jeudi 22 juillet 2021

Jacques Halbronn : Nicolas Bourdin face aux attaques contre l'astrologie du Jésuite Nicolas Caussin

Nicolas Bourdin face aux attaques contre l’astrologie du Jésuite Nicolas Caussin Par Jacques Halbronn En 1649, le Marquis de Vilennes réplique au Père Caussin. Sa Responce en faveur de l’astrologie à la Lettre du R. P. N Caussin (pièce 47) va figurer au sein d’un Recueil de plusieurs pièces curieuses tant en vers qu’en prose imprimées depuis l’enlévement fait de la personne du Roy le 6. Janvier 1649 iusques à la Paix qui fut publiée le 2. Jour d’Avril de la mesme année (Bibl. de l’Arsenal Cote 8°H 7791). Elle témoigne d’une certaine activité prophétique sous la Fronde-avec les mazarinades - qui n’est pas sans nous faire songer à celle que nous avons décrite (Les Prophéties et la Ligue, 1997) quant au « revival » nostradamique qui touchait alors (autour des années 1588-1593) les deux camps en présence. Dans sa Responce, Bourdin dénonce cer-tains amalgames entre l’astrologie populaire des almanachs d’un Questier, d’un Commelet, d’un Curé de Sainte Marthe et une astrologie savante, celle d’un Cardan, d’un Leovitius, du « bon Ptolomée » Bourdin dresse une longue liste de ceux qui se sont consacrés au cours des âges à l’astrologie. On retiendra de la Responce de ce qu’il expose ainsi ; » Passons maintenant à la science astrologique (..) Je say bien qu’il y a de différentes opinions en l’Astrologie, qu’on est peu d’accord tant sur la cons-truction des maisons que de la façon de di-riger » Rappelons les critiques réformatrices d’un Kepler, quelques décennies plus tôt. Nous retiendrons un point qui reste singu-lièrement d’importance pour l’astrologie contemporaine à savoir la question de la durée des effets : « Je croy que vous ne voulez pas dire que les effets de ces cé-lébres Synodes ne durent qu’autant que leur passages, que les significations de ces défauts signalez passent avec leurs obs-curcissements & que les désastres de ces flambeaux menaçants se terminent à l’insensible perte que fait nostre veue de leurs rares & fuyans objets (…) que les grandes conjonctions ne touchent pas aux mesmes moments qu’elles arrivent (..)que les Cométes , à fausse queue, frappent or-dinairement apres qu’on les a perdues de vue (…)Ainsi, bien qu’à l’instant que nous en voyons les causes , nous n’en sentions pas les effets, cela ne conclud pas qu’elles qu’elles ne les produisent à leur suite, tant s’en faut. Il seroit aussi rare qu’elles affectassent dès le temps qu’on les a veues, comme il est évident que la Cométe de 1618 n’a fait voir ses effets avec plus d’évidence qu’alors qu’il s’est passé autant d’années depuis le milieu de son apparition etc » » (p.12) Cette leçon semble ne pas avoir été au goût des astrologues du XXe siècle qui avaient, comme un André Barbault, cru bien faire, en imposant à l’astrologie un temps étroitement circonscrit, se limitant précisément au moment de la formation de la configuration au lieu de considérer une succession de phases comme dans le cas des saisons ne se limitant pas aux équinoxes et aux solstices. Outre le texte de Nicolas Bourdin, traduc-teur et commentateur de Ptolémée(entre 1640 et 1651, cf nos éditions de 1975 Retz et 1993 Trédaniel), on trouve une sorte d’ »Almanach politique marquant ce qu’on doit attendre de l’estat present des affaires du Monde, suivant la Constellation de chaque Royaume (pièce 46) Ce texte débute ainsi « Il n’est pas défendu de s’enquérir du destin des Estats comme il l’est de s’informer de celuy des Princes. Au contraire, le bon ordre exige que dans l’estat present on regarde l’avenir de peur que ceux qui gouvernent le monde manquant de prevoyance ne dient apres ceste parole (.) Nous n’y pensions pas ou qui l’eut pensé (..)Voicy sommairement les Constellations des principales Souverainetez afin qu’avec un morceau de papier on possede l’Horoscope de tout le monde Voilà ce qu’un Courtisan Astrologue Politique a presenty d’une seule veue. Il ne vous donne rien pour asseuré, non seulement à cause de l’inconstance ordinaire des choses du monde mais encore pource que les Estats sont gouvernez aujourd’huy d’une façon si irrégulière qu’on ne scauroit garder de regle à en considérer les suites » Une autre pièce du dit recueil mérite le dé-tour (pièce 44), elle est intitulée « La joye céleste de l’apparition d’une nouvelle es-toille sur la ville de Paris avec l’explication de ce qu’elle signifie »Paris, Claude Boudeville, 1649. Rappelons l’effervescence qui se produira en 1654 à propos d’une éclipses (cf Elisabeth La-brousse. L’entrée de Saturne au Lion, Nijhoff, 1974) On voulait ici célébrer le « retour de leurs Majestés » Il semble que dans l’esprit de l’auteur, astrologie et as-tronomie soient étroitement associées. Or, l’astronomie passait alors par un temps d’incertitude, au lendemain de l’usage de la lunette par Galilée, ce qui ne fut pas sans effet sur l’image de l’astrologie. JHB 22. 07.21

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