dimanche 26 janvier 2025

jacques halbronn Astrologie et linguistique. (1989) Mythologie et Astronomie.

jacques halbronn Astrologie et linguistique. (1989) Mythologie et Astronomie. En 1989, nous terminions un mémoire de thèse ( Université Paris V ) de linguistique, sous la direction de Louis- Jean Calvet. Langue et culture. Essai de description du système du français à la lumière des relations interlinguistiques. A la suite d'un rapport préalable défavorable de Hayim Vidal Sephiha que nous avions contacté, Calvet renonça à la soutenance, non sans une certaine désinvolture. On reviendra sur un passage consacré à l'astrologie (pp. 67 et seq) dont un sous titre est "Histoire de l'astrologie".Il est possible que cela ait inspiré notre article "Astrologie" dans l'Encyclopaedia Universalis (1994). "L'historien de l'astrologie est frappé par une certaine évolution du rapport aux signes, notamment au XVIe siècle. II apparair que l'Astrologie (notamment en France) a voulu se constituer comme science en prenant ses distances-en partie pour des raisons religieuses (opposition entre paganisme et monothéisme) à l'égard de toute la dimension mythologique; aux fables liées aux planétes et aux signes zodiacaux, bref à considérer ces termes comme dépouillés de toute connotation. En revanche, cette prise en compte du signifié mythologique attaché à ces termes apparait clairement dans les textes alchimiques. "Or, l'astrologie ne persistera pas aux XIX et XXe siècles dans cette stratégie. Avec les nouvelles planétes, on a vu le retour d'un refoulé mythologique (Uranus, Cérés, Neptune, Pluton etc) qui a provoqué une certaine regression de la pensée astrologique. Dès lors, les valeurs planétaires et zodiacales se définiraient à partir de leur référent légendaire et fabuleux, au nom d'une méthodologie étymologique, évacuant ainsi peu ou prou l'apport de plusieurs siècles d'émancipation. "On peut penser qu'une telle approche pourrait être qualifiée de cartésienne en ce que les éléments du discours sont coupés de tout a priori, qu'ils ne sont pas enfermés dans leurs définitions "étymologiques" ou dictionnairiques (Quemada) en quelque sorte intrinséques. Leur caractère arbitraire permet de faire table rase et d'engager des recherche en disposant de structures ayant retrouvé une certaine virginité. Il serait intéressant de préciser à quelle époque un tel renversement s'est produit: on trouve ainsi, au premier siècle de notre ère une très forte influence mythologique dans le traité-poéme astrologique de Manilius et un siècle plus tard, chez Claude Ptolémée, on observa la disparition de ces références au profit d'une systématiques empruntée à la géométrie et notamment une théorie des "aspects"fondée sur des intervalles entre planétes et entre signes -que développera à la Renaissance un Kepler. Une telle théorie se dégage ainsi du poids des composantes pittoresques pour ne plus étudiier que des rapports, des écarts. "Est- ce que, ce faisant, l'astrologie se comportait en précurseur d'une approche a-sémantique du signifiant démuni de son signifié et dans quelle mesure a-t-elle influé sur d'autres domaines alors qu'elle faisait partie de la culture européenne jusqu'au XVIIIe siècle?" Notre commentaire en 2025. Notre usage de Saturne, en astrologie "septénnale" ne s'occupe aucunement de sa dimension mythologique et le traitement des divisions de l'écliptique ne mobilise absolument pas les données symboliques ou mythologiques qui auront pu leur être attachées. En ce qui concere André Barbault, son Astrologie Mondiale ne tient même plus compte des signes où s'effectuent les conjonctions (Saturne-Neptun) et son indice cyclique se constitue sur une base quantitative et non plus qualitative. Chez Jean Pierre Nicola, les planétes se définissent (RET) du seul point de vue de leur ordre dans les système solaire. Ainsi, on sera passé d'un écueil à un autre, de Charybde en Scylla, avec ces deux maîtres à penser de l'astrologie française du second XXe siècle, d'une emprise de la mythologie à l'emprise de l'astronomie, d'où l'intégration des nouvelles planétes, non pas tant quant à leurs appellations qu'à leur révolutions. JHB 26 01 25

jacques halbronnn La Lune clef du systéme astrolopgique

