mardi 8 avril 2025

jacques halbronn Le Kadish et les questions chronologiques relatives au messianisme de Jésus.

jacques halbronn Le Kadish et les questions chronologiques relatives au messianisme de Jésus. A l'occasion du XIXe Congrés Mondial des Etudes Juives (Université Hébraïque de Jérusalem) (4-8 Aout 2025) World Union of Jewish Studies https://www.jewish-studies.org Le Kadish figure dans la liturgie du monde juif et l'on peut s'en étonner à plus d'un titre et se demander s'il ne serait pas éventuellement souhaitable de l'en éliminer en connaissance de cause ou bien, au contraire, d'en assumer en toute conscience les implications. C'est une telle ambiguité de la part de l'univers synagogal et rabbinique qui nous interpelle. Quelle relation les fidéles juifs entretiennent ils avec la "Maison d'Israel" et quelle relation le christianisme entend-il adopter avec la dite "Maison d'Israel"? On a l'impression d'être en présence d'un judaisme liturgique à la dérive, qui ne sait pas très bien où il va ni d'où il vient. Pourquoi, donc, avoir conservé un texte aussi étrange que l'on réprend chaque vendredi soir et chaque samedi matin dans toutes les synagogues, sous la houlette de la caste rabbinique qui officie et demande aux fidéles de le valider par un "Amen"? Ne se souvient on pas que Jésus avait nettement affirmé - ou en tout cas, c'est ce qu'on lui fait dire- qu'il visait avant tout, quant à sa mission, son engagement, cette "Maison d'Israél" (Mathieu XV, 24)? Il apparait, en tout cas, que cette référence - à moins que cela ne soit un point aveugle refoulé - pourrait bien être, quelque part, une interface entre Juifs et Chrétiens. Pièces du dossier: Lors de ses funérailles, "le cardinal Lustiger avait souhaité que ce soit son cousin, Arno, qui la prononce, ce qu'il a fait hier en soulignant que « le kaddish est une des rares prières dites en araméen, la langue du Christ ». web "Le kaddish, C’est une prière traditionnelle juive qui fut composée quand la Judée était sous domination romaine. C’est un texte constitué de versets des Psaumes, de Job, de Daniel et d’Ézéchiel. Cette prière élève le nom divin et lui rend toute la gloire. Nous pouvons penser que Jésus et les apôtres, l’ont aussi dite de nombreuses fois…" Extrait du Kadish "Puisse-t-il établir son royaume de votre vivant et de vos jours et des jours de toute la Maison d'Israël, promptement et dans un temps proche; et dites, Amen." » Evangile. Matthieu 15:24 Jésus répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. On débouche, de toute façon, sur une problématique chronologique. Rappelons que Moïse, dans sa relation avec les "Enfants d'Israel"- mais le Livre de l'Exode est certainement postérieur à la création du Royaume d'Israel, à la mort de Salomon -n'aura pas fait l'objet d'un culte, à la différence d'avec Jésus. On est en droit de penser que Jésus était au courant des attentes messianiques propres à la Maison d'Israel de son temps et qui se retrouvent dans le texte araméen du Kadish. Début du Kadish: (traduit de l'araméen, langue pratiquée du temps de Jésus) Maison d'Israel et temps du Messie s'y cotoient: Magnifié et sanctifié soit le Grand Nom dans le monde qu’Il a créé selon Sa volonté, et puisse-t-Il établir Son règne, faire fleurir Son salut, et hâter le temps du messie, de votre vivant et de vos jours et des jours de toute la maison d’Israël, dès que possible et dites : amen ! Selon nous, le message de Jésus est fortement impacté par la communauté à laquelle il s'adresse, à savoir la "Maison d'Israel" et les attentes qui l'imprégnaient de longue date.. Et c'est pourquoi l'on peut bel et bien se demander les raisons qui auront pu présider à une telle promiscuité à la fois entre Maison d'Israel et Maison de