lundi 27 novembre 2023

Jacques halbronn Le Messianisme, de Jésus à Adolphe Crémieux

Jacques halbronn Le Messianisme de Jésus à Adolphe Crémieux Il y a des similitudes assez frappantes, des paralléles, à environ 1800 ans d'écart entre deux personnages ayant adopté une posture messianique, Jésus de Nazareth et Adolphe Crémieux. Dans les deux cas, en effet, il s'agit d'un Juif préoccupé par le sort d'une population infériorisée au sein d'un même ensemble. En 1870, le juif du Pape Crémieux, membre d'un gouvernement replié sur Tours , du fait de la guerre franco-prussienne (ce qui nous fait penser à la situation politique en 1588-89 et au quatrain centurique IV, 46) produit le" décret no 136 qui attribue d'office en 1870 la citoyenneté française aux « Israélites indigènes » d'Algérie, c'est-à-dire aux 35 000 juifs du territoire" (in Bulletin officiel de la ville de Tours le 7 novembre 1870.). Crémieux, Juif de la Métropole, marqué par l'Emancipation de 1791, entend ainsi faire un geste "communautaire" en faveur de ces Juifs "indigénes" de l'autre côté de la Méditerranée et ayant une toute autre Histoire, liée à l'Islam depuis le VIIe siècle, ces Juifs d'Algérie que la France a conquise en 1830. Or, du temps de Jésus, comme on sait, des clivages existaient entre les Juifs du Sud- situation inverse- et des collectivités dont le lien avec le judaisme étaient pour le moins compliqués. Jésus aurait voulu abolir un tel différentiel théologico-juridique. En réalité, le brassage existait de longue date et nous avons montré que le Pentateuque faisait la part belle à ces "fils d'Israel", à commencer par le Livre de l'Exode, situé en deuxiéme position mais une ségrégation semble bien avoir perduré néanmoins(cf les trois Epitres adressées aux Colossiens, aux Ephésiens, aux Hébreux). Il faut souligner le fait qu'il s'agit là d'une idéologie "messianique", qui remonte à Moïse (cf Exode Ch. III) qui émane d'un étranger à la population visée et Crémieux appartient bien à un autre monde que celui de ces "indigénes" de confession mosaïque. On la retrouve avec Cyrus, au V Ie siècle avant JC, l'empereur Perse qui s'était mis en tête de mettre fin à la déportation des populations par Babylone. Un autre exemple, postérieur à Crémieux n'est pas tant celui de Herzl (Congrès sioniste de Bâle 1897) que celui du Baron de Hirsch, lequel va lancer la Jewish Colonization of Argentina (ICA), en 1891, entreprise à la quelle se rallier ( de 1908 à 1914) notre grand père, Edmond Carcassonne, également "juif du pape". Herzl lui même signale l'Argentine comme une destination qui s'offre, au même titre que la Palestine (cf Le sionisme et ses avatars, au tournant du XXe siècle, Ed Ramkat 2002) En tout état de cause, les Juifs, quelle que soit l'option, seraient amenés à cotoyer voire à encadrer une population autochtone.(cf Deutéronome) ayant ses propres pratiques et croyances. Le cas des Juifs d'Algérie - et plus largement d'Afrique du Nord, du Maghreb- du fait de l'Indépendance de 1962 conduirait à leur reflux vers le Nord, en raison du décret Crémieux mais leur statut juridique n''épuiserait pas leur problématique d'intégration. tant au sein de la France en général que de la communauté juive qui s'y trouvait de plus ou moins longue date, pas plus, d'ailleurs, que l'octroi de la nationalité israélienne ne suffirait à faire des "Olim", les immigrés juifs, des citoyens israéliens à part entière, en plus d'un point. JHB 27 11 23