lundi 6 septembre 2021

Jacques Halbronn La découverte nostradamique post mortem/in extremis attribuée à Pierre Brind'amour (1996)

Jacques Halbronn : La découverte nostradamique post mortem ou in extremis attribuée à Pierre Brind'amour (1996) Décidément, les problémes de chronologie dans le champ nostradamique ne s'arrêtent pas à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle mais affecteraient également la période 1993-2002. Pierre Brind'amour décéde en janvier 1995, à Ottawa. En 1993, il publiait un Nostradamus astrophile. Les astres et l'astrologie, dans la vie et l'oeuvre de Nostradamus (Les Presses de l'Université d'Ottawa. Ed. Klincksieck.). En 1996, parait une oeuvre posthume de Brind'amour; chez Droz, Les premières centuries ou Prophéties (édition Maca Bonhomme de 1555). Edition et commentaire de l'Epitre à César et des 353 premiers quatrains. Son collégue canadien Pierre Kunstmann, dans un avertissement au lecteur, daté de févriet 1996,à Ottawa, écrit que Brind'amour lui "avait confié avant sa mort la publication de son édition des Prophéties. Il avait terminé l'établissement du texte critique et allait achever la rédaction de l'introduction. Prenant la reléve, j'ai procédé à une révision de l'ouvrage, à la contribution d'un index et à la mise en forme de l'introduction" Or, la comparaison entre les deux ouvrages considérés ne laisse pas d'intriguer un spécialiste de Nostradamus tel que nous, très concerné par les question chronologiques (antidatations) et les contrefaçons. Force, d'abord, est de devoir constater l'émergence d'un certain Antoine Crespin en mai 1996 (achevé d'imprimé) alors que celui-ci n'occupait qu'une place très modeste en 1993. Or, sachant que Brind'amour décéda début 1995 et étant bien affaibli par la maladie, cela ne laisse plus guère qu'un intervalle de quelque 18 mois tout au plus, trois semestres. On pourrait certes nous objecter que Nostradamus astrophile est consacré à l' astrologie chez Nostradamus, comme son titre l'indique mais la lecture de la bibliographie montre clairement que la question des centuries n'est nullement absente comme en témoigne la place que Brind'amour accorde à Antoine Couillard (pp. 504-505) Dans la rubrique" collages et plagiats" (pp.488 et seq), Brind'amour mentionne des almanachs "pirates" et à la rubique "Contrefaçons" à ce qui parait sous son nom en Italie.(pp.491-492). Or, Crespin reléve -du moins selon le Brin d'amour de 1996 de ce genre de faux mais-problème- cela n'apparait que dans l'édition de 1996!(pp. XXVI-XXVII de cette "introduction" laissée inachevée par notre auteur.. En 1993, Antoine Crespin n'a pas droit au traitement que Brind'amour consacre à Antoine Couillard. Et selon nous, cela ne peut s'expliquer que parce que Crespin n'avait pas encore été repéré par notre auteur, cette révélation étant intervenue en quelque sorte sur son lit de mort, soit après la parution du Nostradamus astrophile. On notera que Brind'amour n'associe son intérêt soudain pour Crespin , dans sa bibliographie et ses notes de bas de page, à aucune étude dont il aurait pu profiter. Une coincidence fâcheuse nous améne à faire preuve de circonspection et nous sommes bien placé pour en traiter puisque cela concerne nos propres travaux. En janvier 1999, nous soutenions une "thèse d'Etat" Le texte prophétique en France. Formation er fortune" comportant une étude sur le dit Crespin. Mais cette thèse aura attendu longtemps avant d'obtenir le feu vert de la part du directeur Jean Céard puisque nous étions inscrit dans ce cadre depuis 1985! De nombreuses moutures de la thèse circulèrent au cours des années. En 1991, Brind'amour contribua au colloque que nous avions organisé à Paris avec le titre "L'astrologie chez Nostradamus" et dans Nostradamus astrophile il témoigne de nos contacts, notamment à la Bibliothèque Nationale, site Richelie En 1990, nous avion édité le Répertoire Chronologique Nostradamique de Robert Benazra (Ed Trédaniel-La Grande Conjonction) et en 1991 une étude sur Nostradamus et Pie IV (Revue Réforme, Humanisme, Renaissance) Dès .1984, on pouvait lire notre Compte-rendu de la Bibliographie Lyonnaise de Nostradamus de M. Chomarat in Revue Aurores, Avril n°22,. En 2002, nous publiames l'intégralité des passages figurant dans les Prophéties dédiées à la puissance divine et à la nation française (1572)ED. Ramkat/ En 2001, nous avions donné une communication sur Crespin au Congrès Mondial des Etudes Juives, à Jérusalem en montrant que Crespin avait tenu des propos hostiles aux Juifs et que ceux ci avaient été repris dans les éditions centuriques. De fils en aiguille, il nous apparaitrait que Crespin n'aurait finalemnt pas copié Nostradamus mais l'aurait imité, dans le style de ses quatrains d'almanachs.(connus sous le nom de présages). et que par la suite, c'est la production nostradamique du dit Crespin qui aurait été récupérée par les éditeurs des "Centuries", dans le cours des années 1580 (cf notre communication de 1997 Les prophéties et la Ligue, Colloqu (Verdin Saulnier) Prophétes et Prophéties, Ed ENS 1998° En cela, Brind'amour aurait fait fausse route, ce qui avait aussi été notre cas à l'époque*; Crespin, en définitive, ne saurait servir à témoigner de la circulation des Centuries au début des années 1570. Or, ce qui trahit un plagiaire, c'est lorsqu'il commet les mêmes erreurs que son modéle. Resterait à déterminer si c'est Brind'amour qui aurait commis cette en ne signalant pas ce qu'il nous devait ou quelqu'un intervenant dans l'édition Droz de 1996 .. on sait notamment que Jean Céard, notre directeur de thèse et donc fort averti de nos travaux aura entretenu des relations suivies et privilégiées avec les dites éditions mais cela aura impliqué, en tout état de cause, Pierre Kunstmannn k, chargé de parachever l'ouvrage laissé par Pierre Brind'amour, lequel ne cache d'ailleurs pas être intervenu dans la version finale (cf notre post doctorat Le dominicain Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle, EPHE Ve section, 2007). JHB 06 09 21

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