par Jacques HalBronn
Et si toute la prévision astrologique était liée à l'idée de ce que l'on nous donne et de ce que, à notre tour, nous rendons? Il est, comme dit l'Ecclésiaste, un temps pour chaque chose.
Nous serions tantôt récepteur, tantôt émetteur. Toute la question est de savoir à quel moment changer de rôle, recevoir après avoir donné ou donner après avoir reçu...
Parfois ceux qui donnent ne savent pas, à leur tour, recevoir et parfois ceux qui reçoivent ne respectent pas une éthique de l'échange et ne donnent rien en retour.
Mais pour qu'il y ait échange, il faut qu'il y ait dualité. Si tout le monde donne en même temps, qui recevra et si tout le monde reçoit en même temps, qui donnera?
Mais c'est un peu le problème de la poule et de l'œuf: qui commence par donner et qui commence par recevoir?
Il semble au demeurant que les deux camps ainsi répartis ne soient pas d'égale importance quantitativement. Il y a ceux qui donnent sans avoir reçu d'abord et ceux qui donnent parce qu'ils ont reçu. S'il n'en était pas ainsi, qui commencerait à donner?
Le groupe de ceux qui donnent sans avoir d'abord reçu intéresse l'astrologie au premier chef car il s'agit de personnes qui, en fait, ont bel et bien reçu une impulsion du Ciel, c'est à dire du cosmos - bien qu'il ne soit évidemment pas indifférent que le mot Ciel ait une acception plus large dans le monothéisme.
Ce premier groupe serait donc, selon nous, constitué d'une minorité d'humains particulièrement capables de réagir aux impulsions des signaux célestes. Cela les conduit à essaimer de par le monde, à le polleniser, ce qui implique des déplacements, des voyages, des rencontres multiples. C'est le moment de la conjonction cyclique qui déclenche une telle activité, un tel activisme.
Et puis, le temps de la conjonction étant révolu - dans tous les sens du terme - vient un second temps en sens inverse qui est assimilable à celui de la naissance par rapport à la conception, l'enfant qui nait étant la contrepartie de la semence que l'homme a déposé en la femme.
Mais entre ces deux temps (solsticiaux, extrêmes) se place un temps intermédiaire que nous appellerons le temps équinoxial, par analogie. C'est un temps de transition où l'on ne sait plus très bien qui fait quoi, on est dans l'attente, c'est comme un entracte, une mi-temps. Et l'astrologie est en mesure d'aider à passer ce cap éprouvant en ce qu'elle peut fournir la durée du dit temps, du moins l'astrologie réformée et épurée (restituée à sa pureté originelle, à l'état pur) telle que nous l'entendons. C'est un temps intermédiaire entre les semailles et la récolte, la moisson, la vendange.
Dans la perspective biblique, et notamment mais pas seulement chrétienne et christique, les hommes rendent grâce au Seigneur pour ce qu'il a donné aux hommes, parce qu'il (Jésus) s'est donné aux hommes. Cela fait aussi référence au sacrifice d'Abraham qui "donne" son fils à Dieu, chez les Juifs (Isaac) et chez les Musulmans (Ismaël, ce que célèbre l'Aid El Kebir)
Quand enfin arrive le second temps, après cette période de battement et donc de doute, d'incertitude, qui sépare du premier temps, ceux qui ont donné vont enfin recevoir et ceux qui ont reçu vont enfin pouvoir donner.
Le problème, c'est que ces deux temps sont séparés : on ne reçoit pas aussitôt après avoir donné : il y a un temps de latence, de fécondation comme si celui qui a reçu n'était pas immédiatement conscient de ce qu'on lui avait donné, n'avait pas réalisé toute la valeur du cadeau qu'on lui avait fait.
A l'astrologie de clarifier les termes d'un tel échange et d'en faire respecter les termes chez ceux qui, pour quelque raison, s'y refuseraient.
Mais encore faut-il que pour ce faire chacun connaisse sa place et c'est à l'astrologue qu'il revient d'indiquer à chacun ce qu'il en est, non pas en dressant le thème natal - ce qui ne fait pas référence pour nous - mais sur la base même de la vie de la personne concernée, de son rapport à la cyclicité.
C'est à ce délicat et subtil exercice de reconnaissance -dans tous les sens du terme- de l'autre que l'astrologie peut effectivement apporter quelque chose à l'Humanité.
On est là, en effet, dans une causalité complexe et quelque peu décalée où la source des choses nous échappe, à l'instar du rôle de l'homme dans la procréation, dans certaines sociétés antiques. Nous sommes là dans une situation karmique, nous récoltons ce que nous avons semé ou nous profitons de ce qui a été semé en nous et nous nous devons dès lors d' en rendre grâce, d'une façon ou d'une autre.
