Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
vendredi 26 mars 2021
Jacques Halbronn : La fortune d'un manuel d'astrologie: Les Jugements Astronomiques sur les Nativités d'Auger Ferrier
La fortune d'un manuel d'astrologie:
Les Jugements Astronomiques sur les Nativités d'Auger Ferrier
par Jacques Halbronn
N. Éd. : Ce texte est livré "tel quel". Jacques Halbronn est l'auteur d'une thèse d'État, Le texte prophétique en France, soutenue en 1999 à l'université Paris X - Nanterre.
Présentation de l'article
Dans l'Homme Rouge des Tuileries (1863) de Paul Christian, l'on reproduisait la Préface d'Auger Ferrier à Catherine de Médicis. Mais l'on y faisait du médecin toulousain le propagateur d'une astrologie ésotérique à base de degrés monomères qui ne correspondait nullement au contenu du traité ainsi introduit en 1550. Jacques Halbronn s'est intéressé à ce traité qui connaîtra une carrière très longue tant en France qu'en Angleterre et il en profite pour examiner l'Age d'Or de l'Astrologie Française au milieu du XVIe siècle qui exercera, de façon assez étonnante, son influence sur le siècle suivant. Ce travail constitue un diptyque avec celui consacré à l'Introduction de Claude Dariot.
Introduction
Le milieu du seizième siècle aura été un âge d'or pour l'astrologie française. Quatre médecins astrologues à savoir Michel de Nostredame, Antoine Mizauld, Auger Ferrier et Claude Dariot s'y côtoient, du moins sur l'étal des Libraires [1] . Tous sont voués à dépasser de par leur réputation et leurs publications les frontières du royaume et celle de leur siècle. Nous consacrerons l'essentiel du présent travail au Toulousain Auger Ferrier (1513-1588)
D'abord, nous montrerons quel fut le rayonnement d'un manuel paru pour la première fois à Lyon en 1550 [2] et les problèmes linguistiques liés à ses tribulations. Nous étudierons dans quelle mesure ce manuel emprunte à d' autres et quelle aura été son influence (Première Partie) Puis, nous aborderons certains aspects de la vie du médecin astrologue toulousain, notamment sa polémique avec Jean Bodin et son influence dans le domaine médical. (Deuxième Partie)
Avec Auger Ferrier, médecin "tolosain" (toulousain) et fils de chirurgien [3] seigneur de Castillon, c'est le Sud Ouest aussi que nous abordons, autour du libraire Jacques Colomiez chez qui Ferrier fait paraître sa Prognostication Nouvelle sous un anagramme, celui de Frager Rivière [4] . Cette ville largement citée dans les Centuries[5] est aussi celle d'un Guillaume de La Perrière, écrivain et poète. lequel publie aussi à Lyon, chez Macé Bonhomme et à Paris, auteur de centuries à l'époque même où Michel de Nostredame compose les siennes.[6]
Il ne faut évidemment pas confondre Auger Ferrier avec Saint Vincent Ferrier [7] , Ferrier n'étant ici que la francisation de Ferrer- un prophète espagnol de Valence qui évolua dans les milieux pontificaux à la fin du XIVe et au début du XVe siècles, Ferrier étant ici une francisation de Ferrer. [8]
Ce manuel, pour des raisons que nous essaierons d'analyser par la suite, a connu une carrière remarquable (section I) ,on se demandera si le texte a subi de ce fait, pour perdurer des changements (section II) comme c'est le cas notamment au niveau du texte prophétique.
En plaçant l'étude du livre, du texte, avant celle de son auteur, nous posons une certaine priorité méthodologique: les aventures de Ferrier nous semblent moins significatives que celles de sa production. Toutefois, force est de constater que le personnage de Ferrier ne se réduit pas à celui d'un astrologue, d'un ésotériste comme ce sera le cas chez un Etteilla, à la fin du XVIIIe siècle. Sa polémique avec un homme de la stature de Bodin l'Angevin [9] ne se concevra plus par la suite. Enfin, la production de Ferrier ne concerne pas que la seule astrologie, nous avons affaire à un médecin diplômé de Montpellier, en un temps où effectivement la frontière entre astrologie et médecine n'était pas aussi tranchée pas plus d'ailleurs qu'elle ne l'était avec la science politique. Une astrologie ,certes contestée, mais qu'un homme comme Kepler (1571-1630) [10] à l'instar d'un Bodin [11] (1530-1596) pensera pouvoir encore sauver à l'aube du XVIIe siècle. Socialement, Ferrier n'est pas un marginal ,pas plus que ne le sera Jean Baptiste Morin, professeur au Collège Royal (notre Collège de France), lui même passé par la médecine.
Section I. Les tribulations d'un manuel
Le traité d'Astrologie de Ferrier est un ouvrage technique qui ne s'embarrasse guère de développements sur la nature de cette science. Il faudra précisément certaines attaques pour que l'apologétique conduise à une réflexion plus en profondeur quant aux fondements.[12] Pourtant, dès le XIIe siècle-au XIIIe siècle en traduction latine [13] un Abraham Ibn Ezra avait il accompagné son traité, le Commencement de la Sapience, d'un volet explicatif, le Livre des Fondements, Liber rationum [14]
On fera d'abord remarquer une certaine ambiguïté terminologique dans la mesure où si le titre du traité est bien Jugemens astronomiques sur les nativitez et si c'est également le cas en tête de chacune des parties, en revanche, les hauts de page comportent une mention différente "Jugemens d'Astrol." et non d'Astron. (1582) .Il ne s'agit pas d'une coquille: l'édition de 1550, toute en italique, porte Astrologie en toutes lettres. mais l'abréviation ajoute à l'ambiguïté.
Le titre a très légèrement évolué entre 1550 et 1582, éditions qui toutes deux parurent chez Jean de Tournes, avec la même marque d'imprimeur:
Des Iugemens astronomiques sur les nativitez devient-orthographe plus moderne-Iugements astronomiques sur les nativités outre le changement orthographique du prénom de l'auteur, Oger devenant Auger. En fait, à l'examen de ses publications respectivement en latin et en français, la pratique ait voulu qu'en latin on écrivît Augerius et en français Oger. Il semble que par la suite, on soit revenu à un certain purisme.
Pour l'historien des textes astrologiques, les Jugements astronomiques/astrologiques interpellent du fait même de leur maintien durant une centaine d'années. Comment ,en effet, un manuel paru en 1550 peut il encore intéresser le public français des années Vingt du siècle suivant ou les lecteurs anglais de la Christian Astrology de William Lilly, dans les années Quarante du même siècle? N'est ce pas là le signe d'une certaine sclérose de la pensée astrologique?
La carrière française
Bien que l'ouvrage paraisse à Lyon en 1550, il sera promptement publié à Paris comme en témoigne une édition d'Etienne Grouleau en 1555 ,comportant en sus l'"Epitome des trois premiers livres d'Artémidore Daldianus, traitant des Songes. Ensemble le livre d'Augustin Hyphe (sic) des Divinations & Augures par Antoine du Moulin" [15] C'est précisément dans le cadre d'un tel recueil qu'interviendra l'édition de 1625.
Sur cette première édition lyonnaise, Auger Ferrier apporte dans ses Advertissements de 1580 (cf infra) les précisions suivantes: " Depuis la première impression faite à Lyon l'an MDXLIX (l'imprimeur Tournes y a mis l'an après comme est la coustume)" Il faudrait donc dater la publication des Jugements de 1549. De fait, le privilège est du 13 Septembre 1549. [16] Ferrier a à l'époque environ 35 ans.
En tout état de cause, Ferrier publia d'autres ouvrages chez Jean de Tournes mais cette fois en latin [17] en cette année 1549 qui fut par ailleurs celle où Jean Calvin publia son Avertissement contre l'Astrologie Judiciaire à savoir un De Diebus decretoriis et un Liber de Somniis. Dès 1548, le Toulousain avait publié dans le même cadre ses Remèdes préservatifs et curatifs de peste. (BNF 8° Te30 39)
Faut il y voir dans le titre Jugemens Astronomiques sur les Nativités une volonté de ne pas se servir d'un terme suspect? Bien qu'on ait tendance à affirmer que les deux termes sont indifféremment employés, nous sommes amenés à penser que nous assistons là à un certain processus de différenciation. Le terme Astronomie est apparemment plus prisé [18] et c'est d'ailleurs ce terme que Ferrier utilise dans son Epître à l'épouse d'Henri II tout comme c'est celui qui figure au Privilège. Quant à Ferrier, il se présente comme médecin et non comme astrologue ou astrophile. La table des matières ne fait pas apparaître le terme Astrologie. Le fait que cependant, le mot Astrologie apparaisse comme subrepticement en haut des pages ne fait que renforcer notre impression. N'aurait ce pas été une tentative plus ou moins avortée de substituer une formule à une autre? En revanche, on trouve le mot Astrologue.
Au demeurant, une telle association ne saurait surprendre dans la mesure où Ferrier lui même publiera sur ces autres sujets. Si nous comparons les éditions successives du manuel, l'on est amené à aborder la question de la langue: on sait que le français a évolué au cours de la seconde partie du XVIe siècle, comment cela se manifeste-t-il en l'occurrence? Par ailleurs, est ce que la science astrologique a subi durant ce laps de temps une quelconque évolution qui aurait pu rendre l'ouvrage caduc?
En tout cas l'Epître à Catherine de Médicinal Princesse Madame Catherine Royne de France- dont il aurait été effectivement le médecin -introduit par son compatriote Jean Bertrandi- figure en tête des diverses éditions [19] et sera maintenue jusqu'au temps de Marie de Médicis malgré son caractère nécessairement de circonstance.[20] L'adresse elle même suffit à montrer l'importance que Ferrier accordait alors à ce texte.