Juda, entre Maison d'Israel et Christianisme et donc engtre Christianisme et Maison de Juda -puisque Jésus en est issu de par sa naissance à Betlehem, où naquit le roi David, ce qui constitue une sorte de triangulation. Il nous apparait en tout cas que la rédaction du Kadish est antérieure à la reconnaissance de Jésus comme Messie puisque le texte reste explicitement dans l'attente d'un tel avénement. Des textes plus marquants figurent dans le Nouveau TEstamen ne comporte d'ailleurs pas le Kadish! Dans l'Epitre aux Hébreux, au sein du canon néo-testamentaire, c'est à la prophétie de Jérémie (cg XXXI) qu'il est expressément fait référence autour de l'attente d'une Nouvelle Alliance qui se démarquerait sensiblement de l'Ancienne. Or, nous avons déjà précédemment, montré les liens entre le Shema Israel et le texte de Jérémie à propos de commandements "gravés dans le coeur" des Israélites. Mais il est ensuite question de placer ces commandements sur des poteaux, ce qui est contradictoire car si c'est gravé dans le coeur, cela n'a plus à l'être autour de soi! On reléve là une certaine ambguité Traduction française Transcription Texte original Écoute, Israël, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN. Shemâ, Israël, Adonaï Elo-henou, Ado-naï Ehad’ שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. Tu aimeras l’Éternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens Veahavta ett Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha, ou bekhol nafchekha, ou bekhol meodekha וְאָהַבְתָּ, אֵת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בְּכָל-לְבָבְךָ וּבְכָל-נַפְשְׁךָ, וּבְכָל-מְאֹדֶךָ.ּ Que les commandements que je te prescris aujourd’hui soient gravés dans ton cœur Vehayou hadevaril ha’ele acher Anokhi metsavekha hayom al levavekha וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם–עַל-לְבָבֶךָ ּ tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment), dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant. Vechinantam levanekha, vedibarta bam, bechivtekha beveithekha ouv’lekhtekha baderekh, ou’bchokh’bekha ouv’koumekha וְשִׁנַּנְתָּם לְבָנֶיךָ, וְדִבַּרְתָּ בָּם, בְּשִׁבְתְּךָ בְּבֵיתֶךָ וּבְלֶכְתְּךָ בַדֶּרֶךְ, וּבְשָׁכְבְּךָ וּבְקוּמֶךָ Attache les en signe sur ta main, et porte les comme un fronteau entre tes yeux Oukchartam le’ot al yadekha, vehayou letotafot bein einekha וּקְשַׁרְתָּם לְאוֹת, עַל-יָדֶךָ; וְהָיוּ לְטֹטָפֹת, בֵּין עֵינֶיך Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. En conclusion, le Kadish nous apparait comme un stade antérieur, préparatoire, à la venue de Jésus, un chainon manquant entre Ancien et Nouveau Testament, absent de la Bible , mais présent dans la pratique synagogale qui se développa au lendemain de la destruction du Second Temple, autour de Yavné. On ne peut donc y voir une empreinte chrétienne, stricto sensu, ce qui serait anachronique. Mais la référence à la Maison d'Israel - aux Enfants (Beney Israel) d'Israel, notamment dans le Livre de l'Exode, met face à face un Moïse, envoyé pat Yahwé vers cette communauté, et un Jésus qui affirme sa priorité envers la Maison d'Israel. Dans la liturgie synagogale, c'est bien à la Sortie d'Egypte qu'il est fait référence et à la Tora, "donnée par Moîse" aux Enfants d'Israel. Nouvelle Ambiguité, cette Tora est donnée aux Enfants d'Israel c'est à dire à ceux qui rejetèrent la maison de Juda et de David. Nous sommes donc bien face à un triangle et les Enfants d'Israel sont en situation d'interface par rapport au monde juif et au monde proprement chrétien, la Synagogue, elle même, au prisme du Kadish auquel elle semble tant attachée, tend à se trouver dans ce cas de figure, pré-chrétien, ce qui devrait interpeller les Amitiés judéo-chrétiennes. JHB 08 04 25

Aucun commentaire: