dimanche 24 octobre 2021

Jacques Halbronn Une mise au poin théologique au regard du dialogue inter-religieux

Jacques Halbronn Une mise au point théologique au regard du dialogue inter-religieux. Doctorat et post doctorat EPHE VE section, Sciences Religieuses Nous dirons qu’il existe trois niveaux théologiques qui coexistent et qu’il importe de ne pas confondre structurellement, ce que l’on fait allégrement et syncrétiquement y compris dans les émissions dites religieuses du dimanche matin, à la radio (France Culture, Radio Notre Dame). Selon nous, il convient de ne pas se tromper de « dieu » c’est à dire de prendre un dieu à sa mesure. On prendra pour angle d’attaque, la question des « louanges » adressés à « Dieu » par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs. Quand et pourquoi « remercier » Dieu? Il nous semble que ceux parmi nous qui sont les plus doués, les mieux dotés par la ‘Nature » doivent remercier Dieu pour ce privilége. Mais eux mêmes ne sont ils pas ipso facto des « dieux » pour ceux qui, à leur tour, bénéficient des fruits de ces aptitudes exceptionnelles? Et inversement, il ne fait pas sens que ces « génies » aient le culte des génies, c’est à dire d’eux mêmes. On voit donc que tout le monde ne « joue pas dans la même cour ». Ces génies doivent remercier ceux qui les ont fait ce qu’ils sont, c’est à dire les dieux qui ont façonné et programmé notre Humanité. Et à leur tour ces dieux doivent remercier le dieu premier, primordial. Chacun doit louer ce qui lui est supérieur et ne saurait louer ses semblables. En ce sens, si l’on admet que Jésus était un « surhomme », il doit être adoré par ceux qui ne le sont pas mais non point par ceux qui le sont ou en tout cas qui pensent qu’ils le sont et ainsi de suite. Le nom même de Juif, de Yéhoudi, viendrait du verbe signifiant « merci » , d’où le « Toda ». Les Juifs sont censés remercier « Dieu » pour ce qu’il leur a donné. Mais de quoi s’agit-il?Il ne peut s’agir que de quelque don. Non pas le « don de la Torah », qui est transmission matérielle d’un savoir, d’un bréviaire mais d’une transmission génétique que l’on ne peut s’approprier. Un génie peut tout à fait remercier Dieu pour les talents qu’il a reçus à la naissance alors que le non génie ne peut raisonnablement remercier que tel ou tel génie dont l’oeuvre l’aura nourri, fécondé. Les uns et les autres ne sont pas du même côté de la barrière! C’est pourquoi, il est assez déplaisant d’entendre certains propos qui mettent tout le monde dans le meme sac, ce qui fausse les perspectives. Il est tout à fait normal que celui qui profite directement ou indirectement de l’apport de tel ou tel génie , quel que soit le décalage dans le temps et dans l’espace, éprouve un sentiment de reconnaissance envers cette personne, qu’il en fasse les louanges. C’est ce que l’on peut ressentir à l’égard de Jésus si l’on est dans la situation de dépendre de l’énergie « géniale » mais cela ne ferait guère sens de la part d’un autre génie lequel, pour sa part, doit choisir un dieu qui corresponde à son niveau. Chacun voit midi à sa porte et les poules seront bien gardées. Dans la relation entre Juifs et Chrétiens, il est urgent, nous semble-t-il, de mettre les choses au point à savoir que ce qui est bon pour les uns ne l’est pas nécessairement pour les autres parce que leur point de vue – littéralement- n’est pas le même et que ce qui vaut pour les uns n’est pas transposable pour les autres. On voudrait, apparemment, tout niveler vers le bas en mettant comme le proposent les Musulmans, de se situer par rapport à un Dieu universel qui transcende et abolit tous les niveaux intermédiaires. Plus besoin dès lors d’un Jésus, plus besoin de ces dieux du Livre de la Genése qui ont façonné le Ciel et la Terre, c’est à dire notre ciel et notre Terre! On voit donc se mettre en place trois stades de conscience théologique dont on ne saurait nier l’existence et donc la coexistence. Mais l’on aura compris les résistances. Pourtant, l’idée d’êtres supérieurs parmi les humains est par ailleurs assez bien admise, on parle alors de « génies » ou de « saints ». Certes, la notion de « peuple élu » est connue mais on s’efforce de la contourner, de la limiter parce que les enfants -avons nous entendu- ne le comprendraient pas, trouveraient cela injuste et de fait, il y a des choses à ne pas dire trop tôt, il y a un temps de latence à respecter mais il y a aussi, comme dit l’Ecclésiaste, un temps pour chaque chose et vient un moment où il faut admettre certaines inégalités car tout le monde ne peut être génie ou général. Il y a certainement un modus vivendi à établir qui reléve de quelque structure cyclique liée à la prise de conscience. Les Juifs peuvent tout à fait accepter Jésus mais comme un modéle à suivre pour les autres Juifs. Mais ce Jésus ne saurait se confondre avec le dieu qui a « créé » notre monde et par ailleurs, les Juifs sont censés louer ce dieu et non pas jésus, car « nul n’est prophéte en son pays ». Il y a là en apparence, quelque paradoxe: en tant que Juif, je peux prendre exemple sur lui mais je ne le remercierai pas de m’avoir fait ce que je suis car cela n’aura pas dépendu de lui. En revanche, le non Juif peut tout à fait remercier Jésus pour ce qu’il lui a apporté. Cela ne passe pas par les mêmes canaux. Quant aux Musulmans, nous dirons que bien entendu il y a un dieu par dessus les autres dieux, c’est le sens du « Allah Akbar », Allah est le plus grand des dieux (superlatif) mais ce n’est pas une raison suffisante pour télescoper la hiérarchie que nous venons de décrire, au prix d’une surenchère. Louer ce dieu supréme, c’est se prendre pour le Dieu créateur au sens de la Genése et ce n’est guère tenable! JHB 24 10 21

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