par Jacques HalBronn
Nous avons récemment organisé des réunions sur le thème "Le(s) choix de l'astrologie" et nous pensons que c'est un des problèmes majeurs de la condition humaine que d'opérer des choix, problématique qui est souvent mal vécue par les astrologues quand on la met en avant.
Pourquoi a-t-on attribué telle signification à telle planète plutôt qu'à telle autre? La réponse la plus courante est la suivante: on s'est contenté d'observer. Ce qui laisse entendre que les choix ont été faits préalablement mais de quelle façon? Car si l'astrologue observe que telle planète a tel effet, qu'est ce qui a déterminé l'effet de cette planète? J. P. Nicola, avec le système RET (Représentation, Existence, Transcendance), a voulu montrer que la signification astrologique de chaque planète est fonction de sa place au sein du système solaire. Les attributions obéiraient donc à une logique globale.
Pour notre part, nous pensons que la plupart des dispositifs astrologiques, y compris celui ayant présidé au nom des planètes (voir nos textes sur ce sujet dans le présent journal de bord) sont contingents et ont quelque valeur pédagogique, indicative, sur laquelle il importe de ne pas s'obnubiler. (C’est le niveau 2 du NOA (le Nouvel Ordre Astrologique, voir nos exposés sur teleprovidence)
Le seul vrai choix qui nous intéresse est celui de la configuration de référence (niveau 1 du NOA), à savoir quel est le cycle dominant de l'Astrologie. Et c'est bien là que la question du choix prend une toute autre dimension et concerne la question du signifiant et pas seulement du signifié. Car une chose est de distribuer des fonctions entre un certain nombre d'objets donnés, une autre de choisir parmi ces objets, celui qui sera la clef de voûte de tout l'ensemble. Or, tout se passe comme si la plupart des astrologues étaient incapables de travailler au niveau du signifiant et se contentaient de gérer le plan du signifié. Etant donné A, B, C, D, comment qualifier chacun des facteurs? Telle est la question que sont disposés à aborder les astrologues et non celle de choisir entre A, B, C ou D...
En refusant de se confronter avec ce problème, l'astrologie s'est depuis longtemps à une certaine impuissance. Rappelons, cependant, les propositions d'un Albumasar parvenant à faire triompher, durant près d'un millénaire, le cycle Jupiter-Saturne. Mais depuis l'apparition des transsaturniennes, à partir de la fin du XVIIIe siècle, plus rien de tel n'est parvenu à s'imposer ni même n'aura été proposé. On notera d'ailleurs qu'une telle configuration centrale est absente de la Tétrabible de Ptolémée...ce qui laisse entendre que l'on est alors à un certain stade de décadence de la pensée astrologique auquel le persan Albumazar parvint à mettre fin au Moyen Age, non pas qu'il ait nécessairement mis en avant la "bonne" cyclicité mais au moins posait-il correctement le problème qui relève d'abord de l'astrologie mondiale. Dans la seconde partie du XXe siècle, un André Barbault s'efforcera de constituer un nouveau système mais il optera pour une formulation synthétique (indice de concentration planétaire incluant les transsaturniennes inconnues d'Albumazar!) qui a ses limites et qui évite de se confronter à la question du choix du signifiant puisque l'on prend tout du moins en ce qui concerne les planètes dites lentes, à pâtir de Jupiter, faute de quoi (si l'on avait intégré Mars sans parler des planètes "annuelles") le graphique obtenu serait illisible (voir notre étude dans le présent journal de bord)
L'apport du NOA est ici remarquable en ce qu'il introduit une hiérarchie au sommet, une échelle de priorités, sans rien rejeter pour autant, chaque chose et chacun étant simplement remis à sa juste place. C'est tout le problème du choix tel qu'on le trouve dans le Premier Testament, quand les Juifs demandent à Samuel (Livre I, ch. VIII) de leur choisir un roi (Saül), qui sera donc le centre dont tout le reste émanera. C'est le problème de l'élection qui reste si actuel dans nos démocraties. Comment trier étant entendu qu'une fois le choix effectué, il fera l'objet d'ajustements en cours de route jusqu'au choix suivant. Car il n'est de choix que dans la cyclicité.
La première raison d'être de l'astrologie semble bien d'avoir servi à déterminer une cyclicité électorale, c'est à dire un temps où l'on effectuait de nouveaux choix en se libérant des précédents sauf sur un point, le cycle lui-même qui devrait rester inchangé. Autrement dit, pour libérer les choix, il importe de s'en tenir à un choix central et permanent autour duquel les autres choix, forcément subalternes, satellites, se placeront en orbite. (Passage du niveau 1 au niveau 2 de NOA)
Or, comme il est des pays qui ne savent pas s'inscrire dans une cyclicité institutionnelle, il est des disciplines qui ne parviennent pas à se centrer et c'est le cas de l'astrologie moderne, ce qui la conduit à mettre en avant des données contingentes et donc non défendables scientifiquement, ne sachant pas distinguer entre le primordial et le secondaire, ce qui d'ailleurs condamne le milieu astrologique à une certaine anarchie, au désordre, étant incapable de se donner un chef tant sur le plan humain que sur le plan de la configuration maitresse.
Dans l'état actuel des choses, il convient de procéder progressivement en posant la question suivante: sommes-nous d'accord, nous astrologues, pour accepter l'idée d'un cycle central, par delà la question de la nature d'un tel cycle? Si déjà il y a blocage à ce niveau là, c'est qu'il y a un travail à faire au niveau philosophique voire métaphysique (voir notre discussion à Lyon, le 13 novembre, avec Serge Bret Morel, Louis Mazuir et Frank Nguyen, accessible sur teleprovidence.com). Le fait est que bien des amateurs d'astrologie sont des personnalités mal centrées, c'est à dire qui ne parviennent pas aisément à adopter une position qui transcende leurs diverses options existentielles, ce que le philosophe Michel Serres appelle une attitude "blanche", en quelque sorte au repos. Quand on observe les gens, l'on note bien souvent qu'ils restent marqués par une certaine posture qui trahit leurs préoccupations du moment, ce qui les enlaidit, la beauté étant le résultat, la résultante, d'un constant rééquilibrage, d'un retour à un Soi. Comme disait Cinna, chez Corneille, "je suis maître de moi comme de l'univers", ce qui suppose d'être bien centré psychiquement. Comment celui qui est mal centré, pourrait-il comprendre et expliquer comment l'astrologie devrait trouver son centre? Comment ne serait-il pas tenté par une astrologie mal centrée et qui offre aux gens des représentations excentrées et excentriques, décentrées, d'eux-mêmes, par le biais du thème natal, jouant de façon ambigüe sur psychologie et psychothérapie (voir André Barbault, De la psychanalyse à l'astrologie, Paris, Seuil, 1961)? Il est clair que les astrologues qui sont par trop marqués par les contingences du moment, qui ne se contrôlent pas ou mal dans l'expression bavarde et brouillonne d' impressions fugitives qui finissent par peser lourd, sont mal placés pour veiller aux destinées de l'astrologie et ne sont que le cheval de Troie de l'anti-astrologie.
JHB
28.11.09
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