mercredi 8 décembre 2021

Jacques Halbronn L'Epitre au Pape Pie IV, la pièce manquante du puzzle nostradamique

Jacques Halbronn L’Epitre au Pape Pie IV, la pièce manquante du puzzle nostradamique En 2005, nous avons publié, à l’occasion de la mort de Jean Paul II, un ouvrage intitulé ‘Papes et prophéties. Ed Axiome, consacré à la prophétie dite des papes, attribuée à Malachie. Dès 1991, dans la revue RHR, nous avions abordé la question des rapports entre Nostradamus et le pape Pie IX (une attaque réformée oubliée etc). Mais nous n’avions pas encore pris connaissance d’un ouvrage paru en 1906, intitulé Reproduction très fidéle d’un manuscrit inédit de M. de Nostredame, dédié à S.S. le Pape Pie IV ( conservé à Lyon, à la réserve de la Bibliothèque La Part Dieu Cote 8252). Si la relation de Nostradamus à Pie IV n’est signalée à aucun endroit dans les éditions des Centuries, épitres comprises, nous pensons que cela tient à l’échec prévisionnel subi par Nostradamus, au lendemain de sa mort, lui qui pointait explicitement cette période comme devant se révéler de la plus insigne importance. Mais en Italie, le texte en question va se répandre, comme en témoigne d’ailleurs la collection constituée par la Bibliothèque Royale (plus tard Nationale) A la place de la dite épitre au pape, l’on nous sert une épitre à Henri II, datée de 1558, et qui met en avant notamment l’an mille sept cens nonante deux,ce qui correspond à une échéance sensiblement plus lointaine. Une telle procrastination a pu être signalée à propos de la prophétie de Pierre d’Ailly pour 1789 alors même qu’au moment où celui-ci écrit, régnait une certaine agitation prophétique qu’il s’agissait de calmer. 1414: Concordantia astronomiœ cum historica narratione (cf notre Texte prophétique en France, Presses Universitaires du Septentrion, 1999) On voit que dans les deux cas, on se sera projeté vers la fin du XVIIIe siècle. Revenons sur le développement que nous avions consacré, en 2007, à Pie IV dans notre mémoire post-doctoral « Le dominicain Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle, (pp; 477 et seq) dans le cadre des « épitres extracenturiques » : ‘Constitution de l’Epitre à Pie IV. » nous écrivions « Tout invite à penser que la dite Epitre constitue l’exposé le plus substantiel du véritable testament astro-prophétique de Michel de Nostredame »/ Mais il semble bien que nous n’avions pu encore alors prendre connaissance de la « Reproduction » de 1906″laquelle ne nous fut accessible qu’ultérieurement. En 2014, quand Patrice Guinard, traite de cette question, il n’est toujours pas mieux loti.(cf son étude sur Francesco Barozzi qu’il soupçonne de produire des développements de son cru, tout en reconnaissant n’avoir pas eu accés à l’original français) Guinard fournira une copie de la page de titre de la « Reproduction » mais sans plus. En 2012 -il y a donc 9 ans- nous publiâmes sur le site prophéties.it l »étude suivante: 124 – La dérive scripturaire de Nostradamus et ses conséquences « J’ai accordé les saintes écritures à l’astrologie judiciaire »(Almanach pour 1563, Avignon) Par Jacques HalbronnIl est essentiel de constituer une chronologie aussi exacte que possible de la bibliographie de la production de Michel de Nostredame si l’on entend cerner son évolution vers un certain mysticisme. Or, l’on sait à quel point cette question est délicate. On peut ainsi regretter que le travail, mené depuis plus de 20 ans[1], par Denis Crouzet, qui a le mérite de souligner une facette assez mal connue des nostradamologues- à savoir la dimension eschatologique de sa pensée- soit entachée par une bibliographie qui n’est pas à jour, ce qui le conduit à affirmer que Nostradamus n’a pas changé d’attitude depuis 1555, au vu de la préface à César et des quatrains centuriques ainsi que de l’épitre à Henri II 1558. En réalité, c’est à partir de 1559 que l’astrologue Michel de Nostredame va basculer dans une sorte d’astrologie scripturaire – affirmant avoir « accordé » l’astrologie aux Ecritures, dans son almanach pour 1563 paru à Avignon, dans les Etats du Pape, et alerter ce dernier sur ce qui attend le monde dans les années 1566-1570. Dans son almanach pour 1560 (cf sur propheties.it), dédié à Claude de Savoie, Nostradamus, en date du 10 mars 1559, signalait une éclipse à venir, « celle tant formidable de l’an 1567 par quelqu’un tout nouveau qui apparoistra estr non guieres dissemblable a flagello Dei. ». Ce « fléau de Dieu » ce n’est jamais qu’une autre façon de décrire l’Antéchrist. On peut y voir l’influence du Livre Merveilleux. Ajoutons que cet almanach pour 1560, rédigé au début de 1559, sera traduit en allemand, si bien que l’Allemagne aura précédé l’Italie dans la réceptionn du discours antéchristique de Nostradamus. A la différence de l’édition française, c’est en son titre même que figure l’échéance de 1567 : Prognosticon Michaelis Nostradamis ad Annum 1560 Dis ist ein kurze Practica welche anzeigt con dm LX Jar bis in das LXVII Was sich in der Zeyt verlaufen und zutragen soll . De même le passage sur le Flagellum Dei est-il placé en tête de la Practica, nom sous lequel on désigne les almanachs en allemand. : « Nachdem das gegenwartige Jar under vil vergangnen auch zukufftigen bis in das 1567 wol as aller gefahrlichste ist, so werden vil seltzame newe (…) factiones durch ein newuen gewaltigen der dem Flagello Deo (….) nicht ungleich entstehen »” Benazra écrit à propos de ce texte allemand[2]: « On peut signaler ce collage d’extraits nostradamiens, constitué de remarques astrologiques entrecoupées de phrases latines et intitulé » Il est vrai qu’on ne connaissait pas, il y a 20 ans, l’Almanach de Nostradamus pour 1560 dont c’est la traduction. Dans l’almanach pour 1565, dédié à Charles IX, Nostradamus écrit pour le mois de mai : « L’oracle qui est en apres présage de merveilleux par la mort de plusieurs par la inenarrable cruauté d’un qui sera cause d’une grande boucherie ». L’Antéchrist est qualifié par Nostradamus de « boucher », de « macelin ». Mais dans le même almanach il prend la peine de laisser se profiler une échéance plus lointaine désignant : « le proche definement du monde l’an 1585 & cent fois pire l’an 1588 ». Dans le développement qu’il consacre au mois de novembre 1565 il précise « En l’an 1584, à la sacrée sainte eglise Romaine catholique viendra un des plus grands trebuchemens que advint iamais depuis le siege de sainct Pierre » Pour le mois d’août, Nostradamus fait allusion à une nouvelle épitre qu’il aurait récemment envoyée au pape ( Pio IIII Pont. Max.) : ‘”j’ay adressé ce mois à nostre sainct père le Pape afin que sa sainctété envoye par les Chrestiens la paix universelle » Denis Crouzet décrit[3] fort bien cette évolution chez Nostradamus : « L’eschatologie conquiert dans les almanachs l’écriture de l’astrologue ». Ce point aura été largement négligé par la plupart des chercheurs depuis 20 ans. Or la déconfiture qui en résulte aura conduit à ne plus accorder d’importance à la datation des événements, ce qui correspond au processus centurique tel qu’il sera défendu par un Jean Aimé de Chavigny, dans les années 1590. Pendant les années 1550, Nostradamus se contentait de travailler année après année, en dressant près d’une cinquantaine de thèmes, un pour chaque semaine de l’année, dans ses almanachs. En revanche, la Pronostication prenait beaucoup moins de temps puisqu’elle reposait sur quatre cartes du ciel seulement, une par saison. Autrement dit, l’on pouvait, pour un travail comparable, traiter de douze années au lieu de traiter de douze mois et l’astrologie n’avait-elle pas à gagner à prendre un peu de hauteur et annoncer des choses à venir sur un plus long terme que l’année ? C’est ainsi que Nostradamus va s’atteler, vers 1560, à rédiger une étude allant jusqu’à 1570 et qu’il dédiera au Pape Pie IV, tant l’affaire est grave : il faut que le monde sache ce qui l’attend, c’est ainsi qu’il s’en explique dans son épitre au pontife. Mais Nostradamus déclare aussi avoir transmis un mémoire, daté du début de 1561, qu’il joint à son almanach pour 1562, qu’il désigne comme une « Préface »- il faut comprendre ici une esquisse brossée à grands traits- remise et soumise à la Reine mère, l’Italienne Catherine de Médicis, devenue depuis la fin 1560, régente du royaume, du fait de la mort de son fils François II et de la mort en 1559, en tournoi, de son époux Henri II…. . Dans cette Préface dont on ne connait d’impression d’époque qu’en italien, mais dont il nous reste le manuscrit, Nostradamus annonce rien moins que l’avènement de l’Antéchrist qu’il désigne, par quelque jeu de mots, par le nom de Marcellinus. Il propose de supprimer la lettre R de son nom, ce qui donne Macellinus. Or, en latin, le macellum est une sorte d’abattoir, de marché de la viande. Nostradamus emploie ailleurs pour désigner ce qui va se passer, dans le cours des années 1560, le mot « boucherie ». On trouve la trace de ce passage de la Préface dans les Centuries, sous la forme francisée assez barbare de « macelin » à deux reprises dans la huitiéme centurie : en . VIII 76 Plus macelin que roy en Angleterre » et en VIII 54 « D’espaignolz fait second banc macelin’ qui rime avec « Fait magnanime par grand Chyren selin’La tradition exégétique nous incite à comprendre « boucher ». Nous avons montré que Crespin avait extrait de la Préface, dont il a du avoir connaissance, et en avait fait ce mot « macelin ». Par la suite, le « travail » de Crespin servira à constituer une part importante des quatrains centuriques, comme nous l’avons montré dans notre thèse d’Etat et à la suite, en 2002, dans nos Documents Inexploités sur le phénoméne Nostradamus..Et c’est ainsi que le mot « macelin » connaitra une certaine fortune et sera appliqué à Cromwell et à Napoléon, entre autres, sans qu’il soit replacé dans le contexte d’origine de la dite Préface, laquelle ne néglige aucunement, quant à elle, les données chronologiques. Mais dans les Centuries, le mot n’est plus associé à la moindre date, comme si l’on avait voulu relativiser, gommer l’échec de la datation de Nostradamus. Il y a là toute une apologétique à l’œuvre, bien connue des historiens du prophétisme ancien comme moderne. On pense au passage d’une prophétie (attribuée à Regiomontanus) pour 1588 à propos de la fin du XVIIIe siècle, sous la forme 1788.. Signalons que le nom de Marcelinus figure sur la page de titre de la Prognostication nouvelle & prediction portenteuse composée par maistre Michel Nostradamus de Salon de Craux en Provence,nommée par Ammianus Marcelinus Saluvium. La Prognostication est dédiée à « Mgr le reverend Prélat Mgr Ioseph des Panisses, prevost de Cavaillon, Primat du Conte & premier gentilhomme Davignon ». Nous aborderons dans un autre texte la question de la datation de la dite Pronostication pour 1555 P. Guinard nous donne, dans son étude sur ce texte, sans le vouloir la clef de ce choix de Nostradamus pour ce prénom pour désigner l’Antéchrist : Ammien Marcellin, mentionné au titre, fut le chroniqueur