Une telle dédicace princière fascinera au XIXe siècle l'auteur de l'Homme Rouge des Tuileries.[21] Paul Christian (alias Pithois) tentera d'user du patronage de l'astrologue toulousain pour légitimer une astrologie onomantique, en reproduisant la dite préface. Il aurait été mieux inspiré de faire référence à un de ses contemporains, Antoine Mizauld de Montluçon [22] lequel édita le Livre d'Arcandam, avec une méthode liée au nom de l'utilisateur de la méthode. De fait, l'astrologie prônée par Christian est elle celle des degrés monomères (ou myriogénèses) propre à Firmicus Maternus (IVe siècle) et à sa Mathesis, il s'agit d'images souvent pittoresques attribuées à chacun des 360° du zodiaque [23] Or Ferrier est l'auteur d'un ouvrage latin sur les degrés critiques, notion sensiblement différente. liée à l'astrologie médicale.
C'est précisément l'édition décrite dans l'Homme Rouge des Tuileries que nous reproduisons, celle de Paris, de 1582. "J'ai mémoire, écrit il, qu'à travers les flots de docte poussière qu'il me fallait agiter, je pêchai ,certain jour, un infiniment petit volume à physionomie elzévirienne, parfumé de cette odeur sui generis qu'adorent les bibliophiles et relié en parchemin vierge avec un fermoir en argent etc" ( pp 8-9)
La carrière anglaise
C'est à la fin du seizième siècle, en 1593, qu'un certain Thomas Kelway, trompette de son état comme il le note dans son Epître au Comte Henri de Northumberland prend l'initiative de faire connaître au lecteur anglais le traité de Ferrier, ignorant peut - être que celui - ci est paru pour la première fois en 1550 et s'appuyant vraisemblablement sur une édition plus tardive. Il l'appelle ainsi: A learned astronomical discourse of the judgment of nativities.
Kelway qui précise que l'oeuvre est dédiée à " Katharine, the French Queen" [24] par son médecin, s'adresse ainsi au lecteur anglais : "Il ne s'agit pas d'un livre d'une lecture commune et il ne faut pas le lire avec dérision." Le fait d'avoir ajouté au titre français le terme "learned" -qui signifie en quelque sorte savant- celui qui a appris- indique le choix d'un certain élitisme sinon d'un snobisme .
Caractéristiques de l'édition anglaise
En 1642 on maintient la dédicace de Kelway allusion à Henri III, assassiné en 1589. Toujours est- il que la dernière édition anglaise du traité de Ferrier cohabite avec la parution de la Christian Astrology d'un William Lilly. De fait cette dernière édition est contemporaine des oeuvres de Morin de Villefranche [25] datant de 1642 (cf National Union Catalog USA) toujours sous le même titre A learned astronomicall discourse of the judgement of nativities. Elle paraît à Londres ,imprimé par R. Cotes chez L. Chapman et R. Minn comme celle de 1635. (British Library 718 948)
Signalons une édition pirate mais réalisée par le même libraire anglais qui publia les éditions officielles, Lawrence Chapman, d'où le nom de Ferrier est évacué, attribuée à un fictif John Poole, sous le nom de Country Astrology [26] Astrologie champêtre en quelque sorte. Elle parait en 1650.[27] Elle se présente comme la somme des expériences de cet astrologue anglais imaginaire. (British Library E 607 C 6J) Il ne s'agit plus du tout désormais de présenter ce texte comme learned, seul terme non latin du titre (en dehors de la préposition upon)
Le traité de Ferrier ne jouira cependant pas d'un impact comparable à celui de Dariot qui en plein XVIIe siècle ressortira sous le titre Dariotus redivivus et qui marquera certainement un Lilly.[28]
Observations sur la traduction anglaise
Comment s'est opérée la traduction et à quelle concurrence s'est elle trouvée confrontée alors que l'on atteignait le milieu du dix septième siècle?
Il est de tradition en Angleterre de puiser dans le fonds français pour garder le contact avec le continent. C'est ainsi que le Kalendrier des Bergers sera traduit au tout début du XVIe siècle en anglais, ce qui relativise tout de même l'idée selon laquelle les Anglais lisaient le français avec aisance. Parfois ces publications en anglais sont produites sur le sol français.
Traduction qui serait plutôt une adaptation assez libre [29] tant les termes français abondent à l'identique [30] ce qui ne saurait au demeurant étonner tant les emprunts de l'anglais au français sont massifs, sans parler de l'accès direct à cette langue chez le public britannique cultivé de l'époque.
Le français marque en effet la terminologie astrologique anglaise au même titre que la terminologie arabe marque le texte de Ferrier. Le titre comporte déjà Iudgements et Nativitie pour ne pas parler d'astrological. C'est aussi le cas de Revolution, d'Ascendant, d 'Aspect, de signification, de Conjunction, de fortune et infortune, de latitude, de Celestial figure, de Dragon lunary (l'axe des noeuds de la Lune) [31] de part etc . Certains soutiendront qu'il pourrait plutôt s'agir d'une influence latine mais s'il est évident que le français dérive largement du latin, il est assez flagrant que l'anglais n'a pas été ici directement marqué par le latin [32] d'autant que certains textes arabes ou hébreux furent traduits en français (roman) avant de l'être en latin ,parfois à partir du dit français. Ainsi, étant donné que les termes arabes qui figurent chez Ferrier sont maintenus dans la version anglaise, le traité anglais se voit truffé de termes français et arabes. Par rapport au XIIIe siècle, le latin souvent reprend ses droits sur le français.[33]
Toutefois, ce traducteur improvisé n'est pas sans commettre quelques contre sens qui ne seront pas corrigés dans les éditions anglaises suivantes.[34]
Les traductions ont joué un rôle essentiel dans la transmission du savoir astrologique: il convient toutefois de distinguer deux catégories de traductions: celles qui relient deux langues foncièrement différentes entre elles comme l'arabe et le latin et celles qui concernent des langues relativement proches comme le français et l'anglais. Une fois la traduction du premier type réalisée, elle donne naissance à diverses traductions du second, qui sont le fait de traducteurs généralement moins patentés ou en tout cas à la portée d'un plus grand nombre d'opérateurs.
Pour ceux qui douteraient de la proximité du français et de l'anglais, la traduction de Kelway ou plutôt sa façon de l'aborder, devrait les édifier. En effet, plusieurs centaines de mots français sont conservés à peu près tels quels par le traducteur au point de donner l'impression que l'anglais serait une sorte de français peu ou prou germanisé. Nous ne portons pas de jugement sur l'état de l'anglais à la fin du XVIe siècle mais, outre que nous supposons qu'une telle prose francisée quand bien serait elle excessive et marquée par son modèle français était tout de même lisible de la part du lecteur anglais lequel lui ne disposait pas de la référence d'origine, et cela pendant un bon demi siècle où la traduction fut rééditée, nous observons que le texte français pourrait presque être reconstitué à partir du texte anglais. encore qu'à certains moments, le traducteur exprime quelque résistance à reproduire trop fidèlement la chaîne des signifiants français. Comment par ailleurs le dit lecteur gérait il les erreurs de sens commises par le traducteur?
Prenons le dernier paragraphe du Chapitre II (p.4):
- Français: "Aucuns pour cette vérification dressent & garnissent des mouvements des planettes quatre figures. L'une de l'heure estimative de la nativité, l'autre de la précédente conjonction ou opposition des luminaires, la tierce de la vérification par l'animodar, la quatrième de la conception. Lesquels outre l'inutile et superflu labeur errent grandement, cuidans ranger le temps de la conception par l'animodar de Ptolomée/ Ce que l'expérience de jour en jour démontre estre faux & n'y a aucun autheur ancien qui se soit aidé ou ait faict mention de cette nouvelle doctrine pleine d'ostentation & de desprouveue vérité"
- Anglais: "Divers for this verification do dresse and garnish the motions of the Planets foure figures. One of that houre estimative of the nativitie, the other of the precedent conjunction or opposition of the brightednesse (sic), the third of the verification of the animodar, the fourth of the conception. The which besides the unprofitable and superfluous labour, erre greatly, thinking to find out the time of the conception by the Animodar of Ptolomy, the which experience from day to day sheweth to be false and that is hath no ancient Author to maintaine it, or hath made mention of this new doctrine being full of contention (sic) and disproved veritie"
On notera d'une part l'emploi presque systématique d'un terme quasiment identique au français en anglais ,du moins au niveau écrit. D'autre part, dans un des rares cas où Kelway préfère une racine différente -brightedness qui n'est pas sans pouvoir être rapprochée de brillance- il commet justement un contre sens car il s'agit là des luminaires, à savoir le Soleil et la Lune et non d'une brillance au singulier qui déterminerait....des aspects planétaires. Il s'agit bien entendu pour Ferrier de la pleine (opposition) et de la nouvelle Lune (conjonction) dans ses rapports avec le Soleil.
Il ne s'agit pas là simplement d'un transfert de quelques termes techniques, c'est en fait l'ensemble de la langue qui est ainsi touché. On pourrait dire que dans ce cas de figure, l'emprunt terminologique n'existe que parce qu'il se situe dans un contexte de proximité plus général alors que pour l'arabe, il est resté limité au jargon astrologique.
Les faux sens de Kelway
Signalons un certain nombre d'erreurs de la traduction anglaise [35] qui se seront maintenues d'une édition à l'autre puisque nous les relevons dans l'édition de 1642. Nous nous sommes cantonnés aux Livres I et II.
Livre I Ch III
- Français: "La plupart des Astrologues les aiment plus prendre de l'égale partition de l'écliptique que de la section horizontale"
- Anglais: "The most part of the Astrologians desire more to take of the equall portion of the eclipse than of the horizontall sect."