Pour entrer dans des explications plus techniques, à l'approche de la conjonction Saturne/Etoiles Fixes Royales, il y a déclenchement des comportements de don chez les uns alors que s' ouvrent les autres à recevoir ce qui est offert gracieusement (gratuitement, gratis) et généreusement. Puis à 22, 50° d'intervalle entre Saturne et la précédente étoile fixe royale, vient ce temps assez bref de flottement et d'attente de la suite des événements. Puis passé ce cap, le processus s'inverse à l'approche de l'intervalle de 45° (au mi-point entre deux conjonctions du type considéré ici) et dans ce cas ceux qui ont reçu lors de la phase antérieure paient une certaine dette de reconnaissance à ceux qui leur ont donné dans un passé plus ou moins reculé (pas forcément lors de la dernière conjonction, il peut y avoir un rattrapage pour des périodes plus ancienne) Généralement, cette seconde phase se distingue nettement de la première par son pluralisme. Dans le premier temps, un tout petit nombre donnait, parfois une seule personne et un grand nombre recevait..En revanche, dans le second temps, un grand nombre donne à un petit nombre voire à une seule personne, à l'instar- pour faire exemple- d'un homme ayant fécondé 12 femmes au cours d'une brève période et quand ces 12 femmes donnent naissance, quasiment en même temps, à des enfants, elles en rendent grâce à leur unique père.
Nous dirons donc qu'à nos yeux la principale tâche d'un astrologue, dans une perspective que l'on pourrait qualifier de karmique, consisterait à ce que chacun agisse comme il le doit et en temps voulu et utile. A l'approche de ces 45° que nous évoquions, l'astrologue doit en appeler à la conscience - dans tous les sens du terme- de son client en l'invitant à un "examen de conscience" - si son client appartient au groupe de ceux qui ont d'abord reçu et pris- en lui suggérant de s'efforcer, d'une façon ou d'une autre, de payer ses dettes envers ceux qui lui ont donné. Faute de quoi, ce serait l'ordre du monde qui serait menacé car ceux qui ont d'abord donné ne pourraient survivre et continuer à donner au prochain cycle.
Rappelons aussi qu'un nouveau seuil devra être franchi, à 22,50° avant la conjonction suivante, une nouvelle crise équinoxiale. (soit 67, 50' après la précédente conjonction). Après avoir apporté leur don à ceux qui leur avaient donné, il vient un temps où l'on attend une nouvelle dynamique, une nouvelle semence. Mais si ceux qui ont la charge de distribuer cette manne du ciel n'ont pas été récompensés et gratifiés au moment où cela devait se faire, et plus simplement s'ils sont morts pour quelque raison que ce soit - car seule la mort pourrait les empêcher d'œuvrer- eh bien la semence risque d'être bien maigre et l'on entre alors dans un cercle vicieux. L'ordre du monde s'en trouve compromis.
Quand on examine le destin des diverses sociétés, force est de constater des inégalités qui sont en partie liées au non respect de certaines lois morales, qui passent notamment par le respect, la prise en considération de ceux qui sont en rapport direct avec le cosmos et qui en sont en quelque sorte les courroies de transmission, les channels. Les sociétés qui n'agissent pas collectivement correctement envers certains personnages d'exception - au risque certes d'un culte du héros, du chef - auront à payer le prix qui est celui d'un dépérissement, d'une décadence, d'une sclérose. Mais ce qui importe aussi, c'est de respecter un certain timing. Outrepasser les temps impartis aux uns et aux autres peut avoir des effets désastreux. (le terme signifiant l'ignorance des lois des astres). De nos jours, il semble que l'on assiste à deux excès en sens inverse: d'un côté des sociétés démocratiques qui ne veulent pas accorder trop d'importance à des dirigeants charismatiques et de l'autre, des sociétés marquées par une certaine dictature, un culte de la personnalité du grand leader (le "lider maximo" Castro, par exemple). Il serait bon de combiner ces deux principes en mettant en place un nouveau type de constitution, fondée sur une certaine forme d'astrologie. Une constitution à géométrie variable dans laquelle le mandat principal passerait par des stades successifs, en renonçant à la fiction d'une permanence dans la perception et l'exercice du dit mandat.
Nous insisterons sur un point qui est souvent négligé par les astrologues et que nous résumerons par l'adage: un pour tous et tous pour un. D'un côté, nous avons quelques personnages qui s'adressent au collectif et de l'autre, un collectif qui est invité à se comporter périodiquement "comme un seul homme". Il importe que chacun se demande, s'interroge pour déterminer s'il appartient à la première ou à la seconde des catégories. Suis-je quelqu'un qui compte pour un grand nombre de personnes ou bien suis-je quelqu'un qui ne compte que s'il agit en synchronie avec un grand nombre d'autres que moi? Prenons le cas d'un film qui sort. D'un côté, il y a une petite équipe qui offre un produit destiné à être vu par un grand nombre de spectateurs et cela dans un temps de plus en plus court et de l'autre, une foule d'individus qui ne compteront que s'ils font masse et qui, en revanche, ne pèseront presque rien, s'ils agissent isolément et à des moments différents. Pour celui qui appartient au premier groupe, seule la quantité de ceux qui réagiront simultanément -le nombre d'entrées au bout d'une semaine de diffusion, par exemple voire de téléspectateurs au cours d'une seule soirée (audimat) - importe et non pas un cas particulier aussi enthousiaste soit-il. Il serait bon que les astrologues comprennent l'importance d'un tel modèle et cessent de laisser croire que tout le monde appartient au premier groupe, créant ainsi une armée surréaliste dans laquelle il n'y aurait que des généraux et pas de soldats.
JHB
12. 01. 10
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