Quel est le message subliminal de l'Astrologie actuelle? Nous pensons que nous sommes probablement un de ceux qui ont rencontré le plus grand nombre d'astrologues, dans le cadre de toutes sortes d'échanges. Nous commençons à connaitre leur mode de fonctionnement. Nous ne prétendons pas en revanche avoir fréquenté beaucoup de "clients" d'astrologues, vu que nous ne donnons pas de consultations. Donc, notre domaine d'expertise n'est pas tant le client que l'astrologue.
Nous sommes ainsi, à la suite d'une forme d'audit, parvenu à la conclusion paradoxale selon laquelle l'idéologie véhiculée par les astrologues - mais pas nécessairement par l'astrologie - on notera ce triple niveau; ;le client/l'astrologue/l'astrologie et les inévitables interdépendances - est foncièrement voire outrancièrement égalitaire.
Certains protesteront en soulignant que chaque thème étant différent, comment pourrait-on "accuser" les astrologues d'égalitarisme! Mais c'est justement là toute l'astuce!
Quand nous nous entretenons avec des astrologues (par exemple notre entretien avec Hélène Radomski, sur la télévision astrologique), il leur est loisible de dire qu'aucun thème n'est parfaitement identique à un autre. Certes, mais tous les thèmes n'en comportent pas moins les même constituants (maisons, signes, aspects, planètes etc.) du balayeur des rues au président de la République. Et c'est en fait ce point là qui compte! Tout le monde aurait donc un thème pouvant être décodé par l'astrologue, selon les mêmes méthodes, les mêmes procédures.
En vérité, admettre que chacun a un thème est la formulation importante et déterminante par delà les différences qui peuvent être mises en évidence et qui ne seraient finalement que des épiphénomènes.
De même, dans un autre domaine, tout le monde aurait eu des vies antérieures, tout le monde aurait une "âme". Sous couvert de spiritualité sourd inlassablement une idéologie égalitaire qui ferait que nous soyons tous, peu ou prou, logés à la même enseigne!
D'ailleurs quand nous interrogeons les astrologues sur leurs opinions politiques, nous observons qu'elles flirtent souvent avec un certain anarchisme (voir notre entretien avec Louis Mazuir, Frank Nguyen et Serge Bret Morel sur La télévision Astrologique), avec une certaine difficulté à traiter du statut du père. L'astrologie serait-elle devenue un outil privilégié pour "tuer le père"?
Que l'on en juge, d'ailleurs, par une sorte de pied de nez que tant d'astrologues adressent à l'élite scientifique et académique, quand ils présentent un savoir qui ne correspond pas aux critères d'acceptabilité en vigueur.
En affirmant que "ça marche", les astrologues ne se placent-ils pas ipso facto sur le terrain des consommateurs qui ne comprenant comment justement "ça marche" constatent néanmoins que "ça marche", ce qui correspond assurément un nivellement par le bas. Car tout le monde peut observer que quelque chose marche. Encore, une fois, l'égalitarisme qui ne veut pas se laisser dominer par ceux qui seraient en mesure de démonter leur supériorité en affichant leur science.
On peut aller plus avant en affirmant que le dit message subliminal de l'astrologue, parlant plus ou moins abusivement au nom de l'astrologie, serait qu'il y a parfaite égalité entre les hommes et les femmes. Et l'on comprend dès lors beaucoup mieux pourquoi la classe moyenne de l'astrologie, celle qui constitue les gros bataillons des cours, réunions et colloques astrologiques, est faite de femmes de la génération du féminisme militant. Le thème natal serait l'antidote, la preuve par neuf, de l'inanité de tout sexisme dont il relativiserait singulièrement la validité. Hommes et femmes ont un thème avec les mêmes attributs et peu importe encore une fois que chaque thème puisse s'interpréter différemment; C'est en vérité beaucoup moins important que le fait que nous ayons tous droit à un thème puisque nous sommes tous nés à un certain moment, en un certain lieu. Le discours de l'astrologue s'apparente quelque part à l'argument qui met en avant le fait que nous avons tous "dix doigts", quelle qu'en soit la couleur.