Livre I ch X
- Français: "Ceux qui augmentent le nombre des dits ans sont Jupiter, Vénus, le Soleil, la Lune & Mercure fortifié. Lesquels fortunés , regardant le donneur des ans d'aspect d'amitié, adioustent leurs moindres années."[36]
- Anglais: "They which augment the number of the said years are Jupiter, Venus, the Sunne, the Moone and Mercury fortified, the which fortunately regarding the giver of years with an amiable aspect adding to their small years."
Livre I Ch XII
- Français: "Si c'est Saturne bien disposé, signifiera l'homme d'un grand & profond scavoir, de bon conseil, de bonne gravité, de forte opinion, caut, secret, solitaire, dissimulant son bien & son mal, amateur de gens iustes & de bons vieillards."
- Anglais: "If it be Saturn well disposed, shall signifie the man of a great & profound knowledge,of good counsell & of good gravity, or a strong opinion: close, secret, solitary dissembling his good and evill, a lover of just men & of good age."
(p.24 Ed 1642)
- Français: "S'il (le Soleil) est infortuné, il excite une grande superbe, une excessive ambition & tyrannie & fait nourrir la pance."
- Anglais: "If it (the Sun) be unfortunate it sheweth great pride,excessive ambition, and tyranny and doth nourish the thought."
Ch XIV
- Français: "Ceux qui (...) apprêteront friandises, odeurs & parfums de cette maison tirent bien souvent leur profit"
- Anglais: "Those (...) making ready delicates, odours & perfumes of this house, they very suddenly draw their profit"
Les ajouts du Chapitre XX du Livre I
Ce chapitre intitulé "Des serviteurs" ,en anglais Of Servants, comporte une addition (pp.38-39 de l'ed 1642) ne figurant pas dans les éditions françaises et intitulée "What kind of conditions every Planet doth yeeld" On y étudie le cas de chaque planète selon qu'elle est fortunée ou infortunée dans le thème.
Livre II Ch IV
- Français: "La conjonction de Saturne & de Mercure le rend vagabond, poure, indigent, de nul métier, duquel la langue est empeschée."
- Anglais: "The conjunction [37] of Saturne and Mercury doth yeeld him a poore vagabond, needy, of no mistery, the which hath an impediment in his speech"
Le déficit lexical anglais
Si nous avons pu observer à quel point Kelway disposait d'un nombre important de signifiants équivalents à ceux qu'il rencontrait dans le texte français, il n'en est pas moins des cas-ce qui doit relativiser le sentiment d'un parallélisme systématique- où c'est le même verbe anglais qui revient pour correspondre à des verbes français différents à moins de supposer que cela soit dû à l'intervention d'un autre traducteur moins familier avec le franglais de l'époque.
Prenons le cas du verbe "set down" au tout début du traité: Ch III set down pour dresser (un thème):
anglais: he manner to set downe perfectly the said figure verified , pour
- Français: La manière de dresser parfaitement la dite figure vérifiée
Et encore, dans le même sens "to set downe plainly the celestial figure" pour Ch I Pour dresser donques facilement la figure céleste mais le même verbe français-dresser- est aussi traduit autrement sans recours à set down et pourtant dans une phrase quasiment identique:
- Anglais: It is convenient first to explain the celestial figure
- Français: Il convient premièrement dresser la figure céleste l
Est ce que "explain" est le mot qui convient, au demeurant?
"Divers for this verification do dresse and garnish the motions of the planets foure figures
pour (Ch II) Aucuns pour cette vérification dressent & garnissent des mouvements des planètes quatre figures
En revanche, le dit verbe set down, verbe un peu passe partout apparemment, sert, dans le même chapitre pour rendre un autre verbe français, accomoder: "the number of the hours and minutes, you must set down after the manner (..) of the Astrologers" pour compter "Always set down the hours after-noone"
Le cas Chapman
L'historien Sidney Lee [38] nous fournit le cas du plagiat de Georges Chapman à l'égard du poéme français de Gilles Durant, le Zodiaque Amoureux.de 1587 [39] lorsqu'il compose son Amorous Zodiake en 1595.
Lee note: "Chapman dépend totalement de Durant (...)Les efforts de Chapman pour angliciser les épithètes français de Durant lui produisent parfois quelque embarras. Il devait exister, comme entre le français et l'italien au seizième siècle, un système assez sommaire d'adaptation d'une langue vers une autre. Mais encore fallait il qu'ensuite le lecteur puisse suivre et cela durant plusieurs décennies...A moins de supposer que le dit lecteur cultivé ait été plus ou moins bilingue et s'y soit retrouvé de toute façon au sein de pratiques qui n'étaient pas nécessairement normatives. Précisons qu'au moins dans le champ de la littérature astrologique, il n'y avait guère de réciprocité à la Renaissance de l'anglais vers le français
Section II. La littérature didactique
La vogue de l'astrologie est volontiers jaugée à l'aune de la production de traités d'astrologie, critère qui pourrait être discuté, d'autant qu'il peut exister une transmission orale. Il reste que nous pouvons considérer que nombre de futurs astrologues ou astrologisants ont du apprendre leur art au moyen d'une telle lecture, à condition de ne pas oublier que de tels ouvrages n'expliquaient pas nécessairement les rudiments du montage d'un thème, ce qui relevait d'un autre genre, plus spécifiquement astronomique. La division entre astrologie et astronomie, à la Renaissance, ressort d'ailleurs d'un tel distinguo.
Fonction du manuel
A la différence des ouvrages de vulgarisation de type pronostication, le manuel astrologique a pour vocation de former sinon des astrologues du moins des amateurs en astrologie [40] la présence ou l'absence, la fréquence ou la rareté de tels ouvrages semblent devoir constituer un critère pour mesurer la cote de l'astrologie pour une époque donnée.
Ainsi, le fait que les Jugements aient été réédités aussi souvent témoigne à la fois de leur valeur que nous apprécierons plus loin et de la rareté des produits de ce type. Que l'on compare la situation dans le dernier tiers du XVIe siècle avec celle qui régnera cent ans plus tard, force sera de constater que le nombre de manuels sera nettement plus élevé par la suite.[41]
Autant dire que, de ce point de vue, la situation de l'Astrologie en France vers 1580, à l'époque de la polémique avec Bodin, n'est point si brillante. Quel autre ouvrage l'étudiant en astrologie-entre 1560 et 1610 peut il trouver, s'il n'a pas accès au latin [42] Que l'on juge de la situation par le fait qu'encore dans les Années Vingt du dix septième siècle, un Antoine de Villon devra se contenter de traduire du latin un étranger comme Origanus pour réaliser son Usage des Ephémérides. Carence d'autant plus saisissante que les attaques en français contre l'Astrologie se multiplient alors. Ainsi, le nombre de personnes connaissant favorablement les principes de l'astrologie tend - il alors à décroître à moins qu'il ne faille supposer quelque transmission orale plus ou moins initiatique... Il importe surtout de ne pas maintenir une vision linéaire du développement de l'Astrologie française: elle ne décline pas progressivement jusqu'au milieu du XVIIe siècle, elle retrouve au contraire un nouveau souffle à ce moment là.
Cela dit, si les manuels français, pris dans leur ensemble, connaissent à la fin du seizième siècle, un meilleur sort Outre Manche qu'en France, que dire de la parution à Lyon du volumineux Speculum Astrologiae de Franciscus Giuntinus dit Junctin de Florence [43] ? Lyon n'est pas tout à fait la France et le latin n'occupe plus tout à fait la place qui fut la sienne. A n'en pas douter, le contraste amène à nuancer sensiblement le propos quant à la santé de l'astrologie au niveau européen. Tout se passe comme si la Somme junctinienne, d'abord parue en Italie, n'avait trouvé à Lyon qu'un relais de fabrication plutôt qu'un accès au marché français de la consommation d'astrologie.
Non pas que l'astrologie n'occupe une certaine place en France alors mais pas au point que l'on s'efforce d'en divulguer les techniques pour former de nouveaux praticiens. Nostradamus et ses imitateurs sont un peu l'arbre qui cache une forêt en piètre état.
On trouve ainsi dans la production française des prophéties perpétuelles n'exigeant guère de savants calculs et des almanachs qui exigent une certaine inspiration peu ou prou astrologique et qui reparaîtront au XVIIIe siècle, sous le nom de Moult [44] lorsqu'une nouvelle crise de l'enseignement de l'astrologie sévira.
En revanche, il ne faudrait pas négliger la publication d'ouvrages astronomiques à destination de ceux qui veulent dresser des cartes du ciel, dont le plus célèbre est la Sphère de Sacrobosco [45] aux maintes additions, les travaux de Jacquinot et de Bassentin, outils indispensables complétant le manuel. et qu'il importe de prendre en ligne de compte pour faire un bilan. En tout état de cause, ce clivage reflète la différence nettement ressentie déjà à l'époque entre astrologie et astronomie, même si le distinguo terminologique n'est pas tranché.
La symétrie entre ces outils et le manuel de Ferrier est renforcée par le fait qu'une épître à Catherine de Médicis figurera également en tête de l'Usage de l'Astrolabe.(Paris G. Cavellat 1559) [46] de Dominique Jacquinot, Champenois, faisant pendant à l'Usage de l'Ephéméride : A Très Illustre et Tres Chrestienne Princesse Katherine de Médicis, Royne de France.
En 1555, Jean de Tournes le libraire d'Auger Ferrier, publie une Paraphrase de l'Astrolabe de Jacques Focard (BNF V 20814) qui s'appuie également sur Monteregio/ Regiomontanus. Notre CATAF (sur le site du CURA) signale une précédente édition du même ouvrage chez le même libraire, dès 1546 (BNF V 20812)
Certes, les premières décennies du dix-septième siècle voient l'essor d'une sorte de magie astrologique coupée des données astronomiques tant il est vrai que le déclin de l'astrologie correspond à l'émergence de formes simplifiées plutôt qu'à une disparition pure et simple. Situation qui aboutit à ce que le dit déclin conduise à des formes de plus en plus irrecevables du point de vue scientifique., aboutissant aux Curiosités Inouïes d'un Gaffarel.
