jeudi 9 juin 2022

jacques Halbronn Linguistique. L'écrit transcrivant l'oral ou l'oral prononçant l'écrit?

jacques halbronn Linguistique. L’écrit transcrivant l’oral ou l’oral prononçant l’écrit? L’historien des langues ne saurait échapper à certains questionnements quant à la dialectique Oral/Ecrit. D’un point de vue scolaire, l’apprentissage de la « lecture » inciterait à conférer à l’écrit un statut matriciel et bien des facteurs semblent en effet aller dans ce sens si ce n’est que les cartes pourraient bien avoir été truquées, biseautées. On prendra le cas du français car il nous apparait que c’est la langue qui aura le mieux su résister à la dictature de l’écrit. On sait qu’en français il est demandé, dans la plupart des cas, de ne pas « prononcer » les consonnes finales, ce qui suppose que l’on parte de l’écrit pour aller vers l’oral puisque cela suppose que le locuteur ait connaissance de l’écrit. Mais une autre approche nous semble envisageable, à savoir que les artisans de la mise par écrit auraient élaboré un tel dispositif et l’on sait à quel point l’orthographe du français aura subi un certain nombre d’élaborations artificielles en vue de s’aligner notamment sur le latin. La thèse que nous soutiendrons ici -on l’aura compris- vise à insister sur la prééminence première de l’oral sur l’écrit, dans l’histoire de la langue française telle que nous entendons la restituer avec les méthodes structurelles qui sont les notres et notre pratique des contrefaçons et des antidatations qui peuvent égarer le chercheur.(cf le corpus centurique ou le corpus biblique). Selon nous, la « non prononciation » des consonnes finales en français ne signifierait pas nécessairement une dépendance de l’oral par rapport à l’écrit mais correspondrait à un marqueur fondé sur la présence alternant avec l’absence de certains phonémes du français, à commencer par ce qui concerne le masculin et le féminin, le français se distinguant notamment des autres langues latines par le non usage du « o » et du ‘a » en tant que marqueurs de genre. En effet, le fait de ne pas « rendre » la consonne finale du mot masculin alors qu’au féminin, cette consonne s’entend, peut fort bien avoir été décidé à partir de l’oral et non point à partir de l’écrit. Ajoutons que l’absence phonique de la dite consonne va générer un son vocalique nouveau comme avec grande et grand. Dans un cas, le locuteur produira le son correspondant au « d » alors que dans l’autre, cela donnera le son « an » (diphtongue), sans même la production du son « d ». Que cela ait pu être rendu à l’écrit en faisant figurer la lettre « d » au masculin dans « grand » ne serait qu’une façon pour ceux chargés de la « traduction », de la transcription, de la notation, de procéder. JHB 09 06 22

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