jeudi 22 juillet 2021

Jacques Halbronn Le casse tête de la chronologie nostradamique

Le casse tête de la chronologie nostrada-mique Par Jacques Halbronn Ceux qui s’aventurent dans le labyrinthe des éditions centuriques s’exposent à ré-véler leurs limitations intellectuelles. La plupart de ceux qui se risquent à une telle entreprise risquent fort de se couvrir de ri-dicule et de faire apparaitre cruellement leurs limitations et leur manque d’autonomie mentale. La postérité ne manquera certainement pas de se gausser de l’ impuissance de toute une génération condamnée à entériner les manœuvres d’un milieu de libraires qui les ménent par le bout du nez et qui doivent bien s’amuser s’ils les voient s’accrocher à des leurres qu’on leur aura tendus Le cas de l’édition Antoine du Rosne 1557 est un véritable pont aux ânes et c’est en fait tout un milieu qui risque de ne pas se relever d’une sorte de consensus (ou d’omerta) dans l’erreur. N’importe quel chercheur digne de ce nom ne saurait ignorer que l’édition 1557 a été produite après l’édition 1561, comme d’ailleurs le pressentait Robert Benazra, dès 1990 (RCN). Les 39 article ajoutés à la « dernière » cen-turie visent à l’évidence un appendice qui deviendra par la suite connu sous le nom de « septième centurie ». En fait, il se pourrait que ce soient les auteurs du second volet débutant avec une huitiéme centurie qui auraient entériné une telle appellation de septième centurie, tant il est vrai que nous étions en présence d’un ensemble de six centuries et d’un autre de trois centuries mais l’idée de « miliade » aura conduit à proposer au final dix centuries. Mais ce subterfuge n’était en fait que la suite d’un premier subterfuge sans lequel on n’en saisit pas bien la portée. C’est tout le probléme de cette « génante » édition à 4 centuries (Macé Bonhome) qui constitue un précédent puisque déjà une addition à une troisiéme centurie – et l’on n’a pas retrouvé l’édition princeps à 3 cen-turies – était devenue par la suite une Cen-turie IV tout comme on a vu pour la centu-rie VII. Mais cette centurie IV aurait du apparaitre comme une addition à l’instar des 39 ar-ticles qui donneront ensuite une Centurie VII. Or, l’on n’a pas trace non plus d’une édition annonçant une addition de 53 qua-trains à la dernière centurie du premier en-semble de trois centuries. Autrement dit, il nous manque deux stades : -le stade des 3 centuries - le stade de l’addition à la dernière centu-ries, la IIIe. Et avec l’édition Macé Bonhomme, on en est à un stade ultérieur – ce que ne signalent ni Benazra, ni Brind’amour, ni Gérard Morisse dans leurs éditions respectives de la dite édition. Ce stade d’une centurie appelée quatrième alors même qu’elle ne comporte pas le nombre de quatrains requis est assez étrange, à vrai dire d’autant que dans les éditions 1557, cette anomalie est corrigée avec une centurie IV « compléte » suivie de deux autres Centuries, ce qui donne un tout de six centuries dont on n’a pas d’exemplaire mais dont la présence du quatrain latin à la fin de la Centurie VI témoigne amplement. Et à nouveau le scé-nario d’une addition de quatrains se pré-sente mais cette fois la centurie VII ne sera pas complétée dans l’éditions 1568 à dix centuries si bien que l’on se trouve au final avec deux centuries en souffrance, la quatrième dans le cas de l’édition Macé Bonhomme et la septième dans le cas de l’édition Antoine du Rosne. On peut donc se demander quelle est la véritable portée de l’édition Macé Bon-homme à 4 centuries si ce n’est que l’on nous signale une édition 1588 chez Raphael du Petit Val, à Rouen portant en son titre ‘quatre centuries ». Malheureusement, cet exemplaire est manquant et l’on ne sait même pas si les quatrains étaient numérotés au vu des descriptions qui nous en sont parvenus (cf Daniel Ruzo Testament de Nostradamus, Rocher, 1982) A suivre . JHB 22 07 21

Jacques Halbronn Les éditions 1557 sont postérieures aux éditions 156...