jacques halbronn Astrologie. La Lune, clef du système astrologique Le système solaire est il le résultat d’une évolution – mais alors peut- il encore changer? - ou le fait d’une création systémique établie une fois pour toutes en tant que révélation d’un certain mode d’emploi? La Lune est, à plus d’un titre, au coeur du débat. Nous avons déjà signalé le paralléle étonnant entre Lune et Saturne, au niveau numérique: 28 jours pour 28 ans. On a du mal à croire que ce serait le fait du pur hasard…Or, la Lune est notre satellite et la durée des révolutions planétaires est calculée sur la base des années terrestres. Avec une autre unité de référence, le paralléle ne serait pas possible! Mais il existe un autre cas dont nous n’avions pas jusque là pris toute la mesure, à savoir le rapport de la Lune au nombre 12. Certes, on aura pu constater que l’on retrouve le 12 dans le nombre de signes/constellations du Zodiaque, balisant l’écliptique. Mais il est également vrai que le changement de signe ne dépend pas de la position de la Lune par rapport au Soleil mais relève de la seule entrée du Soleil dans un quadrant saisonnier (axes équinoxiaux/solsticiaux). Il n’y a donc pas de lien technique de causalité entre la Lune et le 12 zodiacal. Mais il pourrait bien s’agir comme pour le rapport Lune -Saturne qui désigne Saturne comme la planéte régissant notre Terre dont la Lune est le satellite, d’une clef nous indiquant toute l’importance de la division en 12 dans le cadre du cycle saturnien. Comme nous l’avons montré avec notre Astrologie septennale, la division en 3 secteurs égaux de chaque saison est la base même de la prévision astrologique et cela donne bien au final le 12 (3×4) Autrement dit, on a là le bon mode d’emploi du systéme solaire et on est donc très loin d’une vision évolutive et en lien avec une vision créative de notre environnement cosmique immédiat. Il n’est donc pas question d’utiliser chaque astre du systéme solaire, comme le croyait un Jean -Pierre Nicola, avec son RET, mais de voir dans un tel ensemble un texte à décrypter. Entre Lune et Saturne, l’on trouve 4 planétes, sur la base de la progression de leur vitesse de révolution (cf la Loi de Bode), Mercure (trois fois plus lent que la Lune), Vénus – deux astres « intérieurs » à l’orbite terrestre Mars et Jupiter, deux astres extérieurs à celle-ci. Le nombre 4, on l’a vu, est une donnée essentielle pour l’astrologie avec les 4 saisons (divisées en 3 « signes ») Ces observations sont à rapprocher du premier verset du premier chapitre de la Genése, premier livre du Pentateuque : Dieu créa le Ciel et la Terre, formule qu’il faut comprendre d’un point de vue géocentrique et non universel (héliocentrisme de Copernic). D’où l’importance que nous accordons à la connexion entre Astrologie et Théologie, prenant ainsi le contre-pied d’une vision « scientifique », « astronomique », « environementaliste », « influentielle », de l’Astrologie. JHB 26 01 25

jacques halbronn Théologie et idée de Nouveauté.(Création, "bara")

jacques halbronn Théologie et idée de Nouveauté.(Création, "bara") Nous avons fréquemment utilise le préfixe "Sur" (SurNature, Surhomme). Or, le préfixe "néo" nous semble plus approprié. On le retrouve d'ailleurs dans la Bible avec les deux volets "Nouveau" et "Ancien" Testaments. En fait on assiste dès Genése I à une "Nouvelle Création"(un nouveau Monde, cf Dvorak) comprenant un nouvel Homme, Adam qui viennent se superposer à l'Ancien monde et à l'Ancien Homme. Certes, les notions d'Ancienne Alliance et de Nouvelle Alliance auront été instrumentalisées par le Christianisme., à partir d'une lecture biaisée de Jérémie XXXI. En fait, les Juifs -adamites- incarnent la Nouvelle Alliance alors que l'ancienne humanité qui se reconnait dans le christianisme correspond à l'Ancienne Alliance. Il y a là littéralement un "contre-sens". Cette nouvelle humanité est l'intermédiaire entre le Nouveau Créateur et l'Ancienne Humanité. Il nous faut, en effet, parler d'un Ancien Créateur et d'un Nouveau Créateur, laissant les termes Nature et Evolution au paganisme. D'où une révolution épistémologique comparable à la révolution "copernicienne". On n'appréhende par l'Evolution comme on le fait pour la Création, laquelle suit un plan, obéit à une géométrie, à l'instar du "jardin à la française" ou de la Nouvelle Cité au tracé rectiligne. Cette Nouvelle Création s'inscrit, laisse son empreinte, tant dans le Temps que dans l'Espace/ Dans le Temps avec les cycles, dans l'Espace avec les races que d'aucuns tendent à nier , préférant la notion de transition, de conversion, de passage en douceur d'une structure à une autre Sur le web