par Jacques HalBronn
Une des erreurs les plus évidentes que l'on commet quand on approche les dispositifs véhiculés par le savoir astrologique consiste à ne pas prendre la mesure de leur réversibilité laquelle est affirmée à partir du modèle des rapports soleil-lune : croissance-décroissance, notion majeure en musique, en poésie. (Voir Tangente, "Culture Maths", Paris, Seuil, 2008)
Si l'on prend la série des jours de la semaine (ou celle des heures planétaires auxquelles Denis Labouré consacra récemment une conférence, non enregistrée, au colloque RAO de novembre 2009), comment la boucle se ferme-t-elle, qu'est ce qui permet de passer de la fin de la semaine au début de la semaine suivante, qui constitue un nouveau cycle, une nouvelle série. On a aussi le problème avec les mois de l'année et le passage à un nouvel an. Cela explique probablement pourquoi il est volontiers conféré au signe du bélier une énergie singulière en tant que premier signe du zodiaque, comme s'il fallait un effort extraordinaire pour démarrer un nouveau cycle.
Il nous semble, précisément, important de ménager la réversibilité de tout processus s'inscrivant dans une cyclicité, ce qui implique qu'il n'y a pas de cyclicité sans.... cyclicité. En d'autres termes, si la semaine est suivie d'une autre semaine, le mois d'un autre mois, l'année d'une autre année, il faut que la semaine, le mois, l'année - et cela vaut aussi pour une journée- comporte déjà une dimension cyclique. Ce que l'on oublie trop souvent, à notre gré.
Un des cas les moins bien perçus, en astrologie, concerne probablement les planètes que l'on présente rarement, en tant qu'ensemble, dans une perspective cyclique, ce qui peut sembler paradoxal puisque les planètes ont des cycles et que ces cycles sont liés entre eux au sein du système solaire. Nous avons déjà (voir notre interview avec Mireille Petit, en 2009, sur teleprovidence) signalé la nécessité, dans le cas des domiciles des planètes, de l'existence d'une symétrie -celle des doubles domiciles - qui sous tendait un aller-retour, des luminaires jusqu'à Saturne puis en sens inverse. On pourrait aussi constater que la théorie des Ages impliquerait elle aussi une telle réversibilité, on irait de la Lune vers Saturne puis de Saturne vers la Lune, sur une durée de deux cycles de Saturne, soit une soixantaine d'années, qui apparaitrait comme la fin de la vie active (de la retraite)
Mais considérons les fonctions mêmes des planètes placées, dans le ciel, à la suite les unes des autres, et portant des noms de dieux (sauf pour les luminaires). L'on notera qu'il y a, au sein du dispositif des domiciles (déjà attesté chez Ptolémée, dans la Tétrabible) des couples de planétes se faisant face dans des signes opposés: Mars et Vénus, Mercure et Jupiter, Saturne et Lune, autour d'un axe passant entre Mars et Vénus, soit symétriques par rapport à la Terre. Ce sont d'ailleurs les mêmes couples que pour les jours de la semaine: Lune-Mars-Mercure-Jupiter-Vénus- Saturne, autour d'un axe passant, cette fois, entre Mercure et Jupiter.
Or, si, au niveau du système solaire, les vitesses sont croissantes, astronomiquement, et donc ne semblent pas se prêter à une cyclicité, il convient de se demander si la clef d'une réversibilité ne se trouve pas dans le nom même des planètes. Dès lors, la mythologie ne serait nullement calquée sur l'astronomie mais en prendrait le contre-pied, contrairement à ce que semble laisser entendre le RET de J.P. Nicola.
Comme nous l'avons souligné, si l'astronomie planétaire est par essence cyclique, elle ne l'est pas de la même façon que l'astrologie, dans la mesure où elle s'articule sur l'humain. D'ailleurs, la notion de conjonction est loin d'avoir la même importance en astronomie et en astrologie. Or, la conjonction est essentielle à la problématique cyclique. Tout début de cycle implique une conjonction et donc un retour.
Le dispositif des domiciles s'il est calqué sur les données astronomiques dépasse ce plan en inversant, dans un second temps, l'ordre des 7 planètes (le septénaire), sur la base d'une division en 12. Mais comment percevoir cette réversibilité dans le cas d'une série non pas de 12 secteurs mais de 7, comme avec les jours de la semaine? Encore faudrait-il avoir conscience de la réversibilité des 12 signes du zodiaque, au niveau astrologique.....Combien d'astrologues veillent à expliquer comment l'on revient au point de départ du zodiaque, si ce n'est en se référant au cycle des saisons avec lequel la symbolique zodiacale n'entretient finalement, sous la forme à laquelle elle a abouti, que des rapports sporadiques? Mais enfin, grâce aux saisons, on s'y retrouve à peu près. (Voir nos études sur le zodiaque)
Reste donc la question des 7 jours de la semaine et du septénaire astronomico-astrologique, étant entendu que l'ordre des planètes, au niveau hebdomadaire, n'est pas celui de l'astronomie mais qu'il en dérive (comme l'a montré dans "Grandeur et Pitié de l'astrologie", Dom Néroman, dès 1940, chez Sorlot).Qu'est-ce qui au demeurant aura présidé à un tel ordre des dieux? D'aucuns diront que ces dieux ont été attribués au regard de l'influence ou du registre des planètes correspondantes....Que l'on nous permette d'en douter! En revanche, qu'une telle série de significations ait pu, par la suite, avoir des effets socioculturels, pourquoi pas (voir les résultats statistiques de Gauquelin)?
La question que nous posons est la suivante est-ce que l'ordre astronomico-mythologique SOLEIL LUNE MERCURE VENUS MARS JUPITER-SATURNE comporte en lui-même une dimension cyclique permettant de (re)passer de Saturne à Soleil-Lune? Pour ce faire, il nous semble que Saturne doit ici jouer un rôle déterminant, puisque c'est lui qui permet de revenir au point de départ, à zéro, en quelque sorte. Avouons que l'image d'un Saturne dévorant ses enfants nous apparait désormais sous un tout autre jour. Dévorer ses enfants, c'est se délester de ce que l'on aura généré tout au long d'un cycle de façon à pouvoir repartir "à vide". La dévoration du passé est le fondement même d'une cyclicité, sur le plan anthropologique mais guère sur le plan astronomique, ce qui confirme que l'astronomie ne sous tend qu'à un niveau primaire les enjeux de signification de l'astronomie, quand bien même l'astronomie aurait-elle entériné les dénominations astrologiques que sont les noms des planètes. On ne reviendra pas ici sur les relations entre astronomie et astrologie, au cours des âges...
On notera que dans la série Mars-Jupiter-Saturne, l'on a une sorte d'inversion puisque Mars descend de Jupiter qui descend de Saturne. Il y a donc un retour à la source, ce qui sera d'ailleurs accentué lorsque l'on appellera la planète au delà de Saturne, Uranus, père de Saturne....Au delà d'Uranus, les dénominations ne sont plus guère pertinentes, généalogiquement.
Nous aurions donc une série luminaires-Mercure-Vénus puis une phase de retour (de type solsticial) avec les trois dieux susmentionnés, Mars, puis Jupiter puis Saturne. D'ailleurs, dans la religion juive, le septième jour fait office de sas pour se préparer à un nouveau cycle, en ce qu'il exige une certaine purification, une évacuation.
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