des exploits militaires et adepte prudent de la politique anti-chrétienne du dernier empereur païen Julien l’Apostat, lequel répudie le christianisme et rétablit les cultes et religions à mystères en l’an 361 » . L’Antéchrist serait associé à ce Julien l’Apostat. On ne saurait sous-estimer l’impact et de l’annonce de Nostradamus et de son échec – mais peut-on parler véritablement d’échec dès lors que Nostradamus conseillait de prier Dieu pour éviter l’engrenage cosmique ? – qui équivaut à une mort symbolique de l’astrologue prophéte, qui coïncide, non sans quelque ironie de l’Histoire d’ailleurs avec son propre décès en 1566, année annoncée comme terrible, comme le souligne le commentaire de Francesco Barozzi en cette même année sur la Préface rendue en italien. Précisément, on connait mal le sort qui fut celui de la dite Préface en France. Il nous reste un almanach pour 1562 comportant l’Epitre à Pie IV avec des références à la « Préface » mais sans celle-ci. Cet almanach semble vouloir brouiller les pistes en parlant de la « présente » préface alors que le manuscrit annonce une « préface suivante ». On ignore si cette contrefaçon est due à la censure de l’époque ou si elle fait partie d’une production plus tardive visant à évacuer, après coup, l’échec de Nostradamus. On sait en revanche que sous la Ligue fut composée une fausse Pronostication de Nostradamus pour 1562.(prétendument parue chez Brotot), du fait de la reproduction par Barbe Regnault[4], une libraire parisienne, de l’épitre d’origine non interpolée, dans un imprimé portant le même titre de Pronostication pour 1562. On peut ici parler d’un rêve icarien de Nostradamus, petit astrologue besogneux voulant prendre une autre envergure. On comprend mieux tout le débat autour du mot « prophète » et « prophéties » attaché à son œuvre. Il est probable que l’aventure prophétique de Nostradamus en ait échaudé plus d’un. A la fin de sa vie, Nostradamus semble d’ailleurs avoir voulu s’accorder un délai supplémentaire en « bottant » vers les années 1580, c’est-à-dire vers la conjonction Jupiter-Saturne suivante. Encore faut-il préciser que si ces deux astres se rencontrent tous les 20 ans, ce qui compte c’est un cycle d’une quarantaine de conjonctions, avec une échéance quasiment millénaire. A partir de là, il faut comprendre à quel point est improbable le texte de l’Epitre à Henri II, daté de 1558 et qui ne traite absolument pas des années 1560 mais bien de 1585 (et de 1606). On est là placé au-delà de l’échéance de 1570 avec le néonostradamisme d’un Antoine Crespin Nostradamus qui, écrivant au début des années 1570, ne fait aucunement allusion à l’échec prophétique de Michel de Nostredame, comme si de rien n’était. Quant à Nostradamus le Jeune, il se contente, dès 1568, de récupérer, sans le préciser, les Prédictions pour 20 ans de l’italien Pamphilus Riccius, déjà parues en français en Hollande en 1565 – dont le contenu astronomique est des plus frustres comparé au travail de Nostradamus – une planète étant associée à une année selon une cyclicité fictive- en les complétant, en 1571, dans les Présages pour 13 ans, par des considérations sur les années 1580.. On peut suivre au cours des épitres successives des almanachs et des pronostications l’effervescence prophétique de Nostradamus. Mais Il semble par ailleurs que Nostradamus ait conclu un accord avec un astrologue qui signera « Mi. de Nostradamus » pour produire des textes, comme ce dernier s’en explique, à la mort de Michel de Nostredame, dans la Pronostication pour 1567, dont il ne faut pas négliger l’avis conclusif qui vient compléter les propos introductifs, déjà abordés en 1983 par Jean