La superstructure s'élève sur l'infrastructure "Sur cette "base", que comprend toute société humaine, s'élève des formes politiques, juridiques et idéologiques de la société, ces trois éléments constituant ce que Marx dénomme la superstructure de la société. Ainsi, c'est une illusion d'isoler un élément de la superstructure et de croire que son évolution au cours du temps est déterminé par une logique interne : les jeunes Marx et Engels affirmaient sans ambage face aux idéalistes : « Il n’y a pas d’histoire de la politique, du droit, de la science, etc., de l’art, de la religion, etc. »[1] Cela n'empêche pas que les éléments idéologiques du passé soient réutilisés, telles des briques que l'on récupère. Le droit bourgeois s'est ainsi en grande partie édifié sur le droit romain, redécouvert et réutilisé après une éclipse féodale." Que signifie, au vrfai, le verne "bara" traduit par "créa" au premier verset de la Genése א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ. 1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Nous le comprenons ici dans le sens d'un ajout, d'une "invention", et le mot "création" n'implique pas un "ex nihilo". On notera que l'hébreu du premier verset ne respecte pas l"usage du vav conversif, pourtant respecté tout au long du chapitre Ier comme "Vayomer", ce qui indique une addition tardive et anachronique au texte. JHB 26 01 25 Nous avons fréquemment utilise le préfixe "Sur" (SurNature, Surhomme). Or, le préfixe "néo" nous semble plus approprié. On le retrouve d'ailleurs dans la Bible avec les deux volets "Nouveau" et "Ancien" Testaments. En fait on assiste dès Genése I à une "Nouvelle Création"(un nouveau Monde, cf Dvorak) comprenant un nouvel Homme, Adam qui viennent se superposer à l'Ancien monde et à l'Ancien Homme. Certes, les notions d'Ancienne Alliance et de Nouvelle Alliance auront été instrumentalisées par le Christianisme., à partir d'une lecture biaisée de Jérémie XXXI. En fait, les Juifs -adamites- incarnent la Nouvelle Alliance alors que l'ancienne humanité qui se reconnait dans le christianisme correspond à l'Ancienne Alliance. Il y a là littéralement un "contre-sens". Cette nouvelle humanité est l'intermédiaire entre le Nouveau Créateur et l'Ancienne Humanité. Il nous faut, en effet, parler d'un Ancien Créateur et d'un Nouveau Créateur, laissant les termes Nature et Evolution au paganisme. D'où une révolution épistémologique comparable à la révolution "copernicienne". On n'appréhende par l'Evolution comme on le fait pour la Création, laquelle suit un plan, obéit à une géométrie, à l'instar du "jardin à la française" ou de la Nouvelle Cité au tracé rectiligne. Cette Nouvelle Création s'inscrit, laisse son empreinte, tant dans le Temps que dans l'Espace/ Dans le Temps avec les cycles, dans l'Espace avec les races que d'aucuns tendent à nier , préférant la notion de transition, de conversion, de passage en douceur d'une structure à une autre Sur le web La superstructure s'élève sur l'infrastructure "Sur cette "base", que comprend toute société humaine, s'élève des formes politiques, juridiques et idéologiques de la société, ces trois éléments constituant ce que Marx dénomme la superstructure de la société. Ainsi, c'est une illusion d'isoler un élément de la superstructure et de croire que son évolution au cours du temps est déterminé par une logique interne : les jeunes Marx et Engels affirmaient sans ambage face aux idéalistes : « Il n’y a pas d’histoire de la politique, du droit, de la science, etc., de l’art, de la religion, etc. »[1] Cela n'empêche pas que les éléments idéologiques du passé soient réutilisés, telles des briques que l'on récupère. Le droit bourgeois s'est ainsi en grande partie édifié sur le droit romain, redécouvert et réutilisé après une éclipse féodale." Que signifie, au vrfai, le verne "bara" traduit par "créa" au premier verset de la Genése א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ. 1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Nous le comprenons ici dans le sens d'un ajout, d'une "invention", et le mot "création" n'implique pas un "ex nihilo". On notera que l'hébreu du premier verset ne respecte pas l"usage du vav conversif, pourtant respecté tout au long du chapitre Ier comme "Vayomer", ce qui indique une addition tardive et anachronique au texte. JHB 26 01 25

 Assma Maad et William Audureau Pourquoi parle-t-on de « Mahomet » et pas de « Mohammed » ou « Muhammad » ?

Pourquoi parle-t-on de « Mahomet » et pas de « Mohammed » ou « Muhammad » ? Alors que le ramadan commence ce mardi, l’orthographe française du nom du fondateur de l’islam continue de soulever passions et interrogations chez de nombreux musulmans. Par Assma Maad et William Audureau Publié le 13 avril 2021 à 02h07, modifié le 14 avril 2021 à 08h11 Temps deLecture 8 min. Offrir l’article Pourquoi la langue française nomme-t-elle le prophète de l’islam Mahomet et non Mohammed ? Pour certains musulmans, cette dénomination traduirait une vision française dépréciative et insultante du prophète, et une méconnaissance de l’islam. Il serait ainsi, selon eux, plus pertinent et respectueux d’adopter sa dénomination arabe, « Muhammad », ou sa translittération, « Mohammed ». Ce débat étymologique pourrait sembler anecdotique, mais il met en lumière les crispations actuelles de la société française autour du fondateur de l’islam. Un véhicule est décoré avant les célébrations de l’anniversaire du prophète Mahomet, à Sanaa (Yémen), le 20 novembre 2018. MOHAMMED HUWAIS / AFP Pourquoi la forme « Mahomet » est-elle contestée ? Pour de nombreux musulmans de France, la forme francisée du nom du prophète est jugée blessante. « C’est une forme d’offense, car on a l’impression que l’on nous dicte de l’extérieur comment prononcer son nom », explique Fatima Bent, présidente de l’association féministe et antiraciste Lallab. Elle dénonce une forme de « paternalisme et d’irrespect » vis-à-vis d’une figure sacrée de l’islam. Tristan Vigliano, maître de conférences en littérature française du XVIe siècle, s’est penché sur la question dans L’islam e(s)t ma culture (Presses universitaires de Lyon, 2017). Il convient que « les deux termes peuvent s’utiliser, mais il y a un problème qu’il faut regarder ». D’un côté, une longue tradition française qui emploie la forme « Mahomet », devenue l’entrée de référence dans les dictionnaires, et qui est comprise de tous ; de l’autre, une forme plus fidèle à la langue arabe, « Mohammed », attestée en français depuis le XVIe siècle, et à laquelle sont attachés un grand nombre de musulmans. D’où vient l’importance du nom du prophète « Muhammad » ? A la fois messager de Dieu, homme d’Etat et chef de guerre, Muhammad est le prophète le plus important de l’islam. Un orphelin caravanier qui, vers l’an 610, dans l’actuelle Arabie saoudite (selon la tradition), eut une vision de l’ange Gabriel (« Djibril », en arabe) lui annonçant qu’Allah l’avait choisi pour être son ultime prophète et parachever la religion originelle de l’humanité. Muhammad est donc un modèle à suivre pour les musulmans. Le chroniqueur arabe du Xe siècle Al-Tabari indique que « les noms par lesquels le prophète avait l’habitude de se désigner lui-même étaient “Muhammad”, “Ahmad”, “Al-Aqib” [“l’ultime”], nom qui signifie qu’il était le dernier des prophètes », rapporte l’islamologue Olivier Hanne dans la préface de son livre Mahomet, le lecteur divin (Belin, 2013). En outre, il précise : « Le substantif “muhammad” désigne l’homme “digne de louanges”, celui dont on loue les bienfaits de façon répétée ; quant à “ahmad”, qui est proche du précédent, il signifie “plus digne de louange”, nom par lequel le Coran appelle d’ailleurs le prophète dans la sourate 61 et au verset 6. De ces trois noms propres, seul le premier a traversé le temps pour désigner le fondateur de l’islam. » Présent dans les mosquées, les prières, les ornements des maisons, et transmis de père en fils, le prénom « Muhammad » est le plus sacré pour les musulmans. Quelles sont les premières occurrences de « Mahomet » en Occident ? Selon Miloud Gharrafi, professeur de langue arabe à l’université Lyon-III-Jean-Moulin, « la déformation de Mohammed remonte au Moyen Age, et plus précisément aux premières traductions latines du Coran, où le nom du prophète de l’islam était transcrit “Mahumet”. » Cette forme est attestée dès la première traduction du Coran en latin, celle de l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable, en 1142, et qui s’intitule Lex Mahumet pseudoprophete (« loi du faux prophète Mahomet »). Extrait de la traduction du Coran de Pierre le Vénérable (XIIe siècle). GALLICA / BNF C’est la grande époque des traductions scientifiques et philosophiques de l’arabe au latin. « Ce texte a été pendant plusieurs siècles l’une des sources d’information principales sur l’islam. Il a même été republié en 1543, avec une préface de Martin Luther, où figurait encore le terme “Mahumet” », explique John Tolan, professeur d’histoire à l’université de Nantes et auteur de Mahomet l’Européen : histoire des représentations du prophète en Occident (Albin Michel, 2018). Le Monde Soutenez une rédaction de 550 journalistes Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 7,99 €/mois pendant 1 an. S'abonner En langue française, c’est probablement dans la Chanson de Roland (1080) que le nom « Mahomet » apparaît pour la première fois, sous les formes « Mahumet » ou « Mahum ». Cette œuvre, comme bien d’autres récits chevaleresques, témoigne de l’animosité qui oppose alors croisés et musulmans. Cette mise en scène du prophète en révèle surtout la profonde méconnaissance, selon John Tolan : « Ces chansons imaginent que Mahomet est l’un des dieux des Sarrasins. Elles imaginent qu’ils adorent des statues de Mahomet, quand d’autres auteurs du XIIe siècle disent, eux, que Mahomet était le faux prophète des Sarrasins. Il y a tout une biographie polémique qui se met en place en Occident. » Comment « Muhammad » a-t-il pu se transformer en « Mahomet » ? Le chemin exact parcouru reste incertain, mais la piste d’une variation régionale est possible : le monde arabe parle une multiplicité de dialectes, détaille Najoie Assaad, professeure associée à l’université du Liban, à Beyrouth, autrice d’un dictionnaire étymologique de l’arabe : « Il est difficile pour un Libanais de comprendre la discussion d’un Saoudien ou d’un Maghrébin si elle se déroule en langage familier, car les termes qu’ils emploient ne sont pas communs. Même la prononciation diffère. C’est l’une des raisons pour lesquelles la transcription phonétique des entrées est absente du dictionnaire arabe. » L’abjad, l’alphabet arabe, ne note d’ailleurs pas toujours les voyelles. Ainsi le nom du prophète, « محمد », habituellement transcrit en « Muḥammad », est noté par quatre consonnes seulement, de droite à gauche : « m » (م), « ḥ » (ح), « m » (م) et « d » (د). Il a ainsi pu connaître de légères variations de prononciation, attestées par les translittérations « Muhammad » (plutôt au Levant),  « Mohammed » (plutôt au Maghreb), ou encore  « Mahmoud » (plutôt au Proche-Orient). « La métathèse des voyelles entre “Muhammad” et “Mahomet” paraît relever d’une simple variation dialectale au sein de la langue arabe », conclut Pierre Jaillard, ancien administrateur de la Société française d’onomastique. Mais quelle est celle qui est à l’origine de « Mahomet » ? « Si influence il y a, elle viendrait plutôt des parlers orientaux », estime Miloud Gharrafi. Le premier « o » y est quasiment inaudible. « La prononciation “Mhammed” pourrait avoir influencé d’autres langues [à son] contact », continue-t-il, donnant l’exemple de « Mehmed » et « Mehmet » en turc, qui auraient pu servir d’intermédiaire entre l’arabe et le latin, quand d’autres langues se sont orientées vers d’autres variantes, comme « Mamad », « Mouhammadou » ou « Mamadou » en Afrique de l’Ouest, « Mohand » en berbère ou encore « Mahoma » en espagnol. D’autres transcriptions françaises ont-elles existé ? Chez les auteurs chrétiens orientaux des VIIIe et IXe siècles, témoins directs de l’émergence de la nouvelle foi, les premières transcriptions sont hésitantes : « Mamed » chez Jean Damascène, « Moameth » chez Grégoire le Décapolite. Ce sont ces textes qui « serviront de base argumentative pour cerner l’islam jusqu’aux croisades. Les incertitudes graphiques vont s’aggraver sous la plume des auteurs latins, qui ignorent tout du monde arabe et de l’islam », précise l’islamologue Olivier Hanne. Peu à peu, un consensus se crée autour des traductions latines dominantes du Coran. « Certaines