Jacques Halbronn Nostradamus et les fausses chronologies des édition...

Jacques halbronn L'obscurantisme face à la critique nostradamique (version augmentée)

L'obscurantisme face à la critique nostradamique L'inversion de la controverse et l'Entre soi apologétique autour des Centuries « nostradamiques » Nous assistons à un renversement des situations : celui qui crée la controverse deviendrait celui qui est controversé. On pense à un commentaire d'Hervé Drévillon, co auteur avec Pierre Lagrange en 2003 chez Gallimard— d'un Nostradamus, L'éternel retour. à propos de notre ouvrage paru l'année précédente sur Nostradamus (ed. Ramkat), Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus. Il signale que notre travail est « controversé ». Or, comment une controverse pourrait-elle ne pas l'être du point de vue de ceux dont les positions font l'objet d'une critique ? On assiste donc à une stratégie consistant à présenter les thèses critiques comme celles qui feraient l'objet de ….critiques ! Or, selon nous, c'est la défense du statu quo qui serait en principe vouée à la critique, en ce qu'elle est le fait du plus grand nombre qui se trouve ainsi déstabilisé et dont le consensus serait menacé. Comment en est-on arrivé à inverser ainsi les rôles ? Celui qui attaque ne défend pas un certain ordre social, il est forcément isolé, en tout cas minoritaire, marginal, du moins dans un premier temps ; Comment ne serait-il pas ipso facto « controversé » par les tenants d'une certaine doxa ? C'est donc bien le qualificatif de «controversé » qui nous apparaît comme impropre dans le propos de Drévillon et Lagrange.. Mais quelle jubilation dans une telle posture de leur part ! On rencontre ce même exercice rhétorique chez un Patrice Guinard 1 qui n'hésite pas à traiter notre approche de « canular » ou de "travaux iconoclastes et facétieux ». et de parler de « misère » et de « chagrin » à propos de la démarche critique d 'un certain nombre d'auteurs qu'il entend clouer au pilori. C'est la paille et la poutre quand on sait les gesticulations obligées pour déclarer qu'il n'y a rien à signaler (RAS), pas de quoi s'inquiéter, que tout est sous contrôle que tout va très bien, Madame La Marquise. Politique de l'autruche qui se satisfait du qualificatif de « controversé » face à un certain questionnement. En fait, on assiste à une forme d'inertie, de résistance jusqu'à « nouvel ordre « comme s'il fallait tenir la position « intenable » le plus longtemps possible. Ecoutons Patrice Guinard : « Chagrin de la Recherche Académique et Universitaire sur Nostradamus de Salon de CRAU : hormis les études du CURA, il faut chercher péniblement dans les revues, comptes-rendus et actes de colloques spécialisés, ou douteusement prétendus tels pour les études nostradamiennes, de rarissimes articles susceptibles de contenir quelque information substantielle concernant Nostradamus. Quatre siècles après les ouvrages de Chavigny, secrétaire de Nostradamus entre 1561 et 1566 sous le nom de Jean de Chevigny, la situation n'a guère évolué. Mis à part les essais de Pierre Brind'Amour, décédé en janvier 1995, et qui a obtenu une aide au Canada pour entreprendre son ouvrage de 1993, la recherche vivante se développe principalement chez des passionnés, à l'écart des institutions culturelles. Force est de constater qu'elle continue de proliférer en dehors des cercles académiques, dans l'édition dite populaire et maintenant sur internet. De pseudo-spécialistes et des fonctionnaires patentés et rétribués par les institutions culturelles étatiques, que ce soit en France ou à l'étranger, sont parfois commandités par des éditeurs et responsables de collection pour couvrir un sujet pour lequel ils n'ont pas la connaissance requise. C'est ainsi qu'on découvre avec une certaine stupéfaction des erreurs, des contre-vérités, des problématiques et des propos désuets dans les articles les plus récents. J'en étudierai quelques uns pour la période 2001-2006 (plus un article de 2012 rajouté et analysé le 29 Septembre 2013). 