Dupébe (Nostradamus. Lettres Inédites, Droz). Ce Mi. de Nostradamus travaillait depuis quatre –cinq ans avec le médecin de Salon de Craux et sans aucun doute avec son accord et il est donc inapproprié de le traiter d’imposteur.. On peut penser que le terme « Préface » utilisée pour désigner l’épitre à César[5] de Nostredame, datée de 1555 (et dont on est allé jusqu’à produire de fausses éditions datées des années 1550-1560) n’est pas étranger à cette fameuse préface prophétique quelque peu fantomatique, encore que cette Préface soit suivie de quatrains dont certains sont justement issus de la « vraie » Préface mais sous une forme déconstruite, comme si le châtiment de l’échec prophétique avait conduit à un tel retraitement sous forme de quatrains, à une forme de castration, de neutralisation du texte, avec ce mot « macelin » qui n’est plus que la trace d’une aventure avortée… Mais même dans les Prédictions pour 1562 de l’almanach –lesquelles ne figurent pas non plus dans l’imprimé- il y a des accents empruntés à la littérature prophétique. Pour le mois d’octobre, on peut y lire au passage « Ve, ve, ve habitantibus » (p. 185), Malheur ! sans apparent rapport avec le contexte de la page. Il s’agit d’un extrait du Livre de l’Apocalypse, ch XXII qui se poursuit par « in terra » ». Un recueil prophétique est très à la mode dans les années 1560, c’est le Livre Merveilleux, dont Benoist Rigaud réalisera une des éditions et qui est centré sur la question de l’Antéchrist car c’est bien de lui qu’il est question et de ces trois ans et demi que durera son règne, d’où cette période cruciale dont traite Nostradamus pour les années 1566-1570. Nostradamus s’est donc rapproché des Ecritures et pas seulement du Nouveau Testament et de l’Apocalypse. Il fait ainsi montre d’une certaine connaissance de l’hébreu dans son almanach pour 1563 (p. 72[6]), signalant le nom des planétes telle qu’on les désigne chez les Juifs de l’époque : Zedek pour Jupiter, Mandin (en réalité Maadim) pour Mars. Cetté évolution de Nostradamus nous invite à revenir sur le cas de Mi, de Nostradamus. En effet, celui-ci est sur la même longueur d’onde que son « maitre » dans sa Prophétie Merveilleuse jusqu’à l’an de grande mortalité que l’on dira 1568, Paris, Guillaume de Nyverd [1566] (Bib . Arsenal 8°H 12864) (reparue en 1567 sous le nom de Prophétie ou Révolution Merveilleuse, Lyon Michel Jove, 1567), alors que Denis Crouzet semble ignorer un tel distinguo pourtant souligné chez les nostradamologues tout comme il n’a pas connaissance de l’impact des écrits de Nostradamus en Italie concernant l’échéance de 1570. Celui qui se présente en tant que Mi. de Nostradamus (p. 14), reconnait, en 1567, devoir « conclure des susdites années des aflictions dont il est fait mention au livre des Révelations de Sainct Iean ex son Apocalypse 16 dont le terme s’approche fort & par conséquent l’advenement du fils de Dieu ». On peut se demander éventuellement quelle influence ce « disciple » exerça sur le «maître » dans cette évolution vers un syncrétisme astrologico-prophétique- « jugement de l’’astrologie judiciaire avecques la consonance des sacrées écritures »(Almanach pour 1563)- que Nostradamus ne revendique pas dans ses écrits antérieurs et que ses adversaires des années 1558 ne lui reprochèrent d’ailleurs point. Nostradamus en 1562 déclare, s’adressant parfois directement au pape « O père saint » (p. 66) « .