variantes hésitent encore entre “Mahmet”, “Mahomet”, voire “Malphumet”, mais la majorité penche pour “Mahumet”, le “u” en latin médiéval étant rendu par le son “ou” », explique Olivier Hanne. Au sortir du Moyen Age, la distorsion médiévale du nom du prophète s’est finalement imposée. Les études orientalistes du XIXe siècle n’y changeront rien, et le nom « Mahomet » subsistera en français. Et ce alors même que le monde anglophone et germanique optera, de son côté, pour « Muhammad ». « Mahomet » a-t-il vraiment une signification péjorative ? Certains musulmans de France jugent que « Mahomet » a été forgé à partir d’une racine dénigrante xénophobe, ou qu’il viendrait de « ma houmid », qui signifierait « l’indigne de louange ». Pour Najoie Assaad, cette confusion provient de la première syllabe de « Mahomet », ambivalente en arabe : « le  “ma” arabe peut avoir deux sens : la particule de négation (comme dans “non loué”), et le pronom relatif, qui confère un sens affirmatif (“celui qui est loué”) ». Mais la question ne peut se poser que du point de vue d’un arabophone, rappelle Pierre Jaillard : « Les locuteurs français de l’époque auraient difficilement eu la compétence suffisante en arabe pour forger l’étymologie alternative “ma houmid”. Celle-ci paraît donc relever de ce que l’on appelle l’étymologie populaire, ou, plus savamment, la “remotivation”, c’est-à-dire l’attribution a posteriori d’un motif non historique. » Miloud Gharrafi juge aussi cette thèse peu plausible : « Ce nom n’était pas le seul à être déformé lors du passage de l’arabe vers le latin. Des noms de grands savants musulmans ont connu le même sort sans que cela ait suscité la moindre contestation. » Comme le philosophe Ibn Sina, devenu Avicenne, ou le savant Ibn Bajja, rebaptisé Avempace. Mais que l’étymologie de Mahomet ne soit pas malicieuse ne signifie pas pour autant que le prophète de l’islam n’a pas été dénigré. « Mahomet » était-il utilisé de manière bienveillante ? A l’origine, non. « Présenter Muhammad comme un pseudo-prophète était par exemple extrêmement courant, explique le médiéviste Thomas Burman. De plus, toutes sortes d’adjectifs péjoratifs étaient utilisés en latin pour le décrire : bellicosus (« belliqueux ») et luxuriosus (« luxurieux ») notamment. » Mais la diabolisation disparaît peu à peu. Au XVIIe siècle, Mahomet est réinterprété par les penseurs protestants et par les Lumières comme un réformateur religieux exemplaire. Dans Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète, Voltaire l’utilise pour railler l’obscurantisme rétrograde de l’Eglise catholique. Napoléon voit en lui un modèle de chef militaire. Mahomet inspire également les artistes romantiques, tel Lamartine, qui le représente à l’aquarelle pour un projet de décoration du plafond du Palais-Bourbon, où siège l’Assemblée nationale. Comme le relève John Tolan, « l’image de l’islam et du prophète en Europe est tout sauf monolithique, et loin d’être systématiquement hostile ». Page de grand titre de la pièce « Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète », de Voltaire, créée en 1741 (ici, dans une édition de 1753). GALLICA / BNF Le Prophète influence aussi d’autres termes, dont le caractère insultant est plus difficile à nier : « mahometerie », qui désigne aussi bien une mosquée qu’un temple dans lesquels sont vénérés de faux dieux, « mahomet », ainsi que l’on appelle, jusqu’au XVIe siècle, l’amant caché et influenceur du prince – voire le pénis, dans l’argot des troupes coloniales –, le dérivé « Baphomet », nom d’un démon ou d’une idole impie, ou encore l’adjectif « mahométan », encore utilisé par l’extrême droite avec une connotation dépréciative. Lire aussi Article réservé à nos abonnés A la recherche du Mahomet de l’histoire Comme le résume Tristan Vigliano, « l’histoire de la langue française porte le souvenir d’une méconnaissance ou d’une approche agressive de l’islam, qui ont prévalu pendant des siècles et des siècles. Que nous le voulions ou non, nous sommes les héritiers de cet imaginaire linguistique. » Assma Maad et William Audureau