2 Comment y voir clair dans une telle polémique ? Nous dirons que certains milieux sont particulièrement frappés par un tel « renversement » alors que ce n'est guère le cas dans d'autres. Dans notre jargon, nous dirons que dans un cas, c'est la domination des Saturniens et dans l'autre, celle des Jupitériens. Quand les Saturniens l'emportent, le critique est celui qui est « controversé » alors que quand les Jupitériens l'emportent, ce sont les tenants du statu quo qui sont mis collectivement sur la sellette. On se rend bien compte que dans le domaine du religieux, des traditions (dont l'astrologie), de la pratique de la langue, Saturne aura l'avantage mais que dans le champ proprement « scientifique », un chercheur pourra l'emporter « contre tous » et imposer à terme sa « solution ». Le Saturnien se reconnaitra au fait que ses « critiques » visent... les critiques.Il est sur la défensive.(cf André Barbault et sa Défense et Illustration de l'Astrologie, Grasset, 1955) et ce n'est que par des nuances, des ravalements de façade, qu'il se distinguera des autres membres de la corporation, alors que dans l'ensemble, rien n'aura été ébranlé de fondamental, on reste dans le même moule et dans l'interchangeable. Dans le champ nostradamique qui nous sert ici d'exemple, l'on observera que le Saturnien aboutira, au bout du compte, à conserver et à préserver le corpus tel qu'il se présente, à savoir notamment les dates de publication qu'il prend pour argent comptant. Comme on dit, on ne va quand même pas réinventer la brouette. Les choses resteront, en gros, en l 'état quitte à greffer par dessus quelque commentaire pour donner le change et l'illusion du progrès...En vérité, le Saturnien n'a pas assez confiance en ses propres forces intellectuelles pour aller au delà d'un certain seuil, qui le mettrait en décalage avec les données généralement établies et véhiculées. Courageux mais pas téméraire. En ce sens, en effet, le Saturnien ne risquera pas d'être qualifié de « controversé », c'est à dire de non-consensuel. Évidemment, il en sera tout autrement avec le Jupitérien qui sera dans la déconstruction et conduira à un changement de paradigme. Or, il nous apparaît que les domaines où Saturne occupe le haut du pavé ont tendance à se scléroser et finalement ne parviennent pas à attirer les éléments les plus doués. Tout se paie. Si l'on reprend le dialogue de Dieu avec Abraham au sujet de Sodome qui ne pourrait être sauvée de la rage divine que si l'on trouve en cette ville un minimum de « Justes », nous dirons qu'une société qui n'accepte pas en son soin la vraie « controverse » propre à une poignée de Jupitériens est vouée à dépérir et à se corrompre. En effet, les deux protagonistes ont besoin l'un de l'autre car le jupitérien n'est pas censé vivre avec des Jupitériens mais dans une « diaspora » en milieu saturnien. Il y a là un dilemme : soit l'on va tenter de rendre compte de certaines bizarreries du corpus considéré, au prix d'une lecture qui n'a que le mérite de la préservation en l'état du dit corpus- on pense aux propos embarrassés d'un Robert Benazra quant à la chronologie des éditions centuriques entre 1555 et 1594 (Répertoire Chronologique Nostradamique, Paris, Trédaniel La Grande Conjonction, préface de Jean Céard, 1990), soit l'on est contraint de faire le tri entre les vraies et les fausses éditions, en ne démarrant cette chronologie qu'au milieu des années 