes in 8°, la même année 1794. Un Club qui comporta notamment Danton, Marat, Desmoulin, Hébert et qui péricliterait d’ailleurs peu après la parution de l’ouvrage de Dupuis. Signalons que l’ouvrage aurait pu paraître à Berlin, à la demande de Frédéric II de Prusse, mais celui-ci mourut en 1786, ce qui montre qu’il était probablement déjà prêt à cette époque. En tout cas, Dupuis va bientôt figurer, en bonne place, comme un des pourfendeurs du christianisme, comme en témoigne, en 1858, un article paru dans la Revue de l’Anjou et du Maine, III, "Monothéisme du peuple juif, ses explications: Voltaire, Dupuis, Cousin, Renan, Littré" (BNF A 8468)
On sait que l’on accuse(cf. les thèses d’un Barruel) les francs maçons d’avoir préparé la Révolution: Dupuis était lié à ces milieux; Son système a pu tout à fait contribuer à persuader les esprits qu’astronomiquement, il était temps de passer à autre chose, ce qui est le sens propre du mot "révolution", emprunté à l’astronomie et qui signifie fin de cycle et donc début d’un nouveau. Dupuis, certes, ne raisonnait pas comme un astrologue: il n’affirmait pas que le changement était inscrit dans le Ciel comme une fatalité mais qu’il y avait comme une sorte de Loi des cultes que les hommes avaient toujours respectée, à laquelle il convenait de se conformer, et qu’il appelait Religion Universelle. Et, le tableau de Delaulnaye, qui en est contemporain, montre à l’évidence que ces temps nouveaux étaient bel et bien désignés comme étant ceux du Verseau. Que par la suite, on ait repoussé la date d’un tel changement ne saurait surprendre l’historien du prophétisme: le texte prophétique est, en effet, à la fois, voué à être antidaté et à se situer dans une logique déterminée longtemps à l’avance, ce qui est ici le cas d’une théorie qui s’appuie sur une pratique religieuse plurimillénaire, remontant à la nuit des temps et à la fois de préserver une certaine force prédictive, alimentant ainsi une tension, une attente. En ce sens, l’Ere du Verseau de 1937 se situerait dans la lignée de l’Origine de tous les cultes de 1794, publiée au lendemain de l'exécution de Louis XVI mais dont des éléments étaient parus dès les années 1777-1781, donc avant la Révolution. On ne peut d’ailleurs ignorer ce qui rapproche ces deux époques qui virent les frontières de la vieille Europe balayées comme si la nouvelle ère exigeait aussi la fin des cloisonnements nationaux et la résorption de la question juive, selon des procédés, il est vrai, fort différents. Et bien entendu seront filles du révolutionisme français les révolutions russes de 1905 et de 1917. (sur la dimension prophétique de cette période charnière, voir notre ouvrage, le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle, Feyzin, Ramkat, 2002)
Cela dit, comme le montre Lazarides, marqué par l’anthroposophie de Rudolf Steiner, il y a bien des façons de décoder le ciel et de décoder l’Histoire et il semble bien que Sepp dont l’abbé Lacuria s’inspirera (cf R. Amadou, articles in Cahiers Astrologiques, années 1980-1981) ait été surtout connu à travers une traduction fautive de l’allemand. C’est également, selon Lazarides, à travers le pseudo Sepp que Madame Blavatsky aurait évoqué la question dans la Doctrine Secréte. En effet, Sepp, dans sa Leben annonçait le passage dans les Poissons pour le milieu du XIXe siècle et non dans le Verseau! Ce serait, a montré Lazarides (texte à paraître), le traducteur Sainte Foy alias Jourdain qui aurait, peut -être délibérément, modifié le texte.

Le cas Nick Clegg et l’entré de Saturne en balance

Par Jacques HalBronn


Sous le titre « Avis de tempête outre Manche, Alexandre Adler, un éminent analyste politique évoque l’irrésistible ascension de l’ancien parti Libéral qui n’’est pas sans faire penser aux Libéraux allemands.