Il n'en reste pas moins que les outils du siècle précédent reparaissent: l'Astronomique Discours de l'Ecossais Jacques Bassentin, paru en 1557 chez Jean de Tournes, est réédité dans la deuxième décennie du XVIIe siècle, tout comme L'usage de l'astrolabe.
Construction du traité
Pour un ouvrage amené à une telle fortune, l'on est frappé par un certain nombre de défauts, dans l'agencement des sujets abordés, dans l'importance accordée à des notions apparemment secondaires, dans certaines erreurs astronomiques dénoncées mais non corrigées d'une édition à l'autre. Ouvrage qui, avec le temps, deviendra de plus en plus archaïque tant dans le fonds que dans la forme. Mais il importe de prendre en compte qu'il n'était qu'un complément aux Ephémérides et ne se suffisait pas à lui même.
L'usage des Ephémérides
Quelles vertus possèdent les Jugements? Certes, on y trouve une sorte d'"usage des éphémérides" permettant d'apprendre à dresser une carte du ciel à condition toutefois que l'on se procure les documents nécessaires.[47] Il reste que Ferrier prend la peine de prendre son lecteur "par la main" et peut être le reste de l'ouvrage est il moins recherché? Mais il ne s'agirait là que des chapitres I et III lesquels ne couvre que quelques pages curieusement s'adressant directement au lecteur tout comme il s'exprime à la première personne tout au long du livre:
" Je suivrai présentement la méthode d'Hermès par longue expérience approuvée" (p.8)
"Pour savoir l'heure exacte de ladite figure ;vérifiez premier les dites ascensions" (p.13 Ed 1582)
Le chapitre II est d'emblée consacré à la rectification de l'heure et le chapitre IV s'intitule "Des parties des nativités" (p.13): "Après avoir bien rangé les planètes en la dite figure vérifiée, il faut continuer là dessus certaines proportions des planettes & parties du ciel, prinses de leurs distances ainsi que s'ensuit". Pour Ferrier , le calcul des "parts" prime sur celui des aspects chers à Ptolémée, domaine où Ferrier se fera d'ailleurs épingler par Bodin. Les aspects n'ont droit qu'au chapitre V du premier livre, on les place après les parts. et l'exposé des cas de figure est remis au Livre II Ch IV p.110. Des aspects des planettes entre eux.
Ferrier expose dès les premières lignes l'importance qu'il leur accorde: "Pour juger des horoscopes & nativités selon la tradition des anciens & sçavans astrologues, il convient premièrement dresser la figure céleste & en icelle appliquer les sept planettes avec la teste & queue du dragon lunaire ensemble la partie de fortune & la partie de l'âme & autres plus appartenantes aux hautes & notables significations des astres" (Livre I Ch I)
Ne conviendrait il pas de rapprocher Ferrier d'Estienne Tabourot, lui aussi auteur un peu à l'improviste d'un texte voué à connaître au XVIIe siècle un succès étonnant? Si Ferrier n'est pas un novice en matière d'astrologie, son bagage est pour le moins limité et il trouve dans l'élaboration de ce manuel son seuil de compétence. Tout se passe comme si Ferrier avait appris à pratiquer une astrologie des parts et qu'il n'avait exposé celle des aspects que pour être complet, commettant, chemin faisant, quelques bévues, d écrivant l'opposition impossible de Vénus et de Mercure (p;123) après avoir abordé l'opposition du Soleil & de Vénus & de Mercure. (Livre II p.12 Ed 1582) L'erreur ne sera au demeurant jamais corrigée en dépit des nombreuses éditions.
Il faut bien comprendre que l'on ne peut suivre les instructions de Ferrier sur l'étude du thème si l'on n'a pas préalablement positionné les différentes parts au nombre d'une cinquantaine qui chargent considérablement le thème. Est ce là une simplification de l'interprétation? En 1551, l'année suivante, Oronce Finé publie à Paris,chez Regnaud Chaudière (BNF V 21376), une Briefve & isagogique Introduction sur la Judiciaire Astrologie. Elle sera rééditée en 1557 chez G. Cavellat (BNF V 21377). Il n'y est pas question de ces parts si déterminantes pour Ferrier. En 1556, Mizauld publie à Paris, chez J. Kerver, d'une part les Ephémérides d'Antoine Mizauld, de l'autre, chez le même éditeur, une Explication, usage et practique de l'Ephéméride céleste d'Antoine Mizauld comme aussi de tous les autres" (BNF Res pV 791).[48] Il est le seul à publier un tel diptyque. Au siècle suivant, Jean Baptiste Morin fera paraître en latin de Ephemerdes avec en annexe une sorte de manuel. Paradoxe que ce retour au latin vers 1640...
Signalons que le terme Ephéméride (en latin ephemeris) est vers 1550 synonyme d'almanach qu'il ne faut pas associer systématiquement avec une activité astrologique. Oronce Finé précise d'ailleurs "Canons & documents très amples touchant l'usage & practique des communs Almanachz que l'on nomme Ephémérides" (1551) C'est la Pronostication qui initialement accompagnant l'Almanach, y apporte des éléments prédictifs. Michel de Nostredame, en plaçant ses quatrains, au sein de l'almanach, rendra la frontière plus floue.
En 1558, à Lyon, chez Roy et Pesnot, Claude Dariot de Beaune est tout aussi muet à ce sujet dans son Introduction au Jugement des Astres.[49]
Ainsi, la fortune des Jugemens Astronomiques aura-t-elle permis à des techniques qui allaient être pour longtemps évacuées à partir du XVIIe siècle, de perdurer tant en France qu'en Angleterre. Est ce à dire que les lecteurs s'intéressèrent particulièrement à de tels développements ? Rien n'est moins sûr....
Mais force est donc de constater que ce manuel n'est pas sans bizarreries, sans un certain désordre des matières traitées. Au demeurant, les Jugements s'achèvent abruptement sur quelques conseils en matière de révolution solaire. Ainsi, les Jugements véhiculent - ils durant plus d'un demi siècle une astrologie arabisée, non seulement en raison du nombre de termes arabes qu'ils comportent mais aussi par les techniques qu'ils introduisent et que l'astrologie moderne ne retiendra en général point.
Le modèle tétrabiblien
Il n'en reste pas moins que Ferrier reste fidèle au classement préconisé par la Tétrabible (les 4 Livres) . Son premier "livre" recoupe les "livres" III et IV, soit le second volet de l'oeuvre de l'Alexandrin [50] , le deuxième livre des Jugements correspondrait peu ou prou au Livre I du Quadripartit et le troisième livre au Livre II du texte grec.
Toujours est - il que les questions à traiter sont les mêmes, pas les méthodes. Nous avions déjà signalé dans notre texte postface à l'Astrologie du Livre de Thot que le mode de tirage pouvait changer sans affecter la physionomie du thème natal calculé dès lors se lon d'autres procédés; La différence entre Ptolémée et Ferrier réside cette fois non pas dans le mode de calcul astronomique mais dans la différence de traitement des Maisons. La méthode de lecture de Ferrier, précisons le, est plus proche des pratiques d'aujourd'hui.
Les rubriques sont fondamentalement les mêmes ,pas les méthodes pour fournir les réponses. Ptolémée confère aux planètes le rôle principal, les signes et les maisons ayant des effets plus ou moins favorables aux dites planètes.
Mais Ptolémée n'en utilise pas moins un protocole identique. sans pour autant proposer une description des maisons. Voilà qui tendrait à prouver qu'un tel dispositif aurait pu être élaboré pour la consultation astrologique puis greffé sur la signification des Maisons. Mais la thèse inverse pourrait être aussi bien soutenue à savoir que ce protocole aurait été établi selon un certain raisonnement analogique à base diurne/nocturne.
Tout se passe donc comme si Ferrier gardait le découpage exposé par Ptolémée mais le traitait par d'autres méthodes. Ptolémée qui ne tient pas compte de la signification des Maisons et combine surtout les significateurs planétaires, n'en utilise pas moins un cadre qui recoupe les domaines traditionnellement attribués à celles ci.
Le Traité de Boulainviller de 1717
En dépit du grand nombre d'ouvrages didactiques qui paraissent dans le dernier tiers du XVIIe siècle, le comte veut publier un nouvel ouvrage et n'y parvient pas. Sa Pratique ne pourra circuler qu'en manuscrit tout comme son Traité d'Astrologie Mondiale.
Nous avons observé au demeurant que Bodin avait souligné certaines invraisemblances du manuel de Ferrier, soulignant ainsi le caractère éminemment spéculatif et systématique propre à la rédaction de tels ouvrages didactiques.
Henry de Boulainviller s'inspirera d'un tel découpage, le titre de son traité resté manuscrit y fait d'ailleurs implicitement référence: Pratique Abrégée des Jugements Astronomiques sur les Nativitez (1717).[51] Titre à l'évidence calqué sur celui du manuel de Ferrier, ce qui laisserait entendre que le manuel poursuivit sa carrière dans les bibliothèques faute de continuer à être réimprimé.[52] Au demeurant, la Réserve des livres rares et précieux de la BNF possède une édition de 1582 que nous reproduisons suivie d'un cahier de notes se référant à l'année 1700: "Ces estoiles là ont été supputées pour l'année 1700", époque à laquelle précisément le Comte devait élaborer sa Pratique Abrégée.