Au cours de son Histoire, ce glissement d'une astrologie au service des Grands vers une astrologie "pour tous" aura certainement contribué à son rejet. Mais là encore, l'on peut penser que l'anti-astrologie, elle aussi ne joue pas à visage découvert. Elle ne se permet pas de contester le fait que tout le monde puisse "jouir" d'un thème personnel. Elle préfère en fait nier que qui que ce soit ait un thème, jetant ainsi le bébé avec l'eau du bain.
Selon nous, la vérité se situe dans un juste milieu: tout le monde n'a pas un thème mais il en est qui ont un thème, comme l'a montré, il y a une cinquantaine d'années, Michel Gauquelin, encore faudrait-il ne pas considérer que par "thème" l'on inclue tout ce que les astrologues y mettent habituellement et qui d'ailleurs dépend sur tel ou tel point d'un astrologue à l'autre. Mais quelle que soit l'école d'astrologie, du moment qu'elle s'articule autour du thème, le reste est de peu d'importance. Ainsi renverrons-nous dos à dos les astrologues actuels et leurs modernes adversaires, les uns et les autres tenant des propos que nous jugeons excessifs!
Quant à l'astrologie mondiale, elle nous semble également quelque peu suspecte en ce qu'elle met aussi tout le monde 'dans le même sac".
Pour nous, l'astrologie la plus pertinente n'est ni une astrologie globale, ni une astrologie individuelle -deux approches qui, finalement, se rejoignent dans une sorte de grisaille générale qui occulte le rôle des leaders. Cette dialectique nous fait songer à celle, chère aux premiers révolutionnaires français, qui ne souhaitaient pas que s'intercalât le moindre corps intermédiaire entre le peuple et l'Etat.
L'astrologie la plus probable nous semble, en effet, être celle qui se consacre à une certaine élite bien malmenée par les astrologues, tant parce qu'ils octroient aux membres de la dite élite un thème natal comme au premier venu que parce qu'ils les soumettent comme le premier venu aux configurations astrales. Ni plus, ni moins. Selon leur thème et les transits qui l'affecteront au cours de sa vie, à titre personnel (puisque survenant à des moments décalés d'une personne à l'autre).
Il y aurait donc une démagogie assez éhontée à laisser entendre que chaque client de l'astrologue, du fait même qu'il a franchi sa porte, se trouvera, ipso facto, doté du privilége de disposer d'un thème. Cela fait penser à la vente des indulgences, au XVIe siècle, contre monnaie sonnante et trébuchante! Car on peut aussi, en pratique, tenir un tel discours: c'est l'astrologue qui décerne à son client un thème natal, en l'adoubant en quelque sorte! Celui qui aura donc fait dresser son thème serait ainsi intégré dans une sorte de club assez select. Cette fois ci, on est dans le nivellement par le haut! C'est une autre piste de recherche qui vient moduler la précédente et qui a l'avantage d'encourager les gens à adhérer à l'astrologie par le truchement des astrologues.
Dès lors, la consultation deviendrait une sorte d'initiation, une course d'obstacles, qui exigerait du client de faire preuve de bonne volonté. Ce n'est pas le moment, pour le dit client, de faire "le malin" en chipotant sur ce que l'astrologue lui assigne en tant que portrait (diagnostic et pronostic). Le client doit tout faire pour entrer dans le moule qui lui est proposé car sinon il ne sera pas admis dans la "confrérie", quand bien même serait-il contraint de tordre le cou à certains faits qu'il croyait établis le concernant.
Au vrai, il revient aux astrologues de déterminer qui relève et qui ne reléve pas des astres. Et le certificat qu'ils devaient en quelque sorte établir ouvrait la voie à une certaine carrière, à certains privilèges. Or, il semble bien qu'une certaine corruption ait fini par sévir car l'enjeu était de taille, un peu à la façon de ces généalogistes devant établir et certifier un certain nombre de quartiers de noblesse. Selon nous, la pratique actuelle serait le résultat d'un tel glissement et l'astrologue est toujours payé pour accorder le dit certificat, à telle enseigne que toute personne qui s'adresse lui est quasiment certaine d'obtenir gain de cause! Le thème natal apparait dès lors comme une sorte de diplôme, surtout s'il est accompagné par son commentaire (écrit ou sur cassette) dument attesté par le praticien et de préférence un astrologue renommé.