Le fait que l’élection anglaise « tombe » au moment de la fin de rétrogradation de Saturne, en cette « sortie » de phase yang (voir nos études sur le JBA) était susceptible de générer des surprises. L’Angleterre, en tant qu’entité, se cherche un leader et il est naturel qu’il y ait une compétition qui dépasse cette fois le binôme Travaillistes-Conservateurs Cela peut favoriser un « outsider ». On pourrait s’interroger sur les Centristes en France en cette position tierce et la date de l’élection est certainement déterminante. Mais jusqu’où montera Clegg ?
Un autre cas est celui d’ Hervé Morin concernant sa candidature à la présidence de la République en 2013, pour le compte du « Nouveau Centre », ce qui remet en question la stratégie unitaire selon laquelle cette formation devait se situer au sein de l’UMP.
La période actuelle favorise l’émergence ou l’autonomisation de toutes sortes d’entités, ce qui permet de donner du travail à toute une population de leaders qui ont terminé leur phase d’hibernation et d’approfondissement et sont désormais désireux d’essaimer et d’entrainer.
C’est ainsi que nous avions indiqué dès octobre 2008, (sur le site grande-conjonction.org) ; bien avant qu’il ne soit question du cas de la Grèce et de la crise de l’euro (et de l’euroland)) que l’Union Européenne connaitrait une « crise » en situation « disjonctionnelle »
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Pièces annexes : deux articles réédités :N°26 de Grande-conjonction.org

La conjonction Saturne 4 étoiles : comparaison 1929-2008

par Jacques Halbronn
Le rôle des astrologues consiste autant à annoncer de grandes échéances qu'à relativiser l'importance accordée à d'autres, à un moment donné.
Traversons-nous en ce mois d'octobre 2008 une crise aussi grave que celle d'octobre 1929, il y a un peu moins de 80 ans? L'indice Saturne 4 étoiles est quasiment identique : autour de 16° vierge, au début octobre 2008 mais avec une rétrogradation produisant un effet de ralentissement, début janvier 2009 et 24° sagittaire en octobre 2009 avec un Saturne donc bien plus rapide car ne ralentissant pas et donc une conjonction qui se défait à un rythme accéléré.
La configuration actuelle ne correspond pas à celle d'octobre 1929 mais plutôt à celle d'octobre 1928. C'est dire que le pire est devant nous! Grâce à la rétrogradation de Saturne....En effet, Saturne s'éloigne actuellement de la conjonction et atteindra en fin décembre2008 presque 22° vierge mais ensuite, il va revenir en arrière pour ne revenir à 22° qu'au mois d'août 2009. L'automne 2009 nous semble donc plus inquiétant que l'automne 2008. Des dissensions peuvent se produire aboutissant à la formation de blocs fonctionnant de plus en plus en circuit fermé et en autarcie, pratiquant un certain protectionnisme. On basculerait ainsi en phase de disjonction avec l'entrée de Saturne en balance. au cours du second semestre 2009. L'Union Européenne risque, quant à elle, de fonctionner de plus en plus à plusieurs vitesses, les distorsions se multiplieront, surtout s'il n'y pas en son sein des hommes et des femmes politiques de grande envergure, capable de rassembler des régions sécessionnistes au sein d'un même Etat et des régimes fort différemment motivés. Il faudra ensuite attendre des années jusqu'à l'approche de la nouvelle Conjonction de Saturne avec Antarès en 2014-2015 pour retrouver une certaine unité mondiale. On aura certes, au cours des années 2010-2012, notamment, le sentiment d'une régression mais ce sera pour mieux rebondir ensuite si du moins des leaders à la hauteur des défis parviennent à s'imposer et à se faire entendre et à faire taire les dissensions, les réticences et les résistances.
En ce moment, en effet, un certain ordre mondial semble pouvoir être préservé du fait d'une conjonction qui conserve encore sa dynamique. Mais dans un an, le monde se montrera sensiblement moins solidaire, et les clivages tendront à se multiplier et à se creuser. Depuis un an, on a perdu beaucoup de temps et mal profité du "cœur" de la conjonction. Par conséquent, ayant pris du retard, l'on risque de ne pas avoir le temps de manœuvrer dans les meilleures conditions. Il y a un, soulignons-le, Saturne s'était déjà conjoint à Regulus. Nous sommes à présent en "sortie" de conjonction et il faut craindre que le ciment ait du mal à prendre tout à fait.
Il faut comprendre que ce genre de crise n'est astrologique que par défaut, c'est à dire du fait d'un certain manque de vigilance, de coordination. L'on peut certes établir des corrélations entre positions planétaires et événements mais c'est l'absence de configuration signifiante qui est à relever et non sa présence. Il n'en reste pas moins que la disjonction conduit à une certaine dispersion des énergies, à une répartition voire à une dilution de plus en plus tentaculaire des responsabilités, ce qui passe par des délégations, une augmentation exponentielle du nombre de décideurs qui finit par aboutir à une sensation qu'il n'y a personne à la barre qui gère l'ensemble. Mais pour l'heure, on en est à une intervention de plus en plus lourde de l'Etat, notamment en Irlande et en Grande Bretagne (début octobre 2008), qui est bel et bien un trait conjonctionnel évident qui pouvait être prévu et annoncé de longue date puisque cela dépend d'un indice chiffrable de la pression astrologique que l'on pourrait appeler l'indice Babel (voir notre article sur Grande Conjonction)
Le fait qu'il y ait eu une sorte de "nationalisation" de certaines banques aux Etats Unis nous fait songer au rêve de Joseph, des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, ce qui permit à l'Etat égyptien de s'approprier les biens de ses sujets. La nationalisation est plus conjonctionnelle que la privatisation. Actuellement, donc, c'est une période favorable à l'étatisation, l'Etat ayant par essence des velléités "impérialistes" sur la société. Cela faisait longtemps -on dit même que c'est "historique" - que l'Etat fédéral nord américain avaient pas ainsi pris le contrôle de certains établissements, "à l'égyptienne" et tout le monde a été surpris de l'ampleur de l'interventionnisme américain ( initiative de la Réserve fédérale américaine (Fed), cette fois sur son propre territoire, concernant des établissements de banque (certains fonds Fannie Mae et Freddie Mac) et d'assurance (AIG), en cette mi-septembre 2008, Gordon Brown avait donné l'exemple, outre Manche, dès 2007 en nationalisant la banque Northern Rock. Désormais, l'on s'accorde, après la bavure de la faillite de la Lehman Brothers où l'Etat avait renoncé à intervenir, à considérer que les choses ne seront plus comme avant et que le politique prend le contrôle de l'économique.
Pendant un an, la crise sera l'occasion pour les gros de manger les petits, et ce, dans tous les domaines. C'est là en soi un processus allant dans le sens de la conjonction. C'est ainsi que la BNP vient d'avaler Fortis et devient ainsi la plus grande banque de dépôt en Europe. Nous dirons même que c'est le moment où jamais d'unifier, de concentrer, d'établir un pouvoir fort dans tous les domaines.
Si l'on prend la date emblématique de 1936, celle du Front Populaire et d'une vague de nationalisations, l'on note les mêmes configurations qu'actuellement à cela près que Saturne est au milieu des poissons au lieu de l'être de la vierge, donc dans l'orbe de Fomalhaut, une autre des 4 étoiles fixes royales.
On se souvient du débat sur les nationalisations, il y a tout juste 30 ans, avec Saturne en même position qu'aujourd'hui, au milieu de la Vierge, au sein de l'Union de la Gauche. A l'époque nous étions au PS (Parti socialiste) et nous nous souvenons des "nuances" existant entre PS et PC sur le mode d'appropriation par l'Etat de tel ou tel pan de l'économie. (Nous militions à l’époque au PS)
La conjonction réveille de leur sommeil les "monstres" dévoreurs que sont à la fois les Etats au sens de territoires et les Etats au sens d'institution centrale, c'est à dire tant au niveau de la politique extérieure qu'intérieure. On ne peut séparer, selon nous, l'intervention dans certaines provinces russophones de Géorgie de l'Etat russe, dans le périmètre de l'ancienne URSS, et l'intervention fédérale américaine sur les établissements financiers.
Le sort des élections américaines va probablement dépendre de la volonté interventionniste et dirigiste des deux candidats. Celui qui incarnera le mieux un Etat "providence", capable de sauver la mise, l'emportera. Mais en cours de mandat, les difficultés ne manqueront certainement pas, en raison de l'approche de la période disjonctionnelle. Ce sera un peu du "chacun pour soi et Dieu pour tous".