Il suffit de noter que la troisième partie du traité de Boulainviller est intitulé "Des Directions" ,alors que le troisième livre des Jugements se présente comme "contenans(sic) les directions & révolutions. Mais on y abandonne la référence à Regiomontanus [53] car entre temps, ont paru à la fin du XVIIe siècle les travaux de Placidus (le Père Italien Placide de Titis) [54] qui ont modifié les principes de la domification. Eustache Lenoble s'y était déjà intéressé. Leur accueil Outre Manche fut alors présenté comme une véritable révolution et le système reste encore largement utilisé de nos jours. Il convient de préciser que la domification n'avait pas uniquement pour but de permettre une meilleure mise en place du thème natal mais aussi de réaliser des prévisions grâce aux techniques des directions. Or, si une pointe de maison ne se situe pas au même endroit selon tel ou tel mode de domification, c'est la datation des événements qui s'en trouvera changée. Il suffisait donc de se convaincre que grâce au Père Placide, l'astrologue avait enfin les moyens de prévoir juste. L'astrologie étant dépendante de l'astronomie, toute découverte concernant l'une était censée affecter l'autre, les diverses notions étant le plus souvent communes aux deux disciplines.
Certes, le Comte, affirme-t-il d'emblée ne pas commencer son exposé à la façon de Ferrier mais n'est ce pas justement par référence à celui ci. "Je ne prétends donner ni la méthode de dresser ou de calculer un thème céleste, ni le détail des premières qualités supposées dans les planètes ou les signes du Zodiaque ni même celui des significations des douze maisons du ciel. Je suppose tous ces principes connus aussi bien que ceux de la sphère et des mouvements des étoiles". (p.5 Reed Pratique Abrégée)
Section III. Les influences subies
L'Astrologie française a connu deux grandes vagues d'influence, l'une au XIIIe siècle en provenance d'Espagne, dans le domaine arabe mais aussi hébreu puis au XVIe siècle, en provenance d'Allemagne et dans une moindre mesure d'Italie par le biais du latin.
L'influence allemande
Ferrier ne renvoie pas son lecteur à des Ephémérides Françaises, apparemment celles de Mizauld ne sont pas encore disponibles lors de la première publication mais par la suite, bien qu'elles aient été sur le marché, le texte continuera à renvoyer ses lecteurs aux tables de l'astronome Johannes Mueller alias Regiomontanus.[55] On se demande d'ailleurs si ces tables étaient encore disponibles trente ans plus tard, il semble qu'elles aient été remplacées par celles de Leovitius.
Le troisième" livre" ou volet des jugemens se présente comme une sorte d'adaptation des ouvrages de Regiomontanus: "L'art des Directions est si diligemment traictée (sic) par Jean de Regiomonte qu'il n'y a plus lieu d'en faire autre propos, excepté que avec l'aide de Dieu, nous avons proposé de traduire en françois ses problèmes & documents appartenant à la dite matière."
Encore faut il ajouter qu'au Livre I, Ferrier conseille à son lecteur pour dresser le thème astral "le livre de Jean de Regiomonte"
Ainsi la traduction anglaise des Jugements véhiculera-t-elle la traduction française d'un texte latin paru en Allemagne. Le français joue ici pour l'anglais le rôle d'interface avec le latin alors qu'au moyen Age il joua parfois ce même rôle entre le latin et les langues sémitiques.
Au XVIIe siècle, les emprunts de l'astrologie française se poursuivront lorsque Antoine de Villon, on l'a noté, traduira Origanus. L'arrivée d'un Jean Baptiste Morin sonnera le règne d'une astrologie française plus maîtresse d'elle même, ce qui confirme que c'est bien le XVIIe siècle qui serait le grand siècle de l'Astrologie Française après un premier âge d'or dans les années cinquante du XVIé siècle autour notamment de Nostradamus, Dariot, Ferrier, Mizauld et Finé.
L'influence arabe
Même si Ferrier ne mentionne le nom d'aucun astrologue arabe alors qu'il cite abondamment les astrologues allemands, on ne saurait pour autant contester le poids de l'astrologie arabe ne serait ce qu'au niveau des termes techniques. souvent débutant par " al", l'article défini mal séparé du mot proprement dit:
Premier Livre
"Du donneur de vie ,nommé des Arabes Hyleg VIII
Du donneur des ans, dit des Arabes, Alcocoden IX
Troisième Livre
Du séparateur ou bourneur [56] dit des Arabes Algebuthar II
Des ans gouvernez par les planettes nommez des Arabes Fridarie VI [57]
Ferrier ne se contente donc pas d'user d'un tel langage, il précise sa source et il en donne un équivalent en français: c'est dire que l'origine arabe contribue à un certain prestige du savoir astrologique, que l'on n'a pas encore oublié tout ce que l'Occident Chrétien doit à l'Islam.
En ce qui concerne ses sources, il pourrait s'agir du Liber Astronomiae de l'Italien Guido Bonatti [58] notamment pour ce qui est des parts.
Le procédé des parts n'est pas exposé amplement au sein des autres manuels de l'époque en langue française.[59] Celui ci véhicule notamment cette technique chère aux astrologues arabes [60] , au demeurant dédaignée par les astrologues français du XVIIe siècle [61] et par conséquent, c'est cette conception particulière d'une astrologie des parts qui se répandra de par la fortune de ce livre, tout comme le manuel de Dariot, également traduit en anglais, avait, avant Lilly, popularisé les préceptes de l'Astrologie des Interrogations.[62]
En bref, à l'instar du manuel du médecin bourguignon et réformé Dariot, qui traite d'astrologie des interrogations mais aussi des maisons dérivées plutôt que d'astrologie judiciaire stricto sensu, celui du médecin catholique pyrénéen Ferrier est surtout un traité des parts plutôt qu'un simple exposé généthliaque au point que l'on peut se demander si un traité en bonne et due forme, sans ce que l'on pourrait appeler des déviances ou des hérésies, fut publié en France en français au XVIe siècle. laquelle sera traduite en anglais au seizième siècle mais non rééditée au siècle suivant
Dès le XIIIe siècle, circulèrent en français des manuscrits traduits de l'hébreu du Commencement de la Sapience des Signes d'Abraham Ibn Ezra.[63] Le neuvième chapitre en est consacré aux "97 sorts" [64] chiffre qui recoupe celui d'Albumasar dans le De Magnis conjunctionibus. Ibn Ezra rédigea un commentaire de son propre traité sous le nom de Livre des Fondements Astrologiques [65]
Les parts constituent un système de dérivation à partir du symbolisme de base des planètes et des maisons [66] au nombre de plus d'une centaine, en fait, il y a des parts pour chaque sujet. Pourquoi dès lors l'astrologie moderne y-a-t-elle renoncé sauf pour la "part de fortune" comme elle a d'ailleurs renoncé à toutes sortes de considérations qui truffent l'Astrologie Médiévale?
L'exposé de Ferrier sur les Parts
"Après avoir bien rangé les planettes en la dite figure vérifiée, il faut considérer la dessus certaines proportions des planètes & parties du ciel prinses de leur distances" Dans quelle mesure Ferrier suit il ou non la présentation de Guido Bonatti? En tout état de cause, Ferrier est plus concis. Il ne retient (Ch III pp 13-20) que certaines parts liées aux maisons, soit un total d'une cinquantaine, soit la moitié du nombre de 97.
Le cas de Ptolémée est le seul où Ferrier cite un auteur pour ce qui est des parts: "La partie de fortune ,de jour depuis le Soleil jusques à la Lune par l'ascendant, de nuit au contraire. Ptolomée la prend tant d e jour que de nuit depuis le Soleil jusques à la Lune" (p.14)
Au Livre III de la Tétrabible, on trouve le passage suivant (trad Bourdin): "Tant de jour que de nuit,vous tirerez la part de Fortune du nombre des degrés qui sont depuis le Soleil jusqu'à la Lune: c'est à savoir de telle sorte qu'autant que le Soleil et la Lune sont éloignés ,autant selon la succession des signes, il faut mettre d'intervalle entre l'horoscope (l'ascendant) et la part de fortune et où ce compte finira, ce degré du signe et ce lieu sera la part de Fortune. Ainsi la même position qu'a le Soleil à l'horoscope (ascendant), la Lune l'a de même à la part de Fortune et cette part de Fortune sera lunaire
Ferrier place la Pars Fortunae en Maison II à la différence de Bonatti. qui en fait la part des Luminaires sans lien avec les Parts des Maisons. Dans certains cas, Ferrier signale d'autres appellations. Ainsi précise -t-il que la partie de l'âme relevant de la Maison I est aussi la "partie du Soleil" et sa constitution est l'inverse de celle de la Lune, c'est à dire qu'elle fait appel aux deux luminaires. En revanche, Ferrier ne se réfère pas à la partie de la Lune à propos de la Part de Fortune.
On peut en tout cas se poser les questions suivantes à propos des parts chez Ptolémée. S'agit il de l'esquisse du système des parts ou au contraire d'un vestige? Ptolémée appelle cette part non point part de la Lune mais part de fortune. Pourquoi ne propose -t-il pas la part du Soleil sur le principe inverse.? Quid des parts des autres planètes dans la Tétrabible?.
Si la pars futurorum peut se placer en maison I ,en revanche, la pars fortunae n'est pas habituellement mise en relation avec la maison II. encore qu'une telle formule ne soit pas absurde: le Soleil et la maison I , la Lune et la maison II.
Sylvain Trébucq en 1914 publiera dans la revue L'Influence Astrale [67] des extraits des Jugemens, tirant ainsi de l'oubli le Toulousain, un des rares astrologues français du XVIe siècle à rester dans la mémoire collective des astrologues, aux côtés du médecin provençal juif converti Michel de Nostredame.