1580, ce qui précédé n'étant que des contrefaçons antidatées.. Et l'on en revient au débat sur qui fait l'objet de « controverses », celui qui défend une chronologie « factuelle », produite par les libraires de l'époque, ou celui qui dénonce et défait une production contrefaite. Contrefaçon ou Controverse, that is the question.. Mais venons -en à l'ouvrage co(écrit à 4 mains par Hervé Drévillon et Jean-Piere Lagrange, chez Gallimard et voyons si le dit ouvrage ne préte pas le flanc à la critique. Examinons pour commencer leur narratif des premières éditions (pp.18 et seq) : « En 1555, il ( Nostradamus) publie à Lyon, chez Macé Bonhomme, son premier recueil de « centuries » (..) Il contient trois centuries complètes et 53 quatrains de la quatrième. Progressivement, entre 1557 et 1558 de nouvelles éditions portent le nombre des centuries à dix (..) Le succès des Prophéties fut favorisé par l'interêt manifesté par le couple royal Henri II et Catherine de Médicis.Au cours de l'Eté 1555, peu de temps après la première édition de ses centuries. (…) Trois ans plus tard l'édition contenant l'ultime livraison des quatrains prophétiques et assortie d'une épitre dédiée à Henri II où Nostradamus évoque son voyage à la Cour, ce moment où, écrit-il « mes yeux furent si proches de votre « splendeur solaire » On note pour commencer l'absence du moindre doute sur cette édition- « controversée » justement - alors qu'il eut fallu au minimum signaler les arguments à ce propos, quitte à les réfuter.Donc on voit que lorsque l'on conteste une certaine version, on catégorise l'objection comme « controversée » alors qu'elle serait « controversante ». Les auteurs nous fournissent un luxe de détails sur le nombre de la dite édition comme si cela pouvait renforcer son authenticité. Ils ne signalent pas l'édition crique (posthume) de 1996 par Pierre Brind'amour, chez Droz, de la dite édition ! Les auteurs nous racontent à leur manière la succession des éditions « entre 1557 et 1558 » alors que l'on ne connait que celle de 1568 pour une édition (posthume) à 10 centuries, comprenant l'Epitre à Henri II, certes datée de 1558. Autrement dit, les auteurs ont supposé qu'il y avait eu une édition à cette date, ce qui n'est nullement attesté. Cela leur permettait d'associer l'Epitre au Roi avec sa mort, l'année suivante 1559 et il est vrai que si cette Epitre n'était parue qu'en 1568, cela aurait fait un peu désordre. Ils oublient, malgré leur référence, dans la bibliographie, à notre publication alors très récente de 2002 , qu'était parue une telle épitre adressé au dit souvertain en tête des Présages Merveilleux pour 1557(en partie reproduite en fac simile dans le Testament de Nostradamus, Ed du Rocher 1982, pourtant recensé dans leur bibliographie et intégralement dans notre publication de 2002 , celle dont on nous dit que ses thèses sont « controversées ». A ce propos, nos auteurs semblent ignorer l'existence de notre thèse d'Etat (Paris X, 1999 sous la direction de Jean Céard) qui comporte un important développement sur les Centuries. Ils ne signalent pas davantage notre communication aux Journées Verdun Saulnier de 1997 sur la parution d'éditions des Centuries sous la Ligue et l'influence des événements sur la rédaction de tel quatrain de la Ive centurie figurant étrangement dans la dite édition de 1555 !.), “Les prophéties et la Ligue”, Colloque Prophètes et prophéties au XVIe siècle, Cahiers V. L. Saulnier, 15, Paris, Presses de l'Ecole Normale Supérieure. En fait, toute la question tient au décalage entre le scénario d'éditions des dix centuries du vivant de Nostradamus,, celui d'une édition posthume au lendemain de sa mort en 1566 et celui de premières éditions dans le cours des années 1580. Nos auteurs imposent ipso facto le premier scénario, sans autre forme de procès qui n'est d'ailleurs défendu par à peu près personne de nos jours., le deuxiéme étant le plus souvent adopté. Passons à présent à une autre particularité du travail de Drévillon et Lagrange, à savoir l'instrumentalisation de Ronsard comme témoin précieux de la production centurique. Nous les citons : En 1560 , dans l »élégie à Guillaume des Autelz, Ronsard témoigne de la renommée acquise par Nostradamus. « Comme un oracla antique, il a dès mainte année/Prédit la plus grande part de notre destinée (…) Notre prince au milieu de ses plaisirs est mort « Ronsard associe la renommée de Nostradamus à la mort d'Henri II survenue en 1559 à l' occasion d'un tournoi (..) La postérité a retenu un quatrain (I, 35) qui semble avoir prédit ce funeste événément dans la première centurie publiée en 1555 » Toujours dans l'idée que Nostradamus avait prédit la mort d'Henri II, ce qui fait partie de sa légende dorée (cf notre récente étude sur SCRIBD sur ce thème). Le probléme, c'est que le texte de Ronsard présenté a été tronqué par les auteurs et nous en restituons l'intégralité. On a carrément supprimé la référence à une cométe ! « D'un sceptre si gaillard, en a monstré le signe : 190Depuis un an entier n'a cessé de pleurer : On a veu la comette ardente demeurer Droict sur nostre pais : & du ciel descendante Tomber à Sainct Germain une collonne ardente : Nostre Prince au meillieu de ses plaisirs est mort « Les auteurs semblent ignorer l'impact des cométes dans le champ prophétique bien que Drévillon, dans sa thèse (1993) se réfère aux Pensées sur la cométe de Pierre Bayle (cf notre bibliographie sur le sujet), “Les variations d'impact des “comètes” en France. Etude bibliographique (fin XVe - fin XVIIIe siècles)”, in Actes du Colloque La comète de Halley et l'influence sociale et politique des astres, Bayeux Ce sujet des cométes au XVIe siècle a été documenté par Isabelle Pantin dans sa poésie du ciel en France dans la seconde moitié du seizième siècle.par Isabelle Pantin. Droz, 1995 (page 477)– et il est attesté que la mort d'Henri II s'expliquait par le passage d' une cométe. Michel Plaisance ( La cométe de 1577 dans le ciel de la poésie burlesque/Un madrigal retrouvé d'Antonio Francesco Grazzini) revient sur une cométe de 1557 : « À propos de la comète de 1557 qu’il rattache au signe du Scorpion, (Junctin) constate qu’elle annonçait la mort de Henri II, roi de France et époux de Catherine de Médicis, car «en sa nati-vité le signe du Scorpion se trouva en la huictième maison du ciel» (p. 10). Giuntini qui cherche toujours à concilier religion et astrologie pré-cise que c’est Dieu qui nous avertit par l’intermédiaire des comètes » Signalons que Benazra, dans son RCN (p. 47) fournit également un texte tronqué de l'Elégie de Ronsard et arrête sa citation avant le développement sur la cométe. –(Ronsard ne témoigne donc nullement d’une prophétie de Nostradamus sur la mort du Roi laquelle mort sera commentée par plusieurs auteurs de l’époque, mettant en avant le rôle de la Cométe ( cf Patrice Guinard , « Ronsard, lecteur de Nostradamus » -Corpus Nostradamus 96) Nos deux auteurs sont plus royalistes que le roi en poussant encore plus loin que les nostradamologues leur démonstration ! Cette absence de référence à la cométe semble pouvoir s’expliquer par le fait que Chavigny, dans le Janus François, ne fournit pas le texte complet (Au lecteur, p. 19) "France, de ton malheur tu es cause en partie, Je ten ay par mes vers mille fois adverty, Voila comme de tiens tu fais bien peu de conte, Dont tu devrais au front toute rougir de honte. Tu te mocques aussi des Profetes que Dieu Choisit en tes enfans, & les fait au meillieu De ton sein apparoistre, à fin de te predire Ton malheur advenir, mais tu n’en faire que rire. Ou soit que du grand Dieu l’immense eternité Ait de Nostradamus l’enthousiasme excité, Ou soit que le daimon bon ou mauvais l’agite, Ou soit que de nature il ayt l’ame subite, Et outre le mortel, s’eslance jusques au cieulx, Et de lan nous redit des faicts prodigieux, Ou soit que son esprit sombre & melancolicque D’humeurs grases repeu, le rendent fantastique, Bref, il est ce qu’il est, si est ce toutes fois Que par les mots douteux de sa prophete voix, Comme un oracle anticque, il a des mainte annee Predit la plus grand part de nostre destinee. Il ne l’eusse pas creu, si le ciel qui depart Bien & mal aux humains, n’eust esté de sa part..." Le passage suivant n’y est point mentionné en lien avec la mort de François II et il semble que certains auteurs s’en soient tenus à la version proposée dans le Janus Gallicus On a veu la comette ardente demeurer Droict sur nostre pays : & du ciel descendante Tomber à sainct Germain une collonne ardente. Nostre Prince au meillieu de ses plaisirs est mort" En réalité, Ronsard se référe aux almanachs et pronostications de Nostradamus dans son texte et non aux Centuries et d'ailleurs, nos auteurs n'écrivent-ils pas que « les présages contenus dans les almanachs constituent la matrice à partir de laquelle Nostradamus a composé ses Prophéties » (p. 23) ?Comme un oracle antique, il a dès mainte année/Prédit la plus grande part de notre destinée « . En fait, la réputation de Nostradamus, du moins de son vivant, relevait de sa production astrologique annuelle et non de ses « centuries ». Cela vaut d'ailleurs pour la Préface à César dont la mouture en tête des premières centuries est probablement calquée sur une préface ayant réllement figuré en tête de l'un de ses almanachs -(cf nos travaix sur le passage d'un Nostradamus premier à un Nostradamus bis et l'édition de Bernard Chevignard, du Recueil des Présages Prosaiques sous le titre de « Présages de Nostradamus (en vers et en prose) Ed Seuil 1999 non signalée par nos auteurs). Ce processus de calque vaut pour les quatrains des centuries sur le modèle des « présages » ainsi que pour l'Epitre à Henri II datée de 1558 reprise d'une première épitre datée de 1556 (cf nos Documents inexploités, 2002) Nous reviendrons prochainement sur les méthodes de travail d'Hervé Drévillon qui ont abouti à son ouvrage paru chez Champvallon en 1996 Lire et écrire l'avenir au XVIIe siècle.. 09 05 21

Jacques Halbronn : Nicolas Bourdin face aux attaques contre l'astrologie du Jésuite Nicolas Caussin

Nicolas Bourdin face aux attaques contre l’astrologie du Jésuite Nicolas Caussin Par Jacques Halbronn En 1649, le Marquis de Vilennes réplique au Père Caussin. Sa Responce en faveur de l’astrologie à la Lettre du R. P. N Caussin (pièce 47) va figurer au sein d’un Recueil de plusieurs pièces curieuses tant en vers qu’en prose imprimées depuis l’enlévement fait de la personne du Roy le 6. Janvier 1649 iusques à la Paix qui fut publiée le 2. Jour d’Avril de la mesme année (Bibl. de l’Arsenal Cote 8°H 7791). Elle témoigne d’une certaine activité prophétique sous la Fronde-avec les mazarinades - qui n’est pas sans nous faire songer à celle que nous avons décrite (Les Prophéties et la Ligue, 1997) quant au « revival » nostradamique qui touchait alors (autour des années 1588-1593) les deux camps en présence. Dans sa Responce, Bourdin dénonce cer-tains amalgames entre l’astrologie populaire des almanachs d’un Questier, d’un Commelet, d’un Curé de Sainte Marthe et une astrologie savante, celle d’un Cardan, d’un Leovitius, du « bon Ptolomée » Bourdin dresse une longue liste de ceux qui se sont