‘J’ai accordé les saintes écritures à l’astrologie judiciaire je n’ose le centiéme de ce que serait grandement nécessaire. Aussi à fin de qu’il ne me soit donné à vice de surpasser les bornes de l’Astrologie, comme faussement tous m’objecter, je m’en passeray le plus légérement qu’il me sera possible ». Son propos prophétique, déclare-t-il (pp. 52-53), est validé par le « parfait & infaillible jugement des astres » Nostradamus insiste sainsi sur le fait que tant de planétes « se sont assemblés au lieu de cette l’éclipse »de 1567. L’éclipse occupe, au demeurant, une place très particulière au sein de l’astrologie savante et reléve plutôt d’une astrologie populaire, à l’instar des cométes. On n’est plus dans le cadre régulier des conjonctions Jupiter-Saturne[7]. On pourrait nous objecter le cas des Significations de l’Eclipse qui sera le 16. setembre 1559 mais il s’agit d’une contrefaçon. D’une part, seul le début du texte figure dans le Recueil des Présages Prosaïques (cf Chevignard, Présages, pp. 376-381), d’autre part, la mention d’une « interprétation à la seconde centurie » est totalement anchronique du vivant de Nostradamus. Chavigny note en marge (c 1589) « Cette interprétation ne fut jamais vue’ », ce qui vient entériner sa thèse selon laquelle de nombreux textes sont encore en attente. C’est une interpolation des années 1580, avec cette mention typique de l’an 1605 qui recoupe l’an 1606 de l’Epître à Henri II. Encore que Nostradamus traite de l’an 1607 dans son almanach pour 1561. Ces deux épitres ne correspondent pas à l’état du discours de Nostradamus à ce moment là. On le voit notamment du fait de la présence de références dans les deux cas au début du xVIIe siècle, l’épitre à Henri II ayant d’abord été axée sur l’an 1585 puis retouchée pour viser 1606. Dans l’Epitre au roi(version 1558), Nostradamus est présenté comme situant le temps des persécutions de l’Eglise entre 1606 et 1792 alors qu’il semblait avoir limité ce temps à trois ans et demi jusqu’en 1570. Il semble qu’il s’agisse d’un emprunt au Livre de l’Estat & Mutation des temps de Richard Roussat.(1550), qui recoupe Pierre d’Ailly, ne correspondant pas aux calculs de Nostradamus..JHB 05. 10. 12——————————————————————————–[1] Nostradamus, Ed Payot, 2011 [2] « Les pronostications et almanachs de Michel Nostradamus » [3] (Les guerriers de Dieu La violence au temps des troubles de religion (vers 1525-vers 1610) Préface de Pierre Chaunu Avant-propos de Denis Richet Champvallon, 1990 p. 129) [4] Sur cette libraire, Cf Ruzo, Testament, pp ; 259 et seq [5] Sur le choix du nom de César, cf Ruzo, Testament, p. 84 [6] Voir réimpression, Marienbourg, 1905. On lira également les deux études sur propheties.it de Mario Gregorio 125 Evolution du contenu de la production nostradamique et 126 – Les traductions des almanachs et pronostications nostradamiques 1550-1570″ Ce « Marcellin » – pourtant repris en italien Marcellino – est absent des travaux des nostradamologues alors qu’il semble bien avoir constitué le moint culminant (cf notre étude sur NOFIM « Patrice Guinard et son fiasco de 2014 dans l’affaire Marcelin/Macelin au coeur du prophétisme de Nostradamus à la fin de sa vie.« ) du prophétisme de Nostradamus, à la fin de sa vie, ce qui conduit à tronquer le fil de sa démarche. La disparition de l’imprimé correspondant au manuscrit est également significative. Il reste que ce texte fut bel et bien utilisé par les « faussaires », chargés de produire « du quatrain » à partir notamment de textes en prose de Nostradamus. En effet, le terme « macelin » y figure (cf la thèse d’ Anna Carslstedt La poésie oraculaire de Nostradamus , 2005) : — Plus Macelin que Roy en Angleterre,. Lieu obscur nay par force aura l’empire » Voilà qui atteste que le dit texte figurait dans la bibliothèque qui servit à composer les Centuries, bien après la mort de Nostradamus.

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