Ferrier aura ainsi échappé à l' oubli grâce à un certain nombre de concours de circonstance: grâce aux traductions, aux polémiques, aux compilations, aux apologies, aux citations etc Ferrier sera présent au XVIIe siècle, atteindra l'orée du XVIIIe et reparaîtra sous le Second Empire grâce à son Epître à la Reine, dans un ouvrage qui sera réédité au XXe siècle....Et la présente réédition ne fait évidemment que confirmer cette étrange postérité.
Auger Ferrier ne sera pas uniquement l'auteur de textes astrologiques, iatromathématicien c'est à dire médecin astrologue-il se fera également un nom comme médecin, après avoir été étudié à Montpellier comme Michel de Nostredame son aîné de sept ans. par delà les Alpes et la Manche. Son contemporain Dariot sera le propagateur de Paracelse en France. Ferrier, qui a approché les Grands, est en outre concerné par le droit et c'est aussi en cela qu'il s'opposera à Bodin en 1580.
Le traité astrologique du Toulousain ne passera pas en Italie mais Auger Ferrier est aussi, avons nous signalé, l'auteur dès 1548 d'un traité sur la peste et ses remèdes qui sera, quant à lui, traduit en italien, une autre sur la "maladie espagnole" Il y étudie les causes de l'épidémie de 1543 [68] qu'a bien connue Michel de Nostredame, dans ses "Remèdes préservatifs et curatifs de la peste" (BNF 8° Te30 39)
En 1619, on réédite Les causes de la peste de 1548 in Remèdes préservatifs et curatifs de peste à Paris, chez Meunier (BNF 8° Te30 39 A) Encore en 1720 -reparaissent à Toulouse les Remèdes chez Lecamus (BNF 8° Te30 39 B)
C'est très certainement cette édition française de 1619 qui aboutit à l'édition italienne de 1630: "Rimedi preservati e curativi in tempo di peste composti dali eccelente medico Oger Ferrier ,Tolosano, tradotti dalla lingua francese nell italiano, Sienne (BNF 8° Te30 40)
Ferrier franchit donc allégrement le cap du XVIIe siècle mais c'est en Angleterre qu'il parvient au milieu du dit siècle.
Dans le recueil de Nicholas Culpeper qui parait, dans les années cinquante du XVIIé siècle et qui est voué à de nombreuses éditions, la part consacrée à Auger Ferrier n'est pas négligeable bien que congrue. On y puise dans son traité des degrés critiques, quitte à changer son nom en Perrerius!
Le médecin anglais publie plusieurs éditions d'une Semeiotica qui prendra le titre d' Astrological Judgment of Diseases from the Decumbiture of the sick.[69] Au chapitre XVI du Livre II on trouve "certain observations taken out of Cardan and other expert Physitians. The first observation is from Augerius Pererius (sic)" :le texte ne couvre qu'une page.Il s'agit d'un extrait de son ouvrage sur les jours critiques paru en 1549 -le Liber de diebus decretoriis secundum pythagoricam doctrinam et astronomicam observationem Lyon Jean de Tournes (BNF 8° Td19 11)
Le passage traite de l'évolution d'une fièvre tierce. Le prognostic est essentiellement fondé, selon le principe pseudo-hippocratique lié aux aspects de la Lune lors de la décumbiture-c'est à dire lorsque la personne se met au lit (71).
Conclusion
Doit-on s'étonner de la présence de médecins astrologues du XVIe siècle dans la production du siècle suivant? On aurait pu penser que les progrès tant de l'astrologie que de la médecine sans parler de l'astronomie, auraient rendu ces ouvrages obsolètes. Voilà qui souligne donc, selon nous, le caractère assez figé de cette littérature. Le fait que des erreurs de traduction de l'anglais vers le français ou des bévues en astronomie n'aient pas été corrigées d'une édition à l'autre est également assez édifiant.
Iconographie
Première édition des Jugements de Ferrier
Édition de la République de Bodin
La première édition des Jugements, parue en 1550. Un ouvrage de jeunesse, assez mal construit, que Ferrier trente ans plus tard sera tenté de renier mais qui sera un best seller dans le genre.
Une édition de la République relevant l'opposition Mercure-Vénus dans les Jugements et comportant une Apologie, en réponse aux attaques de Ferrier.
Dernière édition des Jugements (1625)
Édition anglaise des Jugemens
La dernière édition connue, en 1625, trois quarts de siècle plus tard. Elle est contemporaine de l'Usage des Ephémérides d'Antoine de Villon et des premières publications latines de Morin de Villefranche.
A la fin du XVIe siècle, la première édition anglaise de la traduction des Jugemens, qui connaîtra d'autres éditions sous le nom de Ferrier mais aussi sous d'autres noms (John Poole) au milieu du XVIIe siècle, bouclant ainsi un siècle de présence de l'ouvrage, des deux côtés de la Manche.
Avertissement de Ferrier à Jean Bodin
Manuscrit d'Henri de Boulainvillers
Réplique de Ferrier qui avait été pris à parti par Jean Bodin dans sa République. Par une Apologie, signée René Herpin, Bodin répondra aux attaques qu'il avait suscitées. Cette Apologie figurera par la suite dans nombre d'éditions de la République, telle celle que nous reproduisons par ailleurs.
Page de titre d'un manuscrit, en date de 1717, qui ne sera pas donné à l'impression ... avant la seconde moitié du XXème siècle, d'un ouvrage d'Henri de Boulainvillers, reprenant le titre mais aussi en partie la substance et l'agencement du manuel astrologique d'Auger Ferrier de 1550.
Notes et Références
[1] Sur Finé, cf catalogue de l'exposition à la Bibliothèque sainte Geneviève. « Texte
[2] A la différence de celui de Dariot, il ne connaîtra pas d'édition latine. « Texte
[3] Sévole de Sainte Marthe, Gallorum Doctrina Illustrium Augostoriti Pictonum 1602 Dassier: Eloge historique et critique d'Auger Ferrier, médecin toulousain (1513-1588) Toulouse, 1847.. « Texte
[4] P. Brind'amour, Nostradamus, astrophile, Ottawa, 1993. « Texte
[5] J. Halbronn Le texte prophétique en France, Thèse Paris X., 1999 « Texte
[6] La Perrière publie chez le même libraire Macé Bonhomme qui en 1555 aurait fait paraître les Prophéties de Michel Nostradamus cf R. Benazra Introduction au Reprint des Prophéties (ed. Lyon 1555), Ed. Cahiers Nostradamus, 1984. La Perrière fait paraître coup sur coup:Les Considérations des Quatre Mondes (à Lyon et à Toulouse, chez Jean Perrin) en 1552, La Morosophie en 1553, Le Miroir politique en 1555. « Texte
[7] cf Desroche Dictionnaire des messianismes « Texte
[8] Ne pas confondre non plus avec Ferrero « Texte
[9] Certains ont cru qu'"Angevin" faisait partie du nom de Bodin, il s'agit bien évidemment d'une simple indication d'origine. « Texte
[10] J. Halbronn, "Les historiens des sciences face à l'activité astrologique de Kepler", Congrès National des Sociétés Savantes, Comptes rendus du 104e Congrès national des Sociétés Savantes, Bordeaux, 1979, Paris, Bibliothèque Nationale; 1979 « Texte
[11] J. Halbronn "The revealing process of translation and criticism in the History of Astrology", in Astrology Science and Society , dir. P. Curry, 1987. « Texte
[12] cf l'Apologie in Speculum Astrologiae de Junctin de Florence reprise par Antoine Villon en français en 1624, dans son Usage des Ephémérides.. Thomas d'Aquin y sert volontiers de caution. « Texte
[13] cf Le Livre des fondements astrologiques , Ed Retz, Paris, 1977 et "Le diptyque astrologique d'Abraham Ibn Ezra" dans la Revue des Etudes Juives; Vol CLV, 1997, sur la traduction de ce texte en latin. Voir aussi J. Halbronn, Le monde juif et l'astrologie, Milan, 1985.. « Texte
[14] cf Le Livre des Fondements Astrologiques, op. cit. « Texte
[15] Le même phénomène est observable à propos des almanachs et pronostications de Michel de Nostredame cf R. Benazra, Répertoire Chronologique Nostradamique, Paris, Ed. G. Trédaniel- Grande Conjonction, 1990. « Texte
[16] Ferrier aura donc précédé Michel de Nostredame dans son adresse à Catherine de Médicis. « Texte
[17] Dariot en 1557-1558 publiera un traité du même ordre en latin et en français.cf nos études sur le sujet. « Texte
[18] l'intérêt de Ferrier pour les Parts le rapproche de Bonatti auteur d'un Liber Astronomiae qui en traite,.cf la traduction anglaise de Zoller « Texte
[19] Sur les adresses à Catherine de Médicis, la première dans notre domaine semble être celle adressée par le premier traducteur français de la Sphère de Sacrobosco alors que celle ci n'était encore que Dauphine, à la fin du règne de François Ier. aussi notre Postface au Commentaire du Centiloque de Nicolas Bourdin, ùParis, Ed G. Trédaniel, 1993 . Pour les adresses de Michel de Nostredame à divers personnages cf le Répertoire Chronologique Nostradamique de R. Benazra, op. cit.. Sur Catherine de Médicis protectrice des sciences occultes cf l'ouvrage classique de E. Defrance. « Texte
[20] De la même façon, l'Epître à Henri II, époux de Catherine, figurera dans un grand nombre d'éditions des Centuries jusqu'à nos jours. « Texte
[21] L'homme rouge des Tuileries, Paris, 1863, Réédition, Paris, La Maisnie-Trédaniel 1977 « Texte
[22] cf la thèse de Jean Dupèbe Paris X, 1999, sur Mizauld, astrologue.. « Texte
[23] L'origine de ces représentations n'a pas fait l'objet de recherches approfondies. Il pourrait,selon nous, s'agir d'un reste de magie astrologique comme en témoigne Charle Sorel "L'on peut faire encore diverses figures, ,non seulement à chaque signe du Zodiaque mais à chaque degré, comme aussi à chacun des vingt huict jours de la Lune & pareillement à l'intention de chaque jour de la sepmaine, observant les heures & les moments selon qu'ils sont dediez à chaque Planète."(Secrets de l'Astrologie, Paris, 1636) « Texte
[24] Précisons que Catherine de Médicis épousa un homme qui n'était pas voué à régner et donc elle non plus, elle ne deviendra dauphine qu'à la mort de l'aîné de François Ier.Cela explique pourquoi elle sera d'abord comtesse de Dreux, fief des Orléans. La fille des Médicis n'aura donc accédé au trône de France que par accident. « Texte
[25] cf notre édition des Remarques Astrologiques de 1654 de J.B. Morin, Paris, Coll. Bibliotheca Hermetica, Ed. Retz, 1975 « Texte
[26] La présentation prétendument rustique fait songer au Kalendrier et Compost des Bergers cf notre Postface au Commentaire du Centiloque de Nicolas Bourdin opus cité « Texte
[27] 1650 - Contry Astrology, in three books, being the many years of Astrologica experiments and painful collections of John Pool ... student in Astrology and Physick. A work very useful for all such as are lovers of Astrology and do delight in the serious study of calculating Nativities, Londres, Lawrence Chapman ( British Library Londres :E 607 C 6 J) « Texte
[28] Voir notre étude sur Dariot, op. cit. « Texte
[29] cf nos observations in Collectif P. Curry Astrology science and Society, op. cit. « Texte
[30] Sur les problèmes de traduction, J. Halbronn, "Réshit Hokhmah d'Abraham Ibn Ezra. Problèmes de traduction au Moyen Age", Proceedings of the Eleventh World Congress of Jewish Studies, Jérusalem, 1994 et notre postface au Commentaire du Centiloque de N. Bourdin op. cit. « Texte
[31] On note la présence inhabituelle en anglais de l'adjectif après le nom. « Texte
[32] la terminologie anglaise moderne a conservé en partie une telle empreinte « Texte
[33] cf notre travail sur le Commencement de la Sapience des Signes d'Abraham Ibn Ezra, Paris, Retz, 1977 « Texte
[34] J. Halbronn, "Réshit Hokhmah d'Abraham Ibn Ezra. Problèmes de traduction au Moyen Age" op. cit. « Texte
[35] J. Halbronn, "The revealing process etc", op. cit. « Texte
[36] Chaque planète correspond à une certaine longévité qui peut varier selon les configurations. Ferrier en fournir le tableau cf nos études sur Abraham Ibn Ezra. « Texte
[37] Le signe spécifique de la conjonction n'a pas été repris par le traducteur qui utilise le mot en toutes lettres « Texte
[38] "Chapman's Amorous Zodiake" in Modern Philology 1905 et French Influence in Renaissance England p.465 « Texte
[39] Le poème français était paru d'abord anonymement puis en 1594 sous le nom de son auteur. « Texte
[40] cf notre étude in La Vie Astrologique il y a cent ans, Paris, Ed Trédaniel, 1992 « Texte
[41] cf H. Guinard (Grindau-Ghânir) "Apogée de l'astrologie française à la fin du XVIIè siècle" in Revue Astralis, 19, Lyon, 1987 « Texte
[42] cf notre C.A.T.A.F., (Catalogue Alphabétique des Textes Astrologiques Français) « Texte
[43] cf l'édition partielle aux Cahiers Astrologiques. « Texte
[44] cf notre thèse Le texte prophétique opus cité « Texte
[45] cf notre postface au commentaire du Centiloque opus cité « Texte
[46] date de la première édition « Texte
[47] cf La Vie Astrologique Années Trente Cinquante, Paris, Ed Trédaniel, 1995. « Texte
[48] D'où les deux volumes .Ceux qui ont l'habitude de travailler avec d'autres éphémérides n'acquerront que l'Explication. C'est par erreur apparemment que figure au catalogue des imprimés de la BNF une édition du même libraire, J. Kerver, pour 1616 (Res pV 788(2) « Texte
[49] J. Halbronn, "La fortune de l'Introductio de Claude Dariot", op. cit. « Texte
[50] cf notre étude in postface au Commentaire du Centiloque de Bourdin opus cité « Texte
[51] Reed. Ed du Nouvel Humanisme, Garches, 1947 « Texte
[52] Cet intérêt pour Ferrier est d'autant plus insolite que les manuels ne manquaient pas à la fin du XVIIe siècle, tels l'Uranie d'Eustache Lenoble mais aussi d'autres plus faciles d'accès cf notre postface au Commentaire du Centiloque de Ptolémée, op. cit. « Texte
[53] L'édition moderne de la Pratique Abrégée écrit "astrologue parisien" au lieu de "prussien" p.329. « Texte
[54] Voir l'édition de la FDAF du traité de Placidus. « Texte
[55] traduction latine de la ville de Koenigsberg. Il ne s'agit pas cependant de la ville de Kant.devenue Kaliningrad en Prusse Orientale.cf Zinner . « Texte
[56] Kelway traduit par "burner", celui qui brûle! « Texte
[57] Le terme alfridaire est aussi répandu. « Texte
[58] La Bib. Arsenal en conserve une traduction française manuscrite. Une impression latine du traité de Bonatti parait en cette même année 1550 à Bâle: De astronomia tractatus X universum quod ad judiciarium rationem Nativitatum Aeris, tempestatum, attinet comprehendetes, Pars IV, pp 626 et seq ( BNF V 1897) J. Halbronn, "L'itinèraire astrologique de trois Italiens du XIIIe siècle: Pietro d'Abano, Guido Bonatti, Thomas d'Aquin", L'Homme et son univers au Moyen Age, VIIe Congrès international de philosophie médiévale, 1982, Louvain, 1986. « Texte
[59] cf un bref exposé in Oronce Finé avec sa Brieve & isagogique introduction sur la Judiciaire Astrologie de 1551 « Texte
[60] cf Robert Zoller The lost key to Prediction. The arabic parts in Astrology. ITI New York, 1980 . Zoller semble ignorer que Ferrier tant en français qu'en anglais a répandu le système des parts. Trad. Française de Zoller. « Texte
[61] cf le traité latin de Campanella, Astrologia, Lyon, 1629-1630, hostile aux inventions des Arabes. Morin traite des parts au Livre 22 de son ouvrage posthume, l'Astrologia Gallica, La Haye, 1661 « Texte
[62] La formule Astrologie "horaire" prête à confusion car elle évoque la technique des heures planétaires laquelle ne se fonde pas sur les positions astronomiques des planètes. « Texte
[63] cf "Réshit Hokhmah d'Abraham Ibn Ezra: problèmes de traduction au Moyen Age" Proceedings of the Eleventh World Congress of Jewish studies Jérusalem 1994 « Texte
[64] Zoller ignore les chapitres de l'auteur juif espagnol sur la question des parts. « Texte
[65] cf art Revue des Etudes Juives, op. cit.. Pour une traduction de la version courte, The Book of Reasons trad. Meira B. Epstein Edit. Robert Hand Project Hindsight Hebrew track, Vol. I, The Golden Hind Press, Berkeley Springs 1994, pp. 59-65 cf . notre traduction de l'hébreu en français, Le Livre des Fondements Astrologiques, op. cit.,.pp 199 et seq et pp.288 et seq « Texte
[66] Entre autres parts, l'on dispose des parts des planètes et des parts des maisons. « Texte
[67] Bib Arsenal Fonds Lambert. La Grande Guerre en interrompra la publication « Texte
[68] cf Dassier, Eloge historique, opus cité « Texte
[69] On connaît une autre édition italienne avec Argenterio - Rimedi piu veri et approvati à Milan chez Battista Cerri BNF 8° Te30 154. Reed American Federation of Astrology c 1959. J. Halbronn, "Le manuscrit 7321A de la Bibliothèque Nationale de France et les traductions française ptolémaïques et hippocratiques", Bulletin de Philosophie Médiévale, n?, Louvain la Neuve. "La résurgence du savoir astrologique au sein des textes alchimiques dans la France du XVIIe siècle", Actes du Colloque Aspects de l'Alchimie au XVIIe siècle, Dir F. Greiner, Université de Reims, 1998. « Texte
Référence de la page :
Jacques Halbronn : La fortune d'un manuel d'astrologie:
Les Jugements Astronomiques sur les Nativités d'Auger Ferrier
http://cura.free.fr/decem/10halbr3.html
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jacques Halbronn La prévision par les cycles planétaires: détermination de dates précises ou de phases?
La prévision par les cycles planétaires: détermination de dates précises ou de phases ?
Par Jacques Halbronn
Peut-on fixer avec précision l'occurrence d'un événement en Astrologie ? La tentation est grande, quand un événement « terrestre » tombe sur une configuration céleste remarquable astrologiquement de faire la liaison entre ces deux plans. Cela peut sembler moins probant quand on parle de phases de plusieurs années ou même de corrélations avec ce que les astrologues appellent une « orbe ». Autant, la notion d'orbe est-elle admise pour l'interprétation d'un thème astral, au regard d'une certaine idée de l'astropsychologie, autant, cela semble faire problème quant à l'explication astrologique d'un événement. C'est notamment le cas quand l'astrologue se sert d'un riche clavier de facteurs planétaires car si on attend un peu, on risque fort de rencontrer d'autres configurations. Autrement dit, plus il y a de planètes dont on se sert, plus il faudrait des orbes étroites, c'est ce que nous explique placidement Roger Héquet avec son ACB (Astrochronobiologie) En revanche, si l'on se sert d'un faible nombre de facteurs, le recours à des orbes importantes devrait aller de soi. Quid de la conjonction Saturne-Neptune, dont traite volontiers André Barbault ? De deux choses l'une, soit il n'utilise que ce cycle pour une application bien circonscrite -comme le destin de la Russie dans son cas -, soit il panachera avec d'autres facteurs planétaires qui viendront « croiser » la route du dit cycle. A vrai dire, Barbault, à notre connaissance, ne s'en est pas vraiment expliqué. Il ressort cependant que Barbault préfére s'en tenir à un seul cycle pour un seul domaine car il n'apprécie que moyennement les mélanges.