On aura compris qu'il importe, selon nous, de dénoncer un tel laxisme, une telle dérive! Si l'astrologie des signes solaires - celle des horoscopes- peut être tolérée en tant qu'astrologie de bas étage, en revanche, l'astrologie planétaire et stellaire, exige une grande rigueur et du discernement et il y aura beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Il n'est pas question que l'astrologue se trouve victime d’une sorte de chantage pécuniaire du genre: si vous ne me donnez pas mon certificat, je ne vous paierai pas. C'est pourquoi d'ailleurs, nous conseillons aux astrologues de proposer une alternative à base de tarot ou de numérologie, de façon à ne pas galvauder l'astrologie.
Quant aux techniques requises pour déterminer quelles sont les personnes qui relèvent, stricto sensu, du domaine d'une astrologie planétaro-stellaire, nous dirons qu'elles font un peu penser à celles qui étaient en œuvre dans le film Blade Runner, le héros du film -joue par Harrison Ford- (et de la nouvelle de Philip Dick dont le film est issu) devant repérer les androïdes se faisant passer pour des humains.
La démagogie a d'ailleurs ses limites: tant de gens sont à l'évidence privés, dépourvus d'une véritable capacité d'initiative et ce n'est d'ailleurs que collectivement, par leur faculté d'agir de concert pendant une courte durée de temps, qu'ils accèdent à une certaine existence. D'un point de vue karmique, nous dirons que leurs épreuves sont à vivre non pas isolément mais collectivement (voir ce que dit Dorothée de Biseront sur la Shoah; pour la Télévision Astrologique). Le destin Yin est collectif (les victimes ayant pu être, dans des incarnations antérieures du côté des bourreaux) alors que le destin Yang est individuel. Ces gens là, de toute évidence ne relèvent pas de l'astrologie du moins telle que nous l'entendons. Seules des personnalités capables, en amont, d'initier des processus qui, de proche en proche, entraineront des populations importantes, seront vouées à être déclarées "astro-sensibles". Jusqu'à nouvel ordre, ce n'est évidemment pas à la naissance que l'on saura si c'est le cas. Il faut que la personne ait eu le temps de montrer qui elle était et notamment comment elle était touchée par les cycles majeurs de l'astrologie. Ce n''est pas l'étude du thème qui pourra donner la réponse puisque le thème de tant de gens n'est pas pertinent, outre le fait que l'enfant peut naitre par hasard à un moment significatif. Cela dit, l'on peut imaginer que d'ici quelques décennies, l'on sera en mesure par des mesures neuroscientifiques, un peu comme de nos jours avec l'échographie, de constater une suractivité cérébrale à la veille de naitre, liée à la prise en compte de données cosmiques, selon des processus qui restent à préciser. Toujours est-il que Gauquelin a montré que le fœtus tendait à naitre à un moment conforme à sa nature (il distingue cinq sensibilités planétaires différentes (voir Christian Urvoi, "Le monisme, voie de l'excellence. Connaitre et maitriser les règles du jeu de la vie", Aubervilliers; Ark Alliance,, 1997, pp 155 et seq, et 'Nous sommes tous divins. L'hypothèse du principe d'ordre, Ed. Ark Alliance, 1997, pp. 124-125, voir entretien avec cet auteur, sur la Télévision Astrologique, à Parapsy 2010). De même, à l'approche de certains conjonctions, nous pensons que certaines personnes réagiront de façon particulière tandis que d'autres ne présenteront aucun changement. Le recours à des groupes témoins s'impose ici.
Nous pensons donc, qu'il est répréhensible déontologiquement, que les astrologues sans formation adéquate, puissent proposer l'étude du thème natal si ce n'est que conditionnellement, et sous réserve du passage de tests préalables. Cela dit, nous ne réprouverons pas les pratiques astromantiques où le thème est un support de voyance, sans parler des tirages de tarot articulés sur la "roue" des 12 maisons astrologiques, même si un tel dispositif est quelque peu surdimensionné et semble destiné, au départ, à un système patriarcal plutôt qu'individuel, celui d'une maisonnée, d'une tribu.. Tout comme l'astrologie a instrumentalisé et prolongé l'astronomie, l'astromancie instrumentalise et prolonge l'astrologie.
JHB
09. 02. 10