Cette pression conjonctionnelle ne pourra évidemment pas, en effet, se prolonger indéfiniment et c'est alors que les risques de dislocation seront grands - que l'on se souvienne de la fin 1989, sous les mêmes auspices - mais ce ne sont là que des risques. Rien d'inévitable alors que la concentration actuelle, qui va s'amplifier, quant à elle, correspond à un processus nécessaire unificateur. Il est difficile de savoir à l'avance quel "empire" souffrira le plus, cette fois mais la tension sera à des degrés divers suffisamment puissante aux quatre coins du monde.
Plus la phase conjonctionnelle aura été mise à profit, plus la période disjonctionnelle pourra être jugulée. Nous préconisons donc de puissantes initiatives de mise sous contrôle des "électrons libres". Les pays ayant une tradition, une culture, dirigiste sont de ce point de vue mieux pourvus. Le temps n'est plus au libéralisme lequel est d'ailleurs anti-conjonctionnel. Les forces centripètes doivent juguler les forces centrifuges.
Cela dit, il y a des structures qui ont un fort potentiel d'intervention et d'autres qui sont plus ou moins démunies. La France de 2008 n'est pas celle de 1978. L'on a récemment ironisé sur la Chine qui ne serait pas assez "démocratique"-on a dénoncé la situation au Tibet - mais l'Etat Chinois a des ressources d'intervention et de régulation considérables tant à l'intérieur qu'à l'extérieur qui devraient lui permettre de profiter de la conjoncture pour se renforcer encore plus sur les différents plans. Les Etats Unis sont plus aptes à prendre des décisions que l'Union Européenne....
L’ajustement des comportements étatiques sur la conjoncture saturnienne est la garantie que les populations attendaient mais l'on s'accorde à dire que le libéralisme a du plomb dans l'aile. Une fois de plus, le passé revient à l'ordre du jour et tout discours sur la fin de l'Etat Providence ou de l'ère des empires s'en trouve disqualifié.
Nous dirons qu'il n'y a crise que lorsque l'on ne prend pas, en temps utile, les dispositions adéquates. Ceux des astrologues qui ont cru de voir dans le ciel des signes de crise risquent fort d'avoir joué les Cassandres car il leur est demandé de voir l'évolution des choses et non de réagir à chaud avec un ressenti immédiat. Il leur est surtout demandé d'annoncer suffisamment à l'avance la nécessité de certains réajustements et de montrer aux économistes qu'une certaine astrologie est voué, à terme, à se révéler incontournable. Il suffit d'entendre les économistes déclarer que l'on "ne s'y attendait pas" et de trouver cela normal. Le problème, c'est que la plupart des astrologues ne s'y attendaient pas davantage à commencer par ceux qui négligent les principales étoiles fixes dans leur théorie cyclique.
On aura compris qu'épistémologiquement, notre travail aura consisté à affiner le concept de conjonction et en décliner les diverses manifestations plutôt qu’à affirmer la vocation de l'astrologie à vouloir tout expliquer, à être une grille de lecture permettant de décoder tout ce qui se passe, comme d'aucuns le prétendent. Plutôt qu'une astrologie boulimique qui mange à tous les râteliers, nous préconisons une astrologie qui contrôle son créneau et se constitue ainsi un territoire qu'elle tiendra de plus en plus solidement au point de devenir incontournable.
Nous prônons une astrologie du discontinu, obéissant à des rythmes réguliers depuis des millénaires, insensibles à ces nouvelles comètes que sont les transsaturniennes ou les astéroïdes, n'entrant pas dans une logique de modernité ou de fin des temps pas plus qu'elles ne nous encadrent au quotidien, d'ailleurs. Certes, nous vivons de nos jours, sous l'emprise de la technique, dans le continu avec les programmes en boucle des radios, avec les cinémas "permanents", avec les répondeurs téléphoniques qui permettent à toute heure de laisser des messages, sans parler d'Internet. Certains astrologues semblent considérer que l'Humanité est une sorte de machine que l'on peut perfectionner de jour en jour, en intégrant de nouvelles données mais l'Humanité évolue dans une autre temporalité- beaucoup plus lente - que la machine sans parler du fait que les nouveaux astres que l'on veut intégrer ne sont perceptibles qu'au moyen d'instruments et non à l'œil nu.

JH
07. 10.. 08