Cela dit, si l'on admet cette approche restreinte, la question qui va se poser est celle du découpage du cycle Saturne-Neptune à partir notamment des aspects de Saturne à Neptune, Saturne étant nettement plus rapide que Neptune dans un rapport de 29 ans à 165 ans , soit environ 5 fois plus rapide. Quel schéma doit donc s'appliquer pour appréhender ce cycle de 36 ans ? Combien d'aspects doivent entrer en jeu à partir de Saturne, puisque l'on ne considère pas les aspects émanant d'autres planètes.Il semble que Barbault ait accordé une certaine importance à l'aspect d'opposition qu'll aura notamment incorporé dans son ouvrage La crise mondiale 1965 (Albin Michel 1964). Mais en 1973, dans le Pronostic Expérimental en Astrologie (Payot), il semble prendre ses distances avec cet aspect d'opposition qui n'aura pas trop bien « marché » 18 ans après la conjonction de 1953 et il n'y reviendra pas pour l'opposition se produisant 18 ans après 1989.
Mais le probléme qui se pose est le suivant : quid des phases propres au cycle Saturne Neptune en particulier à tout cycle en général. Il semble que Barbault ait proposé une progression au fil des aspects successifs dans certains de ses travaux. Yves Lenoble rappelle (La découverte de l'astrologie mondiale par les cycles)
qu' » André Barbault étudie non seulement les conjonctions mais également les oppositions, ainsi que deux aspects positifs (les sextiles et les trigones) et trois aspects négatifs (les carrés, les semi-carrés et les sesqui-carrés), ce qui multiplie par six le nombre de périodes à analyser. » Ot,il ne semble pas que dans le cas du cycle Saturne- Neptune, Barbault, au bout du compte, ait considéré aucun aspect en dehors de la conjonction. Tout se passe comme s'il n'y avait qu'un aspect déterminant, la Conjonction et l'année lui correspondant ce qui conduit d'ailleurs Lenoble à prendre rendez-vous 36 ans après 1989, en 2025 !
Voilà donc qu'émerge, de façon quelque peu empirique, une certaine idée du cycle planétaire avec un seul aspect et une seule date alors même que le fait de ne considérer qu'un seul cycle aurait du laisser du temps au temps, contrairement à ce qui se passe quand on a affaire à une pluralité de cycles ; Autrement dit, les aspects au sein du cycle des planètes qui le constituent remplaceraient ainsi les aspects d'autres planétes. Et dans ce cas, l'on devrait pouvoir découper le cycle en question en un certain nombre de phases. Le problème c'est que la notion de phase englobe , pour la majorité des cycles, plusieurs années. Rappelons que ni Mercure, ni Vénus, ni le Soleil ne peuvent être en opposition entre eux.(à cause des élongations plafonnées). Quid donc des phases déclinant le cycle Saturne-Neptune? Il semble que Barbault ait rencontré là quelque dilemme ! En effet, son intérêt pour le cycle Saturne-Neptune aura été nourri par les dates où les conjonctions se sont produites, ce qui évidemment comporte un côté mathématique séduisant !
Mais passons à l'autre cheval de bataille d'André Barbault à savoir l'indice cyclique(cf les astres et l'Histoire, Pauvert, 1967). On n'est pas dans la même situation, apparemment, que pour Saturne-Neptune puisque cette fois il y a cinq planètes en présence pouvant se combiner diversement les unes avec les autres. Mais Barbault parvient à en tirer un seul et unique graphique avec comme probléme, c'est que ce graphique n'obéit pas à une sinusoide régulière comme dans le cas de Saturne- Neptune et qu'il est donc bien difficile de le structurer en phases. Et pourtant, Barbault parvient à établir une dualité, selon que la courbe monte ou descend selon des critères qui peuvent surprendre, notamment quant au statut de l'aspect d'opposition assimilé grosso modo au carré et au trigone, soit des aspects qui font « remonter » la courbe ! On voit que là encore, les règles du jeu ont quelque peu changé et notamment que l'opposition fait remonter la courbe face à la conjonction qui la fait plonger. Mais à ce prix là, l'on obtient bien une dualité de significations – la courbe monte ou descend- dont on n'avait pas vraiment bénéficié pour le cycle Saturne-Neptune, privé de l'aspect d'opposition, mis aux abonnés absents. Barbault pointera les années 1982-83 sur la base de son indice cyclique, c'est à dire au moment d'un maximum de conjonctions entres les 5 planètes dont il se sert.
Il nous apparaît donc que Barbault aura opté pour une certaine précision dans la prévision au lieu de ne considérer une configuration que comme le point de départ d'une phase s'étendant jusqu'à la configuration suivante déterminée par quelque aspect. Mais le problème, c'est que l'on en arrive à ne considérer qe la conjonction alors qu'un cycle devrait comporte au moins deux phases se partageant le dit cycle. Dès lors, force est de constater que Barbault nous propose une théorie cyclique minimaliste avec une dualité qui comporterait d'un côté la conjonction et de l'autre une sorte de « vacuum » dès lors que la dite conjonction se défait, se dénoue. Ce qui vaudrait aussi bien pour l'indice cyclique que pour le cycle Saturne- Neptune. Une astrologie que l'on pourrait qualifier de « conjonctionelle » centrée sur le moment de la conjonction, avec une sorte d'éclipse de l'aspect d'opposition qui ne se distingue plus de la masse des autres aspects.
Exposons, à présent, par souci de comparaison, la démarche cyclique de l'Astrologie Relativiste qui est une astrologie tout à fait minimale, qui n'a donc pas à craindre de recourir à des orbes importantes puisqu'il n'y a pas de pléthore, d'inflation planétaire. Pour nous, une phase est une phase et elle a ses limites à savor de la conjonction au carré (montant), puis du carré à l'opposition, de l'opposition au carré (descendant) et de ce carré à la conjonction. Cela correspond uniquement à deux cas de figure : celle du début du cycle l'axe des quadratures et celle du milieu du cycle- l'axe conjonction-opposition. Comme nous nous servons seulement de la planéte Jupiter en aspect avec la position du soleil natal, chaque temps est de trois ans soit un quart du temps de révolution sidérale de la dite planète. L'axe des quadratures (dit ASQ, Axe stellaire des quadratures) est le point de départ et non la conjonction comme l'a souvent indiqué Barbault et ceux qui l'ont suivi comme Yves Lenoble. On est là en correspondance avec les deux équinoxes. L'axe conjonction-opposition est en analogie avec les solstices, dont l'étymologie indique l'arrêt, comme dans armistice. La conjonction de Jupiter avec le soleil natal (ou si l'on préfère l'étoile fixe natale correspondante, cf William J. Tucher et sa « birthstar ») enclenche une période terminale de confirmation , de décantation et de sélection des matériaux rassemblés en période de quadrature, comme un sculpteur face à un bloc de matière. Il ne s'agit donc pas, on l'aura compris, de deux dates séparées par une sorte de noman's land mais de deux phases se relayant. On retrouve le dilemme méthodologique de la prévision astrologique : date ou phase ? La prévision axée sur les dates a l'avantage de la précision, ce que le public apprécie mais elle ne correspond pas selon nous à l'esprit de l'astrologie cyclique. Quant à la prévision de phases, elle n'est pas possible, on l'a dit, si l'on utilise un grand nombre de facteurs, mais elle fait sens dans une approche minimaliste où l'astrologue ne sera pas soupçonné de sortir de son chapeau ou de sa manche de nouvelles données comme lorsque Lenoble nous explique que Barbault « avait minimisé l’importance du sextile Neptune-Pluton » pour son indice cyclique. ! Argument étrange puisque l'indice cyclique intègre par définition un tel aspect dans son graphe.
Pour nous, l'astrologie est un outil pour les acteurs et non pour les spectateurs, ce qu'elle a dû être à l'origine et il faut donner du temps au temps pour conduire une action et cela passe par la notion de phase. En revanche, le spectateur juge sur les résultats et non sur les moyens et il ne retiendra que des dates, comme un « inspecteur des travaux finis » ; Comme l'astrologie a longtemps été marginalisée, il était fatal qu'elle adopte le point de vue du profane qui ne connait pas le travail en amont, dans les coulisses. Cela fait penser à la « culture d'opposition » des partis qui ne sont pas au pouvoir. Mais pour que l'astrologie sorte d'un état, il importe qu'elle change de stratégie. Il ne s'agit pas non plus que l'astrologie flirte avec l'Histoire qui s'écrit après coup comme si les choses devaient inévitablement avoit lieu comme cela se produisit. Comme son nom l'indique, l'astrologie relativiste ne saurait ignorer des facteurs de dernière minute pouvant tout faire basculer à commencer par le choix du leader en place dont le soleil ne sera pas aspecté comme celui d'un autre leader possible. Ce qui rend ipso facto inconcevable tout pronostic à long terme, ce qui est le cas pour la conjonction Saturne-Neptune de 1989 dont il était totalement impossible astrologiquement de prévoir les effets, des décennies à l'avance, selon l'équation des protagonistes non pas célestes mais terrestres !
JHB
26 03 21.
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