consacrés au cours des âges à l’astrologie. On retiendra de la Responce de ce qu’il expose ainsi ; » Passons maintenant à la science astrologique (..) Je say bien qu’il y a de différentes opinions en l’Astrologie, qu’on est peu d’accord tant sur la cons-truction des maisons que de la façon de di-riger » Rappelons les critiques réformatrices d’un Kepler, quelques décennies plus tôt. Nous retiendrons un point qui reste singu-lièrement d’importance pour l’astrologie contemporaine à savoir la question de la durée des effets : « Je croy que vous ne voulez pas dire que les effets de ces cé-lébres Synodes ne durent qu’autant que leur passages, que les significations de ces défauts signalez passent avec leurs obs-curcissements & que les désastres de ces flambeaux menaçants se terminent à l’insensible perte que fait nostre veue de leurs rares & fuyans objets (…) que les grandes conjonctions ne touchent pas aux mesmes moments qu’elles arrivent (..)que les Cométes , à fausse queue, frappent or-dinairement apres qu’on les a perdues de vue (…)Ainsi, bien qu’à l’instant que nous en voyons les causes , nous n’en sentions pas les effets, cela ne conclud pas qu’elles qu’elles ne les produisent à leur suite, tant s’en faut. Il seroit aussi rare qu’elles affectassent dès le temps qu’on les a veues, comme il est évident que la Cométe de 1618 n’a fait voir ses effets avec plus d’évidence qu’alors qu’il s’est passé autant d’années depuis le milieu de son apparition etc » » (p.12) Cette leçon semble ne pas avoir été au goût des astrologues du XXe siècle qui avaient, comme un André Barbault, cru bien faire, en imposant à l’astrologie un temps étroitement circonscrit, se limitant précisément au moment de la formation de la configuration au lieu de considérer une succession de phases comme dans le cas des saisons ne se limitant pas aux équinoxes et aux solstices. Outre le texte de Nicolas Bourdin, traduc-teur et commentateur de Ptolémée(entre 1640 et 1651, cf nos éditions de 1975 Retz et 1993 Trédaniel), on trouve une sorte d’ »Almanach politique marquant ce qu’on doit attendre de l’estat present des affaires du Monde, suivant la Constellation de chaque Royaume (pièce 46) Ce texte débute ainsi « Il n’est pas défendu de s’enquérir du destin des Estats comme il l’est de s’informer de celuy des Princes. Au contraire, le bon ordre exige que dans l’estat present on regarde l’avenir de peur que ceux qui gouvernent le monde manquant de prevoyance ne dient apres ceste parole (.) Nous n’y pensions pas ou qui l’eut pensé (..)Voicy sommairement les Constellations des principales Souverainetez afin qu’avec un morceau de papier on possede l’Horoscope de tout le monde Voilà ce qu’un Courtisan Astrologue Politique a presenty d’une seule veue. Il ne vous donne rien pour asseuré, non seulement à cause de l’inconstance ordinaire des choses du monde mais encore pource que les Estats sont gouvernez aujourd’huy d’une façon si irrégulière qu’on ne scauroit garder de regle à en considérer les suites » Une autre pièce du dit recueil mérite le dé-tour (pièce 44), elle est intitulée « La joye céleste de l’apparition d’une nouvelle es-toille sur la ville de Paris avec l’explication de ce qu’elle signifie »Paris, Claude Boudeville, 1649. Rappelons l’effervescence qui se produira en 1654 à propos d’une éclipses (cf Elisabeth La-brousse. L’entrée de Saturne au Lion, Nijhoff, 1974) On voulait ici célébrer le « retour de leurs Majestés » Il semble que dans l’esprit de l’auteur, astrologie et as-tronomie soient étroitement associées. Or, l’astronomie passait alors par un temps d’incertitude, au lendemain de l’usage de la lunette par Galilée, ce qui ne fut pas sans effet sur l’image de l’astrologie. JHB 22. 07.21