dimanche 6 octobre 2024

Le Président de la République René Coty et la nomination des Présidents du Conseil sous la IVe République, de Guy Mollet à De Gaulle, (1956-1958)

René Coty et les nominations des présidents du Conseil sous la IVe République, de Guy Mollet à De Gaulle, 1956-1958 Sur le web /la-direction-du-gouvernement-n-avait-pas-ete-offerte-a-m-mendes-france-en-1956-ecrit-un-collaborateur-de-l-ancien-president-du-conseil Au cours de l'émission de télévision " Face à face ", lundi dernier, M. Guy Mollet, répondant à une question, avait indiqué, ainsi que nous l'avons rapporté, qu'il était devenu président du conseil en 1956 parce que l'autre leader du Front républicain. M. Pierre Mendès-France, avait refusé de prendre la tête du gouvernement. (Le Monde avait d'ailleurs, dans une note de la rédaction, relevé cette affirmation.) L'hebdomadaire du P.S.U., Tribune socialiste, publie à ce sujet un article de M. Harris Puisais, collaborateur très proche de M. Mendès-France en 1956 comme aujourd'hui, qui écrit : " À aucun moment, ni Guy Mollet ni le président Coty n'ont mis Mendès-France devant une telle demande, face à de telles responsabilités. " La vérité est autre. " Au lendemain des élections, il y eut effectivement une entrevue entre Mendès-France et Guy Mollet. On commenta les résultats du scrutin, déplorant qu'ils n'aient pas été aussi favorables qu'on l'eût souhaité (le nombre des élus, du fait de la loi électorale, n'était pas en proportion du nombre de voix gagnées). On se préoccupa de l'évolution inquiétante de la situation algérienne. Enfin, les deux chefs de parti envisagèrent la constitution du nouveau gouvernement, dont de toute manière l'initiative appartenait au président Coty. Ils tombèrent d'accord sur la nécessité de mener une action énergique en Algérie en vue de parvenir à la fin du conflit. " Dans cette perspective, il leur apparut important d'obtenir l'appui de formations - telles que le M.R.P. - qui, durant la campagne électorale, s'étaient prononcées dans ce sens. Il leur apparut difficile que Mendès-France obtint ce soutien. " Ils envisagèrent alors les deux hypothèses de la direction du gouvernement par Mendès-France ou par Guy Mollet, celui-ci paraissant avoir plus de chances d'obtenir le soutien du M.R.P.Contexte : une crise politique exceptionnelle : 28-29 mai 1958 Le 29 mai 1958, en fin de matinée, l’Élysée annonce que le président de la République René Coty va adresser un message aux deux Chambres du Parlement. Ce message aux parlementaires est tout à fait exceptionnel de la part d’un chef de l’État sous la Quatrième République. C’est la gravité du contexte politique qui conduit René Coty à sortir de l’habituelle réserve du président de la République. En mai 1958, René Coty est directement confronté à la plus difficile des sept crises ministérielles qu’il a connues depuis son investiture par les parlementaires le 16 janvier 1954 (Sous la IIIe République et la IVe République, le chef de l’État est élu pour sept ans par les députés et les sénateurs). La guerre en Algérie est alors entrée dans une phase critique sous la pression des militaires. Félix Gaillard, président du Conseil, doit démissionner en avril 1958 après avoir accepté une médiation internationale consécutive au bombardement d’un camp du FLN à Sakiet Sidi Youssef (Tunisie). Le président Coty a toutes les peines du monde à trouver un nouveau président du Conseil capable de réunir une majorité parlementaire. Quand le nom de Pierre Pflimlin commence à circuler, les militaires à Alger s’opposent à la nomination de ce député démocrate-chrétien qui se dit favorable aux négociations avec le FLN. À Alger, le 13 mai 1958, le général Massu forme un Comité de Salut Public pour exercer une pression sur les parlementaires et préparer en sous-main le retour du général de Gaulle. René Coty n’entend pas s’y soumettre et nomme Pierre Pflimlin président du Conseil, une décision qui entraîne en réaction la mise en place de l’opération militaire « Résurrection » : à Alger et en Corse, des unités de soldats parachutistes préparent un putsch à Paris. Confronté à la pression militaire d’Alger, des gaullistes et à la perte progressive de ses soutiens parlementaires, Pierre Pflimlin remet sa démission à René Coty le 28 mai 1958. Le même jour, un défilé impressionnant des syndicats et des partis de gauche proteste contre la possibilité d’un retour de De Gaulle (Ill. 1 manifestation des gauches). La situation politique et militaire est alors extrêmement tendue. De son côté, René Coty estime que seule l’autorité du général de Gaulle peut éviter une guerre civile. Mais, la situation est bloquée. La veille, en apprenant la démission de Pierre Pflimlin, le Chef de l’Etat a demandé au président de l’Assemblée nationale, André Le Troquer, et au Conseil de la République, Gaston Monnerville, de rencontrer le Général. L’entrevue, organisée dans la nuit du 28 au 29 mai, doit permettre de négocier les termes de l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle. C’est un échec. Les deux émissaires refusent les exigences du Général : investiture hors de sa présence, les pleins pouvoirs pour un an, la mise en congé du Parlement pour la même durée, l’exigence de soumettre aux Français une nouvelle constitution. Pour Monnerville et Le Troquer, le risque est trop grand de voir de Gaulle établir une dictature. C’est l’impasse. De Gaulle rentre à Colombey. Il écrit à son fils que l’opération militaire « Résurrection » - auquel il est étranger et même opposé - va être déclenchée et que son retour est impossible. Le Troquer et Monnerville gagnent aussitôt l’Élysée et rendent compte de leurs conclusions au président de la République, à une heure du matin, ce 29 mai. René Coty, dos au mur, se résout à frapper un grand coup.

Aucun commentaire: