samedi 26 décembre 2009

De l'unité vers l'infini, en astrologie

par Jacques HalBronn


Ce qui marquera selon nous l'astrologie du XXIe siècle et la démarquera radicalement de celle du siècle précédent, c'est le retour à l'aristotélisme qui concilie l'un et le multiple en une dialectique qui les intègre cycliquement.
Prenant le contrepied de l'idée selon laquelle pour rendre compte et refléter la complexité, l'astrologie doit affirmer sa propre complexité, nous pensons que la complexité peut découler d'une cause réduite à un concept des plus simples mais se prêtant à une infinité d'applications; de démultiplications, de telle sorte que déterminisme et liberté fassent bon ménage.
En effet, à partir d'un "premier moteur", pouvant être décrit en très peu de mots et correspondant à un nombre très restreints de facteurs, l'on peut par un processus de dérivations successives couvrir un champ fort vaste de possibles. Les compositeurs de musique contemporaine l'ont compris, tel un Pierre Boulez dont la troisième sonate (1955-1957) se prête à diverses combinatoires (cf. Culture Maths, Tangente, 2009, pp. 151-153) tout en conservant une certaine unité d'une interprétation à l'autre.
Bien entendu, il est évident que pour qu'une source d'énergie se diffuse largement, il faut du temps, c'est à dire que l'impact pourra être décalé dans le temps et dans l'espace, ce qui, dès lors, exclut qu'il faille rechercher une quelconque simultanéité sur un segment trop court. Ce qui renvoie à la question des orbes au niveau prévisionnel (voir récemment ce qu'en écrit Roger Héquet sur son site tvurania).
Plus on se rapproche de l'impact initial et plus celui -ci sera concentré sur un groupe limité de personnes, particulièrement capables de capter à sa source céleste le dit impact. Plus on s'en éloignera, et plus les populations touchées seront nombreuses car ne captant l'impact qu'indirectement et avec retard. Stricto sensu, d'ailleurs, les populations touchées en dernier ne sont pas véritablement marquées par les astres mais seulement par des effets seconds et en quelque sorte par ricochet.
Cette notion d'effet second, indirect est absolument essentielle pour l'astrologie du XXIe siècle et correspond à une nouvelle épistémologie par stratifications successives et cumulées. La diachronie prend ainsi le relais de la synchronie avec tout ce que cela implique de contingence et d'aléatoire. On passe ainsi de l'infiniment grand donc simple à l'infiniment petit donc complexe.
On a là une polarité avec à une extrémité une utilisation, une instrumentalisation réduites au minimum d'une certaine signalétique céleste bien circonscrite- la conjonction d'une planète avec 4 étoiles fixes divisant le cercle zodiacal en 4, en est un bon exemple- et à l'autre des développements pouvant revêtir les formes les plus diverses, à l'infini, développements qui échappent à tout formalisme et qui finissent par devenir insaisissables et dont l'expression la plus commune est le thème astral. En ce sens, la prédilection de certains astrologues pour une complexité extrême des combinatoires nous apparait comme une tentative désespérée pour faire de l'astrologie le miroir du monde, ce qui correspondrait éventuellement à une forme de platonisme ou de néo-platonisme synchroniciste.
Pour notre part, toute tentative de coordonner le thème natal avec les cycles célestes nous semble vaine et il importe de découpler cycle lié au mouvement diurne et cycle lié au parcours d'une planète sur l'écliptique. Or, Y. Lenoble écrit "quand se reforment des configurations analogues à celles de la naissance, surviennent des événements particulièrement significatifs" ( "Initiation à la pratique des cycles planétaires", Poissy, ARRC, 1994, p.9), Si encore, l'on nous disait que si telle configuration "dans le ciel", au moment d'un événement marquant se reproduirait, par la suite, cela pourrait annoncer quelque chose d'important, en dépit de diverses réserves, nous dirions que cela fait sens, à la rigueur. Certes, le moment de la naissance est-il un moment important mais il est bien rare que l'on naisse exactement alors que se forme une configuration exacte. En fait, surtout ce qui fait problème, c'est que la dynamique de la naissance n'est, selon nous, pas du même ordre que celle des événements qui balisent une vie, d'où notre critique du syncrétisme entre cycle de rotation et cycle de révolution tel qu'il apparait dans le cadre du thème natal et des interférences que l'on veut absolument tenter d' instaurer entre ces deux plans. Certes, il y a une "tradition" bien établie dans ce sens mais depuis 50 ans, les travaux de Gauquelin auraient du parvenir à dissocier ces deux cyclicités, même si celles-ci se rejoignent symbiotiquement en tant que deux processus significatifs, l'un axé sur une configuration unique planète/planète ou mieux encore planète/étoile qui se forme (et se défait ensuite) peu à peu, sur un temps relativement long, l'autre sur un clavier de cinq planètes passant, à un rythme très rapide, sur ce zodiaque modèle réduit que sont les maisons astrologiques, rythme remarquablement bien adapté aux conditions de l'accouchement, qui se joue heure par heure. Nous dirions que le cycle diurne est en quelque sorte spatial tant la dimension du temps y est ténue alors que le cycle zodiacal (puisque tel est le nom d'origine de ce qu'on appelle de nos jours le zodiaque, le terme pour cycle (kyklos) ayant disparu) est marqué par le Temps, tant il est polarisé spatialement sur une seule configuration.



JHB
01.12. 09

Aucun commentaire: